Personne d'autre et nulle part ailleurs

 

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Il y a des moments où l'on se sent à sa place au monde, comme une pièce de puzzle placée au bon endroit du tableau général, où l'on n'a envie d'être personne d'autre (1) et nulle part ailleurs. 

J'y ai eu droit ce soir, d'abord par une belle soirée, vraiment, puis par la traversée de Paris de part en part en vélo. Nuit d'été, peu de circulation et la ville belle comme elle l'est. Plus une bonne forme physique, que je savoure à fond et l'énergie fournie par la soirée instructive et heureuse.

Je voudrais témoigner qu'à un moment du début du XXIème siècle Paris était quand même un lieu formidable, d'une beauté encore intacte, voire mieux restaurée qu'elle ne le fut jamais et qu'on prouvait légitimement éprouver un sentiment de fierté "d'en être" (ou tout près).

[photo : Montmorency photo prise du bas de la place du marché avec vue sur Paris]

 

 

 

(1) Il m'arrive d'avoir envie d'être la personne aimée par la personne qui m'a quittée. Mais au fond c'est parce que j'ai envie de retrouver ma place. Pour le reste je me sens déjà privilégiée d'être à notre époque dans la partie du globe qui est l'Europe.


Lointaine station


P4071650Pour la première fois depuis qu'il m'arrive de venir à la BNF à vélo, j'ai dû pour déposer mon vélib pousser jusqu'à une station qui commençait à être éloignée. 

(celle de la rue Leredde). 

Je suis passée à deux autres qui étaient archi pleines et l'appli dont mon nouveau téléphone est pourvue m'a indiquée que deux autres assez proches étaient elles aussi pleines. 

Quand on n'est pas trop pressé l'un des charmes du vélib est de nous faire découvrir de nouveaux lieux au sein de zones que l'on croyait connaître.


Un but atteint (très quotidien)


    Cela faisait donc un moment que je maugréais après l'absence de possibilité sur le petit téléphone au demeurant remarquable de solidité, de télécharger une appli qui me donnerait l'état des stocks des stations vélibs.

J'ai donc cédé très facilement aux sirènes de mon opérateur qui pour prix de mon réengagement pour deux ans (1), me fournissait un smartphone capable d'accéder à ce genre d'applications.

Tout s'est passé crème, comme dirait #lefiston et très vite j'ai pu faire les réglages nécessaires et disposer non seulement du nouvel appareil mais aussi de ce qui pourrait sembler être un gadget ; mais qui pour une pratiquante des vélos publics comme je le suis permets un formidable gain de temps et d'énergie. J'ai pu ainsi ce soir arrivée à hauteur de l'avant dernière station avant mon domicile apprendre à temps qu'il ne restait plus une seule place de disponible à celle qui lui correspondait et donc déposer sans plus tarder le vélo que j'avais en repartant de l'Attrape-cœurs emprunté. Sans perdre de temps. Sans errer dans la ville avec l'espoir de trouver enfin une place. Tout facile, tutto bene.

Le nouvel appareil me libère de tant de contraintes qu'il m'arrive de penser que les choses en 2013 se seraient sans doute déroulées autrement si j'en avais déjà disposé.

Trop tard, la messe est dite.

Restera ce regret d'avoir été trop peu fortunée à tous les sens du terme. Et de l'avoir cher payé.

Me reste à savourer d'être enfin bien équipée et à vaguement rêver que le nouvel outil me fournira des occasions de quitter enfin ce qui ressemble de plus en plus à une malédiction.

 

(1) Et d'1 € 


Et mon vélib, je le prends comment ?

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Certes ce matin il restait quelques places accessibles, mais il me semble hélas de plus en plus fréquent que les stations vélib soient considérées par certains comme des emplacements de parking confortables. Vous me direz : ça n'est pas marqué que c'est interdit. 

Il faudrait peut-être expliquer que si ça n'est pas spécifiquement interdit c'est parce qu'il n'est venu à l'idée d'aucun des concepteurs que certains pouvaient estimer que l'accès aux vélos ne concerne personne. Un peu comme pour les places réservées aux handicapés : je n'en vois aucun à l'horizon, je m'y mets. Ben oui mais non.

Bien sûr il peut s'agir d'une livraison, il suffirait d'attendre un peu. Parfois d'ailleurs il s'agit pour cette station qui jouxte la piscine, de cars qui transportent les enfants ; il est facile de faire signe au chauffeur qui décale alors un peu son véhicule. Ou de camions des pompiers qui viennent s'entraîner (1).

Mais il se trouve que la plupart des cas observés relevaient de véhicules garés et quittés, en tout cas personne à s'adresser pour demander de bouger d'un cran s'il vous plaît.  Il est alors très difficile de déposer ou emprunter un des vélos ainsi bloqué.

 

(1) Eux laissent toujours une marge suffisante pour que l'on puisse passer.

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[photos prises ce matin, à Clichy vers 7 h puis 8h30 (la voiture sur le troisième cliché est, comme les camions, immobile, garée, personne à son volant ; la silhouette qu'on entrevoit c'est quelqu'un qui s'est faufilé pour raccrocher un vélo)]


De la circulation à vélo dans Paris et ses surprenants dangers

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Comme je n'attendais que ça, de pouvoir circuler dans Paris à bicyclette, j'ai dû m'abonner aux vélibs dès 2007. Je les utilise une à deux fois par jours, sauf par très mauvais temps où lorsqu'il y a des tracas d'intendance ou des stations entièrement vides. 

Je suis vraiment très heureuse qu'ils existent, leur mise à disposition a changé (en fort bien) ma vie. 

Elle a aussi par deux fois failli changer ma mort. Ou plutôt le fait de circuler en deux-roues alors que certains automobilistes sont fous a failli par deux fois précipiter mon décès.

La première fois c'était avenue de Clichy dans le sens descendant, j'avais un peu d'élan et soudain un automobiliste devant moi, sans prévenir le moins du monde ni regarder que quelqu'un venait en face (une voiture dont le conducteur avait par bonheur des réflexes parfaits) et un vélo et d'autres véhicules derrière, avait entrepris un demi-tour que rien ne laissait prévoir. J'avais esquivé comme un torrero le taureau il s'en était fallu d'un ou deux cheveux.

La seconde fois, c'était ce matin, non loin de la station de RER Henri Martin alors que je pédalais paisiblement vers le Trocadéro, dans la piste cyclable bien délimitée qui se trouve en cette avenue. Un car de touriste progressait à vitesse normale dans sa voie, de l'autre côté de la bordure. Un grand 4x4 le suivait qui a soudain décidé que ça n'allait pas assez vite pour lui et l'a doublé en chevauchant la piste cyclable, mode le tout-terrain se moque des bordures, tralala. Le hic c'est qu'il se moquait aussi qu'un vélo y soit.

J'ai eu la double chance de rouler tranquillement et d'avoir hérité à la station Henri Martin d'un vélo en bon état. Le freinage fut donc suffisant et efficace. Ils étaient juste un peu, très peu, devant moi. 

Comme la première fois c'est après coup que j'ai eu les conséquences physiques, le cœur un peu rapide, les jambes un brin molles. Dans la journée plusieurs fois, je me suis sentie surprise d'être encore là.

Ce qui est significatif de quelque chose, mais j'ignore de quoi, c'est que les deux seuls accidents que j'ai failli avoir en sept ans correspondent à des comportements erratiques d'automobilistes qui se croient seuls au monde et vraiment tout permis. Comme tous les cyclistes citadins j'ai subi mon lot d'ouvertures de portières, feux grillés par les autos, priorités non respectées ... Mais comme il s'agissait de mauvaises conduites prévisibles, je m'y attendais et j'avais pu sinon voir venir du moins micro-anticiper. Je n'avais pas eu le temps d'avoir peur, simplement de me dire Mais ils ne pourraient pas faire attention ! et puis c'était passé.
Ces deux dangers violents sont d'un autre ordre. D'être confrontée sans carrosserie à des pilotes sans neurones (ou mal branchés).

Il faut croire que j'étais dans l'un de mes jours de survie.

Que ce billet ne dissuade par ceux et celles qui sont prêts à se mettre au vélo dans la ville de le faire. Pour dangereuses que ces deux expériences aient été, il n'en demeure pas moins qu'elles ne sont que deux sur de nombreuses heures de circulation réparties sur des années. Et que globalement dans Paris, depuis quelques temps les automobilistes dans leur relation aux cyclistes ont fait de nets progrès. Certain(e)s s'accordent même la classe d'être parfois courtois, de nous laisser des passages qui n'étaient pas requis afin de ne pas interrompre l'élan, d'attendre d'avoir la place pour nous dépasser au lieu de nous frôler. Les vélos ont leur place dans la ville désormais. Et je suis particulièrement contente de pouvoir ce soir en témoigner.

[photo : la piste cyclable sur laquelle je roulais]


Volé sans doute et recyclé


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Comme je rentrais fatiguée - pour une fois j'avais une bonne excuse, il se faisait tard - j'ai cru en voyant la selle et l'arrière du vélo par la rue par laquelle j'arrivais, qu'une nouvelle station vélib venait d'être créée. L'idée m'a effleurée d'en emprunter un pour finir de rentrer. Mais j'ai vite déchanté : il s'agissait d'un vélo isolé et qui s'il avait encore du vélib l'essentiel de sa structure du cadre à la selle en passant par le panier, il n'en restait pas tout, et tous les garde-fous avaient été virés de même que le guidon modifié.
Je savais qu'un jour on en verrait apparaître de ces vélos sans doute volés puis modifiés, mais je pensais que les trafiquants prendraient un minimum de peine à mieux maquiller leur forfait.

Si peu de souci pour ce qui tient pour partie du bien commun (1) m'a rendue un cran plus triste.

(J'avais pourtant passé une excellente soirée grâce à un remarquable conférencier  CIMG8166

et aux amis qui l'entouraient. Mais voilà, les retours seule sont toujours porteurs de peine et que ça fait à présent plus d'un an sans)

 

(1) Oui bon d'accord pas seulement, mais in fine ça rend service à beaucoup et pour des sommes modiques.

 

PS : Et à part ça grand merci à Erika qui m'a fait découvrir "Wonder" de R. J. Palacio ; un bonheur de livre sur le fait d'être différents et comment ça bouleverse les rapports aux autres et au sein même de la famille qui doit y faire face.


Pédaler si ça peut aider

J'ai toujours un peu des doutes face aux grandes organisations de solidarité, faites ceci et tel sponsor en votre nom versera cela. J'aimerais tout simplement que nos impôts soient bien gérés et aillent directement dans les bonnes cases. C'est utopique je le sais. Et comme je n'ai pas un rond à offrir, tentant désespérément de sortir du rouge, systématiquement plombée par de nouvelles dépenses médicales ou de réparations à chaque fois que j'espère pouvoir redresser la situation, finalement cette façon de donner de l'énergie physique c'est tout ce qui peut me rester. L'an passé j'avais participé à une semaine tout juste après avoir été foutue en l'air par un beau saligaud de l'oubli ; j'avais parcouru 10 tours, je crois que c'était la distance max conseillée afin de laisser chacun participer. C'était six jours après ce qui aurait dû être des retrouvailles après plusieurs mois sans se voir, croyais-je par manque d'argent (1). Cette année j'espère bien pouvoir participer mais le cœur moins plombé, peut-être aussi moins tracassée qu'aujourd'hui (2) et que l'an passé (3). Je note la date du 22 juin. Ça n'est pas gagné. Mais ça aide de se dire Coûte que coûte, j'en serai. Parce que la video agace par son côté publicitaire, mais ne ment pas de dire que c'était un bon moment, avec de la joie. La joie, j'y crois (malgré tout).

 

(1) Il y était mais seulement de mon côté, en fait. De ma part quelle naïveté !
(2) Veille d'un jour important, d'un point de vue familial
(3) J'étais par ailleurs en train de perdre mon travail et le savais, ça venait de m'être confirmé, même si la date tardait à être fixée. J'ai été quittée quand j'ai annoncé que je n'allais plus être libraire dans l'immédiat, ce qui me laissera toujours l'ombre d'un doute bien pourri.


Comment j'ai dégonflé un pneu de vélib exprès

Ce soir, à une encablure de la maison

nb. : pour les non-parisiens ce billet risque d'être ennuyeux. J'ose espérer que dans les autres villes équipées d'un système de location de vélos le système est plus fiable.

 

Depuis vendredi je ne peux plus emprunter de vélib malgré un abonnement annuel tout ce qu'il y a de plus fringant. Les stations de proche banlieue semblent en effet en ce moment avoir un problème de connexion au système informatique, ce qui les rend redoutables : vous croyez avoir bien raccroché la bicyclette, elle est solidement encliquée, il y a eu le bip et le voyant est vert. Sauf qu'en vérité non : soit l'ensemble de la station soit quelques points d'attaches dont évidement le vôtre ne sont plus en liaison avec le système qui gère les locations et du raccrochage physique rien n'a été enregistré.

C'est la deuxième fois en deux semaines que je suis confrontée à ce (tra)cas. La première s'était résolue rapidement : quand j'ai téléphoné après avoir constaté que je ne pouvais plus ré-emprunter de vélo, la personne au téléphone disposait via mon numéro d'abonnée du relevé de mes trajets, côté Big Brother déplaisant qui possède ces avantages. En effet dès lors et comme il s'agissait d'un trajet que j'effectue régulièrement elle m'a aussitôt traitée comme quelqu'un de crédible. Par ailleurs la station était identifiée comme ayant un problème. Elle a donc pu rapidement valider mon retour et j'ai pu à nouveau circuler.

Mais cette fois-ci l'incident s'éternise. Les deux premiers interlocuteurs que j'ai obtenus après une attente plus ou moins longue étaient plus préoccupés par un traitement rapide de l'appel - je suppose qu'ils ont des objectifs, dans le meilleur des cas des primes s'ils dépotent vite -, que par la résolution du problème. 

Le premier m'a même clairement menti : comme il avait mis longtemps à identifier la station, il a décidé d'évacuer la question en me disant que c'était sur le site que je devais remplir un formulaire de déclaration de restitution. Loin d'un ordinateur, je n'avais d'autre choix que le croire ... pour me rendre compte une fois connectée mais déjà trop tard qu'un tel formulaire n'existait pas. 

La seconde ne me croyait pas quand je lui disais que la restitution avait été conforme à ce qu'elle est d'habitude, et tentait d'évacuer la question en me demandant de rappeler de la station. Impossible de lui faire comprendre que si j'appelais d'ailleurs c'est précisément que je n'y étais plus.

Ce soir j'ai donc pris sur le temps si bref des dimanche pour retourner sur place et rappeler de là. Par chance je suis tombée sur un type qui semblait (reste à voir ce qu'il en sera), efficace et au moins ne me laissait pas entendre que j'étais une idiote de la première crème, ni non plus de mauvaise foi.

Il m'a permis de retrouver le vélo, lequel n'a pas bougé puisque tout en étant solidement raccroché il n'existe plus, réduit à l'état de vélo-fantôme. Le même interlocuteur m'a aussi fait faire quelques manips afin de vérifier le solide raccrochage.

Dont celle, un peu étrange de dégonfler la roue avant : ce qui nécessite si possible de n'être pas en jupe et talons (ou d'avoir dans ce cas des qualités d'acrobate impudique), et de disposer d'au moins une paire de clefs ou tout outil métallique et pointu permettant d'enfoncer la valve. En soulevant ensuite la roue arrière, on récupère un peu de jeu et une possibilité de ré-enfoncer le biclou sous un axe nouveau. Ce procédé peut se révéler efficace en cas de problème mécanique au point d'accroche, c'est bon à savoir.

Ce n'était pas le cas ici, la station est visiblement mal raccordée, qui indiquait 13 points d'accès libres quand il n'en restait que 7 ou 8.

J'espère que demain, si le type de ce dimanche ne m'a pas baratinée, une équipe de techniciens passera la remettre d'applomb, faisant ainsi réapparaître "mon" vélo dans le circuit informatique et me redonnant droit à de nouveaux trajets sans que je ne sois surfacturée.

En attendant, usagers de vélibs, sachez qu'un vélo peut sembler dûment raccroché sans l'être et qu'à moins de demander aussitôt à la borne un ticket qui confirme le trajet, on ne peut pas savoir si tout est bien enregistré ; et que si une telle mésaventure vous arrive il est préférable de rappeler de la station d'arrivée du trajet dont la fin n'a pas été prise en compte.

 


Au coin de la rue, le danger

 

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La piste cyclable de la rue Castérès (à Clichy) fait partie de celles créées à contre-sens, ce qui dans l'absolu n'est pas une mauvaise idée. 

Mais en pratique un peu si quand même. Car peu de véhicules à moteur et plein de roues respectent la zone qui devrait être protégée. Ils s'y garent sans vergogne, sans songer que ça oblige pour le coup le cycliste à se trouver à contre-sens sur la chaussée.

Et certains se mettent même en plein angle ce qui fait qu'un vélo par exemple ici tournant à droite dans la piste cyclable s'il a bonne vitesse et comme en ce matin d'octobre peu de visibilité risque de se manger le camion en grand. Qu'il soit là pour une livraison n'excuse pas le danger [qu'il fait courir].

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