Les avis des clients

 

    Recherchant les horaires d'un relais colis où je dois récupérer les chaussures de trail achetées dans l'espoir de pouvoir courir celui de la Chouffe sans réveiller ma petite blessure au pied droit (1), je suis tombée sur les avis des clients le concernant.

C'est impressionnant de combien certains sont violents, alors qu'il s'agit d'un des relais colis les plus efficaces auquel j'ai eu affaire. Effectivement les hommes qui y travaillent ne sont pas là pour faire la conversation, mais ils font le job. Et clairement des personnes dont le colis a subi des mésaventures sont fâchées, on sent qu'elles commentent dans l'esprit de se venger - alors que possiblement le relais colis n'est pour rien dans leur mésaventure -.

Étrange époque où l'on ne cesse de juger et d'être jugés.

Effets pervers de ces jugements absolument subjectifs (2) et parfois infondés.
J'ai le souvenir en librairie d'un patron émettant de lourds reproches envers ses troupes après un (et un seul) avis extrêmement négatif sur un moteur de recherche ou réseau social mainstream et dont les détails - Il était question d'une recherche qui n'avait pas été effectuée avec la diligence et l'empressement attendu - ne disaient absolument rien à personne, ni la photo de connexion de la personne qui l'émettait. Nous en étions venus à la conclusion que la personne avait sans doute confondu notre librairie avec une concurrente ou délibérément émis un avis menteur, histoire de nuire. 

Autant il est indispensable de disposer d'outil afin de pouvoir dénoncer des comportements dangereux ou malsains, autant il me semble excessif d'être appelés à juger tout le monde tout le temps.
Il faudrait à tout le moins que les avis puissent exister dans les deux sens. Attention client indésirable, au comportement odieux, et qui fait perdre un temps fou.


 

(1) Je courais en trail jusqu'à présent avec des Salomon sans forte amortie mais avec un grip extra et des qualités de séchages optimales aux passages de gués, une pointure atypique (39 1/3) bien ajustée à mes pieds. Le risque de douleur me fait penser que plus d'amortie et un chaussant plus large conviendraient mieux cette année.
(2) D'un mécontentement ponctuel on a vite fait de passer à C'est nul.


La fermeture de la MEL

 

    J'avais déjà lu des articles au sujet des difficultés rencontrées, et de l'asphyxie progressive de la Maison des Écrivains, qui du temps où il était financé par le CNL (Centre National du Livre), participait pleinement de la vie littéraire en France, permettait à nombre d'écrivains de gagner de quoi vivre, au travers des résidences, des festivals et des manifestations littéraires.
Il y avait aussi les rencontres avec les classes dans les établissements scolaires.
Et globalement, pour les professionnels de la littérature, un centre de documentation et des dispositifs d’aides.

J'ai le souvenir d'avoir participé en tant que libraire, à un jury de prix, mais qui avait été perturbé par la pandémie : je revois nos réunions, intéressantes et passionnées, à l'adresse du XVIème arrondissement, puis les suivantes en visio, comme ça pouvait.

Le souvenir aussi de nombreuses conférences le mercredi midi à l'auditorium du Petit Palais à Paris, et combien c'était passionnant à chaque fois. Du temps où je travaillais à Livre Sterling aux alentours de 2010, j'avais négocié avec le patron d'arriver un peu plus tard prendre mon service (1) les mercredi où avaient lieu ces rendez-vous. Ce furent pour moi des sortes de sessions de formation, souvent lorsque les personnes invitées ou évoquées m'étaient connues, je savais l'essentiel, mais dans d'autres cas, en l'absence de formation littéraire (2) de ma part, il s'agissait de belles découvertes. 
Souvenirs aussi de moments heureux, lors du boire un coup ou manger un morceau, ensemble, ensuite, et d'une session particulièrement émouvante pour Daniele Del Giudice, alors encore en vie, mais déjà privé de sa mémoire. Ses amis des livres mais pas seulement étaient là et qui témoignaient et qui lisaient, qui exprimaient quelque chose comme Tu n'es déjà plus tout à fait là, mais nous on ne te lâche pas. C'était beau.
S'il n'y avait eu que cette rencontre-là, je serais déjà éperdue de reconnaissance.

Alors l'annonce de cette fermeture me laisse triste. D'autant plus triste que le mécanisme qui s'est appliqué, est déjà à l'œuvre pour bien d'autres entités, tout ce qui relève du bien commun, de la culture, de l'éducation à n'être pas que des éléments de production et de consommation.
Un dispositif ou un établissement existe depuis souvent de longues années, et qui fonctionne mais adossé à un ministère ou à une autre entité laquelle dépend elle-même beaucoup d'argent public. À un moment donné, un décret ou autre modification de l'organisation détache la structure de terrain de son financeur initial au profit d'entités territoriales, selon le grand mouvement général de défausse de l'État depuis des décennies. Désormais et depuis les années 80, rien ne doit échapper aux lois du marché, y compris ce qui ne relève pas du secteur marchand : les services, les choses indispensables à la vie quotidienne et pour lesquelles on n'a pas le choix (3).
Les entités territoriales, outre qu'elles ont d'autres priorités que de financer ce qui peut sembler non indispensable, et l'est de toute évidence moins immédiatement et concrètement qu'un équipement, par exemple, sont généralement peu enclines à maintenir le niveau d'engagement des financements précédents.
Le ministère dont dépend l'entité, pendant ce temps ce désengage : elle ne dépend plus de lui, mais relève du territorial.
Un jour, l'établissement se retrouve avec une insuffisance de ressources telle qu'il ne peut plus mener à bien ses missions, sans parler de l'organisation interne qui devient chaotique (4). Ensuite il est facile de décider de ne plus subventionner du tout, ou presque plus, cette entité qui ne remplit plus son rôle, rencontre des problèmes en interne, et ne rend plus les services attendus.

Le même fonctionnement prévaut peu ou prou au sein de grandes entreprises du secteur marchand : on crée une structure un domaine d'intervention avec les moyens qu'il faut et même si le nouveau département donne toutes satisfactions, si pour une raison de stratégie entrepreneuriale (5) il devient ne serait-ce que moins prioritaire, on lui diminue ses moyens de fonctionnement, qui le désorganisent, il donne moins satisfaction, et la décision de laisser tomber ou de le rendre marginal est prise, parce que forcément, il marche moins bien.
On le voit aussi à l'œuvre entre municipalités et associations locales, lesquelles parviennent parfois à résister car le bénévolat est leur socle et les cotisations des adhérents un apport précieux.

Dans tout les cas, personne n'a pris la décision de fermeture, chacun des décideurs peut se défausser sur quelqu'un d'autre, chaque entité de l'organisation sur une autre. Mais il n'y a plus d'argent, on ne peut plus payer personne. Alors on ferme, liquidation judiciaire. 

Concernant le cas de la Maison des Écrivains, des articles chez Actualitté, permettent de retracer ce qui s'est passé.
Et plus particulièrement le plus récent (30.05.2025).

L'appauvrissement collectif est flagrant en cette période, et pas seulement en France, c'est une triste nouvelle de plus.
Pensées pour les personnes qui perdent leur travail et pour les écrivains qui auraient dû être payés et pour celles et ceux que les projets, par la force des choses abandonnés, concernaient.

Je garderai les bons souvenirs, et le sentiment de gratitude, tant que je le pourrai. 

 

(1) Je travaillais à temps partiel, 14:00 => 20:00
(2) Mes études furent en école d'ingénieurs.
(3) À ce titre les privatisations de transports en communs ou de réseaux d'eau potable sont toujours au bout du compte néfastes pour les usagers : ils n'ont le choix ni de leur trajet (ou avec peu de latitude d'en changer) ni de leur localisation, et sont donc obligés de s'adapter à un pseudo choix restreint. 
À la différence de quelque chose qu'on achète et pour lequel on est réellement libre de choisir une marque ou une autre, un modèle ou un autre, un intermédiaire d'achat ou un autre, avec pour seule contrainte le budget que l'on y met.
C'est encore plus flagrant pour ce qui relève du soin. 
(4) Ne serait-ce qu'en raison de suppressions de postes induites et de surcharge et d'épuisement des personnes restantes.
(5) Et souvent alors même qu'il est rentable. 


Rangements

 

    Ranger est très urgent : nous avons une cave à vider, car elle a changé de propriétaire et nous ignorons si le nouveau souhaitera encore nous la louer. Ou plus probablement : à un prix trop élevé.

Comme je ne peux pas courir ces temps-ci (bursite et tendinite au pied droit), et que (grâce aux anti-inflammatoires prescrits ou parce que ça va mieux ?) je peux depuis quatre jours marcher normalement, avec une légère gêne mais seulement par moments, j'en profite pour tenter de m'y coller. 

Je note ici pour mémoire ce qu'en une après-midi moins une sieste j'ai dépoté :  

remis en état une lampe qui était dans l'entrée et que Le Joueur de Pétanque avait fait tomber
trié les ampoules de rechange et un peu rangé ce placard des toilettes dans lequel elles se trouvent.
vidé trois sacs de type take-away-food de recyclables et un carton abimé.
jeté trois contenants en verre dans le container du bout de la rue prévu à cet effet.
préparé un sac de textiles et chaussons à jeter dans un container spécifiques quand l'un d'eux sera vide (1).
rangé le radiateur d'appoint sans sa boîte et celle-ci dans la place faite dans le placard des toilettes.
dégagé le passage dans la cuisine : un carton remplacé par un autre, solide, et un sac qui s'était éventré.
rempli et timbré et posté un pouvoir pour une AG pour laquelle je détiens un strapontin de 3 actions. Jeté le reste des documents dont je sais qu'il est illusoire que je les lise un jour (éléments comptables fort détaillés).

On est dimanche soir et me voilà fort fatiguée. J'entends Porte de Clichy les klaxons de supporters du PSG qui rentrent probablement de la descente glorieuse des Champs Élysées par leur équipe préférée. J'ai entendu le passage du car à l'aller, avec hélicoptère d'accompagnement. 
Comme chantait Édith Piaf plus ou moins à peu près : Moi j'essuie les verres au fond du café,
J'ai bien trop à faire pour pouvoir rêver / fêter

(1) J'ai l'impression qu'ils sont peu récoltés. 


Effondrement


    En Suisse, un village, Blatten, a été quasiment rayé de la carte par un éboulement sur un sommet environnant que n'a pas pu retenir un glacier déjà fort mal en point. 

Davantage de précisions dans ce sujet de la télévision suisse : 
RST : Le village de Blatten en grande partie détruit

ainsi que dans cet article du Monde :
Suisse : L'effondrement d'un glacier détruit le village de Blatten

Au delà de cette catastrophe précise, se profile ce qui attend bien des lieux de montagne en Europe (et sans doute ailleurs) puisqu'on (général, ceux qui détiennent les pouvoirs des pays les plus puissants) n'essaie même plus de lutter et que ces derniers temps les mesures pourtant bien insuffisantes qui avaient été prises pour tenter de ralentir le dérèglement climatique sont remises en cause un peu partout.

Je fais un billet pour pouvoir le retrouver plus tard, comme trace de la première fois où ça n'aura pas été ignorable en nos contrées (1).
Bien sûr profonde compassion pour les personnes qui ont tout perdu - heureusement l'évacuation avait été anticipée - je n'ai perdu que des affaires de bureau au siècle dernier dans un incendie, alors j'imagine l'effet fait par perdre sa maison et tout ce qu'il y avait dedans -, et également pour les personnes dont l'habitation est intacte mais juste au bord de la vague de destruction. Elles sont plus chanceuses que les premières mais les suites risquent de n'être pas évidentes tant psychologiquement (2) que matériellement (3).

Je serais intéressée par suivre ce qui sera fait pour éviter que la rivière ne se transforme en un lac de barrage (4).

"La nature nous dicte toujours sa propre règle à la fin" dit le conseiller consulté.
Quand le prendrons-nous un peu plus en compte ?

 

(1) J'écris d'un point de vue européen.
(2) pas si facile de survivre à un What a narrow escape, ni de faire face à celles et ceux qui ont eu moins de chance
(3) Je pressens pour eux des complications administratives à n'en plus finir : n'ont rien perdu concrètement mais leur habitation n'est plus dans un village habitable (ne le sera pas avant longtemps, même s'il est considéré qu'une même montagne ne pouvant s'effondrer deux fois il pourra être rebâti). 
(4) A priori c'est déjà le cas
+ post de @subfossilguy
« Un gros risque d’embâcle existe, qui pourrait inonder la vallée en contrebas »

update au 02.06.2025 (source : RTS Info) 
La rivière s'est frayée un chemin. Tout reste très instable mais le lac qui s'était formé diminue et progressivement.


Paris Saint-Germain-en-Laye, la course

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    Je m'étais inscrite car j'étais disponible au moment de l'inscription, ce qui m'a valu un embouteillage d'agenda par la suite, hélas (1), et parce que je pensais bien de maintenir le momentum comme on dit de nos jours, entre le marathon de Paris et la course club prévu en Champagne le week-end de la Pentecôte.
Le marathon, fors une légère défaillance lors d'un tunnel trop bien animé pour certaines de mes fragilités (flashs lumineux et sons technos à fortes basses), était passé crème malgré la déception d'avoir dû finir en alternant marche et trottinement (2).
En particulier, les jambes, bien entraînées, étaient en simple fatigue, quelques heures allongée et plus rien n'y paraissait. Je souffrais de la fatigue générale, de l'énergie vidée, mais le reste était impeccable. 
Du moins, je le croyais.

Alors un petit 20 km, un mois plus tard, me semblait raisonnable et de bon aloi.

L'idée de rallier là où j'habite (enfin pas loin) à là où je suis née, de plus, me plaisait. Et puis j'apprécie toujours de courir sans être gênée par la circulation, que pour une fois, la ville ne soit pas qu'aux voitures. Pas d'objectif particulier car je savais les deux côtes redoutables, et ne souhaitais pas me cramer en vue de la course club (un triathlon, ce qui requiert bien plus de logistique, de fonds et d'énergie).

Nous avions, le joueur de pétanque et moi, un dimanche précédent effectué la reco de la côte du Mont Valérien.
J'avais décidé d'en faire mon petit défi, la monter sans marcher. C'est dans mon cas, un peu vain : les marcheurs efficaces vont plus vite que mon trottinage forte pente très petites foulées, mais ça fait travailler la condition physique.

Le départ avait lieu auprès du jardin d'acclimatation, et c'était pour moi facile d'accès : un coup de tram 3B et un peu de gambade d'échauffement. J'avais choisi de faire sans vestiaire et de prendre une veste de sport, ce qui m'a bien aidée car pour une raison que j'ignore en ce printemps, j'ai souvent froid. Ne suivez pas mes avis vestimentaires, pour moi la température idéale pour courir en tee-shirt et short est au-dessus de 20°c, et en dessous de 15°c je dois utiliser de l'énergie pour me réchauffer. Un de mes meilleurs souvenirs de triathlon était le Frenchman d'une année où il faisait temps de canicule. Tout m'avait semblé facile et léger.
Ce qui fait que j'avais cette veste, que j'ai enlevée pour les côtes - de toutes façons j'allais si doucement que tenir un habit à la main ne changeait rien -, mais qui m'a bien aidée le reste du temps.

J'avais également sur moi de quoi pallier une éventuelle absence de ravito (liquide, gel et solide), l'expérience de la tortue : on passe parfois alors qu'il ne reste plus grand chose. Ça n'a pas servi cette fois, l'orga était parfaite. Le ravito à l'arrivé était même luxueux avec entre autre des tranches de melon. Et pour les amateurs de sucré des trucs que je crois qui sont très appréciés.

D'expérience, j'ai démarré lentement, en considérant la portion entre le départ et la montée de Suresnes comme un échauffement pour celle-ci. Le monde entier des concurrents partis comme moi dans la deuxième partie de la foule (3) m'a dépassée. Je me sentais bien, l'impression que c'était un jour avec sensation de flow possible, mais on verra après la côte.

Le repérage a aidé, je savais précisément les portions plus rudes, et celles pour reprendre souffle, et la dose d'énergie à puiser pour tenir jusqu'en haut et y parvenir sans essoufflement. Ce qui fut fait. J'ai pu me faire plaisir dans la descente, avec un passage à 5'30'', comme une coureuse normale ou plus jeune. 
Ensuite, on longeait de la voie à forte circulation, avec un passage inférieur, et j'ai dû un peu puiser pour ce moment peu appréciable. Ce qui a donné pour moi un premier 10 k en 1h12, ce qui est le temps moyen de quand je fais un 10 k. Compte tenu de la côte costaud, c'était bien.

Tenté de maintenir la cadence histoire que ce morceau peu agréable du tracé soit vite derrière moi. Ensuite on arrivait assez vite en bords de Seine et hop, passé le pont de Chatou, c'était la partie belle du parcours : chemin de halage.

Là j'ai connu ce qu'on aime, le flow, la facilité, ça déroule, l'impression qu'on pourrait continuer sans effort ainsi jusqu'à la fin de la journée. L'impression d'être à sa place, au bon moment, en train de faire ce pour quoi on est fait (4).

Il a juste fallu que la nécessité d'une pause pipi me gâche un peu le truc, mais c'est ainsi. Une fois soulagée, c'était reparti.

On a eu des encouragements, même les gens lents, un peu tout au long du parcours, rien à voir avec le marathon de Paris, mais c'était sympa comme tout et oui, ça aide, surtout lorsqu'on fait partie des dernières personnes.

J'ai cru à ce moment-là parvenir à rallier l'arrivée en moins de 2h30 et avant que la fin de parcours soit livrée aux voitures.
Fatale erreur, c'est quand j'ai commencé à y croire entre les kilomètres 16 à 17, que la douleur sous le pied droit, laquelle était une petite gêne intermittente depuis quelques temps, sans que je m'en soucie plus que ça (5), est devenu une gêne gênante, puis une douleur de réelle souffrance. 
J'ai évalué la distance qui restait à parcourir, tenté de me souvenir d'un choc éventuel qui aurait pu provoquer une blessure que la distance longue aurait révélée (non, rien à déclarer), mais me suis souvenue d'une douleur similaire, 10 ans plus tôt, provoquée par des chariots trop lourds à rentrer chaque soir en librairie qu'à un point du processus je devais pousser du pied pour monter une petite marche. Partant du principe que c'était sans doute cette blessure qui se réveillait, j'ai songé que les 3 km qui restaient, s'ils n'allaient pas arranger les choses, ne les aggraveraient guère, que le retour prévu en transports en commun resterait possible, ainsi que le télétravail si aller au bureau le lendemain s'avérait impossible. J'ai enclenché le mode warrior, décidé que la côte finale je la marcherai, et hop, c'était parti pour bien arriver.
Ce que j'ai fait.
Malgré la difficulté supplémentaire que j'aurais tant rêvé éviter : les véhicules à moteur relâchés, comme des fauves et la fin de la montée sur le trottoir au parfum des gaz d'échappement, bien obligée. 

Une jeune femme juste derrière moi, à laquelle j'avais failli proposer mon aide, m'a d'une certaine façon rendu service : elle était soudain au téléphone et disait, Je n'en peux plus j'ai tellement mal au ventre, je ne sais pas si je vais y arriver. Juste quand j'allais l'attendre, un homme âgé - c'est à dire, oups, quelqu'un de mon âge voire légèrement moins - qui m'a semblé sorti de nulle part est descendu vers elle à toute allure, encore le téléphone à la main, et qui lui ressemblait (son père ?), j'ai donc poursuivi mon ascension, mais le fait de me dire qu'aussi irradiante que fût ma douleur elle n'était qu'au pied et pas ailleurs, m'a soutenue. Quand on est en souffrance, on se raccroche à ce qu'on peut.

J'ai terminé en faisant semblant d'être en aisance, et je l'étais pour l'énergie et l'état musculaire, mais à deux doigts de franchir la ligne à cloche-pied.
J'étais inquiète pour la balade littéraire prévue dans l'après-midi et n'ai finalement pas pu y aller, ce qui m'a attristée.
Et encore l'illusion que bien soignée, j'avais le temps possiblement de me remettre avant la course club prévue lors du week-end de la Pentecôte.
En revanche je savais d'ores et déjà que la solution "Je fais le triathlon sauf la course à pied" serait, si ça n'allait pas mieux, compromise : j'avais mal sous le pied, là où sur les pédales il faut appuyer. Et qu'aussi ce qui allait être pénible dans les temps à venir ne serait pas tant la privation de course à pied - je saurais me dire que je dois rester x jours sans gambader et profiter du temps dégagé pour faire d'autres choses utiles -, que le fait de ne plus pouvoir vélotafer. 


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La douleur m'a un tantinet gâché le plaisir d'une arrivée avec panorama, de toute beauté, vue sur Paris, qui constitue une récompense en soi.

En attendant, la médaille est belle et le tee-shirt de qualité.
Je me note la date du 10 mai 2026 pour tenter de prendre ma revanche sur l'adversité.

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Le relevé de l'épreuve, via ma montre de sport :

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Grâce au Barbu, qui documente ses courses dans leur filage quasi intégral et sans trop de paroles (j'apprécie), une bonne idée de ce que cette course était et un meneur d'allure qui faisait vraiment bien son taf. Je n'ai pu suivre un meneur d'allure qu'une fois, lors de la corrida de Houilles du temps où c'était une association locale qui s'en occupait (le comité des fêtes ?) et qui prévoyait pour le 10 k un meneur à 1h10, ce qui fait que j'ai peu d'expérience de courir en leur compagnie, mais il me semble que celui de la vidéo pour les 1h40 de cette course est parfait et très pro, avec conseils et variations d'allures pour tenir compte des difficultés.

(1) Bulle d'aiR du cimetière Montmartre en hommage à Maryse Hache par l'aiR Nu
(2) Dans la mesure où mon courir est le trottinement des autres, je vous laisse imaginer la lenteur de compétition.
(3) Il y avait sans doute un sas élite mais pour le reste placement libre. Dans de tels cas je me place à vue de nez au début des gens que je suppose lents mais un peu moins que moi, histoire de ne pas avoir la voiture balais aux trousses dès les premiers kilomètres.
(4) En ce qui me concerne c'est une illusion, mais mon côté Forrest Gump est très fort pour contrebalancer.
(5) J'ai un corps légèrement douloureux de base, et l'effet de l'âge est qu'il y a toujours une petite douleur quelque part, pour tenir le coup dans la vie quotidienne, je sais bien "faire avec" et n'y pas prêter attention. Les petites douleurs et la fatigue ne deviennent des signaux pour moi qu'à un niveau déjà conséquent.

 


Ce qu'une absence de nouvelles cache hélas parfois


    C'est l'un des trucs tristes du fait de vieillir : la disparition des proches, des ami·e·s, des nouvelles qui ne sont plus des Qu'est-ce qu'il (ou elle) devient mais des annonces de disparitions définitives, lesquelles créent des dernières fois qui nous laissent dans une stupéfaction triste.

Par les effets cumulés d'une période aux localisations d'emplois variées, d'une subtilisation de téléphone portable suivie quelques mois plus tard du vol d'un sac contenant et l'ordi et l'agenda et carnet d'adresses papier, de la maladie puis du décès de ma mère, suivis d'une longue période de vider la maison qui fut celle des parents, de la pandémie de Covid 19 suivie pour moi d'une reconversion professionnelle vers un emploi à gros plein temps avec 2h30 quotidiens de déplacement, et à présent d'un effet d'âge qui rend mes soirées trop courtes aux jours et veilles de jours travaillés (1), j'ai perdu de vue grand nombre de proches (famille ou ami·e·s). 

Et dans un nombre désolant de cas, les nouvelles qui me parviennent un jour sont des nouvelles de type Tu ne savais pas ? Mais c'est fini depuis x mois pour lui. S'ensuivent quelques mots évoquant un accident, une maladie, ou depuis quelque temps le grand âge (2).

Alors ce billet de Fanny Chiarello sur Silence radieux, un hommage à quelqu'un avec qui elle appréciait travailler et qui ne donnait plus de nouvelles, m'a profondément émue.
"Je me suis souvent demandé, depuis, pourquoi je n’avais plus de tes nouvelles. Avais-tu été accaparé par d’autres projets ? La compositrice en question avait-elle décliné l’invitation ? C’est Amélie qui, ce matin, par hasard, m’a appris la terrible nouvelle de l’accident, qui remonte à juillet dernier. Nous avions échangé plusieurs fois entre temps, mais elle pensait que je savais."

C'est tellement ça, presque à chaque fois.
Je lui suis reconnaissante pour mettre les mots élégamment, sur cette peine particulière. 

Et je repense soudain avec gratitude à Carl Vanwelde dont le très réconfortant Entre café et journal, une pensée m'avait permis un jour d'apprendre le décès, pour moi totalement inattendu car je ne le savais pas malade, de quelqu'un qui avait beaucoup compté pour moi. Et de l'apprendre par connaissance commune, plutôt qu'au boulot via une régulière veille médiatique pro.
Les tristes nouvelles font mal quand même. Il est toutefois des circonstances, des lieux et des vecteurs de transmission qui font plus mal que d'autres. 

En attendant, en survivant, il faut qu'on avance.

 

(1) La journée de boulot engloutit toutes mes forces, je parviens à peine à sauver pour partie la pratique sportive, laquelle m'est indispensable pour avoir la condition physique de continuer.
(2) Désormais des ami·e·s "un peu plus âgés" que moi, avec ma façon très relative de percevoir le temps qui passe, et qui peuvent avoir allez, vingt ans de plus, pas grand chose à mes yeux dès lors qu'il s'agit d'amitié, hé bien voilà, ils ou elles sont vraiment âgés et parvenu·e·s à l'étape où une fin de vie peut survenir simplement parce que c'est fini. Les rides je m'en fous, les cheveux blancs, c'est juste normal, la fatigue et le ralentissement, je fais avec, mais ça, je ne m'y fais pas.


Orage


    "Pluie assez probablement bientôt", indique l'encart météo de l'écran d'accueil de mon téléfonino.

    Par la fenêtre (pour l'instant encore ouverte) de ma cuisine, j'écoute l'orage qui vient puis débute. La nuit est tombée et les éclairs se distinguent comme dans le générique des anciens Zorro. Le grondement est encore assez lointain, au point de ressembler à un orage de cinéma. Je veux dire : on dirait un bruitage tellement il est parfait, équilibré, distant juste ce qu'il faut (1). 
J'aime les orages depuis l'enfance, et je n'ai compris que récemment pourquoi : mon corps est sensible aux baisses soudaines de pression atmosphérique, juste avant une tempête, un orage c'est assez souvent le cas et en fait j'avais capté que dès que l'événement météorologique débutait, mes forces revenaient.
Il y a aussi que depuis gamine, j'ai pigé que l'humanité était en train de bousiller sa petite planète au lieu de la choyer, et que de ce fait j'aime les moments où les éléments nous rappellent à l'ordre. Comme s'il restait un vague espoir que ceux qui peuvent peser sur le game, grâce à l'un d'eux prennent enfin conscience qu'il est temps, plus que temps, de cesser les stupidités et que l'on tente de sauver ce qui pourrait l'être. À mon âge et compte tenu des développements politiques mondiaux, j'ai perdu cet espoir, mais il me reste encore une sorte de réconfort d'humilité ; même si je reste consciente des dangers.
Il a une part de storm chaser en moi.

C'est tardivement aussi que j'ai compris d'où ma mère tenait sa peur des orages. J'ai le souvenir de la moi de 4 ou 5 ans, à Chambourcy où nous habitions, tentant de la rassurer lors d'orages en haut de notre colline, particulièrement violents. Tout simplement les orages devaient lui rappeler les bombardements subis durant les jours et les mois qui avaient suivi le débarquement en Normandie. L'impuissance et la peur pour sa vie et celle des siens. Pour moi, qui ignorais qu'une guerre avait eu lieu - je suis restée longtemps ignorante car ma mère censurait toute allusion, nous éloignait des journaux télés, coupait net les conversations quand le sujet était abordé, j'ai dû apprendre à lire pour apprendre et comprendre -, la peur des grands face à une pluie un peu accompagnée d'animation était incompréhensible. 

Ce soir, j'écoute la pluie tomber, m'en réjouis et me souviens.

 

(1) Sauf si c'est dans l'intrigue que quelqu'un ou quelque chose soit foudroyé, il est de bon ton dans les films que les orages soient à un niveau de son supportable, légèrement dans le lointain, rien à voir avec quand ça tombe tout près. 

 


Run forrest run

 

    J'ai très envie d'écrire un billet à partir de ce documentaire si intéressant au sujet de la course à pied : 

C'est quoi cette obsession pour le running ? | Réel·le·s

Il se trouve que mon expérience ne correspond pas tout à fait à un certain nombre des hypothèses présentées.
Mais sans doute la thalassémie n'y est-elle pas pour rien.
Comme a cause d'elle j'ai très besoin d'aller dormir en ce lundi jour de congé, le billet sera pour plus tard.
Mais voilà au moins le lien vers le documentaire.


Señor Météo


    Le Juke Box Fou de dedans ma tête m'a soudain passé cette chanson de Carlos, alors que Le Joueur de Pétanque me demandait s'il allait pleuvoir. 
J'ai consulté un ou deux sites (ordi et téléfonino qui a une météo présenté par défaut) et confirmé un jour pluvieux mais légèrement. En gros, on pouvait aller se balader.

M'est revenu le souvenir d'une époque pas si lointaine où la météo devait être énoncée pour que nous y ayons accès, qu'il fallait guetter le bulletin à la radio (1), ou suivre les infos télévisées (2) ou lire le journal (papier) local.
Depuis un grand paquet d'années, plus de 25 ans désormais, on peut à tout instant accéder à des prévisions, dont la fameuse "Va-t-il pleuvoir dans l'heure ?". Il y a des alertes dès que ça sort un peu de l'ordinaire.
On s'y est habitués comme si ça allait de soi. 

Il n'empêche, ça change la vie (et ça peut la sauver dans certains cas).

 

(1) Au passage, je reste une grande nostalgique de la météo marine matin et soir sur France Inter. Ma petite bouffée de poésie quotidienne.
(2) Je regardais peu, et ne me souviens plus si c'était avant ou après le JT, mais me souviens d'Albert Simon et d'Alain Gillot-Pétré.


Notifications de sons

    

    Dans un moment d'égarement j'ai activé hier sur mon téléfonino les notifications de sons. En fait je n'ai pas été assez attentive, j'ai cru que je les activais pour une appli, avant de me rendre compte que je venais d'activer la détection de sons.

Pour l'instant c'est presque amusant, redoutablement Big Brother is listening to you, et peut-être utile pour les personnes qui entendent mal ou pas.
Voilà donc que mon téléfonino m'annonce : "21 sons détectés au cours des 12 dernières heures".
Les détections successives sont accompagnées de la mention "Ce son est détecté à proximité".

Au nombre desquels : 
Toc toc
Bip d'appareil électroménager
Bruit d'eau
Aboiements (Effectivement, lors d'une petite séance de course à pied, je suis passée près d'un jardin, un chien s'est mis à aboyer)

Curieusement il ne détecte pas : 
Bruit de moteur

Et il ne détecte pas les voix (ou alors il faut le demander expressément ?). J'avoue que ça pourrait me servir, lorsque je suis concentrée sur un travail ou une lecture, que l'appareil affiche un message Ohé, quelqu'un te parle !
Mais s'il le faisait sans arrêt ça consommerait une batterie folle.

Je pense que je vais laisser cette option active quelques jours, histoire de faire le tour de la question, puis la désactiver.
Comme souvent je ne peux m'empêcher de penser : si on m'avait dit enfant qu'une telle chose existerait, et de façon Chacun l'a dans sa poche (l'appareil qui en permet l'accès), j'eusse été la première surprise.