2023 - jour 2 : Un film japonais marquant, une comédie tchèque presque prémonitoire et un bon run le matin

Arras film festival

dimanche 5 novembre 

 

    Un bon petit early sunday morning run pour commencer, et ça faisait du bien, d'autant plus que si les sols étaient humides (sans doute venait-il de pleuvoir) il y avait un joli soleil par moment et une température plutôt clémente, de l'ordre de 10 à 12°c.

C'était un petit bonheur, tout juste assombri par le fait que le chantier dont est censé faire partie l'appartement que nous avons réservé est pour l'instant une zone d'Urbex laissée à l'abandon. Ça n'augure rien de bon.

Capture d’écran 2023-11-05 à 11.05.36

 

Courir moins d'une heure nous a laissé le temps de prendre un bon petit-déjeuner et tout notre temps (ainsi Le Joueur de Pétanque a pu se livrer à son passe-temps favori après la pétanque : aller faire des courses) avant le premier film pour nous de la journée

 

 

"A man" Japon, 2022, 2h11 (CMM 0/6 ; une scène d'accident du travail et deux scènes sanglantes)
Kei Ishikawa
années dans le film : 2005 jusqu'à récentes
Une femme qui tient une papeterie et a un fils survivant d'un premier mariage que la mort de son frère par maladie avait brisé, rencontre un homme timide et renfermé mais qui dessine fort bien à ses heures perdues. Ils vivent heureux quelques temps. Seulement un an après la mort accidentelle de celui-ci, elle apprend que l'identité sous laquelle elle connaissait son mari n'était pas la bonne. Un jeune avocat auquel elle fait appel tente de mener l'enquête.

Ce film est un régal, on voisine le polar, mais on reste à la hauteur des gens. On y apprend que le Japon possède les même extrémistes que la France, soit dit en passant.

"Hotel Pula", 2023, Croatie, 1h33
Andrej Korovljev
Lors de la guerre d'éclatement de l'ex-Yougoslavie, des réfugiés bosniaques se sont retrouvés hébergés dans des hôtels de la côte Adriatique. L'un d'entre eux y est depuis trois ans et qui végète dans une amnésie protectrice, lorsqu'une jeune femme du coin déboule dans sa vie par le fruits de croisements successifs. Très subtil, très bien interprété, beaucoup plus fin que ce à quoi on pouvait s'attendre au lu du synopsis.
Fun fact, entre temps l'Hôtel Pula est redevenu un 3 *** de la côte croate.
Le film est inspiré d'un roman du même nom

Ensuite nous avons pu repasser au logis manger et dormir un peu. Ça n'était pas un luxe.

"Monsieur vous êtes veuve",Tchécoslovaquie, 1971, 1h37
Vaclav Vorlicek (Pane Vy Jste Vdova)
Comédie Tchèque complètement déjantée qui traite de la transidentité avant même que le concept n'existât. C'est bourré de rebondissements et les acteurs s'en donnent à cœur joie, puisqu'ils doivent par moment incarner quelqu'un d'autre qui serait arrivé dans le corps d'une encore autre personne, mais ressemblerait à celle-ci. Science fiction (du moins encore un peu pour l'instant) farfelue et rythmée.

"Bosnian pot", 2023, Croatie, Autriche, Bosnie-Herzégovine , 1h43
Pavo Marinkovic
Un écrivain et auteur de pièces de théâtre qui avait eu son heure de gloire à Sarajevo avant la guerre, a refait sa vie en Autriche, mais risque d'être expulsé bientôt car la guerre qui faisait de lui un réfugié a pris fin et que par ailleurs et puisqu'il a pratiquement cessé d'écrire, il ne peut plus prouver son statut d'artiste. Un théâtre en difficulté va peut-être lui sauver la mise en produisant l'une de ses pièces.
Film attachant mais le rythme trop lent nous en détache. L'acteur principal a fini par m'agacer, du moins son personnage.
Loin d'être un navet c'est typiquement le film auquel il manque "un petit quelque chose" pour être vraiment réussi.
L'accent forcé en allemand du personnage principal, caricatural, m'a prodigieusement agacée ; le gars répète plusieurs fois qu'il est là depuis 12 ans, il avait donc eu le temps d'apprendre. D'autant plus que ses compatriotes auxquels il a affaire, parlent l'allemand avec accent et certaines expressions particulières mais de façon beaucoup plus plausible et limitée. 

 


A fish called Wanda - le making of

C'était donc plutôt sympathique ce film vu au Méliès "My old lady" mais quelque chose, en plus de la présence de Kristin Scott Thomas qui à mes yeux est une difficulté pour "entrer" dans un film (1), me gênait. Puis j'ai compris : Kevin Kline ! 
C'est que malgré toutes ses qualités d'acteur il est resté pour moi, le drôlatique Otto d'A fish called Wanda. Et que donc je n'étais pas bien parvenue à prendre la détresse de son personnage de Mathias au sérieux.

J'ai vu ce film la première fois sur le bateau qui nous emmenait en Écosse pour notre voyage de noce et pour lequel je ne sais plus pourquoi nous avions failli manquer l'embarquement de la voiture (une histoire de ticket mal édité, j'ai le souvenir d'avoir tenté en vain de joindre l'agence de voyage du Printemps où nous avions déposé le voyage de noce parmi les cadeaux de la liste de mariage). J'avais un féroce mal de mer et le film était parvenu quand même à me dérider. D'où une affection particulière envers cette œuvre malgré que je l'avais trouvé grossière, assez.

Je l'ai ensuite plusieurs fois revu, chez moi, en DVD. Dont une fois avec les enfants lors d'une période difficile (quelqu'un était malade, je crois) et eux aussi avaient bien ri.

Il m'en est resté le rire à ma sensibilité de quand les hommes parlent une langue étrangère ou avec un accent, quelques scènes cultes, le fait de toujours regarder en l'air si je ne vois pas un piano suspendu lorsque quelqu'un promène en laisse trois petits chiens, et l'habitude de tenir les crayons de bois bien taillés.
Et une tendresse particulière envers Michael Palin auquel le rôle d'un doux ami des bêtes allait si bien.

  

(1) ressenti tout personnel : je trouve qu'à l'instar d'un Gérard Depardieu auquel pourtant elle ne ressemble pas, elle est elle-même et pas le personnage. Et qu'aussi elle a trop tourné. Ce qui fait que : belle femme bilingue aux yeux bleus : paf c'est toujours elle et du coup je n'y crois pas. Mais j'ai bien compris que pour beaucoup plus d'autres personnes sa présence était un gage de On va y aller [voir le film]

 


"L'ambassade" de Chris Marker (1973 (ou 1975 selon les sources))

L'Ambassade - Chris Marker (1973) from Ciclic on Vimeo.

Sérendipité du net, je suis tombée ce matin sur la mention d'un documentaire de Chris Marker datant de 1962 ou 63 je crois, autour du thème de l'art Africain. Je me suis alors souvenue que mon cerveau savait que Chris Marker n'était pas uniquement l'auteur du très hypnotique "La jetée".

Grâce à la BNF et à mon jour principal hebdomadaire de liberté, l'après-midi même je découvrais ou redécouvrais une autre de ses œuvres, "L'ambassade". Cette fiction documentaire était très précisément ce qu'hic et nunc il me fallait.

Sur le film lui-même : il est présenté comme un super-huit retrouvé dans une ambassade après l'après d'un coup d'état. On suppute l'Amérique du Sud, le Chili, mais j'ai l'impression que les figurants parlent français et qu'on tourne à Paris (1). C'est un huit-clos é(pous)touf(f)(l)ant d'une vingtaine de minutes. Le texte en voix off et qui restitue parfois ce que disent les gens est d'une beauté qui peut hanter longtemps. Dire l'essentiel en peu de mots élégants. 

Première pensée en sortant : J'aurais voulu en être.

(participer au projet, ne serait-ce que comme dresseuse de [la] tortue)

 

(1) S'il y avait téléphones portables et ordis on pourrait imaginer une œuvre d'anticipation, 2017, Paris. 


"Just friends" by Cary Cremidas

Non sans défauts, mais fort prometteur

et puis plus tard on le regardera avec des yeux attendris parce qu'il nous donnera à voir le Paris de ces années-ci (datant de 2006 ou 2007, si j'ai bien compris, il présente déjà des "C'est plus comme ça") 

(J'aime beaucoup le "Tu ne me dis pas de me calmer" ; et puis la bonne copine qui d'avoir été secourable s'en prend plein la gueule et qui me rappelle quelqu'un (sauf que je n'aurais pas parlé, je suis quelqu'un qui se tait))