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novembre 2022

2023 - jour 3 : Krešimir !

Arras film festival

lundi 6 novembre

À nouveau un bon petit early morning run pour commencer la journée, et cette fois-ci seule ce qui m'a permis d'improviser le circuit pour faire la durée souhaitée de mon petit programme d'entraînement. Il faisait dans les 8°c, la thermique était de rigueur même si pour les jambes le short long à double épaisseur suffit encore.

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C'était un moment doux et calme, malgré la circulation entrevue aux grands axes, de personnes qui partaient visiblement travailler.

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Il y avait quatre films à notre programme pour la journée : un vieux Tchèque qui dans mon souvenir (1)était drôle, un film croate que j'avais pris car lui aussi était censé être une comédie, l'idée étant de prendre courage en vue d'un quasi documentaire sur la population réfugiée dans le métro en Ukraine pendant les bombardements russes en 2022 (2). Et pour finir sur une note optimiste, dont de la part du réalisateur et de sa bande de comédiens je ne doutais pas, "Et la fête continue !" le nouveau film de Robert Guédiguian. 

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Trains étroitement surveillés
Jiri Menzel (Ostre sledovane vlaky, Tchécoslovaquie, 1966, 1h33)
avec Vaclav Neckar, Jitka Bendova, Vladimir Valenta, Josef Somr, Nada Urbankova
époque : pendant la 2ème guerre mondiale

J'avais le souvenir d'un film drôle, mais en fait s'il n'est pas dépourvu d'humour et de quelques scènes pétantes de poésie, dont un manteau récupéré comme si de rien n'était sur un porte-manteau après un bombardement, c'est surtout un drame avec toute son inéluctabilité. C'est émouvant et touchant. 
Et triste.
Et d'un très beau noir et blanc.
Et donc c'est l'histoire du jeune Milos, apprenti chef de gare et qui tente de devenir un homme accompli, mais bon c'est pas si simple. Et puis c'est la guerre.

 

Seventh heaven (Sedmo nebo)
Jasna Nanut 2023, Croatie, 1h28
Interprétation : Kresimir Mikic, Iva Jerkovic, Iva Mihalic, Niksa Butijer, Dejan Acimovic, Petar Ciritovic
Scénario : Jasna Nanut, Hrvoje Osvadic

Sur le thème rebattu de l'homme d'âge mur et que le corps commence à lâcher, qui trompe sa femme et mère de ses enfants avec une jeune personne qu'il fréquente de par son travail, Jasna Nanut fabrique une comédie sensible où l'on s'amuse autant qu'on est émues. Je n'avais pas prêté attention au fait que Krešimir Mikić était de la partie. Sa présence permet de rendre touchant le personnage qui sans lui serait simplement un mec lamentable de plus. 
Il a dans ce rôle un petit côté Nanni-Morrettesque, la séduction en plus (oui, je l'avoue, j'ai un faible ; il me rappelle sans doute quelqu'un). En apprenant qu'il était au générique, j'ai eu le sentiment de faire de belles retrouvailles avec un bien-aimé. Comment vas-tu depuis tout ce temps ?
Le rythme du film est bon, et la subtilité de sa fin une bonne surprise.
Pas un chef d'œuvre, pas inoubliable mais de vrais bons moments.

 

Photophobia
Ivan Ostrochovsky, Pavol Pekarcik
2023, Slovaquie, République tchèque, Ukraine , 1h11
Interprétation : Nikita Tyshchenko, Viktoriia Mats, Yana Yevdokymova, Yevhenii Borshch
Scénario : Marek Lescak, Ivan Ostrochovsky, Pavol Pekarcik
Documentaire scénarisé 
Habitants de Kharkiv réfugiés dans le métro au lendemain de l'attaque de l'Ukraine par la Russie en février 2022, ils vont y rester pour certains une dizaine de mois. On suit plus particulièrement deux enfants qui semblent amis, Nikita et Viki qui ont une douzaine d'années, assez grand pour comprendre les dangers, pas encore pour s'émanciper. On voit l'organisation de survie qui a été mise en place, la vie quotidienne (bien des gens quittaient cet abri chaque jour pour aller bosser). Il y a des moments doux, de bons moments entre les personnes et aussi d'autres temps de grande dureté. Et l'enfermement.
L'un des réalisateurs, présent, a expliqué lors du Q & A leur travail pendant de longs mois, d'abord pour aider puis filmer des bribes, puis filmer quelques moments (entre autre les jeux des enfants, leurs explorations sur les lignes inexploitées) plus scénarisés. Par exemples ils leur posaient une question et filmaient leurs réponses et réactions.
Film à la fois beau et fort, et qui permet de mieux percevoir ce qui se joue en Ukraine.

 

Et la fête continue !
Robert Guédiguian, 2023, France, 1h45
Interprétation : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark, Robinson Stévenin, Gérard Meylan, Grégoire Leprince-Ringuet, Alice Da Luz, Pauline Caupenne
Scénario : Robert Guédiguian, Serge Valletti
Ariane Ascaride en politicienne qui travaille à l'hôpital comme infirmière, mère courage inlassable, grâce à elle on y croit à fond, alors que l'incorrigible optimisme de Robert Guédiguian sans elle ne passerait pas, ou peu.
Il y a des scènes de liens humains beaux et forts dont on donnerait n'importe quoi pour qu'elles soient de la vraie vie.
Globalement ce film est bon pour le moral, ou en tout cas s'efforce d'y être.
Et bien sûr il y a toute la bande habituelle autour du réalisateur, et c'est une équipe qui fonctionne à merveille.
Il est beaucoup question des immeubles effondrés à Marseille, si c'est un sujet sensible pour vous, autant le savoir à l'avance. 

(écrit les 08.11.23 et 09.11.23, tard)

 

 

(1) J'avais dû le voir il y avait longtemps, à la télé dans une diffusion de type "ciné-club".
(2) Non qu'ils aient hélas cessés depuis mais disons que le film a été tourné en 2022.


2023 - jour 2 : Un film japonais marquant, une comédie tchèque presque prémonitoire et un bon run le matin

Arras film festival

dimanche 5 novembre 

 

    Un bon petit early sunday morning run pour commencer, et ça faisait du bien, d'autant plus que si les sols étaient humides (sans doute venait-il de pleuvoir) il y avait un joli soleil par moment et une température plutôt clémente, de l'ordre de 10 à 12°c.

C'était un petit bonheur, tout juste assombri par le fait que le chantier dont est censé faire partie l'appartement que nous avons réservé est pour l'instant une zone d'Urbex laissée à l'abandon. Ça n'augure rien de bon.

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Courir moins d'une heure nous a laissé le temps de prendre un bon petit-déjeuner et tout notre temps (ainsi Le Joueur de Pétanque a pu se livrer à son passe-temps favori après la pétanque : aller faire des courses) avant le premier film pour nous de la journée

 

 

"A man" Japon, 2022, 2h11 (CMM 0/6 ; une scène d'accident du travail et deux scènes sanglantes)
Kei Ishikawa
années dans le film : 2005 jusqu'à récentes
Une femme qui tient une papeterie et a un fils survivant d'un premier mariage que la mort de son frère par maladie avait brisé, rencontre un homme timide et renfermé mais qui dessine fort bien à ses heures perdues. Ils vivent heureux quelques temps. Seulement un an après la mort accidentelle de celui-ci, elle apprend que l'identité sous laquelle elle connaissait son mari n'était pas la bonne. Un jeune avocat auquel elle fait appel tente de mener l'enquête.

Ce film est un régal, on voisine le polar, mais on reste à la hauteur des gens. On y apprend que le Japon possède les même extrémistes que la France, soit dit en passant.

"Hotel Pula", 2023, Croatie, 1h33
Andrej Korovljev
Lors de la guerre d'éclatement de l'ex-Yougoslavie, des réfugiés bosniaques se sont retrouvés hébergés dans des hôtels de la côte Adriatique. L'un d'entre eux y est depuis trois ans et qui végète dans une amnésie protectrice, lorsqu'une jeune femme du coin déboule dans sa vie par le fruits de croisements successifs. Très subtil, très bien interprété, beaucoup plus fin que ce à quoi on pouvait s'attendre au lu du synopsis.
Fun fact, entre temps l'Hôtel Pula est redevenu un 3 *** de la côte croate.
Le film est inspiré d'un roman du même nom

Ensuite nous avons pu repasser au logis manger et dormir un peu. Ça n'était pas un luxe.

"Monsieur vous êtes veuve",Tchécoslovaquie, 1971, 1h37
Vaclav Vorlicek (Pane Vy Jste Vdova)
Comédie Tchèque complètement déjantée qui traite de la transidentité avant même que le concept n'existât. C'est bourré de rebondissements et les acteurs s'en donnent à cœur joie, puisqu'ils doivent par moment incarner quelqu'un d'autre qui serait arrivé dans le corps d'une encore autre personne, mais ressemblerait à celle-ci. Science fiction (du moins encore un peu pour l'instant) farfelue et rythmée.

"Bosnian pot", 2023, Croatie, Autriche, Bosnie-Herzégovine , 1h43
Pavo Marinkovic
Un écrivain et auteur de pièces de théâtre qui avait eu son heure de gloire à Sarajevo avant la guerre, a refait sa vie en Autriche, mais risque d'être expulsé bientôt car la guerre qui faisait de lui un réfugié a pris fin et que par ailleurs et puisqu'il a pratiquement cessé d'écrire, il ne peut plus prouver son statut d'artiste. Un théâtre en difficulté va peut-être lui sauver la mise en produisant l'une de ses pièces.
Film attachant mais le rythme trop lent nous en détache. L'acteur principal a fini par m'agacer, du moins son personnage.
Loin d'être un navet c'est typiquement le film auquel il manque "un petit quelque chose" pour être vraiment réussi.
L'accent forcé en allemand du personnage principal, caricatural, m'a prodigieusement agacée ; le gars répète plusieurs fois qu'il est là depuis 12 ans, il avait donc eu le temps d'apprendre. D'autant plus que ses compatriotes auxquels il a affaire, parlent l'allemand avec accent et certaines expressions particulières mais de façon beaucoup plus plausible et limitée. 

 


2023 - jour 1 : Un arc-en-ciel d'accueil

Arras film festival

samedi 4 novembre 

 

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Un trajet sans encombres même si une nouvelle tempête (Domingo) passait plus ou moins par là, ce qui nous aura valu sur l'autoroute des passages de grand soleil sur ciel noir, puis une fameuse drache, mais l'ensemble des conducteurs a su se montrer prudent. Nous sommes arrivés dans la ville par le côté du chantier du programme de ce qui est censé être notre futur pied-à-terre, mais c'était à l'arrêt. Ce qui a un peu douché notre enthousiasme.
D'autant plus que Le Joueur de Pétanque, au prétexte de se garer le plus près possible de notre location d'hébergement, tenait absolument à enfiler un sens interdit et se garer sur la place, tout autant interdite. J'ai dû hausser la voix pour qu'il entende raison. Parfois les hommes de 60 ans ont des bouffées comportementales d'adolescents de 15, c'est fascinant.

En attendant l'heure de pouvoir occuper la chambre, nous avons fait une brève collation dans le salon de thé sur la Grand Place. De façon amusante, nous avions la même, numéro 5, que l'an passé.

Celui qui m'accompagne est parti garer la voiture plus loin et effectuer quelques courses tandis que je préparais les billets afin que nous n'ayons plus que nos téléfonini à présenter avec le QR code de la séance concernée.

Le temps ensuite de regarder une vidéo de la NTV sur un semi-marathon et c'était déjà l'heure de filer vers notre premier film de ce festival-là.

"Backwards" Pologne, 2022 (CMM 2/6 ; deux ou trois scènes de vomi)
Jacek Luzinski
années dans le film : 1991 jusqu'à 20 ans après.


Une jeune femme attend un enfant d'un amoureux qui semble ne pas l'être tellement. Sa sœur avec laquelle elle vit depuis la mort de leurs parents la pousse à mener sa grossesse à terme. Seulement le petit finalement né se révèlera pas tout à faire conforme au modèle général.

Le film devient alors le parcours du combattant de la mère pour tenter de faire suivre à son fils, brillant sur certains plans comme savent l'être les héros handicapés dans les films, une scolarité classique.

À deux réserves près (le revirement bienveillant de l'un des personnages et l'absence de vieillissement de l'héroïne et de son anciens amoureux), ce film est formidable, qui nous fait comprendre bien des enjeux si nous avons eu la chance de n'y être pas confrontées personnellement.
Le réalisateur, présent en fin de séance, a indiqué avoir tenu à filmer avec des enfants qui présentaient le même trouble que le personnage, ce qui fait qu'on est vraiment dedans.
Les actrices et acteurs, globalement, sont extraordinaires. La jeune mère-malgré-elle d'un petit pas-comme-tout-le-monde est particulièrement bien incarnée.

Quelques scènes m'ont bouleversée, pas forcément les plus spectaculaires.

 

"Good bye Julia" Soudan, 2022 (CMM 0/6 ; deux ou trois scènes de violence (émeutes, guerre civile))
Mohamed Kordofani
années dans le film 2005, 2010

La rencontre entre deux femmes que tout oppose (classes sociales et religions dans un pays au bord de la scission), comme suite à des circonstances dramatiques et dont les conséquences traversent les années.
Difficile d'en dire davantage sans gâcher le film pour qui ne l'aurait pas vu.
Les femmes parviennent presque à sauver la paix, les hommes ne pensent qu'à utiliser des armes. Le film est tout sauf caricatural et simplistes, tous les personnages ont leur profondeur, leurs moments de beauté, leurs moments de piètre voire meurtrier, comportement.
Donne envie d'en apprendre davantage sur le Soudan et son histoire récente.
Magnifique et dans la période actuelle de guerres partout particulièrement bienvenu. 

 

Discuté ensuite avec les camarades de ciné-club D. et H. et un autre qui passait avec sa ou l'une de ses petites-filles (adolescente et ravie). Le Joueur de Pétanque a eu soudain une bouffé de rabat-joie-tisme alors que nous nous félicitions de la qualité des films vus dans la journée, comme quoi ça faisait trop pour lui et qu'il saturait et puis quel intérêt, et qu'il y avait une part de voyeurisme. C'est le même qui les années passées se rajoutait des séances parce que j'avais volontairement prévu des respirations, afin de caler repos et entraînements. Bizarre. Je crois que le film polonais dans lequel les hommes sont dépeints comme ils sont trop souvent (1), fuyant dès qu'il y a quelque chose de lourd à assumer qui nécessite de mettre sa propre vie entre parenthèse afin de faire face, a touché une corde sensible et que c'est à ça qu'il réagissait. On peut toujours rêver. 

(1) Je connais personnellement d'émouvants contre-exemples, notamment pour faire face à des maladies graves du conjoint, l'âge venant. Seulement ils sont loin de représenter la tendance majoritaire, surtout lorsque ce sont les enfants qui ne sont pas conformes.