Je m'apprêtais à écrire

    

    Hier soir je m'apprêtais à écrire sur une journée particulièrement fatigante même si pas trop pénible à vivre, beaucoup de densité, un vélotaf aller qui fut une sorte de duathlon marché car un pédalier de Vélib s'est décranté (je ne sais comment dire : la chaîne n'avait pas déraillé, mais le truc tournait grosso modo à vide et ce fut soudain) sous mon avancée ; j'ai dû le poser et marcher un moment avant d'en trouver un autre puis encore un autre, près de l'Élysée entre les gendarmes qui au matin gardaient le quartier ; une journée de boulot avec pour la première fois une heure sup' officielle (qui sera sans doute plutôt rattrapée que payée, mais n'empêche émanant d'une demande officielle - et légitime car il n'y aurait plus eu personne si nous n'étions pas restés - du chef) ; le midi un au revoir à un ami dont le déménagement était déjà alors que je m'étais dit "en avril m'ont-ils dit" comme si c'était dans un moment. 
À l'opposé, j'ai découvert à la fois que la soirée du cercle de lectures auquel j'appartiens, était dans une semaine (oh il me reste du temps) et qu'il y aurait un week-end de trois jours avec rien de prévu avant un déplacement puis le stade de triathlon. Ô miracle !

Bref, ma relation avec le temps qui aura toujours été qu'il m'en manque pour faire ce que je considère comme important alors que je dois en consacrer beaucoup au travail nourricier et aux charges administratives et autres activités incontournables malgré soi, ne s'arrange pas.

Le retour vélotaf avait été intéressant, par le chemin bidir de la porte de Vanves, arrières de l'école militaire et passage devant le Théâtre du Rond Point, dans un Paris faussement calme, au sens où les rues que je parcourais l'étaient mais alors des dizaines de cars de CRS s'alignaient dans l'avenue du Théâtre moteurs allumés, les poubelles dans de nombreux quartiers dont le XVIIème, s'entassaient, et devant le tribunal de Paris de celles-ci avaient visiblement été brûlées.

Je m'étais attelée à l'écriture d'une lettre de banque dès après le tardif dîner (il était 20:30 quand je suis rentrée), et c'est vers la fin de celle-ci alors que je commençais à jeter un œil sur les réseaux sociaux que sur Mastodon par Nasiviru j'ai appris la sombre nouvelle, Xanax la guerrière, aka @kinkybambou n'était plus. L'annonce officielle avait été faite par @Celinextenso sur Twitter. J'en sais gré à mes amies qui ont su prendre leur courage à deux mains pour transmettre l'info. 
Pour la première fois, une nouvelle me sera parvenue par le fediverse en premier et Twitter ensuite. Signe des temps ?

Ensuite, je me suis sentie trop triste pour trouver les mots. Et le beau livre que j'avais reçu ce jour-même (sur les banlieues entre architecture et sociologie) et ceux sur le rythme en course à pied (dont un que j'avais récupéré à la pick-up station du RER C) ne pouvaient pas faire grand-chose pour me consoler.


Au lendemain matin, ce mercredi, ça n'allait pas bien mieux. 
Il fallait aller travailler.
Je crois m'en être bien tirée, même s'il y a eu des baisses de régime, des moments de perdre le fil, inévitablement.

Soudain le temps est devenu très doux, 19°c, on aurait presque eu envie d'y voir un signe de quelque chose (mais de quoi ?). J'ai déjeuné dans le parc de la Vache Noire, d'une gaufre salée à emporter, j'avais besoin de calme. Les amies de Twitter était en train de s'organiser pour que les chats de @kinkybambou se retrouvent chez @Celinextenso et je pigeais soudain pourquoi elle s'était refusée à adopter "pas mon chat" (d'ailleurs elle l'écrivait).

Ça allait mieux après, comme de se dire Tout n'est pas perdu.
En parler, plus tard, avec Simone, m'aura fait du bien.

Constater que j'aurai prochainement des jours de congés (récupérations et RTT) m'a aussi aidée, c'était un peu pouvoir me dire, retiens tes larmes, tu auras un moment dans peu de temps, tu pourras paisiblement pleurer.

Et puis il y eu le bonheur d'un retour vélotaf merveilleux, en pull avec seulement le gilet orange de sécurité, pile à temps pour pouvoir traverser le jardin des Tuileries (à pied en poussant le vélo, car on ne peut y circuler vraiment). Le sentiment d'un immense privilège : vivre là, même si le quotidien est fait de labeur.

Alors dans ce jour de tristesse, j'aurai été heureuse, une heure, environ.

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Villa Adrienne, des grilles généralement fermées, vers Denfert, et ce soir, elles étaient ouvertes, car un homme passait.

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Un vélotaf de retour absolument somptueux

                Un peu triste du passage à l'heure d'été, qui accroît ma fatigue, j'ai décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur et d'en profiter pour m'accorder, puisqu'il faisait jour, un vélotaf de retour dont les touristes rêveraient. J'en ai croisé d'ailleurs bien plus qu'en temps normal.

Pour la première fois, j'ai prêté attention aux noms des grands scientifiques d'antan qui étaient inscrits sur la Tour Eiffel vers le premier étage : Lavoisier, Chaptal, Dulong ...

Seul bémol, deux à trois passages peu fréquentables pour les vélos, du moins de façon raisonnablement sûre. Alors j'ai dû jouer les super-piétons, ce qui est le plus sûr mais coupe bien l'élan.

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Un petit bonheur supplémentaire eut lieu alors que j'arrivais et que les lumières de l'éclairage urbain se sont enclenchées à ce moment précis. Comme un salut.

À part ça, ce que les photos n'indiquent pas, c'est qu'il faisait frisquet (un peu moins de 10°c).


Vélotaf perplexité

 

    C'est une caractéristique de mon emploi actuel : pour peu qu'à ma pause déjeuner je prenne le temps d'un repas avec les collègues, je peux passer une journée entière sans rien savoir de la marche du monde.

On saurait sans doute si quelque chose de lourd survenait, c'est arrivé d'ailleurs parfois que le Boss énonce une info majeure, avec sa voix qui porte dans le grand bureau. Mais globalement, je prends souvent un Vélib pour le vélotaf de retour sans rien savoir de ce qui a pu se passer.

Seulement voilà, mon trajet est une traversée de Paris selon un axe Nord Sud un brin infléchi vers l'ouest et dans notre pays si centralisé, je passe clairement là où tout se passe. Du moins du point de vue des décisions et des enjeux de politique nationale.

Alors ma vie que je récupère, dès lors que mon temps salarié est fini, ressemble fort aux séquences "No comment" sur Euronews, je vois des éléments d'événements, je n'ai pas le contexte précis.

Le contraste entre le fait de passer au cœur des choses tout en n'en sachant rien est fort intéressant à vivre, quoi qu'un brin déstabilisant. Très Forrest Gump, comme concept.

Ainsi ce soir je peux témoigner que tous les abords de l'Élysée étaient bouclés et surveillés par les forces de l'ordre, que c'était une belle pagaille pour la circulation automobile, que de nombreux bus vers le Rond Point des Champs Élysées et un peu après attendaient en warning de probables consignes de suite de circulation. Les vélos, nous tentions comme souvent simplement de sauver notre peau. Quelques automobilistes se montraient prévenants (dont un taxi, merci à lui), d'autres moins.

J'ai passé la deuxième partie de mon trajet à me demander ce qui avait pu survenir. Je savais aux fils infos du matin qu'une manif avait eu lieu, mais de là à nécessiter que ce quartier fût bouclé, c'était étonnant.

Finalement, une fois parcourues les sources d'informations usuelles je n'ai rien trouvé de particulier, si ce n'est que la première ministre et celleux de ses collègues concernés par la réforme des retraites étaient réunis ce mercredi soir à l'Élysée, ce qui pouvait expliquer le blocage du quartier présidentiel.

Notre avenir s'annonce laborieux.


À la marge d'un jour travaillé

 

    Que les choses soient claires : même si la fièvre liée à la 4ème dose de vaccin contre le Covid_19 est retombée, ça n'était pas fou-fou au niveau de péter la forme, et comme la journée de boulot fut chargée, un peu comme si pas mal de gens souhaitaient régler pas mal de choses avant la fin de l'année, je n'ai pas fait grand chose d'autre que travailler.

Pour autant, il y a eu de bons moments :

lors du déjeuner, la collègue d'origine grecque qui se reconnaîtra si elle passe par là et qui nous a régalé d'un cocktail léger de son pays car une autre collègue détenait une bouteille d'un produit à base de sève de pistachier.

Capture d’écran 2022-12-30 à 21.27.34    le retour vélotaf par temps pluvieux mais délicieusement doux fut un bonheur - malgré une chute évitée de peu en raison d'une bordure métallique sur la bidir de la Porte de Vanves -. Ça n'était pas un Vélib électrique mais en prenant mon temps c'est passé facilement, malgré l'épuisement. J'ai repéré vers la place de Catalogne où était le Jardin des colonnes, ce qui n'était rien, puisqu'il était fermé, mais permettait de changer une prolongation du temps de travail en temps personnel de poursuite permanente de la découverte de Paris.

La soirée était déjà réduite lorsque je suis rentrée (il était 20:30 environ), mais j'ai pris du temps pour ce qui m'intéressait, un Tout le sport spécial Pelé, que j'ai trouvé remarquablement équilibré, un podcast sur les violences conjugales (hé oui, ça n'était pas mieux avant, quand on considérait tout ça avec un haussement d'épaule, un fatalisme), un article du Parisien sur des mesquineries budgétaires concernant l'équipe de France de football, et un billet de blog permettant de calculer entre autre les jours de la semaine des débuts d'années. J'ai aussi découvert l'existence de MYM, ce qui à la fois ne m'étonne pas (1), notre société étant ce qu'elle est et me stupéfie (des personnes ont donc si peu de vie personnelles qu'elles ont besoin d'exister à travers d'autres à ce point-là ?).

Pensée du soir, en croisant des photos anciennes sur Pinterest : il est impressionnant d'à quel point John Lennon avait des allures, une fois passée sa période hirsute gourou hindou, de type de maintenant, un air de contemporanéité, quarante ans après.

 

 

(1) d'autant plus que j'avais déjà entendu parler d'Only Fans, mais qui m'avait paru davantage axé sur le sport, les stars du foot.

 


Sérénité saturée

(mercoledi)

J'ai été saisie par une sorte de double saturation, de travail (salarié) et d'informations (la situation en Ukraine disent les médias mainstream, singeant le mot anglais emprunté au français, mais dans l'acception anglo-saxonne). Alors j'ai fini la journée dans une absolue sérénité puisque d'être certaine malgré tous les efforts que je pourrais faire de ne pouvoir assumer la charge de travail qui se présentait, et d'être lucide sur mon absolue impuissance quant aux velléités guerrières des grands de ce monde, m'a ôté toute pression. 

N'y pouvant rien, me restait pour seule option de conserver mon calme et tant que possible ma santé.

Capture d’écran 2022-02-23 à 21.48.11   Alors je suis rentrée à Vélib au gré d'une belle balade dans Paris, des rues inhabituelles, un bout de Champs (Élysées), un moment de récréation utile puisqu'au bout du compte j'étais chez moi.

En vitesse, constate mon Fiston, auquel je relatais ma séance de la veille, petits sprints en côtes, je vaux 1/30 ème d'Ingebrigtsen (Jakob). Ce fut mon sourire dans un jour si sérieux.

 

La pandémie se calme même si dans ma TL (mais plus tellement dans ma vie) je vois passer de nouveaux cas. Des enfants, en particuliers, tombent malades et certains violemment. En revanche des profs constatent, stupéfaits, qu'iels se retrouvent à nouveau avec des classes en entiers.

Je lis grâce à Erika un bon roman historique sur la nuit du 4 août. Un tantinet trop bien troussé, et benoîtement lyrique mais c'est rafraîchissant. 


En traversant Paris aujourd'hui

 

    Depuis que je suis parvenue à prendre le temps de refaire enfin reconnaître mon pass navigo par les nouveaux vélibs, j'en ai retrouvé l'usage. Ils sont quand même bien dégradés globalement, et les stations moins nombreuses qu'avec le système précédent. Mais ça me manquait réellement des vélos en libre service car j'ai un usage vélo + métro important.

Parmi l'offre de free-floating que le ratage du changement de concession avait multipliée, les Mobike n'étaient pas si mal et je m'en étais un temps contentée, avant qu'ils ne décident soudain que ma ville était hors zone - alors qu'à côté Levallois restait admise, à même distance de Paris -, entraînant une facturation de 10 € puis 50 € si jamais un de leur vélo y était laissé. J'en vois moins à présent. Je suppose qu'un nombre non négligeables d'abonnés dans le même cas que moi n'ont pas renouvelé un abonnement qui ne leur permettait plus de rentrer chez eux.

Les vélibs, anciens comme nouveaux, disposent de stations proches de chez moi, pas souvent très remplies mais permettant au moins le retour, c'est déjà ça.

Près de Port Royal j'ai vu des agents de police à vélo (je ne sais s'ils sont de police nationale ou municipale) enregistrer au moyen d'une sorte de téléphone tous les véhicules en free-floating, trottinettes électriques et vélos qui avaient été déposés alentours. J'avoue que je ne serai pas contre un brin de régulation. Les trottinettes électriques présentent un réel danger, trop silencieuses et roulant souvent sur le trottoir elles sont sources d'accidents (ou de splendides tressautements) pour les piétons, et elles sont déposées absolument n'importe où n'importe comment. Les vélos en free-floating sont moins gênants en circulation mais posent également un problème de place. D'accord ce sont des déplacements moins polluants que l'automobile en terme de gaz d'échappements, seulement ça ne sont pas non plus des solutions de rêves d'un point de vue écologique. Fullsizeoutput_1883

Comme un chèque déjeuner m'avait été confié, j'ai pu m'accorder un repas complet dans un charmant restaurant café. 20190807_125146

Il faut désormais veiller aux dépenses, chômage oblige et incertitude sur la suite, donc je n'y retournerai sans doute pas rapidement, mais je note ainsi la bonne adresse. De plus en plus fréquemment et face à l'invasion généralisée du hamburger sous toutes ses formes - je n'ai rien contre un très bon de temps en temps, mais le hamburger frites ne me fait pas saliver -, je goûte des plats végétariens voire végétaliens et constate qu'ils sont souvent bons. C'était le cas aujourd'hui au Débonnaire.

J'ai croisé une belle voiture de collection mais j'ai raté sa photo 

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Oui parce que je fais partie de celles et ceux qui rêvent d'un usage minimal de la voiture mais j'apprécie les modèles de collection. Je l'écrivais il y a quelques jours dans le Petit Journal. Les êtres humains moyens sont fort bien équipés en contradictions.

Ce Paris vide et calme du mois d'août me ravit, même si je m'inquiète d'une éventuelle absence totale de vacances si l'homme de la maison prend les siennes trop tard alors que je peux avoir du travail ou poursuivre un projet qui m'en créerait. Je n'ai pas non plus envie de partir maintenant sans lui. Ni envie qu'il parte début septembre en me délaissant. Même si elle a été heureusement infiniment moins triste que l'année 2016/2017 et moins surmenée que l'année 2017/2018 (entre le travail salarié prenant et le déménagement complet de la maison de mes parents), l'année 2018/2019 aura été intense, j'ai vraiment consacré du temps et de l'énergie à une reprise de librairie qui finalement ne s'est pas faite pour des raisons financières, mais ce fut du travail, j'ai effectué auparavant de nombreux remplacements, et tenir une émission littéraire hebdomadaire sur une radio associative ne se fait pas sans la préparer, bref, il y a un moment où des vacances, même les plus simples, feraient du bien. 

En attendant, je fréquente la BNF avec assiduité. 


Vélotafer (des joies et des dangers)

 

    Curieux d'écrire ce billet alors qu'en ce moment je ne vélotafe pas : et pour cause, je n'ai plus de boulot. Et ces deux ou trois dernières semaines je fais moins de vélo que jamais : fini Mobike (1), pas encore repris les vélibs (2), différents vélos à tour de rôle en réparations, donc juste quelques balades du dimanche, quand l'un d'eux revient, avant de repartir pour des réglages plus fins. 

Je considère avec optimisme que cette situation ne saurait durer, et qu'au moins je vais (re)prendre des entraînements de triathlon avec mon vélo sérieux fait pour ça - mais pour l'instant il est chez Victor à se refaire une santé -. 

Alors j'ai décidé de me joindre à Sacrip'Anne pour écrire à mon tour sur mon expérience de cycliste citadine et si possible donner envie de rejoindre la belle galaxie de celles et ceux qui circulent à vélo sans faire de bruits de moteur ni polluer, tout en se faisant du bien à la santé. Et en transformant les trajets quotidiens en un moment intéressant plutôt que subi.

F1000006Pour moi reprendre le vélo quand ce fut possible, en 2007, grâce aux vélibs première version, fut assez naturel : toute mon enfance et mon adolescence s'était passée en circulant à vélo, c'était le moyen de locomotion quotidien et la voiture seulement quand ça pouvait (adulte disponible pour escorter, les jours de gros rhumes ou de féroces intempéries). Pour les entraînements de football alors que j'étais en 3ème et plus tard pour des cours de piano je parcourais 6 à 7 km puis autant au retour sans considérer que c'était un problème. Je craignais juste vaguement une éventuelle crevaison. En ces temps-là ça allait de soi.
Vers 16 ans et jusqu'au bac j'ai pratiqué le cyclotourisme avec bonheur dans le Vexin : mon amie Geneviève faisait partie d'un club et comme elle souhaitait progresser sans doute afin d'être à niveau avec les autres du groupe qui étaient adultes, elle fut heureuse de trouver en moi une sparring partner. Je crois que ses parents avaient mis comme condition pour qu'elle puisse sortir de ne pas le faire seule. À l'époque je les trouvais bien tracassés. Rétrospectivement, sachant que c'était 20 ans avant l'usage courant des téléphones portables et avant vu passer la déferlante #MeToo et découvert que le monde était beaucoup plus dangereux aux jeunes filles et femmes que je ne l'avais cru, je comprends que leur précaution était sage. 
Et de toutes façons j'en étais ravie : ç'avait été pour moi l'occasion de pratiquer une nouvelle activité sportive qui me plaisait. Je me rends compte que j'ai énormément appris et enrichis ma vie en pas mal d'occasion du simple fait d'être celle qui disait, Écoute, si ça t'arrange (ou si tu hésites, ou si tu ne veux pas y aller seule mais que tu en as envie), je viens avec toi. Et que bien souvent je m'y tenais quand la personne à l'origine de l'essai au bout d'un temps prenait un autre chemin. Donc nous faisions en roulant prudemment de belles virées de 60 à 80 km dans le Parc national du Vexin. 
À l'époque j'étais, quoique sportive, de santé fragile, j'en revenais lessivée. Mais si heureuse. Et fière d'avoir tenu.

Ensuite je suis partie vivre, étudier puis travailler à Paris et le vélo a vivoté dans le garage de la maison de mes parents. Je faisais de petits tours occasionnels.

C'est vingt ans plus tard que ma grande amie d'alors, parisienne depuis un paquet d'années et pionnière en plein d'usage, m'a redonné envie d'y revenir. Jusqu'à ce que je la vois, en un temps où Paris ne possédait pas ou peu de pistes cyclables, faire ses trajets à vélo, venir me chercher à l'"Usine" avec son biclou, je considérai Paris comme une ville réservée aux voitures. Qu'y circuler à vélo était trop dangereux. Et puis je n'en avais pas, mon vélo de longues courses, ses fins boyaux, et ses cale-pieds me semblait totalement inadapté au moindre essai "en ville" et je n'avais pas d'argent pour en acheter un autre.

Elle disait : Oui c'est dangereux mais il faut être très attentive et apprendre à s'imposer.
Et puis elle me disait ce qu'on dit toutes et tous à ceux qu'on aime et qu'on aimerait convaincre, si moi j'y arrive, tu peux y arriver. 

Puis elle a disparu (3).

Entre temps j'avais commencé à reprendre les rennes de mon existence et sortir de l'ornière d'une vie faite à 100 % de devoirs accomplis (pour l'employeur (à cause des fins de mois) pour la petite famille (l'époux, les enfants) pour la maison (parce que si on ne le fait pas personne d'autre ne le fera). À l'instar de bien des femmes j'ai vécu pendant des années en n'ayant que très peu de temps personnels, de détentes (autres que par épuisement) et de choix. Entre autre je me suis enfin accordée d'aller au festival de cinéma de La Rochelle. Et à l'intérieur même du festival, parce que je pouvais supposer que je n'aurais plus les moyens d'y aller, de filer une journée sur l'Île de Ré. On m'avait vanté les pistes cyclables. C'était une époque où je commençais avec la reprise de la natation à regagner un peu de condition physique, les locations n'étaient pas chères, je m'étais dit, Hop, vélo. Et j'avais fait une grande boucle et j'étais rentrée aux anges.

Dès lors la décision de circuler à vélo dans ma vie quotidienne dès que ça serait matériellement possible était prise.  

La vie n'étant pas un long fleuve tranquille, ni les finances familiales confortables, je ne suis parvenue à mettre ma décision en pratique qu'à partir de l'été 2007 et l'arrivée des vélibs. Non sans quelques difficultés, mais trop heureuse d'échapper à la Ligne 13, à l'époque pire bondée qu'aujourd'hui (anciens wagons), je me suis mise à vélotafer. J'avais 8 à 10 kilomètres à parcourir. À l'époque, les automobilistes n'étaient pas du tout habitués aux vélos dans Paris et c'était plus dangereux encore, ça parait difficile à croire tant on se fait traiter mal, mais c'était pire encore. Des progrès ont été accomplis pour les dépassements, on se fait un peu moins raboter les cuisses. Les pistes cyclables étaient moins nombreuses. C'était amusant de découvrir le relief de Paris, plus varié et vif qu'on ne le soupçonnait. Très vite j'avais pris l'habitude d'un itinéraire de retour plus long mais moins dangereux. 

Je crois que c'est un bon conseil à qui pratique le #vélotaf : quand on le peut privilégier à la rapidité d'un trajet et à la distance la plus courte, cet autre chemin plus sûr, mieux adapté. 

Gauchère, je me suis mise à élaborer de subtils brefs détours permettant d'éviter les Tourne à gauche si dangereux pour moi qui peine à tenir le guidon du bras droit pour indiquer avec le gauche que je m'apprête à tourner.

Ça fait donc désormais 11 ans que je circule le plus souvent dans Paris à bicyclette. 

J'ai failli deux fois avoir des accidents graves par des automobilistes à l'attitude imprévisible et dangereuse, connu mon lot de petites peurs (ah les portières) mais globalement pas tant plus de dangers que cela. Je respecte les feux rouges sauf les "faux feux" (ceux qui protègent un passage et non un carrefour et lorsqu'il n'y a aucun véhicule ni personne) et certains "tourne à droite", devenus autorisés entre temps. Autant que possible je porte un casque ou au moins un bonnet ou une casquette, des gants. Un gilet fluo est presque toujours dans mon sac pour quand la nuit est tombée.

En 2016/2017 j'ai travaillé en banlieue et comme entre temps j'avais restauré mon bon vélo des longues distances (4), je me suis fait grand grand plaisir à circuler avec lui en passant par de très beaux endroits.  Capture d’écran 2018-09-19 à 19.20.40

Désormais il faudrait que je n'ai plus de vélos ou plus la bonne santé pour cesser. 

Comme Sacrip'Anne le dit en fin de billet, circuler à vélo, je pense qu'on n'a que du bon à en retirer. Pour s'y mettre pas besoin d'une condition physique de sportives ou sportif, le tout est d'y aller progressivement (et bien sûr de n'avoir pas de problème qui empêche le vélo à la base). La forme s'améliorera d'elle même à l'usage. C'est d'ailleurs très amusant de constater qu'assez vite telle montée qui nous semblait un exploit pré-olympique et nous laissait tout essoufflé-e, devient un point du trajet que l'on franchit sans y penser.
Jusqu'à une douzaine de kilomètres, ça se fait très bien. Je pense que la distance peut faire hésiter à partir de 20. Parce qu'il convient d'intégrer le temps que l'on met et qui peut être alors supérieur à celui d'autres modes de transports.

Le froid n'est pas un problème, il suffit de bien s'équiper. La pluie peut rendre les chaussées glissantes, il convient de faire attention. Mais une petite pluie ou de la pluie sur le chemin du retour n'est généralement pas bien grave. L'usage du vélo nous permet d'apprendre que nous sommes bien plus résistant-e-s qu'on ne le croit. 



Le plus gros danger est d'y prendre tellement goût, qu'on finit comme ça : 

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(1) Arrivait le moment de mon réabonnement : désolée que je ne vais pas me réabonner à un service qui a décrété à un moment donné que la ville de mon domicile était hors-zone et qu'il m'en coûtera désormais 50 € si j'ai l'idée folle de rentrer avec un de leurs vélos jusqu'à chez moi. Je n'ai eu aucune compensation ni temporelle ni financière au fait qu'un moins et demi après que j'eusse pris mon abonnement à la fin de l'hiver, ma ville avait été déclarée interdite au dépôt de vélo, me privant de facto des 2/3 de son intérêt : ne me sont plus restés que des trajets intra-muros et la corvée de devoir laisser le vélo que j'utilisais à 800 m de chez moi au plus près. Et encore quand la géolocalisation via l'appli restait juste. 

(2) Tracas de renouvellement d'abonnement. J'étais prête à essayer au moment où des stations ont commencé à se repeupler mais voilà avec mon pass navigo ça a fonctionné deux fois et depuis quand je retente ma chance j'ai un symbole "cadenas". Il faut que je prenne le temps de les appeler. Le hic c'est qu'en général quand j'ai besoin d'un vélo je n'ai pas 30 minutes à perdre en "tapez 1 ... tapez dièse ... composer votre numéro ... veuillez patienter ... et qu'aussi j'ai cette crainte que le service de dépannage par téléphone soit aussi dysfonctionnel que l'ensemble de leurs prestations. 

(3) De mon existence, pas de l'univers. 

(4) Pour cause de triathlon mais c'est encore une autre histoire. Que le fait d'avoir repris depuis plusieurs années la circulation à vélo a clairement encouragée. 


C'est ma première Mobike partie

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Depuis deux semaines je tente chaque fois que je croise une station néo-vélib avec des vélibs dessus d'activer mon pass navigo support de mon abonnement annuel - lequel finira par expirer sans que j'aie pu remonter une seule fois en selle - mais pour l'instant sans succès : des petits sabliers apparaissent ou des signes d'une connexion en cours qui n'arrive pas au bout. Et je n'ai pas le temps d'attendre trop longtemps. 

Du coup j'ai craqué et comme un pass est possible pour 180 jours, quoiqu'un peu coûteux, j'ai décidé de tenter ma chance avec Mobike. Contrairement aux néovélibs il y en a dans les quartiers qui me concernent (domicile, travail) et contrairement aux autres vélos sans accroches ils me semblent bien costauds.

La première opportunité d'essai s'est présentée pour moi ce soir en revenant de la librairie.

Essai concluant : une fois l'appli téléchargée sur le téléphone, le pass payé et une appli de scann de QR code installée, il est extrêmement facile de trouver un vélo, le déverrouiller. Le verrouillage est également logique et simple (une tirette sur l'antivol). 
Quant aux vélos, la surprise est leur légèreté. Au vu de leur allure je les croyais lourds. Mais non. Et leur confort est remarquable, en tout cas pour quelqu'un de ma taille (1). Le panier est parfait pour déposer un sac à dos de type sac d'ordi.

Deux petites réserves : je n'ai pas pu voir si le feu avant s'allumait vraiment (2). Et ces vélos n'ont pas de vitesses (3) et sont réglés sur un développement qui fait qu'on mouline - après, c'est certain, on tourne les gambettes sans effort aucun -. C'est peut-être ce dernier point qui me fera peut-être in fine rester dans le giron vélib du moins si ceux-ci un beau jour s'en venaient à fonctionner (ce dont je finis par douter). Et s'ils disposent d'un développement "sport" au moins. 

En tout cas, voici mon premier Mobike  20180310_210920

et sur un trajet court nous nous sommes fort bien entendus. 

 

(1) 1,65 m et pas de longs bras 

(2) Il est censé le faire en avançant mais comme il est sous le panier, je n'ai pas vu s'il éclairait.

(3) ou alors elles sont super cachées.

PS : Le titre, je le précise pour les moins de vingt ans ou trente, vient d'une chanson de Sheila. 


Personne d'autre et nulle part ailleurs

 

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Il y a des moments où l'on se sent à sa place au monde, comme une pièce de puzzle placée au bon endroit du tableau général, où l'on n'a envie d'être personne d'autre (1) et nulle part ailleurs. 

J'y ai eu droit ce soir, d'abord par une belle soirée, vraiment, puis par la traversée de Paris de part en part en vélo. Nuit d'été, peu de circulation et la ville belle comme elle l'est. Plus une bonne forme physique, que je savoure à fond et l'énergie fournie par la soirée instructive et heureuse.

Je voudrais témoigner qu'à un moment du début du XXIème siècle Paris était quand même un lieu formidable, d'une beauté encore intacte, voire mieux restaurée qu'elle ne le fut jamais et qu'on prouvait légitimement éprouver un sentiment de fierté "d'en être" (ou tout près).

[photo : Montmorency photo prise du bas de la place du marché avec vue sur Paris]

 

 

 

(1) Il m'arrive d'avoir envie d'être la personne aimée par la personne qui m'a quittée. Mais au fond c'est parce que j'ai envie de retrouver ma place. Pour le reste je me sens déjà privilégiée d'être à notre époque dans la partie du globe qui est l'Europe.


Lointaine station


P4071650Pour la première fois depuis qu'il m'arrive de venir à la BNF à vélo, j'ai dû pour déposer mon vélib pousser jusqu'à une station qui commençait à être éloignée. 

(celle de la rue Leredde). 

Je suis passée à deux autres qui étaient archi pleines et l'appli dont mon nouveau téléphone est pourvue m'a indiquée que deux autres assez proches étaient elles aussi pleines. 

Quand on n'est pas trop pressé l'un des charmes du vélib est de nous faire découvrir de nouveaux lieux au sein de zones que l'on croyait connaître.