La maladie de l'encre

    Capture d’écran 2018-12-23 à 21.59.21C'est un touite de Matoo qui a attiré mon attention sur un autre, de Métaninja que je ne connaissais pas et voilà que j'apprends que la forêt de Montmorency, composée à 70 % de châtaigniers voit cette espèce atteinte par la maladie de l'encre qui est d'autant plus redoutable que des périodes pluvieuses ont précédé des périodes de sécheresse. Pas de traitement connu à ce jour alors c'est un excellent prétexte, sous couvert de tenter de borner les zones contaminées et de sécurité (ça se conçoit, les arbres fragilisés aux racines peuvent tomber) pour procéder aux abattages et exploiter le bois.

Le communiqué de presse de l'ONF peut être consulté en suivant le lien de cet article.

Je l'avoue je commençais à croire à un projet immobilier monstrueux - il y avait bien un projet de centre commercial géant Europacity, qui même s'il semble être abandonné peut renaître ailleurs pas loin - et à une surexploitation forestière éhontée. Je reste un brin dubitative quant à l'ampleur des abattages. 

Une forêt qui se meurt c'est toujours triste. Il se trouve que c'est ma forêt d'enfance et d'adolescence, que j'avais retrouvée avec bonheur en 2016 par le double biais d'un joli emploi à Montmorency et de la pratique de la course à pied. Comme pour Taverny, ça n'aura été des retrouvailles que pour une forme d'adieu. 

Grand merci à Matoo et Métaninja pour l'info. C'est toujours mieux même en très triste de connaître une explication. 

Les arbres, les abeilles et les papillons se meurent et pas seulement ici. Les soubresauts politiques si sombres et violents soient-ils ne sont peut-être que secondaire face à un péril d'avenir qui semble se préciser. Corneilles, on compte sur vous qui êtes capables de raisonnements combinés

 


dimanche (un)

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Les montres de sport c'est parfois décourageant : une amie te parle du parcours sportif du parc de Sceaux qui fait 7 km (en fait tu as dû mal comprendre et confondre avec le grand tour), vous en faites deux, tu te sens fatiguée comme vous avez fait deux tours tu te dis que c'est normal après 14 km, mais en fait ... c'était 10.
Tu t'es octroyée une pointe de vitesse, et en fait tu faisais du 7 mn/km (8,55 km/h sauf erreur) ce qui en fait est lent. Il n'en demeure pas moins qu'il est extrêmement réconfortant d'être capable de faire à plus de 50 ans ce qu'à 20 on peinait de réaliser, en estimant l'objectif in-atteignable (1).

En résumé : 

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Une fois rentrée tu repousses l'épuisement pour prendre avant tout une bonne douche - non sans appréhension face à l'hiver à venir : tu sais l'énergie qu'il te faut pour tenir le froid en respect même si ça va infiniment mieux qu'autrefois ; et octobre, généralement c'est ça : prendre conscience de ce qui t'attend jusqu'à mars au moins -. 

Tu as pris dans la matinée des nouvelles d'une ancienne amie, tu en appelles une autre en tout début de soirée pour préparer une rencontre qui aura lieu à la librairie jeudi. Un ami, par ailleurs, te donne l'impression de te fuir, seulement tu ignores pourquoi. L'impression de manquer d'une information capitale le concernant. Peut-être qu'il lui est arrivé quelque chose qu'il croit que je sais mais qu'en fait j'ignore et que du coup mes propositions joyeuses de soirées littéraires lui semblent odieuses. D'autres amis sur Twitter émettent des hypothèses dont certaines te font sourire (messe, amant-e ...), et ainsi ils atténuent la peine sourde de cette absence de plus.

Je sais que je suis moi-même absente à d'autres, parfois j'accumule des semaines de messages en retard. Mais généralement je trouve moyen d'envoyer à un moment un mot pour expliquer le trop pas le temps.

J'ai relevé les mails aussi, de la librairie. La semaine à venir sera très chargée et il ne convient pas de les laisser s'accumuler. 
C'est la première fois de ta vie qu'un travail m'est à la fois aussi fluide et avec des responsabilités qui font que je dois en dehors de mes heures veiller. J'aime beaucoup ça. 

(J'ai eu d'autres boulots bien aimés, notamment à Livre Sterling et Au Connétable mais j'étais dans les deux cas au service d'une personne et non la cheville ouvrière).

Tu as du pain sur la planche.
Ce n'est pas moi qui m'occupe du dîner et je savoure à sa juste valeur d'être allégée de cette tâche. Depuis plusieurs années le repas du dimanche soir est celui que prépare l'homme de la maison quand il n'a pas de concours de pétanque.

Je ne parle que de livres (ou de cinéma) (ou de triathlon) il ne parle que de ça. [hors conversation strictement utilitaires et hélas en cette année d'après les deuils, inévitablement nous en avons].

Demain il faudra se lever tôt : maison de ma mère, un rendez-vous d'entretien.

La vie est ainsi.

Je me demande comment on appelle le contraire de binge watching : je regarde seulement à présent le 12 ème épisode de la première saison de Thirteen reasons why. Série pour laquelle je me sens trop vieille, j'ai perpétuellement envie de leur dire, Mais vous en verrez d'autres mes pauvres chéris, qui est terriblement américaine - ce qui m'amuse ou m'agace -, truffée de grosses ficelles narratives, mais est bien filmée et montée (même si sans doute avec pas tant de moyens ?), les jeunes acteurs sont très bons mais pas toujours, mais équipés d'une telle envie de bien faire qu'ils en deviennent touchants, et dont le propos est louable - hé oui, les filles ne sont pas des objets -. Seulement j'ai très conscience de ne regarder que lorsque je veux me dé-saturer de lire ou plus précisément lorsque je dois remettre les compteurs émotionnels et imaginatifs à zéro entre deux lectures pro ou une personnelle et une pro.
Cette série me tient sur l'effet du deuil, et qui est très bien vue de ce point de vue là.

Je tente de me remémorer toutes les choses vécues depuis une quinzaine de jours (2), et m'aperçois que je mène une vie intéressante, intense et jolie. Pour autant que je parvienne par instants à faire abstraction de l'état du monde, mais c'est devenu nécessaire à force d'impuissance et de catastrophes enchaînées - telles la présence de Trump à un poste qu'on n'aurait jamais jamais dû lui confier -. Pour autant que j'oublie ce(ux) qui me manque(nt), morts ou vivants.
On dira(it) que j'attends les prochaines catastrophes assez sereinement. 

 

(1) Nous logions étudiants à la résidence universitaire d'Antony et les garçons allaient assez souvent courir au parc de Sceaux. Je bouclais un tour, grand max et très péniblement.

(2) En gros : depuis le dernier moment où j'ai fait le point mentalement. 

PS : Je vois passer chez Reflets et vers une image qu'on dirait moi (en plus jeune et plus fine, j'en conviens)  22222045_1402189166562632_3880081465751680389_n

 


Fouettés sans crème et bariatrie


    

Une façon comme une autre de tenter de refaire surface après que l'ultra violence a à nouveau fait irruption dans le quotidien, et à condition de n'avoir pas été touchés de façon trop intime est de se replonger dans des activités qui nous font du bien, qui donnent un sens aux petites journées de rien - car on peut difficilement traverser chaque journée au rythme aigu des romans noirs ou des temps de guerre : il faut garder le cap coûte que coûte afin de pouvoir assurer son pain quotidien -. 

Ce qui me convient, mais ça dépend de chacun, rien d'universel, c'est d'apprendre des trucs inutiles. J'entends par là de tout et de rien, et qui ne soit lié à aucune obligation immédiate, juste pour le plaisir de savoir un peu plus de choses qu'un peu moins.

L'internet fait de l'exercice un bonheur difficilement limitable : autrefois il fallait se palucher des dictionnaires, feuilleter des magazines, des journaux, et le résultat de cette pêche au savoir facultatif était fort incertain. Aujourd'hui il suffit de voler de lien en lien comme Jane sur ses lianes, voire Tarzan mais c'est moins élégant.

Je me suis donc, en rentrant du petit entraînement mémère du dimanche matin, penché sur le sens d'un mystérieux "Bariatrie" qui ornait un véhicule de transport médical (Ambulances Machins : spécialisées pédriatrie / bariatrie). Il s'agit donc d'une branche de la médecine qui s'intéresse aux personnes obèses (source wikipédia). J'avoue que j'en étais à imaginer des transports spécifiques pour qui a des problèmes respiratoires aggravés, des intoxications au monoxyde de carbone ou des accidents de plongés, bref je songeais caissons hyperbares. Alors que l'entreprise d'ambulances voulait simplement signifier sa capacité à transporter des gens de très petits à très gros.

Je crois que c'est ensuite un touite qui m'a portée jusqu'à cette merveilleuse video de TED qui explique la physique des fouettés en danse et même si je reste aussi nulle en tours (1), coincée depuis vingt-cinq ans au stade de la pirouette practice, et de là j'ai appris que Louis XIV était réputé pour ses qualités de danseur de ballet, que l'appellation "Roi Soleil" en venait.

Puis j'ai joué à distinguer les faux binious des vrai, ce qui était beaucoup plus amusant que d'écouter celui qui veut danser (nu) avec les loups

Au bord de revoir un vieux film (26 ans ?!?!), ça allait un peu mieux, j'ai pu me remettre au boulot. 

 

(1) C'est le geste par excellence qui est à l'intersection de mes difficultés de coordination et de ma perception particulière de la verticalité. 


Photos retrouvées (Il nous restera ça)

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Je cherchais à récupérer une information de date sur une prise de notes faite sur mon téléphone malin et suis tombée sur la "galerie" photos qui n'est pas l'interface que j'utilise habituellement pour récupérer mes images. 

Je me suis alors rendue compte que l'appareil avait accès via une appli de messagerie qui y était encore reliée - mais après un changement de nom général - à tout un lot de photos prises pour la plupart en 2008. 

Elles étaient totalement sorties de ma mémoire sauf pour certaines qui concernaient Bruxelles - et qui sont soigneusement archivées par ailleurs -. Il est clair que certaines étaient là en vue d'un partage, d'un envoi.

Je me souviens parfaitement des photos prises à la demande de Camille Renversade lors de sa rencontre au Festival Étonnants Voyageurs le 1er juin 2009 avec Michael Palin (1).  P6010058

 

 

 

 

 

 

 

 

Ou de celles prises pour l'ami Eduardo, par exemple celle-ci alors qu'il recevait Gilles Jacob dans les sous-sol de la Fnac Montparnasse, à présent dévolus au prêt-à-porter. C'était le 21 mars 2009.

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Je me souviens de cette soirée de réveillon, à l'orée de l'année 2009 qui fut pour moi si bouleversante, où nous avions bu du champagne extra-ordinaire. 

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Je me souviens du tram 33 et de ce soir bruxellois où le voyant passer sur le quai où j'en attendais un autre, je n'ai pas pu m'empêcher d'y monter sans même savoir où il allait.

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C'est ce qui s'appelle de l'emprise culturelle

 

 

 

 

 

 

 

Je me souviens bien sûr de la soirée du 28 août 2008 au centre culturel d'Uccle

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Et si je n'avais pas oublié que Claudie Gallay était venue à l'Attrape-Cœurs je ne savais plus que c'était le 11 septembre 2008.  CIMG9706

 Je me souvenais qu'elle avait le même tee-shirt à manche longue que j'avais failli mettre, le même exactement (couleur, taille, marque) (mais I. V. au dernier moment m'en avait dissuadée). 

Nous avions beaucoup ri, il en reste une photo floue, étrangement cadrée.

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Et d'ailleurs c'est l'un des mystères de ces images retrouvées pour la plupart huit ans après, c'est qu'elles ne sont en rien triées, ce qui n'est pas cohérent avec ma première hypothèse qu'elles aient été là pour partage. Figurent parmi elles des silhouettes de type street-view-ghosts, dont je connais la cause (j'évite le plus possible d'utiliser un flash sauf pour certains effets et donc les mouvements pris en lumière basse donnent parfois ces résultats).

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L'autre mystère étant quelques bribes qui sont des copies d'écran, dont celle-ci qui date du 22/09/2013 - quand les photos datent d'entre 2008 et 2011 - et correspond à une demande de mouchardage de la part de FB (à laquelle je n'avais bien sûr pas répondu).

Capture d’écran 2016-02-28 à 21.36.25 Ce qui était drôle était qu'une de mes amies se trouvait alors en déplacement professionnel à Mexico et que la machine me demandait si elle y habitait.

À l'opposé du spectre figurent quelques photos, dont celle qui ouvre ce billet et qui me paraissent trop bien pour avoir été prises par mes soins, sauf que je reconnais l'attribution de titres automatique de mes appareils successifs. Il serait peut-être temps qu'enfin j'apprenne à faire quelque chose de celles qui sont venues bien. En attendant je suis heureuse de les (re)trouver.

P8290067 Bastille again and again_260908_P9260039 Le rêve et le reste_Bastille_260908_P9260046

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La statue venait de poser un bouquet (mais restait chagrinée)_191008PA190030

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bien sûr certaines sont drôles, d'où que je crois bien les avoir prises (elles ne font peut-être sourire que moi)

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J'ai également retrouvé une expérimentation du 19 juin 2011 qui me fait chaud au cœur (peu importe le résultat)

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Me revient alors que la photo avec le chien et les personnes attablées en terrasse avait été prise au Palais Royal et que je voulais faire un clin d'œil à Milky (2) qui s'était lancée dans une série New-Yorkaise : les gens avec leurs chiens.

Voilà donc un ricochet étrange de cette époque où nos appareils servent à notre espionnage et peuvent conserver certaines traces à notre insu : le retour de mémoires personnelles imprévues. Comme de regarder les albums photos de quelqu'un qui nous fut cher et qu'on avait un peu perdu de vue. 

L'expérience dans mon cas aura été plutôt plaisante. J'y apprends qu'après les traumatismes personnels (2006) ou collectifs (11/09/2001) une forme d'insouciance peut renaître et à nouveau des sentiments chaleureux. Je me demande ce qu'il en sera pour l'après 2015 (3). Je trouve aux images des années précédentes une légèreté qui me semble désormais inaccessible. Mais elles font du bien à revoir. 

Comme le slamme Grand Corps Malade, il nous restera ça.

 Il est amusant de constater qu'à l'orée d'une nouvelle étape de ma vie, qui se présente plutôt bien et dont la perspective en tout cas me stimule, des éléments extérieurs (la fin annoncée du fotolog, des fichiers en mémoire de mon téléphone retrouvés sans les avoir cherchés) me poussent à faire le point avant de clore le chapitre précédent, ses bonheurs et ses douleurs. Une expression extérieure d'un besoin d'archiver soigneusement pour passer à la suite sans entraves tout en emportant les précieux acquis de celles qui furent mes plus intenses années. Elles m'auront au moins permises d'apprendre un métier que je m'apprête à nouveau à exercer. Je le ressens comme un privilège.

Oui, il nous restera ça.

 

PS : Le bizarre album des retrouvailles est .

PS' : Accessoirement, en tentant de rechercher si j'avais déjà posté cette photo en la documentant un tantinet et alors que j'avais oublié d'ajouter le filtre "your own photostream" (qui en fait n'existe plus), je me suis aperçue que sur flickr on pouvait voir toutes les photos laissées publiques prises par des personnes ayant le même appareil (ou un appareil qui inscrit les photos en mémoire de la même façon) le même jour (mais pas forcément la même année) dont c'était le même numéro d'ordre dans les photos de la journée et qui n'ont pas modifié le titre. Ça me donne des idées (d'écriture). 

 

(1) Rien à voir avec Sarah et tout avec les Monty Python (je mets le lien pour l'intéressant article wikipédia en V.O.)
(2) Je choisis ce lien vers un billet précis car il m'émeut particulièrement. Je suis sous l'emprise de plusieurs mécanismes de ce genre, en particulier après les violences de 2015, et ça atteint l'écriture et aussi les vœux (mais les plus proches d'entre vous avez sans doute remarqué). Et d'ailleurs grâce à Milky il me vient une idée.
(3) Sachant qu'on risque d'encaisser de nouvelles horreurs, qu'on n'en a pas terminé. Mais ce n'est surtout pas une raison pour baisser les bras, ni renoncer par avance à quoi que ce soit.

 

 


Fascinant

Par ricochet d'un touite, je suis arrivée sur ce témoignage datant d'il y a un an, puis cette étrange video dont on ne sait pas trop si elle est à charge ou promotionnelle :

 

 

Enter Pyongyang from JT Singh on Vimeo.

Je ne peux oublier que la Corée du Nord est l'une des pires dictatures actuelles (1) avec les zones où sévit l'État Islamique (2), ce qui m'empêche d'admirer (ou plutôt : d'admirer autre chose que le travail technique).

En revanche je me rends compte qu'une ville avec peu de voitures, sans publicités, et où les femmes sont vêtues - hors cérémonies (on en entrevoit une) ou rôles particuliers - de vêtements confortables ni destinés à les cacher ni à se dénuder ou sembler n'être là que pour séduire, c'est quand même à voir très reposant. Les transports en communs semblent nombreux et la circulation en bicyclette facile.

Un monde sans harcèlement publicitaire ou sommations sexuelles (trop montrer ou trop cacher) avec peu de voitures individuelles pour faire du bruit et polluer ne serait-il pas concevable avec en même temps ce qu'il faut de liberté ?

 

(1) Tiens, par exemple (parmi beaucoup d'autres)

(2) En fait je m'aperçois que je ne sais pas comment l'on peut désigner les régions en guerre ou déjà dominées.


Never say never (Bernard Pivot, bon dimanche, François Mitterrand)


    Si l'on m'avait dit qu'un jour, je pourrais me dire face à un early sunday evening five o'clock blues, J'ai passé un bon dimanche grâce à François Mitterrand, et bien ri, je n'en aurais rien cru.
Si l'on m'avait en plus dit que ça serait grâce à Romain (Slocombe) dont j'apprécie tant les livres (pour certaine gamme de ses photos disons que je ne fais pas partie du ... cœur de cible), je serais restée incrédule : du temps de l'émission en question je vivais dans un monde où l'on pouvait ignorer que le métier de réalisateur de cinéma existait et où les écrivains étaient des martiens dont après de longs voyages certaines œuvres parvenaient jusqu'à nous. Du temps de l'émission en question, si du haut des mes quinze ans je remarquais qu'il y manquait les femmes, je me disais simplement qu'elles avaient eu mieux à faire qu'à passer à la télé, qu'elles n'avaient pas envie de jouer à ce genre de football - ça ne me venait pas à l'idée de songer que c'est peut-être qu'à part Duras leur présence n'avait pas été envisagée -. J'étais seulement capable de penser que l'imposant politicien ressemblait terriblement à mon père, surtout lorsqu'il évoquait ses années en pension et que l'homme bafouillant avait un charme fou.

En attendant, du fin fond d'un dimanche de novembre, solitaire, un peu triste, de la deuxième décennie du siècle suivant, je me suis régalée de les écoutant (1) et que j'ai bien ri. Il ne faut décidément jamais dire jamais.

 

(1) C'est sans doute une ré-écoute, je me rappelais trop bien certains propos ; or à 15 ans encore on m'obligeait à me coucher tôt. J'ai donc dû voir une rediffusion il y a quelques années.


Longtemps je n'ai pas eu la télé

(mais je ne me couchais pas spécialement de bonne heure : je lisais).

 

Entre 1981 et 1988 avec l'apparition du câble dont notre ville était pilote, je n'avais pas la télévision, déjà elle me semblait superflue alors que l'internet grand public n'existait pas. Le câble m'a permis de regarder des chaînes étrangères, des séries américaines de qualité, "Arrêt sur images", "les Guignols" et des émissions du vendredi soir tard sur la mer et la planète (la vie des gens sur).

Quand je suis tombée dans l'écriture, je n'ai plus eu le temps, il me restait quelques séries (dont NYPD Blue et 6FU, la dernière que j'ai suivie), et puis en 2005 à partir du Comité de soutien qui ne me laissait avec le job à l'"Usine" plus aucun temps disponible, plus rien.

Je n'ai jamais repris. L'apparition de la télé-réalité a achevé de me détacher de son support. Parfois je regarde sur l'internet une émission qui concerne des ami(e)s. Difficilement en DVD un film. Un peu le sport mais plutôt sur sites, via l'ordi et sans les commentaires franchouillards insupportables (et assez peu techniques, pour le foot c'est flagrant d'avec les commentaires italiens ou anglo-saxons).

Ce qui fait que je ne connais pas certaines choses que la plupart des gens connaissent. C'est d'ailleurs avec l'absence de permis de conduire (ou de son usage) quelque chose d'assez parisien - la plupart des personnes que je fréquente n'on pas la télé ou ne la regardent pas : l'offre culturelle est si forte et les journées de travail si longues pour ceux qui ont des postes d'encadrement -.

Là où c'est plus amusant c'est que correspondant à mes premières années sans, j'ai des zones inconnues, un peu comme si j'avais vécu tout ce temps dans un pays lointain.

À la grâce de l'internet je redécouvre ainsi soudain des video-clips de chansons que je connaissais bien, sans en avoir jamais vu les images ou si fugitivement qu'oubliées. Par exemple celui-ci 

 

 

qui a vraiment beaucoup vieilli (ç'en est presque attendrissant). Ces clips des années 80 sont intéressants comme témoignage d'un temps sans l'internet ni téléphone portables. On mesure à quel point ces objets ont changé nos vies (avec la photo numérique pour ceux qui s'adonnaient à la photographie).

Au fond mon boulot aura toujours été de capter l'air non-télévisuel du temps.


Suette alors

 

 

Je connaissais les brèves de Félix Fénéon via le compte twitter qui en émet régulièrement, on dirait qu'elle furent conçues pour. Mais lorsqu'à l'occasion d'une soirée chez Charybde j'ai découvert qu'il en existait une fort belle version en papier, aux Éditions Cent Pages, de celles qui sont admirables et du contenu et comme objet, je n'ai pas su résister. 

Depuis, j'ouvre le volume lorsque je suis chez moi, que j'ai un instant ou l'envie urgente de sourire - mais pour ça, comme ça ne rigole pas trop par ailleurs, il me faut une raison -. Il n'est pas exclu que j'en partage quelques-unes, par ici parfois. Telle cette : 

"Le Dunkerquois Scheid a tiré trois fois sur sa femme.
Comme il la manquait toujours, il visa sa belle-mère ;
le coup porta."

Il se trouve au passage que certaines nouvelles sont en plus instructives. Je dois donc à l'une d'entre elles le délice, de plus en plus rare à mesure que j'avance en âge, d'un mot nouveau : 

"La suette militaire qui sévit à Rouillac (Charente)
s'aggrave et tend à se propager.
Des mesures prophylactiques sont prises."

J'apprends donc que la suette est est "une ancienne maladie infectieuse épidémique caractérisée par une fièvre importante, une transpiration profuse et une mortalité élevée" (source Wikipédia). Ce dimanche de temps chagriné et qui aura été plutôt mou dans l'ensemble, malgré un gag de lecture qui m'a fort amusée (billet probable après le 9 juin) m'aura donc laissée mieux instruite à son départ qu'à son arrivée.

Merci Félix (et ses valeureux intermédiaires)

 


Triste salon mais heureusement

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J'ai d'abord cru que c'était moi: moi qui suis heureuse mais fatiguée par la reprise du rythme de travail salarié (1), et qui parviens d'autant moins à sortir du chagrin qui depuis l'été dernier m'enserre, que dans le monde des livres trop d'éléments m'y ramènent ; ainsi voulant passer saluer une amie au stand de son éditeur je tombe sur les portraits de ceux qui y sont publiés dont celui de la dulcinée du bien-aimé qui pour elle m'a brutalement jetée.
Passer devant la maison d'édition pour laquelle il bosse, même si ceux qui tiennent le stand sont adorables et que je connais bien un peu l'une des femmes qui pour eux travaillent, me rappelle à ma peine (du coup je n'ai pas même eu la force d'aller la saluer, alors qu'elle n'est pour rien dans l'affaire), passer au stand de qui l'éditait était aussi à éviter : j'y aurais sans doute retrouvé les romans pour lesquels j'ai soutenu celui qui défaillait, tout ça pour que ça aille mieux au point d'aller séduire la belle fausse blonde flatteuse.

Cette année pour moi le salon était miné.

Et je n'ai pu que constater que ces derniers mois, alors qu'il me semblait durant l'automne avoir enfin avancé, je n'ai fait aucun progrès quant à tourner la page d'une relation qui pour moi aura tant compté.

Alors j'ai cru que c'était moi, simplement moi, qui n'allait pas.

J'ai cru aussi que c'était à cause du dimanche.

Il me semble que ça fait un moment que je fréquentais les lieux plutôt le vendredi (tout le monde encore frais) et le lundi (pour des présentations professionnelles, généralement fort intéressantes pour qui comme moi n'est pas blasé d'en avoir trop organisées ou écoutées). Il n'y avait aujourd'hui qu'une seule dédicace à laquelle j'aurais souhaité spécifiquement allée car j'avais un cadeau à faire, envie d'offrir ce livre précis, et relativement peu de chance de croiser rapidement l'auteure par ailleurs : celle de Florence Seyvos pour "Un garçon incassable". Mais elle fut annulée (rien de grave j'espère).

Et le dimanche après-midi, c'est un peu le festival des signatures "pipoles" : ces gens qui drainent une foule qui soudain fait croire que la lecture est encore appréciée, avant qu'on ne constate qu'il s'agit d'un politicien, d'un(e) acteur/trice, d'une star du sport ou de la télé, de l'ex-femme d'un ex-président de la République. Jusqu'à des personnes dont je n'avais jamais entendu parler dont une américaine pour jeunes femmes ou filles (2) et une journaliste médium. On en est soudain reconnaissant à Catherine Pancol d'attirer son monde : qu'on apprécie sa production ou pas, ce sont des histoires racontées et elle est connue à cause d'elles.

Heureusement restaient quelques personnes que j'aime bien et qui attiraient trop de monde pour que j'ose passer les saluer, ce qui me rappelait au passage que Serge, un des absents, m'avait un jour traitée de Bonne Mascotte. Le destin d'une bonne mascotte qui réussit est de se retrouver seule au bout du compte, pas besoin de médium pour prédire l'issue des relations de camaraderie une fois le succès établi. C'est une simple question de temps disponible rétréci.

Des absents nombreux : les petits éditeurs souvent venus d'un peu loin ne sont plus que peu. Les stands régionaux offrent encore un semblant d'illusion d'une diversité qui si elle persiste peine à exister mais également à prendre place dans un lieu dont les grandes parties vides  P3230190

 laissent à penser que le ticket d'entrée est chaque année vraiment plus élevé.

Je n'ai pas vus mes amis de Borborygmes. Seulement quelques-uns de leurs petits livres sur une parcelle d'un stand collectif. Ça n'est pas sans m'inquiéter.

J'ai voulu aller parler avec le monsieur de Monsieur Toussaint Louverture mais des amis à lui (ou son épouse ?) sont passés le voir juste à ce même moment, et j'étais en lutte contre une bouffée de chagrin, alors nous n'avons échangé que quelques mots. J'espère que ce n'est que partie remise : c'est une maison qui représente un peu d'espoir : la qualité des textes, le courage des livres exigeants, le travail sur les objets - qui est le seul avenir du livre en papier (à part les poches qui se vendront toujours parce qu'on utilise toujours des allumettes malgré l'invention du briquet), que ce qu'on tient entre les mains ait une apparence, une texture, un quelque chose de l'ordre de la sensualité que l'écran n'aboliera jamais. Je dois beaucoup à la lecture d'"Enig Marcheur" et j'aimerais un jour remercier.

Et puis il y a ceux qui sont présents mais désormais séparés. Et comme j'apprécie les deux hommes et que j'aimais le travail qu'ensemble ils accomplissaient, quelles que soient les raisons de ce divorce professionnel, il me laisse désemparée.

Je ne supporte plus les ruptures.  

Dans les allées de bordures, là où il était fréquent de découvrir des petits nouveaux, je n'ai croisé que des entreprises qui frôlent l'auto-édition ou le compte d'auteur et rien n'a attiré mon attention (3). Du rêve auto-financé. 

Ici et là on m'a dit qu'il y avait nettement moins de monde que les années qui précédaient. Dans la plupart des stands on sentait comme une tension. La crainte tangible pour ceux qui travaillaient de ne pas rentrer du tout dans leurs frais.

J'ai croisé également davantage de personnes excessivement raisonnables, et qui (moi la première) notaient quelques titres plutôt que de se laisser tenter à les acheter pour les faire ensuite découvrir au travail, qui dans une médiathèque, qui dans une librairie. J'ai vu une jeune bibliothécaire à deux doigts de se laisser tenter par une dédicace personnelle de Françoise Héritier, puis renoncer et qu'elle prendrait le livre pour son établissement - mais j'ai bien vu qu'elle en était navrée, de ne pouvoir s'accorder un extrat -. Les gens en repartant avaient tous au moins un sac. Mais il était assez souvent assez plat. Où sont passés les lecteurs fous d'antan qui repartaient, j'en fus, chargés comme des mulets un jour de foire aller. Je croyais que le dur de La Kriz était l'an passé mais on serre tous encore nos budgets.

L'impossibilité d'une rencontre

P3230195Cet homme mince et séduisant qui signait ses livres, sur les régimes pour maigrir. Je l'ai légèrement taquiné - il était lui-même une parfaite réclame pour ce qu'il proposait -, il avait du répondant. C'est moi qui étais vide, plus rien à offrir qu'un début de boutade et éviter d'encombrer davantage. Pas l'envie de m'entendre à nouveau dire un jour, ou écrire "Tu n'es pas attirante pour moi". Quelque chose d'immensément décourageant de ce côté-là. Les plus beaux mots d'amour on me les a déjà envoyés. Pour me dire ça une fois leur effet fait. Alors que faire après ? Que croire des regards quand les plus beaux mentaient ? 

 

Heureusement, les amis.

À commencer par Eduardo qui a animé une très réconfortante rencontre entre Françoise Héritier et Alain Rey. Ils parlaient de l'amour des mots. Je me sentais moins seule, moins désaxée. J'eusse aimé les écouter des heures, ils tenaient mon chagrin en respect. Quand les hommes peuvent se défiler, les mots, eux, s'ils séduisent, savent se laisser aimer. P3230204

Puis ceux qui tenaient des stands. Je me suis aperçue que je n'avais pas assez dit avoir retrouvé du boulot. Or tous semblent pour moi sincèrement heureux. Alors pourquoi me retenir d'annoncer cette nouvelle qui n'est mauvaise pour personne ?

Entre ne pas savoir me vanter - j'ai bien compris que cette société requérait qu'on le fasse, mais je ne sais pas m'y prendre - et ne pas oser y croire tout à fait (trop de coups précédents encaissés, trop de confiance meurtrie, trop l'habitude d'une certaine poisse affectivo-professionnelle sans que je sache ce que je pourrais bien me reprocher à part de n'être pas une de ces belles femmes qui font les hommes rêver). Alors j'ai tenté de penser à prévenir (4).

Enfin, si j'ai perdu Eduardo en chemin - dommage nous aurions pu de conserve entreprendre celui du retour puisque nous sommes presque voisins -, j'ai retrouvé une amie dont j'ignorais qu'elle y serait aussi et ce fut un plaisir de se parler un peu (à la fois trop (il n'y avait pas assez de monde qui la sollicitait) et trop peu (il y avait un peu de monde quand même)) et de se confirmer un rendez-vous très prochain.

Je suis ensuite repartie sans tarder. L'envie de rester sur du bon. Profiter de l'élan du sourire amical.

En rentrant et alors que l'homme de la maison (5) s'activait pour le dîner, un billet d'Aux bords des mondes, m'a prise au dépourvu et offert un ancrage. Il ne pouvait mieux tomber. J'étais rentrée un brin désespérée sur l'avenir d'écrire - en général, pas le mien en particulier - et voilà que d'être ainsi lue et très exactement pour les raisons profondes qui jours après jours me motivent malgré sommeil, peines et fatigue, me redonnaient courage. S'il y a une seule personne que ma perception - transmission brute des choses peut mener vers des pensées plus élaborées ou amuser, ça vaut la peine de lutter, repousser le premier chaque soir de quelques minutes, tenir les deuxièmes en respect, et faire comme si la troisième n'était pas là. Certains jours je n'y parviens pas. Je suis limitée dans mes capacités. Mais je ne dois pas renoncer à transmettre vers d'autres qui eux, pourront.

Il faudrait quand même que je (re)prenne l'habitude de relire mes billets. Et de conserver ceux qui sont trop introspectifs au secret.

 

 

 [photo : à 15:25 au salon même]

(1) En fait je crois que je traîne toujours une fatigue résiduelle supplémentaire de cette semaine de fin janvier début février où j'ai été si violemment enrhumée puis tousseuse, quelque chose d'un équilibre n'est pas d'équerre depuis.

(2) Sur le moment j'ai cru à un accès d'incompétence de ma part (par profession je suis censée être avertie des phénomènes éditoriaux, que je les goûte, conseille ou non), mais toutes les personnes auxquelles j'ai posé la question ignoraient qui elle était (soulagement).

(3) Il m'est arrivé parfois d'entrevoir par là quelques apprentis prometteurs, mais là, non.

(4) Et du coup j'ai peut-être gavé tout le monde. Comment savoir ?

(5) Je tiens à préciser ou plutôt me sens désormais tenue de préciser que je n'utilise pas cette expression dans le sens que lui donne Édouard Louis. Pour moi il s'agit simplement de dire celui qui partage encore la vie quotidienne, les choses de tous les jours, de la maison et qui aide en partie pour partie des corvées. Entre autre, le dimanche soir il prépare le (bon) dîner. 


Résumé de la journée

P1198804Courir Dormir Manifester (1) Dormir Dîner Lire (trop peu) Dormir.

J'aimerais dormir moins (2). 

Tenter de me consoler en se disant qu'à tout le moins, je n'ai pas rien fait, que j'ai eu le plaisir de revoir de mes amis, et que probablement si je retrouve un emploi et pas seulement ça, je dormirai peut-être moins, que le corps récupère parce qu'il sait qu'il peut et non l'inverse - une incapacité qui serait devenue permanente, un épuisement définitif et réellement invalidant -. Je ne peux même pas incriminer l'hiver, il est pour l'instant d'une clémence de soignant.

 

(1) pour défendre le droit à l'avortement, que les choses soient claires. 

(2) et faire l'amour plus mais ça, j'ai cru comprendre que c'était trop demander.

J'ai décidément depuis l'an passé une curieuse propension à défendre ce qui ne peut pas ou plus me concerner. 

[photo : minute de silence en hommage aux femmes mortes d'avoir dû se débrouiller avec les moyens du bord quand l'avortement n'était pas autorisé]