Ce qu'est être une femme

 

    "[...] j'ai découvert assez tardivement ce qu'est être une femme, en écrivant Le quai de Ouistreham. Car avant, pour moi, l'essentiel était gagné : les femmes votaient, avaient un compte en banque, travaillaient ... En plus, j'étais journaliste-reporter, je ne me voyais pas comme une femme, ce n'était pas la question, pas l'objet. 
Puis en faisant ce livre, en étant dans la peau d'une femme de 50 ans, seule, qui cherche du boulot, là, vous comprenez ce qu'est être une femme en France aujourd'hui. Ce regard condescendant sur les femmes, [...]" 

Florence Aubenas entretien dans Les Inrocks du 5 au 11 avril 2017

 

Je ne suis ni n'étais journaliste-reporter, seulement ingénieure et à présent libraire. Seulement il m'est arrivé peu ou prou la même mésaventure : dans un job ou je ne me percevais pas avant tout comme une femme, c'était un travail qui nécessitait du cerveau, j'ai avancé dans la vie avec un parfait aveuglement quant à ce monde des grands mâles blancs dans lequel, malgré de gros progrès du moins en Europe, dans les années 60 et 70, nous baignons.

Je voyais aux discriminations des causes explicables, par exemple sur les salaires et les postes intéressants, il était clair que les congés maternités étaient pénalisants (1) et j'ai ainsi eu droit, pour deux enfants, à quatre année sans aucune progression, celles du départ ("Vous comprenez cette année pour vous sera tronquée, ce ne serait pas juste par rapport à vos collègues qui auront fait l'année en entier"), celles des retours ("Vous n'avez pas de prime [ni d'augmentation, faut pas rêver, et je n'en demandais pas tant] cette année, vous venez de reprendre le travail, nous n'avons pas pu vous évaluer"). Seulement voilà, absences il y avait eu, même si c'était rageant, c'était compréhensible.

Et puis les discriminations de type nipotisantes étaient fortes dans ce milieu où certains et certaines, aux diplômes prestigieux (2) ou (inclusif) pedigree parfait, étaient embauchés en tant que hauts potentiels et destinés à des passages rapides aux postes intermédiaires, tandis qu'à niveaux d'études équivalent d'autres étaient embauchés pour souquer, condamnés à rester longtemps sans progresser aux postes où leurs compétences bien souvent les piégeaient.
Du coup, le fait qu'être une femme fût mon principal handicap ne m'avait pas effleuré. Ou seulement par sa conséquence : celui d'être mère de famille et tiraillée sans relâche entre travail et famille. 

Les différentes occasions où je me suis trouvée confrontée à des impossibilités genrées (jouer au foot en équipe, travailler sur un chantier une fois le diplôme d'ingénieur Travaux Publics en poche), j'ai toujours cru, ô naïve, qu'il s'agissait de vestiges d'un ancien temps bientôt révolu. Que j'arrivais simplement un tout petit peu trop tôt. Et que si un jour j'avais une fille, elle penserait que je parlerais de temps reculés si j'en venais un jour à le lui raconter. 

Par ailleurs, je ne suis pas particulièrement séduisante ni jolie, et mon éducation de gosse de banlieue m'a appris à me battre un peu, ce qui sans doute m'a épargné bien des ennuis : les quelques fois où des hommes ont eus envers moi des débuts d'attitude prédatrice, j'ai réglé ça sans avoir eu le temps d'avoir peur, en faisant face ou en filant, et ce fut assez peu fréquent pour que je range ces épisodes dans le casier Bon sang ils sont relouds les mecs une fois bourrés. 
J'ai vécu en couple stable depuis mes vingt ans, et jusqu'à très récemment j'étais totalement inconsciente que ça avait constitué une forme de protection : la plupart des hommes respectent, en tout cas lorsque la femme n'a pas un physique ou une surface sociale de femme trophée une forme de pacte de non-agression.

Il aura fallu les blogs et les réseaux sociaux qui ont libérés les témoignages, que certains hommes se mettent à dépasser les bornes aussi (il y a eu en quinze à vingt ans, un méchant backlash) et qu'enfin je devienne proche d'un homme qui se révélera plus tard et malgré une grande sensibilité et une apparence de féminisme (3) être de ceux qui considèrent tout naturellement les femmes comme des êtres de catégorie B, présents sur terre pour se conformer aux aléas de leurs désirs et qu'ils ne respectent ou révèrent que lorsqu'ils sont, pour des raisons essentiellement d'apparence physique et de jeux séductifs (4), devenus amoureux fous, il aura donc fallu tout ce cumul en peu de temps, pour que j'ouvre les yeux à mon tour et comprenne dans quel monde en réalité nous vivions.

Un livre aussi, d'Henning Mankell (5), Daisy sisters, qui m'a fait découvrir qu'une égalité possible que je croyais effective dans les pays nordiques, n'était pour l'heure qu'une illusion. La situation et les rapports entre les unes et les autres était simplement un peu moins pire qu'en France ou en Belgique, mais (hélas) pas tant.

Sans le faire exprès, j'ai finalement pas si mal lutté puisque je ne me suis jamais laissé dicter ma conduite par cette pression sur les femmes qu'exerce la société. Jusqu'à mon nom que bien qu'étant mariée j'ai conservé. Simplement je n'avais pas conscience d'être un petit rouage d'un plus vaste combat. Et pour moi le combat est contre les normes sociales, contre le poids du conformisme (dont certaines femmes sont les premiers vecteurs), contre le patriarcat, et non contre les hommes, dont beaucoup font ce qu'ils peuvent entre leurs aspirations (et désirs) personnels et le poids des siècles, dont pour le meilleur et pour le pire ils ont hérité (6). 

Il faut donc plus que jamais tenir bon, expliquer, ne pas se laisser faire et continuer.

C'est pas gagné.

 

[je me rends compte en relisant que ça doit assez ressembler à ce que ressentent des personnes que leur orientation sexuelle ou leur couleur de peau conduisent à être traitées différemment dans nos sociétés et qui n'en aurait pas pris conscience tôt dans l'enfance pour peu qu'elles aient grandi dans un milieu d'esprits ouverts ; mais je ne saurais parler pour eux, blanche et hétérosexuelle chanceuse que je suis]

 

(1) D'autant plus que je travaillais dans le milieu bancaire où à l'époque et j'en fus ravie, ils étaient particulièrement longs, permettant de bien avancer le bébé dans sa vie avant de devoir le confier à des tiers pendant qu'on filait gagner notre vie.

(2) La hiérarchie entre Grandes Écoles, ça n'est pas rien.

(3) Même les plus grands chanteurs ou poètes lorsqu'ils se croient entre eux, en viennent à tenir des propos sidérants (et si décevants). 

(4) Certaines femmes sont très à l'aise dans ces partitions là. J'ai toujours pensé que ça revenait à prendre les hommes pour des cons. Et puis un jour j'ai mesuré à mes dépends à quel point c'était efficace.

(5) preuve parmi d'autres que certains hommes ont tout compris et son nos frères humains pas des ennemis.

(6) Par exemple me fatiguent les tâches ménagères, je peux donc parfaitement comprendre que c'était trop cool pour eux d'avoir comme si c'était naturel, les femmes qui s'en chargeaient. Je ne peux nier qu'à leur place j'en ferais autant. M'agace que si j'étais un homme personne jamais (et sans doute pas ma propre conscience) ne me reprocherait jamais d'être un mauvais ménager. 

 

 


Comme un fact checking de Jours tranquilles ;-)

 

Capture d’écran 2017-03-30 à 00.23.02

C'est un de ces soirs de début de printemps où s'enfermer paraît difficile et où je n'ai pas le courage de prendre le métro, pas pris mon matériel de vélib (casque et gilet réfléchissant), et où je me sens d'attaque après une bonne soirée pour traverser tout Paris à pied. 

Il se trouve qu'un bus m'est passé sous le nez (au sens littéral) marqué "Place de Clichy" alors j'ai sprinté pour l'attraper au vol du plus proche arrêt. Ce qui m'a accordé un splendide Paris by night (always such a delight) et qu'arrivée Place de Clichy comme j'avais ma montre de sport, l'idée s'est installée dans ma tête de vérifier la distance entre la place et chez moi ce qui à 30 mètres près pouvait donner la distance parcourue par le narrateur de "Jours tranquilles ..." lequel rentrait éméché en cinquante minutes du Wépler.

Hé bien donc la distance est de 2,5 km (à peu de choses près) et se fait bien en trente minutes (1) lorsque l'on n'a pas bu.

Pour les épisodes érotiques du bouquin, je sens que j'aurais plus de mal à procéder à quelque vérification technique que ce soit.

[en revanche pour ce qui est du bout de fromage dans le réfrigérateur, ce fut déjà fait] 

(1) de marche pas de course à pied.


Parfois la vie c'est bien foutu (mais il faut vite en profiter parce que ça ne dure pas)

 

C7pJY-qXgAEjkES

Ça démarrait, moyen, exactement comme l'autre jour, mais à tout prendre je préfère ça et que ça finisse bien plutôt que des journées entamées sans nuages, un jour à la Foire du Livre de Bruxelles, je dois retrouver une grande amie et cueille l'annonce d'une rupture, un dimanche de juin, tranquille, course à pied, la forme, je rentre et trouve un mail d'un bien-aimé au début tout à fait courant, sur le principal sujet en cours (une rencontre littéraire qu'on organisait) et puis presque en PS, l'annonce aussi d'une rupture (ou plutôt d'un changement de rôle, comme si les femmes étaient des pions), un dimanche brumeux d'un mois de janvier qui me voyait travailler dans les trop beaux quartiers et une collègue à la caisse qui lisait les infos entre deux clients qui pâlit - Il y a eu un attentat -, un vendredi de novembre, nous sommes au festival d'Arras, les films sont formidables, un peu de remue-ménages vers les places réservées lors de la projection du soir et puis à peine le générique entamé, l'annonce et un texto de ma fille, Paris est à feu et à sang ... Bref, je finis par vraiment préférer les journées qui démarrent avec un peu de poisse (mais pas trop), c'est devenu rassurant. 

Et donc voilà celle-ci, le début pas mal - démarrer la matinée en nageant, rayons de soleils par moments, c'est beau, c'est bon, quel bonheur !, un petit-déjeuner littéraire passionnant -, je parviens à en profiter même si les lendemains d'attentats sont toujours délicats, une amie concernée mais de par son métier (1), et puis la "usual poisse" qui réapparait sitôt le téléfonino rallumé après : deux mauvaises nouvelles coup sur coup, rien à voir entre elles, une réapparition d'inquiétude pour quelqu'un que j'aime (entre autre). Rien de dramatique, c'est déjà beaucoup, mais une journée ensoleillée qui d'un coup s'assombrit.

C'est dans ce petit nuage gris que filant prendre le RER qui m'approche du travail, en plein milieu d'un trottoir, j'ai trouvé un coupe papier. Un de ces trucs so seventies avec le manche en marbre (ou pseudo, mais assez lourd), là par terre, loin de toute poubelle, loin de toute raison plausible qu'il ait atterri là. Au demeurant pas très loin d'une école maternelle, alors je m'en saisis avant qu'un bambin ne soit tenté d'en faire autant. Ce n'est qu'un vieux coupe-papier mais quand même. 
Ensuite, il y a eu le trajet, le travail, et j'ai oublié l'avoir fait. 

Au soir je suis dans une librairie, pas n'importe laquelle, et je tombe sur les Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon dont je suis une fan absolue - cet art du raccourci -. Elles sont dans une très belle édition illustrée et reliée à l'ancienne : les pages encore à découper. 

Au métro du retour, illumination soudaine : j'ai ce qu'il faut pour procéder.  J'ai ainsi pu commencer à bouquiner : je disposais comme par enchantement et le l'objet et de l'outil. Joli cadeau de la vie. 

(dommage que ça soit dans l'ensemble trop rare, et que ça ne dure pas)

 

 

(1) C'est fou cette loi du "au moins une" : à chaque attentat perpétré dans une grande ville d'Europe, je (on ?) connais au moins une personne concernée d'une façon ou d'une autre. Et donc là c'est une amie que son travail amène à devoir rencontrer des témoins. Et bien sûr plusieurs autres présents à Londres et pour lesquels on s'est brièvement inquiétés - je me demande si le Brexit viendra modifier ça : beaucoup moins de parisiens qui vont à Londres comme de rien -. 


La photo perdue

20170309_215936

C'était jeudi soir dans le RER C, celui qui partait peu après 20h d'Ermont Eaubonne et se dirigeait, après une boucle intra-muros, vers le sud de Paris. 

Alors que je me levais Porte de Clichy, j'ai cru voir une dame s'engouffrer dans les escaliers de ce RER à étage après avoir quitté les places qui en étaient le plus proches, et sur lesquelles restait, comme tombée d'un sac, cette photo.

Je l'ai saisie, pensant rattraper la personne concernée. Mais déjà des gens montaient, sans tout à fait attendre la descente des derniers passagers dont je faisais partie. 

L'escalator qui menait vers la sortie était tout à côté, et pas très long avant les guichets et divers virages qui ne permettent pas une longue visibilité.

Dès lors, le temps que je m'extirpe de la mini-foule des montants, plus trace de la silhouette entrevue. 

Me voilà donc bêtement détentrice d'une image tirée sur papier en un format assez grand (13x18 dirait-on) et qui représente deux femmes assises pendant un événement probablement festif, la tenue de l'une et le verre de l'autre semblent l'attester. Si le tirage de l'image n'a pas été inversé, elles sont toutes deux droitières.

Si vous pouvez faire tourner, peut-être que la personne qui l'a égarée sera heureuse de la récupérer. 

PS : Aucune inscription au dos, rien, pas le moindre incide


Tellement c'est mieux sang, j'y pensais même plus


    C'est une nageuse chinoise, Fu Yuanhui, qui en expliquant simplement qu'elle n'était pas au mieux de sa forme lors des finales parce qu'elle avait ses règles, a porté la question sur la place publique, et je pense que c'est franchement bien. Rien qu'en étant une sportive amateure ou plus simplement en menant une vie quotidienne classique on peut s'en trouver gênées, y compris pour qui n'a pas de syndromes menstruels compliqués, il est bon qu'enfin on puisse avouer que certains jours malgré nous ça n'est pas tout à fait ça.

Après, il paraît que ça peut être un atout dans certains sports, ce que j'ai du mal à croire, n'ayant pour ma part pas connu l'aspect "sautes d'humeur", ou uniquement la part, déprime de fatigue (et vraiment dans ce sens : le fait d'être encore plus fatiguée qu'à l'ordinaire et donc peu capable de faire ce qui était devant être fait induisant un découragement, un sentiment d'injustice aussi). Et puis, dans les jours suivants on peut bénéficier d'un regain d'énergie, comme toute personne qui sort d'avoir été moins bien (ça le fait aussi après un rhume, ou n'importe quelle bricole de santé qui met patraque mais pas totalement hors jeu). 

Il n'empêche qu'aux jours mêmes ou aux 24 heures avant, il y a ce "moins bien", un manque d'allant certain. Et je crois bien que c'est général, que peu de femmes y échappent.

À titre personnel je suis reconnaissante envers cette jeune femme de m'avoir fait prendre consciente d'à quel point c'est un soulagement quand vient la fin de ces temps rythmés plus ou moins irrégulièrement par des tracas de saignements. J'en suis sortie depuis deux ans et c'est devenu si agréable si vite (malgré une sorte de rechute après le 7 janvier 2015, le corps lui-même était déboussolé) de n'avoir plus à se préoccuper de ça du tout et d'être soi-même au fil du temps sans oscillations périodiques, que j'avais complètement oublié tout ça, le côté matériel (devoir se pourvoir en protections (1)), les moments de déceptions - on aimerait tellement pouvoir être au mieux de sa forme, au moment de tels examens, telles compétitions, telles retrouvailles et vlan ça tombe à ces jours précis -, ceux d'inquiétudes quand du retard imprévu survient (2). Et que le mieux ressenti, malgré pas mal de fatigues dues à un job trop exigeant pour moi physiquement, était tel que de nouvelles ambitions sportives m'avaient saisies et très sérieusement, que je compte pouvoir concrétiser prochainement. Que le temps (tic-tac), lui aussi, paraît plus grand, qui n'est plus morcelés en jours avec et jours sans, chaque période d'insouciance et de ventre sans douleur n'étant plus le répit avant un nouveau lot de cinq jours d'amoindrissement. Le "en forme" est devenu l'état permanent, sauf problème (autres et inattendus). Le "pas en forme" ayant disparu des prévisions, des obligations de se préparer mentalement à devoir accomplir telle ou telle chose malgré la gêne. Et je parle en temps que privilégiée qui déjà n'avait pas trop à se plaindre de conséquences réellement invalidantes. Je ne peux qu'imaginer l'ampleur du soulagement pour mes consœurs qui souffrent ou ont souffert chaque mois pendant toute la durée de leur fertilité.

Grand merci donc à Fu Yuanhui et pour les femmes encore jeunes qui grâce à sa déclaration se sentent moins seules à se être régulièrement amoindries et pour celles de mon âge ou plus grand qui grâce à elle prennent conscience d'à quel point, c'est vrai, on se sent mieux ... sans ce sang.

 

 

(1) Il paraît que les coupelles sont une bonne solution, c'était déjà un peu tard pour moi pour m'y mettre alors que je trouvais déjà les progrès effectués depuis mon adolescence en solutions jetables déjà remarquables. Du coup jusqu'au bout j'aurais connu la corvée de devoir faire au bon moment les courses qu'il fallait.
(2) Pour ma part j'ai peu connu, je suis de la génération qui est devenue femme alors que la contraception était légale et répandue et que même dans un milieu non favorisé à demi immigré on pouvait sans problème demander à aller voir un médecin qui pouvait conseiller. C'était avant le Sida, le préservatif ne faisait plus guère partie de la panoplie. Et le fait que l'avortement soit légal et possible offrait soudain à toutes un filet de sécurité. Des cousines et des sœurs aînées étaient là pour nous confier et nous faire prendre conscience d'à quel point c'était une chance et une sécurité. Pour la plupart d'entre nous, il était peu possible de savoir si nous étions des enfants subis ou souhaités, ce confort rassurant qu'ont pu connaître les générations d'après, même si c'est semble-t-il redevenu compliqué.


L'espion qui m'intriguait

Capture d’écran 2016-08-08 à 22.30.54

Je savais depuis que je disposais d'un smart phone que google was watching me, en plus que j'ai un compte chez eux et qu'après bien des essais de moteurs de recherche sympathiques, j'en reviens souvent à celui de cette entreprise, en raison même de sa situation de monopole. Ainsi à la librairie je ne cherche souvent pas tant une information que ce que google peut en dire et c'est hélas précieux pour les recherches avec un paramètre de notoriété - je cherche un livre je ne sais plus l'auteur ni le titre, je sais pas bien l'histoire mais ça se passait pendant la seconde guerre mondiale. Ah et puis la couverture est bleue. Et on en parle beaucoup à la télé ces jours-ci -.
Je sais que mes données sont revendues partout, mais à part d'accroître le nombre de spams, peu me chaut : je n'ai pas les moyens financiers de me laisser tenter par quelque achat que ce soit qui ne viendrait pas d'une nécessité personnelle.


Par ailleurs tant qu'on fait encore semblant de vivre dans une démocratie, je ne crains pas trop une utilisation de contrôle sécuritaire. J'ai bradé moi-même des parts de "privacy" en m'inscrivant sur bien des réseaux sociaux et pour l'heure j'ai un peu l'illusion d'être comme les prolétaires dans 1984 : laissés à une relative liberté car trop insignifiants et nombreux, Accordons aux petits pions l'apparence de leur autonomie de toutes façons si limitée par leur simple survie.

Il n'empêche que j'ai été surprise par la précision - entre autre lors d'un séjour dans Ma Normandie, j'ai pu retrouver le trajet d'une balade que nous avions faite en devisant sans faire trop attention à là où nous allions, tout était cartographié ; et la machine attestait qu'un autre jour notre long entraînement de course à pied avait fait 22,2 km - et le degré de durée d'archivage de la rubrique "Vos trajets" de G. Et que ça recoupe un des nombreux chantiers d'écriture auquel je n'ai pas le temps de me consacrer.

Que part ailleurs c'est plein d'erreurs, mais de sortes d'erreurs qui s'expliquent et sont fort intéressantes à décrypter.

Du coup j'ai réactivé l'option en tout cas pour un temps.

L'espion m'a donc appris qu'aujourd'hui j'avais effectué différents parcours, plutôt bien reconstitués,  mais dont la décomposition n'a pas été sans m'étonner : 

Capture d’écran 2016-08-08 à 22.46.57

La machine ne met en doute que la partie pédestre, laquelle est sans doute vraie. 

Mais je n'ai pas pris la voiture. Et si j'ai passé à l'aller de mon trajet du temps en métro c'était environ 15 minutes.

Enfin, je suis rentrée en vélib ce que l'espion du téléfonino n'a pas détecté.

Je ne vois pas vraiment à quelles activités de ma journée les différentes durées pourraient se raccrocher.

En particulier parce que j'étais à un cours de danse, le téléphone certes non loin de moi mais qui ne participait à aucun mouvement.

 

Je vais poursuivre l'expérience quelque temps, après tout en cas de problème peut-être serai-je soulagée d'être géolocalisable et si on m'accuse à tort d'un crime imparfait, qui sait si je ne serais pas très heureuse d'avoir un alibi électronique (1). Il convient juste de ne pas lui faire trop confiance sur les modes de transports.

Et puis j'aimerais en parler à mes ami-e-s auteur-e-s de polars ainsi qu'à JK Rowling pour ses Robert Galbraith. Il y a là une mine d'utilisations narratives possibles.

(à suivre)

 

PS : Cela dit si vous êtes une personne censée et que vous souhaitez désactiver cette très intrusive option, c'est expliqué par là comment procéder.

 

(1) J'écris ça pour rire mais aussi parce que plus d'une fois il m'est arrivée - entre autres en entreprise - qu'on me reproche ce que d'autres avaient fait, je suppose parce que j'ai toujours incarné celle qui osait ne pas fermer sa gueule quand quelque chose était dysfonctionnel, ce qui faisait de moi un bon usual suspect. On savait aussi que tant que le reproche porterait sur quelque chose que je jugeais ridicule, je ne dirais rien, histoire de ne pas m'abaisser à mon tour en rentrant dans un jeu mesquin. J'étais donc la bonne personne à charger pour qui souhaitait se disculper. Tant pis.


Les meilleurs moments d'une vie


    Les temps troublés que nous traversons et qui vont résolument vers le pire, nous conduisent à prendre en main des projets dont on se serait dit, dont on se disait, c'est bien, c'est beau, ça serait bien, ça serait beau (et peut-être utile à d'autres) mais il y a toujours le quotidien à accomplir qui est plus fort que tout. Il faut assurer des rentrées d'argent pour régler le minimum vital de dépense - dans une société comme la nôtre, dès lors qu'on vit en ville, qu'on est plus de deux, il est assez élevé. Il faut faire face aux maladies, les nôtres ou celles de l'entourage. Il faut tenter de faire face aux contraintes administratives et ménagères. Se maintenir en forme. Dormir. Alors le temps dédié aux chantiers personnels est vraiment rétréci. 

Ces jours derniers, Couac s'est lancée. Elle a décidé d'interviewer les gens qu'elle croise dans la vie de tous les jours, par exemple les voisins. 

Ça se passera par là. Et le premier est FreD.

Je suis d'autant plus réjouie que ça correspond à une idée, germée pour un peu les mêmes raisons, à laquelle j'avais renoncé (pas le temps, pas forcément la bonne personne pour le faire) et je suis heureuse que quelqu'un que j'apprécie beaucoup l'aie eue aussi et avec le courage assorti et les dons qu'il faut pour la mener à bien.

Au passage grâce à elle je découvre Grand chose (pas grand chose mais en mieux) qui est un beau blog collectif sur comment on peut se débrouiller de peu pour une maison accueillante.

De mon côté, en plus de mes nombreux chantiers qui demanderaient que je puisse enfin un peu me poser, il y a celui-ci, blogo-compatible et donc potentiellement menable à bien, qui serait de raconter ce qui peut constituer pour une vie en Europe entre la fin du XXème siècle et le début du XXIème, les meilleurs moments, des souvenirs formidables, des trucs qu'on aimerait que nos arrière-petits enfants (si la planète ne craque pas avant) puissent savoir et que ça les ferait rire ou les rendrait heureux. Des trucs qu'on aimerait aussi avoir noté quelque part pour soi-même, afin dans les moments qui nous poussent au désespoir de nous souvenir que la vie, même la nôtre, peut comporter des instants de grâce.

Tout à l'heure, Ken Loach recevant la Palme d'Or , m'a donné envie de m'y mettre. En espérant pouvoir en faire quelque chose de collectif un jour. Ou au moins que l'idée fera germer des envies de suite chez des amis moins fragiles et mieux organisés. En tout cas voilà, avant qu'elle ne s'achève j'aimerais au moins parvenir à écrire les meilleurs moments d'une (petite) vie. 
(et si je vais commencer par la mienne, c'est parce que c'est celle que je connais le mieux - ou crois connaître, je suis bien placée pour savoir qu'on ne comprend certains éléments que parfois des années, des décennies plus tard -).  

Il ne faut pas attendre d'en avoir le temps : n'importe quoi peut survenir n'importe quand. 

 


Parc des Chanteraines : un essai

 

     20160508_100517
J'ai profité d'être seule pour prendre le RER de bon matin, descendre à Gennevilliers et explorer le parc des Chanteraines. 

L'idée n'était pas tant de courir, ou de réparer un trou dans ma connaissance des environs (1) que de prospecter pour un chemin possible à l'aller ou au retour de mon boulot. 

D'où cette photo afin de disposer des horaires. Entre avril et septembre, je devrais pouvoir circuler.

Le temps était idéal, ce sont ces journées de mi-saison dans lesquelles à Paris il est possible de se sentir dehors comme dedans (ou l'inverse) et j'adore ça. Donc un simple tee-shirt et tout va bien.

J'ai pu aller au delà du bout du parc, explorer quelques zones industrielles semi-aménagées, des endroits dont je me suis dit que la fréquentation n'était peut-être pas trop prudente. J'ai expérimenté une chaise-longue avec vue sur grillage, ce qui surprend un peu, constaté que des passerelles figurant sur les plans n'existaient que dans les rêves de ceux qui les avaient conçus, déniché des chemins cartographiés comme s'ils étaient publics alors qu'ils étaient privés, traversé des ""zones de silence" (?), mesuré combien l'autoroute polluait et créait une frontière, ainsi que des dead-ends (ça dit mieux ce que ça veut dire en anglais).

Je suis restée à un moment dix minutes à un quart d'heure sans croiser d'être humain non motorisé (et encore : assez peu). En moyenne couronne, en pleine journée par beau temps c'est excessivement rare et peu recommandé (2). 

Et au bout du compte j'ai pris un bus 138 pour rentrer car j'étais quand même un peu loin.

J'en ai profité pour saluer Paulo V. (tant qu'à faire). 

Et profité d'être seule pour m'arrêter quand ça me chantait, histoire de garder une trace photographique des endroits traversés.

  20160508_092458

(1) Nous habitons sur zone depuis 1988 et je n'y avais jamais vraiment mis les pieds (peut-être juste une fois, au bord, entre deux trains, quelque chose comme ça). Et ce n'est pas faute qu'on nous l'ait recommandé.
(2) Je reste comme à l'enfance fascinée par les déserts urbains.

20160508_101318

20160508_101814

20160508_102449

 

 


     20160508_103245

 

20160508_103553

20160508_103729

20160508_104519

 

20160508_113715

20160508_113021


J'y étais ! (bonheur du jour potentiel) (mais attendons la suite de la journée)


    J'ai cassé ma tirelire vide pour acquérir le tome 2011 - 2015 des Carnets de notes de Pierre Bergounioux. Aussi différentes que soient nos existences et notre perception des choses, il y a en commun cette soif d'un plus grand horizon que celui offert par nos lieux et temps de naissance (je ne m'en suis qu'à demi sortie, loin d'avoir son niveau), la fatigue permanente (et devoir négocier avec elle chaque activité, ce qui n'empêche pas d'être actifs, plus que quelqu'un de grande pleine santé qui se laisserait aller, car on sait tirer le maximum du possible) et jusqu'à l'an passé la souffrance du froid (1). Et quelque chose de la façon de capter les jours avec une élégance d'expression pour les plus simples des choses et la présence de la nature dont nos activités le plus souvent nous éloignent qui me fait du bien.

S'y ajoute ce petit charme que parfois j'y croise des ami-e-s (par exemple une Sylvie qui retient une capuche (sourire)). Et une petite fierté puérile de pouvoir dire de loin en loin, Hé, j'y étais.

Et donc pour ce 30 janvier 2011, dont me restait un souvenir absolument non daté, au sujet duquel Pierre Bergounioux écrit entre autre "Dominique [Viart] va mener l'affaire avec brio, une heure et demie durant, alternant questions parallèles, croisées, lectures d'extraits." tandis que par ici, à la fin d'un billet que cette après-midi vivifiante m'avait inspirée j'avais noté : "Merci (à eux, à Dominique Viart qui fut un modérateur parfait, à qui organisait, à qui m'a accompagnée (j'y serais allée quand même, notez))".

Diariste est un métier.

(Oui en ces jours où décidément la barbarie resplendit (2), j'éprouve comme un certain besoin (avant de continuer à prendre des risques comme tout le monde par ma simple vie quotidienne) de me la péter pour de jolies mais culturelles futilités. Il nous restera ça). 

PS : Martine Sonnet, présente également, avait aussi admiré l'art du modérateur. Plaisir de la relecture, cinq (!?!) ans après : "Virgule d'une part virgule"

 

(1) Je radote à loisir mais vous ne pouvez pas savoir combien il est étrange d'avoir changé de camp du jour au lendemain à et sur ce point là. 
(2) En cas de péremption du lien : attentat-suicide au Pakistan à Lahore, dans un parc où jouaient de nombreux enfants.


BDJ - 160204 - Pour une fois (envisager) un achat


     (bonheur du jeudi 4 février 2016)20160204_084320

La rencontre de la veille m'avait fait prendre conscience que si je devais travailler dans les lieux enchantés, il fallait que j'ai au moins pour certains jours une tenue qui en ai, et n'appartienne pas au classique usé qui fait l'essentiel de ma garde-robe, à quelques rares exceptions dues à des circonstances précises près (1). 

J'ai donc envisagé un achat vestimentaire, dans la gamme pratique mais féminin, légèrement amusant mais pas non plus trop fantaisie afin de ne pas apeurer d'ultérieurs clients. Et qui puisse se porter avec d'autres éléments de garde-robe que par ailleurs je détenais. 

Et bien sûr, pas trop cher. Car le travail était loin d'être déjà là. Et même après, nous serons toujours dans la plus grande attention à porter au budget.

Que j'aie ce réflexe m'a remis en mémoire une conversation remontant à plusieurs année, quand l'une de mes amies avait rencontré quelqu'un, et s'était (sur)prise à quelques investissements vestimentaires alors que depuis longtemps elle n'y pensait plus.

Mon réflexe concernait le versant professionnel, mais n'en demeurait pas moins du même ordre. J'ai aimé avoir pour une fois une réaction classique. Et que l'envie revienne. Poussée par une forme de certitude calme, que je ne m'expliquais pas : du travail reviendrait.

Les autres bonheurs furent de trouver le temps d'écrire en papier à deux amies précises à qui je devais quelques nouvelles - je profitais que l'horizon depuis la veille s'éclaircissait -, tout en me montrant efficace à ranger (2). 

(1) Par exemple une invitation à un mariage.
(2) Grand rangement devenu très urgent de l'appartement.

 

billet publié dans le cadre des Bonheurs du Jour.
C'est l'amie Kozlika qui a lancé le mouvement et le lien vers tous les bonheurs (pour s'inscrire c'est par ici- grand merci àTomek qui s'est chargé du boulot -) 

Chez Couac : Bonheur du jour 22

billet commun avec Bella Cosa