Vue d'ici (la catastrophe)


    Il y a eu dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre un tremblement de terre au Maroc dont l'épicentre était dans la région de Marrakech et la magnitude de 7 sur l'échelle de Richter.
Comme bien des gens, je pense aujourd'hui aux personnes directement ou indirectement concernées, en particulier celles dont les vies n'étaient déjà pas faciles avant le séisme et qui le seront encore moins ensuite.

Ce n'est malheureusement pas la première fois qu'un fort séisme touche un pays relativement voisin, du moins de ceux dont nous connaissons des habitants. Ni la première fois depuis l'usage des internets.

Pour autant des éléments ont évolués dans la façon dont la catastrophe est perçue "vue d'ici".

- Je ne sais pas dire si j'ai reçu l'info hier soir avant de tomber dans le sommeil ou ce matin au réveil, ce qui est certain c'est que c'était par les réseaux sociaux suivis par un courriel "alerte" du Monde auxquels je suis abonnée.
Ce qui a changé : il y a quelques années j'aurais écrit "sur Twitter" et là je ne sais plus. Twitter, Mastodon ou Bluesky ?

- Les vidéos "en direct" du moment même sont souvent issues de caméras de surveillances ou de streamers interrompus dans leur partie. J'en ai vu passer une (via Tiktok) d'un gamer qui ne perdait pas son anglais malgré la panique qui l'envahissait. What the fuck ! dit-il même au pire moment. Au début il croit pendant une fraction de seconde que c'est son fauteuil d'ordi qui a un ennui.

- Ça a bougé au point de faire trébucher qui marchait. Je me suis souvenue du coup de vent à Deauville en juin 2022, qui m'avait poussée comme si c'était quelqu'un placé derrière moi qui avait tenté de me faire tomber. Cette brève expérience, bien plus légère que la leur m'a rendue toutefois capable d'imaginer ce qu'ont pu ressentir les personnes concernées. C'est comme d'avoir soudain à se battre contre un ennemi invisible.

- "Dis maman, je peux revoir la vidéo du tremblement de terre au Maroc ?" disait à sa mère un enfant (petite famille de 4 personnes), pas bien grand, que j'ai croisée en me rendant au forum des associations.  Heureusement la mère a décliné, et fermement. Seulement c'était se dire On en est là. Avec un sentiment ambivalent. L'enfant se sentait concerné par l'actualité. Mais en même temps, comme il était bien petit, est-ce que ça n'était pas un peu inquiétant, et qu'il ait déjà vu les images. Après, j'ai peut-être croisé un futur grand reporter, son ton était celui de quelqu'un qui veut apprendre et comprendre.
Je me souviens d'à quel point les informations quand j'avais son âge nous parvenaient au compte-goutte, toujours filtrées et par les médias, et par les contraintes horaires et par les adultes de l'entourage proche. J'ai des souvenirs d'entrouvrir la porte de la salle à manger pour entrapercevoir les infos télévisées quand quelque chose s'était produit et qu'on (ma mère essentiellement) ne voulait pas que je le sache. J'ai des souvenirs quand j'ai su lire, de piquer vite fait l'hebdomadaire auquel mon père était abonné (d'abord l'Express puis Le nouvel Observateur). Les enfants de maintenant, c'est Maman passe-moi ton téléphone je veux revoir la video (il y a quelque chose que j'aimerais comprendre).

- Les dérives complotistes immédiates (par exemple des vidéos signalant la présence d'ovnis). Comme si un tremblement de terre pouvait avoir une cause autre que naturelle, en l'absence de guerre nucléaire.
- Des réactions racistes et xénophobes exprimée sans la moindre retenue (OK c'était sur Twitter - X devenu un repaire de gens capables d'admirer Donald Trump, mais quand même), j'ai l'impression que même le plus raciste des Français esquinté par la guerre d'Algérie aurait à situation équivalente il y a 30 ou 40 exprimé à ses interlocuteurs ne serait-ce qu'une vague compassion. Là, certains essaient de fédérer sur une joie malsaine. Et ça n'est pas (ou peu) censuré. Et il y a des like.

- Les gens de grande notoriété sont désormais sommés de proposer leur aide, et rapidement. J'ai connu une époque où beaucoup le faisaient et certains s'arrangeaient pour le faire savoir, mais après-coup, et surtout on ne s'attendait pas spécialement à ce qu'une équipe de football s'exprime (par exemple), seuls les chefs d'états et hauts dignitaires religieux avaient cette obligation que l'on pouvait qualifier "du télégramme de soutien". Désormais doivent rendre des comptes celles et ceux qui n'en parlent pas.
Le footballeur portugais Ronaldo a eu la réaction parfaite et irréprochable : un hôtel dont il détient les parts mis immédiatement à disposition des personnes sans toit. S'il ne l'avait pas eue ça le lui aurait été reproché.

 

J'aurais tellement préférer n'avoir aucune raison d'écrire ce billet et causer à la place d'un beau samedi d'été, d'une après-midi de repos, de la belle soirée d'athlétisme ou de rugby retransmis de la veille, d'un président qui s'est fait huer et se demande probablement pourquoi (j'ai l'impression que l'entourage accentue le côté hors-sol ou qu'ils le sont tous, coupés des réalités des vies pas faciles des gens). Seulement j'ai une fois de plus l'impression qu'il faut noter pour plus tard, pour témoigner de ce que je peux observer. Et témoigner en passant de ma bien inutile compassion.

 

 

PS : Dans Ouest France les réponses d'un sismologue interviewé


La finitude de notre type de société


    C'est un billet d'Olivier Hodasava dans son Dreamlands qui m'a remis en mémoire le jour où j'ai compris que notre planète était en danger à plus court terme qu'on ne se le représentait. Lui parle de Las Vegas et ces maisons à perte de vue lui font se poser des questions sur les différences et les conformités, tandis que pour ma part il s'agissait de San José, en 1989, et nous étions invités chez des amis formidables, mais qui bossaient dur ce qui fait que nous avions de grands moments de nous balader dans le quartier ce que là-bas personne ne fai(sai)t jamais, les gens prennent leur voiture pour aller quelque part, punto basta.

Nous étions montés sur une petite colline (artificielle me semble-t-il un peu comme un terril en plat pays, mais en plus verdoyant) et la vue c'était ça : des pavillons des pavillons des pavillons et de loin en loin : une église, un terrain de sport et un mall (les hyper marchés). J'avais depuis l'adolescence une forte conscience écologique, donc qu'on était en train de détraquer le climat et de tout polluer et de rendre la planète pour nous autres humains bientôt inhabitable était une évidence pour moi, mais j'imaginais quelque chose comme "vers en 2100". 

Et puis du haut de cette petite butte, avec ces pavillons à perte de vue, un monde esclave de la voiture, un monde ou acheter vendre étaient devenu les principaux ressorts économiques sans trop de lien avec les nécessités premières (s'abriter, se nourrir, se soigner), je m'étais dit "On est foutu plus près" et c'était au sens que les ennuis collectifs étaient imminents. Qu'un fonctionnement de société qui menait à de tels paysages para-urbains était voué à l'échec et œuvrait à l'accélération de sa propre fin.

Souvent, je suis triste d'avoir eu raison (1).

(1) pour ceci et bien d'autres choses. 


L'absence de liberté


    Jamais je ne me suis sentie aussi libre dans ma vie que pendant le premier confinement, le en-dur, le vrai : un peu plus de 2 mois à être entièrement libre de mon temps, même si limitée dans mes déplacements. 
C'était être infiniment plus libre qu'au reste de mon quotidien habituel, où certes, des congés permettent parfois d'aller ici ou là, dans mon cas, rarement loin et de toutes façons (et aussi par conscience de l'état de la planète : pas de voyage de pur agrément) avec des choses à faire.

Depuis je suis à nouveau salariée avec un gros plein temps, charge de travail intense, je me sens enfermée.
Comme mes objectifs sont clairs - tenir jusqu'à une retraite qui permettrait de subvenir à des besoins modestes pour deux personnes -, je tiens le coup, finie la récré, le choix du métier (libraire, ça me convenait), la condition physique peut se détériorer, j'ai l'âge des fins possibles et quelqu'un dépendra toujours de moi dans le meilleur des cas, fini de plaisanter.

Je profite de ma légère aisance (comprendre : des fins de mois qui ne sont plus dans le rouge à chaque fois) pour aider celles et ceux qui tentent de persister dans leur vrai travail, de ceux qui dans notre société permettent rarement de joindre les deux bouts.
C'est OK pour moi comme ça, tant que ça va.

Et puis parfois une bouffée d'imagination me rattrape car l'écriture (et la photo et l'envie de faire des films et de la musique et le manque de la danse) est toujours là, contenue, tapie, mais qui bouillonne.
Ce matin je lisais ce billet sur le blog de Fanny Chiarello, avec laquelle j'ai un certain nombre d'affinités du moins dans la perception du monde, et la photo de son amie dans le café de la gare de Bangor, m'a soudain emportée dans un film, l'écriture du scénario du film dans lequel cette image serait fusait. C'était irrésistible.
Mais c'était l'heure d'aller travailler.
J'ai résisté. Il le fallait.
J'en ai pleuré. 

Bien sûr au retour ce soir, il ne restait rien de ce qui était en train de jaillir, quelques notes jetées en vrac en arrivant, dans le premier cahier qui m'est tombé sous la main, un enfant qui disait à l'un de ses frères, Regarde, je vais sauter [en longueur], attends, pousse-toi, mais pousse-toi ; un slogan Du temps pour tous ; une bribe de phrase : Au milieu des moments morts, il y avait des moments vivants ; une réflexion : qu'est-ce qui fait que l'on destine certains morceaux, tels La lettre à Élise, à se faire massacrer inlassablement par des débutants, quand d'autres non - j'imaginais peut-être que c'était l'un d'eux que Valentina Magaletti entendait dans ce buffet de gare -. Il y avait la vie des autres gens, celles et ceux que l'on entrevoit en arrière-plan et l'image en suivra certains un temps et puis finalement non, d'eux davantage on ne saura rien.  Ils n'étaient qu'en marge de ce qui survient.

Comme ma propre vie de ces années-ci.
Puisse du temps m'être accordé après.

 

(1) Je ne veux pas finir vieille dame à la charge de mes enfants. Mon emploi actuel est ma chance d'éviter ça et je n'en retrouverai pas d'autre facilement. De plus il est utile aux autres. 


 

 

 

 


Multimodalité


    J'ai un tantinet raté mon Vélotaf ce soir, mais c'était amusant.
J'avais trouvé un Vélib non loin de la Porte d'Orléans et quand je l'ai détaché ma petite sœur m'a appelée au téléphone.
Malgré que les téléfonino sont entrés dans nos vies depuis environ trente ans, ça m'amuse toujours beaucoup (tant qu'il ne s'agit pas de mauvaises nouvelles) ce truc de la vie moderne qui fait qu'en tout lieu en tout moment on peut communiquer avec des gens loin qu'on aime bien.

Ça n'était pas un problème, j'ai pris le vélo d'une main que j'ai poussé à pied tout en répondant au téléphone que je tenais de l'autre. 

La conversation achevée, j'ai enfin enfourché ce vélo que je n'avais pas eu l'occasion de tester. Las, il avait un problème dans les vitesses qui faisaient qu'il fallait maintenir fermement le dispositif qui permet de les changer si l'on souhaitait qu'au moins l'une d'elles reste enclenchée. Mais ça empêchait de freiner avec la même main, du moins pour une femme de mon gabarit dont les doigts ne sont pas longs. Plus loin voyant une station assez remplie je l'y ai laissé. 

Pas de chance, les autres vélos étaient en maintenance, du moins tout ceux que j'ai essayés. C'était la station proche du Lutétia.
Pas de station garnie proche, j'ai pris la ligne 12 du métro. 

Puis à Satin Lazare, le train (1). Dont le départ a tardé de 5 à 6 minutes. Pas bien grave, j'avais averti de mon retour tardif et lent. Et puis, je lisais. Ça n'était donc pas du temps que je perdais.

Il était 21:30 lorsque je suis rentrée. Marche, vélo, métro et train, pas mal pour 11 km à parcourir.

 

(1) J'avais hésité avec ligne 14 à Madeleine, mais comme je la prends souvent le matin, je souhaitais changer.


La recherche du bronzage, ce mystère

    

    On sait que trop d'exposition au soleil est mauvaise pour la peau (1). Admettons que quand j'étais petite les gens ne le savaient pas encore. Mais à présent, si, forcément. Et pourtant ça continue, les gens s'aplatissent encore en plein soleil pour se faire frire. Il y en avait même qui payaient des séances dans des cabines pour en ressortir orangés (2). 
Par ailleurs on assiste sinon à une résurgence du racisme, du moins à de plus en plus d'expression de celui-ci. Je vais finir par croire que certains ont l'impression d'une concurrence déloyale, quelque chose comme ça.
Soulagée de lire chez Guillaume dans une entrée concernant le mois dernier, que je ne suis pas la seule à m'interroger sur cette inconséquence humaine (parmi tant d'autres).

Il y a pour moi d'autres mystères, les ongles artificiels, la chasse à la pilosité, même quand elle n'est pas excessive, les cheveux teints quand ça n'est pas pour une raison précise.
Je parviens à comprendre l'usage du tabac, j'ai bien pigé qu'il s'agissait d'une addiction dans laquelle on tombait à l'adolescence, pressés d'avoir l'air "plus adultes" et dont on ne parvenait ensuite plus ou très difficilement à se départir (3).  
J'ai aussi pour partie compris la mode des tatouages, certaines et certains m'ont expliqué les leurs et j'ai compris le sens que ça pouvait avoir - même si je ne peux m'empêcher de songer que la peau est sans doute à terme abimée par les encres, et puis : en vieillissant, quand elle se fripe, le dessin, il devient quoi ? -.
Mais il me reste encore bien des perplexités face aux micro-mystères humains.
Sans doute suis-je assez imperméable au phénomène de modes, et que cela contribue à ma perplexité.

(1) Pas assez aussi, c'est comme pour presque tout. Une juste mesure est le bon dosage.
(2) Elles ont disparu, c'était vraiment trop mauvais pour la santé, et ça a fini par se savoir (article d'octobre 2018 sur France Info)
(3) Et que renforce le fait qu'au travail, les fumeurs ont droit à des pauses clopes quand les non-fumeur doivent trimer sans arrêt.


Que sont mes ami·e·s devenu·e·s ?

 

    Sous l'effet de la disparition de l'oiseau bleu pour un X noir, et comme si je m'attendais à ce que tout le monde s'enfuie à tire-d'ailes, voilà soudain que j'ai passé une partie de la soirée qui était déjà bien entamée (encore rentrée trop tard du taf), à rechercher où étaient passés mes ami·e·s, le plus souvent des internets et devenus réels un jour ou l'autre.

Je me suis aperçue qu'en fait beaucoup avaient continué à publier, blog, masto ou ce qu'il restait de Twitter et que c'était simplement les algo ou que sais-je qui n'avaient pas fait suivre leurs mots jusqu'à moi.
C'est à la fois réconfortant (les unes et les autres sont toujours là et semblent aller bien dans l'ensemble) et déprimant (de constater à quel point le travail nous isole, nous éloigne par manque de disponibilité (en temps, en énergie)).

Plus que jamais je reste dans une optique de Je suis sur les réseaux où sont celleux que j'aime et / ou qui publient du contenu intéressant et /ou je peux saisir des informations du monde.
On verra bien ce que cela donnera.

Je lis ces temps derniers un post-apo trop bien réussi : il ressemble tellement à l'idée de ce qui nous attend dans un avenir pas si lointain que je suis obligée de le lire lentement, tant il suggère que la fin est proche. Par ailleurs l'impression que de facto l'extrême droite l'a emporté partout se renforce de jours en jours. Bref, on a connu mieux en termes d'avenir radieux.

J'ai vu quelqu'un à la fenêtre "Chez Doisneau" et que les collections soient encore sous bons soins m'a apporté de l'espérance suffisamment pour la (rude) journée.
L'attitude sympa d'une de mes collègues aussi, qui je crois, a compris à quel point je tenais par la force de la volonté et de vouloir apporter ma contribution à l'effort général, tout en étant épuisée.


Le jour de la mort de Jane Birkin


    Je le note ici car sans être une fan particulière j'admirais la personne qu'elle était, j'avais été très émue par le film Jane B. par Agnès V., et comme Varda nous manque, Birkin nous manquera.
Ma capacité à oublier que les personnes qui ont des ennuis graves de santé peuvent en mourir m'étonne et m'inquiète un peu. Je crois toujours qu'elles s'en sortiront.
Mes proches y compris, sauf à la toute fin.

Je l'avais croisée quelques fois (deux ? trois ?) lors de présentations aux libraires, ou d'une lecture, et c'était la classe à chaque fois. Une présence. Elle nous donnait l'impression d'être là pour chacun d'entre nous.
Étrangement je ne sais plus dater ces moments, comme si leur essence c'était inscrite directement dans mon esprit sans s'embarrasser des considérations triviales de lieux, d'heures ou d'années, d'ouvrage à promouvoir.


De notre côté, c'était la dernière journée d'un week-end de trois jours, nous avons tenté malgré tout d'en profiter, belle séance longue de course à pied le matin, brève balade en bord de mer après le déjeuner, puis sieste devant le Tour pour moi et pétanque pour Le Joueur de Pétanque.
Collation avant de partir, le temps pour moi de voir Jakob Ingebrigtsen au bord du record du monde du 1500 m lors d'une session de la Wanda Diamond League en Silésie. Avec Stewart Mcsweyn en pacer de luxe.
Nationale pour rentrer et ça n'était pas si long. Mais j'ai souffert sur le bout d'autoroute restant, même si nous écoutions Louise Attaque en direct des Francofolies de La Rochelle.

Semaine de six jours de boulot en perspective. J'espère que je tiendrai.


Vie parallèle

 

    Depuis la soirée d'émeutes dans notre ville, avec l'incendie d'un chantier et une explosion impressionnante qui y était liée, suivie pour moi par une journée avec des soins dentaires couplés d'une anesthésie qui m'a laissée un brin groggy, j'ai l'impression de vivre dans une réalité parallèle. 
D'abord parce que des dégâts liés à la nuit mouvementée, au lendemain matin, plus rien ne paraissait, les gens vaquaient à leurs occupations comme si de rien n'était et tout ce qui était dans la ville avait dû être nettoyé (quant au chantier, palissades), la seule chose visible fut le vendredi sur mon chemin du boulot une passerelle piéton en bois sur une partie brûlée et ici et là du goudron fondu. 
Ensuite parce qu'il a été questions d'une mise à sac du centre commercial de la Vache Noire non loin duquel je travaille et y allant ce midi comme tant d'autres y chercher de quoi faire ma pause déjeuner je n'ai vu que quelques vitres étoilées et carrelages craquelés, tout était as usual, les gens, l'activité. Le capitalisme est résilient. 
Enfin parce qu'à la pause déjeuner j'ai lu un article du Parisien qui évoquait une grosse panne de courant sur Clichy, Neuilly, Levallois et une partie de Paris, le matin même, précisément à l'heure à laquelle je me prépare à aller bosser,  et nous, rien.

Par ailleurs et globalement j'ai passé un week-end paisible et joyeusement sportif, avec une course de 10 km en bord de Seine et au pied de la Tour Eiffel avec la voirie bien dégagée (zéro problème d'automobiliste intempestif, fait rare), vu chaque fois des infos le soir en rentrant comme si ce qui survenait concernait un pays lointain. Comme si la nuit de peu de sommeil, pour nous celle de mercredi à jeudi, nous avait balancés dans un autre ici, dans lequel un adolescent conducteur était encore en vie et un policier sans mort sur la conscience et les villes calmes.

Ça fait bizarre. Et le boulot qui m'engloutit quand j'y suis (on enchaîne les appels) accentue encore cette impression d'être à côté de la réalité, ou de mener à tout le moins une vie parallèle à celle-ci.

PS : Rentrée à Vélib, je n'ai pas su ni vu que le parc Martin Luther King était fermé, pourtant je suis passée le long de quelques-uns de ses portes (rue Rostropovitch).

PS' : Il y a eu toutefois un concert à La Défense où allait notre Fiston et qui a pris 1h30 de retard, jeudi soir. Mais a eu lieu quand même.


Pas mal de pompiers

 

    C'est curieux, il y a des jours comme ça avec des sortes de thématiques. Ainsi j'ai croisé pas mal de voitures de pompiers, au cours de la journée, c'était comme ça (dont trois pour une intervention vers Port Royal qui avait nécessité aussi police et SAMU et trois autres dans mon quartier en rentrant ce qui est toujours un tantinet inquiétant).

L'actualité ces temps derniers, que je ne peux suivre (sauf quand ses conséquences sont visibles par la fenêtre des bureaux) qu'une fois rentrée à la maison après le boulot, est bousculée et faite d'éléments épars, on se demande (sauf quand ce fut fatal) ce que deviennent les personnes concernées alors que la vague médiatique file vers d'autres rivages. Ainsi il n'a plus été question des victimes de l'attaque à Annecy dès lors qu'il y avait celles de l'immeuble explosé - effondré à Paris et puis le bathyscaphe défectueux a fait l'objet d'une sorte de feuilleton macabre (1) et puis d'un seul coup plus rien, et il y a eu des jours où il n'était plus question que du groupe Wagner et de la Russie et là aussi, soudain, silence. OK il y a eu un accord, semble-t-il mais ça a ressemblé à un rideau qui se ferme d'un seul coup au théâtre une fois la pièce finie. 
Il est fort question d'un jeune homme tué par un policier lors d'un contrôle routier. Et puis là aussi, sauf à ce que des mouvements de protestation forts aient lieu (2) dans quelques jours il n'en sera plus question et les proches des protagonistes n'auront plus que leur chagrin (3).

Je suis aussi l'info par mes déplacements pour me rendre au boulot. Passant devant le tribunal de Paris j'ai observé ce matin une fort longue file et puis au soir j'ai recherché quel pouvait bien être le procès médiatisé qui aujourd'hui s'y tenait.

Qu'on ne s'y trompe pas c'était aussi et avant tout une grosse journée de boulot. Bien costaud. 
Et sur fond d'inconfort dentaire (4).

 

(1) Je n'ai pas trop pigé pourquoi on en parlait autant. C'est très triste pour les personnes concernées et tous leurs proches mais il s'agissait d'un risque choisi.
(2) J'écris au son de feux d'artifices qui n'ont peut-être rien d'officiel.
(3) J'ignore si c'est plutôt mieux ou plutôt pire. On peut éprouver le besoin de retrait et de recueillement. Mais peut-être qu'on peut aussi se sentir abandonnés soudain. 
(4) rendez-vous de suite de soins prévu le lendemain.

 

Update de plus tard : ça brûle dans Clichy, incendie d'un chantier, tirs de mortiers


Oublier la fête

 

    La journée avait bien commencé : je m'étais levée tôt pour aller chercher dans Paris les dossards de la course prévue dimanche à Versailles. J'y suis allée et en suis repartie à Vélib, de façon amusante et non recherchée le même (je l'avais reposé mais personne ne l'avait repris dans l'intervalle), et il faisait un temps idéal pour faire du vélo en tee-shirt. Il y avait une petite file d'attente, les tee-shirts sont du genre ultra-visibles, assez marrants mais je doute de la qualité technique du textile (voir à l'usage, une bonne surprise n'est pas à exclure).

La journée de boulot a été un gros bloc très intense, mais je m'y attendais. Elle n'a pas été pire que d'autres.

Et puis il y a eu ce moment où le boss a dit, ayant reçu une alerte info, Il y a eu une explosion dans Paris vers le Val de Grâce et nous avons levé les yeux de nos écrans d'ordis et il y avait un panache de fumée dans cette direction. Ensuite, nous avons un temps un peu tenté de suivre et puis de toutes façons il nous fallait répondre à nos clients. Mais nous pensions aux victimes.

En sortant du travail, assez tard car je rattrape mon rendez-vous chez le dentiste lundi matin, je n'ai pas trouvé de Vélib (1) et ai pensé que c'était sans doute due à des perturbations de transports induites, d'où une utilisation plus grande des vélos en libre-service. 

Puis j'ai entendu un groupe à une terrasse d'estaminet. 
Un autre à une autre. 

Au bout de trois ou quatre, un neurone du fin fond de mon cerveau est entré en action, quel jour est-on ?
Moi qui ai tant participé en tant que choriste ou spectatrice ou encourageuse des amis musiciens aux fêtes de la musique, voilà que le surmenage et un contexte bien particulier me l'avaient faite oublier. Effet des surmenages.

Côté effet de l'âge : alors que je longeais avec un Vélib finalement déniché, l'hippodrome d'Auteuil, longue longue longue file d'attente multicolore et juvénile. Renseignements pris dans la soirée, il s'agissait de ceci : 

Capture d’écran 2023-06-21 à 22.49.18

Je ne connais aucun nom. 

(alors que j'avais l'impression de suivre encore un peu, bon an mal an).

 

(1) Et suis d'ailleurs passée près d'un café qui avait entièrement cramé et un peu les appartements au dessus, à Montrouge, rue Verdier. L'odeur était encore forte, mais curieusement plutôt de type "bois brûlé". Décidément c'était la période.