État d'âme

 

    Ce luxe que c'est, car ça nécessite que les choses soient calmes et l'emploi du temps pas trop bousculé.

Noté donc ceci ce matin sur FB, et comme je me dis qu'il y aurait sans doute matière à un billet je le reprends ici 

Dans la continuité d'une conversation récente, constate grâce à un rythme de vie plus calme revenu (première période depuis avril 2016) qui me laisse le temps de penser, que celle et ceux qui sont brutalement partis me manquent effectivement comme des morts. C'est-à-dire que je pense à eux, je les aimerais encore là, mais c'est une personne figée telle qu'en mes souvenirs et qui n'est pas la personne qu'ils sont quelque part ailleurs avec d'autres actuellement.
(et que j'ai très envie de revoir les ami-e-s perdu-e-s de vue ces dernières années pour cause de sur-activité et zéro temps disponible, mais ça, ça n'est pas surprenant)

avec son PS

Le hic étant qu'avec les vols subis en 2017 et le téléphone puis l'ordi avec l'agenda et le répertoire attenant, je n'ai plus aucune coordonnées d'un certain nombre de personnes qui me sont chères (tout en ayant récupéré par voie automatique des contacts principalement téléphoniques dont je n'ai plus la moindre idée, anciens collègues ? rencontres professionnelles ponctuelles ? blogueurs des tout débuts ?)

Ici j'ajouterais qu'alors que nous ne nous connaissions que de vue et pour moi de lire ses écrits, il y a un réel poids de l'absence de Mathieu Riboulet. Sans doute parce qu'il était proche de pas mal d'ami-e-s pour qui il a beaucoup compté - il présentait les gens les uns aux autres qui ensuite en faisaient quelques choses, visiblement c'était en lui comme un don d'association -. Bien sûr l'omniprésence de son absence au colloque Bessette a renforcé ce sentiment, cette sensation. Mais elle pré-existait. Son fantôme me demeure présent. Comme l'est celui d'Honoré.
Sans doute qu'au fond de moi je refuse qu'ils soient totalement définitivement absents. 

 

 

 


C'était la seule consolation de cette situation

(C'est un billet que j'avais écrit il y a un an ou deux, pas mis en ligne sur le moment, redécouvert aujourd'hui) (intéressant de voir ce qui entre temps a changé, ce qui n'a pas bougé) (et je mesure l'importance bienfaisante du triathlon dans ma vie, c'est comme si l'ensemble de mes capacités s'étaient élargies, en plus que je parviens enfin à penser un peu à moi, par le biais de l'attention nécessaire au corps)

 
    C'était la seule consolation de cette situation, quand celui qui avait bien un peu fait semblant est parti, je n'ai plus vraiment eu, fors cas très particuliers très extrêmes, par exemple les différentes vagues d'attentats et de ne pas savoir qui risquait ou non d'avoir été là, à rester suspendue aux nouvelles de quelqu'un ou à leur absence. Lui était plutôt du genre régulier, ou alors il prévenait (cette semaine, j'écris), généralement de façon inutile (c'est lui qui m'envoyait un SMS, un mail), ou alors s'est parce qu'il était malade (auquel cas il réécrivait dès qu'il le pouvait, où envoyait un bref texto dès qu'il sortait de la fort fièvre). C'était plutôt moi l'irrégulière. 

D'ailleurs je le suis hélas souvent avec la plupart de mes amis : il y a le travail, il y a ses prolongations (de belles soirées en librairies, des lectures pros), la petite famille, les entraînements sportifs, quelques sorties, et (pas suffisamment) l'écriture. Le sommeil prend tout ce qui reste. Souvent le soir lorsque je suis enfin devant l'ordi, je m'efforce de répondre à mes messageries (celles des réseaux, celle du vrai mail), et le sommeil déboule avant que j'aie fini. Je remets donc au prochain temps personnel libre, généralement le lendemain soir car le matin c'est debout-se préparer-filer et il n'est pas rare qu'un message reçu en début de semaine n'ait pas de réponse avant le week-end suivant. Comme désormais le week-end je travaille une fois sur deux (en gros), ça remet parfois d'une quinzaine, et je pense que mes interlocuteurs sont en droit de penser que je les ai oubliés (alors que non).

Il s'est trouvé que l'an passé parce que la bien-aimée d'un ami de longue date avait subi un dangereux problème soudain de santé, je m'étais par ricochet retrouvée dans la situation de l'attente dans l'inquiétude. Avertie du malheur, prévenue d'un silence le temps du plus fort du combat, j'ai passé près d'une semaine à penser à eux en permanence, une sorte de petit sous-programme que mettait en sourdine le travail et mes propres moments de ressources intensément utilisées (par exemple ce retour du travail à vélo sous une pluie battante, le problème n'étant pas tant la pluie qui en deux ou trois minutes m'avait rincée, plus rien n'était à craindre, que les multiples dangers induits de mes freins devenus incertains, aux dérapages possibles, aux voitures qui levaient des flaques, et à une moins bonne visibilité).

C'est alors que j'avais pris conscience d'être retombée dans ce travers d'autrefois, datant de mon premier amour, puis de la période du Burkina Faso (l'amoureux moins gêné que moi par la distance subie : il vivait une vie au parfum d'aventures du fait même de son expatriation, tandis que je me frottais aux dures lois du travail en grande entreprise pour lesquelles personne ou presque n'était moins adaptée que moi), puis de la période de grande intimité avec l'ancienne amie, puis de la période avec celui que j'appelais Another Ted après qu'il m'avait si brutalement quittée : je renouais avec ces heures et ces jours traversés dans une sorte d'équivalent humain du "mode sans erreur" des ordis, fonctionnant mais sans plus, plein de fonctions mises en veilleuse, incapable d'accéder à l'ensemble de mes capacités, pas tout à fait présente, en fait.

Et comme toujours le message (en l'occurrence un SMS) mettant fin à l'attente (d'autant plus qu'il apportait une bonne nouvelle, un intense soulagement), montra combien l'oppression avait été forte par le niveau instantanément d'énergie retrouvée et de présence au (reste du) monde.

Ça n'aurait constitué qu'un dégât très collatéral, mais j'avais été au bord de perdre le seul aspect consolant de ma situation de "rejected one".

 

PS : Cet épisode avait aussi été l'occasion de mesurer, comme l'évoquait Chris Marker dans "Le cœur net" la non sanctuarisation de l'amitié dans nos sociétés. Si je suis la sœur de mon grand ami, je peux éventuellement obtenir des informations par un tiers, c'est la famille. Je ne suis qu'une amie, quand bien même notre lien affectif de fraternité est très fort, pas moyen de savoir ce qu'il est advenu si le principal intéressé trop occupé ou accablé n'émet plus rien.
Ça avait été aussi l'occasion de prendre conscience d'un truc auquel je n'avais auparavant pas vraiment songé : la plupart de mes amis "d'avant", s'ils meurent sans que des amis communs ne relaient l'infos, je n'en saurais rien. Pour un certain nombre d'autres de mes amis de ma vie depuis l'internet (1), je sais que d'une manière ou d'une autre, par les réseaux ou les infos, je serais avertie si quelque chose survenait. Les temps ont bien changé. 

(1) J'aimais beaucoup ce que disait au passage Samantdi sur ses amis d'avant et d'après. Valable aussi pour les miens (et moi)


Les moments les pires ne sont pas les pires moments

 

    Les moments les pires ne sont pas les pires moments, mais plutôt ceux où l'on avait cru à quelque chose de meilleur alors qu'un malheur s'abattait. 

C'est se réjouir de retrouvailles et que l'autre en profite pour dire On ne se verra plus (1).

C'est se dire que quelqu'un après tout n'est pas si mauvais bougre qui s'est souvenu d'une amitié avec un autre dont la mort vient d'être annoncée et fait l'effort d'envoyer un message de condoléances, ouvrir le message pour cette seule raison (car on s'en protégeait sinon), et découvrir qu'en fait il se vantait simplement d'un livre léger commis avec sa nouvelle partenaire.

C'est se dire un soir glacial d'un sale janvier, à l'heure qu'il est si un ami, visé avec d'autres, était mort on aurait déjà appris son décès, les autres noms ayant été dits ... et l'apprendre juste après.

C'est, convoquée par une hiérarchie qui n'avait que des compliments à la bouche, imaginer qu'on va obtenir une augmentation, ou au moins une prime et apprendre qu'on est sur les rails pour un licenciement (peu importe qu'il soit économique et que d'autres aussi soient visés).

C'est croire qu'un bon ami est en train de vivre sa première journée d'une reconversion soigneusement préparée, et apprendre qu'il vient avec préméditation de se suicider (et qu'aucune reconversion n'avait réellement été envisagée)

Je suppose aussi pour les grands sportifs, croire à une victoire et apprendre que pour une raison imprévisible ils ont été disqualifiés. 

La dureté, on peut y faire face. On pige assez jeunes que la vie est ainsi. Que par exemple la mort en fait partie. Et qu'elle survient. Quand ça l'arrange.
Mais l'écart entre un bonheur au bord d'éclore et un malheur qui en sa place s'abat, c'est quelque chose qui mine et ne tue sans doute pas, mais met en danger. 

[j'y pense à présent à cause d'un livre que j'ai reçu sans l'avoir demandé]

 

(1) J'ai quand même amour et amitié confondus vécu ça 4 fois, 5 en comptant une très particulière qui présentait un délai - rétrospectivement je me demande encore pourquoi j'avais accepté ça, la sidération sans doute, ou de croire à une tentative pour atténuer un adieu en fait définitif (ce que ça ne fut pas, le délai fut respecté et l'ami réapparut, heureux que j'aie attendu) -.


Searching back for Sugar Man


    C'est notre petite radio locale qui en diffusant régulièrement de ses morceaux m'a permis de sortir (non sans peines les premières fois) de l'incapacité de réécouter Sixto Rodriguez. Le film de Malik Bendjelloul avait été mon carburant de la fin 2012, début 2013, je l'avais vu trois fois, ça me criait, Tout n'est pas perdu. a match is never lost, et nous l'avions partagé, sans doute notre dernier bonheur commun - même si tu faisais la fine bouche en mode, Allez, il n'était pas si oublié que ça -. Nous avions même envisagé d'aller à l'un de ses concerts ensemble, j'y suis quasiment allée avec mon meilleur ami (en fait nous fûmes 2 x 2, nous échangeant nos impressions en cours par textos). Mais voilà, c'est peu dire que ces concerts au Zénith furent catastrophiques, à hésiter sur ce qui est le plus décent vis-à-vis de l'artiste, partir afin de n'être pas spectateurs du naufrage ou rester en se bouchant les oreilles (1). Je me souviens d'avoir même demandé conseil à mon ami Gilles, Au secours, c'est quoi le moins pire ? Erika, qui la première m'avait dit Vas-y (au sujet du film) en prenant soin de ne rien spoïler, et lui furent des spectateurs de La Cigale, apparemment moins manqué.

Quelques jours plus tard, rupture subie, alors même que je préparais un travail de modératrice pour toi. Rupture sans signes avant-coureurs, si ce n'était un aller-retour à Paris quelques temps plus tôt, trop boulot boulot (soi-disant) pour qu'on se voie et cet étrange week-end en Baie de Somme sans proposer que l'on s'y retrouve et surtout : toi qui ne voyageais pas. Tu m'avais écrit qu'il s'agissait d'un repérage pour un roman, ce qui était étrange, tu ne m'en avais rien dit avant alors que j'étais souvent l'élément stimulant et l'avais clairement été des trois précédents.
Ce genre de choses ne prennent hélas sens qu'après coup. Sur le moment, tout juste l'esquisse d'une alarme, de celle dont parlait si bien Jaddo dans celui-ci de ses billets, et comme tu avais été beaucoup souffrant, m'être dit que c'était signe que tu allais mieux et que peut-être tu souhaitais me faire une surprise en guise de remerciement d'avoir été là en soutien tout le temps. Au fond, je n'avais pas tout à fait tort, la surprise y fut. 

Dès lors le naufrage de Sixto se trouva lié au mien, nous était commun un facteur d'âge, voilà, c'était beau ce nouvel espoir tardif - le sien professionnel, le mien affectif - mais il y a certaines choses qu'il faut faire quand il faut les faire. Après, c'est trop tard. 

Je n'avais plus réécouté Sixto "Sugar" Man depuis lors (2), il aura fallu la radio pour retrouver ce plaisir, non pas intact, l'association d'idées y est, quoi que je fasse sa musique me renverra en arrière-pensée à un sentiment massacré, mais assez fort pour me permettre d'y reprendre goût.

Alors je me suis mise en quête de ce qu'il était devenu depuis, sa santé s'était-elle encore dégradée ?

Et j'ai lu cet article d'Émilie Côté au sujet d'un Olympia en septembre, cette fois-ci réussi. Avec en prime une vigueur politique, qui fait chaud au cœur.

Allons bon, tout n'est donc pas perdu.
(merci Radio Nico)

 

(1) Cet article de l'époque écrit par Laure Nalian pour Culturebox exprime bien le malaise 

(2) D'autant plus que le cinéaste qui l'avait révélé, Malik Bendjelloul, en mai 2014 s'est suicidé. Il était donc réellement devenu impossible d'écouter la musique de Sugar Man en toute légèreté. Et ce d'autant plus que cette mort demeure, semble-t-il, un mystère (article d'Andrew Anthony pour Le Guardian, 13 juillet 2014)


Eternal sunshine of the spotless mind (Mon côté ...)

 

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Toujours par l'application "Ce jour-là" sur FB, que je n'ai pas si souvent le temps d'aller contempler, et dont je ne saurais dire si je la trouve bienfaisante ou source de tristesses - je suppose que je la trouverai plutôt instructive et utile si je n'avais pas été quittée, si un lieu de travail que j'aimais n'avait pas dû fermer, si des ami-e-s n'avaient pas entre temps disparu-e-s (morts ou changement de vie en mode j'efface tout d'avant), s'il n'y avait pas eu la brisure du 7 janvier 2015, si ... -, je suis retombée sur cette annonce que j'avais passée, il y a six ans, pour tenter d'aider.
J'étais persuadée que ça pourrait aider aussi les personnes intéressées, qu'il était efficace professionnellement et d'une grande qualité humaine. Je suppose que pour le travail il tient encore la route, même si le message qu'il avait (fait ?) diffuser urbi et orbi le 8 janvier 2015 me laisse quelques doutes. Pour le reste, c'est peu dire que j'ai dû déchanter. 

Note pour plus tard : toujours y réfléchir à deux fois avant de recommander quelqu'un. Les êtres humains sont parfois Jekyll and Hyde à un point qui dépasse l'entendement. 

À part ça, il se confirme que FB ou du moins cette appli satellite a bien un côté elle aussi "Eternal sunshine of the spotless mind" : aucune de nos interactions n'est revenue à la surface et si cette annonce a ressurgi c'est probablement que je n'y mentionnais pas son nom. Après, j'ignore si après janvier 2015 il ne s'est pas carrément retiré du réseau (et pas seulement : m'aurait désamitée), je n'ai pas cherché à le savoir, mais ça expliquerait l'effacement des communs (1). Là aussi je ne sais que penser : est-il plus triste ou moins triste de voir des / ne plus voir aucune / traces d'éléments d'un passé commun ? Ne plus voir pour aller de l'avant et passer à la suite de nos existences, même pour la personne laissée sur le carreau, voir pour savoir que malgré une fin brutale et sans ménagement ni respect (euphémisme), du bon, du très bon, avait existé et pouvoir y puiser quelques forces (et se dire que c'est encore possible, peut-être, avec cette fois quelqu'un qui en vaudrait vraiment la peine) ? 

 

(1) Au lieu d'un lien qui, si je cliquais, dirait "Ce contenu ne vous est pas accessible" ou quelque chose de ce genre.


Un si beau jour d'été

 

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C'était un si beau jour d'été : du boulot, pas mal, mais partagé, et agréable - j'aime la part physique de mon travail, je me demande parfois par quelle erreur d'aiguillage (en fait non, je le sais) j'avais terminé coincée dans un bureau -, une vraie de vraie de belle journée d'été, pas même un orage en soirée, ça me met en forme, je me sens libre.

En rentrant j'ai compris pourquoi : l'affichage alterné horloge - thermomètre de bord de périph oscillait entre 36 et 37°C. La poignée de jours par an où c'est le cas à Paris c'est le repos de ma peau : aucun boulot thermique à assurer, d'un côté comme de l'autre c'est la même chose. Et, à condition d'avoir à boire assez, le fait de n'avoir pas cette régulation à effectuer m'offre un regain d'énergie, comme si l'économie faite de laisser le corps poreux, de n'avoir plus comme job que de le délimiter, permettait de redistribuer une force.

Le hic c'est qu'on respire mal (depuis de nombreuses années en ville chaleur = pollution de l'air renforcée), que les hommes se traînent, que là aussi depuis de nombreuses années, la chaleur estivale semble désormais considérée comme une catastrophe naturelle (1). J'en suis réduite à une jubilation solitaire.

Et puis il se trouve que ce jour aura été assombri par une catastrophe naturelle, une vraie, un fort tremblement de terre en Italie, des pires : en pleine nuit. Les gens dans leur sommeil meurent ensevelis. 

J'étais légèrement inquiète pour une amie - pas nécessairement pile sur zone mais savait-on jamais, parfois on rayonne un peu, lors de villégiatures -, fus finalement rassurée. Ma famille vit plus au nord. Et pour l'instant les uns et les autres semblent à la mer, en Sicile par exemple, voire même en Chine. Pour autant, même sans être directement concernée, je me sens concernée quand même, de tant d'années passée un mois durant au pays, il me reste une proximité, un sentiment de fraternité, plus qu'un cousinage.

Il n'y a rien pour l'instant que je puisse faire, ni aider physiquement, impossible de quitter le travail et à quoi pourrais-je être utile ?, ni financièrement car notre situation actuelle, même sans inquiétude immédiate, est sans visibilité. Il n'y a aucun dieu que je puisse prier. Je pense à eux. Peut-être que quelque chose se dessinera dans les jours à venir, des propositions, des possibilités d'envois. Au moins s'en faire l'écho.

Des pensées sans doute bizarres, alors que ma TL sur Twitter a fait se voisiner des images de villes syriennes fraîchement bombardées et de villages italiens effondrés : à quel point une fois écroulées nos lieux de logements humains se ressemblaient. Peu de couleurs vives (à se demander où passent nos objets en plastique lors tout s'éboule), pas de signe de modernité. La différence : l'absence de femmes dans l'un des deux cas, alors que dans l'autre on en voit parmi les secouristes mêmes. Et puis cette autre, totalement incongrue, et mal venue - pourquoi penser à ça, pourquoi penser à moi dans un moment pareil ? -, mais qui s'est faufilée : les deux personnes qui m'ont quittée avec brutalité, repensent-elles à moi lorsque survient quelque chose qui ramène mon deuxième pays dans l'actualité, ce pays qu'elles semblaient aimer (2). Quelle place occupe encore dans celui qui l'efface, la personne effacée ? J'ai beau traîner mes guêtres sur cette planète depuis un demi siècle, je n'en ai aucune idée. Il est grand temps que mes ami-e-s reviennent. Je pense un peu trop aux absents.

Plus tard je me rappellerai sans doute de ce jour comme étant également celui où des photos ont fait le tour des réseaux qui montraient ce que donnaient au concret ses décrets interdisants les vêtements tout habillés pour les femmes sur les plages, au prétexte de lutter contre l'islamisation - comme si le terrorisme tenait à ça -. J'avais mal compris, n'ayant suivi que de loin les débats, et cru qu'il s'agissait de ces tenues dans lesquelles les femmes sont entièrement camouflées, parfois même les yeux derrière une sorte de grillage de tissus. Pour moi, question de sécurité générale, personne, homme ou femme ne doit sur l'espace public circuler masqué à moins de forces armées casquées ou forces de protections en interventions - ou cas médicaux très particuliers -. Il faut qu'on voie le visage de qui on a en face. C'est du bon sens élémentaire. Mais pour le reste, on en serait donc là : dicter aux gens et aux femmes particulièrement comment s'habiller ?
Et quelle violence, ces hommes armés en train de demander à une femme qu'elle se dévête ne serait-ce qu'un peu. En plein soleil, alors que sa tenue, au fond, y est adaptée et que ce sont les gens dévêtus (attention : je ne réprouve en rien la nudité, c'est notre état naturel, c'est simplement souvent moche et pas des masses pratique) qui s'exposent à un danger qu'on semble persister à ignorer (3). 

Enfin, on se souviendra peut-être qu'il y avait l'annonce de la découverte d'une exoplanète potentiellement habitable. L'impression que ça n'est pas la première fois qu'on nous parle de quelque chose comme ça. Et que peut-être ça ne serait pas un cadeau pour cet endroit de l'univers si une part de nos représentants futurs s'y établissaient. 
Et d'ailleurs, comment devraient-ils et elles s'habiller ? (pour commencer).

Tant qu'on en est dans la vêture, noter pour en sourire plus tard ou au dur de l'hiver tenter de garder la mémoire de l'été, que j'ai revêtu pour dormir ma chemise de nuit de Californie. Photo du 24-08-2016 à 23.47 

En fait un très très long tee-shirt acheté sur place en novembre 1989, coton de qualité qui en vingt-sept ans n'a pas bougé, et que je ne mets (j'ai conservé mes habitudes du temps où j'avais froid) que les nuits des jours où même la nuit est chaude. Le coton confortable absorbe la transpiration.

Le souvenir de notre dernier grand voyage (rendu possible par mon amie Carole et sa famille), juste quelques mois avant que naisse notre premier enfant, ce si beau moment de nos vies, ajoute au bonheur des temps chaleureux.

 

 

(1) Mes souvenirs de 1976 sont qu'on ne se paniquait pas de la chaleur qui semblait normale (c'était l'été) mais bien de la sécheresse : les cultures dépérissaient, il y eut un impôt pour financer des indemnisations et aussi des rationnements d'eau ; plus le droit d'arroser son gazon, ni de nettoyer sa voiture, du moins dans quelques régions. Mais les habitants étaient encore considérés comme des adultes responsables capables de boire et se mettre à l'ombre sans qu'on n'ait à le leur dire.  

(2) Au point pour l'un d'y faire s'achever un de ses derniers romans, le dernier avant l'effacement.

(3) Ou du moins on croit que des produits à étaler sur la peau en protège alors qu'ils sont certainement porteurs d'autres toxicités.


Encore une idée (vouée sans doute à la jachère)

 

    Je me suis réveillée avec une nouvelle idée de roman, un truc simple, un peu grave un peu marrant et qui à mesure que j'y réfléchis me semble cohérent, tenir la route. Pas de la haute littérature - en serais-je capable même si je pouvais disposer de ma vie ? - mais quelque chose que des personnes comme j'étais avant de tomber dedans pourraient lire avec intérêt, plaisir ou amusement. Et, si je réussis mon travail, après y repenser et glaner quelques pistes de réflexions, de voir certaines choses différemment, se poser quelques petites questions.

Comme dab j'ai vite posé les jalons. Je sais que mon temps d'écriture est limité, la première étape consiste donc à ramasser le matériau et les points de repère pour ne surtout pas oublier le gisement entrevu.

Seulement voilà : c'est la rentrée. 

Même si je travaille à temps partiel, compte tenu des trajets et de la période spécifique, active et chargée, ça suffira à me garnir l'emploi du temps et employer l'énergie.

Il y a pas mal de choses à faire d'un point de vue vie quotidienne. Traditionnellement période d'inscriptions, de démarches, d'aller chez le coiffeur, de faire les révisions médicales d'usage, de quelques achats d'équipements.

Il y a à l'appartement des urgences de travaux, de rangements.

Plus que jamais cette année : reprendre les entraînements.

Il s'agit d'une fiction. J'en avais déjà une sur le feu. Ça demande non seulement du temps mais une forme de disponibilité d'esprit que je ne parviens jamais à maintenir sur la durée : il n'y a pas de période assez calme, il se passe toujours des tas de trucs - quelqu'un malade, des catastrophes collectives, des fuites d'argent ou d'eau, des tâches pour lesquelles on se retrouve requises sans l'avoir cherché -, et je ne sais toujours pas comment cloisonner, le fait est que je suis sévèrement atteinte par le syndrome de George Bailey. 

Comment font les autres ?

Mes prochaines vacances seront actives : c'est le festival de cinéma d'Arras, emploi du temps garni.

J'ai réussi à réduire mon temps de sommeil mais il reste assez grand. Et je sais qu'en la matière forcer ne sert à rien car on peut se retrouver debout mais inefficace et totalement embrumée.

Bref, encore une idée qui risque de se lyophiliser alors qu'il y avait matière à faire.

Je ne suis pas jeune, et le temps file.

Mes deux atouts sont l'oloé parfait (1) et le fait que celui-ci des chantiers ne nécessite pas de documentation fors quelques coups d'œil dans mes archives personnelles. Mais une fois la période de sa fermeture annuelle franchie je ne pourrai m'y rendre que deux ou trois demi-journées par semaine. Combien de temps me faudra-t-il pour dans ces conditions aller au bout d'un simple premier jet ? Pourrais-je le faire sans perdre l'élan ? Avant le printemps qui s'annonce pour le pays si désespérant (2) ?

Une fois de plus je me demande par quel sentier parvenir à destination, permettre à ce projet de se concrétiser, lui réserver des heures fructueuses, sans pour autant laisser le reste aller à vau-l'eau. Il faudrait sans doute que je prenne exemple sur mon amie Samantdi qui parvient à faire place à son Américain, tout en menant et gagnant sa vie.

 

 

(1) que constitue la BNF
(2) Je sais d'ores et déjà que j'aurais un grand coup de découragement après les élections dont le résultat telles qu'elles s'annoncent ne pourra à mes yeux être qu'un cauchemar ou un écœurement. Si seulement pouvait surgir une sorte de Barack Obama homme ou femme avec un programme respectueux de l'environnement et des gens et qui serait crédible dans une tentative de mise en œuvre éventuelle.

 


Grâce à Thierry, grâce à Arthur

 

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Plongée avec délices dans "La vie renouvelée d'Arthur Rimbaud" de Thierry Beinstingel, j'éprouve le besoin de vérifier quelque chose dans la correspondance de l'Ardennais voyageur, qui est, je le croyais un de mes livres de chevet, une folie que je me suis accordée il y a quelques années. 

    Hélas, il semble avoir migré vers d'autres quartiers. Les rigueurs de l'année 2015 comme auparavant celles de la deuxième partie de 2013 m'ont fait perdre le fil de ma mémoire. Où diable ai-je mis cet ouvrage que je supposais en permanence à portée de ma main ?

Je suis seule, ou du moins seule dans la chambre, là où demeurent les livres en cours ou les livres importants. La matinée a été sportive, 1h30 de course puis autant de marche, la maison de Théophile Gautier (dont j'aimerais reparler), un marché perdu dans une ville que je croyais ne pas aimer, mais qui s'est montrée presque accueillante au cœur de l'été, la sieste moins reposante que je ne m'y attendais ; je ferais donc mieux de rester étendue à lire le roman présent plutôt que de me remettre en chasse de documentation.

Seulement c'est plus fort que moi, je suis saisie par le besoin d'en avoir le cœur net. Et me voilà lancé dans un tri que je rêvais bref, et qui ne l'était pas : j'avais oublié l'effet induit par trois années trop âpres, trop mouvementées. Alors j'y passe quatre heures et sans avoir fini. Ranger rarement permet d'exhumer des pépites. Je m'aperçois que je dispose de bien plus d'ouvrages concernant l'ancien jeune poète si vite retraité que je ne le croyais - sans toutefois retrouver celui que je cherchais -. Je retrouve sans l'avoir cherché un livre qu'un autre ami m'a donné une puissante envie de (re)lire  20160731_211913

C'est drôle je n'y serais pas parvenue si je l'avais voulu. Retrouve aussi des ouvrages qui me seront utiles à préparer l'automne et les rencontres littéraires qu'enfin sur la colline nous allons proposer. Me garde d'ouvrir certaines correspondances, inutile d'attiser les chagrins mais remet avec bonheur la main sur une citation de Rilke que l'on m'avait offerte et qui aura contribué à changer ma vie. Et ça, ça ne me fait pas de peine, puisque non sans efforts et une part de chance, le cap d'un morceau de ce changement est bien franchi, pas tout à fait celui envisagé, mais c'est déjà beaucoup.

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Je retrouve certains de mes propres écrits, dont l'un sous forme reliée ce qui me laisse surprise : suffisamment de temps s'est écoulé pour que je puisse les lire avec le regard de quelqu'un d'extérieur. Je redécouvre aussi un présent perdu 20160731_213148, la rupture surprise subie étant intervenue avant la revoyure pour laquelle il était prévu.

Les ruptures subies en 2006 et 2013 ont encore une lourde influence sur ma vie, me le confirme lors d'une pause et entre tant d'autres choses, le message d'une amie récemment réapparue. Je la croyais en distance, trop atteinte en 2013 je lui avais en quelque sorte fait faux bond sur un projet qu'elle me proposait - je n'avais plus de forces, j'étais trop sujettes à des moments d'abattements - et ces expériences malheureuses m'avaient fait croire que qui se met en silence a ses raisons, que les humains sont très impermanents dans leurs tendres affections. J'avais tout faux pour l'amie en question, elle avait en fait traversé de graves ennuis de santé et consacré l au travail l'énergie qui lui restait. Fataliste, je m'étais accoutumée à l'absence. À présent je frémis à l'idée qu'elle eût pu être définitive. 

 

Le livre recherché est resté caché, mais l'heure a tourné. Il est temps de remettre de la cohérence dans certains tris puis de filer au lit. 

Je sais que ça comporte une part de lâcheté mais j'avoue que cette plongée dans les lectures et des souvenirs personnels, en me laissant oublier le son, la marche du monde, m'a offert une très bienvenue parenthèse. Comme tant d'autres personnes, depuis 2015 et de façon renouvelée depuis le 14 juillet et les nouvelles séries d'assassinats qui se sont succédées, j'éprouve le besoin de penser à d'autres choses que le fonctionnement funeste du monde et les hommes bien trop fiers de leurs accents guerriers. 

 

La citation de Rilke revenait à point nommé.

 

 

 

PS : Comme demain personne n'aura à se lever tôt, je me suis réellement sentie comme un premier jour de week-end (les miens sont pour quelques temps dimanche - lundi), ce qui m'a permis d'échapper au sunday evening five o'clock blues. Rare et précieux.

PS' : Bonheur de la redécouverte d'un texte de Thomas Gunzig, "Bon alors on y va" dans un recueil collectif offert par quelqu'un d'autre. Très beaux textes pour dire le lien affectif fort d'un père pour son enfant. 


Deep sadness


    Le café serré de ce matin de Thomas Gunzig m'a aidée comme sa réponse hier lorsque j'ai entamé, avant que FB ne se réveille, un safety check à la mano. 

Que les amis se manifestent vite a été d'un grand secours. Mais déjà je sais certains d'entre eux concernés par ricochet : même scénario qu'en novembre à Paris ; en touchant une grande ville à des points de rassemblement, on touche facilement presque tout le monde ne serait-ce qu'en second cercle sans parler de tous ceux qui ont eu chaud aux fesses, ils auraient dû ou pu se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. 

En l'occurrence quelqu'un que je connaissais de l'ancienne librairie prend le métro, celui-là tous les jours vers cette heure là mais elle avait congé mardi. Une équipe junior de gymnastique qui fait partie de celles qu'accompagnent quelqu'un qui m'est cher devait s'envoler pour la Chine et être au check in à l'aéroport une heure plus tard. 

C'est les années soixante dix en Italie en pire : à l'époque les types ne se faisaient pas sauter avec leur bombe ce qui laissait peut-être une chance de repérer un "colis suspect". Les attentats suicides sont quasiment imparables, à part de demander à tout le monde de circuler sans sac et nu. Sans compter que les assassins peuvent se faire sauter dans une des files d'attentes créées par les contrôles. 

Plus tard, comme à l'époque, on découvrira de sales collusions. Mais le mal sera fait et des partis de haine auront sans doute pris le pouvoir. Remember Piazza Fontana, remember l'enlèvement et l'assassinat d'Aldo Moro. Il y a ceux qui font le sale boulot exaltés à point, privé d'un usage raisonné de leur cerveau, et ceux qui manipulent qui ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Et peuvent même être des ennemis déclarés des exécutants.

Un immense gâchis et des vies broyés pour assouvir la soif de pouvoir de certains. Les dieux et les idéologies ne servent que comme levier pour les petits assassins. Quand on maîtrisera la technologie des robots tueurs ça sera plus simple : il n'y aura plus besoin d'enrobage, juste la programmation. 

La seule réponse possible est de résister à la haine qui s'étend - en France avec son passé colonial et les séquelles de la guerre d'Algérie, elle est si facile à attiser, en Belgique j'espère un peu moins - et de continuer nos activités le plus normalement possible. 

Habitant Paris, ayant grandi les étés en Italie durant "les années de plomb", j'ai toujours eu conscience d'un risque permanent, partout, tout le temps. Ces derniers mois la probabilité a fortement augmenté. Mais il a toujours existé. Je n'ai pas particulièrement peur. Advienne que pourra. Mais je ne me rends que là où ça en vaut la peine. Ça rend exigeant sur nos activités. Il ne manquerait plus que ça que de mourir en se rendant à un boulot où l'on est traité comme un pion. L'ennui devient proscrit. Je ne vais plus qu'à des endroits et retrouver ou écouter des personnes pour lesquelles je serais assez fière si un attentat survenait d'être ramassée. Et il est hors de question que je renonce à circuler en métro - sauf à ce que des contrôles soient instaurés qui rendent l'accès trop compliqué -. J'y vais peut-être davantage en fait : pas certaine qu'en ces temps troublés on ait une nouvelle occasion de se croiser.

Je me suis aperçue que j'avais si peu de haine en moi que je me fais du souci même pour ceux qui aurait plutôt mérité que je profite de l'occasion pour leur rendre la monnaie de leur pièce comme on disait dans le temps. Je m'en veux d'être si peu capable de défense, si facile à attendrir pour l'éternité.
Il y a un immense soulagement heureusement à recevoir des nouvelles des amis, dès lors qu'ils vont bien, on s'aperçoit alors que c'est dommage d'être restés si longtemps sans se voir (1). 

Il y des surprises, il y en a dans toutes situations : ainsi ceux dont on ne se doutait pas qu'ils étaient à Bruxelles et qui soudain écrivent, Oui je devais arriver à l'aéroport mais mon avion est dérouté vers un autre, ne vous inquiétez pas (ah bon, mais d'où reviens-tu ?), ceux qu'on croyait encore habitant en Belgique mais qui sont depuis quelques mois à Paris et avec quelqu'un d'autre (2), celle qui vit à Bruxelles alors qu'on l'ignorait, celui qui a disparu de FB (on le trouvait effectivement un peu silencieux ces temps derniers) et dont on s'aperçoit qu'on n'a plus vraiment d'autres façons de le joindre, celui qu'on croyait seul et qui s'inquiète pour sa femme, celui qui est en Chine (mais répond aussitôt) (Je préférais quand c'était un capricieux volcan islandais qui nous offrait de telles surprises (comment ça : 6 ans déjà ?)), l'amie qui va bien mais reste inquiète pour l'un de ses fils (adulte) et finalement ça y est aussi rassurée (ma propre inquiétude pour des garçons que je n'ai pas vus depuis quatre ans et qui sont sortis si brutalement de ma vie (qu'a-t-on bien pu leur raconter à mon sujet ?)), celui dont on espérait un texto à la mi-journée, au moment de sa pause, il devait bien se douter que c'était difficile. Mais non, rien (3). 

En revanche qu'il y ait des attentats après l'arrestation d'un des suspects de ceux de novembre et le plus recherché n'était pas surprenant. Ne serait-ce que pour une question de "destockage" avant saisies d'autres planques, en plus du côté stratégique. Je pensais plutôt à Paris, supposant Bruxelles sous trop haute surveillance (en même temps : l'un n'exclut pas l'autre, nous n'en avons pas terminé).

Certains politiciens en profitent, on finit par prendre l'habitude, pour faire un concours de la déclaration la plus gerbante. D'une fois à l'autre ils font des progrès dans l'insupportable. Tout ce qui compte pour eux c'est de flatter l'électorat dans le sens du poil, alors au lieu de calmer le jeu, de montrer l'exemple, ils soufflent sur les braises : la colère rend bêtes, flattons l'imbécilité. On préférerait qu'ils se taisent.

On oublie tout ce qu'on avait d'utile à faire. Pour autant je ne suis pas restée scotchée à l'ordi, plutôt en fait, les messages aux amis sur différents outils. On finit quand même au fil des horreurs et des années par intégrer que les infos en continu n'apportent pas grand chose, des journalistes qui répètent en boucle le peu qu'ils peuvent annoncer, des témoins qui tentent de faire bonne figure mais peuvent difficilement dire autre chose que la panique et l'étonnement d'être survivants. 

On attend non sans crainte les listes de victimes, cette sinistre loterie. Une amie sait déjà deux de ses connaissances, peut-être des collègues (je n'ai pas osé lui poser la question), sérieusement blessés.

Je devais lire (pour le métier), n'ai pas pu réellement avancer. Ça n'est pas grave. Sans doute sommes-nous nombreux à n'avoir pas pu faire ce qu'on devait. Les jours suivants il faudra redoubler d'efforts.

Continuer, tenir bon et parier sur la chance.

 

(1) En même temps dans mon cas c'est simple, depuis 3 ans, c'est financièrement trop raide pour m'octroyer le luxe d'un déplacement de pur agrément. Je rêve de retourner à Torino, à Bruxelles, revoir la famille, les amis. Mais il n'y a plus de gras dans le budget, les factures se paient à l'arrache, les impôts, tout (je suppose que nous sommes loin d'être les seuls dans ce cas : des vies simples et sérieuses et pour autant des budgets qu'on ne boucle pas, la moindre réparation, une calamité, des frais dentaires peu remboursés, des mois à remonter). Donc je ne vois guère que ceux qui passent à Paris. Et la maison est dans un trop sale état pour les accueillir.

(2) Il n'y a pas à dire : une recherche d'emploi ça vous coupe bien du monde. Entre la fin du précédent travail (et que j'ai mis toutes mes forces pour le terminer proprement), le mois de novembre si violent (l'impression au retour du festival de cinéma d'Arras que ma vie a été engloutie dans un espace-temps de sidération), le mois de décembre très occupé (merci à ceux et celles qui sont passés me voir au Rideau Rouge), et voilà que mes recherches actives en janvier et février m'ont mise dans une zone de temps à part et que je n'ai plus suivi.

(3) Parfois je mesure que j'avais quand même quelques circonstances atténuantes quant à mon extrême naïveté. Si peu l'habitude qu'un bien-aimé se soucie de moi.