"Land of promise" - 2008

Land of promise : the British documentary movement 1930-1950 / Robert Flaherty, Basil Wright, Humphrey Jennings... NUMAV-662298

 

DVD 1 

Industrial Britain / Robert Flaherty, réal. (1931) / Donald Calthrop, voix (n. et b. ; 20 min)
Shipyard / Paul Rotha, réal. ; Jack Beaver, comp. (1935 ; n. et b. ; 24 min)
Workers and jobs / Arthur Elton, réal. (1935 ; n. et b. ; 11 min)
Housing problems / Arthur Elton, Edgar Anstey, réal. (1935 ; n. et b. ; 15 min)
Children at school / Basil Wright, réal. (1937 ; n. et b. ; 23 min)
Farewell topsails / Humphrey Jennings, réal. (1937 ; coul. ; 8 min)
Today we live / Ruby Grierson, Ralph Bond, réal. ; Raymond Bennell, comp. ; Howard Marshall, voix (1937 ; n. et b. ; 23 min)
Eastern valley / Donald Alexander, réal. (1937 ; n. et b. ; 16 min)
People of Britain / Paul Rotha, réal. ; Benjamin Britten, comp. (1936 ; n. et b. ; 3 min)
If war should come (cop. : GPO film unit ; 1939 ; n. et b. ; 9 min)

 

DVD 2

Britain at bay / Harry Watt, réal. ; Richard Addinsell, comp. ; J.B. Priestley, voix (1940 ; n. et b. ; 7 min)
Transfer of skill / Geoffrey Bell, réal. (1940 ; n. et b. ; 10 min)
They also serve / Ruby Grierson, réal. (1940 ; n. et b. ; 10 min)
Tomorrow is theirs / James Carr, réal. ; Joseph Macleod, voix (1940 ; n. et b. ; 9 min)
Words for battle / Humphrey Jennings, réal. ; Laurence Olivier, voix (1941 ; n. et b.l7 min)
Ordinary people / Jack Lee, J.B. Holmes, réal. (1941 ; n. et b. ; 27 min)
Five and under / Donald Alexander, réal. ; Beatrix Lehmann, voix (1941 ; n. et b. ; 16 min)
Night shift / J. D. Chambers, réal. (1942 ; n. et b. ; 14 min)
The countrywomen / John Page, réal. (1942 ; n. et b. ; 13 min)
Summer on the farm / Ralph Keene, réal. ; William Alwyn, comp. ; Philip Robinson, Fred Fairclough, voix (1943 ; n. et b. ; 11 min)
Listen to Britain / Humphrey Jennings, Stewart McAllister, réal. ; Leonard Brockington, voix (1942 ; n. et b. ; 19 min)
Builders / Pat Jackson, réal. ; John Hilton, voix (1942 ; n. et b. ; 8 min)
Words and actions / Max Anderson, réal. ; Colin Wills, voix (1943 ; n. et b. ; 14 min)
A diary for Timothy / Humphrey Jennings, réal. ; E. M. Forster, aut. du texte ; Richard Addinsell, comp. ; Myra Hess, John Gielgud, participants. ; Michael Redgrave, voix (1946 ; n. et b. ; 37 min)

 

DVD 3

Land of promise / Paul Rotha, réal. ; William Alwyn, comp. ; John Mills, Miles Malleson, Frederick Allen... [et al.], voix (1946 ; n. et b. ; 1 h 03 min)
The balance / Paul Rotha, réal. ; Sir Stafford Cripps, participant (1947 ; n. et b. ; 9 min)
What a life ! / Michael Law, réal. ; Edward Williams, comp. ; Richard Massingham, Russell Waters, act.
The dim little island / Humphrey Jennings, réal. ; Ralph Vaughn Williams, comp. ; Osbert Lancaster, John Ormston, James Fischer... [et al.], voix (1948 ; n. et b. ; 10 min)
Britain can make it (n°1) / Francis Gysin, réal. ; Stafford Cripps, participant (1946 ; n. et b. ; 10 min)
Fenlands / Ken Annakin, réal. (1945 ; n. et b. ; 17 min)
Children's charter / Gerard Bryant, réal. ; A. J. Parr, voix (1945 ; n. et b. ; 16 min)
Chasing the blues / J. D. Chambers, Jack Ellitt, réal. (1947 ; n. et b. ; 6 min)
Cotton come back / Donald Alexander, réal. (1946 ; n. et b. ; 25 min)
Five towns / Terry Bishop, réal. ; Mary Blakemann, participant (1947 ; n. et b. ; 26 min)

 
DVD 4 
 
A plan to work on / Kay Mander, réal. (1948 ; n. et b. ; 32 min)
Mining review 2nd year n° 11 / Peter Pickering, réal. (1949 ; n. et b. ; 9 min)
From the ground up / Vilem Tausky, comp. (Jack Ralph, voix ; 1950 ; n. et b. ; 9 min)
Transport / Peter Bradford, réal. ; Thomas Henderson, comp. (1950 ; n. et b. ; 19 min)
The undefeated / Paul Dickson, réal. ; Lambert Williamson, comp. ; Gerald Pearson, Betty Marsden, Leo Genn, act. (1950 ; n. et b. ; 34 min)
Family portrait / Humphrey Jennings, réal. ; John Greenwood, comp. ; Michael Goodliffe, voix (1950 ; n. et b. ; 23 min)
John Grierson : a record of an address by John Grierson at the National film theatre, august 1959 / BFI compilation unit (1959 ; n. et b. ; 13 min)
Close up : recollections of British documentary / Shona Barrett, Caroline Millar, réal. ; Tim Boon, Ros Cranston, Steve Foxon... [et al.], interview. ; Peter Bradford, Sylvia Bradford, Paul Dickson... [et al.], participants (2008 ; coul. ; 40 min) 

"L'ambassade" de Chris Marker (1973 (ou 1975 selon les sources))

L'Ambassade - Chris Marker (1973) from Ciclic on Vimeo.

Sérendipité du net, je suis tombée ce matin sur la mention d'un documentaire de Chris Marker datant de 1962 ou 63 je crois, autour du thème de l'art Africain. Je me suis alors souvenue que mon cerveau savait que Chris Marker n'était pas uniquement l'auteur du très hypnotique "La jetée".

Grâce à la BNF et à mon jour principal hebdomadaire de liberté, l'après-midi même je découvrais ou redécouvrais une autre de ses œuvres, "L'ambassade". Cette fiction documentaire était très précisément ce qu'hic et nunc il me fallait.

Sur le film lui-même : il est présenté comme un super-huit retrouvé dans une ambassade après l'après d'un coup d'état. On suppute l'Amérique du Sud, le Chili, mais j'ai l'impression que les figurants parlent français et qu'on tourne à Paris (1). C'est un huit-clos é(pous)touf(f)(l)ant d'une vingtaine de minutes. Le texte en voix off et qui restitue parfois ce que disent les gens est d'une beauté qui peut hanter longtemps. Dire l'essentiel en peu de mots élégants. 

Première pensée en sortant : J'aurais voulu en être.

(participer au projet, ne serait-ce que comme dresseuse de [la] tortue)

 

(1) S'il y avait téléphones portables et ordis on pourrait imaginer une œuvre d'anticipation, 2017, Paris. 


Speriamo che sia femmina (Espérons que ça soit une fille) - Mario Monicelli 1986, Italie

J'ai voulu réserver hier un documentaire pour le voir aujourd'hui mais la machine m'a indiquée qu'avec 200 notices j'avais atteint la limite à ne pas dépasser. J'ai donc entrepris de faire le ménage. C'est simple : j'ai mis de côté beaucoup plus de livres et de films à voir et revoir et lire et relire que je ne peux passer de temps en ces lieux. J'ai donc entrepris d'écluser mon retard au moins pour partie.

Il se trouve que depuis que F. grand cinéphile, m'a quittée je n'ai plus eu le cœur, à de rares exceptions près (indiquées par mon kiné ; au fond à part pour l'amour il y a encore toujours un homme pour occuper le terrain qu'un autre a déserté), à regarder des films en ces lieux. C'était avec lui un dialogue permanent et le catalogue fourni me permettait de suivre presque au même moment que lui ses projections. D'en discuter aussitôt. Nos chamailleries me manquent ; elles portaient souvent, j'aurais dû me méfier sur le sort fait aux femmes, il jugeait charmantes des scènes que je trouvais méprisantes pour les femmes. Belles et séduisantes des poupées artificielles. Certains projets un peu expérimentaux le laissaient froid quand ils m'émouvaient. Il m'avait déconseillé Tarkovski qui m'a envoûtée (malgré sa misogynie sous-jacente et dont il n'avait probablement pas conscience - je ne serais pas surprise si un jour j'apprenais qu'à l'instar du poète belge grand, il avait fait des ravages dans sa vie amoureuse (j'aimerais me tromper) -).

Il était donc temps que je m'y remette, que j'apprenne en quelque sorte à regarder sans lui. L'absence du livre que j'étudie ("Psychothérapie d'un Indien des plaines" de Georges Devereux), indisponible pour cause de travaux, a rendu propice le fait de me remettre à visionner des "images animées". Je suis de toutes façons trop fatiguée pour écrire, ces temps-ci. Alors j'étudie.

Dans l'ordre des films non vus mais inscrits sur mes notices  Capture d’écran 2014-10-13 à 16.55.24

venait "Pourvu que ce soit une fille" de Mario Monicelli. J'avais croisé l'homme, grâce à Florence de La Libreria, une fois dans ma vie, en était restée marquée. Son suicide m'avait blessée : en l'absence de loi autorisant une digne fin de vie pour qui estime en avoir fini, voilà qu'un des humains les plus remarquables s'était trouvé contrait de recourir à une méthode radicale mais violente pour qu'à 95 ans on l'entende quand il dit C'est fini. 

Ma réservation date de janvier 2012, j'avais dû entreprendre de rattraper mon déficit de connaissance de son œuvre. J'essaie de ne pas me laisser influencer par les questions d'âge, il n'en demeure pas moins qu'après avoir vu celle-ci je suis tout espantée qu'un homme de 70 ans ait pu l'accomplir. 

C'est un beau film pour les femmes. 

Elena, propriétaire d'une belle ferme en Toscane tente de faire marcher la propriété dans laquelle elle vit avec des filles, une employée de maison et sa propre fille, un vieil oncle sans mémoire immédiate (Blier, stupéfiant, on oublie que c'est lui) et la fille de sa sœur, actrice que Rome accapare (Deneuve, dont la présence est stupéfiante, mais le maquillage trop parfait (1)) et un amant grand séducteur (2).

Revient son mari (Noiret, bien) dont on comprend très vite qu'il a été quitté à force de foirer tous ses projets et de mener grande vie auprès de femmes successives. Sa fille aînée qui change de fiancé sans arrêt tient de lui. Mais il vient avec un projet de restructuration de l'affaire, l'idée de retaper l'ancien établissement thermal que comporte le domaine (et ai-je rêvé ou l'a-t-il dit lui adjoindre un casino). Elena fait examiner le projet par son administrateur, Nardoni, lequel est son amant très officiel et avisé en affaire lui conseille de renoncer. Il s'agirait surtout d'accumuler de nouvelles dettes. Et l'on comprend que le personnage de Noiret n'en est pas à son premier essai, qu'il a déjà beaucoup pesé, tenté, échoué, dilapidé.

Survient alors la conjonction d'une fugue légère des deux adolescentes de la maison, furieuses qu'on ne les autorise pas à aller à un concert qu'on accorderait à des garçons, elles ne préviennent personne, s'organisent et y vont, et d'un accident digne des morts 6FU, lequel ne les concerne pas directement mais que leur recherche fait ignorer (3).  
L'équilibre fragile qui tenait ce petit groupe essentiellement féminin est alors brisé et devant l'adversité Elena souhaite vendre, régler ses dettes, s'accorder enfin une vie de semi-retraite dans la grande ville. On assiste au début de la mise en place de leurs nouvelles existences, chacune partant suivre sa vie, ailleurs et séparément. Ou s'y préparant.

Et puis, c'est sans surprise, rien ne se passe comme prévu.

On est dans le registre du film familial italien, drame et comédie tissés serrés. Mode de narration, facture des images, ordonnancement des plans on ne peut plus classiques. Ce n'est pas un chef d'œuvre, simplement un bon film, mais la force des femmes y est bien rendue. Un seul personnage masculin sauve la mise, l'administrateur - hélas son air de "vieux beau" gâche un peu qu'on ait envie de lui faire confiance -. Certains dialogues, certaines situations, une dispute générale qui éclate, enfle et permet de crever les abcès, sont formidablement bien rendus.

Le film en vieillissant a pris le charme de la catégorie "sans internet ni téléphones portables", les femmes alors étaient beaucoup plus libres de s'habiller sans être taxées d'absence de féminité, les films des années 80 rendent palpables d'à quel point dans ce domaine on a régressé. Les petites jeunes filles sont en jeans et baskets la plupart du temps et s'occupent à l'extérieur, cabanes et équitation. Le monde est rude mais pas sans respect, chacun s'efforce de faire ce qu'il peut même si ce qu'il peut c'est foirer. La même histoire de départ traitée maintenant donnerait davantage de violence, de coups - là, les fugueuses se prennent des baffes de la part des adultes qu'elles ont rendus inquiets -. Les créanciers se feraient physiquement menaçants. L'oncle fou serait maintenu sans que personne n'ait d'état d'âmes dans un établissement. Le tripotage virerait à la tentative de viol. Les femmes auraient les seins refaits. Un professionnel des magouilles immobilières aurait fait d'une loi requérant remise à des normes une arme pour acculer les femmes à vendre la propriété. L'accident aurait été montré en gros plans sanguinolents. L'administrateur se serait révélé traitre et prêt à tout pour reprendre la ferme à son compte. C'est peut-être lui qui en aurait expulsé sa vieille maîtresse - alors qu'il lui fait une offre qui ressemble à un réel secours, même si au début on peut en douter -.

Bref, ce film fait du bien car les femmes y sont libres et le monde encore doux.

Son gros défaut de ce film à mes yeux est simplement qu'il donne furieusement envie de revoir la Toscane. Ce qui risque d'être impossible pour moi avant longtemps : je ne dispose ni d'argent ni de temps.

Contente en tout cas de l'avoir vu. 

Dans l'élan de cette "rentrée" j'ai décidé enfin de modifier l'allure très datée que ce blog avait. Place à un format prétendument lisible sur tout support - n'ayant pas de smartphone, je ne peux pas tester -.

 

 

(1) Dans certaines scènes à la ferme il semble peu crédible qu'elle soit ainsi attifée comme pour des mondanités.

(2) Scène inoubliable mais hélas si plausible (j'ai assisté à semblables façons plusieurs fois) : à peine la rupture avec Claudia (Deneuvre, donc) consommée s'autorise à tripoter la nièce pourtant discrète et sage de celle-ci.

(3) J'ai adoré ce passage du tracas lourd qui fait qu'on ne voit pas le malheur plus grand en train d'arriver. Sans doute parce qu'hélas, je connais.

vu à : BNF
le : 13/10/14 dans l'après-midi


La même idée en même temps

(dans ce cas le plus gros budget écrase le plus petit, généralement)


Dans la foulée de l'intérêt du film "Les habitants" (De noordelingen), j'ai pu voir Waiter ! (Ober) du même Alex Van Warmerdam .

Son humour ravagé me convient assez bien, même si j'hésite entre hilarité et ultra-sensibilité au côté désespéré.

Mais assez vite le film au delà de l'histoire d'un serveur passe aux rapports parfois houleux entre personnages et scénariste ou auteur. Une scène dans laquelle le personnage principal vient demander des comptes à celui-ci m'en a rappelée une autre, le même sujet traité sur le mode efficace et dans les clous, on admet que l'histoire présente quelque fantaisie, mais on la traite avec un sens très classique de la narration, sinon le public sera perturbé. 

Ce film s'appelait "Stranger than fiction" (traduit à gros sabots par "L'incroyable destin de Harold Crick") et ressemble à une version commerciale du premier. On cherche à distraire, non sans un certain succès, c'est bien fait, les acteurs assurent, quand le film néerlandais touche à quelque chose qui tient des difficultés du travail créatif et sa violence dans certains cas.

Je regarde alors les dates de sorties : l'un étant à l'époque parvenu jusqu'à moi et que j'avais vu, troublée malgré son côté côté pataud (1), par certaines connivences avec ma propre vie, l'autre n'étant sans doute pas resté assez longtemps en salle pour que je puisse malgré ma curiosité pour le travail de ce réalisateur y aller. Ils ne sont pas sortis en France exactement au même moment (2), mais dans leur pays respectif si, à peu de choses près (3) ; ont donc été tournés et probablement écrits au même moment dans deux pays (qui plus est : éloignés).

Ce qui signifie qu'au moins deux scénaristes ont eue la même idée - ni dramatiquement originale ni non plus si courante - en même temps. À ce point, c'est troublant. 

Beaucoup moins l'écart de traitement.

 

PS : Les choses étant ce qu'elles sont j'aime assez l'intervention d'une petite frappe pour obliger le personnage d'Edgar a être ne serait-ce qu'un peu correct avec l'une des femmes qu'il prétend aimer. On se demande effectivement si parfois il ne faudrait pas en arriver là. ;-) :-(

 

(1) De toutes façons mon problème avec le cinéma américain récent c'est que sauf exception je le ressens comme une fabrication destinée à un public d'adolescents de 15 ans.

(2) janvier et juillet 2007

(3) septembre et octobre 2006

 


Répliques cultes (pour "Ober") :

- Pourquoi tu me fais autant souffrir ? Je suis un personnage secondaire ! (v.f.)

- I don't want to kill him (v.o.) (le tueur japonais)

 

Scène inoubliable :

La "vieille" qui met une heure à emballer ce qu'Edgar soudain lui achète. 

(Je ne précise rien de plus afin d'éviter de spoïler)


Le film qui était drôle, et puis non, et puis si quand même

De Noorderlingen - Les habitants - Alex van Warmerdam (1995)

 

Je me souviens d'avoir vu ce film à sa sortie, probablement via l'Institut Néerlandais dont j'avais suivi les cours depuis peu à l'époque.

J'en avais gardé l'idée précise de quelques séquences, Lumumba, le facteur inquiétant, les éléments si bien vus du comportement de petit village - ah toute la rue ou presque qui attend le bus pour aller à la messe -, la dévotion pour la dévote (1). J'en avais gardé l'idée que j'avais bien rigolé.

Je crois avoir revu ce film une fois, sans doute grâce au ciné-club dont je fais partie. Cette seconde vision ne m'a pas laissée de souvenir marqué. J'avais plutôt savouré les plans, le montage soigné.

Puis cette année à La Rochelle, nouvelle copie, j'y suis allée, réjouie. Le film m'a paru d'un humour si sombre qu'il en devenait poignant. L'impression de tragique surmontait le reste.

Est-ce parce que j'ai vieilli et qu'à présent je fais partie des humains que la sexualité chagrine et que ce charcutier que je prenais pour une grosse brute risible et ridicule à présent je le comprends ou la femme délaissée du chasseur fascisant ? Est-ce parce qu'entre temps à l'instar de Thomas qui subit sans la comprendre avant longtemps la disparition d'Agnès, j'ai traversé cette souffrance-là ? Est-ce parce que la bigote me faisait rire il y a 17 ans et qui à présent que le retour du pire des religions se confirme, m'effraie ? Est-ce la nouvelle version - pas de différence de séquences, pourtant - pourvu d'un son plus coupant, dur, et qui tirerait la perception vers davantage de cruauté, toute tendresse éteinte envers ceux qui sont moqués ?

Pour en avoir le cœur net, j'ai revu le film, à la BNF, à l'instant. Moral meilleur ? Violence atténuée par la taille réduite de l'écran ? Le drôle est réapparu. Pas à s'en déchaîner l'hilarité, mais quand même. 

 

Note pour une fois d'après : C'est fou comme on peut oublier d'un film, des pans entiers, des aspects qui font que la balance penche d'un côté (drôle) ou de l'autre (drame), des éléments parfois importants (2), alors qu'on se souvient avec une précision d'horloger de détails d'une scène secondaire - un peu, au fond, comme dans la vie -.

De l'importance de la V.O. : peut-être qu'une part de l'humour que je ne percevais plus vient des dialogues, d'un décalage délicieux, au bord d'être culte pris au second degré. Quand j'avais vu le film pour la première fois, mon niveau de néerlandais me permettait de piger sans trop lire de sous-titre. Aux deux fois suivantes, j'ai dû au contraire m'appuyer sur eux, n'ayant pas le bonheur de vivre à Bruxelles, je ne pratique plus. En revanche à la BNF, écoute au casque donc son parfait et film suffisamment en tête pour suivre sans le parasitage du français, je retrouve leur charme.

 

(1) J'ignorais alors qu'il s'agissait d'une citation de "Théorème" de Pasolini

(2) Je me souvenais que Thomas, l'adolescent devenait l'ami d'un homme noir, rares en ces temps en ce qu'on imagine qu'est la contrée ; plus du tout que celui-ci était arrivé là accompagné de moines qui l'exhibaient comme une curiosité. J'avais oublié que les ennuis du facteur ne venaient pas tant de ce qu'on pouvait lui reprocher quant au traitement du courrier que du document qu'il feuilletait à l'instant d'être surpris ; ce qui arrive de bon à Thomas ; les visions d'oiseaux ; un crime, un viol tenté (rien que ça). 

 

coefficient de mal de mer = 0/10 (caméra stable)

effets stroboscopiques : 0

 

 

 

La Rochelle vendredi 6 juillet 2012 14h Dragons 5

BNF vendredi 27 juillet 2012 11h15 P124