Vie moderne

    Par la grâce des boîtes à livres, et d'être sortie au bon endroit au bon moment d'une séance de kiné, faite après le boulot, me voilà l'heureuse détentrice d'une édition ancienne (119 ans ?) d'un ouvrage de science fiction publié initialement en V.O. en 1898.
Cet exemplaire avait eu pour précédent détenteur un éminent cardiologue, décédé en son grand âge.

Rien de tout cela n'aurait été possible à la fin du siècle précédent : ni boîtes à livres, ni moi allant chez le kiné, ni personnes qui se débarrassent des livres en pensant qu'ils sont sans valeur, ni l'internet grand public pour que je puisse faire des recherches sur le nom de possesseur calligraphié en pages de garde.

L'ouvrage, fort jauni, aux pages découpées par son premier lecteur, porte une mention de date MCMVI mais je doute que ça soit la date de la présente édition dont il est précisé qu'elle est la neuvième. Il est soigneusement couvert de papier cristal et valait alors 1,50 (Je suppose anciens francs). Si l'édition est bien de 1906, le convertisseur de l'Insee ça ferait 685 € de 2024. Ce n'est bien sûr pas la valeur actuelle du vieil ouvrage. 
Qu'achetait-on en 1906 avec 1,50 Francs ?
Le futur cardiologue avait alors 10 ans. Était-ce un cadeau d'anniversaire, de Noël ? pour un enfant de 10 ans dont les parents connaissaient une relative aisance (suffisante pour lui permettre de faire de longues études quand elles étaient très rares). 

Si j'étais retraitée, entre ce soir et la fin du mois, sur ces points de départ je bâtirai un roman, qui ne serait certes pas un chef d'œuvre de la littérature, mais pour des personnes soucieuses de s'extraire de l'emballement actuel de la marche funeste du monde, un moment de suspension hors du temps. Et il aurait ce même effet salutaire pour moi qui l'écrirais. 

 


Les cinq ans du premier confinement

 

    Je lis des billets sur les blogs amis, et j'en entends parler ici ou là. Hé oui, le premier confinement, le vrai celui où nous fûmes consignés à la maison c'était il y a cinq ans.
Comme toujours avec les durée, je suis stupéfaite. Cinq ans, déjà ! 

En plus que ça veut dire que ça fait cinq ans que je suis dans le #NouveauBoulot, qui n'est donc plus si nouveau que ça. Je n'ai vraiment pas l'impression d'avoir tant d'ancienneté dans le poste. Il faut dire que comme les innovations sont permanentes, les changements de configs et les contraintes (Ah Chorus pro et ses charmes, Ah le Pass Culture ...), nous sommes sans arrêt en train d'apprendre.

Concernant le premier confinement, nous avions eu la chance ... d'avoir eu des malheurs les années d'avant. Dont pour Le Joueur de Pétanque et moi les décès chacun de nos parents survivants, et pour moi la perte d'un emploi formidable (mais la librairie dans la rue avait dû fermer, pour devenir un peu plus tard un corner à ground control où ma présence n'était pas requise, ni un salaire payable), la recherche d'un autre, une tentative de reprise qui n'était pas raisonnable avec les moyens financiers dont je disposais, une période épuisante dans une maison de la presse et mon incapacité à vendre du tabac (1). Une période vivifiante comme libraire volante mais très insuffisamment rémunératrice. Et puis cette annonce à laquelle je réponds, pour mon job actuel et début mars 2020, les entretiens.

Je suivais les infos italiennes depuis le départ du Fiston pour une colocation, dans la même ville que nous. L'accès aux chaînes italiennes était payant chez notre opérateur et c'était mon auto-cadeau de consolation pour supporter le vide laissé par son départ. Ça m'a donné un coup d'avance, j'ai tout vu venir, j'étais mentalement préparée.

Je me souviens d'avoir passé un jeudi après-midi un premier entretien, en toute détente grâce à deux amis, dont l'un était venu d'Espagne aller-retour dans la journée ou presque, car il avait pigé que c'était le dernier moment possible, et l'autre nous avait bricolé un petit déjeuner délicieux, à la bonne franquette. Et l'entretien après ça était passé crème, je me disais que l'amitié existait et était quand même un sacré bon socle dans la vie.
Puis il fallait deux autres entretiens et ils furent casés le lundi avant la déclaration du Président Macron qui aller donner à chacun jusqu'au mardi midi pour aller se caler quelque part et n'en plus bouger.

J'ai pu voir les amis Franck et Kozlika en leur balcon en repartant (à vélo), car mon potentiel futur boulot était à peine un peu plus loin que le coin de leur rue.

Puis ce fut un peu Conseil de guerre familial car que faire ? Au bout du compte notre fille nous a envoyé en Normandie. Elle se trouvait en situation de devoir télétravailler et l'appartement était trop petit et encombré pour trois adultes dont une devrait bosser. Le joueur de pétanque allait se trouver en chômage partiel, et moi dans l'attente de savoir si les entretiens avaient été positifs. C'était déjà OK en gros mais j'attendais la confirmation officielle. Nous étions convenus que la date de début de mon contrait serait ... quand nous serions libérés.
Nous avons embarqué nos affaires essentielles, de la bouffe pour 14 jours (pour éviter de faire les courses à l'arrivée et de risquer d'importer le Covid là où nous allions), et zou.

Ce fut une période inquiétante car nous avions peur les uns pour les autres, que des personnes que je connaissais perdaient leurs parents, ou leurs grands-parents, où tombaient malades et restaient un paquet de jours sans plus donner de nouvelles. 
Je me souviens qu'étrangement, moi qui suis plutôt de santé fragile, ou en tout cas plus jeune l'avait été, je n'étais pas spécialement inquiète pour moi-même. Ou alors, fataliste.
Plus tard, nous avons appris que nous l'avions sans doute attrapé dans les semaines qui précédaient, car l'époux avait dit avoir été fortement fiévreux et avoir perdu l'odorat et le goût pendant 48 heures. Mais il avait juste eu l'air enrhumé, et à part l'état fiévreux ne s'était plaint de rien. À la suite j'avais eu un rhume, comme l'hiver j'ai une fois ou deux. Une grande fatigue comme j'ai presque tout le temps, à peine un peu pire. C'est seulement quand il avait été question du symptôme spécifique d'être sans odorat ni goût, que monsieur s'était dit, Mais c'est ce que j'ai eu ?!

Partant de là et donc avec cette réserve de l'inquiétude pour les autres, nous avons vécu notre meilleure vie. Pour la première fois de ma vie d'adulte j'ai disposé de deux mois de mon temps, à ma main, entièrement. Pour la première fois, nous avions l'époux et moi une vraie vie conjugale : du temps ensemble qui ne soit pas du temps avec des choses à faire, mais bien du temps où nous pouvions ensemble faire ce qui nous semblait bon. Ensemble, nous étions heureux, tout simplement.
J'ai débroussaillé le petit jardin, lui ai créé un mini terrain de pétanque. J'ai trié une foule d'objet.

Et grâce à une voie verte qui passait non loin de la maisonnette, nous avons joué à respecter à la lettre les contraintes et leurs élargissement, 1 km 1 heure (et donc des aller retours), puis 5 km, puis 10. Et j'ai commencé de sérieux entraînements de course à pied. Des séances spécifiques - puisqu'il n'était dans un premier temps pas possible de faire de longues sorties, il fallait pimenter celles-ci par des blocs de travail, des allures et des rythmes -. Pour la première fois de ma vie il m'est arrivé d'arrêter de lire parce que j'avais assez lu - et non pas parce que je tombais de sommeil ou avais ci ou ça à faire -.

C'était un printemps ensoleillé et chaud, magnifique. J'ai passé des heures dans le petit jardin. À désherber, tailler, sarcler. Nous écoutions un troglodyte mignon qui nous enchantait. 
Faisions des séances de tabata grâce à l'un de nos jeunes coachs du triathlon. Petites séances en fin d'après-midi en visio.

Dès notre retour, son boulot reprenait et le mien allait commencer, nous avons été saisis par le flot des temps contraints et n'avons guère disposé  de temps pour épiloguer. Je traversais une reconversion, la deuxième un peu radicale, et dans les conditions très particulières que nous traversions (J'ai dû très vite prendre en charge des dossiers, des questions, des "tickets" qu'en temps normal j'aurais fait avec l'appui d'autres personnes), ça m'a totalement engloutie.

J'ai adoré cette vie douce et calme. La liberté dont je disposais. Et clairement compris que la liberté de temps était pour moi bien plus importante que celle de déplacement dont finalement, salariée, j'ai toujours assez peu profité, si ce n'était lors de trop courts congés. 

Comme nous avions rejoint la petite maison familiale où des produits courants d'entretiens étaient déjà stockés, et que nous étions partis avec des provisions, et que nous n'étions que deux et pas avec des voracités de jeunes, nous n'avions pas eu à souffrir de restrictions. 
Enfin, j'avais du temps pour écrire ; ce qui fait que je me sentais libre d'être moi-même.  
 

(1) Il faut dire que moralement, ça me posait question. J'avais l'impression que l'on vendait aux gens leur poison.


Lecture retrouvée

 

    C'est grâce à Anne Savelli qui dans son Faites entrer l'écriture du dimanche 2 mars a évoqué l'auteur de son premier manuel de lecture, que je me suis mise enfin sérieusement en quête d'un livre de "Lecture suivie" qui m'avait marquée à l'école.
Ce n'était pas la première fois que j'y pensais, tant il était un souvenir ancré et fondateur dans mon expérience de lectrice.
Je crois même avoir déjà effectué quelques recherches. Seulement je manquais d'informations essentielles et je recherchais plutôt un exemplaire d'occasion de mon manuel scolaire d'autrefois.
Le souvenir le plus précis que j'en avais, fors l'histoire, était ... la nature du papier. Glacé et qui gondolait légèrement et dont j'aimais l'odeur (du papier et de l'encre mélangées).

Et puis cette fois-ci a été la bonne car j'ai retrouvé un site de maison d'édition qui s'est spécialisée dans la réédition fraîche  d'anciens manuels avec les moyens actuels. Peut-être même est-ce du print on demand.
Alors j'ai parcouru méthodiquement leurs listes et j'ai soudain retrouvé "mon" manuel inoubliable.

Of no surprise, il venait d'un auteur de qualité, et quand j'ai constaté cela je n'ai pu que penser Bon sang mais c'est bien sûr ! 
Pour qu'un bouquin scolaire m'ait tant marquée, pour que j'aie pu lire d'une seule traite toute l'histoire, ce qui m'aura valu tant d'heures d'ennuis ensuite (en plus que mes petits camarades lisaient mal, je trouvais, et je piaffais que ça soit enfin mon tour de faire une vraie lecture qui respecte l'histoire, lequel ne venait presque jamais au prétexte que je n'en avais pas besoin). Mon étonnement de constater que j'étais la seule ou l'une des deux seules à avoir tout lu, et que les autres étaient ébahis alors que ce qui me stupéfiait était qu'on puisse avoir résisté à l'envie irrépressible de lire la suite.

Il s'agissait donc de l'ouvrage "Le relais des cigales" par Paul-Jacques Bonzon (1).

Première surprise : j'étais persuadée que c'était la lecture suivie de la classe de CE1 et ... je m'aperçois que c'est un manuel de cours moyens.
Or je me souviens de l'avoir lu en partie dans une salle de classe du rez-de-chaussée de l'école. C'était les classes de CP et CE1.
Au CE2 nous étions à l'étage. Et du CM1 et CM2 j'ai de vifs souvenirs puisque j'étais alors sous l'égide d'une de ces institutrices qui marquent avec bonheur une vie. 
L'hypothèse que je fais aujourd'hui serait d'une lecture de CE2 faite dans une salle de CE1 à l'occasion d'une absence de l'institutrice titulaire et qu'on nous avait distribué dans les classes des autres, avec consigne de nous tenir sages. Que j'en ai profité pour hacker l'entièreté du manuel, me ressemblerait bien. J'étais de ces enfants qui guettaient le coucher parental pour rallumer la lumière et lire lire lire jusqu'au sommeil tombant.

Avant d'en entreprendre la relecture, je note ici ce dont je me souvenais :

Le jeune héros vivait avec ses parents dans une station service d'autoroute sur l'autoroute du soleil dans le sud de la France. Il avait un chien. Il aidait ses parents en servant à la pompe (3) sur ses heures non scolaires. 
Le chien se faisait écraser par une voiture. Le garçon était très triste.
J'avais un vague souvenir d'échanges épistolaires avec de ses amis (4). Puis sa mère mourrait, son père ne pouvait pas à la fois travailler et s'occuper de lui, et il était envoyé chez des personnes de sa famille qui vivaient à Paris. Et le livre racontait l'arrachement et ses efforts d'adaptation. Les gens n'étaient pas spécialement méchants, mais il n'était "pas d'ici", il avait l'accent et la grande ville était une géographie pleine de dangers. Il s'en sortait en buchant dur à l'école.
Je ne me souvenais pas d'une fin, mais d'une victoire de type avoir tenu bon.
Il me semblait qu'il était fils unique ou qu'il avait une petite sœur bien plus petite et qui ne pouvait être un soutien.

Relecture faite, il est amusant de constater que ma mémoire n'était pas si mauvaise, mais pas exacte non plus.
Les illustrations qui sont des fac-similés de celles de l'édition d'origine me sont revenues.

J'y comprends plein de choses qui m'ont formée et qui me convenaient, même si au moment de ma lecture cela évoquait un monde déjà différent (5). Dont une solidarité très belle entre gens de bonnes volontés, personnes qui travaillent énormément, et qui ne choisissent pas vraiment leurs lieux d'habitation : c'est au gré des emplois des pères de famille.
Parents qui tentent malgré tout de rendre heureux leurs enfants. Solidarité familiale qui va de soi.
J'ai eu les larmes aux yeux plus d'une fois.
Les péripéties et les drames ne surviennent pas par effet de nuisance de la part d'un "méchant", mais par coups du sort (perte d'un emploi, bêtise d'un enfant, accident ...) et les gens s'entraident pour s'en sortir. Ils sont toutes et tous soucieux les uns des autres. Le père de famille n'est pas autoritaire. Les adultes sont fiables.
L'histoire est plus subtile que dans mon souvenir, il y avait même une sorte d'idylle naissante entre le jeune héros Jean-Lou et une certaine Suzy. Je m'identifiais pourtant bien avec cette amitié ++.
Le fait de tenir un relais de pompes à essence était déjà consécutif à un premier déracinement, celui d'un petit village où la famille semblait établie de longue date et dont l'employeur principal, une filature, fermait.
Le chien s'appelait Piboule et effectivement il mourrait à cause d'avoir traversé la route.
Le relais initial n'était pas sur l'autoroute du soleil mais sur la nationale 7. Ensuite le père de Jean-Lou se voit proposer une promotion et le nouveau relais, du même nom, est bien sur une aire de la toute nouvelle autoroute du soleil. Mon souvenir était donc faux / pas si faux.
La mère de famille ne meurt pas mais elle est gravement brûlée en tentant d'arracher son plus jeune fils aux flammes que l'enfant avaient déclenchées en ne se méfiant pas de l'essence (et en n'étant pas assez surveillé car les deux parents travaillaient et l'aîné était absent).
Jean-Lou avait effectivement un sibling trop petit pour lui tenir réellement compagnie. Mais c'était un petit frère et non pas une petite sœur. Je crois que j'avais dû un peu trop m'identifier.
Oui l'envoi à Paris, Bobigny plus précisément.
Mais il y avait eu un épisode de vacances en Espagne. De façon amusante, je sais à présent d'où je savais à quoi ressemblait Cadaquès (quand mon ami François m'en avait dit tant de bien), c'est dans ce livre-là.
Il y avait une description parfaite de comment on se rend compte que l'on sait nager et la griserie que ça procure et ça, je m'en souvenais.
Le garçon s'en sortait à plusieurs reprises grâce à son excellence scolaire. C'est quelque chose qui me parlait.
Je n'avais aucun souvenir de l'ami algérien que Jean-Lou se faisait à Paris.
Mais je crois que ça me parlait aussi. 
À sa manière désuète, le livre était féministe  (pour son temps) et antiraciste. Ça ne m'étonne pas que je l'aie tant aimé.

Pour un manuel scolaire, c'est drôle, il se termine par la phrase Vive les vacances !

Je lis sur sa page Wikipédia qu'il fut instituteur, je comprends mieux la délicatesse et la justesse de ses attentions. J'apprends qu'il est mort en 1978 soit probablement deux ans environ après son passage à Taverny au collège en tant qu'auteur invité. Et comme c'était avant les internets et que sa renommée n'était pas si grande qu'elle lui aurait valu des articles dans les médias mainstream, je suppose que nous n'avions pas su son décès. J'apprends aussi qu'il venait de Saint-Lô. Me voilà peu surprise d'un socle commun de façons humanistes de penser.

Je pense, comme Le jardin de paradis (CP, CE1) précède de peu Le relais des cigales (CM1; CM2) que peut-être j'avais eu droit de lire le second même s'il n'était pas pour ma classe, et tout simplement parce que j'avais trop vite terminé le premier. À l'époque, en primaire, les ouvrages scolaires nous étaient prêtés par l'établissement. C'est pourquoi je n'avais plus d'informations sur celui-là. Peut-être même qu'il m'avait été prêté très temporairement car un peu en dehors des clous. 
Je sens que je vais avoir envie de lire ou relire d'autres ouvrages de l'auteur.

 

(1) Lequel fut le premier auteur vivant (2) que j'ai rencontré, lors d'un événement organisé par mon collège de banlieue quelques années plus tard. Et fut l'occasion d'un de mes premiers combats féministes. Hélas perdu. Mais ça devrait faire l'objet d'un billet en soi. 

(2) J'ai longtemps cru, à cause de grandir avant les internets, n'être pas issue d'un milieu favorisé, de l'enseignement scolaire tourné vers les classiques, que les auteurs étaient forcément de vieux messieurs morts d'un autre temps. Sauf Hergé parce que je l'avais entrevu sur un sujet d'informations à la télé (ses retrouvailles avec l'inspirateur de Tchang ?) et Agatha Christie, of course.

(3) C'était avant les pompes automatiques et l'usage des cartes bancaires, et un temps où les enfants devaient aider les parents dans leurs tâches dès qu'ils étaient en âge de le faire. Ça allait de soi.

(4) Là aussi, chose courante à l'époque. Et j'avais moi-même des correspondances avec cousines et amies et amis quand nous partions en vacances. Aucun souvenir de rationnement financier sur les timbres, je pense que comme pour les livres et avoir de bonnes chaussures, les parents pensaient que c'était important et à encourager.

(5) Par exemple, un garagiste pouvait n'avoir pas les moyens de se payer une voiture. Les téléphones (fixes, bien sûr) étaient rares, un message urgent passait par l'envoi d'un télégramme.


Malaise voyageur

(ou : quand on est soi-même épuisée, on peut difficilement aider)

 

Il se trouve qu'en allant au boulot ce matin en métro (1), j'ai assisté au malaise d'une voyageuse ... sans comprendre que c'en était un.
C'était une de ces rames où les sièges sont de part et d'autre du couloir. La personne était en face de moi mais donc pas aussi près que lorsqu'il y a des carrés perpendiculaires aux couloirs. 
Je lisais. J'ai vaguement perçu un mouvement et ce que j'ai entrevu quand ce mouvement m'a fait jeter un coup d'œil machinal, était : une jeune femme, vêtue et équipée comme quelqu'un qui va au boulot, était en train de s'assoupir en tombant légèrement sur l'épaule de sa voisine.
Rien qui me semblait extraordinaire pour un lundi matin, quand il faut reprendre le taf après un week-end où si l'on est jeune on peut avoir été tentés de profiter de la vraie vie. 
Rien qui me semblait extraordinaire pour moi qui suis parfaitement capable de faire une micro-sieste y compris debout, entre deux stations. J'ai juste trouvé un peu "sommeil profond" le fait qu'elle penche ainsi sur sa voisine.
C'est celle-ci qui a réagi, parce qu'elle avait dû j'imagine (je n'ai pas vu, je m'étais replongée dans ma lecture, car rien ne m'avait semblé inquiétant) secouer un peu la dame, Attention vous vous endormez, et constater qu'elle ne répondait pas. Et puis une autre personne qui était debout à côté et a vu que quand la voisine de la femme "endormie" s'était levée, se demandant quoi faire, celle-ci s'était affaissée. Cette deuxième personne a immédiatement appelé le poste de pilotage (2) et au même moment un homme jeune s'est présenté comme un infirmier et pouvant aider.
La personne en malaise est revenue à elle, surprise et encore sonnée. On arrivait en station. L'infirmier a proposé de descendre sur le quai. La personne malade avait suffisamment repris ses esprits pour saisir son sac ainsi qu'un livre qu'elle avait donné l'impression plus tôt de poser, et le suivre.
Le PC a posé les questions d'usage et la femme qui l'avait appelé a passé le message que le malaise était terminé et que la personne qui s'était sentie mal était descendue sur le quai accompagnée par un professionnel de santé.
Le retard ainsi, ne fut que léger.

C'était possiblement un simple malaise vagal, un symptôme d'épuisement ou de début de grossesse ; on peut espérer que rien de grave. Il n'empêche que ma totale bévue quant à la situation m'a marquée. C'est la première fois que ma fatigue forte perpétuelle me joue un tour envers autrui. Capable de tomber de sommeil, littéralement, j'ai perdu de vue que chez les personnes de pleine santé, ça n'est pas exactement un comportement normal.

Et par ailleurs je me dis que je vais devoir désormais éviter de piquer un roupillon dans une rame : au vu de la réaction rapide des personnes présentes ce matin, je pourrais inquiéter les autres et être la cause d'une perturbation alors que je ne ferais que finir ma nuit (ou au retour : l'entamer). 

Respect aux personnes qui ont réagi vite et puisse celle qui s'était sentie mal, n'avoir rien de grave.


PS : On dit souvent qu'il peut se passer n'importe quoi dans les transports et que personne ne bouge, mais ça fait un paquet de fois que j'assiste au contraire - ou que j'y contribue, parmi d'autres (OK, pas ce matin) -. Les quelques fois où j'ai fait de brefs malaises (merci la thalassémie et la tension basse), des personnes se sont immédiatement portées à mon secours (je me relevais déjà, le tout est d'avoir eu le temps de se sentir partir). Peut-être que globalement les gens sont moins indifférents qu'on ne le croit. Un relatif espoir est permis. 

 

(1) Depuis la grippe et les nouvelles stations de la ligne 14, ainsi que le froid hivernal, mon courage pour le vélotaf a malheureusement bien fondu.

(2) Ligne automatique, plus de signal d'alarme mais des panic buttons, permettant un lien vocal immédiat


Courir selon la qualité (de l'air)

 

    C'était dimanche, c'était sortie longue, mais l'air était particulièrement pourri.
La séance prévue était 1h20 en endurance fondamentale, et j'ai été grippée il y a deux semaines, le souffle est encore fragile. Le choix du parcours s'est donc fait au tracé le moins pollué.

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La chance que nous avons est le réseau de transports en commun qui s'il n'est pas sans défaut, est quand même en Île de France d'une belle densité et permet d'aller à peu près où l'on veut en utilisant le Pass Navigo dont nous disposons déjà, ne serait-ce que pour aller travailler (1).

Alors aujourd'hui comme de toute la région seul l'ouest était au vert, nous sommes allés en train jusqu'à Maisons-Laffitte et de là via l'ancien chemin de halage jusqu'au Vésinet où nous avons circulé dans le quartier arboré avant de prendre le RER A pour rentrer.

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Il faisait aux alentours de 1°c et bien couverts ce fut une bonne expérience.
Je dispose désormais de deux vêtements chauffants (2) et à présent j'en maîtrise l'usage : un peu de chaud en attendant le train, un peu de chaud au début de la séance, pas de chaud en courant et du chaud à fond en attendant le transport du retour car c'est le moment où ordinairement l'on prend froid.

L'immense avantage du sport en extérieur lorsque l'on aime l'activité physique et qu'un emploi de bureau avale nos journées ordinaires, c'est une impression de redevenir vivants, de nous reconnecter à l'environnement, les lieux et les conditions météorologiques. 
Fatiguée par ma semaine bien plus que par cette séance en endurance fondamentale (3), je n'ai rien fait d'autre de mon dimanche qu'une sieste géante, agrémentée de cyclocross (4), de podcasts, ceux de Cerno et d'Anne Savelli (5). Le gros avantage étant qu'on peut écouter un podcast en étant allongée et les yeux fermés, ce qui est un excellent moyen de récupérer de la fatigue physique. 

Voilà un dimanche qui m'a permis de me remettre en état d'opérationnel pour la nouvelle semaine de travail nourricier qui m'attend, tout en n'étant pas englouti par le sommeil comme les jours ouvrés le sont de boulot salarié.

 

(1) Mon abonnement Vélib est également dessus
(2) pour permettre un change pour le lavage
(3) courir au lentement de soi. Depuis bientôt 13 ans que je pratique la course à pied, si je ne suis ni blessée ni malade, une séance en endurance fondamentale de moins de 15 km ne me fatigue pas plus qu'une promenade. C'est même plutôt tonifiant. 
(4) Les compétitions de cyclocross commentées sur l'équipe TV par le duo Claire Bricogne / Arnaud Jouffroy me rendent heureuse, tout simplement. Je n'ai que le regret d'avoir découvert cette discipline trop tard pour m'y mettre. Quoique s'il existe un jour que je serai retraitée (On peut toujours rêver) des initiations pour vieilles débutantes, j'adorerais m'y confronter.
(5) Je les suis sur Patreon tant que je peux me le permettre, car il me semble cohérent de rémunérer le travail de création de contenu. 
CERNO
Anne Savelli
mais on peut commencer par des épisodes mis en ligne gratuitement : 
par exemple pour Cerno sur radio.fr (entre autre) et pour Anne Savelli via son site
Au passage et compte tenu des incendies qui ravagent Los Angeles, je recommande particulièrement l'épisode de Faites entrer l'écriture consacré à Guy Bennett, lequel vit là-bas.

 

 


On avance (malgré tout)

 

    Alors que le monde semble foncer vers sa perte, ou du moins celle des humains, fors quelques zones tribales autarciques (1), et que la plupart des pays est dirigée par des fous furieux rétrogrades, qui parfois sont des femmes, et que ça brûle ou que ça tempête ou que ça inonde un peu partout, il reste parfois de petites bouffées d'espoir dans le sens d'avancer vers des temps moins moches.

Stade 2 ce soir, m'en a fourni une et j'en ai pleuré. 


Quand j'étais enfant, nous suivions religieusement l'émission de sport du dimanche soir, laquelle s'appelait alors Sports dimanche ; on y croisait parfois quelque débutant prometteur

À l'époque ça me semblait aller de soi, et je n'avais aucune peine pour me glisser dans l'intérêt paternel pour le sport et les pratiques sportives de ma mère (2), ça correspondait sinon à ma santé, qui était fragile, du moins à mon tempérament et goût pour les jeux de plein air. 

À l'époque, les présentateurs n'étaient que des hommes. Les femmes en tant que sportives étaient évoquées pour les sports où leur féminité était mise en avant (la gymnastique, le patinage artistique), un peu l'athlétisme et la natation (bien obligés, il y avait Kiki Caron) et le ski, à la marge.
J'étais tellement habituée à devoir m'identifier aux garçons pour tout, que je n'étais pas consciente de la discrimination géante.
Et quand j'ai voulu à l'entrée en 6ème m'inscrire au club de foot comme les copains de la bande avec laquelle j'y jouais dans la rue entre sans arrêt et tout le temps, j'étais tombée des nues : Ben tu ne peux pas, t'es une fille.
C'est un chagrin encore à vif, un immense sentiment d'injustice et de révolte face à ce qui était pour moi absurde et insensé.

Je l'ai déjà raconté maintes fois, en bataillant j'avais fini par trouver un club, et ça avait pris fin trop peu de temps après, à mon goût, faute de dirigeants (3).

Ce soir : le sport du dimanche soir était présenté par une femme jeune, et c'est de plus en plus souvent le cas, et déjà j'apprécie.
L'invitée d'honneur était une internationale de l'équipe de France de rugby.
Donc déjà : une femme, et là aussi, des femmes sont désormais invitées fréquemment, alors qu'elle ne le furent longtemps que par exception (Marie-Jo Pérec).
En plus un sport, le rugby qui était considéré comme encore plus "pas pour les filles" que le foot.
Que de bonheur, et ultra consciente du chemin parcouru, je pleurais déjà.
Et puis, comme de nos jours il faut inévitablement parler de soi, il a été fait mention de la femme de l'invitée et de leur joyeux mariage.

Dommage qu'on aille vers une fin du monde, dans certains domaines, on commençait à devenir enfin évolués, libres et équitables, du moins dans certains pays dont la France fait partie. Femmes, vie, liberté, allez, pour 2025, on y croit.



(1) Je vois vraiment les époques prochaines comme dans Enig Marcheur. Russell Hoban me semble avoir vu juste.
(2) Qui avait été parmi les premières à s'inscrire à la GV (Gymnastique Volontaire) et partant de là se mettre au tennis et à la danse.
(3) Il fallait vraiment des hommes de bonne volonté pour s'occuper de la section filles. 


La poste de quartier


    Je n'ai plus assez la foi pour exprimer des vœux comme autrefois, surtout lorsqu'un danger public a été élu pour la seconde fois à la tête de l'une des plus grandes puissances mondiales. Pour autant, je respecte celles et ceux qui le font encore et m'efforce de répondre, et d'en profiter pour échanger quelques nouvelles. Partant du principe que s'ils ont utilisé un média précis c'est qu'il leur convient, je m'efforce également de répondre de la même façon.

J'avais donc ce matin une carte de vœux classique à poster.
Puisque Chronopost a encore fait de la fantaisie lors de la distribution d'un colis, en le déposant dans un relais autre que la pick-up station demandée, j'ai voulu profiter d'aller chercher l'un pour aller à une poste différente de celle dont dépend mon domicile.

Pratique, un outil de cartographie sur le téléfonino, m'indique immédiatement la poste la plus proche de là où je me trouvais.
Arrivée sur les lieux, je constate qu'il s'agissait en fait d'un relais postal : une blanchisserie qui fait également relais colis. C'est donc là de façon archi-artisanale, que j'ai fait peser ma carte et l'ai fait affranchir. Seule la balance pour la pesée semblait un peu officielle. J'en ai profité pour acheter de beaux timbres.
Je note ici que c'est pour moi la première fois en France où je confie un courrier à un tiers, sans le déposer dans une boîte à lettres ni le remettre à quelqu'un dans un bureau de poste, qui le tamponne avant de le jeter dans un panier de collecte. La fin des services publics nécessite de la part de l'usager transformé en client, une bonne dose de confiance.
Je date quand même de l'époque de "Le cachet de la poste faisant foi". This is quite a change.


Glanages du 1er janvier 2025


    Mon emploi, intense et essentiellement en ligne au téléphone, induit un rapport particulier avec l'actualité. Il peut se passer des blocs d'heures entiers et pour peu que nous déjeunions entre collègues le midi, une journée entière, sans que je ne sache rien de la marche du monde. 
Si certains jours on le retrouve à peu près dans l'état dans lequel on l'avait laissé en quittant le logis après le petit-déjeuner, d'autres fois il s'est passé toutes sortes de choses. Rarement réjouissantes, il faut bien l'avouer.

Souvent, avant de tomber de sommeil, je m'efforce de rattraper le coup. J'aime bien la chaîne Hugo Décrypte pour ça.
Parfois il y a des pans entiers d'événements qui m'échappent.

Ça a été le cas en fin d'année concernant la Syrie. Vague souvenir d'avoir lu un soir brumeux de fatigue que quelque part au fin fond d'une région des rebelles islamistes avaient pris une ville sous leur coupe. Et l'impression que soudain juste après, retour du boulot, et plus d'Assad ni de son régime dictatorial sanglant (En fait 10 jours s'étaient écoulés). 
Les scènes de liesse étaient belles à voir.
Restait pour moi une perplexité : pourquoi alors que pendant tant d'années ce régime ultra-violent avait tenu face à la guerre civile, soudain en 10 jours c'était plié. Il me semblait que l'abandon du soutien par la Russie de Poutine ne suffisait pas à expliquer.

Et puis ce matin je suis tombé sur cet article par Marc Gozlan dans Le Monde et qui s'il ne permet pas de tout expliquer, lève un coin du voile. Je me souviens avoir lu un jour, il y a longtemps de ça, d'autres articles évoquant cette drogue et les ravages sur les soldats. Seulement, comme souvent, j'ignorais que ce fût à ce point-là. 

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Des nouvelles du dérèglement climatique : 

via Extrême Météo au gré de prévisions pour la semaine prochaine

"Sauf changements encore possibles mais de plus en plus à la marge certainement, nous n'aurons pas une semaine prochaine hivernale faut bien le reconnaître. Les scénarios doux et plutôt humides sont en train de gagner la partie comme dans 95% des cas en saison hivernale depuis plus de 10 ans. Une telle disparition quasi complète des advections froides d'altitude sur l'Europe de l'ouest notamment, ne peut pas s'expliquer seulement que par le hasard depuis plus de 10 ans. Les changements de circulation atmosphérique à l'oeuvre, affectent notablement la représentativité des différents régimes de temps en hiver. La NAO- est d'ailleurs de moins en moins froide en hiver alors qu'auparavant elle était réputée amener froid et humidité. Nous avons aussi une disparition des configurations d'anticyclones scandinaves en hiver ou alors mal placés pour drainer du froid jusqu'en Europe de l'ouest.

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Je continue à me désabonner sur ex-Twitter de comptes que je peux suivre ailleurs, l'idée étant de quitter la plateforme si une fois que je n'aurais plus de fils essentiels à y suivre, son boss est toujours le même (1).
Au gré de mes vérifications et de mes Suivre ailleurs et Désabonner là, je m'aperçois que bien des personnes dont les publications étaient intéressantes se sont tout simplement tues (ou sont sur d'autres plateformes encore, que Bluesky ou Mastodon).
Je constate qu'un ami mort accidentellement, y a toujours son compte et qu'on pourrait croire qu'il est dans ce cas, d'autant plus que ses dernières publications sont vives et alertes.
D'une certaine façon, l'illusion est jolie : comme d'autres il aurait décidé de ne plus cautionner l'archi-milliardaire en ne publiant plus là où il est devenu patron. D'une autre c'est glaçant : ses écrits sont encore sur un lieu numérique dont il n'avait pas idée (et pour cause) de ce qu'il allait devenir. Et puis ça reste extrêmement triste, le fait qu'il ne soit définitivement plus de ce monde, celui dans lequel on mange, on dort, on vit. Pensées pour ses proches.
 

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J'ai sur mon téléfonino, un phénomène voisin : parmi mes contacts, perdurent quelques défunts qui y figuraient de leur vivant via leur compte Google +.
La plateforme a fermé. Les contacts se sont figés dans une sorte d'imputrescibilité. 
Je me doute bien qu'en effectuant quelques recherches, je trouverais le moyen de les supprimer. Seulement dans l'immédiat, la disparition du socle d'où pouvaient provenir facilement modifications et suppressions, a en quelque sort lyophilisé leur présence.

Pour l'instant je les laisse, après tout c'est une façon d'avoir pour eux une pensée. Il n'empêche, notre époque est étrange par certains aspects. 

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Une pensée en ce premier janvier pour les personnes pourvues d'un homonyme célèbre ou qui fait carrière en politique même en n'étant que localement connu. 
Comme ça m'arrive régulièrement, je tente de retrouver des adresses perdues lors du vol de mon sac fin 2017 et d'une reconstitution hasardeuse d'un back-up (en gros j'ai récupéré des infos mais sans corrélation, donc à part appeler tout le monde ...) et plusieurs des personnes que je fréquentais alors que j'étais libraire se trouvent avoir un prénom + nom qui si on effectue une recherche affichent des personnes dont le métier demande de beaucoup communiquer. Ce qui rend les (anciens) amis invisibles.
Coucou au passage à l'ami écrivain dont un réalisateur est l'homonyme (mais à présent ils sont tous deux visibles et je les imagine devoir échanger régulièrement des messages ou colis à l'un l'autre destinés).
Pensées au passage pour le voisin du dessous musicien qui n'est ni exactement dessous ni exactement voisin. 
Plusieurs fois dans ma vie je me suis dit Wow ! en entendant chanter quelqu'un, une fois lors d'un mini concert à une station de métro et à par ailleurs lors de fêtes des voisins, pour apprendre ensuite qu'il s'agissait de professionnels réputés. 
Je suis une incommensurable découvreuse de talents confirmés.

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Bienvenue et bon courage à la génération bêta. Les défis à relever sont immenses. 

Le Morrison Hotel de Morrisson Hotel a brûlé. C'était devenu un squat mais il y avait un projet pour le réhabiliter.

 

Last but not least : 

Capture d’écran 2025-01-01 à 19.07.43

(1) à tous les sens du terme 


Quarante ans (?!)

 

    Au gré de cette semi-grasse matinée de jour férié (1), je laisse YouTube et ses algos malins me proposer un peu de sujets musicaux, et après un documentaire sur l'histoire des Pink Floyd (comme si je n'en avais pas déjà vus une palanquée), voici un enregistrement d'un concert de Jean-Jacques Goldman au Zénith fin 1988. Or j'y suis allée, même si je n'ai pas souvenir de la date précise, je sais que j'ai assisté à l'un des concerts au Zénith de cette tournée.

Il y a une vingtaine d'années.

Euh, non 1988. 
Mon cerveau arithmétique a déjà fait le calcul mental, depuis en fait le début : 36 et instantanément, mais il a l'habitude : mon cerveau intime ne le croit pas. Alors il accroche le nombre sur une paroi dans un coin et n'insiste pas.
Mon cerveau intime sait qu'il doit se rendre à l'évidence mais avant de se rendre il pilote la carcasse pour compter sur les doigts.
Ben oui, on est près de 40, là.

Ces derniers temps ce scénario se répète au moins une fois par jour, pratiquement dès qu'un souvenir pointe son nez.
Je parviens bien à capter que j'ai 60 ans passés, je le sens à l'énergie qui diminue et au travail salarié banal qui devient jour après jour pour tenir un exploit. En revanche qu'une foule de choses que j'ai faites ou auxquelles j'ai assisté ou d'événements généraux dont je me souviens aient eu lieu non pas il y a 15 ou 20 ans mais 30 ou 40, je n'y parviens toujours pas.
Peut-être que cette perception vient du fait que j'ai passé tant de temps à bosser dans des postes sans grand intérêt pour lesquels je devais enfiler mentalement une blouse grise, le temps d'exécuter les taches qui m'étaient confiées.

Peut-être qu'il s'agit simplement d'un effet d'âge normal. 
Le saurais-je jamais ?
En attendant, je traverse mes journées actuelles avec à chaque fois un temps non négligeable de stupéfaction.

 

(1) Parce que bon quand même un petit 4 km de course à pied, E.F. + petites accél. 


Nette amélioration des trajets (vélotaf)

Capture d’écran 2024-12-27 à 23.01.29

Depuis la prolongation de la ligne 14 vers le sud, j'effectue moins de trajets vélotafs complets, aussi ce soir, malgré le froid et parce que j'étais bien équipée (5 couches de vêtements du tee-shirt à une veste coupe-vent parfaite et un collant de course à pied et un pantalon par dessus et de grosses chaussures d'hiver montantes fourrées, mitaines, bonnets, tours de cou (2 couches)) et qu'on était vendredi (donc demain, qui sera pour moi un samedi non travaillé, tranquille), je me suis fait un petit plaisir de retour à vélo intégral.
Je n'avais pas emprunté les pistes cyclables des maréchaux ouest depuis un long moment. J'ai pu constater que de réels progrès avaient été faits, c'est assez formidable cette évolution. 

Ne reste plus que vers la partie entre Brancion et porte de Versailles cette installation absurde qui fait qu'en étant sur la piste cyclable on doit rouler en se baissant un peu (1) sous les structures des stands du marché. Capture d’écran 2024-12-27 à 23.44.07

Et par ailleurs vers la porte de la Muette et jusqu'à la porte Dauphine un passage où il n'y a plus du tout de piste cyclable, pas même un tracé un peu restreint, rien. Or les voitures roulent à 50 km/h en cet endroit.

C'est le seul endroit. Tout le reste du trajet est à présent en pistes et le tronçon Porte Dauphine / Porte Maillot est désormais une expérience cyclable de rêve, on est entre des installations sportives et des arbres et on longe les voies de tramways. Bidir large. L'idéal.

Et puis il y a eu ce petit miracle, à moins que ça ne soit la trace du début d'une prise de conscience collective, mais sur l'une des portions où la piste cyclable n'est que délimitée par de la peinture, un taxi était garé LE LONG DE LA PISTE et non pas sur la piste. C'était aux automobilistes de le contourner et non pas aux vélos de devoir se confronter aux frôlages le temps qu'ils dépassent le véhicule arrêté (2). Respect. Et je me suis fait un plaisir d'attendre paisiblement que sa cliente soit descendue et ait regagné le trottoir. 
Chacun a bien tenu son rôle et ainsi personne n'a couru le moindre danger. 

Je finis ma semaine de travail sur une note positive, j'espère que ce petit bonheur me tiendra au moins le début du week-end. 

(1) Enfin un peu pour moi qui ne suis pas grande. Mais un homme d'1,80 m ou plus ne passerait pas.
(2) Car d'expérience et même si on a attendu que ça soit dégagé derrière nous pour dépasser, des véhicules arrivent à toute blinde alors qu'on est engagés et n'attendent pas que l'on ait achevé le dépassement pour passer à leur tour et donc doublent le cycliste qui est en train de déjà doubler le véhicule arrêté. En frôlant de très près puisque la rue, même large n'est pas tout à fait prévue pour un double dépassement, même si l'un des véhicules n'a que deux roues. 

 

PS : Rien à voir avec ce qui précède mais si d'aventure vous vous êtes demandés un jour ce qu'était devenue Teri Moïse, la réponse, triste, est relatée entre autre dans cette vidéo de NostalgicKid. Pour ma part je me demande si je savais et ai complètement oublié (2013 ayant été pour moi une de ces années difficiles) ou si je n'en avais rien su. Elle faisait partie des artistes dont j'appréciais le travail, les musiques, les chansons, mais sans non plus être prise d'envies d'écoutes en boucle, ni de concerts. Ce qui fait qu'un jour, on s'aperçoit qu'on ne l'entend plus mais que ça faisait peut-être depuis longtemps.

PS' : Une belle et triste histoire : le pilote de chasse syrien, Ragheed al-Tatari, qui avait refusé d'obéir aux ordres de bombarder en 1980 la ville de Hama était embastillé depuis 43 ans. Il avait survécu et le voilà libre, grâce au renversement du régime dictatorial. Et le voilà reconnu comme héros et fêté comme tel. Il le mérite d'autant plus qu'il avait pu s'exiler en Égypte mais était revenu en Syrie quand il a su que sa femme, elle-même rentrée au pays pour y rejoindre leur fils bébé auquel un visa avait été refusé, avait été arrêtée et était victime de violences. Alors il était rentré se rendre (source : Le courrier international). 

https://metro.co.uk/2024/12/09/son-one-syrias-longest-serving-prisoners-tells-dads-release-22153889/