Tu sais que tu es vieille

 

C'est une amie qui postait ce matin un statut évoquant une session de formation qu'elle a effectuée toute une journée pour enseigner semble-t-il en milieu militaire ou carcéral ou quelque chose de ce genre, puisqu'elle parle d'"une horde de mecs dans la force de l'âge enfermés depuis des mois", signale que "pas un ne moufte" et en conclut qu'elle est "définitivement vieille".

Nous avons à peu de choses près le même âge elle et moi.

Ça m'a sans doute trotté dans la tête tout au long de la journée, mais comme pour moi elle fut belle, active, que j'y ai à nouveau croisé un homme que je pourrais aimer (1), que j'ai eu deux impromptus très chouettes, que j'ai fait ce que j'aime, ça aurait plutôt été pour me dire, Allons bon pas tant que ça.

Et puis au soir j'ai voulu, présomptueuse, finir par un concert dont j'attendais trop. Et pas du tout les conditions d'écoute que l'on nous réservait : debouts, tassés dans une petite salle (privatisée) enfumée. Je ne suis pas partie parce que je n'aimais pas la musique, je suis partie parce que tout simplement je ne pouvais pas tenir ainsi plus longtemps. Autour de nous que des personnes jeunes qui ne semblaient pas même être conscientes qu'elles fournissaient physiquement un effort.

D'où ce billet.

 

*        *        *

 

Tu sais que tu es vieille quand :

 

- une succession de petits dysfonctionnements physiques obèrent ta pratique sportive pourtant mesurée et régulière : un genou fait souffrir, plus tard une hanche, une épaule s'endolorise de tendinite, un dos te rappelle son existence vertébrale ;

- un homme te fait la cour élégamment pendant des mois pour t'écrire in fine que tu ne l'attires pas, mais que (trop content de t'avoir séduite) il tient beaucoup à toi ; que comme il est ton aîné d'une dizaine d'années tu le trouves crédible lorsque plus tard il te confie que l'amour c'est fini pour lui (mais qu'à toi il tient tant) et pitoyable quand il te quitte pour une femme qui correspond à son cahier des charges sexuel, (devenu) si restrictif, qu'il t'avait un jour détaillé comme pour s'excuser. Plus jeunes : je n'aurais pas été à ce point peu attirante, ni lui très vraisemblable en malheureux impuissant.

- tu sais toi aussi enfin écrire des déclarations d'amour. Plus personne hélas n'éprouve l'envie d'en être le destinataire ;

- tu lis des entrefilets sur des sites d'infos sans plus savoir s'il s'agit de canulars ou de la réalité. Comme si ton filtre à second degré par rapport aux monde présent était périmé ;

- tu ne te souviens plus comment c'était la dernière fois. Et il semble de plus en plus probable que cette dernière fois soit LA dernière fois ;

- tu ne te souviens plus du goût de certaines boissons ou aliments, ni de si tu as vu ou lu certains livres ou films ou vu ou écouté certaines musiques ou opéra.  

- tu es allée au moins une fois à un concert de Madonna qui ne coûtait pas cher et qui durait longtemps.

- tu quittes un concert non pas à cause de la musique, même si elle te déçoit un peu, qu'à cause des conditions d'y assister, debout, pressée, enfumée dans un lieu exigu : tu as beau être une non-fumeuse tolérante et sans problème avéré de respiration, tu ne tiens plus le coup. Tu sais pour l'avoir vécu sans trop t'en tracasser (2) 20 ou 25 ans plus tôt que c'est toi qui n'es plus apte.

- tu sais qu'il est inutile pour le genre d'emploi que tu cherches d'envoyer à de purs inconnus ton CV : même s'il n'y est pas inscrit ton âge s'y devine, et personne sans t'avoir vue, avec un corps malgré tout encore solide et cette énergie que t'accorde la passion, ne songera à t'appeler, même si tu es à 17 ans d'être théoriquement retraitée (3). 

- tu aimes lire. Même sur du papier.

- tu utilises parfois pour les mots une orthographe qui fait croire aux autres (4) que tu as fait une faute. Ce n'est pas sauvagement la clef du succès.

- tu traverses toujours dans les clous.

- tu préfères cuisiner au gaz.

- tu as connu en France le lait pasteurisé vendu en berlingots (lesquels ont perduré pour les mini-berlingots de lait concentré sucré). En fait j'aimerais savoir quels objectifs ou contrainte (ou au contraire absence de) avaient conduits à une forme si curieuse et peu favorable au stockage familial (pour le stockage en nombre, je vois).

- tu sens que ça surprend tes interlocuteurs si tu emploies certaines expressions. Il est très apprécié que tu les comprennes mais ça passe pas crème quand toi tu les dis. Une sorte de bienséance tacite de confort mental de ceux qui t'écoute requiert désormais que ton chant lexical soit délicatement désuet.

- il en est de même de l'habillement, mais comme tu as toute ta vie durant méprisé les modes et que tu rentres toujours dans tes vieux vêtements, tu as décidé de ne tenir aucun compte - sauf pour un rôle ou éventuellement un entretien d'embauche dans un quartier chic - des étiquettes générationnelles. Ton n'importe quoi est parfaitement assumé. Mais tu sens bien que parfois on te regarde bizarrement. Avantage : en usant tes fringues d'antan tu te retrouves parfois involontairement à la pointe d'une tendance renaissante. Et à peu de frais.

- tu n'es à l'inverse pas toujours immédiatement comprise lorsque tu emploies des expressions idiomatiques ou dérivées de dictons qui pour toi sont encore courantes. Tu sens que séparer le bon grain de l'ivraie a pris pour les moins de vingt ans un tour très abstrait. Et te demandes un peu par quelle magie "décrocher le téléphone" fait pour eux toujours sens. Le fin du fin du marquage de passage de cap est lorsque les jeunes utilisent des locutions que ton propre daron employait mais pas toi parce qu'elles étaient alors périmées. Ce qui signifie que tu as survécu à un cycle lexiqual complet.

- les nouveaux-nés dans leur façons d'être mis au berceau ont eux aussi effectué un tour complet voire un tour et demi (de ton temps on recommandait de les coucher sur le dos, puis sur le côté, puis sur le ventre, puis sur le dos et à nouveau sur le côté). Et tu es assez âgée pour savoir que ledit bébé s'en fout royalement qu'à part aux tout premiers temps de sa vie sur terre, les parents retrouveront dans des tas de positions parfois fort éloignées des recommandations académiques du moment.

- ton prénom n'est plus porté par aucun enfant de moins de 12 ans ou au contraire tu n'arrêtes plus de te retourner en croyant que l'on t'a hélé, surtout en traversant les squares pourvus d'une aire de jeux.

- les clubs de gymnastiques tentent d'ératiquer de leurs grilles les cours qui correspondent au type de danse, assez exigeant, que tu as toujours pratiqué.

- tu as vu à la télé en direct le premier homme qui marchait sur la lune. Et tu t'en souviens.

- il ne serait pas si surprenant ni choquant que tu sois déjà morte ; et qu'une biographie serait (déjà) garnie.

- tu n'as ni tatouage, ni piercing, seulement les cicatrices que la vie gratuitement t'a fournies.

- tu refuses obstinément de porter des vêtements avec en gros un nom de marque dessus (à moins que ladite marque ne te paie très cher pour servir de femme-sandwich)

- tu vois bien que ça surprend les autres que tu saches utiliser certains trucs
(et parfois mieux qu'eux).

- tu oublies de rappeler ta mère.

- le pharmacien retient une question quand tu lui présentes ton ordonnance pour la pillule contraceptive. Au point que tu aurais presque envie si tu te sentais plus en forme de lui demander avec le plus grand sérieux un test de grossesse (5).

- sans manger tant que ça, ni attendre d'enfant, tu prends du bedon.

- le lait hydratant que tu utilises depuis le siècle dernier ne sera bientôt plus produit. Plus personne ne l'utilisait, te dira sérieusement la vendeuse sans même songer que puisque tu le demandes toi si.

- ton besoin de chaleur devient pénible aux autres qui baissent les radiateurs dès que tu t'absentes - qu'ils aient trop chaud ou un souci d'économie plus fort que toi -. variante : la fenêtre des toilettes qu'il t'est pénible en hiver de trouver ouverte quand tu souhaites faire usage des lieux.

- celui qui dit t'aimer ne sait plus trop comment te le prouver (mais qui pourrait commencer par penser à remettre plus fort le chauffage avant ton retour ; ce serait cool hot).

- tu éprouves, à part l'été, le besoin de le laver les mains à l'eau chaude.

- tu as des bouffées d'enfance (6), au cours desquelles oubliant que ta carcasse ne présente plus tout à fait les mêmes caractéristiques qu'autrefois tu effectues des gestes hier encore anodins, qu'aujourd'hui elle ne supporte plus. En particulier tu oublies qu'il te faut mettre deux fois plus d'énergie pour obtenir une hauteur équivallente de saut par rapport à ta décennie précédente.

- pour peu que vous ayez des âges voisins, les hommes de ta vie n'ignorent rien des effets secondaires du viagra et il leur arrive par ailleurs d'avoir des envies urinaires aussi pressantes que celles que t'ont faites éprouver les grossesses. Tu as beau te dire, après tout chacun son tour, ça te rend triste, mais triste. Et tu fais preuve de l'indulgence que tu eusses aimé qu'on t'accordât.

- tu emploies à l'écrit, si tu ne te surveilles pas, des verbes au passé simple, voire au subjonctif imparfait. 

- tu as appris l'allemand au collège public parce qu'alors c'était courant (et l'allemand et d'être "dans le public"), participé à un échange dans le cadre d'un jumellage et retrouvé via facemuche 35 ans plus tard la trace de ton ancienne corres. (ce qui blague à part t'a fait rudement plaisir car vous vous étiez perdues de vue par effet des vies de jeunes adultes trop remplies et que vous aimeriez vous revoir).

- au fond de toi le retour prématuré d'une soirée prometteuse, par exemple à cause d'un concert inconfortable, est correctement consolé (du moins l'hiver) par la perspective de retrouver plus tôt et ton lit et ta couette pour y lire ou dormir.

- ta seule ambition à partir de novembre est de survivre jusqu'au printemps.
(et qu'au printemps tu tombes au désespoir parce que tout le monde se (re)met à être amoureux mais que tu restes hors jeu(x) même si on t'accorde parfois un strapontin au banc des remplaçantes).

- tu peux dire sans mentir que tu as connu le monde du vivant du président Kennedy (7).

- tu tentes de te dire que tu n'es pas si vieille que ça puisque tu n'as pas voté pour François Mitterrand en 1981 : à six mois près, tu n'en avais pas le droit.

 

 

(1) La réciproque est fausse mais au moins c'est clair et net, je le sais. Le voir cependant me réconforte : je conserve grâce à lui plus encore que par d'autres l'illusion qu'il existe des hommes brillants mais bons et attentifs à leurs prochains et peut-être même respectueux des femmes (là, je vais sans doute un peu loin). Et que ce que j'ai vécu n'a pas éteint en moi tout désir.

(2) Mais avec des lendemains qui déchantent.

(3) La face ensoleillée de cette sombre médaille est de constater que qui te connait et t'as vu bosser de soutient. Et du coup c'est d'autant plus réconfortant et valorisant que si ça allait de soi.

(4) sauf à ton grand-père s'il est encore de ce monde.

(5) Occurrence qui d'un strict point de vue technique serait d'une probabilité non nulle. Mais pour combien de temps ? 

(6) Très bien décrites par Daniel Pennac dans son "Journal d'un corps".

(7) En vérité fort peu, mais néanmoins. 

 


Bonne Mascotte, mode d'emploi

en période difficile, il convient de rappeler que

 

Le pouvoir fragile de la Bonne Mascotte résiste assez mal au traitement de celle-ci comme variable d'ajustage. Pour donner sa pleine mesure une Bonne Mascotte doit être traitée correctement si ce n'est choyée. Elle-même n'y peut rien.

Quelqu'un l'a compris qui devrait passer une semaine exceptionnelle à moins que celle qui vient.

  

Et si, mercredi midi, j'allais chez le dentiste ?

(en fait non, grâce à Raphaëlle que je remercie très fort je serai selon toute probabilité devant Hopper)

 

 


366 - super héros - version 1

 

Je ne suis pas un super héros, seulement une Bonne Mascotte, spécialisée littérature avec quelques incursions dans la musique et le cinéma. Qui est pris dans l'écriture, ou s'y sent poussé mais sans parvenir à franchir le pas, ou a connu des périodes fastes mais à présent s'enlise, peut sous certaines conditions qui ne m'appartiennent pas, compter sur mes services.

Les résultats sont parfois spectaculaires. J'ignore comment doser. Le processus une fois enclenché semble irréversible, Wytejczk a d'ailleurs peut-être disparu un peu pour cette raison-là, qui souhaitait rester coursier et non virer écrivain (douloureusement) renommé. Mon carnet d'adresses pourrait sembler somptueux aux yeux d'un fin lettré. Il l'est en forme d'apparences trompeuses : j'ai rencontré les uns et les autres avant leurs premiers succès ou que débute enfin la trop tardive reconnaissance de leur travail.

Le rôle est harassant. Il convient de lire énormément. Il n'est pas sans chagrin : les hommes (hétéros) à peine tirés de la mélasse s'empressent de prendre femme, laquelle non seulement jouira de leur présence mais est prise pour la muse quand je l'ai précédée de mon pouvoir discret. Il semblerait que Bonne Mascotte, tout comme jadis Vestale, condamne à la chasteté.

De plus tel le rôle de "U" dans l'œuvre de Grégoire Solotareff et Serge Élissalde, il abonne à la solitude : une fois la mission accomplie, l'auteur tiré d'affaire, la romancière satellisée sur les orbites du grand succès, on diminue puis disparaît ou presque de la vie du ou de la Mascottée. Ça n'empêche pas de jolies retrouvailles, mais elles tendent vite à s'espacer et se distend le lien, disparaît l'intimité (1).

Enfin, on n'est pas Bonne Mascotte de soi-même. Il semblerait même, si j'en crois les derniers développements, qu'il est impossible à une Bonne Mascotte d'en trouver une pour soi. La Bonne Mascotte de base ne peut compter que sur une clémence particulière du petit dieu facétieux des livres pour services rendus. Cette clémence est volatile et ne pèse pas lourd face au poids du féroce Chagrin d'Amours, cousin d'Hécatonchires aux pouvoirs voisins, ni aux œuvres inlassables des Parques de l'Ennui Sérieux de Santé. De plus, comme elle fait gagner beaucoup d'argent à ceux qu'elle a secondé, le demi dieu Picsoulidon n'a plus pour elle de budget. Le petit dieu des livres intervient parfois afin de lui éviter l'absolue banqueroute, souvent d'un (fin) cheveu.

Si j'ai survécu jusque-là, c'est que malgré la baisse de la part de l'écrit dans nos sociétés de cons-sommations, il restait encore bien des appelés à protéger afin qu'ils fassent un jour partie des élus d'un art bientôt perdu.

 

(1) à de notables exceptions près.

 

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I'm turning into an english speaking something

Today mais ça n'est pas la première fois

 

La première alerte eu lieu l'an passé je crois, à la BNF j'en suis certaine. Il y avait un petit tracas de connexion internet et à la jeune femme qui se tenait en face de moi je me suis adressée en anglais sans m'en rendre compte et sans que rien ne me laisse présupposer qu'elle était plus à l'aise dans cette langue qu'en français. 

Peut-être était-elle effectivement native d'un pays dont c'est le parlé, elle m'a répondu de la même façon comme si c'était naturel et c'est seulement au moment de reprendre le fil de mon travail en cours (en français) que j'ai pris conscience que nous avions toutes deux échangé en anglais.

Ça fait bizarre. Un peu de la même façon que lorsqu'au moment de quitter la maison on s'aperçoit qu'on a posé sans le faire exprès les clefs dans un endroit totalement incongru (ce qui ne m'arrive pas, mais je vois bien l'effet). 

Je ne le parle plus si bien que ça, trop longtemps sans assez de voyages mais le lis et sauf accent carabiné ou argot particulier le comprend sans effort et l'écrit sans hésiter (mais en faisant des fautes, so french touch m'avait-on dit à l'époque où j'écrivais pour VOAC).

Il se trouve que dans mon travail de libraire d'un quartier touristique, je jongle au cours d'une journée entre pas mal d'idiomes, j'ai supposé que je m'étais mise en mode "je suis au travail je parle la langue de qui vient", que peut-être un détail, mais lequel ?, concernant la jeune femme m'avait laissé à mon insu présupposer qu'elle était d'un pays anglo-saxon.

End of story.

Jusqu'à aujourd'hui une forme de récidive. Depuis le matin j'ai lui en anglais puis regardé un film en américain. Une fois achevé ce que j'avais à voir avec ces deux-là, j'ai pris un ouvrage en français, du siècle précédent mais enfin la langue n'a pas tant changé. 

Il n'empêche qu'il m'a fallu une page pour prendre conscience que je lisais le français avec un petit brin d'effort et comme de l'extérieur. J'étais d'ailleurs plutôt contente de ma relative aisance ... jusqu'au moment où je me suis rendue compte qu'il s'agissait de ma langue maternelle, non mais.

J'ai aussitôt retrouvé ma rapidité de lecture coutumière.

Mais j'en demeure troublée. 

Depuis bientôt six longues années que ma vie est comme incomplète, à différents titres, et même si par ailleurs elle est depuis l'an passé assez formidable, il m'arrive par moments de ne plus trop savoir que je suis une femme (1) - quant à l'âge n'en parlons pas, comme je suis dès mes 10 ans perçue en vieille dame indigne (2) et que je débute dans un nouveau métier où j'ai donc comme une vingtaine d'années, je suis complètement déphasée -.

Alors j'ignore de quelle redoutable pathologie mentale ou neurologique je suis en train de faire l'expérience, but I just got the wild feeling I'm turning into a young english-speaking something.

 

(1) et par d'autres d'en avoir une conscience très douloureusement trop affutée.

(2) J'ai dû lire trop jeune trop d'Agatha Christie. D'où une inexplicable attirance plus tard pour les si peu sensuels Belges et une forme précoce de Miss-Marplelite aigüe.

 

 


Quatre incapacités (et celle de bien compter)

Depuis longtemps, hélas

 

(billet d'humour - second degré)

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  •  

Point 1 Alors je ne suis pas une grande séductrice ni même une séductrice du tout. Et si j'ai le bonheur de la compagnie des hommes pour bien des bons moments, de coups à boire jusqu'à l'élaboration d'un roman, je ne suis (presque) jamais Celle qui. Hé les gars, mais j'ai un corps [de rêve (1)] aussi !

  • Point 2 Quand bien même je souhaiterais enfin remédier à mon manque pitoyable de capacités glamouresques et de séduction, rien n'y fait : je suis incapable d'avoir l'air coiffée plus qu'un quart d'heure et le reste est à l'avenant.

 

  • Point 3 Je ne sais pas désaimer qui me quitte, c'est un lourd handicap dans la vie. On dirait bien que ma biologie affective est un système à crémaillère, la redescente n'est pas possible. Alors en cas de rupture ou assimilées je reste comme un funiculaire en panne à mi-pente, à l'arrêt.

 

  • Point 4 Il m'est impossible de noyer mon chagrin dans l'alcool, il ne me fait aucun effet à part pour la bière devoir aller pisser. Pas moyen de s'offrir un break, des imbécillités pardonnables, des amnésies d'une soirée. Pour échapper à moi-même quand la vie est insupportable, le sommeil est ma seule issue.

 

  • Point 5 Toute psychanalyse est exclue, si on l'envisageait comme remède :

- 5.1 allongée où et quand que ce soit je m'endors instantanément (2) à moins d'être occupée à faire l'amour, accoucher ou lire un livre passionnant. Le divan est donc exclu. Payer pour dormir n'est pas dans mes moyens. Je préfère le sommeil gratuit (vous permettez ?).

- 5.2 quand les coups reçus, les abandons subis, et autres adversités du sort me contraignent à me faire aider par les service d'un(e) psychothérapeute, après un temps de soin, généralement consacré à lister, nommer et regrouper ce qui s'est mis à mal aller, histoire d'en dépolluer autant que possible le quotidien qui doit continuer, ça finit immanquablement en leçons de littérature. Je sais bien un peu pourquoi : je suis d'un naturel taiseux et le seul sujet sur lequel je sois intarrissable est l'écriture (dans une moindre mesure : le cinéma), donc sommée de parler ... je (ne) parle (que) de ça. En plus que je ne vais pas évoquer une vie sexuelle qui n'existe (presque) pas ⇒ Goto 1

En faisant un effort je peux éventuellement aborder quelques  anecdotes marrantes concernant des personnes que je ne connais pas (pas directement en tout cas). Vous connaissez l'histoire de ce couple de Français qui présents à Fukushima au moment du tsunami et de l'accident nucléaire et rescapés était partis il y a 12 jours de ça à Oslo pour se reposer ? (3)


Mais globalement, à ce point de n'être capable que de causer de lire et écrire, c'est fascinant désespérant fascinant.

Et l'ensemble combiné me laisse souvent coincée dans d'insatisfaisantes situations et sans solution. Plog.

 

(1) C'est hélas un rêve des années 70, musclé, poilu et seins petits. Ah si seulement j'avais été déjà femme en ce temps-là j'eusse fait un tabac.

(2) Pour peu qu'il cesse un instant de s'affairer sur mon cas je suis même capable de m'endormir sur le fauteuil incliné dans lequel les dentistes installent leurs patients.

(3) Comment ça, c'est pas drôle ? (oui, en fait non)

[photo : parfois dans l'existence on se trouve nez à nez avec un mur, impossible à franchir, difficile à contourner - hier au cimetière des Batignolles -]


Gagnons du temps (ter)

- Pensez-vous qu'une guerre ferait repartir l'économie ?

Quel genre de guerre ? N'y a-t-il pas déjà des guerres un peu partout dans le monde, précisément pour que les marchands d'armes continuent à avoir des débouchés ?

Si vous entendez une guerre mondiale et nucléaire généralisée, je pense que peu importe ce que je pense, tel que c'est parti de ce capitalisme fou et emballé on y aura droit et probablement pas entre les continents qu'on croit, ni avec les alliances qu'on attendrait selon nos vieux schémas.

Après, peut-être que l'économie repartira, mais toute seule ou pour les blattes : il n'y aura plus grand nombre d'humains.

- Vous considérez-vous comme susceptible concernant certains aspects de votre vie ?

Susceptible de quoi ?

- Pensez-vous que le soutien du groupe est indispensable pour agir au niveau professionnel ?

Tout dépend de ce qu'on entend par groupe. En admettant qu'il s'agisse des personnes portant un projet, oui bien sûr.

- Pensez-vous d'une manière générale que les artistes ne sont pas des gens sérieux ?

Les artistes sont les vigies du monde, qu'ils soient ou non sérieux importe peu, il faut les prendre au sérieux sous peine de graves dommages à l'ensemble de l'humanité.

Les traders et hauts financiers sont des clowns maladroits qui viennent de nous le prouver.

- Éprouvez-vous de grands sentiments de pitié vis-à-vis de malheureux ?

Oui parce que je sais que vous pourriez être à leur place et que de cette cohorte j'ai failli faire partie.

- Connaissez-vous quelqu'un qui vous déteste ?

Non. En revanche je connais quelqu'un qui a dû me détester sans que je n'en sache rien à l'époque puisque j'ignorais son existence même. Et une de mes anciennes amies m'a probablement détestée très fort à un moment donné : son homme était en passe de la quitter et un message de ma part qui se cachait d'autant moins qu'il n'y avait rien à cacher et qu'elle avait en fouillant retrouvé, lui avait fait croire que c'était pour moi qu'il s'éloignait. J'ai appris ce jour-là qu'il est d'autant plus difficile de prouver sa bonne foi qu'elle est totale : on n'a donc pensé à rien de ce qui pouvait l'étayer.  

J'eusse aimé qu'une fois l'affaire résolue, elle s'excusât auprès de moi. Mais bon au moins à présent qu'il est avec cette autre femme qui n'est pas moi, je suppose qu'elle ne me déteste pas. 

- Détestez-vous quelqu'un ?

Personne en particulier. Je déteste d'une façon générique et générale tous ceux des politiciens et dignitaires de toutes religions quelles qu'elles soient qui incitent à la haine de l'autre quel qu'il soit.

Quand je n'aime pas certaines personnes, je m'efforce simplement de ne pas les fréquenter ou de réduire au minimum incontournable nos interactions. Je n'ai ni temps ni énergie à gaspiller dans la détestation.

Je peux en revanche en vouloir à quelqu'un qui a fait du mal à quelqu'un que j'aime. N'essayez pas.

- Est-ce que votre entourage vous considère comme dépensier ?

Le père de mes enfants probablement. En fait je ne le suis que dans un seul domaine : les livres.

- Vous arrive-t-il de vous laissez aller à des "folies" dépassant votre budget ?

Seulement en cas de force majeure : quelqu'un qui va mal et qu'il faut aller voir loin et donc financer un déplacement, un outil indispensable, qui tombe en panne et qu'il faut remplacer sans attendre pour pouvoir continuer même si ; l'appartement où j'habite quand nous l'avons acheté. Mais cette folie, ça y est, est dûment réglée.

Je n'ai que peu de sens de la possession. Les objets aussi beaux soient-ils ne font que nous croiser.

La contrepartie de cette façon d'être et que l'acte d'achat ne me console pas. Il peut au mieux me soulager si je dispose enfin de quelque chose d'utile dont j'avais besoin.

- Êtes-vous en bon terme avec votre famille ?

Je m'efforce de l'être en tentant de limiter les occasions de conflits.

- Etes-vous irrité par le bruit que peuvent faire des enfants, des voitures, des rires ?

Non à moins d'être malade et que ce bruit soit vraiment très fort et très gênant. J'ai du mal à concevoir des rires irritants, sauf s'il s'agit de moquer quelqu'un stupidement.

- Avez-vous un ou des animaux ?

Non mais je pourrais vivre avec quelqu'un qui en a. Je m'entends généralement bien avec les chevaux et les chats.

- Vous arrive-t-il de vous mettre en colère ?

C'est rare. Il faut que quelqu'un ait mis en danger (physique) quelqu'un que j'aime. Ou que quelque chose soit d'une injustice ou d'une absurdité atroce et absolue.

Il m'arrive d'avoir une colère quand je devrais éprouver une peur, ce qui peut donner des résultats surprenants (et n'est pas sans risque, par exemple en cas d'agression).

 - Regrettez-vous parfois des choses que vous avez faites ?

Non, y compris quand je paie cher un engagement que j'ai eu, comme ce fut le cas dans un premier temps après avoir fait partie du comité de soutien de Florence Aubenas et Hussein Hanoun. D'abord parce que lorsqu'on a fait quelque chose de tout cœur, c'est que ça valait la peine, quel que soit le prix à payer ultérieurement. Ensuite parce qu'il est fréquent que dans un second temps reviennent des bonheurs. C'est le cas à présent.

Dès que c'est possible, je choisis la voie du "sans remord ni regret" même si elle est difficile, coûteuse ou délicate à suivre. Ce n'est pas toujours possible. Je me suis récemment trouvée prise par un cas de conscience qui semblait insoluble. Grâce à l'intelligence de qui d'autre était concernée, je m'en suis bien tirée.

- Vous reproche-t-on d’être trop bavard(e) ?
Pas depuis l'école primaire, non.

- Avez-vous l’impression que l’on abuse de votre gentillesse ?

Non, mais la certitude, oui. Depuis 4 ans j'ai dû apprendre à mettre des limites. On me reprochera donc désormais mon égoïsme.

 - Pouvez-vous écouter quelqu’un parler pendant longtemps sans que cela vous gêne ou vous agace ?

Si c'est intéressant ou s'il s'agit d'une détresse bien sûr que oui, je peux écouter longtemps. Sinon je m'efforce de couper court, en exprimant simplement que ça ne m'intéresse pas ne perdez pas votre temps avec moi, et si c'est impossible, de m'absenter en moi.

- Seriez-vous plutôt intransigeant qu’indulgent avec des subordonnés ?

Je suis peu capable d'avoir des subordonnés, je m'efforce toujours d'éviter ce type de lien. Si c'est inévitable je m'efforce de faire preuve d'exigence juste et d'être moi-même correcte en retour. Face aux mensonges et aux tentatives de manipulation, je suis sans indulgence.

- Acceptez-vous facilement l’autorité d’un supérieur ? Acceptez-vous facilement les ordres ?

NON. Uniquement s'il s'agit de quelqu'un d'extrêmement compétent dans le domaine sur lequel nous travaillons. Mon père a subi enfant le fascisme en Italie et il en a pris suffisamment du Obedite perche dovete obedire (3) pour 3 ou 4 générations.

- Affirmez-vous toujours vos convictions même contre l’avis de tous ? Contestez-vous un ordre venant d’un supérieur, si vous pensez qu’il est illogique ou contraire à la bonne marche de l’entreprise ?

Hé oui. Toujours l'intérêt général avant mon intérêt particulier. Je l'ai payé cher mais c'est sans regrets (cf. une des questions précédentes).

- Aimez-vous vous lever tôt le matin ?

Oui, surtout si c'est pour écrire, faire l'amour, lire ou aller nager.

- Si l’on aime son travail, peut-on se passer de vacances ?
Oui à condition de le varier afin que ça ne soit pas toujours le même effort en jeu (physique ou psychique) et de l'accomplir à son rythme.

- Vivez-vous facilement les situations stressantes ?

Tout dépend de leur nature. Professionnelles ou circonstancielles, oui. Affectives, nettement moins. Je suis fragile aux ruptures.

Généralement je fais face, puis je m'effondre après.

- Pensez-vous que la vérité est toujours bonne à dire ?

Elle peut être bonne à taire durant un temps donné ou face à un interlocuteur qui incapable de la supporter mettrait les autres ou lui-même en danger. Elle est en revanche bonne à préserver. La travestir, la modifier, la dénaturer présente toujours un danger qui n'apparait parfois qu'à retardement.

- Vous arrive-t-il de tricher pour ne pas perdre ?
Non, pas même enfant. Et puis d'abord pour gagner quoi ? Tricher c'est perdre (l'estime de soi).

- Pour atteindre vos buts, utilisez-vous tous les moyens disponibles ?

J'ai rarement des buts, je procède par efforts calmes vers ce qui me paraît être la moins mauvaise situation possible à un instant donné. Il s'agit surtout de s'en sortir. Parvenir à faire face à ce que la vie nous envoie comme épreuves. Je suis capable alors de faire feu de tout bois, mais de façon respectueuse. Tant qu'il ne s'agit pas de survie immédiate.

- Êtes-vous quelqu’un que l’on apprécie ?

Je n'en sais rien, c'est à ceux qui me connaissent qu'il faut poser la question.

- Avez-vous peur d’être mal jugé ?

Ça m'est égal. Je fais de mon mieux et si ça ne suffit ni ne plaît pas, tant pis. En revanche j'ai peur de décevoir ceux que j'aime.

- Vous arrive-t-il de faire des erreurs ? 
Comme vous en posant une telle question.

- Vous remettez-vous parfois en question ?
Peut-être un peu trop perpétuellement.
Ou pas : comme j'ai fort peu de certitudes, il n'y a pas grand-chose à remettre en question.

- D’une manière générale, faites-vous confiance aux autres ?
De ma naissance jusqu'au 17 février 2006, oui. Depuis, non.

- Êtes-vous actuellement en relation avec une personne qui vous dénigre ?
Je ne comprends pas bien le sens de la question. Je l'ai peut-être été dans un précédent emploi que j'avais, je me suis efforcée de mettre fin à la situation.

- Pensez-vous que les relations professionnelles puissent devenir des relations amicales ? Dans les grosses entreprises, il est recommandé d'éviter. Dans les plus petites, c'est souvent inévitable. Mais il convient de rester prudent. On peut s'exposer à de douloureuses déconvenues. Si rares sont ceux et celles avec lesquels en cas de guerre on pourrait faire de la résistance.

- Êtes-vous pour la peine de mort ? Non.

- Pensez-vous qu’il faille calmer les enfants hyperactifs ? Non, il convient plutôt de leur trouver des activités qui les apaisent ou les intéressent suffisamment. Que la chimie ne soit réservée qu'aux cas les plus extrêmes où il y a mise en danger.

- Pensez-vous que les lois soient trop laxistes ? Non, seulement celles envers les politiciens crapuleux, les trafiquants d'armes et les financiers.

- Pensez-vous que la France soit un pays privilégié en ce qui concerne la protection sociale ? Non, il y a eu beaucoup de déperdition ces temps derniers. Il serait d'ailleurs bon que les peuples d'autres pays puissent accéder à ce niveau minimal. Au moins un accès décent aux soins et pas seulement quand la terre a tremblé.

(variante : Si vous faisiez une crise cardiaque pendant que je réponds et qu'on vous refuse les soins au prétexte que vous n'avez pas l'assurance qu'il fallait, m'en voudrez-vous d'avoir répondu Oui ?)

- Pensez-vous que l’on cache beaucoup de choses aux gens ?
Que cache votre question ?


(1) J'ai cru comprendre ces jours derniers que l'euro passait déjà de mode, alors je me pré-adapte au prochain changement.

(2) Il me reste effectivement quelques zones d'incompétences, le plus récent des formateurs envisagé ayant démissionné l'an passé avant même sa prise de poste. Il avait pourtant remarquablement effectué le long et difficile parcours du postulant.

(3) Qu'on pourrait traduire par Un ordre est un ordre (et ça ne se discute pas).


Mode second degré off


Si j'ai parsemé ce billet de la fantaisie la plus assumée dont j'étais capable compte tenu du reste de l'actualité générale ou personnelle, il n'en demeure pas moins qu'aucune des questions n'a été inventée. Elles sont effectivement utilisées par certains recruteurs ou cabinets. Elles sont illégales et bien sûr vous n'êtes pas obligés d'y répondre, ils ne les posent que pour le fun n'est-ce pas. Vous avez besoin de gagner votre vie, enfin décroché un entretien et on vous les soumet. Vous y soumettez-vous ?

Un recruteur aux méthodes de big brother

(article de Jean-Marc Manach sur OWNI)

À l'attention de Milky : tu vois tes Milky Branlou Questionnaires pourraient faire de toi une pionnière du recrutement.

Gagnons du temps

Ici et maintenant

Nota bene : il est nécessaire d'être équipé du second degré pour lire ce billet, sinon passez votre chemin, vous comprendriez le contraire de ce qui est et perdriez votre temps.

Mode second degré on

Ma vie est si copieusement remplie et mon désendettement soulageant, pour que j'oublie parfois que je suis en recherche d'emploi et que d'ici à quelques mois, si je ne rapporte pas quelques sesterces (1) à la maison il pourrait nous en cuire collectivement.

M'étant conséquemment enquise des méthodes modernes de recrutement, il m'a semblé qu'on gagnerait un temps précieux si je répondais à l'avance aux questions tout à fait légitimes qu'un employeur doit se poser au sujet d'un candidat qui n'est le fils, la fille, la maîtresse, l'amant, ni le neveu de personne et qui n'a jamais participé à aucune émission de télé-réalité ce qui déjà n'est pas bon signe.

Si à l'issue de ce questionnaire, vous estimez que je puisse faire l'affaire pour quelque poste que ce soit (de nos jours c'est le savoir-être qui compte et plus tellement les compétences, n'est-ce pas) du moment que c'est très bien payé, qu'il y a l'internet et qu'il ne faut pas coucher (2), n'hésitez pas à me contacter à l'adresse qu'indique la rubrique "Me contacter" en bas à droite (hé oui, je suis quelqu'un de très organisé).

- Vous rongez-vous les ongles ?

Pas vraiment non, mais du fait d'une anémie permanente qui me tient compagnie ils se cassent souvent ce qui peut donner l'impression que.

- Pardonnez-vous facilement ?

Tout dépend qui. Et à quels sujets. Je ne suis pas capable d'oublier des propos racistes ou assimilés. Et quand quelqu'un avec qui je n'ai un lien que d'obligation ou relativement distant fait quelque chose de décevant, je me contente de prendre mes distances.

Quand quelqu'un que j'aime m'assassine, en fait j'oublie souvent.

- Perdez-vous souvent vos affaires ?
Moi non mais elles oui. En revanche les livres, non. Les documents administratifs en ma compagnie se trouvent pour leur part en danger, autant que vous le sachiez.

- Pensez-vous que les journalistes sont en général libres et objectifs dans leur articles ?
Tout dépend si votre entreprise fait partie des annonceurs.

- Après une dispute ou un désaccord, faîtes-vous (sic) habituellement le "premier pas" ?
Uniquement s'il s'agit de quelqu'un que j'aime de près ou que je sais particulièrement fragile ou que le désaccord peine profondément quelqu'un que j'aime. Sinon je n'ai ni temps ni forces à perdre alors faites sans accent circonflexe et sans moi. Cela dit, je me dispute rarement même si je fâche parfois.
Je peux vous demander p
ourquoi vous mettez des guillemets à premiers pas ?

- Vous endormez-vous facilement devant la télévision ?

Je ne la regarde plus depuis longtemps, sauf quand j'y passe ou mes amis. Mégalomanie ? Non, lucidité. Il faut pouvoir mesurer l'étendue des progrès qui restent à accomplir. Dans ces cas-là on prend des notes, on ne s'endort pas. (ton sec, très professionnel, mordant).

- Bon, bon, d'accord. Alors disons, vous endormez-vous facilement ?

Oui, je peux m'endormir très facilement et presque instantanément sauf pendant un incendie, un accouchement et à moins de 20 mètres d'un marteau piqueur. Si vous voulez, je vous fait la démonstration immédiatement.



Mauvaises résolutions (très)

Hier et aujourd'hui, là, maintenant, ici

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Pour lire ce billet, il convient d'être équipé d'un module second degré confirmé.

Je n'ai hélas aucun téléchargement à vous indiquer

1 - Je n'indiquerai plus aux gens leur chemin. C'est vrai quoi, depuis l'enfance, comme la Mathilde du livre "Les heures souterraines" (1),  j'ai une tête à chemin. Parmi une foule de passants dont certains peu pressés, et alors même que je peux être chargée d'un bagage, de livres ou de commissions, c'est toujours à moi qu'on demande. 

Admettons que ça a commencé quand j'avais 12 ans et qu'environ 15 jours par an pour diverses raisons je ne mets pas le nez dehors, et que quand je le fais je renseigne en moyenne 3 personnes par journée (je baisse le nombre courant afin de tenir compte de séjours normands où effectivement je suis moins sollicité qu'à Paris, Bruxelles, ou récemment Marseille). Supposons qu'entre comprendre ce que cherchent les personnes perdues et leur expliquer par où passer ou leur exprimer mon ignorance ça me prenne 3 minutes à chaque fois. J'aurais (sauf erreur) consacré 148 jours et 9 heures de ma vie à renseigner les autres, comme ça, pour rien, gratuit, alors qu'à moi on fait payer le moindre truc utilisé (ou pas : je paie bien la redevance pour une télé que je ne regarde jamais). Tous les bouquins que j'aurais pu lire à la place ! Il ne faut pas que je m'étonne après ça de n'avoir jamais eu le temps de m'initier au bondage

Dès à présent, ne comptez plus sur moi, débrouillez-vous avec vos i-trucs, GSM, PSG et tout ce que vous voulez, ou perdez-vous définitivement.

Je ferai toutefois une exception pour Barack Obama. Des fois que les services spéciaux secrets de sa personnelle sécurité lui aient encore confisqué son blackberry.

2 - Je n'irai pas voter. Ben oui quoi, comment aller voter sans passeport valide ni carte d'identité et vu que je suppose que ça me prendra du temps avant de parvenir à les renouveler.

3 - Je ne recueillerai plus les paquets des voisins en leur absence. C'est vrai quoi, après ils viennent sonner en plein pendant que j'écris et je ne retrouve plus le fil fragile où en funambule incertaine j'évoluais. Y z'iront faire la queue comme tout le monde, avec toutes leurs poussettes, leurs chats, leurs chiens et leurs bébés ou leur canne (pour les plus âgés). Non mais !

4 - Je continuerai à jouer au loto. Selon toutes probabilités, c'est carrément stupide. Mais avec mon vieil abonnement j'ai gagné 431,30 € en 2009, plus de 2000 € en 2008, donc persévérer dans cette voie hasardeuse m'est un peu tentant.

5 - J'arrêterai l'amour. Ben oui quoi si je veux continuer à gagner au loto. En fait je crois qu'il a arrêté moi, tout seul et sans prévenir, ce qui est la plus grande différence entre l'amour et le tabac : les cigarettes ne disparaissent jamais d'elles-mêmes. Le fumeur peut agir sur sa destinée. L'amoureuse non.

Et d'ailleurs ...

6 - Je n'utiliserai pas de préservatifs.

7 - Je n'utiliserai pas non plus de billets de 100 €. Quand j'aurais de grosses sommes d'argent à payer en liquide ce sera uniquement en petites coupures et comptez pas sur moi pour recompter.

8 - J'irai voir un marabout. Je lui demanderai un "retour immédiat de l'être aimé" (ou plutôt un aller) "il courra derrière vous comme un chien derrière son maître désenvoutement, problèmes familiaux, chance aux jeux" non, ça c'est pas la peine, j'ai déjà. D'ailleurs mon quota de chance ayant été épuisé au loto, je tomberai sur un qui sera particulièrement charlatan et n'y parviendra pas. En revanche Wytejczk réapparaîtra. Mais je ne saurai pas si ça vient du marabout ou pas. Et ça sera pour m'intenter un procès d'avoir parlé de lui dans mon blog comme d'autres l'ont fait au cinéma déjà.

9 - Je continuerai à poster des billets et chez les autres des commentaires sans rien relire au préalable. Comme ça je ferai encore plein de fautes et ne me rendrai pas compte des tournures ambiguës que d'aucun interpréteront dès lors tout de traviole. Sur facemuche ma rubrique "ennemis" sera plus peuplée que l'autre. Et ça fâchera sans doute en plus quelqu'un qui sera vexé d'avoir moins d'ennemis que moi. C'est toujours comme ça.

10 - Je ne répondrai pas à mes mails.
Comment ça, je le fais déjà ?

11 - En revanche je répondrai aux cartes et messages de vœux. Ce qui veut dire que de moi-même je n'en enverrai pas (2). Fini de perdre du temps pour des gens qui ne s'en soucient pas. Mais pour ceux qui m'en auront envoyés, je répondrai avec ponctualité en m'adaptant au mode qu'ils auront choisi, du papier à l'écran de l'ordinateur ou de téléphone.

12 - Je laisserai tomber tous ceux qui n'ont pas l'internet ou se refusent de l'utiliser à titre personnel, sauf une deux dames que j'admire. Et pareil pour ceux qui n'ont pas de téléfonino (3). Si on fait tout pour se couper du monde, le monde n'a pas à se compliquer la vie. On va quand même pas en revenir au télégraphe et aux signaux de fumée. Cette mauvaise résolution numéro 12 devrait me permettre l'air de rien de semer les derniers vieux cons qui malgré tous mes efforts de la merveilleuse saison 2005/2006 ne m'avaient pas lâchée.

13 - Je continuerai à être insupportablement lente dans tout ce que fait. Et donc en retard. Tant pis, vous attendrez.

14 - D'ailleurs je ne penserai à lancer mes lessives que le soir après 22 heures, si possible 23. Comme ça je paierai moins cher l'électricité. Tant pis pour les voisins.

15 - Je vivrai avec délectation aux crochets d'un époux ou de la société. Plus question de travailler à autre chose qu'au futur Goncourt de mon prochain amant (horizon 2025 ; de toutes façons en 2010 j'aurai les résolutions 5 et 6 à tenir).

16 - Je boirai comme un trou. D'abord parce que c'est très chic quand on écrit de faire poivrote (n'est-ce pas Marguerite ?), et puis parce que depuis que je sais par Jean-Michel Guenassia que l'absence de troubles face à l'alcool est une maladie, je me dis qu'il est tant que je traite l'absence de mâle par le mal.

16 bis - [censuré]

17 - Je n'achèterai plus les bouquins de ceux qui ne me les feront pas parvenir au moins par SP. Et quand je craquerai ça sera sur Amaz*n, et surtout pas en librairie. Ou alors à la Fn*c. Et si la dédicace n'est pas chouette, j'en dirai tout plein du mal.

18 - Je publierai sans leur autorisation des photos volées et compromettantes des gens. J'en vois qui pâlissent. Hé oui, j'ai (déjà) du stock. Remarquez, hein, ça peut se négocier ...

19 - Je serai encore plus snob. Qui a sussuré, C'est pas possible c'est déjà fait ?

20 - Je n'essaierai plus de réconforter quiconque, ça ne m'attire que des ennuis.

21 - Je deviendrai une chieuse hystérique (4). Il paraît que c'est vachement plus efficace que le marabout.


MAIS

si ça peut en rassurer quelques-uns

Je continuerai à participer aux files d'attente de l'opéra Bastille, parce que ce serait trop bête puisque je n'ai pas à poser de jours de congés, de n'en pas faire profiter les copains et que nous nous y retrouvons en fort bonne compagnie (en plus d'obtenir de bonnes places à la fin).

BONNE ANNÉE

nota bene : L'une au moins des mauvaises résolutions ne devrait strictement rien changer, la probabilité d'une occurrence la concernant tendant grave vers zéro.

malus tracks : Je comprendrai enfin que Bashung est mort et poserai nue dans le calendrier des hétéroblogueuses.

"Toutes les fameuses résolutions prises à l’occasion de la nouvelle année nous engagent à plus de discipline, d’ordre, d’hygiène, de rigueur, alors que rien ne vaudrait mieux pour nous que de mettre plutôt notre petit système en vrac."
Éric Chevillard dans l'Autofictif du 1er janvier



(1) La citation exacte est : "Mathilde a la tête de quelqu'un à qui on demande des renseignements. Depuis toujours on l'arrête dans la rue, on baisse sa vitre quand elle passe, on s'approche d'elle avec cet air embarrassé. Alors Mathilde explique, tend les bras, montre le chemin." ("Les heures souterraines", Delphine de Vigan, (ed JC Lattès p 85)

(2) Sauf à trois personnes d'exception.

(3) Sauf deux mais c'est vraiment que je les aime beaucoup.

(4) J'en vois un au fond qui dit, Tu l'es déjà.
- Tare ta gueule à la récré, espèce de pas terminé !


[photo : quelques antiquités qu'un rangement a exhumées]

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