2023 - jour 3 : Krešimir !

Arras film festival

lundi 6 novembre

À nouveau un bon petit early morning run pour commencer la journée, et cette fois-ci seule ce qui m'a permis d'improviser le circuit pour faire la durée souhaitée de mon petit programme d'entraînement. Il faisait dans les 8°c, la thermique était de rigueur même si pour les jambes le short long à double épaisseur suffit encore.

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C'était un moment doux et calme, malgré la circulation entrevue aux grands axes, de personnes qui partaient visiblement travailler.

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Il y avait quatre films à notre programme pour la journée : un vieux Tchèque qui dans mon souvenir (1)était drôle, un film croate que j'avais pris car lui aussi était censé être une comédie, l'idée étant de prendre courage en vue d'un quasi documentaire sur la population réfugiée dans le métro en Ukraine pendant les bombardements russes en 2022 (2). Et pour finir sur une note optimiste, dont de la part du réalisateur et de sa bande de comédiens je ne doutais pas, "Et la fête continue !" le nouveau film de Robert Guédiguian. 

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Trains étroitement surveillés
Jiri Menzel (Ostre sledovane vlaky, Tchécoslovaquie, 1966, 1h33)
avec Vaclav Neckar, Jitka Bendova, Vladimir Valenta, Josef Somr, Nada Urbankova
époque : pendant la 2ème guerre mondiale

J'avais le souvenir d'un film drôle, mais en fait s'il n'est pas dépourvu d'humour et de quelques scènes pétantes de poésie, dont un manteau récupéré comme si de rien n'était sur un porte-manteau après un bombardement, c'est surtout un drame avec toute son inéluctabilité. C'est émouvant et touchant. 
Et triste.
Et d'un très beau noir et blanc.
Et donc c'est l'histoire du jeune Milos, apprenti chef de gare et qui tente de devenir un homme accompli, mais bon c'est pas si simple. Et puis c'est la guerre.

 

Seventh heaven (Sedmo nebo)
Jasna Nanut 2023, Croatie, 1h28
Interprétation : Kresimir Mikic, Iva Jerkovic, Iva Mihalic, Niksa Butijer, Dejan Acimovic, Petar Ciritovic
Scénario : Jasna Nanut, Hrvoje Osvadic

Sur le thème rebattu de l'homme d'âge mur et que le corps commence à lâcher, qui trompe sa femme et mère de ses enfants avec une jeune personne qu'il fréquente de par son travail, Jasna Nanut fabrique une comédie sensible où l'on s'amuse autant qu'on est émues. Je n'avais pas prêté attention au fait que Krešimir Mikić était de la partie. Sa présence permet de rendre touchant le personnage qui sans lui serait simplement un mec lamentable de plus. 
Il a dans ce rôle un petit côté Nanni-Morrettesque, la séduction en plus (oui, je l'avoue, j'ai un faible ; il me rappelle sans doute quelqu'un). En apprenant qu'il était au générique, j'ai eu le sentiment de faire de belles retrouvailles avec un bien-aimé. Comment vas-tu depuis tout ce temps ?
Le rythme du film est bon, et la subtilité de sa fin une bonne surprise.
Pas un chef d'œuvre, pas inoubliable mais de vrais bons moments.

 

Photophobia
Ivan Ostrochovsky, Pavol Pekarcik
2023, Slovaquie, République tchèque, Ukraine , 1h11
Interprétation : Nikita Tyshchenko, Viktoriia Mats, Yana Yevdokymova, Yevhenii Borshch
Scénario : Marek Lescak, Ivan Ostrochovsky, Pavol Pekarcik
Documentaire scénarisé 
Habitants de Kharkiv réfugiés dans le métro au lendemain de l'attaque de l'Ukraine par la Russie en février 2022, ils vont y rester pour certains une dizaine de mois. On suit plus particulièrement deux enfants qui semblent amis, Nikita et Viki qui ont une douzaine d'années, assez grand pour comprendre les dangers, pas encore pour s'émanciper. On voit l'organisation de survie qui a été mise en place, la vie quotidienne (bien des gens quittaient cet abri chaque jour pour aller bosser). Il y a des moments doux, de bons moments entre les personnes et aussi d'autres temps de grande dureté. Et l'enfermement.
L'un des réalisateurs, présent, a expliqué lors du Q & A leur travail pendant de longs mois, d'abord pour aider puis filmer des bribes, puis filmer quelques moments (entre autre les jeux des enfants, leurs explorations sur les lignes inexploitées) plus scénarisés. Par exemples ils leur posaient une question et filmaient leurs réponses et réactions.
Film à la fois beau et fort, et qui permet de mieux percevoir ce qui se joue en Ukraine.

 

Et la fête continue !
Robert Guédiguian, 2023, France, 1h45
Interprétation : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark, Robinson Stévenin, Gérard Meylan, Grégoire Leprince-Ringuet, Alice Da Luz, Pauline Caupenne
Scénario : Robert Guédiguian, Serge Valletti
Ariane Ascaride en politicienne qui travaille à l'hôpital comme infirmière, mère courage inlassable, grâce à elle on y croit à fond, alors que l'incorrigible optimisme de Robert Guédiguian sans elle ne passerait pas, ou peu.
Il y a des scènes de liens humains beaux et forts dont on donnerait n'importe quoi pour qu'elles soient de la vraie vie.
Globalement ce film est bon pour le moral, ou en tout cas s'efforce d'y être.
Et bien sûr il y a toute la bande habituelle autour du réalisateur, et c'est une équipe qui fonctionne à merveille.
Il est beaucoup question des immeubles effondrés à Marseille, si c'est un sujet sensible pour vous, autant le savoir à l'avance. 

(écrit les 08.11.23 et 09.11.23, tard)

 

 

(1) J'avais dû le voir il y avait longtemps, à la télé dans une diffusion de type "ciné-club".
(2) Non qu'ils aient hélas cessés depuis mais disons que le film a été tourné en 2022.


2023 - jour 2 : Un film japonais marquant, une comédie tchèque presque prémonitoire et un bon run le matin

Arras film festival

dimanche 5 novembre 

 

    Un bon petit early sunday morning run pour commencer, et ça faisait du bien, d'autant plus que si les sols étaient humides (sans doute venait-il de pleuvoir) il y avait un joli soleil par moment et une température plutôt clémente, de l'ordre de 10 à 12°c.

C'était un petit bonheur, tout juste assombri par le fait que le chantier dont est censé faire partie l'appartement que nous avons réservé est pour l'instant une zone d'Urbex laissée à l'abandon. Ça n'augure rien de bon.

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Courir moins d'une heure nous a laissé le temps de prendre un bon petit-déjeuner et tout notre temps (ainsi Le Joueur de Pétanque a pu se livrer à son passe-temps favori après la pétanque : aller faire des courses) avant le premier film pour nous de la journée

 

 

"A man" Japon, 2022, 2h11 (CMM 0/6 ; une scène d'accident du travail et deux scènes sanglantes)
Kei Ishikawa
années dans le film : 2005 jusqu'à récentes
Une femme qui tient une papeterie et a un fils survivant d'un premier mariage que la mort de son frère par maladie avait brisé, rencontre un homme timide et renfermé mais qui dessine fort bien à ses heures perdues. Ils vivent heureux quelques temps. Seulement un an après la mort accidentelle de celui-ci, elle apprend que l'identité sous laquelle elle connaissait son mari n'était pas la bonne. Un jeune avocat auquel elle fait appel tente de mener l'enquête.

Ce film est un régal, on voisine le polar, mais on reste à la hauteur des gens. On y apprend que le Japon possède les même extrémistes que la France, soit dit en passant.

"Hotel Pula", 2023, Croatie, 1h33
Andrej Korovljev
Lors de la guerre d'éclatement de l'ex-Yougoslavie, des réfugiés bosniaques se sont retrouvés hébergés dans des hôtels de la côte Adriatique. L'un d'entre eux y est depuis trois ans et qui végète dans une amnésie protectrice, lorsqu'une jeune femme du coin déboule dans sa vie par le fruits de croisements successifs. Très subtil, très bien interprété, beaucoup plus fin que ce à quoi on pouvait s'attendre au lu du synopsis.
Fun fact, entre temps l'Hôtel Pula est redevenu un 3 *** de la côte croate.
Le film est inspiré d'un roman du même nom

Ensuite nous avons pu repasser au logis manger et dormir un peu. Ça n'était pas un luxe.

"Monsieur vous êtes veuve",Tchécoslovaquie, 1971, 1h37
Vaclav Vorlicek (Pane Vy Jste Vdova)
Comédie Tchèque complètement déjantée qui traite de la transidentité avant même que le concept n'existât. C'est bourré de rebondissements et les acteurs s'en donnent à cœur joie, puisqu'ils doivent par moment incarner quelqu'un d'autre qui serait arrivé dans le corps d'une encore autre personne, mais ressemblerait à celle-ci. Science fiction (du moins encore un peu pour l'instant) farfelue et rythmée.

"Bosnian pot", 2023, Croatie, Autriche, Bosnie-Herzégovine , 1h43
Pavo Marinkovic
Un écrivain et auteur de pièces de théâtre qui avait eu son heure de gloire à Sarajevo avant la guerre, a refait sa vie en Autriche, mais risque d'être expulsé bientôt car la guerre qui faisait de lui un réfugié a pris fin et que par ailleurs et puisqu'il a pratiquement cessé d'écrire, il ne peut plus prouver son statut d'artiste. Un théâtre en difficulté va peut-être lui sauver la mise en produisant l'une de ses pièces.
Film attachant mais le rythme trop lent nous en détache. L'acteur principal a fini par m'agacer, du moins son personnage.
Loin d'être un navet c'est typiquement le film auquel il manque "un petit quelque chose" pour être vraiment réussi.
L'accent forcé en allemand du personnage principal, caricatural, m'a prodigieusement agacée ; le gars répète plusieurs fois qu'il est là depuis 12 ans, il avait donc eu le temps d'apprendre. D'autant plus que ses compatriotes auxquels il a affaire, parlent l'allemand avec accent et certaines expressions particulières mais de façon beaucoup plus plausible et limitée. 

 


2023 - jour 1 : Un arc-en-ciel d'accueil

Arras film festival

samedi 4 novembre 

 

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Un trajet sans encombres même si une nouvelle tempête (Domingo) passait plus ou moins par là, ce qui nous aura valu sur l'autoroute des passages de grand soleil sur ciel noir, puis une fameuse drache, mais l'ensemble des conducteurs a su se montrer prudent. Nous sommes arrivés dans la ville par le côté du chantier du programme de ce qui est censé être notre futur pied-à-terre, mais c'était à l'arrêt. Ce qui a un peu douché notre enthousiasme.
D'autant plus que Le Joueur de Pétanque, au prétexte de se garer le plus près possible de notre location d'hébergement, tenait absolument à enfiler un sens interdit et se garer sur la place, tout autant interdite. J'ai dû hausser la voix pour qu'il entende raison. Parfois les hommes de 60 ans ont des bouffées comportementales d'adolescents de 15, c'est fascinant.

En attendant l'heure de pouvoir occuper la chambre, nous avons fait une brève collation dans le salon de thé sur la Grand Place. De façon amusante, nous avions la même, numéro 5, que l'an passé.

Celui qui m'accompagne est parti garer la voiture plus loin et effectuer quelques courses tandis que je préparais les billets afin que nous n'ayons plus que nos téléfonini à présenter avec le QR code de la séance concernée.

Le temps ensuite de regarder une vidéo de la NTV sur un semi-marathon et c'était déjà l'heure de filer vers notre premier film de ce festival-là.

"Backwards" Pologne, 2022 (CMM 2/6 ; deux ou trois scènes de vomi)
Jacek Luzinski
années dans le film : 1991 jusqu'à 20 ans après.


Une jeune femme attend un enfant d'un amoureux qui semble ne pas l'être tellement. Sa sœur avec laquelle elle vit depuis la mort de leurs parents la pousse à mener sa grossesse à terme. Seulement le petit finalement né se révèlera pas tout à faire conforme au modèle général.

Le film devient alors le parcours du combattant de la mère pour tenter de faire suivre à son fils, brillant sur certains plans comme savent l'être les héros handicapés dans les films, une scolarité classique.

À deux réserves près (le revirement bienveillant de l'un des personnages et l'absence de vieillissement de l'héroïne et de son anciens amoureux), ce film est formidable, qui nous fait comprendre bien des enjeux si nous avons eu la chance de n'y être pas confrontées personnellement.
Le réalisateur, présent en fin de séance, a indiqué avoir tenu à filmer avec des enfants qui présentaient le même trouble que le personnage, ce qui fait qu'on est vraiment dedans.
Les actrices et acteurs, globalement, sont extraordinaires. La jeune mère-malgré-elle d'un petit pas-comme-tout-le-monde est particulièrement bien incarnée.

Quelques scènes m'ont bouleversée, pas forcément les plus spectaculaires.

 

"Good bye Julia" Soudan, 2022 (CMM 0/6 ; deux ou trois scènes de violence (émeutes, guerre civile))
Mohamed Kordofani
années dans le film 2005, 2010

La rencontre entre deux femmes que tout oppose (classes sociales et religions dans un pays au bord de la scission), comme suite à des circonstances dramatiques et dont les conséquences traversent les années.
Difficile d'en dire davantage sans gâcher le film pour qui ne l'aurait pas vu.
Les femmes parviennent presque à sauver la paix, les hommes ne pensent qu'à utiliser des armes. Le film est tout sauf caricatural et simplistes, tous les personnages ont leur profondeur, leurs moments de beauté, leurs moments de piètre voire meurtrier, comportement.
Donne envie d'en apprendre davantage sur le Soudan et son histoire récente.
Magnifique et dans la période actuelle de guerres partout particulièrement bienvenu. 

 

Discuté ensuite avec les camarades de ciné-club D. et H. et un autre qui passait avec sa ou l'une de ses petites-filles (adolescente et ravie). Le Joueur de Pétanque a eu soudain une bouffé de rabat-joie-tisme alors que nous nous félicitions de la qualité des films vus dans la journée, comme quoi ça faisait trop pour lui et qu'il saturait et puis quel intérêt, et qu'il y avait une part de voyeurisme. C'est le même qui les années passées se rajoutait des séances parce que j'avais volontairement prévu des respirations, afin de caler repos et entraînements. Bizarre. Je crois que le film polonais dans lequel les hommes sont dépeints comme ils sont trop souvent (1), fuyant dès qu'il y a quelque chose de lourd à assumer qui nécessite de mettre sa propre vie entre parenthèse afin de faire face, a touché une corde sensible et que c'est à ça qu'il réagissait. On peut toujours rêver. 

(1) Je connais personnellement d'émouvants contre-exemples, notamment pour faire face à des maladies graves du conjoint, l'âge venant. Seulement ils sont loin de représenter la tendance majoritaire, surtout lorsque ce sont les enfants qui ne sont pas conformes.
 

 


2022 jour 9 : dernier jour déjà et un très réussi film final ("Mon héroïne")

Arras film festival

dimanche 13 novembre 

Réveil tôt le matin pour aller voir un film à 9:30 mais trop fatiguée et peu intéressée, j'ai dormi pendant un bon moment de la projection.

Une affaire de cœur : la tragédie de l'employée des PTT 

Un film bizarre, sous prétexte d'une enquête criminelle et de l'exposé d'un vieux professeur expert en sexualité, on voit un féminicide plutôt accidentel et avant cela pas mal de nudités. Ça m'a semblé un peu tordu, assez décousu, et il y a une scène d'agression sexuelle au travail (un facteur dragueur lourd empêche de travailler une standardiste de permanence seule pour la nocturne). Le film m'a endormie et mise mal à l'aise durant les moments où je ne l'étais pas.


Nous sommes allés ensuite courir vers la Citadelle, au passage j'ai fait voir à JF où était l'un des projets immobilier que nous avions examiné, puis celui que j'avais visité juste avant le confinement et qui de ce fait avait été pris par quelqu'un d'autre (nous n'avions plus retourner le visiter). Une course venait d'avoir lieu alors c'était ouvert (ça ne l'est peut-être pas toujours), nous avons fait un peu de tourisme, plus qu'un sérieux entraînement. Ainsi découvert l'impressionnant et saisissant mur des fusillés (218 plaques, ça n'est pas peu de choses, et surtout que ça représente tant de victimes), puis j'ai pu réaliser ce que j'avais eu l'intention de faire en mars 2019, faire le tour d'un parc voisin et enfin faire voir à JF l'appartement que nous aurions pu acheter. Puis retour par vers l'hôpital et la Scarpe, non sans avoir contourné la maison d'arrêt large car il nous semblait entendre des claquements métalliques (coups de feu ou autre chose ?).
Ce fut un très satisfaisant tour de la ville. Il faisait frais (environ 7°c mais il y avait du soleil, ça allait).

Ensuite petit repas au logement et grosse belle sieste (non sans avoir regardé Les artisans de demain, leur documentaire long, "Fakir", très prometteur).

Puis un film intéressant 

Moja Vesna, Slovénie et Australie (CMM 1/6 ; on nous épargne une scène d'accouchement) 

Un père et ses deux filles dont une toute jeune femme sur le point d'accoucher tentent de faire face au deuil après que la mère de famille est morte dans ce qu'on comprend assez vite être un accident de voiture ambigu (volontaire ?). La plus jeune des filles qui a une dixaine ou onzaine d'années surcompense en tentant d'être celle qui tient le coup et qui aide et qui assure même l'intendance. 
Le film est vu de son point de vue.
C'est un film lent, sensible et silencieux, plutôt réussi.
L'adolescente est très bien campée, et c'est une slameuse comme l'est le personnage, on la sent en limite ultime presque tout le temps.
Bon, un élément m'a gênée : elle semble se remettre curieusement vite de l'accouchement.

Nous avons eu le temps de rentrer dîner brièvement avant la soirée de clôture.
Je suis très heureuse que Nowhere ait eu le prix du public. 
Que Six weeks ait été plusieurs fois primé est mérité (dont : jury des jeunes) et bien sûr Il boemo a eu un prix aussi (c'est clairement un film à prix).
Nous avons un peu regretté l'absence de distinctions pour Wolka qui avait l'ampleur d'en mériter une.

 

Mon héroïne de Noémie Lefort, France 2022 
Une comédie très réussie, ça alors. Avec le bon rythme, des scènes drôles assez fines (sauf une mais en même temps c'est drôle quand même, alors OK), des interprétations splendide et une chorégraphie sur I was made for loving you que la réalisatrice nous a apprise à la fin.
On s'est régalés malgré le moral un peu atteint par l'annonce indirecte d'un drame à Lille survenu ce week-end : deux immeubles ce sont effondrés. Par chance quelqu'un rentrant tard la nuit chez lui a remarqué que quelque chose n'allait pas et averti les secours. Et on n'a pas fait en France comme dans ce film de fiction russe, L'idiot, où le lanceur de l'alerte n'est pas pris au sérieux, donc les gens ont été évacués à temps (sauf un, qui n'était pas un habitant habituel et n'a sans doute rien entendu). 
La façon de l'apprendre pourrait être drôle s'il ne s'agissait pas de quelque chose d'aussi terrible : c'est l'un des officiels invité à remettre l'un des prix qui a fait une allusion en remerciant pour les films qui apportent de l'espoir dans un contexte difficile et nos pensée vont plus particulièrement aux Lillois ce soir et à ceux qui ont été victimes des récentes tornades [dans la région, toute proche]. 
Et on a été plusieurs à se dire, à Lille ? que s'est-il passé à Lille et à piquer du nez sur nos écran de téléfonini, pour y trouver la réponse

Après notre moment chorégraphique (quelle belle énergie communicative possède Noémie Lefort et des talents de compteuse aussi), j'ai pu demander à Éric Miot qui était l'actrice sur l'affiche de l'année mais en fait il s'agit d'une photo de dossier de presse d'un film Disney peu sorti, et elle n'est pas connu (serait d'ailleurs plutôt une chanteuse), milieu du cirque. Nos débats de la conversation de la veille ne risquaient donc pas de trouver d'issues.

J'ai eu un peu de mal à retrouver JF mais il attendait finalement à la sortie en compagnie d'un couple du ciné-club. Nous avons ainsi pu boire Au bureau un dernier coup.

Comment ça, c'est déjà fini ?

 

 


2022 jour 8 : Comment ça, déjà samedi ?!

Arras film festival

samedi 12 novembre 

Une journée encore assez intense, toujours basée sur les films de la compétition européenne, mais moins stakhanoviste que la veille, et avec même la possibilité d'assister à deux Q & A.

Le repas du midi avalé vite fait. Trop vite fait, mais c'était déjà bien d'avoir le temps de rentrer, manger et repartir.
Et puis une sieste de fin d'après-midi après la séance de 14:00 et avant le film de 19:00

Enfin, en toute fin de journée au Bureau, rendez-vous pour boire un coup avec les collègues de ciné-club que tout au long de la semaine nous n'aurons fait que croiser en coup de vent, dans une salle ou une file d'attente.
Odette se rappelait des toutes premières années, sous forme de week-ends prolongés dans un hôtel Ibis vers un Hôtel B & B actuel. Mais pas de quelles années. JF est formel : son premier Arras date de 2008. Est-ce que la version Hôtel Ibis datait de 2006 ?
La famille Asada emporte les suffrages et Nostalgia et Nowhere. D'autres films n'ont pas été vus par toutes et tous.

Le Fiston nous envoie deux photos de Prague où il est en week-end prolongé.

Ce samedi aura été un jour heureux. Un jour, s'en rappeler.


"Nous étions jeunes" (CMM 0/6, c'est l'avantage des classiques d'avant les caméras à l'épaule)

Nous pensons l'avoir déjà vu, c'est un très beau film avec de très beaux portraits sur de jeunes visages, l'histoire dramatique, forcément dramatique d'un groupe de jeunes résistants polonais et de la mort héroïque de deux d'entre eux, à l'issu d'opérations foireuses puis d'une réussie et de la filature par un traître de certaines personnes liées au groupe. Très idéaliste. Il y a une jeune photographe en fauteuil roulant qui est un personnage inoubliable - je crois bien que c'est en la voyant, avec son fauteuil à pédalier vers les mains, que je me suis souvenue d'avoir déjà vu l'ensemble ; l'héroïsme glorieux repassera -.

au sujet du film

 

"Wolka" (CMM 2/6 ; quelques scènes violentes ici ou là mais sans complaisance sur le côté gore)

Très belle très forte histoire romanesque à souhait (et un tantinet cousue de fil blanc, mais on le pardonne volontiers) entre Pologne et Islande, une femme qui vient d'être libérée de prison après une longue peine, part à la recherche d'une autre partie vivre en Islande. Elle y est plutôt bien accueillie et il y a même du boulot pour qui veut bosser dur (pour le coup on n'est pas trop dans le one hour job et ça fait du bien, enfin des personnages qui semblent ne disposer que d'un temps personnel limité), mais le poids du passé et des choses tues qui n'auraient pas dû, tout ça tout ça. Le côté : quand on a commencé dans un itinéraire semé de violence, la société ne nous laisse pas trop trop en changer, est bien vu. Les interprétations sont splendides et les paysages d'Islande donnent envie d'y aller. 
Un détail stupide : l'actrice principale semble avoir le nez refait et ça m'a gênée.
Un complément d'information triste : le réalisateur Árni Ólafur Ásgeirsson est mort le 27 avril 2021 de maladie et n'aura pas vu son film entièrement monté, et encore moins sorti en salle. 

 

"Six weeks", Hongrie (CMM 4/6, fatigant ; un accouchement)

Le sujet est très fort : l'adoption par des jeunes couples de bébés nés de très jeunes femmes qui n'ont pas pu avorter à temps. Elles peuvent avoir lieu en tout anonymat ou en toute transparence, avec les personnes se rencontrant. Les jeunes mères ont six semaines pour se rétracter.
Les réalisateurs et scénaristes travaillent plutôt sur des documentaires mais dans la préparation concernant ce sujet il leur est apparu très vite que le tourner en documentaire présentait un risque d'interférence avec les choix faits finalement par les protagonistes filmées. Alors ils ont choisi de faire une fiction à partir des expériences dont ils avaient été les témoins.
La jeune héroïne du film joue au ping-pong sport dur à filmer mais choisi par les possibilités d'ouvertures qu'il présentait (plus que dans d'autres sports plus répandus, il est accessible de se faire sélectionner pour des compétitions de haut niveau)
et qu'il pouvait être à la fois individuel et collectif.
L'actrice principale porte le film magistralement.
On pourrait juste reprocher un léger manque de rythme, quelques scènes dispensables.
Pour la première fois grâce à ce film j'ai pensé au chagrin possible des parents de mères porteuses en cas de GPA. Au fond eux aussi doivent faire le deuil de l'entrée d'un nouvel enfant dans la famille, et de leur grand-parentalité.

 

"Nowhere" (Now/Here) Belgique, 2021 (CMM 5/6 mais j'ai aimé le film quand même, c'est dire son niveau ; quelques scènes violentes mais brèves et sans complaisance ni gros plans)

La rencontre entre un homme d'âge mur et un presque majeur en errance, qui se cherche et cherche sa famille d'origine au fond. Comment à l'issu d'un premier affrontement violent, leur relation vire peu à peu à l'entraide malgré les embuches qu'y mettent la société et les bouffées de violence du garçon, et le mal de vivre de l'homme en âge d'être son père, dont on comprend très vite qu'il est un "orphelin d'enfant" (il manque un mot en français). 
J'ai songé, et ce d'autant plus que le personnage se prénomme Thierry, à une sorte de Thierry Paulin mais qui aurait à temps rencontré un adulte capable de lui servir de tuteur, et aussi aurait pu retrouver une famille, une partie de famille, stable et capable de l'aimer.
Film à la fois âpre mais non sans une part conte de fées - les hommes n'ont pas honte d'exprimer leurs sentiments -, acteurs parfaits, on y croit, et aussi aux scènes sur chantiers. 
Là aussi pour une fois, pas de one hour jobs, on sent le poids des heures de boulot et le poids du manque d'argent quand le boulot n'y est pas.
Malgré beaucoup de caméra à l'épaule peu supportable pour moi (mal de mer), j'ai été ... embarquée. Et même émue. On a tellement envie d'y croire que c'est encore possible. Il restera pour moi l'un des films marquants de ce festival.

au sujet du film
 


2022 jour 7 : le marathon

Arras film festival

vendredi 11 novembre 

La compétition européenne bat son plein et comme je tiens à la suivre dans son intégralité (ce sont toujours des films intéressants, qu'on les apprécie personnellement ou non), ça crée une journée marathon.
Je n'aime pas trop ça même si notre logis extra-bien situé nous permet de revenir entre deux films le plus souvent.
Et que nous sommes parvenus à intercaler nos repas (et même au soir faire un vrai dîner dans celle des pizzeria où le feu est de bois, la pâte fine et le fromage du Cantal)

 

"Victim"  (CMM = 0/6)

En République Tchèque une femme, Irina, vit en bossant dur dans l'espoir de créer un salon de coiffure avec une de ses amies. Elle est venue d'Ukraine avec son fils Igor, adolescent. Sauf que soudain alors qu'elle était en déplacement en Ukraine pour rassembler les documents nécessaires à leur naturalisation, il est grièvement blessé et se retrouve longuement hospitalisé.
Il est question d'une agression sauvage, sans motif particulier, et son cas prend une ampleur politique.
Magistral, mais mal maîtrisé côté rythme et durée. Des scènes redondantes. J'avais envie de reprendre le montage complètement et de faire avec la même matière première, un film qui attraperait le spectateur sans le lâcher.
Pour l'heure, je l'avoue, j'ai eu des absences.
Les mécanismes d'une récupération politique sont extrêmement bien vus.
L'actrice principale a des pulls sans doute ringards mais que je trouve fort beaux.


Ailleurs si j'y suis, Belgique 2022 (CMM = 0/6)

Comédie douce-amère très réussie sur le thème du décrochage (on voit que c'est un vrai mouvement de société, c'est le deuxième film qui en cause, alors même que le renforcement du phénomène par le premier confinement, où beaucoup ont pu découvrir à quoi ressemblerait leur vraie vie, n'avait pas encore eu lieu au moment où les scénarii ont été écrits). Un homme surmené, logeant dans une maison cossue jouxtant une forêt, y suit un cerf, soudain et ne parvient pendant un bon moment plus à revenir vers la société. Il n'a pas de projet, pas de revendication, il s'est tout naturellement arrêté. Et son immobilisme inattendu va mettre en mouvement toutes les personnes de son entourage.
C'est très réussi, les acteurs fameux rivalisent de perfection dans des rôles qui leur vont. 
Il y a une belle inventivité dans les mouvements de cameras (ainsi lors d'une sortie de route ou l'on se retrouve comme le conducteur de la voiture, la tête en bas) et le choix d'utiliser le 4:3 pour toutes les scènes forestières et le cinémascope pour les scènes "ailleurs que dans la forêt".

On passe un excellent moment. Et on n'a plus envie de retourner bosser (je vous aurais prévenu·e·s). 

 

After the winter, Monténégro (CM 2/6 ; pas mal de scènes de sexe, je crois (j'ai tendance à somnoler dans ces moments-là)
On aurait aimé aimer ce film monténégrain de prime abord fort sympathique, seulement voilà, c'est trop brouillon, à des moments on ne sait plus trop ce qu'ils veulent, ni eux non plus d'ailleurs. Ça se traîne bien et nos incompréhensions ne font que s'accroître. J'ai passé une partie non nulle du film à me demander, qui était qui, qui faisait quoi et au fond, pourquoi. Comme je demandais à mon cher et tendre des explications sur des scènes qui m'avaient laissée perplexe, je me suis aperçue qu'elles n'avaient peut-être pas été conçues pour être bien pigées.
Bref, une déception. 
On peut au moins admirer les paysages.

 

Luxembourg, Luxembourg, Ukraine 2022

Comme l'a dit le réalisateur lors de la rencontre Il n'est pas interdit de rire à un film ukrainien, vous savez (1).
On rit, mais dans le subtil, on est ému aussi. 
C'est l'histoire de deux frères jumeaux, un sérieux et l'autre qui fait rien que de tout foiré (un personnage à la Le grand blond mais qui serait un peu voyou et dealer sur les bords), et qui partent tenter de rejoindre leur père dont un appel du consulat de leur pays au Luxembourg, les a alerté de l'état critique de santé.
Le film vire alors au road-trip. 
Si ça n'est pas un chef d'œuvre, ça y voisine d'assez près. 

Et les frères Ramil and Amil Nasirov du groupe Kurgan & Agregat n'y sont pas pour rien.

Le film a connu bien des péripéties afin de pouvoir être monté (il a été tourné juste avant la guerre actuelle).
Ça n'est pas si fréquent, me semble-t-il, de voir le Luxembourg au ciné.

 

Men of deeds, Roumanie 2022 (CMM 1/6)

Un thriller mollasson, mais totalement réussi, en permanence là où on ne l'attend pas.
Avec un policier de campagne parfaitement campé, oscillant entre la soumission au clientélisme local et de solides vestiges de sens moral. Et un petit nouveau qui vient de par son zèle de débutant foutre la grouille dans tout ça.
Et par moment un peu de comédie romantique et par moment, un franc western.

Bref, là aussi un régal. Et puis en repartant, la sempiternelle question Qu'aurions-nous fait, nous, à sa place ?

On repart aussi avec de belles images d'une vaste campagne, dont on nous répète à l'envie, mais on ne le voit jamais, qu'elle est sujette à inondations.

(1) Kherson a été libérée dans la journée.


2022 jour 6 : Je ne suis pas une bonne cliente pour les films en costumes (confirmation)

Arras film festival

jeudi 10 novembre 

 

Beau temps et dernière matinée au réveil libre, j'en profite pour caler une petite séance d'endurance de force, le long de la Scarpe, accompagnée par JF qui court sans objectifs de cadence. Un bon repas au petit restaurant bio que nous connaissions des années passées. Puis, quatre films : la compétition européenne débute et ça remplit l'emploi du temps.
 

"L'homme le plus heureux du monde"  (CMM = 2/6 ; quelques scènes violentes)

Alors un film pour lequel pour piger on est obligé en rentrant d'aller rechercher des compléments d'explications ici ou là c'est que quelque chose n'est pas tout à fait réussi. 
Pour autant beau sujet, belles interprétations - Adnan Omerovic est particulièrement impressionnant dans le rôle du sniper repentant -, regret que le personnage féminin principal soit si peu compréhensible, ses oscillations entre élan amoureux, compassion, et rejet et violence physique sont un peu trop peu cohérentes, le syndrome de stress post-traumatique a bon dos.

Le point de départ est donc le suivant : À Sarajevo de nos jours, des gens participent à une vaste rencontre de speed dating, sauf que comme à part les tout jeunes, ils ont toutes et tous été concernés par la guerre à des degrés divers, ça ne se passe pas exactement comme prévu.
La rencontre de speed dating m'a mise mal à l'aise non pas tant à cause de ce que ça amène les gens à révéler de leur passé que parce qu'au questions qui leurs sont posées je n'aurais pas su quoi dire (et j'aurais détesté les exercices de rapprochements physiques qu'on leur fait faire).
Ça montre bien comment la guerre fait d'hommes ordinaires des assassins qui ne s'en remettent pas bien, et ça, au moins c'est louable.

 

Working class heroes (CMM = 3/6 ; deux scènes difficilement soutenables + une autre de violence plus abstraite)
En Serbie de nos jours ou peu s'en faut, Lidja une femme au bout du rouleau, couvre non sans violence les malversations de son patron sur différents chantiers fondés sur de la magouille immobilière et financière ; jusqu'au jour où il passe les bornes.
Film puissant, prenant, suffoquant, et durant lequel on passe son temps à se dire Mais bon sang c'est quand même pas aussi pire en vrai.
Les mutilations aux mains semblent être un thème à la mode et le niveau d'alcoolisme général, d'un film à l'autre, ne se dément pas.
Film fort, et réussi et formidablement bien interprété.
On évitera peut-être d'aller le voir si on a des problèmes au boulot (ou peut-être au contraire si, histoire de relativiser)

 

Il Boemo (CMM = 1/6 ; et des scènes de corps pourri par la maladie)

Grande somptueuse reconstitution historique de Venise, Naples et quelques autres coins au XVIIIème siècle, tout en suivant le tragique destin de Josef Myslivecek qui fut très glorieux, à la fin très malade (d'après le film la syphilis, même si j'ai cru à la lèpre un moment), et ensuite très oublié.
Le film manque cruellement de scènes d'extérieur, sans doute ç'eût été trop difficile de tourner à Venise en plein air. Il n'y en a que le minimum syndical. Le reste du temps, beaucoup de somptueux palais.
J'ai admiré le travail et je parierais volontiers qu'il emportera le prix du public, c'est somptueux, c'est super bien maîtrisé, et plein d'airs d'opéra magnifiques.
Et Ah les costumes !
Seulement je ne suis pas bon public pour les films en costumes, et la facture ultra-classique de l'œuvre n'a pas su accrocher mon attention. La plupart du temps j'étais juste en train d'écouter les airs, l'esprit ailleurs.
Grande œuvre, mais pas (faite pour) moi.
Le jeune roi de Naples est très réussi.

 

"Cendres et diamants" Wajda  (CMM = 0/6) 
Un pur bijou, une sorte de Rebel with cause, en Pologne la deuxième guerre mondiale à peine terminée et les communistes et les royalistes n'ayant pas fini de régler leurs comptes. Ça tient aussi du tramway nommé désir avec des scènes Féliniennes également. 
Bref, bluffés.
Et en prime la découverte de Zbigniew Cybulski, l'acteur mort pour avoir cru pouvoir sauter des trains en marche comme le faisaient ses personnages dans les films), et dont le fils a eu un destin tragique également (mais moins glamour : décès dû aux conséquences de son alcoolisme)

 

2022 jour 5 : La journée des films lents

Arras film festival

mercredi 9 novembre 

Nous avions un film prévu à 09:30 et j'aime beaucoup entamer la journée comme ça, par un film qui, s'il nous réussi, donnera une belle couleur, d'emblée au reste des heures.

 

"Metronom" d'Alexandru Blec, Roumanie, 2022 (1h42) (CMM = 0 ; la violence est psychologique, essentiellement)
avec Mara Bugarin, Serban Lazarovici, Vlad Ivanov, Mihai Calin, Andreea Bibiri, Alina Brezunteanu, Mara Vicol
09:30 S5

En Roumanie en 1972 pendant une finale de la coupe Davis, des lycéens se retrouvent chez l'une de leur camarade de classe et écrivent une lettre à l'animateur de l'émission de radio Metronom 72 sur Radio Free Europe qu'ils écoutent clandestinement. Ana s'y rend dans l'espoir de revoir Corbin son amoureux, avant que celui-ci ne quitte avec sa mère la Roumanie pour rejoindre à l'étranger leur père et mari. Seulement elle avait d'abord annoncé à celui-ci qu'elle ne viendrait pas.

On pourrait ainsi résumer l'histoire : si vous dites à quelqu'un que vous aimez que vous ne vous rendrez pas quelque part, ne changez pas d'avis. Surtout en dictature.

Film un brin excessivement lent, mais à part ça parfait : les acteurs, les ressorts narratifs, la façon dont c'est filmé, la bande son (géniale : toute la bonne musique des early seventies qui leur était interdite), le choix des plans. Des scènes de fêtes adolescentes sont de merveilleux plans séquences.

Évidemment, ayant failli avoir une cousine roumaine dans ces années-là, je ne pouvais qu'être profondément émue par le sujet. Ils essaient simplement d'avoir une jeunesse normale dans une société qui ne l'est pas.

Au sujet du film, son réalisateur (pour Cannes, où le film était dans la sélection Un certain regard)

 

Séance suivante à 14:00, nous avons eu le temps de rentrer déjeuner et même de cuire des patates et pour moi de piquer un somme.



"La Montagne" de Thomas Salvador, France, 2022 (1h55) (CMM = 0 ; attention toutefois pour les personnes sujettes au vertige)
avec Thomas Salvador, Louise Bourgoin, Martine Chevallier, Laurent Poitrenaux
14:00 C2 salle pleine - échanges à l'issue de la projection en compagnie du réalisateur et de l'actrice principale 

C'est l'histoire d'un gars qui, venu vers Chamonix pour une présentation commerciale de son boulot, décide de rester le week-end faire un tour en montagne, et ne parvient plus, ou du moins pas tout de suite, à redescendre.
Là-haut il fera la connaissance d'une jeune femme travaillant dans un restaurant de très haute altitude et parviendra à approcher la montagne au plus près, notamment grâce à d'étranges lueurs qui ressemblent à des blobs de laves mais qui ne brûleraient pas.
On retrouve les thèmes chers à Thomas Salvador : du quotidien très quotidien mêlé à un fantastique empreint de poésie ; l'ensemble serti dans une solide conscience écologique. Le film a été tournée en haute altitude, très peu d'effets spéciaux viennent du numériques et si les lueurs étaient censées représenter un danger c'est raté : on dirait de petits animaux affectueux sans queues ni têtes. L'histoire d'amour échappe à la niaiserie et le personnage féminin a une intervention courageuse et sportive et ça va de soi comme ça devrait toujours être le cas dans les films. Rien n'est en trop, pas de gras dans les scènes (en particulier, la vie d'avant est visualisée en trois séquences qui sont exactement ce qui est nécessaire pour comprendre mais rien de trop), les dialogues sont d'une justesse parfaite, sans un mot de trop. 
Je suis parfaitement la bonne cliente pour cet univers là.
Mais comme on était en début d'après-midi, et que le film prend tout son temps (c'est ce qui fait son charme, aussi), force est de constater que j'ai de loin en loin dormi. Les scènes d'exploration intérieure de la montagne (appelons ça comme ça) m'ont en revanche maintenue éveillée, portées qu'elles sont pas une très forte intensité d'échange et de beauté.

En cherchant en rentrant à en savoir un peu plus j'ai retrouvé la mention d'un court-métrage déjà un peu ancien ; et une des raisons qu'avait sans doute le réalisateur d'être particulièrement ému lorsqu'une spectatrice lors du Q & A a dit en substance J'étais fâchée avec la montagne qui nous a pris mon petit frère en 2005, mais à voir votre film, un peu moins.

un Q & A d'il y a cinq mois

 

À nouveAu retour à l'hébergement avant la projection suivante. J'ai dû faire un effort, soutenu par le fait que les réveils sont trop pénibles après ce type de petits sommes, pour ne pas aller à nouveau au lit.

 

Ciné concert "Paris qui dort"de René Clair, France, 1923 (1h) précédé de quelques courts-métrages d'animation conçus dans le cadre d'une rencontre croisée interdisciplinaire d’artistes portugais et français.
conservatoire, 19:00

L'ensemble du ciné concert durait trop longtemps, ce qui empêchait les personnes qui avaient prévu des films à 21:30 de s'y rendre. Or parmi les courts métrages d'animation beaucoup étaient des travaux scolaires, entre ennuyeux et pénibles ; trois présentaient quelque chose de novateur, intelligible et qui apportaient quelque chose ; un jouait la carte d'être insupportable pour les spectateurs (et l'accompagnement sonore de celui-ci était au diapason). Bref, la première partie, je m'en serais volontiers passée sauf à ce qu'une sélection auparavant ait été effectuée.

Le film titre était en tout point remarquable ainsi que  l'accompagnement par Jacques Cambra et deux jeunes musiciens (ou trois ? en l'écrivant un doute me vient) était en tout points remarquable. Un Paris de confinement, presque. Et furtivement, la ville telle qu'elle était il y a un siècle, ce qui était impressionnant. J'aimerais bien qu'on rendre Paris à une locomotion équidée.  Chevaux et vélos, voilà qui me plairait.

Ce fut au point que lors d'un dîner chez Volfoni (il était trop tard pour voir un autre film mais pas pour aller dîner), nous nous sommes plongés dans des recherches sur les ascenseurs de la Tour Eiffel et sur le Paris des expositions universelles de 1889 et 1900 (et entre autres les bâtiments construits puis détruits puis d'autres reconstruits à cet effet).


2022 jour 4 : a good swim, and two movies

Arras Film Festival

mardi 8 novembre 

Je n'avais prévu aucun film en journée, mais d'aller nager, d'écrire et de me reposer.
Je suis parfaitement parvenue à remplir les points un et trois, j'ai vraiment fort bien dormi dans l'après-midi. Mais je n'ai pas écrit.
Le Joueur de Pétanque pour sa part est allé voir deux films d'actions, un sur des combats du Nil et l'autre avec Sean Connery.
La piscine était ouverte au public entre midi et deux, un peu de monde mais pas trop pour être gênée. J'ai nagé 1500 m lentement (500 br, 1000 cr en tentant de m'appliquer, et puis 100 de cool down avec un peu de dos en m'étirant).
Puis je suis rentrée à l'appartement, il faisait doux et je me sentais bien. Je suis passée par le chantier où ça travaillait (démolition de la partie du bâtiment industriel qui ne doit pas rester).
Un hasard de youtube m'a fait découvrir les speed cubers et entre deux sommeils, avant et après le retour de JF, j'ai regardé des videos fascinantes.  

 

"Klondike" de Maryna Er Gorbach, Ukraine, 2022 (1h40) (CMM = 0, mais certaines scènes d'une grande dureté, ainsi qu'un accouchement)
avec
Oxana Cherkashyna, Sergiy Shadrin, Oleg Scherbina, Oleg Shevchuk, Arthur Aramyan, Evgenij Efremov
19:00 S1

Juillet 1914 vers Donetsk un couple de fermiers dont la femme est à deux mois d'accoucher se prend la guerre sur la gueule, et aussi un avion. Le frère de la future mère passe tenter de la tirer de là, au sens littéral, lui est patriote Ukrainien tandis que le futur père a des accointances avec les séparatistes pro-russes, sans l'être plus que ça (il voudrait : la paix et qu'on la lui foute). Par moment il y a un peu d'humanité, par exemples lorsqu'ils véhiculent un couple de néerlandais venus se recueillir sur la carcasse de l'avion abattu, mais globalement c'est la barbarie de la guerre à son meilleur niveau. D'un instant à l'autre tout peut arriver, surtout le pire. La vie d'une femme compte fort peu, elle n'intéresse que pour ses capacités de procréation. Elle reste toutefois mieux traitée qu'une vache.
J'ai apprécié les plans larges qui permettent une vue globale sur ce qui survient, celle que précisément les protagonistes n'ont pas ; et ne sais toujours pas distinguer à tous les coups le Russe de l'Ukrainien.
La scène de l'accouchement m'a laissée dubitative, mais disons que peut-être qu'en de telles circonstances paroxistiques ça pourrait peut-être se passer comme ça.
En fait le point du film qui nous laisse un peu en dehors c'est de comprendre pourquoi au moins elle ne part pas. Car plusieurs fois ils en sont empêchés mais à d'autres moments ce sont eux qui renoncent, y compris après la disparition de leur vache. Ça m'a paru bizarre aussi, une ferme sans chien.
La guerre actuelle était déjà là, mais ça, on le savait.



"Les grandes ondes (à l'ouest)" de Lionel Baier, Suisse, 2013 (1h24) (CMM = 0, un peu de sexe mais gentillet)
avec
Valérie Donzelli, Michel Vuillermoz, Patrick Lapp, Francisco Belard, Jean-Stéphane Bron
21:30 S3
Comédie bien troussée, avec même un brin de comédie musicale, sur fond de vraie révolution qui s'était bien passé (en avril 1974 au Portugal), les actrices et acteurs donnent l'impression de s'amuser avec leur personnage, il y a un vieux de la vieille de la radio au passé glorieux mais à la mémoire chancelante, un jeune Portugais qui parle français comme dans les vieux Pagnol dont son enfance a été bercée, Pagnol qui meurt ces jours-là, un technicien radio qui connaît son boulot, une jeune animatrice et journaliste ambitieuse, un directeur de radio qui tente de ménager la chèvre et le choux et se prend dans les fils de son téléphone, car 1974, quand même.
Quand l'actualité est trop écrasante, c'est le type de film qui permet de prendre un bol d'air, et ça n'est pas rien.

Entre les deux films nous avions eu à peine le temps de rentrer avaler quelques plats du traiter italien voisin que JF avait eu la bonne idée d'aller chercher en fin d'après-midi. Après le film suisse, nous sommes allés boire une bière sous le chapiteau, je m'attendais presque à croiser Jean-Stéphane mais non. Le DJ, Francis, était excellent qui a démarré sur le meilleur des années 80 (Flashdance, Eurythmics, Fame, Abba ...) et nous avons dansé, même un peu à deux grâce à un jeune homme qui est allé chercher JF qui de ce fait n'a pas osé se faire prier.
Bref, grâce au festival, et au logis de proximité (c'est très cool de pouvoir rentrer en coup de vent entre deux films), encore une bonne journée.
Et je sens l'énergie qui commence à me revenir.
Pendant ce temps sur la Place des Héros un marché de Noël est en cours de construction.