Ce qui peut aider (faire connaître)

 

Étrange retour de vacances pour moi. Jusque-là je pouvais me laisser aller à l'illusion que j'étais en vacances et non plus sans gagne-pain (1), que le silence de quelqu'un qui comptait était dû à la période des congés (2). Voici venu le temps d'affronter la réalité : plus de boulot apprécié et plus de grand bien-aimé. 

En même temps beaucoup de travail personnel m'attend entre l'écriture et l'appartement. L'ennui ne me guette pas vraiment. J'aimerais surtout me sentir plus vaillante.

Alors ça fait du bien lorsqu'on commence à faire la tournée de lecture des blogs amis, de constater que certaines choses évoluent dans un sens favorable et que ça fait plaisir.


Ainsi chez Celinextenso la bonne nouvelle d'un petit logiciel, Dasher, qui lui facilite déjà la vie. Et ça peut sans doute être utile à qui se retrouve aussi manchot provisoire.

L'ami Embruns a publié un billet qui m'a fait beaucoup rire, mais l'aurait sans doute moins fait si La fille aux craies (bon sang, deux ans) n'avait écrit celui-ci qui m'avait fait tellement rire (3) du temps où l'on pouvait lire ses textes sans arrière-pensées.

Le même est d'ailleurs au bord d'adopter un chat si celui-ci daigne réapparaître. C'est le feuilleton de l'été (au point que je me suis même efforcée de le suivre sans trop de connexion) et quelque chose qui me réjouit l'âme.

Dotclear donne envie. Si jamais un jour je parviens à apaiser ma vie ?

Et en l'absence de l'Employée aux écritures, le Montparnasse Monde reste quand même fréquenté

Et une heure de peine efface en cinq minutes de lecture, les heures pénibles passées pour cause de chasse au wifi et d'être some kind of pétanque-widow, dans un café à entendre les saoûlards du coin énoncer fièrement les pires âneries.

Au passage je m'aperçois que mon fiston n'est pas le seul à apprécier la frugalité des escalators bruxellois (4), quand d'autres semblent se rapprocher de leur rêve suédois

Et puis, parce qu'il est temps d'abandonner l'ordi, il y a quand même un peu des choses à faire dans la maison retrouvée, je jette un dernier coup d'œil chez Milky sur ces photos que je n'avais pu admirer que tronquées (à cause des connexions au gré du vent).

Plus tard, j'irai lire les blogs dont on m'a indiqué l'adresse par e-mails dans l'été, non qu'ils m'intéressent moins, au contraire il y a la petite impatience de la découverte, mais le mouvement premier aura été d'aller prendre des nouvelles des "vieux" amis (je veux dire, de plus longue date).

Et d'ailleurs pour Coumarine, dont j'espère que les prochaines nouvelles seront bonnes, une pensée d'encouragement. On se sent, de loin, si impuissant(e)s.

 

 

(1) En même temps, puisqu'il s'agit d'un licenciement économique je ne suis pas à la rue, dispose d'un peu de temps pour me retourner et par ailleurs de quelques pistes à explorer. C'est simplement que tant que mon inscription auprès de Pôle Emploi ou un nouveau boulot ne sont pas enclenchés je suis dans un vide personnel financier.

(2) Même si tu n'en prends guère, mais avec ta nouvelle vie, ça pourrait changer.

(3) Je me suis sentie moins seule, moi avec mon humour parfois totalement inadapté à l'assistance et avec le sentiment d'avoir trouvé mon maître et quelqu'un auprès de qui je pourrais lâcher le noir et le politiquement incorrect sans crainte de froisser.

(4) Couac dont la première phrase de ce billet m'a scotchée tellement c'est ce que je ressens quasiment en permanence à cause de l'anémie. Et pourtant dans ma tête, j'ai tant de projets, d'idées, d'élans d'entreprendre. Mais l'intendance ne  suit pas. Et comme j'ai une sorte de don pour me laisser séduire par qui ne va pas non plus très bien, jamais je n'aurais été accompagnée vraiment par quelqu'un qui me tire de là, qui m'aide à compenser la faiblesse du corps, ce que seule je ne parviens à faire que dans certaines limites ; lui réapprenne à exulter.


Coucher de soleil sur un bras de Manche

 

Ce n'est pas parce que je ne suis pas une femme attirante et sexy que je n'ai pas moi aussi mes moments de faiblesse romantico-banals à larmichettes.

Dans la mesure où le Capitaine a chu dans le (thème du) chat,et de fort belle manière (ce feuilleton me fait du bien), et que j'ai par ailleurs vraiment trop nettement dépassé l'âge de celui des poneys, je me suis donc laissée embarquer par un coucher de soleil à marée haute coefficient 109. Ce qui signifie que les vagues tapaient sur les rochers que les oiseaux chantaient leur festin proche - ils doivent avoir davantage de victuailles lorsque les flots ont atteints des endroits qu'à l'ordinaire ils laissent désœuvrés -, et qu'on était pas mal d'êtres humains calmes à être venus voir ça, dont des enfants que ça rendait songeurs et silencieux, d'autres au contraire que ça rendait jubilants et joyeux, des parents patients, des dames solitaires, quelqu'un qui poussait quelqu'un d'autre en fauteuil roulant ; mais pour tous, ce que le monde nous offrait là était une fête, dans l'intensité du recueillement presque une cérémonie. J'aimerais tant que ceux qui nous suivront si la planètre persiste puissent encore connaître ces bonheurs, ces beautés.

Les photos sont brut(s?) de clics, n'ont pas été remaquillées, réglages automatique de mon petit olympus et les couleurs ressemblent très bien à ce qu'elles étaient en vrai. 

 

 

(avec un petit problème de synchro qui fait que le morceau (1) s'interrompt trop tôt ; à voir à tête reposée)

(1) Sonate K27 en si mineur dans une interprétation je crois par Marcela Roggeri

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Calcio sequenza

[photos sans doute plus tard, de retour dans la grande ville fibrée]

 

"Plus de cœur, plus d'implication !"

Je suivais la partie plus à l'œil, qu'à la voix. Prendrais-je des photos ou pas ? 

L'homme d'ici me dit J'aime ce que dit l'entraîneur, il faudrait noter pour que je le redise en matchs après. Je ne me suis pas rendue compte que chroniqueuse insubmersible de la vie quotidienne, j'avais aussitôt obéi. Peut-être aussi par reconnaissance des efforts qu'il fait ces temps-ci pour me maintenir assez près de la vie.

*            *            *

On n'est pas dans le match.

Plus de cœur, plus d'implication.

On s'encourage au lieu de s'engueuler. Putain, mais t'es seul.

L'entraîneur sert aussi (un peu) de médecin des premiers soins (en cas de choc).

Monsieur l'arbitre ! (dit avec déférence).

J'avais oublié que pour un petit club c'est un budget les ballons.

J'avais oublié les échauffements d'avant match (mais pas les échauffements d'avant remplacement, alors que du temps où je jouais en club, les effectifs de filles étant assez limités, on était vite titulaire).

Blessures, chutes, sobriété. Un cri et c'est tout. Certains jouent un peu rude mais peu de mauvais gestes, de ceux faits pour casser.

Le ballon, les mecs, le ballon. J'avais oublié que nos entraîneurs, par force de l'habitude nous disaient "Les gars" parfois.

Visiteurs 1 - 0 Locaux

Le local qui fait juge de touche ne peut s'empêcher d'intervenir, de causer. Personne ne s'en formalise (ni ne semble l'écouter).

C'est pas grave, c'est généreux ! (après une belle action, trop belle, pas tout à fait très réaliste, et au bout du compte manquée)

J'avais oublié qu'un terrain officiel, même pour des hommes adultes, c'est grand.

J'avais oublié how tough a kid I was. Un engagnement physique en proportion de mes capacités gamines équivalent au leur. Jamais peur d'aller au contact (sauf pour les têtes). 

Allez les gars, il faut mettre plus d'intensité, il faut travailler.

Somewhere I'm still that tough.

La passe au Petit Prince (1) !

Bien joué Petit Prince ! (il avait reçu la passe, en avait fait bon usage). Je me (sur)prends à imaginer une équipe dont les membres auraient tous des noms de personnages littéraires mythiques. Gavroche, putain, mais tu vois pas que Madame Bovary est démarquée !?

Comme l'avait fort justement estimé La Vita Nuda (2), les Dylan et autres Kevin seront adultes un jour. Ce jour est arrivé, une première fournée a désormais 20 ans.

Tu trouves que ce match a quelque chose de bizarre, pourtant tout se passe bien. Mais alors quoi. Puis tu piges : ils sont tous blancs et même à majorité blondinets, les beaux ténébreux sont fort peu nombreux. Attention : aucune pratique discriminatoire, c'est juste le gisement humain local qui est absolument monochrome. Citoyenne du monde, ça me met mal à l'aise.

C'est important ces moments-là ! 

On est tous en tas qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ?

C'est mieux ! Concernés sur le premier départ !

Attends mon Jeannot !

Aïe aïe aïe aïe aïe

C'est bon !
C'est bon quoi ?

C'est bien Erwan, t'es bien placé !
Ça sert à rien, répond Erwan, dépité.

Bravo Charly, t'es bien placé !
(Charly n'a rien répondu il s'est contenté de poursuivre son action) 

À  20 ans on a encore les articulations invicibles. Plusieurs des chocs auraient eu raison des miennes (celles de maintenant).

Monte d'un cran, Matthieu, monte d'un cran !

Vas-y Francky c'est bon, vas-y Francky 
(cherchez l'intrus)

Faut que ça centre, y du monde.

Putain, ça me saoule
Pas grave Dylan.

Visiteurs 2 - 1 Locaux

Ah quand même (en écho) ! Car les locaux étaient menés 2 à rien et qu'il était grand temps de siffler la fin.

Le deuxième but des visiteurs était sur une incompréhension entre le gardien et deux défenseurs avec un attaquant adverse en embuscade.

Tu peux récupérer le poteau de corner demande l'un des juges de ligne au gardien qui dit non pour un mais attrape l'autre qui était sur son chemin. 

On récupère aussi ceux des ballons partis dans les champs, le collège voisin, un arbre ...

La nuit peut tomber sans plus déranger.

 

 

 

 

(1) Un grand quinze-côtes élancé mais costaud avec une belle vitesse de pointe et une technique assez classe ; de l'équipe Visiteurs.

(2) Je ne sais même plus s'il reste trace de son blog. Quel dommage !

 

 


Paris Carnets - les dix ans

 

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Ça c'est joué à un texto de Kozlika qui disait On y sera.

En ce moment sortir pour moi est compliqué : ça peut aider à surmonter une soirée de plus qui m'éloigne du jour fatidique où j'ai été affectée au rôle dans lequel on semble m'adorer : celui de la femme de trop.

Ça peut au contraire me mettre davantage à genoux que d'être au chaud de ma connexion internet avec les larmes qui peuvent couler sans déranger (1).


Mais la compagnie de mes amis m'est précieuse alors j'ai tenté ma chance et la soirée fut douce et bonne, avec de jolies retrouvailles. J'ai même eu ce soulagement (2) de me reconnaître sur l'une des photos prises par un historique participant. J'existe donc encore.  9465215078_8bebeae6ec_c

[photo par Tristan Nitot avec son accord]

Mon premier Paris Carnet date de septembre 2005 et devant une sorte de fan-club en éclosion, j'avais failli partir en courant. J'étais à l'orée de la pire année de ma vie, l'ignorais totalement. Parfois c'est mieux de ne pas savoir ce qui nous attend. Ma seule tristesse alors était de n'avoir pas de nouvelles fraîches de mon amie la plus intime, après un été que j'avais su pour elle très professionnel (un scénario, se rendre à un tournage en Arménie), chargé. Mes enfants semblaient aller bien (en fait ma fille subissait déjà les symptômes de sa maladie chronique en train de se révéler, mais je l'ignorais). J'avais un mari certes peu présent, entre son sport et son travail mais qui semblait m'aimer. Simple (trop ?) à satisfaire, je m'en contentais.


Encouragée par l'expérience réussie de l'Hôtel des Blogueurs où j'avais campé un personnage d'homme qui découvrait son homosexualité - ça s'était fait au gré des intrigues, ce n'était pas un cahier des charges déterminé -, et ça me paraissait tout naturel cette histoire (la seule difficulté : THE scène de cul entre mecs, moi femme et hétéro, je fais comment pour écrire quelque chose que je n'ai jamais et ne pourrai jamais vivre ni éprouver ?),  je commençais ma "carrière" de blogueuse avec timidité.


J'avais en fait déjà bouclé un blog, une fiction, écrite pour soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun. Ils étaient libérés, l'histoire était close, le blog achevé. Je travaille à en faire un petit roman, sans doute impubliable : il raconte une attente, d'où que par définition il ne s'y passe RIEN.


Et puis je tenais chez 20-six une histoire de voiture et chez fotolog publiais une image par jour depuis juillet 2004 avec une régularité de coucou suisse (fors la période, trop chargée, du comité). Mais ça n'était à mon sens, pas vraiment bloguer. Je dois aux blogs énormément. Des amitiés formidables, une accession à un lieu de travail privilégié, par quelques ricochets le travail qui certes se termine mais m'aura rendue heureuse et fière et permis de survivre financièrement quelques années. Je ne cesserais d'y écrire car c'est un mode d'expression dont je rêvais avant qu'ils n'existent et qui me va comme un gant. Qu'il y ait eu effet de mode et qu'il soit révolu, ne m'importe pas vraiment. Je préfère de toutes façons demeurer dans des zones de fréquentations bienveillantes et ne pas me frotter de trop près à la notoriété. Juste ce qu'il faut afin de pouvoir persister.

 

Hier soir, les dix ans des Paris Carnets et mes quasi huit ans de participations régulières, j'étais à la masse à cause du chagrin, je n'ai pris en photo que la lumière sur des verres au lieu de la grâce des retrouvailles qu'il y eut.

Mais je ne désespère pas. Qui sait si pour les 11 ans, je ne serai pas en pleine forme, vivant sans avoir à faire semblant de tenir un travail (autre que le mien, personnel et incessant), et enfin accompagnée ; présente à fond et sérieuse photographe pour la mémoire des bons moments.

 

(1) Même si ces jours derniers il devient difficile d'éviter les ricochets par connaissances interposées du bonheur neuf au nom duquel on a été sans ménagement éliminée.


(2) Pour moi qui ne suis pas jolie ni attirante, figurer sur une image n'est pas un plaisir. En ce moment d'avoir été effacée, de se sentir à nouveau comme un spectre, quelqu'un dont d'autres souhaitent qu'elle n'existe pas, voir que j'imprime encore des pixels, que je suis là, l'air presque normal, est très rassurant. 

 


Soir tranquille à Clichy

 (billet non relu)

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Née avec ce privilège inouï de n'aller mal que quand ça ne va pas, ce qui n'est sans doute pas étranger au fait que je sois celle à qui l'on fait subir (1) un peu n'importe quoi, parce que bon, Elle s'en remettra, je connais depuis l'enfance une méthode naturelle pour tenter de franchir les heures difficiles sans les médicaliser et qui est de marcher. Marcher en la compagnie d'un appareil photo.

Marcher jusqu'à ce que la ville et la vie et les images qui appellent pour n'être pas oubliées prennent le dessus sur mon existence même. C'est une forme pragmatique de méditation.

Quand ça va vraiment mal, il convient qu'on m'accompagne. L'année 2005/2006 m'a appris à reconnaître quand je devais m'obliger à exiger d'au moins un autre qu'il vienne. Le fait que je sois une marcheuse inlassable contribue à ce qu'on hésite spontanément à me le proposer.

Parfois ça permet que le mauvais moment devienne bon. Parce que la balade peut tout simplement être belle. Parce qu'être à deux avec quelqu'un pour qui on éprouve de l'affection, c'est bon.

Sans doute aussi parce que seule j'ai une tête à chemin mais qu'en binôme, avec le fils ou son père par exemple, on a une allure à rendre bavards les gens.

Il y avait eu samedi le pêcheur à la ligne de l'île résidentielle

Il y eu ce mardi, une succession de rencontres et d'échanges, comme si la ville avait choisi, sous le soleil, de devenir paisible et les humains gentils.

Cette femme politique qui nous est sympathique - des politiciens de terrains que j'aime bien, pas d'ambition nationale mais celle de servir la ville au quotidien - et qui nous entreprend alors que sidétés par les prix de l'immobilier à la vitrine d'une agence, nous les commentons et que je la fais sourire. S'ensuit une belle et longue conversation. Je crois qu'elle a perçu sous la boutade, un chagrin, mes yeux gonflés peut-être, et simplement décidé d'aider. Les considérations collectives de la conversation m'ont effectivement sortie de mon chagrin individuel.
Des voisins passent, un éboueur, c'est un moment souriant. Nous aimons notre ville.

Ce gardien de nuit d'un local d'entreprise, curieux de nous voir contempler la façade récemment refaite. Et qui sont les nouveaux occupants ? Il vérifie que les passants que nous sommes ne sont que bienveillants et comme tel est le cas, et que son travail semble un peu solitaire, nous en venons vite à parler de tout autres choses. Il est originaire de Côte d'Ivoire - nous le dit rapidement, façon peut-être de faire le tri entre ceux comme nous pour qui ça n'est pas négatif et ceux qui ont du mépris - et nous voilà partis ensemble à rêver d'une Afrique débarrassée de tous ceux qui ne savent que la rendre exangue pour leur pouvoir et leur profit. Elle mérite mieux. Les gens de bonne volonté hélas tendent à s'y faire massacrer (ou pousser à l'exil).

Les jeunes pêcheurs d'allure et d'accents asiatiques et qui sont si heureux d'avoir pêché une anguille (2), nous assistons à la prise, l'homme aide à tenir le seau. De peur de déranger et que le parc que nous devons traverser pour rentrer soit fermé, nous ne nous attardons pas. Mais les gars étaient vraiment sympas.

Le gardien du parc qui nous voyant perplexes à chercher une sortie ouverte à dix minutes de l'heure officielle de fermeture nous explique qu'il ferme un peu plus tôt par stratégie car il doit ensuite faire la fermeture d'un autre parc à deux kilomètres de là (3) alors comme un boutiquier qui ferme l'entrée de son échoppe mais laisse sortir à leur guise les clients déjà présents, il nous escorte jusqu'à la sortie qui nous arrange et qu'il libère si facilement que ça nous fait sourire. Nous parle un peu de son travail, qu'il aime bien, mais comporte ses contraintes. En même temps que nous, des joueurs de pétanque qui eut aussi souhaitaient profiter de lieux jusqu'au plus tard. Ils se disent À demain.

Dans une cour, des enfants jouent.

J'ai pu rêver de vivre ailleurs, ce n'était pas sans raison, mais ce n'était certainement pas d'être malheureuse là où je suis. La (proche) banlieue peut être violente, elle sait être chaleureuse aussi.

 

(1) ou du moins tente de, parce que l'autre problème est que quand je trouve que les bornes sont dépassées, on voit vite qui c'est Raoul (avec généralement autant de maladresses et de catastrophes induites que dans le film, vu que je manque de la plus élémentaire méchanceté, alors ça finit mal)

(2) Ça ressemblait et c'était assez long. Mais je suis surprise qu'il y en ait dans la Seine.

(3) Je suppose que pour les vacances les effectifs sont réduits.

addenda du 29/08/13 10:58 : En fait l'activité des jeunes hommes était top tendance comme on disait.

 


Au ciné

 

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J'étais chez le kiné, il est venu plus tôt, car j'arriverais pour la séance, sans trop de marge en fait. 

Il a pris les billets pour m'éviter la honte de devoir débourser pour une seule séance, à deux, l'équivalent de deux heures du boulot que je viens de perdre.

M'éviter aussi d'être tentée par les offres de cartes ceci ou abonnements cela, ces pièges à consommer encore et toujours plus.

Ce qui fait que quand je suis arrivée je n'ai pas eu à m'inquiéter d'attendre, ni me préoccuper du moindre achat. En plus qu'il m'a embrassée avec une grande tendresse.

Le film était formidable, plein de scènes dansées, certes pas aussi bien que Pina mais quel plaisir de voir des corps aussi libres et vifs que ceux-là.

Nous sommes sortis heureux, avec du temps de libre, et comme il se doutait que je n'avais rien avalé depuis le matin il m'a proposé sur le pouce un petit restau. Nous sommes allés au Quigley's où la dernière fois je n'avais pu prendre qu'une bière. Manger m'a sortie un peu du chagrin qui m'enserrait et que la séance de kiné qui fait du bien au corps mais par certains gestes thérapeutiques presques tendres, rend vulnérable qui est blessée, avait dans un premier temps revigoré.

Nous sommes rentrés lentement, en nous promenant comme des amoureux.

Il comptait profiter de ce jour de congé pour aller jouer à la pétanque, s'entraîner. Mais comme j'avais piètre moral il est resté

*        *        *

 

pour m'aider à traverser cette journée difficile, entre impuissance et écœurement. Six ans d'une relation intense mis au rebus comme de rien après une hésitation trop longue ; on dit "sauver les apparences" mais l'apparence condamne en fait. Je ne suis pas spectaculaire, je le sais. Mais un homme sans lâcheté, après avoir tant fait, m'aurait accordé une chance. Et parlé.

Ça tombe mal, très mal qu'il n'y ait plus le travail pour s'amarrer à la dignité de l'activité, le travail pour autrui s'entend. Mon travail personnel devient noir, trop noir or c'est le moment où jamais où je devrais avancer au lieu de me retrouver avec les mots mazoutés.

Où trouver la force de ne pas renoncer ?

 

[à part le cinéma et le kiné, d'y être allé vraiment, et les paragraphes après les *        *        *, ce texte est une fiction ou plutôt une anti-réalité. Rêver est tout ce qui me reste. En particulier, le film était décevant]

 


La promenade romantique

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Ça ne date pas d'hier qu'on m'avait dit C'est beau ; qu'en passant en bagnole de l'autre côté, filant vers La Défense - par exemple quand nous étions encore fréquentables pour nos amis de Versailles ou Saint Cloud (avant que ça ne devienne trop cahotique chez nous pour que nous puissions poursuivre un cycle équitable d'invitations, entre autre) -, je disais, ça a l'air joli il faudrait aller voir, s'y balader. Puis il y a eu les enfants petits (et c'était quand même un peu loin pour un trajet en poussette), il y avait nos emplois de cadres dynamiques épuisés et requis le week-end par ce qui était devant être fait et les vacances passées ailleurs qui font qu'on ne prend pas souvent le temps d'être les touristes de nos quartiers.

Puis récemment il y a eu Julien, le camarade des entraînements de natation, lui aussi coureur à pied qui m'a dit qu'il y a avait par là un beau parcours à suivre. Mon patron aussi - même la boutique fermée, il restera, je crois, mon patron -, qui convié à des conférences littéraires sur l'île m'avait dit que ça méritait d'y faire un tour. Merci à eux d'avoir insisté.


Peut-être vaguement que je comptais faire la surprise qui devait venir puis revenir en juin mais l'a fait sans me voir, il avait certes du boulot mais j'étais devenue celle de trop. Je n'y ai pas songé au moment même, pas spécialement, mais ne peux m'empêcher d'y penser, en écrivant, après.

Peut-être que je pensais la distance un peu grande pour celui qui est là, et d'ailleurs l'a trouvé (mais en rentrant, à la fin, le périple accompli). Je commence à intégrer doucement le fait que la thalassémie, mon éducation, et un plaisir des chasses-photographiques a fait de moi une marcheuse inconsciente, infatiguable parce que fatiguée et ne se ressentant pas plus de 15 km que de 5.

Et de façon certaine : le temps beau et chaud me donne des élans formidables.

C'est donc un soir de 3 août en 2013 alors que nous habitons la ville anté-voisine depuis rien moins que 25 ans, que nous avons enfin fait le tour de cette île, certes un peu trop chic, et trop bétonnée, et probablement truffée de caméras de partout, mais qui possède encore du charme et des bords de Seine accessible.

Il m'a rarement été donné depuis 2005 d'éprouver à ce point une sensation d'être en vacances, détendue sans menace, et dans ces instants rares (pour ma vie) de découverte de nouvelles places.

Rien ne manquait, y compris l'odeur d'eau, presque maritime, et la rencontre avec un gars du coin, bavard à souhait.

Rien ne vaut un long moment heureux pour faire refluer le chagrin, même si à nos basques on sent qu'il se tient.


Les rubriques

 

Partie dans l'archéologie de ma messagerie afin de participer à une collecte de "premiers messages" pour un ami , j'ai redécouvert les mails que je m'envoyais de "l'Usine" à la maison. Avoir la messagerie professionnelle ouverte était l'une des rares façons de prendre quelques notes d'écriture discrètement. Par souci d'efficacité, j'avais pourvu ma page de rubriques, sans doute aussi que ça donnait à l'ensemble une apparence de sérieux. Nous avions peu accès à l'internet et si ma hiérarchique de l'époque était quelqu'un de bien qui ne cherchait pas l'embrouille si le travail était fait (1), je me méfiais de n'y pas trop traîner. Les accès étaient très filtrés, "Embruns" m'était inaccessible ("site ou blog gay ou lesbien") et même Amnesty international ("site présentant des éléments à caractères pornographiques" (2))

D'où qu'il m'arrivait si quelqu'un me passait par mail en cours de journée un lien vers un blog, de le noter dans mon message à moi-même afin de le consulter de retour chez moi.

Donc voilà, en débarquant le matin je m'ouvrais un message à destination de mon adresse personnelle, puis le repliais en tâche sous-jacente, le rouvrais vite quand je devais y noter un truc, complétais, repliais ... et en fin de journée juste avant de partir je m'envoyais ce qui me faisait office, une fois de retour chez moi et les tâches familiales et domestiques accomplies, de feuille de route pour la soirée.

Au fil du temps s'était stabilisée une liste efficace de rubriques.

Le paragraphe "notes", où j'inscrivais des bribes d'écriture, très rapidement, très furtivement, prenait parfois malgré tout d'inquiétantes proportions.

 

A FAIRE URGENT
MESSAGERIE URGENT
BLOGS URGENT
A FAIRE DANS UN DELAI
A FAIRE ASAP
A FAIRE AU CALME
MESSAGERIE ASAP
MESSAGERIE AU CALME
BLOGS ASAP
BLOGS AU CALME
LIENS
NOTES
TITLES
NAMES
A LIRE
A ECOUTER
A VOIR
VRAC

 

En la retrouvant alors que j'en avais oublié l'existence, je suis un peu fière - c'était un bon système pour lutter discrètement contre l'adversité -, et le cœur serré - car il s'agit de la part visible de ce que j'ai enduré -. Je ne sais pas comment j'ai pu faire pour tenir le coup sans tout planter là pour ne plus faire qu'écrire. Enfin si, je sais, je dois une fière chandelle à mes amis, et très particulièrement ceux rencontrés par l'internet, ceux qui comprenaient ce besoin, cette folie. Et c'était important de ne pas tout planter là pour mes enfants, encore jeunes, et pour tenir le temps d'assurer la permanence du gite - on serait à la rue ou dieu seul sait où à l'heure qu'il est, sans ça -.

C'était en 2007, septembre.

Six ans et d'autres sortes d'empêchements plus tard, mais d'avoir quand même avancé, même si pour l'instant de façon trop désordonnée, l'élan est intact. C'est quelque chose de plus fort que moi et si violent que je passe mon temps à éviter de tout casser pour mon entourage et je ne suis toujours pas tirée d'affaire, toujours pas en position de dire Mon travail c'est ça et je n'en veux pas d'autre, j'écris et pour le reste, tout le reste (3), foutez moi la paix.

 

 

(1) C'est par la suite que ça s'était gâté.
(2) Ben oui, les détails de certaines tortures (la nausée qui m'avait saisie à l'instant où j'avais compris et qui est au bord de revenir si j'y repense)
(3) sauf faire un peu la fête ou l'amour

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Une injonction

 

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Croisé la veille au soir non loin du périph. ce camion porteur d'une vigoureuse injonction. Laquelle m'a rappelé que j'avais effectivement entrepris de le faire - j'ai entre autre de jolis films de mes enfants petits mais sur format Hi-8 qu'il serait bon de basculer en DVD, de numériser -. Seulement ma vie ne semble pas prête à m'accorder simultanément de disposer et de temps et d'argent.

Gardons donc la trace de cette intention dans l'espoir distant d'un retour à meilleure fortune.

 


Ces fins en poupées russes, mais ces fins enfin

 

Enchassées l'une dans l'autre, en plus de quelques autres qui pourraient sembler secondaires mais ne le sont pas tant (ainsi : la fin du ciné-club du moins de ses week-ends si secourables au Château de La Brosse Montceaux, le jalon que c'était dans un trimestre morose (1) la perspective pendant deux jours de vivre dans un cadre extrêmement agréable, d'y manger de façon équilibrée (2), de n'avoir à s'occuper de rien d'intendance (3)), deux fins d'éléments importants de ma vie, côté travail et côté sentiments. Heureusement j'ai mon travail personnel qui m'attend, et avec d'autant plus d'urgence et d'acuité que l'hiver qui n'en finissait pas ne m'a pas été favorable, je n'ai fait qu'empiler des notes, des bribes, ce que je pouvais, et que le chagrin ensuite, renforcé d'incertitude sur le reste aussi, ne m'a pas laissée en paix minimale, cette condition requise de l'efficacité.


Alors j'utilise mon premier jour de liberté imprévue (4) pour filer à la BNF, renouveler mon acréditation - rien ne pouvait m'être meilleur pour le moral aujourd'hui -, demander place et bosser.

 

Les aléas d'une attribution non préméditée me distribuent dans une salle que je fréquentais assidûment à mes débuts en ces lieux. Précisément du temps où je lisais les poèmes de celui qui savait si bien feindre l'intérêt amoureux, du temps où j'ai pu avancer d'écrire comme une femme heureuse et enfin libre de ses journées avec un lieu approprié pour me livrer à cette activité.


Voilà. Retour à la case départ, une double boucle est bouclée.


Celle du travail fut enrichissante (je parle comme expérience) et pour seconder quelqu'un de bien ; celle des sentiments (laquelle n'a rien à voir si ce n'est que les livres n'y étaient pas étrangers) pour l'instant reste trop minante pour que ce qui était bon transparaisse ; mais il en viendra sans doute quelque chose de positif lorsque j'aurais oublié la façon cavalière dont sur la fin surtout, j'ai été traitée.

J'ai appris un métier. J'ai appris une autre ville. J'ai rencontré la piscine de mes rêves (5). Partagé quelques bons moments avec l'homme présent. Dont l'autre ville, qu'il connaissait peu.
Le nouveau métier m'a apporté une force physique inattendue - après trois mois de souffrir, le corps s'est adapté -. J'ai pu me mettre à la course à pied.
Les amis m'ont offert collectivement un outil de travail, et c'est la plus jolie chose qui me soit arrivée. Le plus solide encouragement.


Ces trois années n'ont pas compté pour rien, qui m'ont permis d'avancer, même si pour l'instant je ne peux voir qu'un cycle qui s'achève. Et encaisser que ce fut un peu brutalement.


Si je me débrouille bien, si on ne dépense pas trop, si aucune difficulté grave ne survient,  je vais être enfin libre de travailler à ma main. À moi d'en faire une chance. Et vite.

 

 

(1) du temps de "l'Usine" s'entend car depuis ma vie peut être rude, mouvementée, désolante, déjantée, éprouvante et formidable par bouffées elle n'est plus morose du tout, plus jamais.

(2) et non pâtes / riz / patates qui sont l'ordinaire depuis que j'écris. Trop pas le temps de faire de vraies courses ni non plus de cuisiner.

(3) pour moi une forme de bonheur

(4) Je croyais continuer encore quelques temps, et pensais qu'il y aurait encore des tâches concrètes pour jusqu'à ce soir.

(5) Il m'arrive vraiment d'en rêver. Cela fait trop longtemps que je n'y ai pas nagé.

 

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