De retour

 

Étrange état de grand détachement triste. Les vacances pour autant se sont fort bien passée, à part une chute dont je n'étais pas protagoniste et qui aurait pu très mal se terminer mais heureusement non.

 

Ce fut même, comme chaque année et peut-être davantage, un régal de cinéma. 


Plus particulièrement sans doute parce que les films que j'ai vus cette année dans la section "ici et ailleurs" étaient urbains, et qu'au retour une des premières corvées a été de faire les courses familiales dans l'hypermarché voisin, lequel, flambant neuf et fréquenté par un bel échantillon de monde entier pourrait être dans une mégapole d'Inde, d'Asie ou d'Amérique du Sud - pour le Moyen-Orient il y aurait davantage de femmes intégralement voilées, quant au continent africain je ne sais pas s'il est équipé d'emplacements si concentrés et vastes dont la climatisation coûterait plus qu'ils ne rapporteraient -, la sensation très forte d'être tous embarqués sur une même planète de partout, et quelque chose m'en plaît - frères humains pareillement embarqués - et quelque chose m'en effraie - ce monde de consommation effrénée, ainsi qu'une forme d'uniformisation forcée -.

  

Le plaisir partagé de la course à pied se confirme. Retrouver les lieux que l'on a parcouru l'année précédente en débutants de deux mois et pouvoir accomplir un plus grand parcours sans jamais se demander si on ne va pas devoir finir en marchand est quelque chose de très réconfortant. Je ne suis pas périmée pour toutes les activités. Et me voilà malgré certains dommages particuliers dus à une méchante tournure de certains événements, équipée d'une condition physique comme à vingt ans il ne m'était pas permis de rêver.

  

Il y aura eu des étrangetés : après les clefs volées et autres serviette hygiénique et mouchoirs en papiers, deux culottes disparues - mises à sécher, envolées - ; non seulement me quitte une personne mais aussi les plus quotidiens des objets. L'apparition d'un dentifrice espagnol. À une tout autre échelle, cet incendie de la mairie au premier jour du festival - le silence dans la salle plus tard lors d'une scène similaire dans un film -. Cette catastrophe ferroviaire au Canada si voisine de celle d'un des films vus - train fou sans pilote -.

  

Il y aura eu des pleurs. Un deuil en moins définitif. En commun avec celui de la mort d'un proche, ce va-et-vient entre les moments d'aller mal, essorés, éreintés, obsédés de l'absence fraîche et de sa collection de Mais que faire ? de Pourquoi ?, et ceux de réussir à se dire La vie continue, avance, tu n'as pas le choix. Le refus de devenir misandre ; se dire à toutes forces que ce serait aussi stupide que de devenir raciste après avoir subi plusieurs agressions aux attaquants semblables. Que ça ne veut rien dire d'autre que notre probable qualité de proie préférentielle pour certaines catégories de prédateurs. Et qu'un grand fauve est un grand fauve, même s'il semble blessé. Plutôt que de tenter l'impossible, éviter de fréquenter le même plan d'eau.

Il y a cette sorte d'épidémie de mise sous clefs des blogs : entre qui est prié de retirer certains billets, qui fait comme moi un acte manqué (mais sans doute pas sous la pression de la CGT, dont je garde l'exclusivité ;-) ), nous sommes plusieurs a avoir choisi le mode confidentiel pour au moins une partie de nos textes. Nous ne souhaitons pas nuire.
J'ai reçu de la part d'un type bien un message de grand réconfort et un SP. Le genre d'attention qui lorsque tout se délite compte infiniment. Merci à toi si tu passes par là. 

Il y aura eu une belle rencontre, voire deux. De celles qui laissent à croire que la chance nous sourit. Que souhaitent nous rendre espoir les scénaristes échevelés de la vie.

  

Il y a aussi de savourer un retour qui n'est pas synonyme de l'enfermement renouvelé dans cette prison (dorée, j'en suis consciente) que constituait pour moi "l'Usine". Je serai même heureuse de pouvoir retrouver mon travail encore un peu. Quoi qu'il advienne j'aurais au moins connu pendant quelques années la joie d'un emploi qu'on est heureux et fier d'occuper et dans lequel on se sent utile.

  

Il y a aussi le plaisir de retrouver les enfants.

  

Puis : les amis et de bien jolies propositions ; l'internet version luxe (1).

Il y a 2102 messages non lus : sur le lieu des vacances je me suis efforcée de lire et répondre à ceux qui étaient très personnels ou présentaient un caractère d'urgence. Il me faudra sans doute l'ensemble de la semaine afin d'écluser le retard. Sorry for always being so late.

  

Seulement voilà, en cette année 2012 / 2013 tant de choses se seront achevées, certaines avec brutalité, certaines à titre collectif mais très symptômatiques d'un air menaçant des temps (le ciné-club tel que nous l'avons connu avec des week-ends de vie de château, l'Institut Néerlandais auquel je dois beaucoup, la librairie Del Duca ...) que je reste comme échouée après m'être sauvée d'un naufrage, ou reprenant conscience dehors après un tremblement de terre qui m'aurait surprise dedans. J'ai survécu, je survivrai. Mais à présent ?

De ce qui est à venir, je sais seulement qu'il me faut à toute force écrire, par ailleurs remettre à flot l'appartement, si possible aidée par le père de mes enfants, et que dans le meilleur des cas nous devrons faire avec de moins en moins d'argent. Puissions-nous ne pas avoir de moins en moins de santé en même temps.  

Le secours d'une suite d'été particulièrement chaude serait grandement apprécié (2).

 

(1) Rien de tel pour mesurer un privilège qu'on a que de le perdre temporairement.

(2) J'ai le droit d'être égoïste à mon tour, après tout.


Le questionnaire de Sophie Calle - sept ans après

 

Période délétère porteuse de tant de fins, au travail comme ailleurs. Je passe du temps à préparer des caisses de livres que l'on renvoie, il n'y a plus assez de clients. Ces retours se font désormais sur un rythme impitoyable, et je m'attriste que certains ouvrages partent sans qu'on ait pu les défendre vraiment.

Ainsi ce volume pour lequel Sophie Calle, qui est quelqu'un que j'aime et dont le travail me touche, a répondu à quelques questions.

 

Par ricochet j'en suis venue à retrouver son questionnaire et me demander si aujourd'hui, sept ans après et un cycle complet dans ma vie plus tard, je répondrais de la même façon.


Il y a dix ans aujourd'hui que j'ai écrit mon premier texte. Je préparais le gâteau d'anniversaire de mon fils, tard le soir après le travail et afin qu'il fût prêt pour le dîner du lendemain. La semaine précédente, par la suite d'un joli enchaînement de circonstances dans lequel elle n'était pas pour rien, j'avais participé à un tirage au sort qui m'avait permis de gagner un home cinéma. Alors en attendant que le gâteau cuise, et dans l'idée de ne pas m'endormir et le laisser cramer, j'ai voulu envoyer à mon amie la plus proche un message pour lui raconter ce qui m'était arrivé de joli.

Ce n'est pas un message, mais un texte qui est venu.

Cinq mois plus tard, elle me mettait le pied à l'étrier. Six ans après, je parvenais à quitter le job alimentaire nécessaire à payer notre logement, toutes dettes apurées.

J'ai depuis la chance de travailler comme libraire, c'est un métier que j'aime, que je peux exercer tant qu'il existe encore.

Il n'empêche qu'il est temps désormais que je me consacre entièrement à mon travail. J'ignore si économiquement je pourrai. Je n'ai plus l'âge d'être raisonnable.

 

 

Le questionnaire de Sophie Calle

 
 
 Quand êtes-vous déjà mort ?

 - Lorsque mon amie intime, ma presque soeur, sans signe avant-coureurs ni explication m'a dit qu'il serait préférable qu'on ne se voie plus.

- Lorsqu'avenue de Clichy que je descendais en vélib, une voiture devant moi sans non plus le moindre signe avant-coureur ni regarder qui venait en face a entrepris un demi-tour soudain. J'ai eu le temps de penser "Par-dessus ça peut pas", de tenter un zig zag d'esquive de la dernière chance (tenter de freiner était inutile), d'entendre des gens sur le trottoir hurler. Je dois mon salut aux réflexes et aux bons freins du conducteur qui venait en face et a failli se manger, alors qu'il n'avait rien à se reprocher, et une voiture et un vélo. Depuis, j'ai un peu peur de n'avoir pas assez peur de la mort.
 
- Des moments de maladies ou de douleurs si intenses que l'on croit que tout est fini, qu'on va y passer. Mais j'en ai à présent traversés suffisamment pour savoir que ça n'est pas si facile ni simple de passer de l'autre côté.

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Le livre que je n'ai pas fini (réponse 2006).
Elle reste valable avec, jusqu'à récemment, l'espoir de (re)voir quelqu'un que j'aimais.

      
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
 Ma vie les a pour la plupart totalement dépassés, je ne m'étais sans doute pas autorisée à en faire assez. La gosse que j'étais en est tout épatée
(mais beaucoup moins ma banquière).

         
Qu’est-ce qui vous distingue des autres ?
ma vitesse de lecture et un certain sens de l'orientation (sauf lors des enterrements qui me déboussolent). (réponse 2006 toujours d'actualité)
J'y ajouterais désormais d'avoir une condition physique qui (pourvu que ça dure) s'améliore en vieillissant.
   
   
 
Vous manque-t-il quelque chose ?
la confiance en moi (réponse 2006, toujours vraie) et en les autres (ajouterais-je quelques déceptions plus tard)
Et quelque chose de l'amour.

 
Pensez-vous que tout le monde puisse être artiste ?
Je n'en sais rien. En revanche je sais que si on l'est mais en n'étant pas né au bon endroit au bon moment ni du sexe favorable, on est mal barrée (réponse 2006, toujours OK).
J'ajouterais que je sais désormais que certaines personnes ne souhaitent surtout pas l'être, même si leurs aptitudes les y autoriseraient. C'est trop dangereux, risqué.
 
  
D’où venez-vous ?
from outer space, no doubt about it (réponse 2006, unchanged)
      
 
Jugez-vous votre sort enviable ?
Oui, malgré le chagrin
 
A quoi avez-vous renoncé ?
Il faudrait que je renonce au sexe mais, encore en forme, je n'y parviens pas.
J'ai à peu près renoncé à tout espoir de bien gagner ma vie, je compte sur la chance.
   
 
Que faites-vous de votre argent ?
 Il est dépensé avant que d'atterrir sur mon compte, essentiellement en remboursement de crédits immobiliers, impôts et charges de vie courante. (réponse 2006, inchangée)
Je pourrais sans problème dépenser mon salaire en bouquins
 Ce problème fut résolu par le fait d'être libraire et d'accéder à la BNF.         
 
Quelle tâche ménagère vous rebute le plus ?
Toutes sans exception (et ce n'est pas le père de mes enfants qui me contredira). (réponse 2006 et rien n'a changé)
 
    
Quels sont vos plaisirs favoris ?
Rire, lire, écrire, photographier, passer de bons moments avec ceux que j'aime, nager, aller au cinéma, écouter de la musique, chanter, voyager. (réponse 2006, toujours valable)
J'aurais tant aimé ajouter faire l'amour.
   
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Je n'ai plus aucun rêve matériel. Du temps à ma main, de la bonne santé, de l'amour à bonne hauteur.

    
Citez trois artistes vivants que vous détestez.
J'ai du mal à détester les gens en général et les artistes (les vrais, pas les vendeurs de soupes industrielles) en particulier.
Il faudrait pour ça qu'ils aient fait du mal à quelqu'un que j'aime.
(réponse 2006, n'a pas bougé)
      
 
Que défendez-vous ?
les vieilles valeurs féministes, humanistes, démocratiques, non marchandes, de tolérance, de partage et de préservation de cette planète, si désuètes et méprisées.
(réponse 2006, n'a pas bougé mais est devenue encore plus d'actualité)
J'ajouterais en 2013 le mariage pour tous et le droit de pouvoir choisir de mourir dans la dignité.
    
 
Qu’êtes-vous capable de refuser ?
n'être qu'une amie pour un homme qui m'a donné envie de l'aimer.

      
Quelle est la partie de votre corps la plus fragile ?
Voilà qu'à présent je n'ai plus de fragilités particulières (ça alors !). Vive le sport et le fait d'exercer un métier un peu physique.
   
 
Qu’avez-vous été capable de faire par amour ?
(presque) mourir et plusieurs fois (réponse 2006, hélas toujours valable)
    
Que vous reproche-t-on ?
De ne pas tenir compte de ce qu'on ne m'a pas dit.
De ne pas laisser les autres abuser de ma gentillesse au delà d'un certain point.
(très ponctuellement : d'avoir laissé pendant 4 heures un blog confidentiel sans protection)

   
A quoi vous sert l’art ?
à être humain.
   
 
Rédigez votre épitaphe.
« C'est dommage, y a pas l'internet» (réponse 2006, mais peut-être que depuis, l'enfer s'est équipé ?)
"Profitez du bon, c'était maintenant".
    
   
Sous quelle forme aimeriez-vous revenir ?
un fantôme favorable (réponse 2006, inchangée)
   
   
addenda du 07/07/13 : à la réflexion à la question qu'aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire, je remettrais peut-être le vélo de 2006 mais d'un modèle acceptable pour faire du triathlon ou, pour rêver, des Ondes Martenot.
(je suis tombée vendredi soir amoureuse de l'instrument - hélas coûte une fortune même dans sa version numérique qui est encore abordable -)


Ceci n'est pas un billet

 

Mais une façon de [me] noter que je voudrais écrire :

- quelque chose sur les gestes quotidiens multiples que l'on accomplit d'ordinaire sans trop y penser ; jusqu'au jour où une grande fatigue ou une incapacité nous les rend difficiles, compliqués.

- quelque chose à partir des 99 ou 100 Je me souviens de Monsieur Le Chieur parce que c'est intéressant d'à quel point je partage certains quand d'autres me sont inconnus. Pourtant il s'agissait du même pays, des mêmes années.

- quelque chose qu'a fait résonner la question de Julie samedi à son auteure invitée (1) : 

- Vous menez toujours à bien chacun de vos projets. 

Et que la réponse dans un premier temps était liée à la publication. Alors que je ne sais raisonner qu'en terme de travail effectué. C'est-à-dire la part qui dépend strictement de mon existence et de moi.

- qu'il faut vraiment que je prenne note quelque part des livres lus, des films vus, des airs dansés car ils filent plus vite que je n'ai le temps d'en chroniquer quoi que ce soit. En attendant j'épingle ci-dessous notre nouveau support de choré. ; au moins je saurais où le retrouver. Alesha Dixon - Breathe slow

(1) Salut à toutes les deux si vous venez à passer. Et grand merci pour le bon moment.

 

 


Le rien est peuplé

 

Par la force des choses (1) me voilà dans la configuration d'une journée Finzi Contini. Mais ce n'est pas pareil lorsqu'il s'agit d'un jour qu'on a soi-même décidé en protégeant l'agenda ou lorsqu'on y est contraint, à moins d'une proposition imprévue.

Je suis fatiguée, plus qu'à mon ordinaire déjà peu brillant, l'hiver qui n'a cédé que tardivement à un trop frais et très pluvieux printemps n'y est pas pour rien, les ordinaires chagrins, la fin prochaine d'un travail que j'aimais (et dont j'ai financièrement besoin - que faire par après ? -) ajoutent à la peine des jours. Sans doute aussi le fait, fors le Festival de La Rochelle réservé avant que la situation ne se soit dégradée, que je ne peux pour ainsi dire plus bouger : clouée à Paris pour cause de trop grand débit en compte, il faudra des mois, ou une rentrée d'argent imprévue avant que je ne me sente à nouveau le cœur de m'offrir sans plomber davantage les finances familiales un billet de train (2). Il est pire situation que d'être condamné à ne pas quitter une ville aux multiples ressources - avant-hier encore une rue que je n'avais jamais empruntée -, mais quelque chose en moi se sent enfermé.

Alors je me suis promis de ne rien faire, de simplement lire (3) et dormir encore puisque c'est de ce que mon corps réclame, ce qui peut être fait.

Mais le rien lorsqu'on est chez soi et que la maison trop longtemps pour cause de surmenage et d'absence d'implication des autres habitants ressemble à un cagibi géant, ne peut être rien.

Et voilà une lessive à sortir, une autre à lancer, une poubelle à descendre, un minimum vital de choses à déblayer, du courrier en souffrance à enfin dépoter, des sauvegardes et du ménage à faire sur l'ordinateur, un minimum de repas à préparer ...

Le rien est impossible car le rien est peuplé.

 

 

(1) pas assez d'argent pour aller aux Étonnants Voyageurs cette année, et BNF en jour férié.

(2) Le pire étant que ça ne sont pas les invitations qui manquent mais tout déplacement a un coût, même en dehors de l'hébergement.

(3) Deux livres à dépoter avant dimanche si je veux pouvoir voter pour le prix Biblioblog.

 


Mon ascenseur chez les Shadoks

 

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Après avoir quitté l'univers buzzatien, notre ascenseur avait fonctionné quelques mois en donnant toute satisfaction. Il était hélas atteint par quelques obscures directives de mise aux normes et sans doute un peu dangereux (câblage ancien et qui avait beau dater d'avant les obsolescences programmées il était temps de changer).

Il avait donc été mis hors service pour environ un mois et demi qui auront duré deux fois 30 jours, in fine. 

Ce soir était le grand soir : quand je suis rentrée du travail il avait été remis en fonction.

Las ! Le voilà désormais équipé d'une voix de blonde d'aéroport pour indiquer les étages - ce qui sera charmant si quelqu'un rentre tard la nuit, en plus que ça sera trop cool, tout le monde saura qui -. Et le tableau des boutons, qui étaient si beaux en antique bakélite est désormais d'une vulgarité d'entreprise (1).

Et placé très très bas.

Alors bien évidemment il y a à cela sans doute l'explication d'une mise aux normes de l'accessibilité que sur le principe je suis prête à encourager. J'ai d'ailleurs signé récemment une pétition en ce sens pour ce qui est de la ville. Je pense que plus rien ne devrait être construit qui ne soit pas fauteuils roulants et poussettes friendly. 

Seulement dans l'ancien ce n'est pas toujours possible de rectifier le tir. Et puis surtout : à quoi cela peut-il bien servir de disposer d'un tableau à hauteur de fauteuil ... DANS UN ASCENSEUR SI PETIT (2) QU'IL NE PEUT EN CONTENIR UN !

Je sens que ce sont les quelques marmots de l'immeuble qui seront ravis de pouvoir faire plein de bêtises et leurs parents réjouis le jour où échappant à leur vigilance ils iront faire les zouaves dedans et peut-être s'y coinceront (3).

Cher ascenseur, bienvenue dans ce monde de Shadok que notre société est devenue (si seulement votre voix pouvait être celle de Claude Piéplu - soupir -).


 

 

 

(1) Vieillirais-je ? J'ai le sentiment que chaque remplacement d'un objet usuel vaillant depuis longtemps, se fait au détriment du charme, de la solidité et de la beauté des matériaux. Il en va ainsi aussi pour les téléphones, les boutons de radiateur, les fenêtres (ce beau bois, certes un brin poreux, remplacé par un presque inévitable PVC), les boîtes aux lettres ...

(2) Et petit pour cause de disposition des lieux ne permettant rien de plus grand. Immeubles de 1930, pas prévus pour au départ, dirait-on.

(3) Car la porte en accordéon qui malgré la somme astronomique qu'auront coûtés les travaux n'a pas été changée reste fragile et que le moindre obstacle peut la maintenir bloquée.


10 km de course à pied (les premiers)

 

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L'homme a eu la bonté de m'attendre ce qui lui a valu de franchir la ligne d'arrivée parmi les derniers des coureurs qui finissaient frais : j'avais suivi mon rythme sans faiblir, malgré un genou droit fragilisé, mais il n'est que de 8,5 km/h. 

Je n'étais pas tombé dans le piège qui consiste à accélérer parce que d'autres vont vite et qu'on en oublie son propre rythme plus limité. Pour une première course c'était bien.

Et moi qui ai toujours méprisé les breloques, prix et autres distinctions - songeant toujours que le vrai mérite est ailleurs -, j'ai été tout émue de rapporter un médaillon. P4142409 

 

[la photo de ses parents est prise par le fiston]

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I used not to care much about weather forecast (but now I've changed)

C'est ce touite qui m'en a fait prendre conscience : je suis désormais la météo avec assiduité.

Pendant des décennies, c'est peu dire que je m'en foutais : j'étais en difficulté l'hiver et en régénérescence l'été, mais en gros c'était tout. Ayant la chance de vivre en ville ou en zone péri-urbaine dans une région peu coutumière des grands excès, peu me chaulait.

Je regardais vaguement avant de partir séjourner quelque part (un pull ? deux ? un gros ? un léger ?) et de toutes façons calait toujours en fond de sac un maillot de bain (les piscines peuvent compenser un temps défavorable), me préoccupait du temps prévu un dimanche de pique-nique ou de manifestation. 

Pour le reste : je vis et vivais déjà dans un appartement pourvu d'un chauffage central collectif (dont nous ne maîtrisons pas les dates ni les réglages), travaillais dans des bureaux. Au fond, la météo ne pouvait jouer un rôle lors d'une semaine laborieuse que pour les trajets qui m'y menaient et m'en ramenaient.

Puis j'ai obtenu de haute lutte un temps partiel. Et commencé à arpenter la ville certains jours. À la découvrir en fait. Alors je regardais, au moins avant de partir, quel temps était prévu. 

Mon année 2005/2006 de tous les dangers, m'a laissée après la rupture qui l'a couronnée en état de choc. Ma thyroïde s'est mise en grève, façon peut-être en m'obligeant à tourner au ralenti de survivre comme un vieil ordi en "mode sans erreur". J'ai souffert du froid. Même l'été.

Puis j'ai croisé Siri Hustvedt et qui semblait si radieuse ce jour-là que quelque chose m'a sorti de mon état spectral. Sa présence chaleureuse m'avait redonné espoir de façon organique, comme si elle m'avait dit Mais réveille-toi, tu es en vie.

J'ai encore eu quelques crises de froid mais j'étais sortie du froid perpétuel. Le sport aidait, aussi.

Peu après,  j'ai rencontré un homme qui séduit les femmes et contemple les nuages. J'ai aimé les bulletins dont il ornait souvent ses messages tendres et attentionnés. J'étais aussi une liseuse de nuages, mais sans m'en soucier à l'avance. Et de par ma vie en ville qui nous réduit le ciel, un tantinet limitée.

Plus tard le travail de libraire m'a rejointe : une boutique aux livres dehors, porte ouverte sur la rue. La météo s'est mise à compter : le chiffre d'affaire en dépend, meilleur aux jours de beau temps, quand les gens flânent, et s'ils se laissent tenter, entrent et deviennent clients. Alors j'ai pris le pli de suivre le temps qu'il fait et celui qui s'avance. C'était aussi les premiers temps question de s'équiper face au froid que je supporte désormais à nouveau pas plus mal que quiconque du moins sur le moment mais qui me vide de mes forces et fait que je m'écroule en rentrant.

Au printemps dernier je me suis mise, lentement, à la course à pied. Désormais je suis attentive à l'équipement nécessaire selon les températures. Courir trop couverts alors qu'il fait froid peut nous transformer en terrain favorable pour un rhume narquois.

À présent je suis donc la météo avec attention, mon travail en dépend et d'une certaine façon c'est être proche de ceux qu'on aime et qui habitent au loin.


Le souvenir d'une belle soirée

 

Je ne sais déjà plus comment je suis arrivée à Charybde pour la première fois, Scylla, si, c'était après un déjeuner près du travail de mon ami Pierre, il m'avait dit, Je vais te faire voir une librairie de SF formidable, et c'était le bonheur (1), mais Charybde, voilà il y a eu une soirée à un moment donné et puis aussitôt c'était comme si depuis toujours. Un peu comme pour l'Attrape-Cœurs. Cette sensation non pas d'avoir rencontré de nouveaux amis mais qu'il s'agit en fait de retrouvailles, ET tombé de sa soucoupe et qui enfin parvient à rejoindre les siens.

Hugues a la sagesse d'enregistrer les rencontres et de partager les enregistrements après. Ce matin j'ai pris le temps de ré-écouter le moment récent passé en la compagnie de Serge Quadruppani. Depuis mon année des malheurs, sont devenus précieux chacun de ceux que j'ai passés en ayant le sentiment d'être "à ma bonne place", qu'aux mêmes heures je n'aurais souhaité être nulle part ailleurs, auprès de personne d'autre. Ils aident à guérir d'avoir été quittée ou séduite et soudain rejetée.

Il est bon de ré-entendre l'un de ceux-là. Sans compter que sous la décontraction apparente, des choses pas inintéressantes ont été dites sur la traduction (2).

Merci à Serge, merci à Hugues et Associés

 


 

 

 

PS : une autre partie de la soirée par ici

 

(1) Si je ne suis pas devenue cliente, c'est seulement parce que, n'étant pas encore devenue libraire, je m'efforçais de me cantonner aux polars, craignant de tomber aussi fort dans un autre genre.

(2) Vers 16' pour les amateurs pressés