Arras film festival
lundi 6 novembre
À nouveau un bon petit early morning run pour commencer la journée, et cette fois-ci seule ce qui m'a permis d'improviser le circuit pour faire la durée souhaitée de mon petit programme d'entraînement. Il faisait dans les 8°c, la thermique était de rigueur même si pour les jambes le short long à double épaisseur suffit encore.
C'était un moment doux et calme, malgré la circulation entrevue aux grands axes, de personnes qui partaient visiblement travailler.
Il y avait quatre films à notre programme pour la journée : un vieux Tchèque qui dans mon souvenir (1)était drôle, un film croate que j'avais pris car lui aussi était censé être une comédie, l'idée étant de prendre courage en vue d'un quasi documentaire sur la population réfugiée dans le métro en Ukraine pendant les bombardements russes en 2022 (2). Et pour finir sur une note optimiste, dont de la part du réalisateur et de sa bande de comédiens je ne doutais pas, "Et la fête continue !" le nouveau film de Robert Guédiguian.
Trains étroitement surveillés
Jiri Menzel (Ostre sledovane vlaky, Tchécoslovaquie, 1966, 1h33)
avec Vaclav Neckar, Jitka Bendova, Vladimir Valenta, Josef Somr, Nada Urbankova
époque : pendant la 2ème guerre mondiale
J'avais le souvenir d'un film drôle, mais en fait s'il n'est pas dépourvu d'humour et de quelques scènes pétantes de poésie, dont un manteau récupéré comme si de rien n'était sur un porte-manteau après un bombardement, c'est surtout un drame avec toute son inéluctabilité. C'est émouvant et touchant.
Et triste.
Et d'un très beau noir et blanc.
Et donc c'est l'histoire du jeune Milos, apprenti chef de gare et qui tente de devenir un homme accompli, mais bon c'est pas si simple. Et puis c'est la guerre.
Seventh heaven (Sedmo nebo)
Jasna Nanut 2023, Croatie, 1h28
Interprétation : Kresimir Mikic, Iva Jerkovic, Iva Mihalic, Niksa Butijer, Dejan Acimovic, Petar Ciritovic
Scénario : Jasna Nanut, Hrvoje Osvadic
Sur le thème rebattu de l'homme d'âge mur et que le corps commence à lâcher, qui trompe sa femme et mère de ses enfants avec une jeune personne qu'il fréquente de par son travail, Jasna Nanut fabrique une comédie sensible où l'on s'amuse autant qu'on est émues. Je n'avais pas prêté attention au fait que Krešimir Mikić était de la partie. Sa présence permet de rendre touchant le personnage qui sans lui serait simplement un mec lamentable de plus.
Il a dans ce rôle un petit côté Nanni-Morrettesque, la séduction en plus (oui, je l'avoue, j'ai un faible ; il me rappelle sans doute quelqu'un). En apprenant qu'il était au générique, j'ai eu le sentiment de faire de belles retrouvailles avec un bien-aimé. Comment vas-tu depuis tout ce temps ?
Le rythme du film est bon, et la subtilité de sa fin une bonne surprise.
Pas un chef d'œuvre, pas inoubliable mais de vrais bons moments.
Photophobia
Ivan Ostrochovsky, Pavol Pekarcik
2023, Slovaquie, République tchèque, Ukraine , 1h11
Interprétation : Nikita Tyshchenko, Viktoriia Mats, Yana Yevdokymova, Yevhenii Borshch
Scénario : Marek Lescak, Ivan Ostrochovsky, Pavol Pekarcik
Documentaire scénarisé
Habitants de Kharkiv réfugiés dans le métro au lendemain de l'attaque de l'Ukraine par la Russie en février 2022, ils vont y rester pour certains une dizaine de mois. On suit plus particulièrement deux enfants qui semblent amis, Nikita et Viki qui ont une douzaine d'années, assez grand pour comprendre les dangers, pas encore pour s'émanciper. On voit l'organisation de survie qui a été mise en place, la vie quotidienne (bien des gens quittaient cet abri chaque jour pour aller bosser). Il y a des moments doux, de bons moments entre les personnes et aussi d'autres temps de grande dureté. Et l'enfermement.
L'un des réalisateurs, présent, a expliqué lors du Q & A leur travail pendant de longs mois, d'abord pour aider puis filmer des bribes, puis filmer quelques moments (entre autre les jeux des enfants, leurs explorations sur les lignes inexploitées) plus scénarisés. Par exemples ils leur posaient une question et filmaient leurs réponses et réactions.
Film à la fois beau et fort, et qui permet de mieux percevoir ce qui se joue en Ukraine.
Et la fête continue !
Robert Guédiguian, 2023, France, 1h45
Interprétation : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark, Robinson Stévenin, Gérard Meylan, Grégoire Leprince-Ringuet, Alice Da Luz, Pauline Caupenne
Scénario : Robert Guédiguian, Serge Valletti
Ariane Ascaride en politicienne qui travaille à l'hôpital comme infirmière, mère courage inlassable, grâce à elle on y croit à fond, alors que l'incorrigible optimisme de Robert Guédiguian sans elle ne passerait pas, ou peu.
Il y a des scènes de liens humains beaux et forts dont on donnerait n'importe quoi pour qu'elles soient de la vraie vie.
Globalement ce film est bon pour le moral, ou en tout cas s'efforce d'y être.
Et bien sûr il y a toute la bande habituelle autour du réalisateur, et c'est une équipe qui fonctionne à merveille.
Il est beaucoup question des immeubles effondrés à Marseille, si c'est un sujet sensible pour vous, autant le savoir à l'avance.
(écrit les 08.11.23 et 09.11.23, tard)
(1) J'avais dû le voir il y avait longtemps, à la télé dans une diffusion de type "ciné-club".
(2) Non qu'ils aient hélas cessés depuis mais disons que le film a été tourné en 2022.