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2022 jour 9 : dernier jour déjà et un très réussi film final ("Mon héroïne")

Arras film festival

dimanche 13 novembre 

Réveil tôt le matin pour aller voir un film à 9:30 mais trop fatiguée et peu intéressée, j'ai dormi pendant un bon moment de la projection.

Une affaire de cœur : la tragédie de l'employée des PTT 

Un film bizarre, sous prétexte d'une enquête criminelle et de l'exposé d'un vieux professeur expert en sexualité, on voit un féminicide plutôt accidentel et avant cela pas mal de nudités. Ça m'a semblé un peu tordu, assez décousu, et il y a une scène d'agression sexuelle au travail (un facteur dragueur lourd empêche de travailler une standardiste de permanence seule pour la nocturne). Le film m'a endormie et mise mal à l'aise durant les moments où je ne l'étais pas.


Nous sommes allés ensuite courir vers la Citadelle, au passage j'ai fait voir à JF où était l'un des projets immobilier que nous avions examiné, puis celui que j'avais visité juste avant le confinement et qui de ce fait avait été pris par quelqu'un d'autre (nous n'avions plus retourner le visiter). Une course venait d'avoir lieu alors c'était ouvert (ça ne l'est peut-être pas toujours), nous avons fait un peu de tourisme, plus qu'un sérieux entraînement. Ainsi découvert l'impressionnant et saisissant mur des fusillés (218 plaques, ça n'est pas peu de choses, et surtout que ça représente tant de victimes), puis j'ai pu réaliser ce que j'avais eu l'intention de faire en mars 2019, faire le tour d'un parc voisin et enfin faire voir à JF l'appartement que nous aurions pu acheter. Puis retour par vers l'hôpital et la Scarpe, non sans avoir contourné la maison d'arrêt large car il nous semblait entendre des claquements métalliques (coups de feu ou autre chose ?).
Ce fut un très satisfaisant tour de la ville. Il faisait frais (environ 7°c mais il y avait du soleil, ça allait).

Ensuite petit repas au logement et grosse belle sieste (non sans avoir regardé Les artisans de demain, leur documentaire long, "Fakir", très prometteur).

Puis un film intéressant 

Moja Vesna, Slovénie et Australie (CMM 1/6 ; on nous épargne une scène d'accouchement) 

Un père et ses deux filles dont une toute jeune femme sur le point d'accoucher tentent de faire face au deuil après que la mère de famille est morte dans ce qu'on comprend assez vite être un accident de voiture ambigu (volontaire ?). La plus jeune des filles qui a une dixaine ou onzaine d'années surcompense en tentant d'être celle qui tient le coup et qui aide et qui assure même l'intendance. 
Le film est vu de son point de vue.
C'est un film lent, sensible et silencieux, plutôt réussi.
L'adolescente est très bien campée, et c'est une slameuse comme l'est le personnage, on la sent en limite ultime presque tout le temps.
Bon, un élément m'a gênée : elle semble se remettre curieusement vite de l'accouchement.

Nous avons eu le temps de rentrer dîner brièvement avant la soirée de clôture.
Je suis très heureuse que Nowhere ait eu le prix du public. 
Que Six weeks ait été plusieurs fois primé est mérité (dont : jury des jeunes) et bien sûr Il boemo a eu un prix aussi (c'est clairement un film à prix).
Nous avons un peu regretté l'absence de distinctions pour Wolka qui avait l'ampleur d'en mériter une.

 

Mon héroïne de Noémie Lefort, France 2022 
Une comédie très réussie, ça alors. Avec le bon rythme, des scènes drôles assez fines (sauf une mais en même temps c'est drôle quand même, alors OK), des interprétations splendide et une chorégraphie sur I was made for loving you que la réalisatrice nous a apprise à la fin.
On s'est régalés malgré le moral un peu atteint par l'annonce indirecte d'un drame à Lille survenu ce week-end : deux immeubles ce sont effondrés. Par chance quelqu'un rentrant tard la nuit chez lui a remarqué que quelque chose n'allait pas et averti les secours. Et on n'a pas fait en France comme dans ce film de fiction russe, L'idiot, où le lanceur de l'alerte n'est pas pris au sérieux, donc les gens ont été évacués à temps (sauf un, qui n'était pas un habitant habituel et n'a sans doute rien entendu). 
La façon de l'apprendre pourrait être drôle s'il ne s'agissait pas de quelque chose d'aussi terrible : c'est l'un des officiels invité à remettre l'un des prix qui a fait une allusion en remerciant pour les films qui apportent de l'espoir dans un contexte difficile et nos pensée vont plus particulièrement aux Lillois ce soir et à ceux qui ont été victimes des récentes tornades [dans la région, toute proche]. 
Et on a été plusieurs à se dire, à Lille ? que s'est-il passé à Lille et à piquer du nez sur nos écran de téléfonini, pour y trouver la réponse

Après notre moment chorégraphique (quelle belle énergie communicative possède Noémie Lefort et des talents de compteuse aussi), j'ai pu demander à Éric Miot qui était l'actrice sur l'affiche de l'année mais en fait il s'agit d'une photo de dossier de presse d'un film Disney peu sorti, et elle n'est pas connu (serait d'ailleurs plutôt une chanteuse), milieu du cirque. Nos débats de la conversation de la veille ne risquaient donc pas de trouver d'issues.

J'ai eu un peu de mal à retrouver JF mais il attendait finalement à la sortie en compagnie d'un couple du ciné-club. Nous avons ainsi pu boire Au bureau un dernier coup.

Comment ça, c'est déjà fini ?

 

 


2022 jour 8 : Comment ça, déjà samedi ?!

Arras film festival

samedi 12 novembre 

Une journée encore assez intense, toujours basée sur les films de la compétition européenne, mais moins stakhanoviste que la veille, et avec même la possibilité d'assister à deux Q & A.

Le repas du midi avalé vite fait. Trop vite fait, mais c'était déjà bien d'avoir le temps de rentrer, manger et repartir.
Et puis une sieste de fin d'après-midi après la séance de 14:00 et avant le film de 19:00

Enfin, en toute fin de journée au Bureau, rendez-vous pour boire un coup avec les collègues de ciné-club que tout au long de la semaine nous n'aurons fait que croiser en coup de vent, dans une salle ou une file d'attente.
Odette se rappelait des toutes premières années, sous forme de week-ends prolongés dans un hôtel Ibis vers un Hôtel B & B actuel. Mais pas de quelles années. JF est formel : son premier Arras date de 2008. Est-ce que la version Hôtel Ibis datait de 2006 ?
La famille Asada emporte les suffrages et Nostalgia et Nowhere. D'autres films n'ont pas été vus par toutes et tous.

Le Fiston nous envoie deux photos de Prague où il est en week-end prolongé.

Ce samedi aura été un jour heureux. Un jour, s'en rappeler.


"Nous étions jeunes" (CMM 0/6, c'est l'avantage des classiques d'avant les caméras à l'épaule)

Nous pensons l'avoir déjà vu, c'est un très beau film avec de très beaux portraits sur de jeunes visages, l'histoire dramatique, forcément dramatique d'un groupe de jeunes résistants polonais et de la mort héroïque de deux d'entre eux, à l'issu d'opérations foireuses puis d'une réussie et de la filature par un traître de certaines personnes liées au groupe. Très idéaliste. Il y a une jeune photographe en fauteuil roulant qui est un personnage inoubliable - je crois bien que c'est en la voyant, avec son fauteuil à pédalier vers les mains, que je me suis souvenue d'avoir déjà vu l'ensemble ; l'héroïsme glorieux repassera -.

au sujet du film

 

"Wolka" (CMM 2/6 ; quelques scènes violentes ici ou là mais sans complaisance sur le côté gore)

Très belle très forte histoire romanesque à souhait (et un tantinet cousue de fil blanc, mais on le pardonne volontiers) entre Pologne et Islande, une femme qui vient d'être libérée de prison après une longue peine, part à la recherche d'une autre partie vivre en Islande. Elle y est plutôt bien accueillie et il y a même du boulot pour qui veut bosser dur (pour le coup on n'est pas trop dans le one hour job et ça fait du bien, enfin des personnages qui semblent ne disposer que d'un temps personnel limité), mais le poids du passé et des choses tues qui n'auraient pas dû, tout ça tout ça. Le côté : quand on a commencé dans un itinéraire semé de violence, la société ne nous laisse pas trop trop en changer, est bien vu. Les interprétations sont splendides et les paysages d'Islande donnent envie d'y aller. 
Un détail stupide : l'actrice principale semble avoir le nez refait et ça m'a gênée.
Un complément d'information triste : le réalisateur Árni Ólafur Ásgeirsson est mort le 27 avril 2021 de maladie et n'aura pas vu son film entièrement monté, et encore moins sorti en salle. 

 

"Six weeks", Hongrie (CMM 4/6, fatigant ; un accouchement)

Le sujet est très fort : l'adoption par des jeunes couples de bébés nés de très jeunes femmes qui n'ont pas pu avorter à temps. Elles peuvent avoir lieu en tout anonymat ou en toute transparence, avec les personnes se rencontrant. Les jeunes mères ont six semaines pour se rétracter.
Les réalisateurs et scénaristes travaillent plutôt sur des documentaires mais dans la préparation concernant ce sujet il leur est apparu très vite que le tourner en documentaire présentait un risque d'interférence avec les choix faits finalement par les protagonistes filmées. Alors ils ont choisi de faire une fiction à partir des expériences dont ils avaient été les témoins.
La jeune héroïne du film joue au ping-pong sport dur à filmer mais choisi par les possibilités d'ouvertures qu'il présentait (plus que dans d'autres sports plus répandus, il est accessible de se faire sélectionner pour des compétitions de haut niveau)
et qu'il pouvait être à la fois individuel et collectif.
L'actrice principale porte le film magistralement.
On pourrait juste reprocher un léger manque de rythme, quelques scènes dispensables.
Pour la première fois grâce à ce film j'ai pensé au chagrin possible des parents de mères porteuses en cas de GPA. Au fond eux aussi doivent faire le deuil de l'entrée d'un nouvel enfant dans la famille, et de leur grand-parentalité.

 

"Nowhere" (Now/Here) Belgique, 2021 (CMM 5/6 mais j'ai aimé le film quand même, c'est dire son niveau ; quelques scènes violentes mais brèves et sans complaisance ni gros plans)

La rencontre entre un homme d'âge mur et un presque majeur en errance, qui se cherche et cherche sa famille d'origine au fond. Comment à l'issu d'un premier affrontement violent, leur relation vire peu à peu à l'entraide malgré les embuches qu'y mettent la société et les bouffées de violence du garçon, et le mal de vivre de l'homme en âge d'être son père, dont on comprend très vite qu'il est un "orphelin d'enfant" (il manque un mot en français). 
J'ai songé, et ce d'autant plus que le personnage se prénomme Thierry, à une sorte de Thierry Paulin mais qui aurait à temps rencontré un adulte capable de lui servir de tuteur, et aussi aurait pu retrouver une famille, une partie de famille, stable et capable de l'aimer.
Film à la fois âpre mais non sans une part conte de fées - les hommes n'ont pas honte d'exprimer leurs sentiments -, acteurs parfaits, on y croit, et aussi aux scènes sur chantiers. 
Là aussi pour une fois, pas de one hour jobs, on sent le poids des heures de boulot et le poids du manque d'argent quand le boulot n'y est pas.
Malgré beaucoup de caméra à l'épaule peu supportable pour moi (mal de mer), j'ai été ... embarquée. Et même émue. On a tellement envie d'y croire que c'est encore possible. Il restera pour moi l'un des films marquants de ce festival.

au sujet du film
 


2022 jour 7 : le marathon

Arras film festival

vendredi 11 novembre 

La compétition européenne bat son plein et comme je tiens à la suivre dans son intégralité (ce sont toujours des films intéressants, qu'on les apprécie personnellement ou non), ça crée une journée marathon.
Je n'aime pas trop ça même si notre logis extra-bien situé nous permet de revenir entre deux films le plus souvent.
Et que nous sommes parvenus à intercaler nos repas (et même au soir faire un vrai dîner dans celle des pizzeria où le feu est de bois, la pâte fine et le fromage du Cantal)

 

"Victim"  (CMM = 0/6)

En République Tchèque une femme, Irina, vit en bossant dur dans l'espoir de créer un salon de coiffure avec une de ses amies. Elle est venue d'Ukraine avec son fils Igor, adolescent. Sauf que soudain alors qu'elle était en déplacement en Ukraine pour rassembler les documents nécessaires à leur naturalisation, il est grièvement blessé et se retrouve longuement hospitalisé.
Il est question d'une agression sauvage, sans motif particulier, et son cas prend une ampleur politique.
Magistral, mais mal maîtrisé côté rythme et durée. Des scènes redondantes. J'avais envie de reprendre le montage complètement et de faire avec la même matière première, un film qui attraperait le spectateur sans le lâcher.
Pour l'heure, je l'avoue, j'ai eu des absences.
Les mécanismes d'une récupération politique sont extrêmement bien vus.
L'actrice principale a des pulls sans doute ringards mais que je trouve fort beaux.


Ailleurs si j'y suis, Belgique 2022 (CMM = 0/6)

Comédie douce-amère très réussie sur le thème du décrochage (on voit que c'est un vrai mouvement de société, c'est le deuxième film qui en cause, alors même que le renforcement du phénomène par le premier confinement, où beaucoup ont pu découvrir à quoi ressemblerait leur vraie vie, n'avait pas encore eu lieu au moment où les scénarii ont été écrits). Un homme surmené, logeant dans une maison cossue jouxtant une forêt, y suit un cerf, soudain et ne parvient pendant un bon moment plus à revenir vers la société. Il n'a pas de projet, pas de revendication, il s'est tout naturellement arrêté. Et son immobilisme inattendu va mettre en mouvement toutes les personnes de son entourage.
C'est très réussi, les acteurs fameux rivalisent de perfection dans des rôles qui leur vont. 
Il y a une belle inventivité dans les mouvements de cameras (ainsi lors d'une sortie de route ou l'on se retrouve comme le conducteur de la voiture, la tête en bas) et le choix d'utiliser le 4:3 pour toutes les scènes forestières et le cinémascope pour les scènes "ailleurs que dans la forêt".

On passe un excellent moment. Et on n'a plus envie de retourner bosser (je vous aurais prévenu·e·s). 

 

After the winter, Monténégro (CM 2/6 ; pas mal de scènes de sexe, je crois (j'ai tendance à somnoler dans ces moments-là)
On aurait aimé aimer ce film monténégrain de prime abord fort sympathique, seulement voilà, c'est trop brouillon, à des moments on ne sait plus trop ce qu'ils veulent, ni eux non plus d'ailleurs. Ça se traîne bien et nos incompréhensions ne font que s'accroître. J'ai passé une partie non nulle du film à me demander, qui était qui, qui faisait quoi et au fond, pourquoi. Comme je demandais à mon cher et tendre des explications sur des scènes qui m'avaient laissée perplexe, je me suis aperçue qu'elles n'avaient peut-être pas été conçues pour être bien pigées.
Bref, une déception. 
On peut au moins admirer les paysages.

 

Luxembourg, Luxembourg, Ukraine 2022

Comme l'a dit le réalisateur lors de la rencontre Il n'est pas interdit de rire à un film ukrainien, vous savez (1).
On rit, mais dans le subtil, on est ému aussi. 
C'est l'histoire de deux frères jumeaux, un sérieux et l'autre qui fait rien que de tout foiré (un personnage à la Le grand blond mais qui serait un peu voyou et dealer sur les bords), et qui partent tenter de rejoindre leur père dont un appel du consulat de leur pays au Luxembourg, les a alerté de l'état critique de santé.
Le film vire alors au road-trip. 
Si ça n'est pas un chef d'œuvre, ça y voisine d'assez près. 

Et les frères Ramil and Amil Nasirov du groupe Kurgan & Agregat n'y sont pas pour rien.

Le film a connu bien des péripéties afin de pouvoir être monté (il a été tourné juste avant la guerre actuelle).
Ça n'est pas si fréquent, me semble-t-il, de voir le Luxembourg au ciné.

 

Men of deeds, Roumanie 2022 (CMM 1/6)

Un thriller mollasson, mais totalement réussi, en permanence là où on ne l'attend pas.
Avec un policier de campagne parfaitement campé, oscillant entre la soumission au clientélisme local et de solides vestiges de sens moral. Et un petit nouveau qui vient de par son zèle de débutant foutre la grouille dans tout ça.
Et par moment un peu de comédie romantique et par moment, un franc western.

Bref, là aussi un régal. Et puis en repartant, la sempiternelle question Qu'aurions-nous fait, nous, à sa place ?

On repart aussi avec de belles images d'une vaste campagne, dont on nous répète à l'envie, mais on ne le voit jamais, qu'elle est sujette à inondations.

(1) Kherson a été libérée dans la journée.


2022 jour 6 : Je ne suis pas une bonne cliente pour les films en costumes (confirmation)

Arras film festival

jeudi 10 novembre 

 

Beau temps et dernière matinée au réveil libre, j'en profite pour caler une petite séance d'endurance de force, le long de la Scarpe, accompagnée par JF qui court sans objectifs de cadence. Un bon repas au petit restaurant bio que nous connaissions des années passées. Puis, quatre films : la compétition européenne débute et ça remplit l'emploi du temps.
 

"L'homme le plus heureux du monde"  (CMM = 2/6 ; quelques scènes violentes)

Alors un film pour lequel pour piger on est obligé en rentrant d'aller rechercher des compléments d'explications ici ou là c'est que quelque chose n'est pas tout à fait réussi. 
Pour autant beau sujet, belles interprétations - Adnan Omerovic est particulièrement impressionnant dans le rôle du sniper repentant -, regret que le personnage féminin principal soit si peu compréhensible, ses oscillations entre élan amoureux, compassion, et rejet et violence physique sont un peu trop peu cohérentes, le syndrome de stress post-traumatique a bon dos.

Le point de départ est donc le suivant : À Sarajevo de nos jours, des gens participent à une vaste rencontre de speed dating, sauf que comme à part les tout jeunes, ils ont toutes et tous été concernés par la guerre à des degrés divers, ça ne se passe pas exactement comme prévu.
La rencontre de speed dating m'a mise mal à l'aise non pas tant à cause de ce que ça amène les gens à révéler de leur passé que parce qu'au questions qui leurs sont posées je n'aurais pas su quoi dire (et j'aurais détesté les exercices de rapprochements physiques qu'on leur fait faire).
Ça montre bien comment la guerre fait d'hommes ordinaires des assassins qui ne s'en remettent pas bien, et ça, au moins c'est louable.

 

Working class heroes (CMM = 3/6 ; deux scènes difficilement soutenables + une autre de violence plus abstraite)
En Serbie de nos jours ou peu s'en faut, Lidja une femme au bout du rouleau, couvre non sans violence les malversations de son patron sur différents chantiers fondés sur de la magouille immobilière et financière ; jusqu'au jour où il passe les bornes.
Film puissant, prenant, suffoquant, et durant lequel on passe son temps à se dire Mais bon sang c'est quand même pas aussi pire en vrai.
Les mutilations aux mains semblent être un thème à la mode et le niveau d'alcoolisme général, d'un film à l'autre, ne se dément pas.
Film fort, et réussi et formidablement bien interprété.
On évitera peut-être d'aller le voir si on a des problèmes au boulot (ou peut-être au contraire si, histoire de relativiser)

 

Il Boemo (CMM = 1/6 ; et des scènes de corps pourri par la maladie)

Grande somptueuse reconstitution historique de Venise, Naples et quelques autres coins au XVIIIème siècle, tout en suivant le tragique destin de Josef Myslivecek qui fut très glorieux, à la fin très malade (d'après le film la syphilis, même si j'ai cru à la lèpre un moment), et ensuite très oublié.
Le film manque cruellement de scènes d'extérieur, sans doute ç'eût été trop difficile de tourner à Venise en plein air. Il n'y en a que le minimum syndical. Le reste du temps, beaucoup de somptueux palais.
J'ai admiré le travail et je parierais volontiers qu'il emportera le prix du public, c'est somptueux, c'est super bien maîtrisé, et plein d'airs d'opéra magnifiques.
Et Ah les costumes !
Seulement je ne suis pas bon public pour les films en costumes, et la facture ultra-classique de l'œuvre n'a pas su accrocher mon attention. La plupart du temps j'étais juste en train d'écouter les airs, l'esprit ailleurs.
Grande œuvre, mais pas (faite pour) moi.
Le jeune roi de Naples est très réussi.

 

"Cendres et diamants" Wajda  (CMM = 0/6) 
Un pur bijou, une sorte de Rebel with cause, en Pologne la deuxième guerre mondiale à peine terminée et les communistes et les royalistes n'ayant pas fini de régler leurs comptes. Ça tient aussi du tramway nommé désir avec des scènes Féliniennes également. 
Bref, bluffés.
Et en prime la découverte de Zbigniew Cybulski, l'acteur mort pour avoir cru pouvoir sauter des trains en marche comme le faisaient ses personnages dans les films), et dont le fils a eu un destin tragique également (mais moins glamour : décès dû aux conséquences de son alcoolisme)

 

2022 jour 5 : La journée des films lents

Arras film festival

mercredi 9 novembre 

Nous avions un film prévu à 09:30 et j'aime beaucoup entamer la journée comme ça, par un film qui, s'il nous réussi, donnera une belle couleur, d'emblée au reste des heures.

 

"Metronom" d'Alexandru Blec, Roumanie, 2022 (1h42) (CMM = 0 ; la violence est psychologique, essentiellement)
avec Mara Bugarin, Serban Lazarovici, Vlad Ivanov, Mihai Calin, Andreea Bibiri, Alina Brezunteanu, Mara Vicol
09:30 S5

En Roumanie en 1972 pendant une finale de la coupe Davis, des lycéens se retrouvent chez l'une de leur camarade de classe et écrivent une lettre à l'animateur de l'émission de radio Metronom 72 sur Radio Free Europe qu'ils écoutent clandestinement. Ana s'y rend dans l'espoir de revoir Corbin son amoureux, avant que celui-ci ne quitte avec sa mère la Roumanie pour rejoindre à l'étranger leur père et mari. Seulement elle avait d'abord annoncé à celui-ci qu'elle ne viendrait pas.

On pourrait ainsi résumer l'histoire : si vous dites à quelqu'un que vous aimez que vous ne vous rendrez pas quelque part, ne changez pas d'avis. Surtout en dictature.

Film un brin excessivement lent, mais à part ça parfait : les acteurs, les ressorts narratifs, la façon dont c'est filmé, la bande son (géniale : toute la bonne musique des early seventies qui leur était interdite), le choix des plans. Des scènes de fêtes adolescentes sont de merveilleux plans séquences.

Évidemment, ayant failli avoir une cousine roumaine dans ces années-là, je ne pouvais qu'être profondément émue par le sujet. Ils essaient simplement d'avoir une jeunesse normale dans une société qui ne l'est pas.

Au sujet du film, son réalisateur (pour Cannes, où le film était dans la sélection Un certain regard)

 

Séance suivante à 14:00, nous avons eu le temps de rentrer déjeuner et même de cuire des patates et pour moi de piquer un somme.



"La Montagne" de Thomas Salvador, France, 2022 (1h55) (CMM = 0 ; attention toutefois pour les personnes sujettes au vertige)
avec Thomas Salvador, Louise Bourgoin, Martine Chevallier, Laurent Poitrenaux
14:00 C2 salle pleine - échanges à l'issue de la projection en compagnie du réalisateur et de l'actrice principale 

C'est l'histoire d'un gars qui, venu vers Chamonix pour une présentation commerciale de son boulot, décide de rester le week-end faire un tour en montagne, et ne parvient plus, ou du moins pas tout de suite, à redescendre.
Là-haut il fera la connaissance d'une jeune femme travaillant dans un restaurant de très haute altitude et parviendra à approcher la montagne au plus près, notamment grâce à d'étranges lueurs qui ressemblent à des blobs de laves mais qui ne brûleraient pas.
On retrouve les thèmes chers à Thomas Salvador : du quotidien très quotidien mêlé à un fantastique empreint de poésie ; l'ensemble serti dans une solide conscience écologique. Le film a été tournée en haute altitude, très peu d'effets spéciaux viennent du numériques et si les lueurs étaient censées représenter un danger c'est raté : on dirait de petits animaux affectueux sans queues ni têtes. L'histoire d'amour échappe à la niaiserie et le personnage féminin a une intervention courageuse et sportive et ça va de soi comme ça devrait toujours être le cas dans les films. Rien n'est en trop, pas de gras dans les scènes (en particulier, la vie d'avant est visualisée en trois séquences qui sont exactement ce qui est nécessaire pour comprendre mais rien de trop), les dialogues sont d'une justesse parfaite, sans un mot de trop. 
Je suis parfaitement la bonne cliente pour cet univers là.
Mais comme on était en début d'après-midi, et que le film prend tout son temps (c'est ce qui fait son charme, aussi), force est de constater que j'ai de loin en loin dormi. Les scènes d'exploration intérieure de la montagne (appelons ça comme ça) m'ont en revanche maintenue éveillée, portées qu'elles sont pas une très forte intensité d'échange et de beauté.

En cherchant en rentrant à en savoir un peu plus j'ai retrouvé la mention d'un court-métrage déjà un peu ancien ; et une des raisons qu'avait sans doute le réalisateur d'être particulièrement ému lorsqu'une spectatrice lors du Q & A a dit en substance J'étais fâchée avec la montagne qui nous a pris mon petit frère en 2005, mais à voir votre film, un peu moins.

un Q & A d'il y a cinq mois

 

À nouveAu retour à l'hébergement avant la projection suivante. J'ai dû faire un effort, soutenu par le fait que les réveils sont trop pénibles après ce type de petits sommes, pour ne pas aller à nouveau au lit.

 

Ciné concert "Paris qui dort"de René Clair, France, 1923 (1h) précédé de quelques courts-métrages d'animation conçus dans le cadre d'une rencontre croisée interdisciplinaire d’artistes portugais et français.
conservatoire, 19:00

L'ensemble du ciné concert durait trop longtemps, ce qui empêchait les personnes qui avaient prévu des films à 21:30 de s'y rendre. Or parmi les courts métrages d'animation beaucoup étaient des travaux scolaires, entre ennuyeux et pénibles ; trois présentaient quelque chose de novateur, intelligible et qui apportaient quelque chose ; un jouait la carte d'être insupportable pour les spectateurs (et l'accompagnement sonore de celui-ci était au diapason). Bref, la première partie, je m'en serais volontiers passée sauf à ce qu'une sélection auparavant ait été effectuée.

Le film titre était en tout point remarquable ainsi que  l'accompagnement par Jacques Cambra et deux jeunes musiciens (ou trois ? en l'écrivant un doute me vient) était en tout points remarquable. Un Paris de confinement, presque. Et furtivement, la ville telle qu'elle était il y a un siècle, ce qui était impressionnant. J'aimerais bien qu'on rendre Paris à une locomotion équidée.  Chevaux et vélos, voilà qui me plairait.

Ce fut au point que lors d'un dîner chez Volfoni (il était trop tard pour voir un autre film mais pas pour aller dîner), nous nous sommes plongés dans des recherches sur les ascenseurs de la Tour Eiffel et sur le Paris des expositions universelles de 1889 et 1900 (et entre autres les bâtiments construits puis détruits puis d'autres reconstruits à cet effet).


2022 jour 4 : a good swim, and two movies

Arras Film Festival

mardi 8 novembre 

Je n'avais prévu aucun film en journée, mais d'aller nager, d'écrire et de me reposer.
Je suis parfaitement parvenue à remplir les points un et trois, j'ai vraiment fort bien dormi dans l'après-midi. Mais je n'ai pas écrit.
Le Joueur de Pétanque pour sa part est allé voir deux films d'actions, un sur des combats du Nil et l'autre avec Sean Connery.
La piscine était ouverte au public entre midi et deux, un peu de monde mais pas trop pour être gênée. J'ai nagé 1500 m lentement (500 br, 1000 cr en tentant de m'appliquer, et puis 100 de cool down avec un peu de dos en m'étirant).
Puis je suis rentrée à l'appartement, il faisait doux et je me sentais bien. Je suis passée par le chantier où ça travaillait (démolition de la partie du bâtiment industriel qui ne doit pas rester).
Un hasard de youtube m'a fait découvrir les speed cubers et entre deux sommeils, avant et après le retour de JF, j'ai regardé des videos fascinantes.  

 

"Klondike" de Maryna Er Gorbach, Ukraine, 2022 (1h40) (CMM = 0, mais certaines scènes d'une grande dureté, ainsi qu'un accouchement)
avec
Oxana Cherkashyna, Sergiy Shadrin, Oleg Scherbina, Oleg Shevchuk, Arthur Aramyan, Evgenij Efremov
19:00 S1

Juillet 1914 vers Donetsk un couple de fermiers dont la femme est à deux mois d'accoucher se prend la guerre sur la gueule, et aussi un avion. Le frère de la future mère passe tenter de la tirer de là, au sens littéral, lui est patriote Ukrainien tandis que le futur père a des accointances avec les séparatistes pro-russes, sans l'être plus que ça (il voudrait : la paix et qu'on la lui foute). Par moment il y a un peu d'humanité, par exemples lorsqu'ils véhiculent un couple de néerlandais venus se recueillir sur la carcasse de l'avion abattu, mais globalement c'est la barbarie de la guerre à son meilleur niveau. D'un instant à l'autre tout peut arriver, surtout le pire. La vie d'une femme compte fort peu, elle n'intéresse que pour ses capacités de procréation. Elle reste toutefois mieux traitée qu'une vache.
J'ai apprécié les plans larges qui permettent une vue globale sur ce qui survient, celle que précisément les protagonistes n'ont pas ; et ne sais toujours pas distinguer à tous les coups le Russe de l'Ukrainien.
La scène de l'accouchement m'a laissée dubitative, mais disons que peut-être qu'en de telles circonstances paroxistiques ça pourrait peut-être se passer comme ça.
En fait le point du film qui nous laisse un peu en dehors c'est de comprendre pourquoi au moins elle ne part pas. Car plusieurs fois ils en sont empêchés mais à d'autres moments ce sont eux qui renoncent, y compris après la disparition de leur vache. Ça m'a paru bizarre aussi, une ferme sans chien.
La guerre actuelle était déjà là, mais ça, on le savait.



"Les grandes ondes (à l'ouest)" de Lionel Baier, Suisse, 2013 (1h24) (CMM = 0, un peu de sexe mais gentillet)
avec
Valérie Donzelli, Michel Vuillermoz, Patrick Lapp, Francisco Belard, Jean-Stéphane Bron
21:30 S3
Comédie bien troussée, avec même un brin de comédie musicale, sur fond de vraie révolution qui s'était bien passé (en avril 1974 au Portugal), les actrices et acteurs donnent l'impression de s'amuser avec leur personnage, il y a un vieux de la vieille de la radio au passé glorieux mais à la mémoire chancelante, un jeune Portugais qui parle français comme dans les vieux Pagnol dont son enfance a été bercée, Pagnol qui meurt ces jours-là, un technicien radio qui connaît son boulot, une jeune animatrice et journaliste ambitieuse, un directeur de radio qui tente de ménager la chèvre et le choux et se prend dans les fils de son téléphone, car 1974, quand même.
Quand l'actualité est trop écrasante, c'est le type de film qui permet de prendre un bol d'air, et ça n'est pas rien.

Entre les deux films nous avions eu à peine le temps de rentrer avaler quelques plats du traiter italien voisin que JF avait eu la bonne idée d'aller chercher en fin d'après-midi. Après le film suisse, nous sommes allés boire une bière sous le chapiteau, je m'attendais presque à croiser Jean-Stéphane mais non. Le DJ, Francis, était excellent qui a démarré sur le meilleur des années 80 (Flashdance, Eurythmics, Fame, Abba ...) et nous avons dansé, même un peu à deux grâce à un jeune homme qui est allé chercher JF qui de ce fait n'a pas osé se faire prier.
Bref, grâce au festival, et au logis de proximité (c'est très cool de pouvoir rentrer en coup de vent entre deux films), encore une bonne journée.
Et je sens l'énergie qui commence à me revenir.
Pendant ce temps sur la Place des Héros un marché de Noël est en cours de construction.


2022 jour 3 : une après-midi de sommeil

Arras Film Festival

lundi 7 novembre 

Le premier film n'était qu'à 11:30, j'en ai profité puisque le programme d'entraînement de cette semaine comportait pour commencer une séance d'endurance fondamentale de 30' d'aller courir dans la ville, vers le fort Vauban, un parc non loin dont je me souvenais, et puis la fontaine aux lions, là où j'avais reçu lors d'un premier mai un appel de FDK qui m'avait donné courage et espérance. Je ne parviens pas à me faire au fait qu'il soit mort. Que plus aucun échange ne sera jamais possible.
Pour autant, cette demi-heure de course à pied, sous le soleil, en croisant des scolaires qui font leur séance, avec l'éternel panel des élèves faisant du sport dans le cadre scolaire, des déjà sportifs aux qui-détestent-ça en passant par ceux qui s'efforcent d'être de bons petits soldats, mais qui sans entraînement régulier ne peuvent pas faire grand chose, me rend allègre, je me sens bien.
Une douleur aux tendons de la cheville droite me pousse à une escale dans une pharmacie, afin d'acheter du baume du tigre, je pense au passage du "Sac à main" sur l'achat du peigne dans une pharmacie à Arras, et ne sais plus si c'est de mon histoire qu'il était question ou de celle de Marie elle-même.
D'une certaine façon, qu'il s'agisse de F ou elle, j'ai l'impression qu'ils sont ici un peu aussi avec moi.
Il me reste ensuite tranquillement le temps de me préparer pour la séance.

 

"La passagère" d'Andrzej Munk, Pologne 1961-1963 (0h59)(CMM = 0)
avec Aleksandra Slaska, Anna Ciepielewska, Jan Kreczmar, Marek Walczewsk
11:30 S3

Il est dit dans le film lui même qu'Andrezej Munk est mort accidentellement avant d'avoir pu achever son œuvre. Ce qui semble avoir fait que les survivants ont décidé d'en faire un film comme La jetée, une voix off sur des passages de photos enchaînées et d'autres passages qui sont filmés. C'est encore plus fort comme ça que si les séquence "croisières" étaient achevées et parlées. Le noir et blanc est splendide et la netteté des visages stupéfiante. 
L'histoire est terrible, une femme, Liza, sur un navire de croisière qui la ramène son mari et elle en Europe dans les années 50 (je crois) croit reconnaître une détenue d'Auschwitz qu'elle avait contribué à sauver alors qu'elle était surveillante SS. Elle s'en ouvre à son mari un Américain (du sud, rencontré après guerre), lequel ignorait son passé. Les parties filmées sont le récit de la vie au camp. Les scènes sont d'un réalisme glaçant. Et d'autant plus poignantes qu'elles concernent les femmes, qu'on évoque moins : il y eut bien des films de prisonniers hommes glorieux mais les femmes sont assez délaissées des fictions sur ce thème. C'est si effarant qu'on ne comprend pas tout, ou que trop bien : ainsi le gars chargé de remplir les réceptacles pour les cristaux de gaz des pseudos douches d'en arrivant, les enfants marchant vers leur mort dès l'arrivée, le fait que le camp était si grand qu'il fallait y circuler, pour les responsables, à vélo ; la gestion énorme des objets dérobés aux populations spoliées (je n'y avais guère jusqu'ici songé, en dehors des cas d'œuvres d'art ou de meubles précieux dont les récupérations reviennent de loin en loin aux informations ; je n'avais jamais songé à la gestion des stocks de poussettes, par exemple).
L'ancienne responsable tente de se persuader qu'elle s'est montrée la plus humaine possible, que peut une personne dans une entreprise industrielle de destruction ? On voit à quel point au camp tout se paie, tout n'est que bref soulagement en échange de lourdes contreparties, certains éléments font penser au management moderne (à l'énorme différence que dans les entreprises actuelles on risque un licenciement et pas sa vie, ou rarement). Le film montre bien combien l'horreur et la mort peuvent débouler à chaque instant, y compris après des moments presque supportables - on soigne quand même un peu des gens, puis à peine après, on les tue pour une broutille, un soupçon -.
Une classe de lycéens assistait à la projection, je me suis demandée comment ils pouvaient percevoir une telle œuvre. Nous sommes d'une génération de 20 ans après (c'est rien, 20 ans), avons grandi entourés d'adultes qui "avaient connu", voire de survivants (silencieux, le plus souvent), cet indicible dès que l'on grandissait nous était familier, pas moins violent, mais nous savions. À des jeunes de maintenant, une telle atrocité du quotidien, un massacre si soigneusement industrialisé, peut-il être plausible ? Un tel film à sa reconstitution appliquée, peut-il sembler être autre chose qu'une violente dystopie de fiction ?

J'ai retenu le numéro de matricule de Marta : 13417
Fut-il celui d'une vraie détenue ? D'une détenue que qui faisait le film avait personnellement connue ?

 

Il m'aura fallu l'après-midi pour récupérer, malgré un moment passé à faire les courses dans un établissement produits frais et bio, déjà repéré l'an passé, et qui fut un moment de calme, de vie paisible.
Pour la sieste je me suis amusée à regarder ce que proposait la télé locale, un bouquet de chaîne Samsung TV dont je n'avais jamais entendu parler, et l'une d'elle qui proposait des grands classiques. Alors j'ai tenté de revoir M le Maudit et comme presque à chaque fois que j'ai tenté de voir ce film, me suis endormie (le film n'y est pour rien, c'est que mes tentatives ont toutes lieu dans des moments d'extrême fatigue). Peut-être qu'à force les pièces du puzzle se complèteront et que j'aurais une idée de l'œuvre.

Finalement il fut vite 19:00 et temps d'aller voir le film prévu suivant.

 

"La reconstitution" de Lucian Pintilie, Roumanie, 1968 1h38
avec George Mihaita, Vladimir Gaitan, George Constantin, Emil Botta (1h37)(CMM = 0)
19:00 S5

Dans une sorte d'improbable buvette près d'un stade de foot - dont on entend les clameurs tout au long du film sauf en sa dernière scène - et d'un barrage, est tournée sous l'égide d'un étrange procureur, à la fois soucieux de son pouvoir et de se tremper les pieds dans l'eau, une reconstitution d'une bagarre entre deux jeunes, lesquels étaient bourrés lors des faits, mais doivent en acceptant le tournage d'un film pour l'édification de la jeunesse (où seront mis en scène leurs méfaits afin de montrer comme c'est moche) racheter leur faute et leur liberté. 
Sauf que plein de petits trucs se passent mal, une jeune fille en maillot de bain traîne autour d'eux, sans s'habiller mieux sauf à l'extrême fin (si quelqu'un qui a vu le film sait nous expliquer pourquoi, à part pour le male gaze, nous sommes preneurs, sa persistance dans la tenue alors que tous les autres personnages sont pleinement vêtus, et qu'elle ne nage qu'au début, met un certain malaise), et que finalement la violence, trop bien re-mimée aura une conséquence funeste.

George Mihăiță est éblouissant dans le rôle d'un gentil petit délinquant un brin azimuthé façon Keith Moon et qui finira mal.

J'ai adoré le côté, On se demande sans arrêt où ils veulent en venir, chaque scène est un bijou en soi, les portraits sont somptueux. Des dialogues sont drôles. Le fait de faire rejouer aux délinquants mêmes leur délinquance. La fin tragique, alors même que les dirigeants sont déjà partis (sans se soucier que leurs acteurs d'un jour allaient bien, tournage terminé). Le match de foot et la foule en retour du stade à la fin.

Bref, à mes yeux une pépite.
Comme nous avons croisé un couple d'amis dans la salle puis en sortant, l'honnêteté m'oblige à préciser que mon enthousiasme n'est pas universel. Sans doute que pour beaucoup de personnes, le récit est trop à faux rythme et fort destructuré.

Je sais qu'un certain nombre de scènes reviendront me rendre visite, un paquet de mois encore après.

 

Retour maison juste après le film, à peine le temps d'échanger quelques mots avec nos amis du ciné-club croisés dans le hall du Mégarama.
Le joueur de pétanque s'est occupé de préparer un petit dîner (poisson déjà préparé, riz à cuire), tandis que j'écrivais ces chroniques, du moins je commençais.

 

 


2022 jour 2 : 3 films et une séance de course à pied

Arras Film Festival

dimanche 6 novembre 

 

Pour commencer 1h10 de courir sous la pluie, le long de la Scarpe avec un peu d'une sorte de visite de chantier (ou plutôt jeter un coup d'œil). Une partie de l'ancien chemin de halage est désormais bituminée, pour courir c'est moins bien. 
Nous croisons les sons d'une compétition de canoë kayak et une construction bien avancée d'un nouveau club nautique.
Le nombre d'oiseaux d'eau est impressionnant. 
Je cours avec mes nouvelles Saucony, qui m'apportent une réelle aisance, je crois que j'ai trouvé le modèle qui convenait à mes pieds. J'ai des envies de marathon.
Dans un an ?



"La famille Asada" de Ryôta Nakano, Japon 2020 (2h07) (CMM = 0)
14:00 S1

Film de facture classique, linéaire, belles images, belles reconstitutions.
Pour autant, pas un seul instant d'ennui, un profond coup de cœur. 
Dans une famille de la classe moyenne, le frère cadet se découvre très jeune une vocation de photographe. Comme il est né au sein d'une famille aimante, avec un père peu conformiste, qui veut avant tout le bonheur des siens, un peu tout le monde l'aide, lui qui a le don, le regard, les idées, mais pas l'ambition. Il se retrouve à monter tout une œuvre de photos de familles mettant en scène leurs rêves, leurs désirs, l'amour pour l'un des leurs (par exemple un enfant malade).
Alors que ça commence à marcher pour lui survient mars 2011 et le voilà à aider les sinistrés à tenter de retrouver leurs photos de famille.
On rit, on pleure, on s'attache.
Moi qui ai ce rapport à la photographie, qui suis celle qui ne figure pas beaucoup sur les photos car c'est moi qui les prends, j'ai pleuré longuement. Comme un soulagement d'être enfin comprise.
C'est un feel good movie très universel et pas niaiseux pour un sou.

Tsu, Tokyo, Nozu ... des années 1990 aux années 2020

"The banshees of Inisherin" de Martin McDonagh, Irlande / Royaume-Uni 2022 (1h49) (CMM = 0, mais quelques scènes gore), avec Colin Farrell, Brendan Gleeson, Kerry Condon, Barry Keoghan, Pat Shortt
17:00 C2 (avec un problème sur l'horaire, annoncé 16:30 sur certains documents, 17:00 sur d'autres)

Film de belles images bien léchées, sauf quelques scènes d'une rare violence soudaine(s) ; belles musiques.
Un vieux violoniste à ses heures rejette soudain de façon inexpliquée l'amitié d'un autre insulaire plus jeune et très gentil, lequel tout de douleur et d'incompréhension, fini par n'être plus gentil du tout. L'artiste musicien se met à jouer les Van Gogh (Vincent), la sœur du personnage joué par Colin Farrell (qui en fait des caisses pour jouer le gars légèrement limité) tente de sauver sa peau, et le jeune Bary Keoghan incarne un jeune un peu considéré comme l'idiot du village, avec le brio de Johnny Depp dans Gilbert Grappe.
J'en attendais peut-être de nouvelles idées pour tenter de comprendre les gens qui rompent sans raison apparentes une très grande amitié, en cela c'est décevant : celui qui quitte le fait pour récupérer du temps de cerveau disponible à ses créations musicale et parce qu'il n'en peut plus de l'ennui des conversations de son vieux pote.
Il y a bien sûr une allégorie sur la guerre civile irlandaise, mais on ne pige pas forcément tout. L'ambiance est celle d'un conte sombre. 
Très bon film, seulement de là à parler de chef d'œuvre comme certains, il y a à mes yeux plutôt loin. Mais c'est sans doute un point de vue féminin que l'escalade de la violence à laquelle on assiste intéresse moins que ne l'eût fait une analyse psychologique tout en finesse des motivations profondes de ces personnages.

Une île imaginaire proche de l'Irlande, 1923

 

Le film nous ayant malgré tout ouvert l'appétit et pour ma part donné une solide envie de déguster une Guinness, nous allons Au bureau, qui hélas n'en a pas, ni non plus du bon vieux Welsh, les traditions se perdent. Je tente un cholestérol suicide malgré tout, avec une sorte de croque-monsieur aux fromages renforcés par du Philadelphia - note pour une prochaine fois : oublie, ça n'est pas pour toi -. Ce qui est cool c'est d'être logés à deux pas (littéralement, ou plutôt huit) et de pouvoir remonter se reposer avant le film de fin de soirée.

 

"Sick of myself" de Kristoffer Borgli, Norvège  2022 (1h35) (CMM = 0, mais beaucoup de sang)
avec Kristine Kujath Thorp, Eirik Sæther, Fanny Vaager, Fredrik Stenberg Ditlev-Simonsen, Sarah Francesca Brænne
21:30 S1

Une jeune femme, Signe, se rend volontairement malade en ingérant de fortes doses d'un médicament russe toxique, son but ultime étant d'attirer l'attention sur elle. Elle n'y parvient que trop bien et se retrouve au bord de la mort, mais effectivement pourvue d'un petit nuage de notoriété.
Humour nordique glacial, sur moi ça marche assez bien, mais je ne le conseillerais pas au monde entier. 
Anders Danielsen Lie tient un rôle médical qui lui sied, dans une scène de "rêves éveillés" que fait la jeune femme et qui émaillent le film (sans lui faire perdre de sa linéarité, ce n'est pas l'un de ces films où l'on est perdus).
Belle critique de la société du narcissisme dans laquelle nous évoluons. 
Jolies banderilles sur le monde de l'art contemporain.
Les dégâts de la pseudo maladie (sans doute inspirés des dégâts de la drogue dite "Crocodile" dont il fut question il y a quelques annéees) sont pénibles à voir, mais l'ensemble est fort bien troussé.

Oslo, années 2020

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2022 jour 1 : Pierre, Clovis et plus tard Mario

Arras Film Festival

samedi 5 novembre 2022

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C'est reparti pour un tour, mais avec un nouvel élan. Fini les chambres un peu étranges, mais non sans charmes, du vieux gite près de la gare, fini les contrôles de pass sanitaires, fini les billets de papier, nous montrons nos téléfonino et puis c'est tout.

Nous avons l'impression de retrouver un chez nous. 
Le logis que nous louons cette année a son entrée place des Héros, et c'est assez génial d'être au cœur de l'action. 
Il est bien équipé, neuf, confortable.

Premier repas pris en arrivant, dans une pizzeria bonne, 5 rue de la Housse et accueillante même aux arrivants tardifs.

Pour cette première journée, deux films.



"La couleur de l'incendie" de Clovis Cornillac, France, scénario de Pierre Lemaître d'après son propre roman (ce que j'admire).
18:00 C1 salle pleine avec Clovis Cornillac et Léa Drucker présents à la fin

Je suis mauvais public pour les reconstitutions historiques (1) et les numéros d'acteurs connus, autant dire que c'était pas gagné. C'est du très beau boulot, à n'en pas douter, et je ne me suis presque pas ennuyée, ce film a donc bien des chances d'avoir bien du succès. Et on peut pardonner aux acteurs d'en faire un peu trop tant on voit qu'ils jubilent (ainsi Poelvoorde imitant de Funès, allez).
Clovis Cornillac, interviewé par Rémi, nous explique que rencontrer Pierre Lemaître était beaucoup mieux que rencontrer Bruce Willis et nous le croyons volontiers.
Paris, Berlin
années 1930

 

"Nostalgia" de Mario Martone, Italie 2022 avec Pierfrancesco Favino dans le rôle titre.
21:30 S1

C'est Napoli en beauté, une balade lente mais non sans danger, et même s'il n'y a aucun suspens, cette chronique d'une mort annoncée nous emporte. L'acteur principal cabotine un micron trop, la scène des retrouvailles entre anciens amis d'enfance dont l'un a viré big mafieux est une scène méritant de devenir culte, les retrouvailles avec la très vieille mère sont émouvantes à souhait, le prêtre voyou est magnifique. Bref, ce festival commence bien. On retiendra des dialogues bien menés, ainsi celui qui ose dire au chef mafieux, - Je suis revenu à Naples, c'est ici chez moi. Je veux mourir ici. Et l'autre du tac au tac : - Pour ça, ça peut s'arranger. 
Napoli
années 2020