Béquille mémorielle


    Quelques blogueuses et blogueurs historiques comprendront de quoi je veux parler : 

Ce soir nous fêtions à retardement (pour des raisons géographiques et de disponibilités) en petite famille la nouvelle année, et Le Joueur de Pétanque avait prévu du champagne et nous avons exhumé quelques flûtes d'un placard. 
Sur l'une d'elle était écrit "Renault fête ses 100 ans".

Nous sommes deux à avoir un vague souvenir d'un vague événement.
Recherche effectuée via quelque moteur de recherche, l'événement devait dater de 1998.
J'ai pensé, je vais regarder sur mon blog avant de Ben non bien sûr 1998 c'est trop tôt pour le mien.
L'événement eût-il existé après l'été 2005 que j'aurais pu nous rafraîchir la mémoire.

Bloguer est au fond (aussi) une activité d'utilité familiale. 

À moins que je ne retrouve un vieil agenda, ou des carnets de papiers datant de cette époque-là, nous allons nous endormir avec ce micro mystère : 
les 100 ans de Renault dont il nous reste une flûte à champagne, c'était quoi ?


Une des choses qui a le plus évolué dans le monde depuis mon enfance


    Cet article du Parisien au sujet d'un homme qui a offert en cadeau de Noël à sa mère des paroles prononcées par la voix de son défunt père reconstituée par une IA, m'a confirmé si besoin en était, que l'une des choses qui a le plus changé depuis mon enfance, c'est la porosité des frontières entre la vie et la mort, en tout cas pour les êtres humains. 

Quand j'étais petite on naissait au jour de notre naissance et sauf cas médicaux alors fort rares, on mourrait au jour de notre mort.
Peu à peu on a commencé à avoir des images si précises des petits à naître qu'ils sont déjà presque là avant leur premier souffle. Par ailleurs la médecine a fait de telles avancées qu'on peut maintenir des corps très longtemps en vie dans des états végétatifs dont on ne sait vraiment de quels côtés ils sont.
Les voix, l'article en donne un exemple, sont désormais prolongeables. 
Lors d'un concert virtuel-réel du groupe Abba, j'ai pu constater combien on peut désormais donner l'illusion d'une présence telle qu'elle était à partir de celle qu'elle est devenue. 
Si la planète n'est pas bousillée avant, d'ici à une douzaine d'années nos chers disparus pourront revenir nous tenir compagnie. Et pas sous forme de zombies.

Ça coûtera cher.

Je me souviens d'un temps, celui de la génération de mes arrières arrières grands parents où d'un défunt, fors personne d'auguste lignée avec peintre officiel, après son décès il ne restait plus de trace de son image, ni de sa voix ; tout au plus ses outils, quelques objets. Puis on a pu conserver des traces photographiques. Des enregistrements audio (sur supports pour phonographes, plus tard bandes magnétiques puis cassettes, fichiers numériques désormais). Des films (Ah nos vieux super-8 !). 
Bientôt les plus aisés d'entre nous ne quitteront pas ce monde sans avoir préparé leur répliquant de réalité augmentée.

Si la bonne santé m'est donnée sur la durée et des circonstances extérieures pas trop insoutenables, j'avoue que je serais curieuse de voir un peu la suite. Même en n'étant pas dupe que le pire va forcément s'inviter auprès du meilleur qu'ouvriront ces possibilités.


Suite du tri de photos


    Un mari et un moustique, voilà de quoi passer une mauvaise nuit. Ce qui fait que mon jour de congé prévu pour pré-triathlon aura surtout été un jour de récupération. 
Alors pour ne pas faire que dormir, ce dont la fatigue me rend capable, j'ai repris mon tri de photos.

 

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Il est fréquent lorsque je fais du tri plusieurs années après, que je ne sache plus pourquoi j'avais pris telle ou telle photo. Cette image d'une réclame, saisie le 19 octobre 2018 m'est restée compréhensible : je me souvenais de combien Le Fiston petit aimait que son père lui fasse "faire l'avion" ainsi, il se maintenait gainé, les bras en arrière comme s'il devait fendre l'air et je me souviens avec bonheur de son rire cristallin de bambin. Comme il grandissait vite, son père n'a pas pu continuer très longtemps (1). 
Alors quand en ce jour d'octobre 2018 j'ai vu ce même jeu entre un père et sa petite, j'ai pris la réclame en photo qui me rappelait de précieux souvenirs.

 

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Je retrouve des images prises le samedi 20 octobre 2018 à la médiathèque d'Argenteuil en la compagnie de plusieurs camarades de L'aiRNu. Le souvenir de ce jour aux belles lectures sous l'égide de François Bon, m'est bien resté, il s'est toutefois trouvé balancé de par la pandémie vers un passé plus lointain qu'il ne l'est.
Peut-être aussi parce qu'à l'époque mes propres projets d'écriture n'attendaient que la fin de la période exténuante de deuil puis de vider et déménager la maison des parents et de me remettre d'avoir à nouveau perdu un emploi (raisons économiques, comme presque à chaque fois), alors qu'à présent ils sont sévèrement mis entre parenthèse de par mon manque de forces et de temps disponible dynamique, une fois abattues mes heures de boulot, un solide temps plein avec 2h15 à 2h30 de trajets par jour. Il me faudrait une retraite dans pas trop de temps et avec encore un cœur vaillant. Tout espoir n'est pas perdu, si la pandémie ne rebondit pas trop fort, que les maladies nous épargnent, et que la guerre actuelle ne dégénère pas.

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Le lendemain, dimanche 21 octobre 2018, je participais au semi-marathon de Saint-Denis, mon premier je crois bien. Je m'aperçois en retrouvant une copie d'écran que j'avais mis 2h40mn39s . J'ai le souvenir d'être allée lentement, mais sans aucun tracas, de m'être beaucoup amusée lors du passage DANS le stade de France avec l'enregistrement d'applaudissements qu'ils diffusaient à l'entrée de quelqu'un.

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Comme j'étais toute seule, car bien lente après la plupart des autres, je pouvais jouer avec l'idée qu'ils me concernaient, et surtout me rappeler les inoubliables concerts avec Johnny. 

Tel celui de la veille, ce souvenir est resté vif - et heureux -, mais lui aussi semble dater de bien loin.
Alors qu'à peine quatre ans se sont écoulés.

Je suis heureuse de constater que ma ténacité à poursuivre les entraînements pendant les confinements au maximum de ce qui nous était autorisé a payé : je peux courir désormais un semi-marathon sans douter de le terminer sauf pépin particulier, et le cours en 7 minutes de moins (qui pourrait être 10 si je n'avais cette tendance à devoir effectuer une pause pipi qui n'arrange guère le chrono (et qui serait évitable s'il était meilleur, c'est un cercle vicieux)).

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À l'automne 2018, l'un des appartements que je vois de ma fenêtre de cuisine était visiblement habité et vivant - en tant que demi-italienne, j'aime quand le linge sèche aux fenêtres, je trouve que c'est une jolie propreté -, ce n'est plus le cas, aujourd'hui, depuis des mois, les volets restent fermés ou quasi, il n'y a plus de signes joyeux de vie.

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Mon cœur se serre quand je retrouve des photos que j'avais pu prendre en passant de Notre-Dame avant l'incendie. Je la trouvais particulièrement belle vue de sa charpente. 

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En novembre 2018, je m'intéresse à retardement à l'affaire Villemin, pour ce qu'elle témoigne de l'époque vu de maintenant, alors qu'en son temps j'y voyais un fait-divers des plus terribles. Je crois que mon intérêt de 2018 a été suscité par une série documentaire sur Netflix et un ouvrage de Denis Robert qui avait à l'époque été tout jeune envoyé spécial par Libé. Je retrouve mes journaux (diarii) de l'époque et c'est intéressant de voir non pas ce que j'en écrivais (peu en fait, j'étais étudiante, très occupée, studieuse et laborieuse, à l'écart du ramdam médiatique) mais de voir ce qu'une personne lambda de pas 20 ans à l'époque pouvait en noter. 

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En novembre 2018, je prends lors du festival de cinéma d'Arras des photos de notre logement, une chambre d'hôte que nous fréquentons depuis bon nombre d'années.

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J'ignore alors même si je me doute un peu que cette option ne sera pas éternelle, qu'en 2021 viendra la dernière année, pour cause de cessation d'activité de notre hôte. Il est bon d'en retrouver trace.

Parfois il y a une photo qu'après coup j'aime bien. Par exemple ces-deux ci, prises le 8 novembre 2018 :

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Je trouve la trace de mes premières recherches immobilières, un peu comme si j'avais eu l'intuition qu'à un moment notre logis annuel serait perdu.

Le 16 novembre 2018, je me rends à la librairie Les Cyclades pour une rencontre littéraire, en chemin je prends cette photo, que je suis heureuse de redécouvrir. 

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Le 18 novembre 2018 nous courrons notre premier semi-marathon de Boulogne, je me sens vraiment bien, c'est un moment heureux. Je mets 2h37 en allant doucement.

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(1) Quant à moi, n'ayant pas encore repris la natation (ce fut grâce à l'enfant, indirectement), ni n'étant devenu libraire puis triathlète, je n'avais guère de force dans les bras, donc même au petit format j'en étais incapable. 


Photos retrouvées - Time capsule été 2018

(martedi)

 

Comme toujours lorsque je suis trop épuisée pour faire quoi que ce soit d'autre - en l'occurrence clouée au lit par les suites douloureuses de mon trail de dimanche -, y compris lire, je trie, sauvegarde des photos puis les supprime des supports transitoires (où elles étaient le plus souvent depuis trop longtemps).

Je retrouve ainsi parfois des images qui à l'époque étaient elles-mêmes des re-découvertes.

Ainsi cette image d'avant le concert de Johnny en l'an 2000 à la Tour Eiffel prise par mon amie Anne-Carole juste avant que nous n'entrions dans le périmètre de sécurité réservé aux artistes et technicien·ne·s.

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Pour une raison qu'à présent j'ignore, je l'avais exhumée le 3 juillet 2018 et c'est à cette date que sur le disque dur de mon ordinateur elle apparaît.

Le noir était la couleur requise, et par commodité j'étais venue pour partie déjà habillée, en mode sait-on jamais (mais la vraie tenue noire était dans le sac ainsi que le nécessaire de maquillage)

Le 4 juillet 2018, un mercredi, j'étais passée à Saint-Ouen le matin, en y croisant un Vélib privatisé par un solide antivol, puis j'avais bossé à la librairie, Charybde encore en ville à l'époque, et au soir Le Joueur de Pétanque était venu me chercher et nous étions allés à Ground Control pour lequel je voyais passer tant de livres, qui pour certains, des sortes de guides touristiques pour découvrir des lieux insolites, ne ressemblaient en rien aux ouvrages que nous proposions à la librairie. 
Sur place nous avions dépanné avec l'un de nos téléphones un jeune père qui jouait au ping-pong avec son fils et souhaitait avertir la mère de celui-ci d'où ils étaient. 
C'est toujours curieux de la façon dont revoir des photos ravive la mémoire même si ce ne sont pas précisément des images des moments qu'elles convoquent.

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coucher de soleil sur la gare de Lyon 4 juillet 2018

Je retrouve parfois quelques notes prises en photo. C'est donc que je souhaitais en conserver la trace. Seulement dans certains cas, elle ne m'évoque plus rien.

Ainsi ce même 4 juillet "sa mère musicienne" suivi du nom de quelqu'un et de son adresse courriel. 
Parfois c'est déprimant : je retrouve des images de rencontres en librairie dont je n'ai plus aucun souvenirs. Pas celle concernant les personnes que je connais, mais d'autres, organisées par d'autres que moi, et dont je ne me souviens pas. J'étais visiblement là pour prendre les photos, mais leur fréquence et la fatigue qui est la mienne le plus souvent, ne m'ont pas permis de stocker le moment. 

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photo prise le 5 juillet 2018 rue de Charenton. Un jour viendra sans doute où l'on se demandera ce qu'étaient ces enseignes : bureaux de tabac, donc. Aux lectrices et lecteurs du futur : les gens y achetaient de quoi fumer, un truc qui sentait mauvais et qui l'était pour la santé mais comme les États en taxaient fort la vente, c'était légal et autorisé.

La pandémie a induit une réelle rupture : les images, les souvenirs d'avant semblent concerner d'autres personnes, dater d'un tout autre temps. Ce n'est pas une surprise, ça fait déjà un moment que j'en ai cette perception. Seulement à revoir des photos de cet avant qui ignorait encore qu'il en serait un, c'est flagrant, aveuglant. 

Je constate au fil des images dont ces vélos ne sont pas nécessairement l'objet, que nous aurons vu passer bien des lots de vélos ou trottinettes en free-floating, plus ou moins vite abandonnés par suite de vols ou dégradation. J'avais souscrit à l'une de ces solution lorsque les néo-vélib dysfonctionnaient au point de nous en interdire l'usage, mais ma ville pourtant tout contre Paris avait quelque mois plus tard été interdite de dépôt. Je m'étais donc désabonnée. 
Ces vélos, depuis, ont quasiment disparu. 

Certaines images comportent des ambiguïtés d'horodatages. Par exemple celle qui suit date-t-elle du lundi 9 juillet 2018 12:51 ou du samedi 7 juillet 2018 ? 

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Je sais pouvoir retrouver l'info à l'aide de ce blog, de mes carnets de bord, d'Instagram (qui serait peut-être l'explication de la double date), mais dans l'immédiat et disposant de peu de temps, cette double datation reste un micro-mystère.

Certains jours, accaparée par les tâches à accomplir, que ce soit pour ma famille ou pour un employeur, je ne prends que très peu de photos. N'en restent généralement qu'une trace de vélotaf, dont l'intérêt était surtout de témoigner à chaud d'une gcumerie resplendissante (1).

Des images prises en 2018 parfois dans les jardins du CMG Champs Élysées où les cours ont perduré quelques temps avant d'être supprimés, me font pleurer la fin des cours de danse de Brigitte, qui nous faisaient tant de bien. La pandémie et le manque de temps comme suite à mon embauche dans un emploi de bureau à temps plein ne m'ont pas permis de retrouver d'autre cours de danse. Sans doute aussi en raison de la qualité de ceux que j'ai grâce à elle connus. L'après-midi du cours de danse, maintenue une fois par semaine contre vents et marées était mon temps personnel de la semaine, après le cours je profitais des lieux (hammam ou sauna), prenais mon temps et ensuite passée la fatigue de l'exercice physique, cela me donnait de la force pour faire face à tout ce qui m'attendait. 
Je retrouve non sans émotion des traces de belles lectures, faites dans les lieux de récupération, juste après.

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Comme souvent dans l'existence, je n'imaginais pas que cette période, cette activité prendrait fin si peu après (même si nous savions les cours menacés, leur relocalisation rue de Berri nous avait donné espoir).

Le mardi 19 juillet 2018 nous étions allés, une petite bande du club de triathlon, encourager l'équipe de France de football homme qui jouait un match de la coupe du monde. Il y avait une fan zone près de la mairie de Levallois et un couple du club logeait à proximité. Nous avions fini en buvant un coup chez eux. Ça paraît pétant d'insouciance, vu de maintenant. 
Pourtant la vie, la nôtre, n'était pas si facile alors, soucis financiers car mon employeur de l'époque peinait à me verser mon salaire, et je savais que j'allais perdre ce travail que j'avais tant aimé. J'étais éprouvée par tout le travail fait pour la succession de mes parents, le tri infini, le déménagement de leurs affaires.
Le temps d'un match et d'être en collectif, ça pouvait se mettre de côté.

Le mercredi 11 juillet 2018, j'étais au travail et il y avait eu répétition du défilé aérien du 14 à venir. 
Rue de Charenton c'était très impressionnant. Bien des gens étaient comme moi sortis sur un pas de porte afin de voir - toujours ce temps de se demander ce qu'il se passe et puis Bon sang mais c'est bien sûr, le 14 juillet -.

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Une photo du 12 juillet 2018, jour où avant l'ouverture de la boutique, j'avais comme souvent fait le coursier pour la librairie, me fait retrouver la trace d'un sac fichtrement pratique pour transporter les livres, que j'avais acheté à cet effet, et dont j'avais perdu le souvenir et la trace. C'est un effet du premier confinement : installés en Normandie (en ayant observé 14 jours de quarantaine) pour près de trois mois, j'y avais perdu des parcelles de mémoire de mon principal "chez moi", du moins concernant certains objets.
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Il y a certaines journées comme celle-là dont je n'avais encore jamais vu les images : restées sur le téléphone ou dans la mémoire de l'appareil photo sans que je n'aie jamais eu ni pris le temps de les "développer" (disons plutôt télécharger).

Le vendredi 13 juillet 2018 nous avions reçu Emmanuel Ruben et j'en garde un si bon souvenir, les photos n'étaient pas nécessaires, fors à indiquer la date précise. Et me remémorer qu'il y avait au même moment d'importants transports et déplacements d'échafaudages juste devant la librairie.

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Ç'avait longtemps semblé être ma malédiction : des travaux lourds soudain enclenché dans les librairies où je venais travailler.

Le 14 juillet 2018 ce fut notre premier trail de La Chouffe et c'est l'un de mes meilleurs souvenirs. J'ignorais que nous étions passés non loin d'où F. vivait désormais. Je voyais ses nouvelles publications arriver en librairie de loin en loin, souvent écrite à deux, mais pas avec moi, ce qui me donnait toujours l'impression d'avoir raté un train en mode on arrive sur le quai et à l'instant où l'on s'apprête à monter les portes nous claquent au nez. Il n'empêchait : pour moi la page était tournée et ma vie en tant que libraire était stimulante, malgré les problèmes financiers. Le sport m'apportait une condition physique qui me permettait de tenir la fatigue en respect. C'était de bonnes années.
Et ce premier trail dans les Ardennes Belges fut une épiphanie, un de ces moments où l'on ne souhaite pour rien au monde être ailleurs, ni dans un autre temps, ni avec d'autres personnes.

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Le 15 juillet ç'avait été la course et aussi la finale de la coupe du monde de football, avec les Belges qui estimant que l'équipe de France leur avait volé la qualification était à fond pour les Croates et nous chambraient de ouf. Je souris en repensant à ce moment durant ma course où je me dis qu'il convient que j'accélère afin de ne pas rater trop du match ... pour arriver 2 minutes avant son début (2). Le match était retransmis sur deux écrans, en français d'un côté, de l'autre en flamand. C'est un souvenir amusé et heureux.

Le 16 juillet c'est Nouzonville et Charleville Mézières, cette dernière ville étant une destination que je m'étais promise de découvrir adulte lorsque Bruno, mon prof de français d'alors, nous avait parlé d'Arthur Rimbaud lequel tenait tant à s'en enfuir. Je voulais savoir d'où ça lui venait cette absolue envie de s'en extraire, du moins si les lieux, et pas uniquement la rigidité de l'éducation, y étaient pour quelque chose.

N'y étant pas scotchée, j'ai aimé la ville. Et heureuse d'être parvenue, sur le tard, sans le faire totalement exprès, c'est à dire comme j'aime, C'est sur le chemin, à mes fins.

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(1) Pour les non-initié·e·s s'il en reste : Garé Comme Une Merde 
(2) que j'avais manqué car je devais récupérer ma bière offerte puis passer me doucher.


Les temps d'avant

 

    J'aurais connu l'air de rien, un paquet "d'avant" et je me demande si c'est notre époque qui en est particulièrement fertile où si tel est le cas de la plupart des vies humaines dépassant le demi siècle.

Voici quelques "avant" qu'il m'a été donné de traverser :

L'avant de certains vaccins dont très brièvement la polio (j'ai longtemps eu une camarade de classe qui en portait les séquelles). Je me souviens du produit déposé sur un sucre qu'il fallait avaler (DT Polio)

L'avant mai 68 ; mes parents alors encore jeunes mais déjà trop vieux pour en être, et qui s'ils étaient d'accord avec certaines revendications n'en demeuraient pas moins méfiants.

L'avant que des êtres humains marchent sur la lune.

Je n'ai pas eu à souffrir de l'avant pillule contraceptive et autorisation de l'avortement car si j'ai croisé ses temps d'un strict point de vue calendaire, je n'avais pas l'âge d'être concernée. Mais pour l'avant SIDA si. Il se trouve que je n'en avais pas profité, concentrée sur mes études, le sport et les fragilités de ma santé dont la cause restait ignorée.
Dans le même ordre d'idée j'ai connu l'avant la majorité à 18 ans, mais comme je ne les avais pas encore, ça n'a pas changé grand chose concrètement pour moi.

L'avant que chaque famille qui le souhaitait ait la télévision, le téléphone (qui n'était que fixe).
L'avant l'usage des magnétoscope et leur disparition au profit d'autres supports que les vidéo.

L'avant l'arrivée de la gauche au pouvoir en France pour la première fois depuis le front populaire. Et si vite comprendre que les lendemains qui chantent n'étaient pas pour demain car dans un monde fondé sur des principes de droite, le pouvoir ne peut guère qu'arrondir les angles de l'injustice sociale, et atténuer les écarts de répartition des richesses, guère davantage.


L'avant les ordinateurs individuels, les messageries et l'internet. La libération que ça a été, combien ça a changé ma vie en plus grand, plus large.

L'avant les téléphones portables. Et combien, là aussi, ça change tout.

L'avant 11 septembre 2001. Ce moment où l'on a su qu'une partie du monde faisait la guerre aux relatives démocraties occidentales et que nous (le clampin moyen d'un pays européen) ne le savions pas. Que les terroristes pouvaient souhaiter mourir (et être assez intelligents pour apprendre à piloter ; c'était donc des gens pourvus d'un cerveau efficace que l'on avait réussi à programmer pour qu'il agisse contre eux-mêmes).
L'avant 7 janvier 2015 et l'avant 13 novembre 2015 qui sont comme des échos de ce premier fait.

L'avant dépénalisation de l'homosexualité (dans ma naïveté interstellaire, je n'avais pas un seul instant imaginé qu'elle le fût ; c'est curieux d'apprendre que quelque chose était illégal en apprenant que ça ne l'est plus) et l'avant mariage pour tous. J'espère que lorsque je mourrais, bien vieille, tout le monde sera étonné que ça soit si récent dans l'histoire humaine, que des gens encore vivants puissent avoir connu cet avant.

L'avant pandémie du Covid_19.

 

(collection à compléter)

 


Les exploits inaperçus

(martedi)

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Ce matin j'ai été l'autrice d'un exploit au moins de niveau olympique. Réveillée au bord du malaise par une annonce qui réactivait un traumatisme ancien (35 ans, bon sang !), j'ai trouvé la force, puisé jusqu'au fin fond afin de me lever et d'aller quand même assurer ma journée de bureau.

Non seulement c'est passé totalement inaperçu, mais je suppose que les collègues ne m'ont pas trouvée merveilleusement efficace alors que le fait même de pouvoir être parmi eux et dépoter mon comptant de tickets relevait d'un effort exceptionnel.

Par dessus le marché, celui pour lequel il y a 35 ans je m'étais fait un sang d'encre pendant tout le temps entre le coup d'État d'alors et la reprise au moins des communications, entendre qu'il y a un Coup au Burkina ça le fait presque plutôt marrer, ça lui rappelle des souvenirs qui fleurent bon la petite aventure, vu de longtemps plus tard, toutes peurs somme toute assez brèves (quelques heures le soir même, tandis que j'avais flippé mon cœur pendant un gros paquets de jours) presque oubliées.

Bon, à côté de mon effort professionnel, rentrer en vélotaf et enchaîner sur une séance de course à pied avec un peu de rythme pendant 60 mn c'était tout léger, malgré le froid.

 

En France aujourd'hui plus de 500 000 nouveaux cas de Covid_19 ressencés.

 

 

 

 

 

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Un film sur l'Île de Lewis

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    En voyant un film de Bouli Lanners et Tim Mielants qui se passe sur l'Île de Lewis, je mesure encore davantage ce que je dois au bon copain récemment disparu. Entre autres : 

L'Écosse, d'y être allé en voyage de noces. Nous avions prévu le Danemark, qui déjà était comme la Norvège mais en plus simple d'accès et puis vraiment c'était trop cher et alors il a dit "Mais pourquoi vous n'iriez pas en Écosse, il y a des super distilleries à visiter ?". Car je lui dois aussi pour partie les whiskies : 

Le vrai initiateur était Yannick Hamonic qui vidait sa cave en prévision d'un poste au Brésil à Sao Paolo. Et qui donc un vendredi soir avait rapporté un Laphroaig. Il n'empêche que celui qui avait enquillé sur Ben si tu apprécies des whiskies comme ça, il y a des dégustations organisées par la Scotch Malt Society (c'était avant le Clan des Grands Malts, lequel s'est créé après sa dissolution, du moins de l'antenne française).

Nous lui devons le ciné club, du moins que je l'aie découvert dès 1986. Tu aimes le cinéma, tu sais au Crédit Lyonnais, il y a un ciné club. Lui ne venait qu'aux séances du mardi soir et quand ça n'a plus été à un ciné près de République qui était alors près de chez lui, il a cessé de venir. Alors que pour ma part je me suis inscrite et suis allée aux week-ends et avec Le Joueur de Pétanque lorsqu'il est revenu du Burkina Faso puis avec les enfants lorsqu'ils sont nés, nous avons été de tous les week-ends possibles au château de La Brosse Montceaux. C'est quelque chose de récurrent dans ma vie : des ami·e·s m'indiquent une voie qu'eux ou elles-mêmes n'approfondissent pas et je m'y tiens, tandis qu'eux n'en font plus partie.

Je lui dois un paquet de films (c'était un cinéphile averti), et de concerts, avec au passage la découverte de Jeanne Cherhal, quelques photos où je figure dont celles de la manif d'avril 2002, je lui dois d'ailleurs d'être allée à quelques manifs, et d'avoir un temps milité chez Attac (j'ai cessé faute de disponibilités et d'énergie après le travail).

Nous lui devons d'avoir eu pendant des années à la Noël d'excellents marrons glacés. Ce qui n'est pas si anodin car j'en faisais profiter toute la famille.

Je lui dois surtout, nous lui devons, de grands moments de grandes rigolades. Et ça n'est pas rien.


Une tellement tout autre époque


    Ce n'est pas de la nostalgie mais chez moi une stupéfaction perpétuelle de mesurer à quel point les temps ont changé du moins les temps de nos pratiques matérielles. 
Je suis heureuse en cela d'être de ma génération : ayant connu l'avant, j'ai pu goûter un monde moins frénétique, où l'on pouvait prendre son temps (ce qui convient mieux à mes capacités physiques et à ma façon d'aborder la vie, je n'aime pas la hâte en dehors des moments où elle est le but du truc (par exemple lors de compétitions sportives de vitesse)), ayant connu la période de mutation, j'ai pu goûter à l'entre-soi généreux des pionniers (1), et je profite à fond des avantages actuels des moyens efficaces de connexion.

Alors ce billet de Marc Zaffran / Martin Winckler me parle totalement. 

J'y ajouterai ce qui paraît dingue vu d'aujourd'hui : que je me souviens d'un temps au mitan des années 80 du siècle précédent où dans une équipe de 5 à 6 informaticiens d'un service central d'une grande banque française on se partageait 3 ordinateurs, auxquels on accédait à tour de rôle pour y taper les programmes que l'on avait au préalable écrits à la mano sur nos blocs notes, puis les compiler, puis une fois toutes les erreurs de compils résolues, les lancer - généralement de nuit tant il fallait de temps pour que ça tourne -, puis récupérer les résultats, généralement sous forme de longs listings à bords troués, que sortaient de rares imprimantes à aiguilles. C'était du temps des modems (avant même ceux-là), quand les disquettes 5 pouces 1/2 étaient des summuns de modernité. À l'époque ça ne choquait personne que le temps de travail englobe celui de causer avec des collègues en attendant son tour à l'ordi. Il y avait un stress spécifique qui lui a disparu : celui de prendre 24h dans la vue lorsqu'un programme ne donnait pas le résultat escompté et qu'il fallait attendre la nuit suivante pour que modifications faites, il puisse tourner.

Dans la même soirée, via une publication d'Arte, je suis tombée sur une vidéo d'un tube de Tears for fears que je n'avais jamais vue, car durant l'essentiel des années 80 je n'avais pas la télé (ni temps à loisirs, ni argent à dépenser dans du non-indispensable) et m'a frappé combien c'était un tout autre monde, si peu automatisé, et où les appels téléphoniques se passaient dans des cabines.

Stupéfaction renouvelée qu'en si peu de temps ressenti, tant de temps soit passé, tant de choses aient changé.

  

 

(1) Oui à un moment de l'internet un message "ce contenu n'est pas accessible de votre région" eût été inconcevable à moins de vivre dans certaines dictatures.


Cahier du jour, couvre-feu 4 jour 59 - déconfinement 2 jour 16 - déconfinement 2 étape 1 jour 16 : un bel arc-en-ciel et une douce conversation

(martedi)

 
 
Partir au boulot avec le vélo jaune
Journée de boulot où j'ai passé pas mal de temps sur un cas précis et de ce fait ensuite quite tough (les tickets non appelés pendant la résolution de celui-ci, s'accumulaient)
Un déjeuner (Thaï Box) au 4ème en écoutant une de mes collègues me raconter, non sans humour, son non-divorce.
Partir à 18:15 pour 18:00 mais moyennant un trajet Ligne 4 + RER B + Ligne 14 être à la maison à 19:05
Recevoir un bel arc en ciel double envoyé par Le Fiston (photo prise de la terrasse de la coloc')
Première chose en rentrant : faire la séance Tabata de la veille
Faire les choses utiles (douche, dîner), regarder Tout le sport
Téléphoner longuement à ma sœur, nous devrions prendre le temps de le faire plus souvent. Hélas, en général nos journées de boulot nous laissent KO et les week-ends sont remplis de choses à faire et de récupération indispensable pour tenir la semaine d'après.
Enfin, les petites écritures quotidiennes, en regardant Rai Storia, vers minuit
 
Capture d’écran 2021-05-18 à 21.33.41
La montre s'est déclenchée tardivement après m'avoir fait peur en affichant un long moment un écran noir. En fait trajet de 11 à 12 km comme à l'ordinaire. Avec un embouteillage vers l'Élysée où des agents de police œuvraient à la circulation en tenue d'apparat (d'où l'embouteillage), et dont j'ai appris seulement tard le soir qu'il provenait selon toutes probabilité d'un sommet européens entre autres au sujet des vaccins (et des brevets éventuellement levés ?).

Capture d’écran 2021-05-18 à 21.33.41
TTL 233 - TLT 5
DD 171/00
Covid_19 ressenti : 462 jours 
 
updated: May 18, 2021, 22:46 GMT
164,861,843 cas dont 3,417,177 morts et 143,699,818 guéris
 
USA : +24,952 nouveaux cas ; 601,279 morts depuis le début ; +681 morts ce jour ; soit 1807 morts / 1 M d'habitants
France :+ 17 210 nouveaux cas ; 108,040 morts depuis le début ; +198 morts ce jour ; soit 1,652 morts / 1 M d'habitants 
Italie : + 4 452 nouveaux cas ; 124,497 morts depuis le début ; +201 morts ce jour ; soit 2,062 morts / 1 M d'habitants
Belgique : +972 nouveaux cas ; 24,723 morts depuis le début ; +14 morts ce jour ; soit 2,125 morts / 1 M d'habitants
Inde : +267,174 nouveaux cas ; 283,276 morts depuis le début ; +4,525 morts ce jour ; soit 204 morts / 1 M d'habitants 
Japan : +3,680 nouveaux cas ; 11,591 morts depuis le début ; +83 morts ce jour ; soit 92 morts / 1 M d'habitants

Les États Unis ont franchi la barre symbolique s'il en est des 600 000 décès. Même si compte tenu de leur immensité, ça ne fait que ("que" ? comment est-on devenu capable de raisonner en ces termes ?) 1807 morts / 1 M d'habitants, ça reste quelque chose de terrible (je cherche le mot juste, sans le trouver)
Au Japon, hostilité des habitants devant la perspective d'accueillir très bientôt les J.O. : trop de cas encore, et un faible pourcentage de la population seulement est pour l'instant vaccinée. Il faut dire que relativement épargnés jusqu'à présent, ils se conçoit qu'ils ne tiennent pas à accueillir le risque d'une maladie qui peut être mortelle.
 
 
 
 

40 ans, c'est sidérant.


    J'ai passé la journée à me dire, mais comment ça, quarante ans ?! 

À un moment j'ai même recompté sur mes doigts, tellement je n'y croyais pas, que ça fasse tant que ça.


Le 10 mai 81, je m'en souviens fort bien. À six mois près je ne votais pas, c'était enrageant. Je fais et faisais déjà partie du petit peuple de gauche, et ça a été un espoir fort cette élection, une liesse. Et au début on y avait cru : les 39 heures, la retraite à 60 ans. On ne demandait pas de rien foutre, mais on voulait tant que notre travail, et par là nos vies soient enfin respectées.
Mais très vite l'économie a repris le dessus et au bout du compte les années 80 furent encore plus des années fric pour les riches que celles qui avaient précédées.
Je me souviens que je passais le bac et que les bruits, même lointains - dans la cité pavillonnaire de grande banlieue les gens se réjouissaient paisiblement chez eux, ou car nombreux étaient ceux tenus par un solide syndrome du larbin et qui s'effaraient de la méchante gauche au pouvoir, se désolaient dans leur coin -, de fêtes m'inquiétaient un peu. Et s'ils m'empêchaient de dormir, juste avant les examens ?
Du fait du baccalauréat à passer, et qu'on n'allait pas à Paris si facilement que ça, je n'ai pu participer à aucun mouvement de célébration. Mais, même si j'étais plus circonspecte que bien des adultes, comme si c'était moi la détentrice de l'expérience qui rend méfiante, ça me laissait croire à un avenir plus ouvert, un respect du travail auquel un jour j'accéderai. 

Il y avait un truc indubitable : il n'y avait aucun doute que cet homme avait la stature pour la fonction, qu'il était un casting parfait pour cet emploi. Comme Jean Paul II pour faire pape ou Élizabeth II pour faire reine d'Angleterre ou plus tard Angela Merkel pour faire chancelière fédérale ou Kennedy ou Barack Obama pour président des États-Unis, c'est pas forcément qu'on soit d'accord avec leurs décisions, leurs prises de positions, leurs choix, mais n'empêche, le rôle leur va.
Je l'ai toujours vu en prince florentin, qui aurait pu lui-même écrire "Le prince" ou dans un autre registre, "L'art de la guerre", ai toujours été consciente d'un côté sombre, lequel convenait à la fonction (quelqu'un comme moi, au pouvoir même d'une petite association serait une catastrophe) ; mais je lui faisais confiance pour ne pas faire de mal au pays et ses successeurs me l'ont fait admirer. 

Quarante ans, ce moment où on a eu le fol espoir que même les petits métiers permettraient désormais aux gens de vivre décemment de leur gagne-pain. 

 

PS : Il y a dix ans (!?!) j'avais trouvé le temps de me replonger dans mes diarii d'antan et d'en retirer ce qui persistait : 

Dimanche 10 mai 1981, journée studieuse et électorale
Lundi 11 mai 1981, Mitterand président (sic)
10 mai 1981, les jours d'après