samedi 3 novembre, jour 1 : dominante musique (et une comédie divine)
lundi 5 novembre, jour 3 : Un bois décimé, un formidable roi des Belges, des tueurs encore, et un film d'une étrange ambiguïté

dimanche 4 novembre, jour 2 : Remembering Utoya 22/07/2011

DSC04154La place des héros est désormais libérée du stationnement des voitures et de leur circulation. C'est magnifique.

Quatre films à notre programme du jour. J'étais sûre de mon coup pour deux d'entre eux, qui faisaient partie des Découvertes Européennes ou des Visions de l'Est, j'avais pris parce qu'on m'en avait dit tant de bien, une avant-première de film français, mais c'était une erreur, je sais que 8 fois sur 10, je ne suis pas le bon public pour ces films-là. 

Enfin après beaucoup d'hésitations j'avais opté pour une fin de journée sur Utoya, 22 juillet. Et ce fut malgré le mal de mer (caméra qui suit quelqu'un qui fuit, forcément ça secoue), une révélation et un moment de katarsis. Par crainte de toutes sortes de choses liées à mon histoire personnelle, j'avais préparé la séance en me documentant sur le sujet. Ceci m'aura surtout permis d'admirer le travail de reconstitution respectueuse. C'est un film pour aider les survivants (directs et proches des victimes), c'est un film pour peut-être aider à mieux réagir en cas de nécessité, c'est un film militant qui montre puisque besoin est (1) à quelle point l'idéologie de la haine conduit à une pure barbarie.
Ce soir Erik Poppe est mon héros.

 

(1) L'extrême droite est déjà revenue au pouvoir dans plusieurs pays 

*                           *                            * 

Secret Ingrédient 
Gjorce, Macédoine - 2017 (1h44)

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cannabis movie
CMM 1/5
Strobo 0/5 

Un jeune homme qui, comme ses collègues, ne perçoit plus sa paie de mécanicien sur les trains depuis 4 mois, ne parvient plus à payer les médicaments de son père atteint de cancer. Une recherche qu'on lui demande d'effectuer au travail avec ses collègues le met en possession d'un paquet de drogues diverses parmi lesquelles du canabis. Il en prélève une partie pour confectionner un space cake à son père, qui se sent rapidement mieux ...

Ce film dans la droite ligne de Dough que nous avions tant aimé il y a trois ans, présente l'originalité d'être remarquablement anti-fakemed, et de faire jouer un rôle actif ... aux personnes victimes de guérisseurs. 
On voit la Macédoine en pays délabré, mais non sans beautés. 

Les prises de vue dans les entrepôts où les trains sont entretenus sont poignantes, belles à couper le souffle. Surtout les scènes de convocations collectives. D'une lumière inoubliable.

Le film est bon dans tous les domaines : l'interprétation, le rythme, les passages thriller (belles course-poursuites, et raclées convainquantes), les moments de comédie, dialogues ou situations sont très réussie, la relation père-fils que ne facilite ni un deuil ancien mais comme encore récent ni le marasme économique d'un pays, est magnifiquement bien traitée ; ainsi que l'amitié. Il y a aussi un peu de place pour l'amour, mais rien de faux, ni de miraculeux.  

Bref, réussi.

*                           *                            * 

Deux fils 
Félix Moati, France  - 2018 (1h30)

5019174.jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxxpas trouvé de bande annonce
film français 
CMM 0/5
Strobo 0/5

L'histoire d'un père et ses deux fils qui tentent de s'en sortir (pas financièrement, de ce côté-là tout va fort bien pour eux) alors que leur mère n'est plus là et que le frère de leur père vient de mourir. Leurs amours, leurs états d'âme et leurs emmerdes pro.
Paris comme on la voit au cinéma.
Il se confirme qu'à l'exception du travail de certains réalisateurs précis (Rohmer, Desplechin) je ne suis pas un bon public pour les films français bavards d'états d'âme et encore moins en milieu bourgeois à Paris. Cela dit il y a un savoir faire, une qualité de travail, de très bons acteurs et parfois même des dialogues qui ont du rebond. Peut-être que si j'habitais à l'autre bout de la planète je serais sous le charme de ce que je prendrai pour un french way of life et de Paris.

Mais bon voilà pour aujourd'hui pour moi, c'était raté, et même si je retiendrai certaines scènes - dont une avec un éditeur - je me suis globalement ennuyée.

 

*                           *                            * 

L'interprète  
Martin Sulik, Slovaquie, République Tchèque, Autriche  - 2018 (1h53)

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road movie avec recherche personnelle dans le passé (familial)

CMM 0/5 
strobo 0/5

Un vieil homme se retrouve engagé comme interprète par le fils d'un ancien nazy pour le voyage sur les lieux où son père vécu pendant la guerre ... et tua ou fit tuer entre autre les parents de l'interprète.

Très très beau film sur l'amitié, le pardon, le devoir de mémoire, servi par des interprétations magnifiques. Un régal, qui fait réfléchir. Certaines scènes dignes de rester en mémoire. Du voyage, aussi.

Seul défaut : we've got a sense of dejà-vu entre autre pour un film vu l'année passée à thématique très proche mais qui se déroulait en Ukraine.

Il est à signaler que les deux acteurs des rôles principaux sont fort connus en leur pays, où l'un est réalisateur. Mais comme ils ne sont pas connus jusqu'en France, nous pouvons nous accorder ce luxe de les voir comme de parfaits inconnus choisis pour leur ressemblance avec les protagonistes et non pas pour des célébrités sélectionnées pour leur bankabilité.

*                           *                            * 

 

Utoya, 22 juli  
Erik Pope, Norvège  - 2018 (1h33)

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CMM 4/5 (je me demande comment j'ai tenu, la caméra suit la jeune fille qui fuit, et ça bouge aussi dans tous les sens en balayage pour les scènes statiques de discussion au sein d'un groupe)
strobo 0/5 

J'hésitais à aller voir ce film, énorme méfiance d'une fiction basée sur un drame, une horreur collective. En fait non seulement il ne faut pas hésiter à aller le voir mais c'est bien de le faire.

On est avec les victimes, pendant la durée temps réel du massacre, en situation si l'on omet ce qu'on sait, d'avoir aussi peu d'infos qu'elles en avaient. 
C'est extrêmement respectueux, totalement bien documenté (1). Ça n'est pas hollywoodien, chacun pète de trouille, certain-e-s surmontent, d'autres plus ou moins bien par moments, s'entraident puis craquent ou non. On voit à quoi tient la survie ou pas. Les récits de celles et ceux qui ont survécu ont été pris en compte dans ce qui survient aux personnages fictifs créés.
Il serait à diffuser dans les établissements d'enseignement par nécessité pédagogique, comme une préparation à d'éventuels attentats par fusillade.

Dans cette interview au Festival de Berlin, le réalisateur Erik Poppe explique pourquoi il a choisi d'insérer des personnages de fiction : aucun parent ne devait reconnaître son enfant. Il décrit son travail avec les survivants. On comprend mieux pourquoi le résultat est à ce point respectueux, sans glorification, ni les faire paraître pour moins courageux qu'ils ne le furent. La durée du film à partir du moment des premiers coups de feux correspond à la durée de leur cauchemar vécu.

Les interprétations sont extra-ordinaires, et encore plus si l'on a vu des témoignages. Il est à noter que le moment de l'avant, quand les jeunes discutent de l'attentat d'Oslo en se croyant bien plus à l'abri que là-bas, sont d'une justesse stupéfiante. 

Ça me gêne d'employer ce qualificatif pour un film de fiction sur un drame encore récent, mais il faut se rendre à l'évidence : il s'agit d'un chef d'œuvre. On dirait presque qu'il est destiné aux survivants et à leur famille, aux familles aussi de celles et ceux qui ont péri, afin de les aider à s'en remettre. 

(1) J'ai vu et lu un certain nombre de documents pour me préparer à encaisser le choc de ce film. 

 

*                           *                            * 

La photo du jour, prise au Village 

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Pour le bon souvenir, le midi un déjeuner succulent chez Amarine, le restaurant de poissons. Notre programme est si chargé qu'il devrait y avoir assez peu de restaurants, cette année.

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Pour l'anecdote : j'ai appris par un mail aujourd'hui que des amis du ciné-club étaient au festival eux aussi. Curieusement et alors que je nous sais des goûts communs, nous ne nous  sommes pour l'instant pas croisés une seule fois. 
 

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