mercredi 7 novembre, jour 5 : Finalement un bon film français, et par ailleurs honneur au cinéma polonais
Deux films de Claire Simon (Récréations et Premières Solitudes) : grands bonheurs

lundi 12 novembre 2018 : Après le festival (remarques en vrac)


    En cette année où mon avenir professionnel n'est pas encore fixé, même si j'ai quelques jalons et ne manque pas de travail personnel, la fin du festival est plus rude à encaisser que d'autres où j'avais été aussitôt happée par les nécessités et contraintes horaires d'un travail salarié. 

Pour autant j'aimerais bien disposer de quelques jours encore afin de pouvoir repenser aux films vus, afin qu'ils restent un peu. Que je ne me retrouve pas avec une sensation assez fréquente chez moi du fait du surmenage coutumier, de n'avoir pas réellement vécu ce que j'ai traversé, car simplement survolé.

Avant que je n'oublie, quelques idées en vrac.

Plus encore que les années précédentes, pléthores de séquences : un personnage (ou un groupe contenant l'un des personnages principaux) avance et la caméra le suit à hauteur d'épaule. Dans certains cas cela a un sens. Seulement la plupart du temps un plan large stable montrant l'avancée des gens suffirait. Ah oui, c'est vrai un plan large requiert un décor peaufiné et donc plus cher. OK
(Je crois que j'en ai autant ras le bol de ces plans que du "pas de soucis" en langage courant).

On assiste à la poursuite de la prolifération des chemises à carreaux. Et c'est là que l'on voit que la globalisation correspond à du concret quotidien : des films du monde entier sont concernés.

La nudité m'indiffère. Ce qui fait qu'un nombre certain de scènes censées sans doute constituer des moments forts d'un film, sont pour moi de simple temps d'ennui. Corolaire : les scènes à caractère sexuel me font généralement bailler. Trois scènes de rapprochements physique m'auront toutefois émues : dans le film sur les jeunes apprentis-mafieux romains quand l'un des jeunes hommes retrouve sa petite amie après avoir été marqué par quelques expériences et qu'elle s'effraie de sa lamentable frénésie et l'envoie courageusement promener (Je ne suis pas une de tes prostituées) ; dans Border, un accouplement d'êtres surnaturels, émouvants dans leur soulagement (ils ne trouvent pas partenaires à leur pied très souvent) ; dans The bookshop une étreinte qui ne peut être sexuelle mais relève d'un profond amour.

La mode du vomi se calme un peu - heureusement, c'était pénible -, remplacée par la mode du pipi et plus particulièrement du pipi féminin accroupi (le pipi viril debout vu de dos est depuis longtemps un grand classique, rarement constructif). 
J'ai un peu tendance à penser que si pour raviver l'attention de la spectatrice ou du spectateur on en arrive à avoir recours à de tels procédés, c'est que le scénario comporte des faiblesses ou le montage des longueurs. La transgression pour elle-même, je ne vois pas l'intérêt. 
Après, tant que le cinéma ne comporte pas de versant olfactif, on ne se plaindra pas. 
Notons qu'une scène de pipi avait un sens : un petit garçon qui lors d'une confrontation d'identification avec un des assassins de sa mère (et qui avait failli le tuer lui aussi) se pisse de peur sur lui.

La mode du stroboscope semble passée, ouf. C'était pénible pour les personnes qui ne le supportent pas. On parvient donc désormais à avoir quelques scènes de boîtes de nuit qui en sont dépourvues et où l'on voit ce qu'on y doit voir. Je me demande si la mode est passé au cinéma seulement, à cause de signalement de malaises, ou si c'est aussi passé de mode dans les boîtes de nuit (mais j'ai passé l'âge d'aller y voir).

Le maintenant des films deviendra plus tard, plus tard. 

Un nombre certains de films se déroulent dans des milieux aisés : les questions de survie matérielle étant alors secondaires et les personnages bénéficiant d'un certain degré de liberté - bizarrement ces gens qui ont beaucoup d'argent semblent rarement devoir travailler beaucoup pour l'obtenir -., cela permet de se concentrer sur des états d'âme, de la psychologie. Et souvent de très jolies névroses.
Une variante consiste à les placer dans un milieu de "mauvaise vie", l'argent rentre mais à quel prix. Souvent l'un-e au moins des protagonistes le paie, et cher.

Un nombre également important concerne des personnes aux vies précaires. Souvent ces films sont militants et hélas bien vus. 

Au bout du compte des films mettant en scène des personnages de classes moyennes et qui grosso modo s'en sortent à condition d'y laisser leurs heures, et ne peuvent pas trop se permettre d'écarts, ni en terme d'absences ni en terme de dépenses, sont assez peu nombreux. Loué soit "Take it or leave it" dans lequel on voit des gens s'en sortir à condition de bosser sérieux. Et être vite à cours d'argent lorsque leur vie les requiert à temps plein comme suite à un événement.

On voit pour l'instant systématiquement les vieux parents être un gage de stabilité : même modestement ils semblent bénéficier de retraites qui leur permettent une petite vie décente. Et ainsi de récupérer leurs enfants ou petits-enfants quand survient un épisode de dégringolade. C'est la réalité mais lorsqu'on sort d'une semaine de films orientés "cinéma du réel", c'est encore plus flagrant, dans toute l'Europe, ex-est incluse.
Les personnes de ma génération et ceux plus jeunes encore ne pourront pas constituer ainsi des relais recours: retraites trop maigres et trop tardives. Si la planète n'a pas lâché avant qu'est-ce que ça donnera ? 

 

Les cigarettes 

Dans mon enfance les adultes fumaient. On commençait à avoir conscience que ça n'était pas des masses bon pour la santé, seulement ça continuait à aller de soi : un adulte fume et boit du vin aux repas. Ça ne me donnait pas envie de grandir plus que ça. 
Au fil des ans, le péril sur la santé l'a presque emporté sur les gains par taxes de l'état et les efforts des lobbyistes du tabac. Désormais fumer Çaymal. 
Il fut donc un temps où, comme le faisait remarquer mon amie Marie, de la bouche du héros qui en allume une avant le moment décisif histoire de montrer que même pas peur, la cigarette est passée à celle du méchant. Au tournant des années 2000, celles et ceux qui fumaient, sauf pour les femmes dans les films iraniens, et qui faisait acte de résistance, c'étaient les méchants. 
À présent, le tabac à outrance semble revenu. Je soupçonne les cigarettiers de monnayer en placement produits leurs mécénats, quelque chose comme ça. Et à nouveau ça fume, les bons, les méchants, tutti quanti. 
Ce qui semble parfaitement justifié dans une reconstitution des années 70 - hé oui, on sait qu'on est vieux quand nos années de jeunesse font l'objet de reconstitutions -, parait bizarre lorsque l'action se déroule maintenant. Presque tous nos amis ont cessés de tabager et voilà que les personnages de ciné, Deneuve included, sont re tout le temps en train de cloper ? 
Ça ne me dérange pas outre mesure, je me sens distante, pas concernée. Mais ça m'étouffe un peu. En tant que spectatrice j'aimerais m'en passer, de cette odeur de fumée.

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