Ma vie trop vite

Il y a les heures de travail à la librairie qui passent à toute allure : je suis encore dans la phase où j'apprends et si le logiciel de stock et caisse m'est à présent familier, reste que rien du reste n'est automatique (il faut travailler sous excel pour les commandes et les appariement commandes et clients, par exemple), du moins en terme de transmission, c'est donc très long. Et puis je dois m'occuper des factures.

J'espère qu'après avoir effectué un mois complet, les tâches administratives et de gestion courantes me prendront bien moins de temps.

Le reste m'est familier. Je connais bien la librairie. Et le cœur du métier.

Il y a (eu) la maison de ma mère à préparer au déménagement inéluctable. Les charges sont trop élevées pour que nous puissions conserver ce qui aurait pu être notre maison de famille. Nous peinons à faire face aux coûts liés à l'appartement. Au mieux sera conservée la maisonnette de Normandie. Vider le grenier m'aura pris quatre à cinq jours in fine. Dont une demi-journée à trois. J'ai retrouvé certains éléments, dont un vieil électrophones, que je croyais perdus pour toujours et à jamais. En revanche certains objets précis n'ont toujours pas réapparu. Dont une photo de mon Grand-Père en très jeune soldat de la guerre de 14. Après, comme il fallait être efficace, nous n'avons pas nécessairement tamisé fin. Peut-être que nous aurons de bonnes surprises ultérieures.
Demain suite de la mise en carton.

Il y a des démarches, des trucs administratifs, quelques perplexités notariées. Ça prend du temps.

Il y a les présentations de rentrée littéraire. J'aime écouter ça. Je gagne un temps fou, l'intuition joue.

Il n'y a pas assez d'entraînements (forcément avec tout le reste). Mais à terme mon nouveau travail devrait me permettre d'être vraiment plus (+) disponible à des horaires correspondants.

Il n'y a plus de temps pour écrire, pas même par ici. J'ai intérêt à vite stabiliser un rythme de croisière car je ne tiendrai pas longtemps sans.

Et puis s'intercalent des complications (la perte d'un téléfonino), des tristesses (le décès d'un ancien voisin, mais pas seulement cette tristesse-là), des étonnements (croiser une star, alors qu'un attentat concernant un de ses concerts a eu lieu si peu de temps avant, se retrouver spectateurs d'une partie de pétanque endiablée dans d'anciens terrains de la SNCF désaffectés, être conviée à l'achat d'anciens costumes d'opéra - dont l'un était parfait pour être déménageur - visiter la maison de Balzac, aller au théâtre voir de la boxe chorégraphiée, l'éternelle plénitude de Paris en mai et juin - ses mois de beauté -, une sensation d'être parmi d'autres infiniment privilégiée de par le simple fait d'y vivre.

Que je le veuille ou non j'ai décroché de la politique ; une sensation qu'il faut se dépêcher qu'on a obtenu un sursis de cinq ans mais qu'aux prochaines présidentielles ce qu'on redoutait là risquera encore plus de survenir : la politique menée dégoutera encore plus de gens qui se laisseront ramasser par la moisissure des idées. Alors je me dépêche d'avancer dans ma propre vie, il faudra pouvoir saisir des portes de sortie.

Il y a des lectures, formidables, dont je n'ai absolument pas le temps de parler.

C'est ma vie trop vite, mais à quelques absents près, et activité ou sensations qui me manquent, elle me plaît. Je donne enfin ma pleine mesure. J'ai cessé aussitôt d'avoir besoin de dormir trop (1), suis à nouveau bel et bien là. 

Ça fait du bien. 

 

(1) Une part était clairement en contre-coup du travail trop éprouvant physiquement dans la chaîne de librairie que j'ai quittée combinée avec l'épouvante d'après le 7 janvier 2015. Je n'ai commencé à refaire surface que grâce à mon travail Au Connétable. La vie avait repris sens.  


Première semaine

 

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Il est vraiment troublant de constater à quel point la vie nous met par moment des accélérations inouïes.

Me voilà déjà libraire chez Charybde depuis une semaine, qui fut plutôt de formation car je dois apprendre les spécificités locales, il y en a toujours, et une part d'activités administratives. Il y aura inévitablement des surprises au fil de l'eau, il y en a déjà eu une et de taille, et qui risque de bien nous compliquer la vie, mais la passation de consignes sur fond de dossiers bien tenus me rappelle lorsque j'avais pris à "l'Usine" la succession une fois d'un gars très compétent, méthodique et organisé : tout y était clair et net, avec de la logique. Je pense donc que la période d'adaptation sera intense mais peut-être pas si longue. La clef sera de rapidement trouver un rythme pour les différentes tâches. 

Pour la première fois durant ma seconde vie professionnelle, j'arrive dans un endroit que je connais déjà, c'est très troublant de débuter tout en s'y sentant à ce point chez soi, et dont un certain nombre des habitués sont déjà des connaissances voire des amis. 

Alors cette première semaine est passée comme dans un rêve, à une vitesse folle, d'autant plus que ma vie personnelle dans le même temps combinait premier triathlon et grenier (de la maison où vécurent mes parents) à vider et travaux à préparer. Je vais enfin pouvoir et devoir vivre à ma pleine vitesse. Tenter que coïncident l'énergie d'entreprendre qui est en moi avec l'énergie physique nécessaire pour que l'action ait lieu. Ce défi me rend heureuse.

Il n'est pas raisonnable de mener l'ensemble de front. Mais je n'ai pas du tout été maître de la coordination. Pourquoi a-t-il fallu que la maladie puis la mort de ma mère coïncide avec mes débuts en triathlon (alors que j'avais tenté de m'inscrire l'année qui précédait et y songeait depuis octobre 2011), et que ces deux éléments tombent exactement au moment où la librairie Charybde avait besoin d'une personne pour remplacer l'amie qui regagnait son premier métier, elle-même contrainte par un calendrier légal de dates limites de mise en disponibilité ?

Je crois que s'il n'y avait le deuil, et combien il est dur de faire face à ses conséquences (1), je serais heureuse comme du temps de la préparation des répétitions de chorale pour les concerts avec Johnny ou comme le "juste après" de la période du Comité de soutien (2).

Bizarrement, les présidentielles qui m'ont tant souciée, me semblent dater d'une ou trois éternités. Comme si le quinquennat était déjà bien avancé. Parvenue à saturation avec cette campagne comme je n'en avais jamais vu, je ne parviens pas à m'en inquiéter. 

 

(1) pour autant pas si malheureuses, je ne veux surtout pas me plaindre. 

(2) à Florence Aubenas et Hussein Hanoun


Nouvelle cour (de récré)


    Ça fait un moment qu'avec les amis on ne se sentait plus chez nous sur Twitter qui tendait à ressembler à FB et puis la pub, non mais.  Alors bien sûr, pour peu que l'on ait un boulot qui demande quand même un tantinet de communiquer (au hasard, libraire, avec des rencontres organisées), on reste sur ces gros réseaux. Et je pense que niveau infos, Twitter restera le plus (ré)actif un moment encore, d'autant plus qu'au fil du temps j'ai les bons fils à suivre - hier encore, hélas, pour Stockholm, bien qu'étant au boulot, et pas à consulter mon téléfonino, j'ai su très vite -. 

Je suis très heureuse d'être sur Framasphere, mais ce quartier s'est révélé être davantage celui de photographes avertis - ça me va aussi -. Seulement force était de constater que la plupart des potes n'avait pas suivi.

Voilà que cette semaine, influence d'un article des Inrocks ?, ou que sais-je, mes ami-e-s des blogs se sont comme une seule femme inscrit sur Mastodon, via une instance qui m'a fait aussitôt me sentir chez moi.

La mayonnaise a pris et je pense que cette fois-ci on tient notre nouvelle cour de récré. Avant qu'elle ne soit gâchée par les réactionnaires, les publicitaires et les néo-fachos peut-être qu'on pourra s'y amuser un brin.

Grand merci à Alda 

Welcome to Mastodon

ainsi qu'à Kozlika qui m'a inscrite car mes horaires étaient peu compatibles avec les fenêtres d'inscriptions et qui comme au bon vieux temps, a écrit LE tuto pour les débutants : 

Mastodon, premiers pas

Longue vie (sans publicité) aux chouettes instances et à tous les mastonautes. 

 

PS : JK, please, attends un peu, les serveurs sont (pour l'instant) fragiles ;-)

  


Cinq avril


    Un des plus beaux jours de ma vie a cinq ans aujourd'hui, retrouvailles dans Paris, les enfants alors adolescents, une amie intelligente, Denis qui m'a sans doute oubliée depuis, l'hôtel qui, prétendra l'autre par hasard, a été choisi à deux pas de la librairie où je travaille alors, un tour pour saluer mon patron, et un moment heureux, malgré la fatigue, l'impression que c'est ma vraie vie, enfin, que tout a un sens, que ma place est la bonne, qu'après bien des péripéties, je vais enfin pouvoir donner ma pleine mesure - plutôt que de jouer perpétuellement en défense, passer mon temps, dépenser mon énergie à éviter pire ou le but encaissé final qui disqualifie -. 
Quelle illusion !

Un an et deux mois plus tard tout s'effondrera, ces deux là qui comptaient fort, n'auront plus besoin de moi, peu après la librairie elle-même disparaîtra. Je n'ai rien décidé, rien voulu, peu vu venir à l'avance (1), voire rien du tout. Ainsi va la vie qui nous balance dans tout autre chose que ce qu'on croyait en cours, ce pour quoi on travaillait (s'il s'agissait de travail, par exemple).

Plus tard, il y a eu le 7 janvier 2015 et là c'était l'époque entière qui venait de changer.  Par rapport à une peine personnelle, c'est bien pire.

À présent que de nouvelles perspectives de travail stimulantes se dessinent, et après un dimanche merveilleux qui me laisse croire que la collection "plus beaux jours de ma vie" est loin d'être finie, malgré le contexte politique affolant, je crois à nouveau à de bonnes choses possibles. 

En cette date anniversaire, que tous les autres protagonistes auront oubliés, peut-être pas la jeune fille, peut-être pas Noé, qui sait, peut-être pas mon ancien patron, pas tout à fait - nous ne nous sommes pas perdus de vue, j'espère que nous nous reverrons même si, scotchée à un lieu de travail (même si celui-ci change), limitée par le manque d'argent, je ne voyage presque plus -, je mesure qu'il m'aura fallu cinq années avant de reprendre les forces qu'il fallait. Could have been worth. 

 

 

(1) pour la librairie, ça s'est plié en trois mois : le redémarrage de mars qui n'avait pas eu lieu.


Trois jours pour reprendre souffle

 

    C'était peu, mais beaucoup mieux que rien. Longtemps que je n'avais pas eu droit à une aussi longue trêve et un peu de bonne vie avec zéro intendance, de bons repas (surtout ce midi) et du carburant intellectuel pour le cerveau, peut-être au fond ma seule addiction. 

Après, il reste de sombres nouvelles du monde et du pays dans lequel je vis - et s'en couper quelques jours ou ne suivre que de plus loin c'est se manger des coups au moral encore plus violents lorsque l'on reprend contact avec le courant du monde - ; il reste à hauteur personnelles que les nouvelles amours d'une personne, ou plutôt deux puisqu'il y a une nouvelle aimée, plombent la vie de quatre autres et assombrissent les pensées d'au moins neuf autres. J'espère que le nouveau couple est vraiment heureux et qu'il durera un peu parce que sinon ce serait faire du mal à beaucoup pour un résultat qui n'en valait pas la peine. Les séparations sont très différentes selon qu'un couple ne s'entend plus et qu'un jour l'un des deux finit par faire le mouvement vers la fin qui s'imposait, ou que les choses semblaient aller pour le mieux, du moins l'un en avait la certitude et que l'autre unilatéralement se détache au profit d'une nouvelle expérience, non sans l'avoir déjà bien entamée en loucedé.
En attendant, et dans le cas qui me concerne un peu, même si je n'en suis qu'un élément de marge, c'est un chagrin de plus qu'il faut assimiler et sans doute un nouvel absent. Ce qui me fait plus particulièrement mal c'est qu'il s'agissait d'un des rares et derniers hommes pour lesquels j'éprouvais de l'admiration. Il en reste que j'admire pour leurs talents professionnels, mais pour la vie dans son ensemble, j'ai quasiment perdu tout référent. Ma foi en l'humanité ne passe presque exclusivement plus que par des femmes. Et je suis triste que ça ait ainsi tourné.

Après, on ne peut pas reprocher aux amoureux de totalement négliger les peines collatérales. C'est le propre et la force de l'amour d'être ainsi sans pitié et facteur de liberté. C'est terrible pour qui reste sur le carreau, son plus solide soutien transformé en bourreau.  

Me cueillent au retour d'inquiétantes nouvelles d'une grande amie. J'ai peur de la perdre elle aussi.

Je songe aux jolies photos de mariages de deux petits-cousins, pour lesquels nous n'avions pas été au courant - tout s'explique à présent -, c'est la vie qui avance, la nouvelle génération qui prend les rênes du monde, que nous leur laissons dans un piteux état - en même temps, à ma hauteur, je ne vois vraiment pas ce que j'aurais pu faire d'autre ou de plus - et fonçant vers une fin prématurée. Leur bonheur de jeunes mariés fait plaisir à voir même s'il est étrange d'y voir, sur certains visages, une part de faux-semblants a posteriori éclatants. 

J'apprends des éléments de l'histoire familiale, rien de secret, simplement des points, y compris très positifs, qui par taiserie ne m'avaient pas été transmis - et je ne pose que très rarement des questions directes -. Certaines choses en expliquent d'autres. J'aime quand la logique ou des cohérences, même dans le malheur, (re)prennent le dessus.

Le film "Laisser-passer" de Tavernier, revu dans le cadre de ce week-end, tout romancé et glorifiant qu'il soit (pas dupe), me donne une pinte de courage. La soirée de vendredi, l'effort remarquable de prise de parole par celui qui n'était pas fait pour ça et son succès dans l'exercice, resteront pour toujours un appui par pensée. Ainsi qu'un souvenir ébloui. Et peut-être, qui sait, le jalon d'entrée vers une nouvelle phase. Ce moment-là plutôt qu'un autre. P3031121

Je ne suis pas encore sortie du plus récent deuil, mais me voilà d'attaque pour de nouveaux bonheurs et [pratiquement] d'aplomb pour les prochains combats.


Douze ans après

20161124_144346Douze ans après, mais cette fois-ci pour la personne qui alors t'accompagnait dans certaines visites à celui qui était alors malade, tu reviens à l'hôpital d'Eaubonne.

Tu en avais soigneusement oublié le chemin, toi qui à l'ordinaire les retiens si bien.

Les bâtiments ressemblent à ton souvenir.

Tu te dis qu'il y a douze ans tu ne connaissais pas la plupart de tes ami-e-s de maintenant, et ça t'impressionne. Le net est passé par là qui t'a fait rencontrer les personnes non plus par concordance géographique et temporelle mais par affinités. Les liens n'en sont que plus forts.
Lors de l'attente auprès du brancard, tu tentes de compter combien tu as eu de vies que l'on pourrait presque qualifier de successives tant elles différent. En point communs : seulement les livres et quelques liens indéfectibles et traversants. Tu constates qu'à part les drames, et les drames déterminants ne sont pas ceux auxquels on pense forcément, ces différentes existences ont souvent des bornes en forme de transition.

La première irait de ta naissance à l'automne 1997 ou à l'été 1998 ou au 17 février 1999. Elle comporte bien des étapes déterminantes, mais qui ne t'auront pas fait basculer dans une autre dimension. Ainsi la naissance des enfants. Certes on n'est plus la même personne, tout à fait, après. Mais le cours de la vie suit la même logique du moins lorsque, ce fut notre cas, tout s'est bien passé.

En revanche l'automne 1997 c'est le moment où un prospectus sur un pare-brise, pas même celui de ta voiture, te décide à t'essayer comme choriste. À  ce moment là ton temps personnel c'est lire le soir / la nuit un peu au lit et un cours (de danse) par semaine le samedi après-midi. Tu veux y rajouter la chorale, répétitions le jeudi soir. L'homme qui a été sérieusement malade au printemps, mais va mieux à présent, consent.
Non que tu aies besoin de sa permission, mais de sa présence garantie au même moment à la maison afin de s'occuper des enfants (alors 7 et 2 ans). De là quelques jours à Prague, ensembles, au printemps, au prétexte d'un concert. De là les concerts avec Johnny et leur préparation et cette révolution dans ta vie : elle peut elle aussi comporter des moments extras et pas seulement ordinaires. Alors tu es prêtes pour la rencontre du 19 février 1999.

De là au 26 juin 2003 il y a une grande amitié qui se solidifie, et l'incubation de l'écriture jusqu'au 7 novembre 2003 que je reçois les mots qui secouent pour me secouer. Et le 24 février 2004 le premier manuscrit. Et mon père qui tombe malade et meurt mais peut-être que je suis la même personne jusqu'au 1er mars 2005, quelqu'un à qui on a fait le coup du "Venez chère grande âme" et qui est tombé dedans et vol libre sans même prendre le temps de sangler son parachute. 

Le 1er mars 2005 c'est à la fois le premier jour de l'emploi désormais à mi-temps et la video de Florence Aubenas captive, que tu parviens à ne pas regarder mais qui te fait filer au Comité de soutien auquel déjà tu participais mais avec pondération. À partir de cette date fatidique, ça sera à fond. Et cette expérience change ta vie. Tu n'es plus la même personne après. Tu ne parviens plus à rentrer dans tes anciens habits, particulièrement la blouse grise mentale de ton emploi bancaire. Aussitôt après l'expérience collective de l'Hôtel des Blogueurs te fera rencontrer des amis formidables. Tu es une même personne, fonceuse, du comité de soutien jusqu'à ce 17 février 2006, que tu considères même si ça ne rime à rien comme ta première mort. 

La 5ème phase sera celle de la survie, tu as envie de l'établit jusqu'au 20 janvier 2009 même si le 28 août 2008 est une date de bascule. Tu n'en demeures pas moins la même personne jusqu'au ce dernier jour de travail comme ingénieure et que tu auras parcouru sans jamais savoir qu'il le serait. La personne que tu es alors est quelqu'un d'infiniment désemparé et triste, seule l'écriture (qui perdure) et les ami-e-s te permettent de tenir et cette nouvelle rencontre, à laquelle tu mettras un moment à croire, tant la rupture de début 2006 fut brisante. 

Tu es ensuite quelqu'un qui à de l'élan et de l'allant même si rien n'est donné, et ça durera sur le plan affectif comme professionnel, jusqu'à l'été 2013. Sans doute que tu n'auras jamais été aussi proche de la personne que tu sens être en toi qu'à cette période. Sans doute que tu n'auras plus avant longtemps un vrai temps d'écriture comme celui-là. Ni un lien affectif aussi intense que celui que tu avais contribué à créer.

Tu retrouves la personne triste et marécageuse jusqu'au 7 janvier 2015 : quelqu'un qui se bat pour la survie professionnelle et affective. Reculez d'une case. 

Du 7 janvier 2015 au printemps 2016 et tes débuts à la librairie de Montmorency, c'est une période engluée dans des effets réactionnels bien secondés dans leur travail de sape par la déception professionnelle qu'aura constitué le travail dans une librairie de chaîne (chaîne indépendante mais chaîne quand même). Tu n'étais plus toi même durant cette période. Mais ta version zombie.

Depuis le printemps 2016 et grâce au travail, et à l'inscription (enfin) au triathlon, tu redeviens proche de la personne 2010 - 2013, celle qui a encore de l'énergie pour tenter des trucs de bête de ouf dans sa vie. 

De quoi l'avenir sera-t-il fait ?

Douze ans après retrouver les lieux que tu fréquentas avant même la création de ce blog-ci est donc très étranges. Tu les arpentas en étant la même autre.

Qu'est-ce qui dans la perception est en commun, qu'est-ce qui au contraire varie ?

Retourner sur ses pas, dans des circonstances similaires et non pas par choix, revient à rejoindre l'ombre de ce que nous fûmes. Ça n'est pas neutre. 

Je n'ai pas terminé d'y repenser.

 

PS : Les palmiers ont disparu. 

 


Pas à pas, progression

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Je sais que le chemin à parcourir est encore long, pour avoir la condition physique qui me permettra de boucler un "M", j'espère en être capable au printemps. 

En attendant le choses se mettent en place, doucement, vers la concrétisation de ce but que je me suis fixé. Tombant ce soir lors d'un moment plutôt sombre, ce petit message de la fédération m'aura fait un bien fou - alors qu'en substance il dit qu'une seule étape administrative est franchie :-) -.

L'âge et l'expérience font que je sais combien le résultat de ce qu'on entreprend ne dépend de nous que très relativement. 

Il peut y avoir des maladies, des deuils, des embûches financières (1), des problèmes de compatibilité horaires et calendriers de boulot. 

Il y aura certaines limites physiques à ne pas franchir (ou : à ne pas trop tenter de repousser) sous peine d'être inefficace au travail.

Cette année je m'impose de ne manquer aucun entraînement proposé auquel mon niveau et mon emploi du temps me permettront de participer. Ça sera hélas peu, compte tenu de mes horaires, et pourtant beaucoup, compte tenu de mon peu de temps personnel.

La semaine passée je suis parvenue à mettre à profit une période de travail à temps plein pour m'entraîner en ou vers la forêt le midi. Je crois que ça sera pour cette première année la plus sage stratégie : mettre à profit les déplacements liés au travail afin d'en faire des plages d'entraînement. 

Il faudra(it) qu'un jour j'acquiers un home-trainer (2), une combinaison (de natation), et un VTT.

 

(1) J'avoue avoir sous-estimé l'investissement de départ, plus particulièrement celui des inscriptions aux courses et du matériel de complément pour le vélo, même si je pense [consciente que j'aurais beau avoir le plus léger et technique et moderne vélo du monde, je n'irai pas à la vitesse des bons du club et leurs jambes d'hommes jeunes pour certains très entraînés, avec dans ce sport un passé de qualité] qu'il est tout à fait digne de bons débuts.

(2) Je découvre à cette occasion que le Home trainer movie est un genre en soi. Celui-ci mérite une distinction, sans doute car j'imagine ce que Buster Keaton en aurait fait.

PS : Rien à voir, mais en recherchant un point d'orthographe pour ce billet j'ai découvert un bon blog, plein de beau et bon français.


Intégration (dimanche)

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Ça reprenait par la natation, ce qui me mettait à l'aise, je serai la plus lente mais pas la plus fatiguée, capable de tout faire sauf peut-être plus de 25 m pap. 

L'inconvénient était le petit déjeuner pris avant, je savais qu'il fallait donc que je mange léger, et que je ne force pas trop en fréquence - je ne l'ai fait que pour un 50 m brasse en relais -. 

Banane de secours pour après.

Commentaires des habituées de la piscine, côté dames des dames, du genre habituées d'un cours d'aquagym, surprises de n'être pas les premières, comme tous les dimanche (avant la messe ?). C'était drôle. 

Penser à ne pas faire un shampoing, risque de devoir sortir cheveux trempés sans s'être séchées et je traînais encore des séquelles respiratoires du rhume du début du mois.

Trajets en voiture, j'y apprends que les voitures modernes peuvent avoir des sièges avant massants et compensateurs de virages (c'est Éric qui expérimentait). 

Je prends une photo qui allait constituer un plagiat par anticipation d'un touite mardi de restot, lequel représentait une toile de Rothko. 

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 Le temps de poser les affaires et se mettre en tenue de vélo et c'est un petit contre la montre en binôme, je déçois mon parrain je préfère y arriver lentement plutôt que d'être poussée. De la même façon la veille au soir les hommes jeunes souhaitaient me porter. Ils sont mignons les hommes, mais croyant bien faire, et quoiqu'adorables, diablement agaçants. Let me try, I ain't no princess.

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On avait prévu les pompes de courses au pied du grand escalier de notre bâtiment - le campus, oh là là, ce campus, j'aurais dû me douter que le triathlon était un truc de baroudeurs - 

PA230030et c'est après un bref échauffement et dûment vêtu des cuissards de vélo, ce qui me laisse la sensation de courir avec des couches, un 1 km chrono.

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Je suis la très très très plus lente mais boucle mes quatre tours, avec haie d'honneur rigolarde à la fin. Je n'aurais pas cru être capable de courir après les efforts du vélo, mais j'y suis parvenue. 

Ensuite c'est la photo de groupe, qui doit être sur Whatsapp (je télécharge l'appli mais il est un peu tard pour être connectée), et le repas,   PA230033

 

La partie de cantine qui nous est dévolue est le seul endroit pas tout à fait glamour de l'ensemble, le seul endroit normal. J'intercale une micro chasse photo avant la sieste de 30 minutes qui précède le run and bike, dernier épisode de nos aventures de ce rite de passage. PA230031

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Arrive alors le run and bike, donc, et c'est le moment que choisit la pluie pour s'inviter, jusqu'alors le temps avait été frais - cette impression qu'Honoré était à mes côtés en permanence, bienveillant, à mesurer sourire en coin, les bienfaits de ce cadeau de la fin de la frilosité qu'en partant j'ai l'illusion qu'il m'a fait - mais de toute beauté. L'épreuve est la plus éprouvante, je n'ai guère l'opportunité de prendre de photos seulement celle-ci 20161023_144136
alors que nous nous dirigeons vers le point de départ. Quatre à cinq kilomètres en allant le plus vite possible l'un pédalant, l'autre cavalant, chacun son tour. Je mets la gomme en vélo sur la fin, et arrive en même temps que mon coureur de parrain qui s'est donné à fond. Repars en vélo pour finir avec d'autres alors qu'une place en voiture m'était proposée. La pluie battante sur un retour ne me dérange pas. Je sais qu'une douche chaude pourra être prise et des vêtements secs enfilés. 

Bagages, douches et débriefing, dans la bonne humeur, les winners sont contents de winner, tous heureux d'avoir tout fait (seuls quelques désistements ont eu lieu pour la piscine).

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L'esprit de compétition reste pour moi toujours aussi mystérieux, chacun étant seul à avoir un lot donné de capacités, comment comparer. Le plus fort et rapide d'entre nous est un grand gars de 25 ans dont je pourrais être la mère, il est absolument illusoire et vain de rivaliser. Mais je sais qu'on doit probablement à ceux et celles qui en étaient pourvus la survie de l'humanité, même si aussi des morts dus aux conflits guerriers. 

Avant de descendre, j'ai pris note des références de la literie, c'est la (bonne) surprise du week-end, en collectivité un couchage parfait.PA230037 

 

20161023_170809Ensuite c'est le retour, un peu silencieux (nous sommes tous trois fatigués) sous une pluie battante, heureux d'être dans un véhicule motorisé et clos 20161023_173235
Nous traversons une campagne riante et après un lot classique d'embouteillages, qui me permettra de constater que non, tous les hommes ne deviennent pas débiles et coléreux lorsque ça bouchonne - à force de supporter en tels cas des explosions de colère j'en étais venue à penser que c'était lié à la testostérone, un machin fatal et inévitable -, nous débouchons vers Paris. 20161023_184333
Nous découvrons au passage une route insoupçonnable qui servira probablement de raccourcis lors de mes retours familiaux de Normandie. 
Notre entraîneur et pour l'occasion conducteur poussera la classe jusqu'à déposer mon parrain et moi à nos domiciles respectifs alors même qu'il est attendu.

Ce club a une impressionnante qualité d'accueil. 

Et je serai donc rentrée de ce week-end avec la conviction que mon rêve sportif un peu fou ne l'est pas tant et pourrait être, à condition de bien bosser, tout à fait à ma portée. Il y a aussi que moi qui ne connais pas l'ivresse et dont le meilleur moyen de décompression (lire) est devenu une activité professionnelle, je n'avais pas déconnecté aussi efficacement depuis bien longtemps. Déposer les armes pour en saisir d'autres est une excellente technique de décompression. 

De tout le week-end je n'ai su qu'une nouvelle extérieure, qui concernait hélas une amie et que sachant imminente je suivais (autant que possible), pour le reste plus rien ni dans la sphère personnelle ni générale et décrocher ainsi aura également contribué à me faire un bien fou. 
Quant aux chagrins, ils ont été totalement vidés de leur substance, c'est un effet très efficace du sport lorsqu'on en apprécie la pratique, reste à voir s'ils vont où non par la suite rappliquer ou s'ils se le tiendront enfin pour dit. Il ont en tout cas encaissé une formidable mise à distance.

La stupéfaction fut de constater qu'alors que je me serais crue incapable de faire tout ce qui était au programme, non seulement j'ai pu suivre (certes lentement) mais j'ai fini le week-end dans un état de fatigue peu supérieur à celui qui est au naturel le mien. 

Voilà, une nouvelle phase de ma vie débute, puisse-t-elle me mener un morceau de chemin. Je me réjouis d'en découdre.