My own private monday evening five o'clock blues

    

    Longtemps je fus sujette au fameux sunday evening five o'clock blues, si bien connu de celleux qui ont fait leurs études en internat, le week-end étant si court, pour ma part dû à trop de travail presque tout le temps même quand j'aime mon métier comme en ce moment et globalement le plus souvent depuis que je travaille comme libraire. On doit déjà reprendre le collier, la semaine s'annonce chargée et l'on n'en a pourtant pas fini avec tout ce que l'on avait à faire dans nos vies personnelles. 

Ces dernières années, du fait de ce métier, mes week-ends se sont trouvés décalés : dimanche - lundi plutôt que samedi - dimanche. Mon cours de danse, était ainsi passé du samedi au lundi (après quelques années de jeudi après-midi). Dès lors mon dimanche qui était le lundi était porteur d'un temps personnel fort, qui me demandait de la concentration, me permettait de laisser les tracas à la porte, et était suivi puisque le club de sport en comportait d'un moment de détente, hammam ou sauna. Ça me remettait le corps à neuf pour la semaine. 

Seulement voilà, les clubs de cette chaîne ont licencié la plupart de leurs professeurs de cours spécifiques, danses, ou yoga. Fin des cours de danse.

Alors le lundi est devenu pour moi un dimanche comme les autres, ma famille en moins puisqu'en général les semaines d'études ou de travail vont du lundi au vendredi. Et le sunday evening five o'clock blues a viré au monday evening five o'clock blues. Démarrer la semaine est plus difficile aussi. 

 


Une émission en rentrant


    En rentrant du travail je tombe grâce à son compte FB sur cette émission (1) à laquelle a participé Thomas Gunzig. Il y a eu un passage difficile quand il a été question du 8 janvier 2015. Et puis ça m'a fait du bien. Même pour cette partie de l'entretien. 

 

(1) Sérieux délires du 10/08/15 par Nicolas Buyaters 


La vie est plus facile quand on est musclé (constatation désabusée)

 

C'était un de ces distributeurs de boissons et autres cochonneries qui fonctionne avec un colimaçon censé tourner suffisamment pour laisser tomber le produit choisi dans le réceptacle où l'on peut le récupérer. Une fois sur six, ça n'avance pas assez ou le paquet de chips choisi est trop léger et reste coincé à demi-engagé sans tomber.

De ma mauvaise éducation j'ai quelques réflexes acquis comme ceux de taper là où il faut sur les machines rétives afin qu'elles cessent de débloquer et débloquent notre dû. Mais celle d'aujourd'hui était encastrée dans un pan de bois du moins sur le côté.

J'ai renoncé et avec les quelques pièces qui me restaient ai fait couler un thé à la menthe dans la machine voisine. La poisse a eu pitié : elle a daigné faire arriver au bon endroit au bon moment le gobelet.

Puis j'ai remarqué que l'encastrement valait latéralement et je me suis souvenue que mes brèves années de libraire jointes à l'entraînement sérieux de natation m'avaient offert des muscles. J'ai vécu faible pendant une quarantaine d'années, j'ai donc un peu tendance à l'oublier. J'ai donc bougé la machine, pas comme une brute, ce qu'il fallait et sans même peiner. Et récupéré ce que j'espérais manger (1).

La vie est quand même plus facile quand on est (un peu) musclé. Même les machines obéissent au lieu que de nous imposer leurs conditions. Dans un monde qui fonctionne selon la loi du plus fort (sauf quelques exceptions) il est hélas bon d'être un peu moins faible.

 

(1) pas par gourmandise, par fringale ; je vais mieux mais c'est encore un peu compliqué, fractionner les repas, manger léger et du coup parfois avoir une faiblesse passagère.

PS : Je choisis cet exemple trivial en supposant que la machine ne va pas se vexer, mais j'en ai d'autres sous la semelle, plus significatifs.


Leaving Montreuil

 

J'ai passé hier une belle soirée à Montreuil. Kim Thuy était l'invitée de Folies d'Encre et même si je suis arrivée trop tard pour les lectures (1) la revoir était un plaisir, ainsi que Jean-Marie. Je retrouvais une amie pour un tranquille moment qu'enfin on s'accordait et c'était bien aussi.

Mais je me suis à cet occasion rendue compte que j'avais en quelque sorte quitté cette ville qui fut pourtant mon refuge pendant 6 à 7 ans. J'y fréquentais le Méliès, sur l'indication d'amies de mon ciné-club qui habitaient déjà à proximité. Du cinéma j'étais passée à la Librairie, un jour de grande détresse intime où ça m'avait sauvée. J'avais appris que le centre nautique venait de réouvrir après de belles transformations. Notre piscine municipale étant alors embarquée dans des travaux longue durée, j'avais pris là (à 1h20 de chez moi quand même, aller nager à Bruxelles eût été guère plus long) une carte de fidélité.

Il y a eu de travailler avec des horaires pour partie en nocturne (finir à 20h à l'autre bout de Paris rend une séance à 20h30 impossible ; et une lecture à 19h illusoire). Il y a eu d'aller mieux, ou d'aller mal pour autre chose que le chagrin d'amour initial et le chagrin d'amitié collossal que j'avais encaissés.

J'ai eu moins besoin de refuge.

D'une façon diffuse aussi j'appréhende d'y croiser madame A. Je ne saurais le faire sans parler (quelque chose de l'ordre du sens civique, savoir qu'un danger plane, en avertir la personne concernée), je ne sais pas si ce n'est pas mieux qu'elle ne sache rien, ou du moins rien tant que la peine n'est pas arrivée. Le plus simple est donc de ne pas se rencontrer, c'est sans doute prématuré. Il ne faut pas devancer l'appel des malheurs, plutôt se préparer à devenir assez forts pour les encaisser.

Je n'ai plus de raison d'aller au cinéma depuis qu'il n'est plus ce qu'il était : même si la programmation redevient attrayante, pourquoi courir si loin de chez moi pour voir un film projeté aussi dans Paris dès lors qu'il n'y a pas de rencontre avec le réalisateur, de présentation instructive, de leçon de cinéma.

Je m'aperçois donc qu'à mon insu j'ai quitté Montreuil, comme si j'y avais logé puis en avais déménagé.

Une page est tournée.

 

(1) en partant de l'avenue Franklin Roosevelt à peine avant 20 heures, forcément.

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J'adore assister


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J'adore assister aux projections presse des films italiens. D'abord parce qu'ils sont rarement mauvais, ensuite parce que j'y retrouve souvent des amis (Sorj, aujourd'hui), enfin parce que les locaux sont à la fois discrets et somptueux.

[vendredi 3 mai 2013, non loin des Champs-Élysées, début d'après-midi quand dans ma vie antérieure j'aurais dû travailler]

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Une méprise favorable

un vendredi, au bord d'un long couloir,

 

Il m'avoue qu'il attendait une amie, enfin une connaissance, bredouille un peu, précise que de visu il ne la connaît pas et que bref dans un premier temps il a cru que c'était moi. Comme il est jeune et beau je suis flattée déjà.

Le temps que nous échangions les quelques mots amusés que la situation nous inspire, arrive la femme du rendez-vous. Fine et jolie et surtout d'une bonne vingtaine d'années de moins que celles que m'attribue tout calendrier pourvu d'honnêteté.

Je m'esquive équipée d'un grand sourire intérieur.

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366 - difficile de

vendredi, fin de congés 

 

Difficile d'être triste lors d'une journée mère-fils. Elles auront jalonné ces années où j'avançais de chagrin en difficultés, parce que reculer n'est pas possible quoi qu'on traverse. À chaque fois une trêve, malgré les menaces qui n'aiment pas cesser - l'argent manque ou la santé, pour l'un ou l'autre d'entre la maisonnée -.

Difficile de n'être pas heureuse de voir un cousin de façon inespérée à l'heure du déjeuner. Et de les voir heureux de leur compagnie mutuelle. Le tirage au sort du sort m'a été en cousinages hautement favorable, je ne le dirai jamais assez. 

 

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La mémoire perdue

Ce matin, à la BNF, mais sinon 6 ans plus tôt


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J'ai enfin trouvé un moyen de récupérer photos, textes et messages du temps de mon ordinateur n-2, lequel semblait avoir après réparation d'un esquintement de disque dur perdu ses capacités de connexion wi-fi.

A longue patience mais je sais que si aucun élément extérieur ne se produit qui vient contrarier ce projet, j'irai au bout, me voilà en chemin pour retrouver mes images des années 2005 et 2006. Afin que ce travail fastidieux ait un sens, en plus que pour certaines d'aider à un de mes chantiers, j'ai décidé d'enfin créer cet album photo du comité de soutien que j'avais promis à certains. Par ailleurs, je prends le temps de loin en loin de jeter un coup d'oeil sur les éléments transférés, je ne suis pas un robot je suis un être humain.

Et précisément pour cette raison, je possède quelques failles. Je savais que mon changement radical de vie au moins professionnelle et les événements subis lors de la sombre saison 2005/2006 n'avaient pas été sans séquelles.

Je sais aussi que ma vie "d'Usine" me convenait et ressemblait si peu qu'il est saint que mon cerveau en ait effacé bien des éléments. Il n'est pas bon de trop bien se souvenir de nos lieux d'enfermement. 

En revanche ces photos de mars 2005 sur lesquelles je suis retombée ce matin me laissent mal à l'aise. Je sais par déduction et parce que je reconnais l'une des silhouettes qu'il s'agit d'un bureau collectif où nous venions d'emménager. Les collègues m'avaient peut-être sollicitée pour photographier, ces endroits ne m'inspiraient guère. Sans doute s'agissait-il d'une fin de déménagement, la satisfaction du devoir accompli, d'être parvenus à caser tous les cartons alors que l'espace réservé à chacun se réduisait sans cesse. Mais voilà, ces lieux ne me disent plus rien, et à peine les humains - sauf une, bonne lectrice -. Je sais que j'ai travaillé en ces lieux, je ne m'en souviens plus, je ne m'y revois guère et serai peu capable de dire quel était mon bureau, je sais où se situait le bâtiment car nous y occupâmes des locaux successifs pendant assez d'années, mais j'ignore quel était l'étage de la photo, n'avais pas souvenir de ces bribes de cloison, par exemple. Plus rien. La femme alors encore jeune que des salariés ont côtoyée en ces lieux et qui portait mon nom était bien quelqu'un d'autre à qui je n'ai plus qu'un très faible accès.

L'amnésie partielle dont je souffre est plus étendue que ce que je croyais.

Mais pour cette part-là, je ne saurais regretter.

[photo : l'image en question, 10 mars 2005 très précisément]

 

 


Vrai Plantu (le coup du)

Jadis, dans ma vie d'avant, entre Paris et Bruxelles (déjà)

 

Minée par des scandales politico-financiers passés par les brigands d'en haut quand les salariés de base faisaient honnêtement leur boulot, "l'Usine" avait été menacée de faillite, sauvée par des deniers publics (hé, oui, déjà en ce temps là, début des années 90 du siècle dernier), et à nouveau menacée par des règlements européens qui au non de la concurrence "libérale" l'interdisait.

Il avait donc été question que les braves clampins dont j'étais, eux qui payaient trois fois les malversations, comme salariés, comme contribuables et comme clients (captifs) de l'Usine, s'en aillent à Bruxelles manifester. Les aides devaient être avalisées. Sinon nos emplois sautaient.

Je n'ai jamais manqué une opportunité d'aller dans cette cité, même si en ce temps-là je n'y connaissais personne (1). Il était de plus assez jouissif de faire grève et manifestation avec la bénédiction jésuitique de notre hiérarchie ; pour une fois que protester était bien vu (2), il convenait de ne pas s'en priver.

Un de mes bons amis mais qui travaillait dans un autre service s'apprêtait lui aussi à participer. Voilà qu'il me fit parvenir, j'ignore à présent si c'était par messagerie interne après un scan comme ça pouvait, ou par fax (3), toujours est-il qu'on voyait le dessin mais la signature pas très bien, un beau carton humoristique où on le voyait assis à son bureau, tendrement caricaturé mais très reconnaissable, et deux ou trois collègues qui passant la tête par une porte esquissée (4) qui disaient qu'Heureusement qu'il était là pour sauver l'Usine.

J'ignore ce qui dans le message d'accompagnement me l'avait laissé penser mais j'étais persuadée que l'œuvre était le fait d'un des collègues du camarade, j'étais donc d'autant plus bluffée par sa qualité et avais répondu à ce dernier : - Ben au moins un qui n'aura pas de mal à se reconvertir si on ferme.

La réponse à ma réponse me valu un fou-rire aussi mémorable que lorsque j'avais compris qui était Marc Lévy (5) :

- Il a pas à se recycler, c'est le vrai Plantu.

 

Et effectivement si l'on regardait le dessin aucun doute n'était possible. J'avais simplement omis de concevoir que mon pote et Le Vrai Plantu se fussent croisés.

Ce matin, dans un domaine différent, je me suis refait peu ou prou "le coup du vrai Plantu". Je crois que mon cas est irrécupérable.

En attendant je me fais rire.

C'est déjà ça.

J.B. Shaw : "Depuis que j'ai appris à rire de moi-même, je ne m'ennuie plus jamais".

[Source : Citations de George Bernard Shaw - Dicocitations ™ - citation ]

 

(1) Comment était-ce possible ?

(2) Les circonvolutions litotiques de mon N+2 de l'époque pour m'indiquer qu'il approuvait que je m'absente, de la dentelle de Bruges, j'en souris encore.

(3) Oh oui les fax, vous vous souvenez ?

(4) L'art des grands dessinateurs, quelques traits leurs suffisent pour planter le décor.

(5) Celle-là, j'attends d'être pauvre et célèbre pour la raconter, tellement c'est la honte (pour moi).

 


Mot d'excuse

ces semaines de mai (et juin sera pire)

 

Je suis donc en retard dans tout ce que je fais, vie plutôt belle mais trop remplie, où je ne parviens plus même à faire mes lessives, tenir mon fotolog, participer au Petit Journal et ouvrir le courrier postal, répondre aux messages n'en parlons même pas, quant à suivre l'actualité c'est juste parce qu'elle est en ce printemps si mouvementé et terrifiante (je pense aux victimes au Japon et aux morts de guerres civiles / révolutions plus particulièrement) qu'elle est impossible à ignorer à moins d'un isolement volontaire draconien.

Je ne conserve le temps de lire que parce qu'il s'est professionnalisé, et n'écris plus, à nouveau comme dans ma vie d'avant, que sur des temps sauvés.

Je prie donc les parents et amis que mon silence ennuie ou mon manque de disponibilités (si vous voulez vraiment me voir vous savez où me trouver, même si ça manque d'intimité ; et sinon, de grâce, prévenez à l'avance (1)) de ne pas m'en tenir rigueur. Je ne suis pas fâchée. Et de toutes façons ne suis pas de ceux qui boudent donc mon silence a forcément une autre raison. Si je ne réponds pas c'est juste qu'aux soirs je m'endors en rentrant tout droit, qu'aux matins je cavale et qu'aux week-ends j'ai répondu présente à des vadrouilles proposées ou choisies.

Après la mi-juillet, ça devrait se calmer. Et j'envisage en août de ne pas ou très peu bouger.

Cette sur-occupation n'est pas un choix délibéré, elle découle d'engagements qui se sont développés de façons florissantes à un point que je ne pouvais imaginer. Et qui sont porteurs de bonheurs quand certains autres me sont refusés. Je ne peux donc m'en détourner, ils me font tenir.
Mais la vie qui m'irait serait de vivre retirée auprès d'un homme que j'aimerais et qui m'aimerait, nager au tôt matin après avoir délicieusement baisé, déléguer toutes les tâches ménagères et écrire toute la journée. Photographier lors de brêves sorties, pour le chien à promener ou du pain frais à aller chercher. Retrouver les amis pour deux ou trois heureuses soirées par semaine. Et continuer à lire tout le temps.

À part lire et nager et certaines soirées, c'est pour l'instant un peu raté. Déjà pas si mal, quand même, on dira.

 

(1) Vous qui n'êtes à Paris que de passage en coup de vent. Ce n'est pas que je ne veux pas qu'on se voie, au contraire ça me ferait plaisir, mais je ne suis pas d'accord pour annuler au dernier moment d'autres engagements auprès d'autres personnes et qui étaient prévus avant. Grand merci au passage à celui qui est passé samedi en ayant pris soin de proposer plusieurs dates possibles, et se revoir c'était si bien.