La persistance rétinienne des souvenirs de cinéma


Stahm-house-pierre-koenig-1En cherchant à me documenter sur un livre qui n'avait rien à voir, je suis tombée sur cette photo non sourcée et qui m'a intriguée. 

Quelques touites plus tard (merci @bladsurb et @GuillaumeTC) j'ai su qu'il s'agissait d'une image de Julius Schulman qui en a pris d'autres toutes assez impressionnantes. 

J'ai aussi pigé grâce @bladsurb d'où me venait que parmi d'autres l'image m'avait frappée : j'ai cru pour avoir vu (et revu) "La mort aux trousses" que je connaissais l'endroit. Même si la maison n'est pas celle-là, la réminiscence a fonctionné. Comme s'il s'agissait d'un souvenir personnel. 

Ce qui me laisse troublée.

(C'était ma rubrique : des effets secondaires de la cinéphilie)

PS : Si j'étais libre de mon temps, il me semble que je pourrais à partir de la conversation entre les deux femmes démarrer un roman.

Quelqu'un de sujet au vertige se retrouverait sans l'avoir choisi dans cette demeure et ça le rendrait fou. Tandis que les autres seraient simplement ravis de la vue et de se sentir une belle bande de privilégiés. Comme dans les meilleurs livres fondateurs religieux, tout ça finirait bien sûr par quelque catastrophe naturelle qui mettrait à mal l'humaine présomption. Mais il resterait un souvenir merveilleux pour qui avait participé à la construction du bâtiment spectaculaire.

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Le quatre-quatre

 

    Tout s'était passé à ce point comme dans un rêve, ou mieux ou pire, c'était comme de rejoindre un rêve que j'avais déjà fait, que lorsque la personne qui me recevait a proposé malgré son emploi du temps chargé de me raccompagner en voiture à la gare "pratique" (1) et que sur le parking là où l'on se dirigeait, j'ai vu un massif quatre-quatre, ça m'a presque soulagée : s'il y avait un bémol, une ombre de truc décevant, c'est qu'on était bel et bien en vrai.

Et puis elle est allée un peu plus loin en fait, vers un monospace familial d'un bleu métallique à me donner des nostalgies, sans doute le véhicule que j'aurais choisi si j'avais eu trois enfants et non deux, l'usage quotidien d'une voiture, et aussi les moyens [financiers].

Intérieurement, j'ai souri.

[Cette journée fut un rêve jusqu'au bout, y compris de voir que l'homme de la maison s'était à se point intéressé à mon expédition soudaine (j'avais à peine pris le temps de le prévenir par texto que je filais), qu'il avait regardé sur google street view - et cru à un autre nom car google street view date de 2011 dans le quartier -, mais ça m'a fait chaud au cœur que ça lui plaise ainsi]

 

(1) Il y a aussi une gare proche mais avec en journée un temps d'attente potentiel long.


Le déprestige de l'uniforme

 

KM en uniforme

Alors je ne sais pas ce qui vous arrive les gars, mais il y a eu déjà Nicolas qui déboule comme gendarme dans Vincent n'a pas d'écailles ; le bougre avait bien signalé qu'il y tenait un petit rôle, mais le voir en force de l'ordre, plein écran d'un seul coup, m'a fait un choc.

Puis c'est Jean-Yves qui agrémente un message pour l'encyclopédie des guerres d'une photo de lui en lieutenant-colonel incomplet (il manquait les ornements il paraît) et heureusement que cette photo a été l'occasion d'une sympathique découverte de nos passés respectifs sinon elle me serait restée comme un élément sinistre. Alors qu'il l'envoyait pour faire sourire.

Ce n'est pas qu'ils le portent mal, l'uniforme, c'est que les voir dans un habit censé faire passer la fonction avant l'homme me met terriblement mal à l'aise. Autant je trouve souvent seyant les vêtements de travail lorsqu'ils sont d'un équipement nécessaire - par exemple pour les sportifs leur tenue et que tous ceux d'une même équipe aient le même maillot - autant les habits liés à des usages armés me mettent à distance. 

C'est peut-être d'avoir grandi en banlieue. 

En tout cas il y a chez moi un déprestige de l'uniforme qui fait qu'ainsi vêtus je trouve les gens moins beaux. 

J'aimerais autant que cette mode s'arrête-là. Faites du cinéma les amis, ne vous en privez pas, mais tenez plutôt d'autres rôles que ceux-là.

(et voilà que même mon acteur contemporain préféré s'y met ... #plog)

[photo pêchée sur l'internet pour une fois]


Des Jambes Interminables on ne se méfie jamais assez


""Pour la énième fois depuis qu'elle était montée à bord, Gina croisa ses jambes, des jambes galbées et qui semblaient interminables. Le crissement soyeux des bas nylon mit John au supplice.""

avec quelques lignes plus tard le, de fait inévitable, "turgescent" (le taux de corrélation entre interminabilité des jambes et turgescence du membre étant, sauf chez certain auteur belge, proche de 1) : 

"" Gina glissa une main experte dans le pantalon de John à la recherche du sexe turgescent.""

"Le lecteur du 6h27" de Jean-Paul Didierlaurent (Au Diable Vauvert p 109) 

 

On pourra au lire de ces extraits se dire que dans le genre, c'est terrifiant et qu'il s'agit d'un mauvais roman

MAIS ATTENTION :

le passage cité est extrait d'une lecture à voix haute qu'effectue l'un des personnages à partir des feuilles sauvées hasardeusement du pilon. La scène est drôle : il se trouve à lire devant un parterre de personnes âgées, mais comme la façon de faire consiste à prendre dans le désordre et sans tri les extraits sauvés, voilà qu'il tombe sur celui-ci, qui enchaîne à tire larigot tous les clichés de scènes sexuelles vulgaires et sans sensualité ; et songe à en interrompre la lecture (en plus à ce moment-là faite par une tierce personne fort respectable) avant de constater à quel point l'audience est subjuguée.

Il s'agit donc de citation d'une citation. L'auteur s'en est visiblement donné à cœur joie pour en rajouter et je ne serais pas loin de le soupçonner d'avoir travaillé un jour comme relecteur pour un éditeur, on pressent qu'il sait.

Ce sont donc des Jambes Interminables, mais au second degré. On ne se méfie jamais assez.

 

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La fin toute simple d'une amnésie (il suffisait d'aller au supermarché en fait)

 

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La mémoire, généralement, ne me fait pas défaut. Je suis même pour les choses stupides et inutiles à la limite de l'hypermnésie : le nombre de chansonnettes des années 60, 70 et 80 dont je connais encore les paroles par cœur sans jamais les avoir apprises ni même appréciées, mais simplement parce que ça restait scotché me fait honte.

Pour autant je ne suis pas très physionomiste (j'ai le don d'accrocher ma mémoire à des éléments impermanents : typiquement me souvenir d'une personne en tant que femme enceinte (ce qu'elle ne sera plus si tu la croises un an après), ou des lunettes d'une autre, ou d'une couleur de cheveux ...). 

Et par ailleurs ma vie qui depuis environ 10 ans a essuyé quelques grands vents voire même deux ou trois ouragans (affectifs) et un changement professionnel formidablement brutal, a effacé de mon cerveau certaines données. J'ai ainsi perdu la mémoire de ce sur quoi je travaillais en entreprise les trois dernières années, je me souviens seulement que ça n'avait pas vraiment de sens, c'était la structure hiérarchique qui autogénérait des trucs à faire, perpétuellement urgents, mais c'était du boulot de Shadok, inutile au monde et sans enjeu technique (1). 

J'oublie aussi assez facilement le mal qu'on me fait, sauf si c'est particulièrement pervers (auquel cas je m'en souviens pour tenter de ne pas retomber ultérieurement dans de semblables filets) ou que ça porte tort aussi à quelqu'un d'autre et que j'aimais.

Ces oublis-là me semblent salutaires. Je les vis sans regrets.

Enfin arrivent depuis environ cinq ans, et peut-être aussi du fait de mon changement de vie ce que j'appellerais des amnésies d'âge : lorsqu'on connaissait quelque chose ou qu'on pratiquait une activité ou qu'on possédait certaines connaissances fines dans un domaine précis et que l'on n'y est pas retourné depuis fort longtemps, voilà qu'on oublie. Typiquement : la pratique d'un instrument de musique, d'une langue étrangère ou l'étude de la physique quantique. Je ne saurais même plus vous expliquer la théorie de la relativité, alors qu'à 16 ans, sur un tel sujet (qui me passionnait) j'étais capable non seulement de faire comprendre mais aussi de faire rêver. Ça vaut aussi pour ce qui est lié aux sensations. Parfois en très bien : j'ai oublié la souffrance que c'était d'accoucher, ne me souviens plus que des effets induits et que j'ai cru mourir et de l'étonnement qu'à un tel niveau de douleur on en ressorte vivant(e)(s). Parfois en triste, toute une combinaison de circonstances et d'ennuis de santés, m'ayant fait perdre la mémoire d'une part de très bon.

Dans ce lot-là figurent des goûts et des saveurs. Certains produits de mon enfance ont disparu. D'autres existent encore mais ont changé de goût, la production de base étant devenue très industrielle. Lait, beurre, fruits et légumes sont devenus plus difficiles à trouver si l'on recherche les vrais. Les fromages semblent n'avoir pas trop mal résisté. 

Je me suis rendue compte récemment que j'étais parvenue à cet âge où si mon souvenir intellectuel reste précis - je peux ainsi me rappeler avoir bu du Fernet Branca en 1978 chez la très vieille Grand-Tante Maria -, mon souvenir sensuel, gustatif, a foutu le camp depuis bien longtemps.

Pour certains aliments ou boissons, c'est très bien. J'avais ainsi oublié le goût du pied de veau, retenté l'été dernier, je crois que je n'aurais pas envie d'y revenir avant un moment (expérience culinaire étrange). J'ai oublié totalement le goût du Coca : je trouvais ça trop sucré, pas agréable, ne désaltérant pas. J'ai dû en boire la dernière fois en 1989 lors d'un voyage face aux traditionnels symptômes de turista. Je ne sais plus du tout le goût que ça a. 

Et j'en suis presque fière : pour parvenir à éviter cette boisson là il faut une constance presque religieuse. Une abstinence de teetotaler face à l'alcool.

Pour d'autres, j'en suis fort marrie. 

Il en allait ainsi de cet apéritif très français dont les réclames peintes ont bercé mon enfance. Elles dataient peut-être des années 50, il était sans doute déjà passé de mode alors que je grandissais. Mais voilà les bonnes vieilles publicités peintes, entre autre sur les murs de vieilles maisons de villages au crépi par ailleurs gris, avaient de la durée de vie. Il y avait ce jeu de mots inclus et qui me ravissait (2). Et puis surtout : les peintures allaient se nicher même sur les murs des tunnels entre deux stations de métro. Et j'éprouvais gamine la même fascination pour ce que je considérais comme un exploit que pour les bateaux miniatures dans les bouteilles. Comment était-il possible d'arriver jusque-là, de peindre à cet endroit-là (qu'enfant j'estimait totalement inaccessible), comment on peut construire le bateau à l'intérieur ? Preuve que le matraquage publicitaire paie, je n'avais de cesse que d'atteindre l'âge requis pour avoir le droit de goûter à la boisson tant vantée (3). Je me souviens donc bien de quelques fêtes de famille où j'en avais bu, trouvant le goût pas mauvais, plutôt bon. Et que je ne comprenais pas pourquoi on me disait de me méfier car ça me semblait très léger, et pas plus fort que le vin en tout cas (4). 

Seulement voilà, a déboulé alors la terrible mode du Kir, lequel a détronné au passage le Porto (que je n'aimais que dans le melon, pas tant que ça en dehors), et surtout s'est mis à exercer une sorte d'hémémonie absolue. Aux apéritifs des repas festifs non estudiantins, n'était plus servi que ça. Au prétexte que puisque le Crémant ou le vin blanc était débouché, tout le monde suivait.

J'ai donc perdu de vue mon apéritif des murs peints.

Devenue plus tard amateure de whiskies, j'ai fini par ne plus boire que lui du moins quand de bonnes bouteilles étaient proposées et sinon me laisser porter par l'offre - va pour le Kir, 15 ans plus tard : va pour le Mojito - et dès que ça pouvait profiter du fait qu'une excellente bière (sauf à Paris) reste bon marché.

Je crois que c'est en voyant un tag très réussi dans un tunnel de la ligne 13 - et me dire, tiens ils ont fini par supplanter les vieilles pub D... - qu'il y a environ un an et demi j'ai repensé à cet apéritif que j'avais jadis croisé, apprécié puis qui était tombé dans (mon) oubli. J'ai supposé qu'il n'était plus fabriqué. Et me suis prise à espérer que dans le vieux meuble bar d'amis de longues dates, ou un beau jour dans un vieux café j'en retrouverai un fond oublié qui me redonnerait la mémoire. 

J'en ai parlé à plusieurs ami(e)s. Les plus jeunes ne voyaient pas trop de quoi je parlais. Les plus jeunes mais cinéphiles se souvenaient des murs peints entrevus dans quelques "Tontons Flingueurs" (5).

L'une d'elles, que ma quête amusait, a cherché en ma présence sur l'internet pour découvrir très vite qu'il en était toujours produit, selon la même logique commerciale qui il y a plusieurs années (et pour mon grand bonheur, car là aussi j'avais perdu le souvenir de la saveur) a permis de redonner vie à l'Amer Picon. 

C'était moins drôle mais rendait le succès moins improbable. Fin à prévoir de l'amnésie.

Pour autant et depuis, pas un café (6), ni restaurant n'en avait. Ni un hypermarché dans lequel les circonstances m'avaient entrainées. Ni d'autres magasins plus réduits et spécialisés. Ce vieil apéritif semblait bel et bien tombé en désuétude.

Voilà que ce soir, dans la petite ville normande, en l'un de ses magasins où nous allons rarement (en bons parisiens qui prennent peu la voiture - il est excentré -) j'en ai trouvé une bouteille. Même pas cher.

J'ai donc liquidé ma mini-amnésie et retrouvé ce goût amer mais parfumé (moins amer que le Picon, beaucoup moins), vieux vins, vieilles écorces, quelque chose qui sent bon l'antique troquet ou le coin du feu. Je ne (re)deviendrai pas forcément amateure, je bois peu et préfère donc me réserver pour les whiskies rares ou certains fins calva, mais je suis heureuse d'avoir réactivé ma mémoire.

Puisse 2014 marquer aussi la fin de celles de mes amnésies qui ne sont pas souhaitables ni souhaitées.

 

(1) Les premières années de mot boulot alimentaire, je retirais quand même quelques satisfactions de solutions trouvées à des problèmes techniques pas tous faciles et quand je revois certains programmes (car c'était du temps où l'on imprimait) je suis assez espantée du niveau de certains.   

(2) Mon appétence du calembour date du berceau. J'ai dû être une enfant éprouvante.

(3) Dans ma famille le credo était : pas d'alcool tant que tu n'as pas achevé ta croissance. Quelques entorses avec les vins italiens que les oncles allaient chercher dans de magnifiques damigiana et un peu de champagne lorsque quelque chose devait être fêté. Comme je n'étais pas rebelle pour ce qui me semblait soluble dans la patience (il y avait déjà suffisamment de combats à mener comme ça), j'attendais donc patiemment mes 18 ans avec une liste mentale des choses qui avaient éveillé prématurément ma curiosité.

(4) Au début seule la bière m'étourdissait mais parce que j'en buvais avec mon premier amour (c'était lui, l'effet) - assez vite plus du tout (il m'avait quittée) -. Ce n'est que très longtemps plus tard que j'ai compris que j'avais une forme d'imperméabilité aux effets de l'alcool. J'ai traversé toutes les fêtes d'une carrière étudiante à me demander en voyant les autres se comporter étrangement, mais qu'est-ce qui leur prend ? Je croyais jusque-là que les seuls effets de l'alcool étaient de rendre globalement les femmes un peu plus bavardes et certains hommes soudain violents. Mon naturel étant passablement déjanté, je profitais des fêtes pour me laisser aller et dans ces moments-là ça ne surprenait personne, mais je n'étais pas ivre, seulement moi-même sans retenue. C'est en lisant "Le club des incorrigibles optimistes" de Jean-Michel Guenassia que j'ai enfin vraiment compris. 

(5) Lequel n'en comporte pas car c'est une marque italienne qui sponsorisait. Et que l'on voit dans des moments parfois inattendus.

(6) Comme quoi contrairement à ce croi(en)t d'aucun(s) je ne vais pas si souvent au café. 

PS : Véronique, merci !

PS' : Et grâce à ces retrouvailles vous avez échappé à un billet un tantinet moins léger sur les morts de Normandie.

PS" : Et merci à Jean-Marc qui me fait suivre ce lien grâce auquel je sais désormais que j'ai avec la reine d'Angleterre un point commun et que j'ai donc une alliée pour sortir ce charmant apéro de l'oubli ;-) 


Une tête à chemins que l'on n'écoute guère (La parisienne c'est aussi)

 

C'est cet article, sur "Pensées by Caro" et que William a RT jusqu'à moi, que je trouve plutôt réussi (parfois certains clichés possèdent un fond de vérité), qui m'y a fait penser. Depuis quelques années je maîtrise non seulement les lignes de métro mais aussi les changements et leurs durées et agréments (par exemple entre quelles et quelles lignes on doit passer à Montparnasse par les tapis roulants), voire même certains raccourcis plus ou moins licites. C'est d'ailleurs assez amusant, un jour on prend conscience qu'on sait, souvent à l'occasion de travaux qui bouleversent l'automatisme - par exemple en ce moment le changement 14 vers 4 qui était du rapido a viré au labyrinthe, autant que vous le sachiez -.

Il se trouve par ailleurs que j'ai une tête à chemins, si quelqu'un a décidé de déranger quelqu'un d'autre avec son problème de paumé, dans un lot de gens qui marchent on peut être certain que ça tombe sur moi (1). C'est au point que ça commence sérieusement à me démanger que la prochaine personne qui me réclame d'une façon pas aimable (2) j'en profite pour lui faire la manche (Vous tombez bien, vous n'auriez pas un ou deux euros pour me dépanner ?).

Une dame l'autre jour, tenant un plan qu'elle ne savait ou pouvait déchiffrer, m'aborde en me demandant : - Vous pouvez m'aider ?

qui m'a regardée d'un air stupéfait quand je lui ai répondu doucement : - Seulement si je sais.

Visiblement elle n'avait pas envisagé une seule seconde qu'une passante lambda ne sache pas se rendre où elle souhaitait aller elle. Elle n'aurait pas eu l'air plus surpris si j'avais eu un uniforme de la RATP (nous étions dans le métro) et donc de façon implicite mission de l'assister et compétences présupposées.

Bref.

Le gag l'autre jour à Montparnasse est que j'ai répondu à ce point sans réfléchir ni hésiter sur quelle ligne pour aller à quelle station et vers quel couloir passer pour s'y rendre, que très visiblement la personne qui m'avait questionnée ne m'a pas crue.

Sur l'instant ça m'a agacée, puis j'ai compris. J'avais répondu trop vite pour un ensemble d'informations à ses yeux complexe, elle a cru que je galéjais.

Peut-être qu'être parisienne, au fond, c'est ça. Trop bien savoir répondre dans la ville aux gens qui demandent leur chemin.

 

(1) Éternel débat avec l'homme de la maison qui lorsque l'on va quelque part en voiture veut toujours demander son chemin à tout le monde (alors que je lui dis que je sais), lui qui dit que ça fait plaisir aux gens de se sentir ainsi utiles et moi qui lui certifie que c'est seulement archi pénible d'être dérangé par des gens à qui on a rien demandé et qu'on est peut-être le 15ème de sa journée.

(2) Généralement je m'efforce de répondre avec courtoisie à ceux qui me demandent gentiment et semblent vraiment perdus et ne me cherchent pas une boutique de luxe mais une adresse précise, un réel endroit. Le hic c'est que beaucoup s'adressent à vous comme si vous étiez un larbin présent seulement pour ça et les servir. Métier d'avenir : indicateur de trajets parisiens.


Ne faites pas comme moi : lisez les sous-titres,

 
ne pleurez pas,
et n'hésitez pas à lire le livre concerné (1)

 

Enfin, si vous aimez le cinéma, vous pourriez être heureux de lire le blog assorti

 

(1) Francis Dannemark, "La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis" (Ed Robert Laffont)

addenda du 14/09/12 : des extraits par ici en format e-pub (j'aime beaucoup la mention "gratuit" il ne manquerait plus que ça que des extraits ne le soient pas)



Cracheur à glaçons (?)

aujourd'hui au club de gym

 

Photo0685Depuis près d'un an, nous autres les petites dames nous serrions dans un vestiaire provisoire, attendant la fin de longs travaux qui avaient vu le vestiaire femmes refait puis réservé aux hommes tandis que l'ex vestiaire homme  était transformé en vue de nous être attribué.

Voilà qu'aujourd'hui pour nos corps ravis, le nouveau vestiaire femmes nous accueillait.

J'avoue en avoir oublié un instant le chagrin. Certains luxes font du bien (1).

Et comme je souffre de froid et que la canicule qui me sauverait n'arrive toujours pas, hier nous fûmes même brièvement vêtus de novembre, bénéficier au moins une fois par semaine d'un hamman ou d'un sauna tient presque du soin médical.

Je ne dirais pas que la partie meublée de l'aménagement convient à mes goûts, ceux-ci sont bien plus frugaux. On est dans le haut de gamme cossu international, un peu les standards de l'hôtel bruxellois dont le portier me prend pour une grande séductrice (2).

Il n'empêche que c'est agréable de se laisser aller dans les bras du confort et de la propreté.

Reste un mystère : cet étrange appareil cracheur de petits glaçons. Il est placé à la sortie du hammam, peut-être y a-t-il là une pratique à apprendre, quelque chose qu'il est usuel de faire en sortant et que j'ignore. 

Photo0684

 

La personne qui avec la bienveillance d'Uncle Pio s'occupe depuis des années du ménage de notre vestiaire et avec laquelle je m'entends fort bien (3), m'a dit, C'est pour se passer sur le visage ça fait du bien. 

J'ai essayé, effectivement ce n'était pas désagréable mais ça me paraît fort surfait un tel appareillage qui crachouille sans arrêt pour une personne sur 10 à peine qui pensera à l'utiliser. Surfait et très mauvais pour notre bilan carbonne collectif de sportifs.

Je soupçonne donc un autre usage - non, je ne dis pas ça afin de déclencher en commentaires une gerbe d'hypothèses salaces - j'aimerais vraiment savoir lequel. C'est la toute première fois que je croise un engin comme ça.

L'un(e) de vous saurait-il ça ?


PS : Il n'y avait aucune bouteille de champagne à l'horizon.

 

(1) Ce n'est pas Virgile qui me contredira. 

(2) Quand je serai sortie de ma période difficile j'écrirais peut-être un billet hilarant sur une fort jolie collection d'apparences (hélas) trompeuses qui font que le portier est tout à fait dans son droit de penser ce qu'il croit. C'est d'ailleurs très flatteur pour moi.

(3) Certaines choses semblent inéluctables lorsqu'on se prénomme Gilda, comme être malheureuse en amour, danser, chanter, avoir des gens qui disparaissent brutalement de sa vie, ou qui réapparaissent très longtemps plus tard comme par magie, et s'entendre bien avec la personne des vestiaires. C'est une forme de destin.

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L'esprit de ce bouton

Ce matin, de ma cuisine

Image 4

 

Je me mets à Google + comme j'étais allée sur facebook, et Myspace en son temps, c'est-à-dire avec une once de curiosité, beaucoup de méfiance, un zeste d'amusement et avant tout l'espoir de ne pas perdre de vue les copains.

Car il en est des "réseaux sociaux" comme des cafés du coin : du jour où tous les potes sont partis investir un autre lieu d'apéro, si vous restez fidèle à l'ancien vous risquez de vous y sentir seul.

Et puis, oh, allez, il y a bien un peu de ce snobisme geekisant qui consiste à toujours chercher une nouvelle Krikaniki lorsque la plèbe des internautes hésitants a investi la plage où l'on bronzait en paix.

Lorsqu'arrivent quelque part des personnes dont je sais qu'elles considèrent l'internet comme un mal nécessaire, et non comme un élargissement de la vie en ciel bleu, je n'ai plus envie de m'attarder dans les parages qu'elles viennent d'aborder. J'ai refusé "l'amitié" facebook de certains de mes proches car je sais pertinemment qu'ils seront incompréhensifs face à mes publications, que les plus jeunes sont un tantinet trop frais politiquement ou sexuellement pour certains textes, et que dégoupiller les malentendus induits me prendra trop de temps. Sans parler de mon humour noir, que je sais encombrant, politiquement incorrect et d'un cynisme débordant. Je ne tiens pas à blesser. Je tiens en revanche à ma liberté. Je préfère donc aller m'ébattre en des places peu accessibles aux frileux, aux très sages et aux sur-équipés du premier degré.

Je n'aime pas chez G + pire encore que sur FB cette impression de ne pas trop savoir qui peut voir quoi de ce qu'on met. Dans la mesure où je n'ai jamais utilisé de pseudo que mon vrai prénom et quelques compléments lorsqu'il était pris, et que par ailleurs je n'ai plus à me soucier d'un employeur indélicat qui rognerait ma liberté d'expression, l'absence d'anonymat pour l'instant ne m'embête guère. Mais je la trouve gênante dans son principe même. Je crains qu'elle n'attire des ennuis à ceux de mes amis dont les métiers sont facilement sur la sellette ou les employeurs tatillons. Par ailleurs, j'ai beau tripoter à ma guise les paramètres de confidentialité (que ce soit sur G+ ou FB), il me reste perpétuellement un doute quant à l'étanchéité des petites barrières proposées.

En attendant j'ai été sensible aux arguments du Capitaine. Préparer des lasagnes en effet n'attend pas.

Mais je reste sceptique, plus à l'aise sur FB qui me sert en pratique d'endroit où compiler rapidement les articles, les billets, les musiques ... qui m'intéressent (que donc j'ai a priori envie de partager, mais pas avec n'importe qui) et de boîte à recevoir les invitations - je trouve que sur FB la fonction "événements" est bien faite -. On verra bien dans quelques temps où seront les amis.

Trop enrhumée pour m'en aller courir, déménager ou nager (de toutes façons la piscine est fermée), je m'initie donc ce matin "au fonctionnement et à l'esprit de ce [Google +1] bouton" . Et commence par râler ferme :

La rubrique Sparks qui nous enjoint de choisir "stuff you're interested with" ne mentionne pas dans la liste immédiate quoique ce soit de littérature, et ni non plus de sciences, mais dans l'ordre pas même alphabétique : le cyclisme, la mode, le cinéma, les recettes de cuisine, le football, les sports automobiles, le jardinage, les androids (?), les bandes dessinées, et la robotique.

Euh, comment dire, je ne sais pas si je vais rester, vous avez intérêt, ô amis encerclés, à publier de belles choses si vous souhaitez que je m'attarde un peu. [mode rigolard allumé]