Courir selon la qualité (de l'air)

 

    C'était dimanche, c'était sortie longue, mais l'air était particulièrement pourri.
La séance prévue était 1h20 en endurance fondamentale, et j'ai été grippée il y a deux semaines, le souffle est encore fragile. Le choix du parcours s'est donc fait au tracé le moins pollué.

2025-01-19 23_21_31-Window

 

 

La chance que nous avons est le réseau de transports en commun qui s'il n'est pas sans défaut, est quand même en Île de France d'une belle densité et permet d'aller à peu près où l'on veut en utilisant le Pass Navigo dont nous disposons déjà, ne serait-ce que pour aller travailler (1).

Alors aujourd'hui comme de toute la région seul l'ouest était au vert, nous sommes allés en train jusqu'à Maisons-Laffitte et de là via l'ancien chemin de halage jusqu'au Vésinet où nous avons circulé dans le quartier arboré avant de prendre le RER A pour rentrer.

2025-01-19 23_19_47-Window

 

WhatsApp Image 2025-01-19 at 16.14.15

WhatsApp Image 2025-01-19 at 23.26.23

 



Il faisait aux alentours de 1°c et bien couverts ce fut une bonne expérience.
Je dispose désormais de deux vêtements chauffants (2) et à présent j'en maîtrise l'usage : un peu de chaud en attendant le train, un peu de chaud au début de la séance, pas de chaud en courant et du chaud à fond en attendant le transport du retour car c'est le moment où ordinairement l'on prend froid.

L'immense avantage du sport en extérieur lorsque l'on aime l'activité physique et qu'un emploi de bureau avale nos journées ordinaires, c'est une impression de redevenir vivants, de nous reconnecter à l'environnement, les lieux et les conditions météorologiques. 
Fatiguée par ma semaine bien plus que par cette séance en endurance fondamentale (3), je n'ai rien fait d'autre de mon dimanche qu'une sieste géante, agrémentée de cyclocross (4), de podcasts, ceux de Cerno et d'Anne Savelli (5). Le gros avantage étant qu'on peut écouter un podcast en étant allongée et les yeux fermés, ce qui est un excellent moyen de récupérer de la fatigue physique. 

Voilà un dimanche qui m'a permis de me remettre en état d'opérationnel pour la nouvelle semaine de travail nourricier qui m'attend, tout en n'étant pas englouti par le sommeil comme les jours ouvrés le sont de boulot salarié.

 

(1) Mon abonnement Vélib est également dessus
(2) pour permettre un change pour le lavage
(3) courir au lentement de soi. Depuis bientôt 13 ans que je pratique la course à pied, si je ne suis ni blessée ni malade, une séance en endurance fondamentale de moins de 15 km ne me fatigue pas plus qu'une promenade. C'est même plutôt tonifiant. 
(4) Les compétitions de cyclocross commentées sur l'équipe TV par le duo Claire Bricogne / Arnaud Jouffroy me rendent heureuse, tout simplement. Je n'ai que le regret d'avoir découvert cette discipline trop tard pour m'y mettre. Quoique s'il existe un jour que je serai retraitée (On peut toujours rêver) des initiations pour vieilles débutantes, j'adorerais m'y confronter.
(5) Je les suis sur Patreon tant que je peux me le permettre, car il me semble cohérent de rémunérer le travail de création de contenu. 
CERNO
Anne Savelli
mais on peut commencer par des épisodes mis en ligne gratuitement : 
par exemple pour Cerno sur radio.fr (entre autre) et pour Anne Savelli via son site
Au passage et compte tenu des incendies qui ravagent Los Angeles, je recommande particulièrement l'épisode de Faites entrer l'écriture consacré à Guy Bennett, lequel vit là-bas.

 

 


Un exploit (invisible)


    Je suis une championne des exploits invisibles (1) et commence l'année avec l'un de ceux-là. Rhume carabiné qui m'est tombé dessus la veille au fil de la journée, cadeau du Joueur de Pétanque que je ne remercie pas. Ce n'est qu'un rhume pas ou peu de fièvre (pour l'instant) et surtout du mouchage et du toussage. 
Sauf qu'au taf la période est chargée. Alors je prends une provision de masques (Je ne veux pas contaminer les collègues ni les voyageurs dans le métro) et j'y vais.

J'ai tenu la journée, aller retour en transports, repas archi-léger (j'ai tout rapporté chez moi ou presque), une 20 taine de tickets travaillés, ce qui n'est pas glorieux, mais normal mais remarquable en n'étant pas en bon état. 

Quand j'ai franchi la porte de l'appartement en rentrant, je m'attendais presque à entendre un speaker clamer Your are an iron woman ! comme lorsque l'on est finishers des triathlons les plus longs. 

Douche faite, dîner frugal aussi, une aspirine et au lit.  
Je l'avoue, je suis assez fière de m'en être sortie sans malaise. 

Programme des deux jours à venir : dodo.

 

(1) et des heures sup invisibles aussi : je reste un peu terminer un truc parce qu'on ne peut pas laisser le client en plan, mais comme personne ne me l'a demandé, et qu'effectivement je le fais de mon plein gré, ça compte pour du beurre. 
Je suis certaine que c'est comme ça dans plein de boulots où l'on ne peut pas se permettre de dire C'est l'heure, je m'en vais, et pendant ce temps les décideurs trouvent que 35 h c'est peu.  


Jour férié, jour pour récupérer

 

    Travailler passé 60 ans, c'est dans mon cas, presque privilégié (1), rester dans un environnement stimulant mais le payer cher en terme de ne pas avoir de temps résiduel, fors à le consacrer intégralement ou presque à me maintenir dans la meilleure santé possible : et donc mes jours de congés sont de sport et récupération (et je ne parle pas de l'état terrible de l'appartement, des piles de livres et de leurs effondrements).

L'avantage d'être de vieux orphelins, s'il y en a un, c'est que sont finis les Noël parentaux pas simples. L'avantage d'avoir des enfants adultes et pas de petits-enfants c'est qu'on ne se sent pas tenus de faire une grande fête, et donc aujourd'hui c'était délicieusement quartier libre et récupération.

J'ai donc tenu ma séance aux allures, le matin et très volontairement dormi ou somnolé le reste de la journée. Et, en dehors d'un petit déjeuner d'un classicisme époustouflant (café, lait, croissant et jus de fruit), nous avons fait un seul repas, vers 15:00, parce que nous n'avons eu faim ni avant ni après. C'est également un grand privilège de n'être ni en manque ni en excès. 

Au cours de mon après-midi de repos, j'ai un peu lu, un peu regardé des informations, profité pour aller chercher des données sur divers sujets (que des choses pas commerciales, aurait dit le chanteur (quoi que (2))) et donc glané. Comme je sais que dès demain, boulot salarié oblige et manque de place active disponible dans mon cerveau, j'aurai oublié, et parce qu'aussi ça pourrait intéresser d'autres personnes, j'en partage quelques-un : 

Séparer l'horreur de l'artiste chez "Un invincible été"
Avec l'IA les poètes mettent leurs textes en musique  sur ActuaLitté

Écrire dans le flux chez mon amie Anne Savelli

La force de Gisèle Pelicot , article sur France Info

RIP X chez Yann Orpheus (J'ai l'intention d'en faire autant, mais je n'en suis qu'à la phase de me désabonner de celles et ceux qui sont désormais ailleurs et m'abonner chez eux ailleurs si ce n'est déjà fait)

divers articles, dont celui-ci,  sur le terrible suicide d'un conducteur de train qui a conduit à des perturbations lourdes dans le trafic SNCF sur certaines lignes. Il devait vraiment être au bout du rouleau pour en arriver là. Au fil des heures on a vu d'abord les mécontentements exploser sur les réseaux sociaux, de la part des personnes facilement furieuses d'un réveillon raté (en fait pas mal devaient être bien contentes d'échapper à une corvée familiale, mais ne l'avoueront jamais), puis quelques voix qui se lèvent pour dire, Euh calmez-vous ils ont dit que c'était suite à un "incident de personne" et tout le monde sait que ça veut dire un suicide, puis des messages un peu plus officiels indiquant qu'il s'agirait peut-être du suicide d'un conducteur puis les précisions et la communication de la SNCF qui détaille le processus qui a fait qu'à part celui qui ne voulait plus vivre, il n'y a eu aucune victime. J'ai appris au passage qu'un TGV lancé pleine balle met environ 2 km pour, en freinage d'urgence, passer à l'arrêt. 

Et puis le cadeau de Noël, que je n'ai vu qu'aujourd'hui, une video, datant de novembre, de Sade, Young Lion en soutien à son fils YzaacTheo

 

(1) Un job utile aux autres, un employeur respectueux, et une brochette de collègues fréquentables. En plus dans une entreprise qui recrute ce qui est un luxe inouï que de toute ma vie professionnelle antérieure je n'avais jamais connu autrement que sous la forme : on me recrutait moi car quelqu'un n'était plus là et qu'il y avait du boulot pour trois. 

(2) Je suis tombée de liens en liens sur des baskets d'ultra-riches qui m'ont bien plu.
Leur prix est à ce point stratosphérique par rapport à mon salaire, lequel est clairement inférieur au salaire net moyen et est 4 tranches en dessous du salaire net médian , que je ne suis pas même tentée et tant mieux car j'ai déjà tout ce qu'il me faut en terme de chaussures. 


Mes rêves de riches

Ça n'est pas tant de ne pas avoir l'argent que de ne pas gréver gravement le budget familial pour quelque chose qui n'est pas indispensable (et je crois bien que même si soudain je bénéficiais d'une forte somme je ne saurais pas sortir de cette façon de penser, tellement elle est ancrée).

  • un violon de qualité pour ma fille (en remplacement de celui qui fut jadis volé)
  • un thérémin (parce que bon, les ondes martenot c'est carrément inabordable)
  • des montres de luxe vintage (en particulier des chronographes comme les Universal Genève)

J'ignore pourquoi de tous les trucs de luxe qui profondément m'indiffèrent seules les montres échappent à ce rejet. Peut-être parce qu'elles sont également un outil. Peut-être aussi parce que je suis d'une génération pour laquelle les montres, la première montre offerte, marquait un pas important dans le chemin vers l'âge adulte, au moins le sortir de la petite enfance où l'on subit totalement l'organisation par les autres de notre propre vie.

Sinon, je rêve d'équipements sportifs, un super home trainer connecté, un tapis de course à pied pour les jours de météo infernale, une mini sale de gym à domicile. Mais où trouver la place, anyway ?
Au fond mes rêves de riches sont une fois de plus pour disposer de meilleurs outils (ou : de conditions plus favorables).

Et mon vrai rêve reste : de disposer de mon temps pour pouvoir travailler à ce qui m'intéresse, et peut être utile à la vie de ma petite famille et de quelques autres ; pouvoir également me reposer quand mon corps le réclame, car je n'en peux plus de perpétuellement forcer sur la fatigue.


De full J.O. à full boulot (mais bientôt du repos)


    Au fond, d'être engloutie par le boulot à peine les J.O. finis m'a rendue et me rend service. Zéro blues post-olympique, je passe d'une chose à faire à une autre chose à faire, des heures salariées à des heures d'entraînement, le sommeil s'installe dès qu'il le peut, et je fais juste juste ce qui doit être fait pour la gestion domestique.
Je parviens à sauver quelques moments amicaux, quelques retrouvailles, de rares soirée littéraires, quelques rassemblements post-olympiques - qui me permettent de constater à quelle vitesse j'ai enregistré le bonheur, mais suis déjà passée à autre chose -.
Il me reste une sorte de plénitude, des rêves moins fatigants, comme si d'avoir participé à ce grand effort collectif avait enfin calmé mes songes récurrents de ... participer à de grands efforts collectifs.
Et j'arrive un peu à me dire que l'emploi que je tiens est aussi un effort collectif pour une entreprise à taille humaine et qu'en considérant ça comme ça, je souffre moins du peu d'heures qui me restent de "vraie vie", une fois les heures de bureau accomplies.

D'ailleurs les responsables ont décidé qu'il était grand temps que nous prenions nos congés au lieu que de devoir à un moment nous les payer pour compenser. Et me voilà avec deux semaines octroyées dans les prochains mois sans les avoir demandées. 
Je resterai chez moi, à m'occuper de l'appartement qui est devenu un capharnaüm, entre les strates successives de choses récupérées (entre autre : lors du vidage de la maison parentale), l'excès de livres, et le fait que depuis le confinement et d'avoir dû tout laisser en plan puis le job à gros temps plein avec reconversion incluse et de rentrer le soir, poser les affaires ou ça peut et repartir comme ça peut le lendemain et avoir des week-ends occupés (sport, famille ...) ou occupés par le sommeil récupérateur, je n'ai jamais pu m'occuper du logis. Ça ne sera pas du luxe, il y a tant à trier.

Je ne parviens guère à m'intéresser aux actualités, comme si le cerveau avait débranché pour éviter une surcharge et un désespoir.
Les aléas de la politique française me semblent très lointains (un jour je vais me réveiller et ça sera une vraie dictature assumée et je me dirais Mais pendant que ça s'installait, où est-ce que j'étais ?), j'ai décidé de ne plus m'inquiéter pour les USA depuis que la candidate démocrate semble faire le poids. Tout au plus ai-je capté qu'il s'est passé quelque chose de grave au Proche Orient avec une attaque par explosion des bipers dont était munis les gens d'une certaine organisation. Je pressens que ça fera date et des émules hélas, mais suis incapable de réfléchir plus avant, alors qu'il y a matière à réflexion.
La seule chose qui me touche, c'est le courage de Gisèle Pelicot. Et ce d'autant plus que comme on pouvait s'y attendre certains avocats des accusés tentent de la charger, voire de faire croire qu'elle a profité de ce qui lui arrivait (1).

Mon cerveau a décidé de découper les journées en petites parcelles d'objectifs à atteindre : tenir jusqu'à la pause déjeuner, parvenir à ne pas m'endormir en reprenant, tenir jusqu'au soir, accomplir cette séance d'entraînement, accomplir telle ou telle action (lancer une lessive ou étendre le linge étant de ces actions, par exemple). Objectif suprême : tenir quatre ans, possiblement cinq si les politiciens décident de sacrifier encore les petites et moyens gens sur l'autel du budget.
Les J.O. et tout le travail accompli mais sans pression, auront été une fameuse bouffée d'oxygène et de confiance en moi. Puisse leur effet perdurer. 



PS : À nouveau une vague de Covid au travail, ça faisait longtemps. Je pense que j'ai été atteinte, j'ai senti deux jours mon corps épuisé, la tête lourde, une sorte d'enrouement, et puis ça n'est pas "sorti". Serait-il possible que l'avoir eu solidement l'an passé et fait les différents vaccins et rappels m'ait protégée ?

(1) voir parmi d'autres cet article dans Le Parisien


Uniforme

 

    Quand je bénéficie d'un jour de congé ou de récupération (c'est souvent le cas, car les samedi travaillés sont normalement récupérés), c'est presque toujours pour faire quelque chose qui était devant être fait (il manque en français un temps du latin). Et voilà, aujourd'hui c'est Uniforme.
J'en écrirai peut-être quelque chose lorsque ça sera fait.

J'en profite pour aller vider les recyclables, sortir une lessive, caler une petite séance d'endurance fondamentale, et regarder les retransmissions sur France TV sport des Europe d'athlétisme. Dont la série du 1500 m pour laquelle celui que j'admire beaucoup, pour avoir suivi sa détermination au fil des ans, mais que je commence à trouver un brin trop arrogant - une légende se doit de faire preuve d'élégance, bon sang -, s'est littéralement baladé.
Sans compter que lorsqu'un athlète surclasse trop ses concurrents alors qu'eux-mêmes sont si solides, les soupçons deviennent inévitables. Et qu'en athlétisme le dopage mécanique n'existe guère (1).

J'en profite pour ne pas trop lire d'infos électorales, si ce n'est à travers les blogs amis, pour amortir l'inquiétude. Le résultat n'est d'aucune surprise, de toutes façons de chaque maladie les anticorps ou les vaccins ne font effet qu'un temps, avoir été tranquilles durant 80 ans avec les populismes basés sur le rejet d'une catégorie d'habitants érigée en bouc émissaire, sachant qu'en France le pouvoir en place depuis 2017 n'a fait qu'ouvrir un boulevard à cette tendance, c'est déjà pas mal. 
En revanche la décision de dissolution à moins d'un mois des J.O., semble confirmer que quelque chose ne tourne pas rond.

Après, c'est une poule-œuf story : le pouvoir n'attire-t-il que les personnes qui ont en elles un certain déséquilibre et qui les prédispose à perdre le sens commun, ou est-ce le pouvoir lui-même, le détenir et n'être plus entourés que par des personnes serviles, occupées à flatter le puissant pour en retirer avantages, qui rend fou et fait perdre contact avec la réalité ?

Je ne sais pas si collectivement on va fluctuat, mais on est bien partis pour satus mergere.
Comme l'écrit Mathilde des Écumes, Il s'agira d'exister très fort pour résister, inspirer, tenir bon et beau. 

Cette année 2024 est si mal engagée d'un point de vue mondial, avec les plus grands pouvoirs confiés aux plus grands va-t-en guerre, que l'urgence climatique passe au second plan : on est bien embarqués pour faire sauter nous-mêmes notre planète avant que celle-ci ne soit devenue invivable à coup de conditions météo extrêmes, fonte des glaces et catastrophes naturelles induites.

(1) ou tout le monde dispose du même, si l'on considère les plaques carbones comme une sorte d'assistance.

 


En triathlon de la vie


    Fin de semaine en forme de triathlon de la vie, je dois passer d'une épreuve l'autre avec à peine le temps d'effectuer les transitions. Le prochain moment où je pourrai me poser si tout va bien sera dimanche après-midi.
Entre temps, deux moments festifs (dont un professionnel, pas trop de possibilité d'y déroger ; et l'autre avec des personnes qui ont une force exceptionnelle pour me remonter le moral), un enterrement, un jour et demi de travail, un rendez-vous médical (pour le bras douloureux et ce soupçon de tendinite à l'épaule qui pourrait être la cause de cette douleur) et si possible deux séances de course à pied (c'est pas gagné).

Il me faut toute mon expérience de triathlète pour parvenir à enchaîner, sur fond de profond chagrin. Et les courses d'endurance où l'on lutte contre la douleur et la fatigue préparent aussi à ça. Je n'en avais que vaguement conscience jusque là, je le sens aujourd'hui. Si je tiens bon jusqu'à dimanche à l'heure de pouvoir enfin faire la sieste et pleurer ma peine en paix, ça sera bien grâce à ça.

La farandole des coïncidences jolies ne s'arrête pas avec les deuils. Elle se poursuit.
Ainsi le neveu par alliance qui est un ami d'enfance d'un des libraires avec lequel j'ai travaillé, l'ami prêtre d'une paroisse proche de là où la cérémonie avait lieu (localisation que j'ignorais jusqu'à avant-hier) et une des proches de l'amie défunte qui est la tante d'un ancien jeune tennisman auquel j'avais dans ma propre jeunesse demandé un autographe sur un cahier de brouillon de maths, sans savoir qui il était, ni rien de l'exploit accompli, simplement parce qu'il rayonnait de bonheur d'être sollicité par des personnes qui venaient le féliciter. Et puis le bonheur doux amer de faire ou refaire connaissance avec des personnes qu'auprès de celle qui n'est plus de ce monde nous avions croisées, ou dont elle nous avait parlé.

Et puis se trouver chaleureusement remerciée pour avoir été la personne qui avait rendu possible la communication par SMS. Ça risque de rester un élément de ma vie dont je tirerai jusqu'à ma propre mort une fierté démesurée.  

Indépendamment de ce mérite logistique, reste que je suis toujours en stupéfaction de découvrir que je tiens ou ai tenu, une place dans la vie d'autres personnes, alors que j'ai tant de difficultés à tenir ma propre place dans la mienne, en permanente survie et négociation face à la fatigue, l'épuisement.
Je suis toujours honorée de la confiance que l'on m'accorde.
C'est sans doute lié au fait que ce que j'aime le plus au monde, dans la mesure de mes limites physiques, c'est me rendre utile. Je me sens là pour ça.
Me rendre utile et faire rigoler. 

À présent il est l'heure de laisser faire calmement le chagrin et de penser aux heureux moments partagés.



Write, Forrest, write


    De cette période où tout s'enchaîne trop vite, et de profond chagrin (1), il ressort une évidence : je dois refaire place à l'écriture dans ma vie.
La retraite est dans trop longtemps, attendre est risqué.
Comme le disait l'amie Alice, ou l'écrivait je ne sais plus, c'est une illusion d'attendre des jours meilleurs pour se consacrer à quelque chose car ça n'est jamais calme, au fond (elle le disait mieux que ça, mais pas le temps de rechercher).

L'ami Olivier m'a donné un titre, et avant la terrible nouvelle du décès de la vieille amie (2), ça m'avait donné un élan. Retombé à l'annonce, bien évidemment.
En attendant j'ai commencé à ré-écrire un piètre polar qui est tombé d'une des piles qui encombrent l'appartement. Comme une sorte d'échauffement. Ou peut-être parce qu'après tout c'est ce pour quoi je suis faite : mettre de l'élégance dans l'écriture d'autrui. 

 

 

 

(1) Mort de la danseuse, et écrivaine Claude Pujade-Renaud
article de Philippe-Jean Catinchi dans Le Monde
Pour le moment je n'ai ni le temps, ni l'énergie, ni la force d'écrire pour elle un billet. Elle a pour moi tellement compté, m'a tant soutenue et encouragée. Aidée à tenir le coup.

(2) d'âge et de longue date


Varda in extremis

 

    Avec les camarades du vieux ciné-club dont je fais partie, je suis allée voir l'expo Varda à la cinémathèque la veille du dernier jour.
Je voulais écrire à ce sujet mais je n'en ai pas eu le temps dès en rentrant et à présent qu'il se fait tard, l'énergie me manque.
Bien des points n'étaient pour moi pas des nouveautés, j'appréciais Agnès Varda depuis fort longtemps, ainsi que son travail. Je connaissais ainsi son côté pionnier, et que les autres suivent mais qu'un "mouvement" n'est reconnu comme tel que lorsque les hommes s'y mettent à leur tour.
J'ai plusieurs fois été fort émue, malgré la foule - aller voir une exposition à Paris dans ces derniers jours est rarement à recommander ; seulement pour nous ça n'avait pas été possible avant -. Quand au dernier mur, en compagnie de Delphine Seyrig et Chantal Ackerman où elles expriment haut et fort combien les femmes manquent de place, il m'a profondément remuée. Ce qu'elles exprimaient c'était tellement ça. Le gag étant qu'alors que j'étais appuyée sans bouger au mur en face du mur écran, comme tout le monde le faisait, par deux fois des hommes ce sont littéralement collés devant moi sans même un regard à l'arrière. Au 2ème et comme j'étais encadrée par d'autres personnes qui m'empêchaient de me décaler, j'ai tapoté l'épaule avec un geste de Hé bah, lorsqu'il s'est retourné. 
- Oh pardon allez-y a-t-il déclaré contrit tout en se décalant, mais comme si j'avais demandé qu'il se pousse pour me mettre alors que je n'avais pas bougé.
C'était tellement typique de ce qui était dénoncé que j'ai échappé de peu au fou-rire.

Typique aussi la mauvaise humeur du Joueur de pétanque sur le trajet du retour, car pour une fois un samedi après-midi il ne jouait pas à la pétanque. Galvanisée par Agnès et ses sœurs de courage, je l'ai un tantinet recadré. D'autant plus qu'il avait apprécié l'expo et le déjeuner, même si par effet de groupe et de forte fréquentation de l'établissement (1) ce dernier avait duré longtemps.
Je n'étais responsable en rien de cet inconvénient, ni ne l'avais exhorté à venir.

Je n'oublierai jamais, concernant Agnès Varda, la tristesse des habitants de son quartier lorsqu'aux jours suivant sa mort j'effectuais un remplacement dans une librairie voisine de la rue Daguerre. Elle y avait ses habitudes. Une commande l'attendait encore et ça m'avait serré le cœur.
Quelqu'un dont le départ définitif rend les gens "proches non-proches" tristes à ce point, ne pouvait qu'être une personne formidable presque tout le temps et avec tout le monde. Je me souviens d'avoir songé que si j'avais été de la librairie la détentrice, je me serais permis d'ouvrir un registre de condoléances que j'aurais ensuite remis aux enfants de la réalisatrice. Tant de personnes parlaient d'elles si bien.

Bien sûr j'ai quitté l'expo avec une furieuse envie de revoir ses films ou voir ceux que je ne me souviens pas d'avoir vus (2) et de relire "Décor Daguerre", aussi.

(1) L'auberge aveyronnaise, dont l'aligot est fameux.
(2) Concernant "Le bonheur" j'ai un doute solide. Vu et grandement oublié, ou pas vu et connu pour certaines séquences ?


Nous sommes des gens de peu


    Une vie de gens de peu, n'est pas forcément caractérisée par la contrainte financière, l'aliénation au travail pour pouvoir se nourrir - laquelle laisse peu de liberté de réel choix -, le manque de culture - on peut être très cultivé, surtout dans une société où domine le rapport à l'argent -, mais plutôt par la répétition perpétuelle de ce schéma : on bosse dur, on stabilise un peu quelque chose puis survient un élément extérieur (d'une maladie grave à une guerre, en passant par toutes sortes de nuances ou de catastrophe dite naturelle, jusqu'à des choses plus petites telles qu'un employeur défaillant) qui remet le fragile équilibre en cause, et c'est reparti, passé le temps de l'épreuve elle-même, pour un tour de reconstruction.

Aux marges de mon emploi du temps rendu par le travail nourricier trop lourd, je lis "Retrouver Estelle Moufflarge" de Bastien François et comprend bien des choses.
Je me souviens aussi de la brève période où j'étais libraire à Montmorency, Au Connétable, et plutôt heureuse. La maladie puis la mort de ma mère, âgée mais qui aurait pu l'être bien plus car d'une constitution remarquable, étaient venues clore cette phase de ma vie et même si j'ai quitté suite à une proposition d'emploi qui ne pouvait guère se refuser, il m'est évident que je n'aurais pas pu rester bien longtemps sur les "lieux" (1) du deuil.

Être des gens de peu, c'est passer son existence à s'adapter et survivre face aux coups durs, plus rarement aux coups de chance, qui surviennent. C'est ne pas avoir les moyens de faire autrement.

 

(1) Mon travail était proche de l'hôpital d'Ermont dont sa prise en charge dépendait.