Is it a crime ? (four months after)

 

Quatre mois aujourd'hui qu'en lieu et place d'une revoyure annoncée j'ai eu droit à un coin de message pour me signifier que je n'étais pas celle qui comptait et que j'étais priée de dégager ou d'accepter dans ton existence de ne jouer que les utilisées. Au fond le plus dur c'est la déception quant à l'estime que je te portais et d'avoir accordé ma confiance à un type capable de tant de désinvolture et tant de lâcheté. Je comprends que les hommes soient victimes du coup du loup, et qu'aucun jamais ne le sera à mon égard, je n'y suis pas éligible et ne cherche pas à l'être car c'est un peu méprisant et je n'aime pas tricher ; ce n'est pas une raison pour traiter sans respect celle qu'on délaisse car c'est une autre et pas elle qui fait frétiller. Mon premier amoureux, lorsque nous avions 20 ans en avait été capable, malgré son peu d'expérience, et si j'ai été crucifiée qu'il me quitte, je ne lui en ai jamais voulu : il n'avait pas fait traîner les choses, pas joué double-jeu ou très très brièvement, seulement le temps d'y voir clair dans ses sentiments, et il avait pris le train malgré son faible pécule de jeune étudiant pour venir me dire ce qu'il en était. Nous sommes encore de bons amis et j'ai aussi beaucoup d'estime pour sa femme ; qu'ils aient au fil des années constitués un couple durable a donné du sens à mon effacement, je n'avais pas été sacrifiée pour une simple question d'attirance.


J'ai cette fois-ci plus de mal à tourner la page. Sans doute car il ne s'agissait pas d'amour simple, quelque chose d'un autre ordre se jouait là aussi, même si du désir demeure, même si je ne suis pas (toujours ?) (entièrement ?) seule, même si la vie est bien plus complexe que ça, même si quelqu'un m'aime encore. Même si mes sentiments à ton égard sont désormais teintés d'une once de mépris comme sur le métal un empiècement rouillé, tu restes encore celui qui me fait songer.


Is it a crime ?

 

PS : Pour le cinéma, c'est bon, je t'ai remplacé. C'est bien ce que tu voulais ?


De Sade à Casanova (ou l'inverse)

 

Nous sommes des gens sérieux, nous discutons avec passion d'un livre de Joseph Conrad, que certains d'entre nous ont apprécié ; d'autres moins. 

Il est soudain question de cortisone. Elle aiderait à y voir clair dans ce roman touffu traversé par la touffeur équatoriale (ou tropicale ? Je ne sais plus). De la cortisone pour cause de dentiste.

Et celle d'entre nous qui est concernée entre en éloge dithyrambique du sien. Un certain monsieur Casanova.

La plupart d'entre nous étant du même quartier demande son adresse. La conversation rebondit sur nos expériences de soignants plus ou moins diplomates, de celui qui annonce à de futurs jeunes parents que leur futur petit possède le chromosome du tueur à celui qui prend l'exemple d'Hitler pour illustrer le fait qu'une grossesse réussie peut donner ultérieurement des résultats déplorables.

Il est à nouveau question du fait qu'un bon dentiste qui s'appelle Casanova n'est pas à négliger. Les uns et les autres évoquent alors parmi leurs médecins habituels ceux qu'ils apprécient. Il est question d'ophtalmologiste. L'une d'entre nous est particulièrement satisfaite du sien.

- Ah oui ? Dans le quartier ? Mais comment il s'appelle ?

- Sade, répond l'amie, impavide.

 

Ça faisait longtemps que personne ne m'avait offert un fou-rire si somptueux.

(Je crois que je préfère fou-rire à faire l'amour, ça fait encore plus de bien).

J'aime nos soirées littéraires.


PS : Les noms étant les vrais vous détenez désormais deux bonnes adresses dans le XVIIIème arrondissement de Paris.


366 - Dommage

 

Dommage que tu n'aies pas compris que nous pouvions t'aider, mais que c'était impossible sans ton propre concours. Que si tu nous laisses en plan nous ne pourrons pas te soutenir à contre-courant longtemps.

Dommage que tu n'aies pas compris que j'étais une femme et qu'on s'en sortirait. 

J'avais quelques pouvoirs mais par ta faute la peine me mine. On ne traite pas une dame ainsi que tu l'as fait.

Dommage, vraiment.

 

participation du jour aux 366 réels à prise rapide


Ne faites pas comme moi : lisez les sous-titres,

 
ne pleurez pas,
et n'hésitez pas à lire le livre concerné (1)

 

Enfin, si vous aimez le cinéma, vous pourriez être heureux de lire le blog assorti

 

(1) Francis Dannemark, "La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis" (Ed Robert Laffont)

addenda du 14/09/12 : des extraits par ici en format e-pub (j'aime beaucoup la mention "gratuit" il ne manquerait plus que ça que des extraits ne le soient pas)



Un instant savoureux

 

Il n'est pas difficile de reprendre le chemin du travail après de brèves, très brèves vacances. 

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Surtout quand vous attend un nouveau roman que vous attendiez, celui d'un bien-aimé, sur un sujet (un ciné-club) qui vous plaît.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Un jour (pas) comme les autres

 

C'est une répétition de chorale de juin, le moment de l'année où d'ordinaire tout va bien. Bach, il me semble. Déjà chanté chez Molina en ces années si dures à traverser d'après ma saison 2005/2006 en enfer, celle où tout allait mal, celle ou tout me quittait, comme si c'était le prix à payer pour avoir été si heureuse entre le dimanche 12 et le mardi 14 juin 2005 (1), comme si j'avais transgressé une loi séculaire qui aurait stipulé que le bonheur n'était pas pour quelqu'un de mes origines, commis un crime de caste et qu'il fallait payer.

Alors 2006 puis 2007 jusqu'en septembre, je les avais traversées comme un spectre souffrant, me cramponnant au quotidien pour ne pas sombrer totalement, tenant au bureau coûte que coûte, écrivant, écrivant - mais que du noir, tout le temps -.

Puis il y avait eu ce livre chez Del Duca, mis en avant, d'un homme dont j'avais lu un autre bref ouvrage, plein d'un charme doux de la même petite collection pour laquelle j'avais donné un coup de main. Je m'étais alors dit qu'il y avait une chance que j'aime, j'avais acheté le roman. Y avais trouvé une musique familière et des faits qui me touchaient - je ne pouvais pas encore savoir qu'il y avait à cela une excellente triste raison -. L'homme avait un site, je lui avais écrit, et il m'avait répondu aussitôt en citant une phrase d'un de mes blogs annexes, il semblait connaître mon travail j'étais restée souffle coupée. 

Pendant près de deux ans il s'est employé à me sauver, en me portant hélas ensuite le pire coup qu'un homme puisse faire à une femme. Mais entre temps, il est vrai le premier naufrage s'était grâce à lui un peu laissé oublier et croyant de nouveau être aimée j'avais pu reprendre quelques forces. Je n'ai pas failli mourir d'être rejetée à l'eau, j'ai bu la tasse, été en danger, mais su nager. Plus tard j'ai su que comme Ted Hughes il avait la manie involontaire de pousser au suicide les femmes dont il se faisait aimer, sans être toutefois capable de toutes les honorer.

Je crois que globalement c'est la reconnaissance qui prime : il m'aura sauvée d'un danger pire que celui qu'il a ensuite par son incapacité à (faire) l'amour provoquée.  Il n'empêche que voir sur ma partition en juin 20128357396707_2d60d3296a la date précise de notre rencontre épistolaire presque quatre ans plus tôt, m'a fait un choc.

Il s'en est fallu d'un chibre défectueux qu'il fût de plaisir au lieu de larmes aux yeux.

 

(1) Libération de Florence Aubenas et Hussein Hanoun alors que j'avais participé à leur comité de soutien

 

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Pourquoi Pennac (Daniel) me fait penser à Hugo (Victor)

Du moins celui du Journal d'un corps à celui des Misérables.

 

Ils sont l'un comme l'autre au sommet de leur art respectif - je ne prétends pas qu'ils jouent dans la même cour ni sur les mêmes niveaux -, et très exactement parviennent à embarquer leur lectrice, fût-elle avertie et parfaitement consciente de l'exercice de séduction à son égard entrepris, à fond de cœur, là où toutes défenses abolies les larmes sont.

Leur art n'est pas sans sincérité, mais ils va là où ils veulent aller.

J'ai beau savoir que le Grand Victor avec sa petite Cosette veut émouvoir dans les chaumières, j'ai dû suivre un entraînement par une professionnelle excellente pour me rendre capable de lire à voix haute, pour les autres, sans pleurer à me rendre inaudible, le passage où Jean Valjean arrive pour sauver l'enfant.

J'ai beau avoir pigé d'entrée où l'inventeur de Benjamin Malaussène et de l'adorable Kamo voulait en venir, je suis vulnérable devant le petit homme du "Journal ..." qui, souffreteux comme son père, ancien poilu à peine survivant (1), décide de n'en pas rester là et d'attraper les muscles qu'au départ il n'a pas.

Et l'un comme l'autre écrivent pour que tous puissent piger (du moins ceux qui savent lire, de leur époque respective) mais sans non plus trop lasser les lecteurs aguerris aux perceptions affinées.

Quand on a de la sensualité, difficile de résister aux plus parfaits Don Juan.

(Ne boudons pas le plaisir)

 

(1) Je ne spoïle pas, c'est page 51 (sur 382 qui s'avalent comme de rien)