Arras Film Festival 2019 jour 1: Après une année mouvementée, nous revoici !
10/11/2019
C'est toujours le même bonheur de retrouver la ville et de démarrer une cure de cinéma. Je sais qu'ensuite mon cerveau se sentira comme remis à neuf et mes pulsions de voyages inassouvies un peu calmées.
Cette année comme les deux (ou trois ? quatre ?) années qui précédaient nous sommes venus en voiture. Notre bilan carbone était moins foireux que les autres fois : le fiston qui venait voir son amie laquelle partait des environs pour un week-end à Lille en amoureux avait profité de l'aubaine pour se rapprocher.
Et nous avons profité de sa présence pour nous accorder un restaurant, hop comme ça, à peine arrivés, et les bagages posés (1) : Le Bruxelles, sur la place même où se trouve le cinéma. Et deux welshs pour lui et moi, s'il vous plaît.
Après, hop, ciné. Et directement dans le vif du sujet : quatre films pour cette première journée.
En sortant de la dernière projection je suis passée au "club house", espérant croiser Jean-Stéphane (Bron) que j'avais un peu manqué avant la projection de 19h, mais ce fut en vain. Le plaisir toutefois de revoir Rémi. À l'une des interclasses (appelons ça comme ça) nous avions aussi pu échanger quelques mots avec nos amis Danièle et Henri (2).
(1) Nous avons la chambre habituelle, celle au premier étage et qui donne sur le jardin (et la résidence "Le manoir", désormais)
(2) J'ai décidé de noter si possible les rencontres parce que c'est assez amusant à quel point parfois on peut passer un festival entier sans croiser les ami·e·s que l'on sait présents aussi ou à l'inverse croiser la même personne dix fois dans une journée.
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A shelter among the clouds (Streha mes reve)
de Robert Budina , Albanie (+ Roumanie + France), 2019, 1h23, vostf)
avec Arben Bajraktaraj, Esela Pysqyli, Irena Cahani, Bruno Shllaku
14h S2 Mégarama
Dans une région montagneuse reculée d'Albanie, Besnik un berger musulman dont la famille est partagée entre plusieurs religions, découvre qu'une peinture existe sous le plâtre abîmé de la mosquée. Deux femmes sont envoyées des services d'état des monuments nationaux. Leur travail met au jour une fresque catholique très ancienne et leur recherche une pratique de partage du lieu entre les religions qui eut longtemps lieu.
Par ailleurs le père de Besnik est malade puis mourant et la famille rapplique. Avec de belles solides dissensions, religieuses mais pas seulement.
C'est un film qui réussi l'exploit qu'il y ait de forts débats d'idées (et très intéressant d'ailleurs) et pourtant fort peu de dialogues. Une fois de plus on peut constater que le communisme qui tendait à rayer les pratiques religieuses a rendu quelques bons services dans les régions où elles se faisaient rudes concurrence.
Les décors et le traitement de la lumière sont à couper le souffle ; les actrices et acteurs tous parfaits.
À déconseiller aux amateurs de films d'actions : le rythme est lent et à part la découverte de la fresque il ne se passe rien. Tout est dans la manière et l'émotion - que l'on peut ne pas éprouver, mais si ça marche on ressort gorgés de beauté -.
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Les années difficiles (Anni difficili)
de Luigi Zampa, Italie, 1948, 1h53
avec Umberto Spadaro, Massimo Girotti, Ave Ninchi, Delia Scala, Milly Vitale
16h30 S5 Mégarama
C'est une comédie-drame à l'italienne plus so-typical tu meurs. L'action se passe en Sicile, des années 1930 à la libération. Le fascisme une fois installé au pouvoir semble plutôt bon enfant. Seulement peu à peu le pouvoir se durcit et enchaîne les engagements guerriers pour lesquels les gars du coin se trouvent réquisitionnés qu'ils le veuillent ou non.
Aldo Piscitello, modeste employé municipal, fait les frais des premières mesures : s'il veut garder son emploi il doit s'inscrire au parti. Sa femme qui fricote avec une sommité fasciste du chef lieu de canton (ça a l'air d'être l'équivalent), le pousse dans cette direction. Lui qui a de la conscience politique même s'il s'en défend, et un cercle d'amis de différentes tendances mais toutes unies dans l'opposition (clandesdine) au Duce, tente de résister mais fini par céder : il a quatre à cinq enfants, un vieux père à charge, il convient de faire bouillir la marmite.
Forcément ça va lui attirer des ennuis. Et pendant ce temps son fils aîné, fiancé puis époux de la nièce du pharmacien qui l'aide à la boutique, est balloté d'un service militaire à rallonge à la guerre d'après et revient vivant au pays ; sauf que sa famille l'y attend mais dans les terres, plus loin.
Ça n'est pas un chef d'œuvre impérissable mais il est fort agréable et insctuctif.
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Proxima
de Alice Winocour (France, 2019, 1h47)
avec Eva Green, Matt Dillon, Sandra Hüller, Lars Eidinger
scénariste : Jean-Stéphane Bron
19h S8 (la deux du) Casino suivi d'une rencontre avec Alice Winocour (réalisatrice) et Jean-Stephane Bron (scénariste)
Sarah est une astronaute française qui s'apprête à quitter la terre pour une mission d'un an à bord de la station spatiale internationale. On la voit lors des différents entraînement et aux prises avec l'impossible conciliation d'un tel travail avec une vie de famille.
Elle doit en effet se séparer de sa fille Stella qui a 7 ou 8 ans, pendant tout le temps de l'entraînement puis de la mission.
Comme on s'en doute ça n'est pas simple.
Film fort sympathique à voir en famille : dans la même veine que "Dans la combi de Thomas Pesquet", lequel fait d'ailleurs une belle figuration dans le film, il raconte tout le boulot. Et les séquences ont été tournées sur place en Russie à la cité des étoiles et à Baïkonour.
Le défaut : compréhensible par des enfants, il appuie un peu trop sur les explications. Et tout s'enchaîne sans surprise. L'autre défaut c'est que Matt Dillon en fait des caisses dans le genre Américain surdoué mais qui finalement à quand même du cœur (et une mâchoire carrée).
Pour autant ça reste instructif et attachant. V.O. indispensable pour prendre consciences de toutes les langues pratiquées par les techniciens de l'impossible que sont les astro- ou cosmo-nautes.
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de Ladj Ly (France, 2019, 1h43)
avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Zonga, Issa Perica
résumé du site du festival :
Stéphane intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, en banlieue parisienne. Il fait équipe avec Chris et Gwada, qui ont leur méthode bien à eux pour se faire respecter dans le quartier. Mais tout bascule lors d’une interpellation où la situation leur échappe. Un film immersif magistral d’une grande force qui nous tient en haleine d’un bout à l’autre.
Pas grand chose à ajouter. C'est filmé d'une façon époustouflante. Même moi qui n'aime pas les films d'action (ça s'agite trop pour m'intéresser), j'ai accroché. On est tenus en haleine, bien qu'il n'y ait pas de suspens. Mais le côté inéluctable, comme le destin amoché d'emblée des vraies jeunes de banlieue fait partie du truc. En sortant de la projection, je pensais avoir vu un chef d'œuvre. Il faudra attendre l'effet qui persiste ou s'effritera peut-être.