Je sais au moins que tu vas bien
25/12/2006
CETTE NOTE EST PLACEE ICI PROVISOIREMENT EN ATTENDANT QUE U-BLOG OU JE TIENS UNE PETITE ANNEXE FONCTIONNE A NOUVEAU.
Grâce à mon mari ou bien à cause de lui, je t’ai entendue ce matin. Combien de mois avais-je vécu sans entendre le son de ta voix, ton humour quand tu parles, cette façon que tu as ?
Je sais au moins que tu vas bien ; même si l’émission n’était pas en direct, elle était toute récente. Le sujet était sans grand intérêt mais tu t’étais documentée. La plupart de tes interventions comportaient un complément d’information. Ça relevait le niveau.
De t’écouter m’a rassurée. Si tu allais vraiment mal tu ne serais pas là, en public si l’on peut dire, à distiller quelques traits d’esprit et plaisanter de sujets d’actualité futile.
Je n’aurais pas su le faire dans une période si sombre. Ou du moins pas su faire sans glisser au moins une allusion aux familles expulsées, par exemple, ou à cet homme d’Italie qui n’a dû son salut qui pour lui était la mort à la force d’âme de son médecin, lequel au lieu d’être félicité ramassera des ennuis à la pelle, comme les feuilles mortes.
Peut-être l’as-tu fait, après tout, le début m’a manqué et ça te ressemblerait.
Me voilà donc rassurée, mais malheureuse à pierre fendre. Ce n’est pas que t’entendre ait remué le couteau dans la plaie, mais que ce sentiment si profond de l’absurdité d’une séparation unilatérale sans réelle explication m’a sauté à la gorge, noué les tripes, donné la nausée (et comment je vais faire pour ce foutu repas de fête inévitable ce midi ?).
A nouveau j’ai passé en revue, je n’ai pas su faire autrement, tout ce qu’éventuellement j’aurais pu me reprocher. A nouveau je ne recueille que ce cri du cœur maladroit que j’avais eu en te voyant fumer après une semblait-il victorieuse interruption, et ma faiblesse face aux difficultés qui sur moi s’étaient abattues, l’amour en berne, le gagne-pain pénible, et surtout l’enfant malade et la peur que j’avais.
Est-ce que ça peut suffire pour éteindre une affection qui avait toutes les apparences d’une entière réciprocité (1), le travail partagé, les heures d’inquiétudes et celles de délivrance, la tendresse (elle y était) ?
A nouveau je tombe dans un abîme de perplexité, la certitude d’en mourir si je ne trouve pas une seule raison, un vrai pourquoi. Cette enquête que ton mutisme me force à mener pour savoir ce qui s’est passé, ce qui a bien pu changer, pourquoi alors que nous avions si bien bossé et participé d’un collectif finalement victorieux, tu as ainsi sans mots dire (2) souhaité m’effacer.
Il fait si froid l’hiver en pays tempéré.
(1) en rangeant dans la maison car c’était nécessaire, en restaurant ou sauvegardant des données car ma machine se mourait, j’ai retrouvé des mots, des traces, des messages. Non, je n’ai pas rêvé. A force de solitude j’avais presque douté. Tu étais là et bien là. Et moi aussi pour toi. Alors quoi ?
(2) ou presque et encore, c’est parce que je suis venue les chercher.
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