En lisant ce billet chez @docteurmilie je viens de prendre conscience que ça avait fait dix ans cet été que j'avais commencé à bloguer (1). Et qu'au début, oui j'avais éprouvé un brin ce qu'elle décrit, comme isolement par rapport au milieu professionnel ou amical ancien, comme hésitations. Sentiments de faire partie d'un lot de pionniers.
Sauf qu'à la différence du cas des médecins, avec mon job de l'époque il n'y avait pas de secours à attendre, et que les seules interférences eussent pu n'être que dommageables, étant donné qu'on entrait dans les entreprises à l'ère totalitaire : même hors du boulot il ne fallait pas véhiculer une image non conforme, uniquement ressembler à ce que les agences de com voulaient faire croire qu'on était - alors que déjà aussi de plus en plus de tâches se trouvaient externalisées : et donc si tant est qu'il y eut jadis une culture d'entreprise elle était en voie de disparition -.
Il n'en demeure pas moins que les étapes : vie parallèle puis enfin mélangée, l'incrédulité des amis et connaissances puis le fait que peu à peu ils s'y mettent, j'ai connu ça aussi.
Bien sûr il y a de nombreux dangers d'interférences défavorables, ne serait-ce que parce qu'en publiant en ligne même la plus anodine des photos de famille on s'expose et que si quelqu'un à un moment veut nous nuire (2), ou vous veut trop de bien (3), il peut alors le faire d'autant plus facilement. Mais pour l'instant et en dix ans je n'ai été responsable que d'un seul #fail public et encore parce que j'étais par conséquence de ce que j'avais subi en plein désarroi et qu'il y avait eu un enchaînement de circonstances improbable par là-dessus (4).
Il y a eu les amis, des incrédules du début - comment, tu te commets, toi adulte et responsable, avec des choses de l'internet, ce lieu de perdition des adolescents ? -, qui ont disparu de ma vie. Certains autres qui comprenaient pour partie mais pour lesquels il existait des frontières excluantes (twitter c'est bien facebook c'est mal ou l'inverse ; facebook ça va encore, mais bloguer, quelle idée insensée ?).
Pour la plupart d'entre eux les perdre par progressif éloignement a peu compté face à l'enrichissement de ma vie que les rencontres très vite effectuées liées à la vie de l'internet qui n'était pas si coupée de l'autre que les effrayés le croyaient, ont permises. Ce fut l'accès dont je me régale tant qu'il peut perdurer, à une immense chambre à soi (la Grande Bibli), ce fut tout ce(ux) qui a (ont) changé en bien ma vie, ce(ux) qui me sauve(nt) dans les périodes où les difficultés s'accumulent comme les nuages très gris. Ceux avec qui j'ai partagé et partage encore même si ma #viedelibraire et le déglingage de chez moi limite les possibilités d'heureux et joyeux moments.
La semaine passée, encore un opéra (par exemple).
Alors oui, tout comme @docteurmilie je pense en souriant que "plus tout ça s’emmêle, plus je trouve ça chouette…"
[photo : 21 juin 2013 devant la cinémathèque, les majorettes taïwanaises #monfailétaitsomptueux ]
(1) Dix ans en septembre que mon père est mort et j'avoue n'y avoir pas pensé, vaguement en août à un moment calme. Parents, ne mettez pas la pression sur vos mômes, laissez-les vivre et faire leur propre chemin, quitte à les ramasser quand ils se sont plantés, le vrai boulot de parents est d'être un bon secours et indulgent. Sinon voilà, votre disparition si elle précède celle de vos descendants sera perçue avec plus de soulagement que de chagrin.
C'est triste.
(2) Je pense ce matin plus particulièrement @pierrehaski à nouveau la cible comme certains de ses collègues l'ont été (le sont encore ?) d'un hacker aux attaques insensées. Et comme il nuit de loin, il semble impossible à arrêter.
(3) Dans un registre bien moins grave je songe aussi à la personne qui s'était mise à me stalker (il manque un mot je crois en français) et combien, alors qu'elle ne semblait pas pourvue de mauvaises intentions, ça devenait flippant - et ce d'autant plus que je ne suis pas une personne publique ni équipée d'aucun pouvoir de par ma place (et d'ailleurs quelle est-elle ?) dans la société, il n'y a donc aucune raison à vouloir se faire passer pour un(e) de mes ami(e)s -.
(4) La réalité a infiniment plus d'imagination que ce qu'on imagine. Le coup de la grève CGT à la BNF suivie de la démonstration de majorettes taïwanaises, je n'oublierai pas.