Elle est donc hyper préparée, fut selon toutes probabilités largement financée, et est conçue pour nous tirer des émotions et nous faire consommer. Seulement en la revoyant aujourd'hui (elle date du printemps dernier et m'avait déjà touchée), grâce à quelqu'un que je lis depuis une quinzaine d'années, et peut-être aussi parce qu'elle nous parle d'un monde perdu, même si ça n'est que temporaire, je dois le reconnaître, ça fonctionne, je suis émue.
Et elle fait appel à ce qu'il y a de bon en nous. Ce qui est devenu méprisé (1).
(1) Lors d'une manifestation récente aux USA en faveur d'un déconfinement sans attendre ne serait-ce qu'un tassement de l'épidémie, des gens arboraient une pancarte, "Sacrifions les faibles, pas l'économie" et je crains qu'ils ne soient représentatif d'un mouvement assez large.
C'est l'ami François qui avec en publiant ce statut m'a remis en mémoire ce feuilleton que je suivais enfant.
Et comme je suis en jour de récupération, ça m'a pris soudainement de perdre délicatement mon temps en tentant de voir ce qu'elles et ils étaient devenu·e·s. Dans mon souvenir, tou·te·s jouaient très mal, mais c'était sans doute un effet du doublage.
Dans l'ordre d'apparition du générique :
Peter Firth est devenu un acteur confirmé ; il avait même connu la reconnaissance avec son rôle dans Equus et continue encore à jouer (mais plutôt pour la télé)
Brinsley Forde est resté un temps acteur mais s'est surtout fait connaître par le biais d'un groupe de reggae, Aswad. Il a récolté des Grammy Awards avec celui-ci et par ailleurs fait de la radio. Un joli résumé de sa vie peut à l'heure où j'écris ce billet être vu par ici.
Gillian Bailey est restée un peu actrice, elle semble avoir pu en vivre et peut-être est-elle connue en Angleterre, mais ça n'a pas vraiment décollé. Alors elle est devenue enseignante (pour le théâtre). Il y a une ITW d'elle sur le site de la série.
Michael Audreson, passé les âges d'enfant et de jeune acteur, est passé à la réalisation puis à la production. Il avait fondé en 1996 un centre de soins pour les personnes atteintes d'addictions aux drogues et alcool. On l'entend ici dans une ITW radio postée sur Youtube en 2007
Douglas Simmonds est mort en 2011. Il n'était pas resté acteur mais avait fait de la recherche en médecine et physique. Lui qui jouait le rôle du bêta sympa était en fait l'intellectuel du lot. Sur le site de la série, un hommage lui est rendu.
Bruce Clark n'est pas resté visible, on trouve simplement une trace de ses participations comme acteur sur IMDB. Il possède de nombreux homonymes ce qui ne facilite pas les recherches. Je découvre au passage qu'il est Américain alors que tous les autres enfants étaient anglais. Même sur le site de la série, il y a peu sur lui. On peut cependant l'entendre ici toujours sur Youtube dans la série d'entretiens publiés en 2007. L'enregistrement ressemble à un long distance call d'autrefois.
Debbie Russ qui interprétait Tigrette n'est pas restée enfant actrice longtemps. Elle est devenue présentatrice de radio pour la BBC.
Je pensais que les un·e·s et les autres avaient mon âge mais en fait le temps que le feuilleton traverse la Manche, ils avaient déjà cessé d'y jouer. Et donc même Debbie au personnage de laquelle je m'intéressais peu puisqu'elle était "la petite" est plus âgée que moi. Mon souvenir est que ce feuilleton lors de sa probablement première diffusion présentait un jalon dans mes mercredi après-midi studieux. Je regardais ça me faisait une pause, ça me redonnait la pêche. J'adorais le mécanisme d'ouverture de la porte. Il y avait un épisode avec un de leurs amis coincé dans une armure qui m'avait tant fait marrer que son souvenir m'en est resté.
Merci François, de m'avoir fourni une très agréable activité procrastinatoire.
Elle fut diffusée en France dans le courant des années 70 puis fréquemment rediffusée.
Je la croyais en noir et blanc. C'était seulement la télé de mes parents qui n'avait pas la couleur.
Elle était diffusée en V.F. et quand longtemps plus tard j'ai eu accès à la V.O. je me suis rendue compte que celle-ci était moins bien. C'est l'un des rares cas où la V.F. l'emporte.
Michel Roux et Claude Bertrand s'en sont donné à cœur joie, la voix de Michel Roux est parfaite de gouaille pour le gars du Bronx qui a réussi, et ils ont rajouté de l'humour.
Une des rediffusions, c'était au temps d'avant les internets, d'avant les DVD et d'avant même que les familles de Français moyens ne puissent s'offrir des magnétoscopes à grosses cassettes, eut lieu alors que j'étais en classe prépa. et rentrais chez mes parents le week-end. Je n'avais pas le temps de regarder la moindre série, il fallait bosser sans cesse. Alors je demandais à ce qu'on m'appelle pour le générique. Puis je retournais à mes maths.
Meilleur générique de tous les temps, je veux bien le croire.
Plié de rire du haut de ses impitoyables vingt ans, le fiston m'a transmis cette video au moment où de toutes façons elle faisait le tour des internets avec la façon ultra-virale propre aux grands fails de télé. J'aurais pu rire aussi, quelques ruptures subies ayant réduit à néant toute capacité compassionnelle de ma part envers les fausses blondes refaites, et ma solidarité sociale n'allant pas jusqu'aux présentateurs télés de variétés qui se font lourder.
Mais, peut-être bizarrement, ce que je retiens et que j'adore c'est l'instant où la miss USA explique à la miss Philippines qui n'en croit pas ses oreilles ni ses yeux, que c'est elle, oui bien elle, qui l'a emporté.
Si c'est un coup monté pour faire de l'audience, la miss Philippine est une immense actrice. Et si une ambitieuse dépitée et un éditeur roué n'avait pas l'an passé confisqué l'expression, je serais tentée de dire Merci pour ce moment.
C'est la première fois de ma vie que j'aurais aimé être à la place d'une look-alike poupée Barbie (la miss USA, celle qui annonce sa bonne fortune à l'autre) (1)
(c'est à 3'11" et peu après)
(1) Notez qu'à faire la fée dans les librairies, je n'ai pas à me plaindre.
Toujours un brin triste de la mort de celui qui incarna l'immarcescible John Steed, et que c'est là qu'on s'aperçoit qu'en fait non et que c'est une dernière part d'enfance qui nous quitte, qu'on en arrive aux âges ou "Quand j'étais petit(e)" est non seulement une époque révolue mais un temps qui perd ses témoins ; bref, donc triste, quoi, je suis tombée sur cette petite pépite d'un reportage sur le tournage de leurs scènes de fin, toujours dans des vieux tacots incroyables (1).
Je les regarde, l'esprit dans le vague, pas nostalgique de mon enfance, mais sans doute de mes amours, et très certainement de celles qui ressemblaient à ça (2). D'autres séductions ont supplanté celle qui se tissait de complicité. Elles étaient plus immédiatement perceptibles et donc excitantes pour l'ensemble des spectateurs. Des années, des décennies plus tard, Diana Rigg est celle qui fait bonne figure en très vieille dame dans "Games of thrones" - a match is never lost -.
En attendant mon temps d'antan est désormais fort loin. Ainsi qu'une forme d'insouciance que la guerre froide n'empêchait pas.
(on remarquera dans les commentaires "the fighting and still feminine Emma Peel"
#soisbelleetbastoipas(trop)
(1) moi qui utilisais tant "improbable" avant sa mode (laquelle a succédé à "dévasté" pour des êtres humains) je n'ose plus, du coup je varie.
(2) Et ont fini aussi bêtement mais bien moins élégamment que leur dernier épisode, si émouvant, si classe.
Je ne savais rien de sa vie privée - le croyais homosexuel ou du moins n'aurais pas été surprise qu'il le fût, c'est dire (1) -, je savais (2) qu'il était encore en vie, l'annonce de sa mort me peine.
Pour moi il est l'incarnation du John Steed de "Chapeau Melon ..." qui fut par deux fois, dans les années 60 puis 70 une série qui a marqué ma vie. La première est l'une des rares émissions que mes parents regardaient ensemble sans se disputer. Une autre fut longtemps Peyton place, dans les années 70, ainsi qu'"Amicalement vôtre" puis les "Colombo". Et puis les dossiers de l'écran et les cinq dernières minutes encore que ma mère finissait toujours pour aller vaquer à quelque tâche ménagère. Le reste des soirées, mon père régnait sur sports, westerns, autres films plus ou moins guerrier qu'il m'était strictement interdit de veiller regarder. Nous (ses filles, sa femme) avions les journées. Parfois si une émission était recommandée par l'école, nous avions la priorité d'une soirée. Mais pour Holocauste ma mère avait mis son veto, argumentant que la guerre ça n'était pas de notre âge et qu'il fallait se coucher tôt pour l'école (le collège pour moi) le lendemain.
Je rappelle qu'en ce temps-là la télé c'était en tout et pour tout trois chaînes française et pas de magnétoscope : donc si tu rates une émission tu ne la revois jamais. Autant dire qu'à l'adolescence de la descendance, dans la plupart des familles il peut y avoir des disputes sévères.
En échange il y avait ce plaisir qui compensait la grisaille du quotidien de devoir attendre le prochain épisode et se précipiter à l'heure dite devant le poste, tout frétillants.
(bien sûr une panne à ce moment était une catastrophe ; on a aussi perdu ce sens de la panne catastrophique).
Ah oui et puis nous regardions jeux sans frontière tous ensemble, curieusement. Je crois qu'on avait chacun nos favoris et que du coup c'était une joyeuse ambiance dans le salon de défendre avec mauvaise foi nos champions. J'aimais bien qu'il y ait des équipes des villes des pays. C'était une sorte de concours eurovision en moins chantant.
Mais revenons à Steed. C'est la première série de grands que je parvenais à voir, les épisodes avec Diana Rigg du moins les derniers. En fait j'avais dû batailler ferme pour obtenir ce droit, ma mère finissant par céder parce que j'avais trouvé toutes sortes de stratagèmes pour gêner mes parents dans le petit appartements qu'alors eux et moi occupions. Ce qui fait qu'elle avait fini par se dire qu'après tout ce n'était pas trop violent et que de toutes façons je ne comprendrais pas les allusions qui n'étaient pas de mon âge (3) et que s'ils voulaient voir tranquillement il fallait accepter ma présence.
Le hic c'est que très peu après sont venus les épisodes avec une autre puis encore une autre dame et mon intérêt d'un seul coup est tombé. Le charme était rompu. Pour moi il tenait au duo Rigg - Macnee.
J'adorais le générique. C'est d'ailleurs par là que j'avais commencé à entamer les négos ; oui je vais me coucher mais juste le générique, juste ça. Puis peu à peu j'avais oublié d'aller me coucher si on ne me le redisait pas.
Les histoires de cybernautes m'avaient proprement fait jubiler. Et je pensais que John et Emma étaient des amoureux qui voulaient pas se le dire.
Dix ans environ plus tard, Steed est revenu avec deux comparses, un mec moche et pesant dans ce qu'il croyait être des traits d'esprit et une jeune femme incarnée par Joanna Lumley à laquelle ma petite sœur voulait s'identifier (4) et qu'elle appelait Burdaine (pour Purdey). À nouveau je trouvais du charme à "Chapeau melon" mais ça n'était pas sans nostalgie de la toute première version.
Un épisode avait été tourné à Taverny et ça me réjouissait comme si c'était à moi personnellement qu'on avait fait une extrême faveur.
Voilà, un acteur est mort qui avait enchanté ma jeunesse et même si je ne voyais plus rien de son travail depuis des années, son absence va compter. Un de plus de moins. 2015 manque d'indulgence, décidément.
(2) Contrairement à tant d'autres, artistes renommés du temps de ma jeunesse dont j'apprends ces dernières années les décès en songeant, Ah bon, il (ou elle) n'était pas déjà mort(e).
(3) À présent, maman, je peux te l'avouer : je pigeais bien d'avantage que tu ne le croyais.
(4) Elle demandait la même coupe de cheveux, par exemple.
(mais je ne me couchais pas spécialement de bonne heure : je lisais).
Entre 1981 et 1988 avec l'apparition du câble dont notre ville était pilote, je n'avais pas la télévision, déjà elle me semblait superflue alors que l'internet grand public n'existait pas. Le câble m'a permis de regarder des chaînes étrangères, des séries américaines de qualité, "Arrêt sur images", "les Guignols" et des émissions du vendredi soir tard sur la mer et la planète (la vie des gens sur).
Quand je suis tombée dans l'écriture, je n'ai plus eu le temps, il me restait quelques séries (dont NYPD Blue et 6FU, la dernière que j'ai suivie), et puis en 2005 à partir du Comité de soutien qui ne me laissait avec le job à l'"Usine" plus aucun temps disponible, plus rien.
Je n'ai jamais repris. L'apparition de la télé-réalité a achevé de me détacher de son support. Parfois je regarde sur l'internet une émission qui concerne des ami(e)s. Difficilement en DVD un film. Un peu le sport mais plutôt sur sites, via l'ordi et sans les commentaires franchouillards insupportables (et assez peu techniques, pour le foot c'est flagrant d'avec les commentaires italiens ou anglo-saxons).
Ce qui fait que je ne connais pas certaines choses que la plupart des gens connaissent. C'est d'ailleurs avec l'absence de permis de conduire (ou de son usage) quelque chose d'assez parisien - la plupart des personnes que je fréquente n'on pas la télé ou ne la regardent pas : l'offre culturelle est si forte et les journées de travail si longues pour ceux qui ont des postes d'encadrement -.
Là où c'est plus amusant c'est que correspondant à mes premières années sans, j'ai des zones inconnues, un peu comme si j'avais vécu tout ce temps dans un pays lointain.
À la grâce de l'internet je redécouvre ainsi soudain des video-clips de chansons que je connaissais bien, sans en avoir jamais vu les images ou si fugitivement qu'oubliées. Par exemple celui-ci
qui a vraiment beaucoup vieilli (ç'en est presque attendrissant). Ces clips des années 80 sont intéressants comme témoignage d'un temps sans l'internet ni téléphone portables. On mesure à quel point ces objets ont changé nos vies (avec la photo numérique pour ceux qui s'adonnaient à la photographie).
Au fond mon boulot aura toujours été de capter l'air non-télévisuel du temps.