Dans la série je comprends vite mais je mets longtemps

 

    Deux ans que je dispose d'un très agréable smartphone, dûment proposé par mon opérateur, ce qui tombait bien, mon téléfonino précédent flanchait.

Je regrettais seulement que les sonneries fussent identiques pour toutes applications, or si les SMS sont encore porteurs généralement de messages personnels, et donc demandent qu'on y jette un œil si possible pas trop tardivement après leur arrivée, les notifications des différents réseaux sociaux sont trop nombreuses pour être suivies à la minute près. J'avais du coup réglé l'ensemble sur un bip discret. Ce qui me faisait louper bien des SMS du moins d'y répondre dans la foulée (1). Sans compter que tant que ma mère n'était pas malade et si je n'attendais rien de particulier, je basculais en mode silencieux pour les heures de bibliothèque et de travail en librairie.

Il aura fallu l'arrivée de Mastodon et que je souhaite pouvoir distinguer les notifications de ce réseau des autres, du moins tant qu'il reste en config, réunion des amis (un peu le twitter des débuts, quoi) pour que je me penche sur la question et m'aperçoive aussitôt qu'il convenait de régler les sons appli par appli et que le "par défaut" général ne s'appliquait que si l'on ne précisait rien de particulier (2). 

Deux ans ! (et vingt secondes, le temps de se poser vraiment la question)

Je pense que mon incommensurable capacité à "faire avec" toute situation, jusques dans ce genre de détails, vient de générations et générations qui avant moi n'ont fait que bosser en espérant survivre et sans avoir de choix, fors la révolte quand vraiment ils n'en pouvaient plus.

 

(1) Sans parler de bizarreries par périodes, des SMS reçus ou envoyés plusieurs jours ou heures après (non je n'envoie pas, sauf extrême urgence de SMS, en pleine nuit) - ce qui tient  sans doute des opérateurs et non des téléphones -.

(2) À ma décharge mon téléfonino précédent n'étant pas un smartphone tout se réglait via les paramètre de l'appareil (son de SMS, son de messagerie ...) en centralisé. 


NFTN - La chute


    Il m'arrive souvent d'avoir ce que Pennac dans son "Journal d'un corps" a appelé des bouffées d'enfance : j'oublie que mon corps est celui d'une femme déjà plus si jeune. Rien à voir (so far) avec un quelconque vestige de sexualité, mais plutôt avec des trucs que j'oublie ne plus pouvoir faire comme à douze ou quatorze ans.

Ainsi ce matin, alors que nous avions couru aussi sur la face sud de l'île et qu'il nous fallait remonter au niveau des rues, nous sommes-nous trouvé arrêtés par une barrière fermée. L'homme de la maison sportif format léger est passé par dessus sans encombre, en mode appuyé sauté. Je n'aimais pas trop la configuration : grille en haut d'un escalier raide donnant sur une mince piste de ciment que borde la Seine. Si tu tombes en arrière sans te fracasser le crâne, tu finis dans l'eau (sale), mais la barrière n'était pas haute, il était facile d'effectuer un rétablissement. Seulement j'ai eu ensuite un peu d'appréhension à passer les jambes entre les bras, ai tenté un passage d'une jambe par le côté (facile) et de glisser la seconde dans le triangle ainsi formé, mais j'ai mal évalué l'intervalle de passage, mon pied droit s'est pris dans quelque chose et j'ai vu le sol soudain se rapprocher, le temps de penser "C'est pas grave c'est de la terre, tu es du bon côté" et aussi "Roule". Ce que j'ai fait pour me remettre sur mes jambes après une providentielle culbute et dans le même mouvement. L'idée m'a vaguement effleurée d'effectuer un salut comme en gymnastique.

Pour rester pliée de rire : ça faisait bien trente-cinq ans que je n'étais pas tombée de cette façon. Adulte, on perd généralement l'habitude de franchir des barrières, du moins tant qu'aucune frontière hostile ne nous est opposée.

Un homme qui sur un banc lisait se retenait poliment de rigoler.

Une fois rentrée je me suis documentée, la prochaine fois j'essaierai la technique du pompier qui salue son agrès. #présomptueuse 


Où ça va se nicher


    Grâce à Alexis Fradier qui avait relayé l'article de Rosie Cima, j'apprends que les films pendant des années étaient conçus pour mettre en valeur la peau dite blanche (1) :

How Photography Was Optimized for White Skin Color

Ça ne m'avait pas même effleuré qu'une telle question se pose (2). Eussé-je remarqué le problème je me serais dit que c'était mon absence de compétence en tant que photographe qui était en jeu et n'aurais pas soupçonné la pellicule - du temps de l'argentique -, ni les réglages standards de balance des blancs. 

Si j'avais eu vent de la réaction de Godard au sujet d'une marque précise de pellicules, j'aurais plutôt songé, quel génie cet homme, mais n'empêche quelle diva.

Et en voyant Sidney Poitier transpirer je n'aurais jamais supposé que c'était parce qu'il devait supporter davantage de projecteurs que ses partenaires pâles. 

Confirmation de plus si besoin en était, que les apparences sont trompeuses et en matière de comportements humains, le pire souvent hélas la meilleure explication.

 

PS : Au passage j'ai enfin appris pourquoi on disait une Shirley

 

(1) Une question enfantine que je me pose encore : pourquoi ne dit-on pas rose et marron mais blanc et noir ?

(2) De la même façon que depuis juin 2013 je découvre le sexisme de certains dispositifs ou arrière-plans de pensées que