Apprendre incidemment ce que l'on faisait un jour qu'il y a 12 ans (et demi)

 

    Tout a commencé par un curieux courrier de la banque de la poste qui m'annonçait que fautes de mouvements, un compte que je détenais chez eux allait être fermé.

Je me souvenais de mon premier compte courant, lequel était bien chez eux mais avait été me semblait-il déjà fermé par manque de mouvements, et il me semblait que c'était lié au vol de mon sac en 2017, lequel contenait mon ordinateur. J'avais immédiatement fait opposition sur toutes les cartes que je détenais (dont une carte de retrait simple et gratuite qu'ils proposaient alors) ; mais n'étais pas parvenue (et avais eu d'autres laits sur le feu), dont le vidage et la vente de la maison parentale, à recouvrer proprement mes identifiants, du moins me semblait-il et ensuite j'avais eu ce courrier qui m'avait semblé définitif : Faute de mouvement, nous avons clôturé. J'y avais peu d'argent, c'était devenu un compte de secours, tant pis.

Comme suite au nouveau courrier je me suis dit que cette fois-ci je n'allais pas laisser passer une nouvelle chance, et par la grâce des liquidations de jours de RTT en fin d'année, ai décidé d'effectuer les démarches. 
Pour quelqu'un qui voisine la phobie administrative (1), c'était un bel effort. 
J'ai dû téléphoner deux fois, avec une longue attente, être renvoyée vers la poste de ma ville, devoir jongler sur les horaires afin de pouvoir y aller, me faire rembarrer une première fois parce que leur système informatique ne répondait pas et qu'on ne pouvait donc même pas prendre un rendez-vous avec un conseiller, et qu'il fallait un conseiller pour réactiver un compte, me faire rembarrer une seconde fois parce que non réactiver un compte ce n'est pas sur rendez-vous mais ici les conseillers ne sont-là que le mercredi et le vendredi matin (2) ; et enfin reteléphoner mais avec moins d'attente expliquer que je venais de la poste et qu'on me proposait finalement seulement de passer à nouveau à des jours où je travaillais, et s'il vous plaît pourriez-vous m'aider. Cette fois-ci j'étais tombée sur la bonne personne qui a fait le nécessaire pour me faire parvenir des courriers papier avec un jour un mot de passe provisoire, et quelques jours plus tard le fameux identifiant qui, depuis le début, manquait (3).

Ce soir, j'ai enfin pu réactiver mon accès et je ne ferai certes pas fortune avec le reliquat retrouvé mais pourrai éviter une fin de mois compte (légèrement) débiteur si l'un de nos salaires tardait à être payé, le petit quelque chose qui manque parfois et fait qu'on paie des agios pour peu. C'est déjà ça.

Et au passage, j'ai pu lire cette précision : dernière connexion le 08.05.2012 à 17:06
Je sais donc soudain exactement ce que je faisais un beau jour de printemps en fin d'après-midi d'il y a 12 ans et demi, deux jours après l'élection de François Hollande en tant que président de la République, ce qui n'avait sans doute rien à voir, pas plus que le fait que ma nouvelle connexion ait eu lieu au lendemain de la mort d'un ancien président des États-Unis.
Comme je venais de me mettre à la course à pied, qui sait si je ne m'étais pas connectée afin de voir si mon compte de secours allait me permettre de m'offrir une paire de chaussures adaptées ? La question restera : à part cet horodatage rien ne reste visible de mon historique de mouvements.

L'an 2012 m'a laissé de bons souvenirs à plus d'un titre, j'aimais mon travail à la librairie Livre Sterling, j'écrivais, ça avançait, les ami/e/s m'avaient soutenue en m'offrant un ordinateur, je commençais à découvrir qu'une pratique soutenue du sport jointe à un métier physique mais à temps partiel tenait la fatigue en respect, en octobre 2012 nous avions pu faire venir Joël Dicker à la librairie juste à la veille de son immense succès (4), il y avait eu d'autres très belles soirées, bref, une bonne année. 
Dès 2013, les choses reprenaient leur cours ordinaire : des obstacles, des difficultés, la perte, qui se révéla longtemps plus tard définitive, de quelqu'un qui comptait, l'écriture gênée par la recherche d'emploi, les ennuis de santé des uns et des autres proches ... 
Ce soir, fatiguée, je me plais à rêver d'un sortilège heureux qui ferait que ma reconnection coïncide avec la reprise d'une période moins âpre et munie d'une part de bon, d'un peu de légèreté et de devoir moins batailler. La parenthèse magique des J.O. m'avait donné un avant-goût de belle vie normale (5) et j'ai très envie de retrouver cette énergie-là.

 

(1) Mais j'ai toujours fait ce qu'il fallait faire, et généralement à temps. Simplement ça me demande une énergie disproportionnée par rapport à ce qui est à effectuer. Et ça ne marche jamais du premier coup.  
(2) Je n'ai plus le souvenir précis des jours et des horaires mais c'était deux demi-journées dans les jours travaillés à des horaires qui sont ceux auxquels je suis moi-même au travail, et ce deuxième passage avait lieu lors de mon dernier jour de RTT accordé donc c'était plié.
(3) Car mon compte était si ancien que l'identifiant mentionné sur le courrier initialement reçu ... n'était pas conforme. Un peu comme si un document actuel mentionnerait encore un numéro de téléphone à 7  chiffres.
(4) C'est si typique de ma vie que j'en ris encore : voir venir les mouvements mais n'en tirer aucun bénéfice financier. Quelques jours plus tard, premiers prix le concernant, et envol des ventes. Notre soirée avait été sympathique et plutôt satisfaisante, mais rien qui renflouait les caisses. Et, pour raisons économiques, j'ai perdu ce travail que j'aimais l'été qui a suivi.
(5) J'ai principalement et beaucoup travaillé, avec un fort sentiment d'utilité et pour des gens formidables. Ça m'a rendu heureuse, y compris quand il s'agissait de trier des chaussettes orphelines ou balayer la cour.


Jour férié, jour pour récupérer

 

    Travailler passé 60 ans, c'est dans mon cas, presque privilégié (1), rester dans un environnement stimulant mais le payer cher en terme de ne pas avoir de temps résiduel, fors à le consacrer intégralement ou presque à me maintenir dans la meilleure santé possible : et donc mes jours de congés sont de sport et récupération (et je ne parle pas de l'état terrible de l'appartement, des piles de livres et de leurs effondrements).

L'avantage d'être de vieux orphelins, s'il y en a un, c'est que sont finis les Noël parentaux pas simples. L'avantage d'avoir des enfants adultes et pas de petits-enfants c'est qu'on ne se sent pas tenus de faire une grande fête, et donc aujourd'hui c'était délicieusement quartier libre et récupération.

J'ai donc tenu ma séance aux allures, le matin et très volontairement dormi ou somnolé le reste de la journée. Et, en dehors d'un petit déjeuner d'un classicisme époustouflant (café, lait, croissant et jus de fruit), nous avons fait un seul repas, vers 15:00, parce que nous n'avons eu faim ni avant ni après. C'est également un grand privilège de n'être ni en manque ni en excès. 

Au cours de mon après-midi de repos, j'ai un peu lu, un peu regardé des informations, profité pour aller chercher des données sur divers sujets (que des choses pas commerciales, aurait dit le chanteur (quoi que (2))) et donc glané. Comme je sais que dès demain, boulot salarié oblige et manque de place active disponible dans mon cerveau, j'aurai oublié, et parce qu'aussi ça pourrait intéresser d'autres personnes, j'en partage quelques-un : 

Séparer l'horreur de l'artiste chez "Un invincible été"
Avec l'IA les poètes mettent leurs textes en musique  sur ActuaLitté

Écrire dans le flux chez mon amie Anne Savelli

La force de Gisèle Pelicot , article sur France Info

RIP X chez Yann Orpheus (J'ai l'intention d'en faire autant, mais je n'en suis qu'à la phase de me désabonner de celles et ceux qui sont désormais ailleurs et m'abonner chez eux ailleurs si ce n'est déjà fait)

divers articles, dont celui-ci,  sur le terrible suicide d'un conducteur de train qui a conduit à des perturbations lourdes dans le trafic SNCF sur certaines lignes. Il devait vraiment être au bout du rouleau pour en arriver là. Au fil des heures on a vu d'abord les mécontentements exploser sur les réseaux sociaux, de la part des personnes facilement furieuses d'un réveillon raté (en fait pas mal devaient être bien contentes d'échapper à une corvée familiale, mais ne l'avoueront jamais), puis quelques voix qui se lèvent pour dire, Euh calmez-vous ils ont dit que c'était suite à un "incident de personne" et tout le monde sait que ça veut dire un suicide, puis des messages un peu plus officiels indiquant qu'il s'agirait peut-être du suicide d'un conducteur puis les précisions et la communication de la SNCF qui détaille le processus qui a fait qu'à part celui qui ne voulait plus vivre, il n'y a eu aucune victime. J'ai appris au passage qu'un TGV lancé pleine balle met environ 2 km pour, en freinage d'urgence, passer à l'arrêt. 

Et puis le cadeau de Noël, que je n'ai vu qu'aujourd'hui, une video, datant de novembre, de Sade, Young Lion en soutien à son fils YzaacTheo

 

(1) Un job utile aux autres, un employeur respectueux, et une brochette de collègues fréquentables. En plus dans une entreprise qui recrute ce qui est un luxe inouï que de toute ma vie professionnelle antérieure je n'avais jamais connu autrement que sous la forme : on me recrutait moi car quelqu'un n'était plus là et qu'il y avait du boulot pour trois. 

(2) Je suis tombée de liens en liens sur des baskets d'ultra-riches qui m'ont bien plu.
Leur prix est à ce point stratosphérique par rapport à mon salaire, lequel est clairement inférieur au salaire net moyen et est 4 tranches en dessous du salaire net médian , que je ne suis pas même tentée et tant mieux car j'ai déjà tout ce qu'il me faut en terme de chaussures. 


Résumé lapidaire

 

La femme de l'ancien président, très âgée, est encore en vie, mais la cuisinière célèbre de la télévision ne l'est plus.


Il se trouve que j'ai presque quarante ans d'écart avec ma plus jeune collègue et, quand le travail nous en laisse le temps, nos échanges sont fructueux et pour moi, stimulants. 
En l'occurrence, concernant les deux personnes précitées, il n'y a pas eu besoin d'expliquer quoi que ce soit, ni de raconter, elles étaient connues. Parfois des personnes sont connues ou inconnues des personnes d'une classe d'âge ou d'une autre, et ça n'est vraiment pas ce à quoi l'on s'attend (1). Le fait d'en parler avec des collègues ce qui enlève le biais familial (on peut être d'une famille passionnée de tel ou tel art, sport ou artistes) et l'effet "cercle" des relations amicales, est particulièrement intéressant. 

(1) Dans un sens ou dans l'autre. Il m'est arrivé récemment d'expliquer à l'un de mes collègues trentenaires qui était Inoxtag.  


Il a neigé


    Il a neigé aujourd'hui sur une grande partie de la France mais notamment en Normandie et à Paris.
À Paris ça n'a pas tenu.
J'étais en télétravail, journée intense (1) et n'en ai pratiquement rien vu. Juste pris une photo de ma fenêtre de cuisine à l'heure de ma pause déjeuner. 
Quand je suis sortie pour me rendre à l'Attrape-Cœurs à la rencontre avec Élisabeth Barillé et Blanche Leridon, il ne restait déjà plus que des traces de neige.

Tombée sur ceci sur les réseaux et ça m'a beaucoup plu : 

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Tombée aussi sur le site d'Adam Mastroianni et je me dis que j'irais y lire un jour (à mes heures perdues, persisté-je à penser alors que je sais pertinemment que je n'en ai guère). 

Il paraît qu'il fera 17°c dimanche, et j'ai du mal à le croire.
Mon amie Sacrip'Anne a écrit ces phrases merveilleuses : 
"J'y ai constaté que j'étais à nouveau capable de sentir des nuances dans la fatigue. Yeah. Ca va mieux."
Elle a en somme résumé l'histoire de ma vie. Du moins dans les phases où tout va mieux.

Mais bon en attendant qu'il fasse 17°c et que je reprenne du poil de la bête, le froid d'aujourd'hui même à l'abri et même en ne souffrant plus du froid comme je le faisais autrefois, m'a vidée les batteries.
Et il me reste deux jours à tenir pour boucler cette semaine de travail salarié.
Alors au lit.

PS : Comme le chantait Stephan Eicher Les nouvelles du monde sont mauvaises d'où qu'elles viennent. C'est particulièrement le cas aujourd'hui. Je n'ai pas le courage d'en parler ici. D'autant plus que je n'ai pas un point de vue plus éclairé que quiconque. Simplement j'ai atteint le point où je suis soulagée de n'avoir pas de petits-enfants et peu d'espoir d'en avoir un jour, au lieu que de m'en sentir plutôt triste. Mode Advienne que pourra on.

(1) Au cours de laquelle j'ai dépoté un "ticket" pas si simple, et ça n'est pas fréquent, mais je n'étais pas mécontente de mon boulot. Parfois mon cerveau se souvient que je fus ingénieure, que diable !


Mes rêves de riches

Ça n'est pas tant de ne pas avoir l'argent que de ne pas gréver gravement le budget familial pour quelque chose qui n'est pas indispensable (et je crois bien que même si soudain je bénéficiais d'une forte somme je ne saurais pas sortir de cette façon de penser, tellement elle est ancrée).

  • un violon de qualité pour ma fille (en remplacement de celui qui fut jadis volé)
  • un thérémin (parce que bon, les ondes martenot c'est carrément inabordable)
  • des montres de luxe vintage (en particulier des chronographes comme les Universal Genève)

J'ignore pourquoi de tous les trucs de luxe qui profondément m'indiffèrent seules les montres échappent à ce rejet. Peut-être parce qu'elles sont également un outil. Peut-être aussi parce que je suis d'une génération pour laquelle les montres, la première montre offerte, marquait un pas important dans le chemin vers l'âge adulte, au moins le sortir de la petite enfance où l'on subit totalement l'organisation par les autres de notre propre vie.

Sinon, je rêve d'équipements sportifs, un super home trainer connecté, un tapis de course à pied pour les jours de météo infernale, une mini sale de gym à domicile. Mais où trouver la place, anyway ?
Au fond mes rêves de riches sont une fois de plus pour disposer de meilleurs outils (ou : de conditions plus favorables).

Et mon vrai rêve reste : de disposer de mon temps pour pouvoir travailler à ce qui m'intéresse, et peut être utile à la vie de ma petite famille et de quelques autres ; pouvoir également me reposer quand mon corps le réclame, car je n'en peux plus de perpétuellement forcer sur la fatigue.


Une phrase de 119 ans


    Il y a longtemps, lors des obsèques au Père Lachaise d'un de mes vieux professeur, quelqu'un avait lu un passage d'un texte formidable, repris en plus court et plus récemment par un amie de ma vieille amie Claude, morte en ce printemps, et je voulais tenter de la retrouver, alors j'achète un vieux livre où il se pourrait qu'elle figure.

Comme je l'avais en main en attendant le passage au vert d'un feu piéton, je l'ouvre et lis la première phrase qui me tombe sous les yeux.

 

Péguy

Le triomphe des démagogies est passager. Mais les ruines sont éternelles.

Il a écrit ceci en décembre 1905.
La parfaite adéquation avec l'ambiance mondiale du moment (de maintenant) est sidérante et admirable.


C'est aujourd'hui la fin de la malédiction de la piste cyclable maudite de la Porte de Clichy. Au début je me suis gaussée, elle était toute joliment repeinturlurée, ce qui m'a bien fait rire : ça n'allait en rien dissuader les cars et les camions de transports de marchandises vers des contrées lointaines qui se tiennent là tout le temps. 
Mais lorsque je suis rentrée du travail, une longue file de solide potelets la délimitait. 
Cette sécurisation va m'aider pour mes retours Vélotaf, pour cette dernière portion de trajet dangereuse, que la fatigue aidant j'appréhendais toujours.

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Et enfin une pinte de rire : un article du Parisien faisait état de l'arrestation d'un (ancien ?) majordome de Matignon est en garde à vue car "L’équipage de brigade anticriminalité qui l’a contrôlé a découvert dans le coffre de son scooter 28 bonbonnes de cocaïne, soit l’équivalent de 51 g."
J'avais déjà lu l'expression bonbonnes de cocaïne, le plus souvent pour décrire le contenu de coffre de voitures de trafiquants arrêtés, et dans mon incommensurable naïveté imaginais des sortes de dames-jeannes avec leur garniture en osier mais qui auraient contenu des stupéfiants à la place du vin.
D'après la conversation sur Mastodon qui m'a permis de piger, je ne suis pas la seule. 


"Born to run" : Team Ingebrigtsen, une suite


    J'hésitais à en parler car elle est pour l'instant diffusée en exclusivité sur une plateforme issue du géant tueur de librairies, et que j'ai honte sur ce coup-là de m'être laissée allée à prendre l'abonnement qu'il fallait, mais la série "Born to run" qui en 6 épisode relate la préparation olympique et les J.O de Paris 2024 pour les trois des frères Ingbrigtsen qui pratiquent en professionnels la course à pied, est marquante, y compris je pense pour qui ne s'intéresse pas spécialement au sport de haut niveau.

Le point de vue est différent de celui des saisons de Team Ingebrigtsen qui avaient précédé : c'est celui des familles autant que des athlètes. De la vie qui va (ou pas) tout autour.
Les femmes ont leur mot à dire. Les garçons tentent tant bien que mal d'être des pères attentifs. Ils reconnaissent la part de boulot dans la gestion familiale qu'ils ne font pas. L'aîné est capable d'interrompre une importante session d'entraînement en altitude pour rejoindre sa petite famille auprès de laquelle sa présence était requise.
La série n'est pas hagiographique, ils foirent des trucs, ils ont de la mauvaise humeur parfois, ils se font enguirlander par leur femme quand ils agissent lourdement, tout champions qu'ils sont. 
Il y avait de plus un lourd conflit avec leur père qui fut aussi leur entraîneur, et a désormais des démêlés avec la justice pour violences familiales, et la série n'élude pas la question tout en restant d'une exemplaire discrétion. Le procès, je crois, n'a pas encore eu lieu.
Écouter Jakob Ingebrigtsen évoquer les enjeux de santé mentale après sa finale olympique de 1500 m ratée, et combien il a alors vacillé est extrêmement instructif - ce garçon étant la confiance en soi incarnée -.

Il y a beaucoup à comprendre de notre époque qui bouge, et de la vie, en les regardant tenter de toucher les sommets, s'y maintenir / revenir / y rester.
Le montage est excellent. 


Mort d'un cycliste


    Depuis le temps que j'observe quotidiennement des mises en danger et des altercations entre cyclistes et motorisés (les scooters aussi savent être agressifs), je me disais que ça finirait un jour par être fatal. 
C'est arrivé.

Cycliste mort écrasé à Paris : les associations dénoncent l'impunité face aux mises en danger volontaires 

Un article dans Le Monde

dans lequel un interviewé dit ceci : "En dépit d’un discours facile qui consiste à considérer la ville comme une jungle, la grande majorité des automobilistes font depuis quelques années bien plus attention aux cyclistes." que je peux confirmer (vélotaf depuis 2007). Seulement les hostiles, sont eux carrément devenus violents, à mesure qu'ils étaient entourés par davantage de cycles. Et ils sont passés d'un comportement de type "J'ignore ton existence" (et ce faisant te met en danger) à des comportements de type "Cycliste dégommé ten points" comme si plus ils en mettaient à terre plus ils gagnaient.

Je voulais aller au rassemblement ce soir à Madeleine, en mémoire à Paul Varry, mais suis sortie trop tard du travail et n'ai trouvé un Vélib que difficilement (1).
Une pensée aussi pour l'adolescente de 17 ans qui était dans la voiture, passagère de son père. Et pour les témoins de la scène qui ne pourront jamais l'oublier.

(1) Il y avait peut-être un lien de cause à effet. Si beaucoup ont pris un Vélib à partir de Montrouge pour y aller.


Documentaire "Mères à perpétuité" de Sofia Fisher

    Si vous vous sentez assez solides en ce moment, foncez voir (disponible sur YouTube jusqu'en décembre, et sans doute sur le site d'Arte) :

Mères à perpétuité

documentaire de Sofia Fisher, au sujet des femmes qui commettent des infanticides. Il est passionnant et permet de comprendre comment, poussées à bout et si l'on a un point ou un autre de fragilité, on peut en venir à tuer pour protéger du danger. À tuer pour ne pas qu'un autre, violent et agressif, fasse pire.
Voici ce qu'en écrit Catherine Pacary dans Le Monde.

J'aime quand une œuvre, un travail, qu'il soit film, pièce de théâtre, livre, musique permet de comprendre ou d'approcher à la compréhension, de ce que l'on ne comprend pas.
Il se trouve que je suis née avec au fond de moi une force et une stabilité, qui n'a vacillé qu'en deux fois, face à des actes de revirement de personnes que j'aimais. Et jamais je n'aurais pas de mal à autrui au cœur même du vacillement, lorsque ce qu'on subit dépasse l'entendement. Je n'y ai aucun mérite, je crois que je le tiens des lignées de femmes fortes qui m'ont précédées, Ernestine et Berthe d'un côté et aussi côté italien une arrière-grand-mère ou arrière-grand-tante qui avait tenté de se soigner elle-même d'une maladie dangereuse, m'a-t-on rapporté. Ma grand-mère paternelle, était, j'ai l'impression, pas mal non plus, dans le genre qui ne se laisse pas abattre et qui quoi qu'il advienne, cuit pour tout le monde des spaghetti - l'équivalent italien du comforting tea britanique -.
Alors je comprends mal certaines pertes de repères de mes contemporaines (1).
Ce documentaire m'a éclairée.

Je me sens très reconnaissante envers les personnes, qui sont parfois les proches des personnes concernées, et qui ont accepté de témoigner.
Et je me dois de réfléchir aux missives envoyées par des femmes à des juges, en prévision d'un procès pour infanticide (il se trouve que c'était en Belgique). J'ignorais que l'on puisse faire ça, tenter d'apporter sa pierre à l'édifice, de s'adresser en direct aux autorités. Il y a peut-être un enseignement à en tirer.

 

(1) Les contemporains, je n'en parle même pas, je suis d'une génération grandie dans l'idée que la violence des hommes leur était constitutive et qu'il fallait apprendre à faire avec et s'en défendre lorsque nous devenions son objet. Que les guerres sont l'état normal, et l'exception la paix. Donc il n'y avait les concernant rien à comprendre, c'était comme ça.
Je suis heureuse de voir les nouvelles générations femmes et hommes intelligents, et aussi personnes non binaires, s'atteler à tenter de faire changer les choses, même si je crains qu'elles ne parviennent à avoir gain de cause qu'au moment où la planète sera épuisée et nous engloutira dans l'effondrement des ressources et du climat que l'humanité dans son ensemble aura provoqués. Resteront des bribes tribales de survivants et ça sera un retour à la case départ, la loi du plus fort, la violence pour l'appropriation du peu d'aliments et d'eau potable disponibles, car la survie des paisibles et des doux n'est concevable que dans un monde équilibré. Je vois l'avenir comme dans Enig Marcheur , quelque catastrophe nucléaire permettant éventuellement comme c'est le cas dans le roman, de devancer d'appel.

nb : note pour quand j'aurais du temps personnel (Mouarf se marre mon cerveau pensant), les interventions de Mathieu Lacambre étaient fort éclairantes. Aller lire ou écouter de plus près son travail, ce qui en est disponible auprès du grand public, pourrait être une bonne idée.


La mémoire perdue des vêtements (note pour quand j'aurai le temps)

 

    Comme suite à cet échange sur Bluesky (merci Faïza et Daisy Moon), il me vient l'impulsion d'écrire sur la mémoire perdue des vêtements, moi qui depuis le premier confinement et presque trois mois de vivre en Normandie dans ma petite maison, ne me souviens plus comme avant d'où viennent mes vêtements et nous (Le Joueur de Pétanque et moi) qui ne savons parfois plus à qui est tel ou tel habit, étant donné que nous en avons récupéré à l'arrache de la maison vidée de mes parents, et de ce qu'ont laissé nos enfants en allant vivre ailleurs. 
Ça a des côtés rigolo. 

- C'est à toi ?
- Non, c'était pas à toi ?
- Ah non

(message au fiston)

- C'était à toi, ce vêtement ?
- Non 

(e cosi via)

Mais bon, là j'ai trop pas le temps.