2022 jour 5 : La journée des films lents
10/11/2022
Arras film festival
mercredi 9 novembre
Nous avions un film prévu à 09:30 et j'aime beaucoup entamer la journée comme ça, par un film qui, s'il nous réussi, donnera une belle couleur, d'emblée au reste des heures.
"Metronom" d'Alexandru Blec, Roumanie, 2022 (1h42) (CMM = 0 ; la violence est psychologique, essentiellement)
avec Mara Bugarin, Serban Lazarovici, Vlad Ivanov, Mihai Calin, Andreea Bibiri, Alina Brezunteanu, Mara Vicol
09:30 S5
En Roumanie en 1972 pendant une finale de la coupe Davis, des lycéens se retrouvent chez l'une de leur camarade de classe et écrivent une lettre à l'animateur de l'émission de radio Metronom 72 sur Radio Free Europe qu'ils écoutent clandestinement. Ana s'y rend dans l'espoir de revoir Corbin son amoureux, avant que celui-ci ne quitte avec sa mère la Roumanie pour rejoindre à l'étranger leur père et mari. Seulement elle avait d'abord annoncé à celui-ci qu'elle ne viendrait pas.
On pourrait ainsi résumer l'histoire : si vous dites à quelqu'un que vous aimez que vous ne vous rendrez pas quelque part, ne changez pas d'avis. Surtout en dictature.
Film un brin excessivement lent, mais à part ça parfait : les acteurs, les ressorts narratifs, la façon dont c'est filmé, la bande son (géniale : toute la bonne musique des early seventies qui leur était interdite), le choix des plans. Des scènes de fêtes adolescentes sont de merveilleux plans séquences.
Évidemment, ayant failli avoir une cousine roumaine dans ces années-là, je ne pouvais qu'être profondément émue par le sujet. Ils essaient simplement d'avoir une jeunesse normale dans une société qui ne l'est pas.
Au sujet du film, son réalisateur (pour Cannes, où le film était dans la sélection Un certain regard)
Séance suivante à 14:00, nous avons eu le temps de rentrer déjeuner et même de cuire des patates et pour moi de piquer un somme.
"La Montagne" de Thomas Salvador, France, 2022 (1h55) (CMM = 0 ; attention toutefois pour les personnes sujettes au vertige)
avec Thomas Salvador, Louise Bourgoin, Martine Chevallier, Laurent Poitrenaux
14:00 C2 salle pleine - échanges à l'issue de la projection en compagnie du réalisateur et de l'actrice principale
C'est l'histoire d'un gars qui, venu vers Chamonix pour une présentation commerciale de son boulot, décide de rester le week-end faire un tour en montagne, et ne parvient plus, ou du moins pas tout de suite, à redescendre.
Là-haut il fera la connaissance d'une jeune femme travaillant dans un restaurant de très haute altitude et parviendra à approcher la montagne au plus près, notamment grâce à d'étranges lueurs qui ressemblent à des blobs de laves mais qui ne brûleraient pas.
On retrouve les thèmes chers à Thomas Salvador : du quotidien très quotidien mêlé à un fantastique empreint de poésie ; l'ensemble serti dans une solide conscience écologique. Le film a été tournée en haute altitude, très peu d'effets spéciaux viennent du numériques et si les lueurs étaient censées représenter un danger c'est raté : on dirait de petits animaux affectueux sans queues ni têtes. L'histoire d'amour échappe à la niaiserie et le personnage féminin a une intervention courageuse et sportive et ça va de soi comme ça devrait toujours être le cas dans les films. Rien n'est en trop, pas de gras dans les scènes (en particulier, la vie d'avant est visualisée en trois séquences qui sont exactement ce qui est nécessaire pour comprendre mais rien de trop), les dialogues sont d'une justesse parfaite, sans un mot de trop.
Je suis parfaitement la bonne cliente pour cet univers là.
Mais comme on était en début d'après-midi, et que le film prend tout son temps (c'est ce qui fait son charme, aussi), force est de constater que j'ai de loin en loin dormi. Les scènes d'exploration intérieure de la montagne (appelons ça comme ça) m'ont en revanche maintenue éveillée, portées qu'elles sont pas une très forte intensité d'échange et de beauté.
En cherchant en rentrant à en savoir un peu plus j'ai retrouvé la mention d'un court-métrage déjà un peu ancien ; et une des raisons qu'avait sans doute le réalisateur d'être particulièrement ému lorsqu'une spectatrice lors du Q & A a dit en substance J'étais fâchée avec la montagne qui nous a pris mon petit frère en 2005, mais à voir votre film, un peu moins.
À nouveAu retour à l'hébergement avant la projection suivante. J'ai dû faire un effort, soutenu par le fait que les réveils sont trop pénibles après ce type de petits sommes, pour ne pas aller à nouveau au lit.
Ciné concert "Paris qui dort"de René Clair, France, 1923 (1h) précédé de quelques courts-métrages d'animation conçus dans le cadre d'une rencontre croisée interdisciplinaire d’artistes portugais et français.
conservatoire, 19:00
L'ensemble du ciné concert durait trop longtemps, ce qui empêchait les personnes qui avaient prévu des films à 21:30 de s'y rendre. Or parmi les courts métrages d'animation beaucoup étaient des travaux scolaires, entre ennuyeux et pénibles ; trois présentaient quelque chose de novateur, intelligible et qui apportaient quelque chose ; un jouait la carte d'être insupportable pour les spectateurs (et l'accompagnement sonore de celui-ci était au diapason). Bref, la première partie, je m'en serais volontiers passée sauf à ce qu'une sélection auparavant ait été effectuée.
Le film titre était en tout point remarquable ainsi que l'accompagnement par Jacques Cambra et deux jeunes musiciens (ou trois ? en l'écrivant un doute me vient) était en tout points remarquable. Un Paris de confinement, presque. Et furtivement, la ville telle qu'elle était il y a un siècle, ce qui était impressionnant. J'aimerais bien qu'on rendre Paris à une locomotion équidée. Chevaux et vélos, voilà qui me plairait.
Ce fut au point que lors d'un dîner chez Volfoni (il était trop tard pour voir un autre film mais pas pour aller dîner), nous nous sommes plongés dans des recherches sur les ascenseurs de la Tour Eiffel et sur le Paris des expositions universelles de 1889 et 1900 (et entre autres les bâtiments construits puis détruits puis d'autres reconstruits à cet effet).
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