Mourir de froid des mains

 

    Au sortir d'une belle soirée au cours de laquelle nous avons fêté les 20 ans professionnels d'une amie, j'ai voulu comme dab rentrer à Vélib, j'en ai d'ailleurs trouvé un très facilement. 

J'aurais dû me méfier, ça n'était au fond pas bon signe.

J'avais mes mitaines de vélo qui à l'ordinaire suffisent lorsque les températures sont encore positives. Mais là, très vite, en chemin, j'ai cru mourir de froid des mains, une glaciation douloureuse avec des élancements fulgurants.

Je n'avais pas fait bombance, ou très raisonnablement. Ça n'était pas non plus une chute si brutale des températures, la station de Paris Montsouris indiquait 2,5°c vers l'heure à laquelle je suis sortie et mon téléfonino 2°c lorsque je suis arrivée en bas de chez moi. 
Au bout de quelques minutes à la maison, chauffée, j'ai pu recouvrer l'usage normal de mes mains.

Mon équipement général avait fait que le reste du corps, y compris les pieds pourtant seulement chaussés pour l'entraînement dont je venais directement après le travail, n'avait pas trop ressenti le froid glacial. Qu'est-ce qui a bien pu faire qu'il a été si redoutable pour les mains ?

Vivement pluie et temps doux !


C'est l'été !

La météo prévue pour cette semaine qui s'annonce 

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Je fais partie des personnes sensibles (et depuis longtemps) à l'urgence climatique (1), et qui tente de ne pas (trop) aggraver les choses par son comportement quotidien et par des voyages de pur agrément. 

Il n'empêche que je suis incapable de considérer comme un problème ou source d'inquiétude le fait qu'il fasse beau et chaud l'été. 

Je me demande à quel moment on s'est mis à trouver dangereux ce qui était normal : quelques jours de fortes chaleurs l'été ou de grands froids l'hiver. Je parle bien de quelques jours car j'entends bien, par exemple, qu'une canicule prolongée comme en 1976 et qui avait engendré une forte sécheresse pose effectivement un problème. 

Si vous souffrez, vous pouvez peut-être aller au ciné, non sans oublier d'emporter une petite laine : il y a "Parasite" en ce moment qui est un genre de chef d'œuvre, un film marquant dont on se souvient longtemps longtemps longtemps et qui peut ravir à la fois le grand public (une bonne histoire avec des rebondissements), ceux qui aiment qu'au delà du divertissement il y ait une réflexion (le point sur la lutte des classes au XXIème siècle) et les cinéphiles (bon sang, quelle maestria ! montage, angles, scènes impossibles (orage diluvien, mêlées humaines, (rares (mais intenses)) scènes d'action)).

Source de l'image : ce site météo norvégien qui est l'un des plus fiables que je connaisse et que m'avait fait connaître Franck Paul.

(1) Article d'Aude Massiot, équilibré me semble-t-il, sur la question paru dans Libé 


Oiseaux volants sur lac gelé

Laissés en jachère depuis novembre et la maladie de ma mère, mes appareils électroniques, photos, ordi, téléfonino ont tous leur mémoire saturée.

Au normal de la vie je prends soin d'eux chaque jour, comme un pêcheur relève ses filets, notes glanées, films, sons, vidéos, je trie, sauvegarde, jette aussi, chaque soir avant de m'en aller coucher. Mais la vie quotidienne a été bouleversée, surchargée, submergées, je n'en ai pas même fini avec les démarches consécutives au cambriolage et au décès, et les outils crient leur saturation.

Alors je prends le temps de tenter de rattraper une partie du retard, ne serait-ce que pour pouvoir continuer.

C'est ainsi que je retrouve cette video d'il y a environ deux mois : le lac d'Enghien gelé. Venue par le bus 138 je traverse Enghien les Bains pour me rendre près de la gare ferroviaire, à l'arrêt du 15 qui me conduira à mon lieu de travail en haut de la colline. Le lac est glacé, les oiseaux s'y posent. C'est d'une beauté qui me donne envie de ne pas me cantonner aux images arrêtées.   

Il fait bizarre de se dire qu'à l'heure où je les filmais ma mère encore vivait, pouvait communiquer. Et que nous ignorions combien de temps (semaines, mois ou année(s)) la mort prendrait pour achever l'approche irrémédiable qu'elle avait entamée.

C'est toutefois moins étrange que lorsque l'on retrouve des images saisies peu de temps avant une rupture subie, un accident fatal, un fait de guerre ou une catastrophe naturelle et qu'on se revoie, sujet ou opératrice, dans la totale inconscience de ce qui va nous advenir et modifier plus ou moins définitivement le cours de notre vie.

Consciente de la plus ou moins grande imminence d'une issue fatale, concernant quelqu'un dont j'étais proche de par la naissance au moins, j'étais fort triste au moment où j'ai filmé. Pour autant les oiseaux, le lac lui-même en sa configuration hivernale sont beaux. 

Je crois en de possibles rémissions par la beauté du monde, tant qu'elle existe encore.

 

 


Config canicule

 

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Touchée par le mal-être du fiston et malgré que je n'aime rien tant que le chaud et la lumière, je passe en rentrant l'appartement en configuration canicule, volets fermés - pas en plastique, c'est parfait, laisse le chaud dehors sans devenir brûlant (ni fondre) - fenêtre ouvertes ou entrebaillées ) l'ancienne afin d'éviter qu'elle ne claque sous l'effet du courant d'air créé. Fenêtre ouverte dans la salle de bain, qui donne sur le puits intérieur entre les immeubles. 

Ils datent d'un temps où l'on ne comptait pas sur l'énergie fournie afin de tenir le coup en toutes circonstances. La cuisine dispose d'ailleurs d'un garde-manger intégré. 

Il y a des cheminées. 

Ces jours derniers l'hiver paraît un concept imaginaire, abstrait. 

J'aime ça. Je quitte l'inquiétude sourde de passer le suivant. L'été me protège en se prolongeant.

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On sent pourtant son temps compté. Les arbres déjà perdent leurs feuilles par brassées, 20160827_212522 la nuit a cessé de tomber après l'arrivée des premiers sommeils, et le matin un réveil à la lumière précède de peu la radio enclenchée des jours obligés. Nous sommes sortis dîner, j'ai mis ma robe de 30°C que ma fille a cru neuve, tant il est rare que j'ai l'occasion climatique de pouvoir l'enfiler.

J'aimerais disposer de quelques jours encore afin de pouvoir parfaire ma santé.

Seulement je me doute que les orages ne vont pas tarder et les matins redevenir frais et la grisaille reprendre cette sorte de droit d'aînesse qu'elle détient sur Paris.


Un si beau jour d'été

 

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C'était un si beau jour d'été : du boulot, pas mal, mais partagé, et agréable - j'aime la part physique de mon travail, je me demande parfois par quelle erreur d'aiguillage (en fait non, je le sais) j'avais terminé coincée dans un bureau -, une vraie de vraie de belle journée d'été, pas même un orage en soirée, ça me met en forme, je me sens libre.

En rentrant j'ai compris pourquoi : l'affichage alterné horloge - thermomètre de bord de périph oscillait entre 36 et 37°C. La poignée de jours par an où c'est le cas à Paris c'est le repos de ma peau : aucun boulot thermique à assurer, d'un côté comme de l'autre c'est la même chose. Et, à condition d'avoir à boire assez, le fait de n'avoir pas cette régulation à effectuer m'offre un regain d'énergie, comme si l'économie faite de laisser le corps poreux, de n'avoir plus comme job que de le délimiter, permettait de redistribuer une force.

Le hic c'est qu'on respire mal (depuis de nombreuses années en ville chaleur = pollution de l'air renforcée), que les hommes se traînent, que là aussi depuis de nombreuses années, la chaleur estivale semble désormais considérée comme une catastrophe naturelle (1). J'en suis réduite à une jubilation solitaire.

Et puis il se trouve que ce jour aura été assombri par une catastrophe naturelle, une vraie, un fort tremblement de terre en Italie, des pires : en pleine nuit. Les gens dans leur sommeil meurent ensevelis. 

J'étais légèrement inquiète pour une amie - pas nécessairement pile sur zone mais savait-on jamais, parfois on rayonne un peu, lors de villégiatures -, fus finalement rassurée. Ma famille vit plus au nord. Et pour l'instant les uns et les autres semblent à la mer, en Sicile par exemple, voire même en Chine. Pour autant, même sans être directement concernée, je me sens concernée quand même, de tant d'années passée un mois durant au pays, il me reste une proximité, un sentiment de fraternité, plus qu'un cousinage.

Il n'y a rien pour l'instant que je puisse faire, ni aider physiquement, impossible de quitter le travail et à quoi pourrais-je être utile ?, ni financièrement car notre situation actuelle, même sans inquiétude immédiate, est sans visibilité. Il n'y a aucun dieu que je puisse prier. Je pense à eux. Peut-être que quelque chose se dessinera dans les jours à venir, des propositions, des possibilités d'envois. Au moins s'en faire l'écho.

Des pensées sans doute bizarres, alors que ma TL sur Twitter a fait se voisiner des images de villes syriennes fraîchement bombardées et de villages italiens effondrés : à quel point une fois écroulées nos lieux de logements humains se ressemblaient. Peu de couleurs vives (à se demander où passent nos objets en plastique lors tout s'éboule), pas de signe de modernité. La différence : l'absence de femmes dans l'un des deux cas, alors que dans l'autre on en voit parmi les secouristes mêmes. Et puis cette autre, totalement incongrue, et mal venue - pourquoi penser à ça, pourquoi penser à moi dans un moment pareil ? -, mais qui s'est faufilée : les deux personnes qui m'ont quittée avec brutalité, repensent-elles à moi lorsque survient quelque chose qui ramène mon deuxième pays dans l'actualité, ce pays qu'elles semblaient aimer (2). Quelle place occupe encore dans celui qui l'efface, la personne effacée ? J'ai beau traîner mes guêtres sur cette planète depuis un demi siècle, je n'en ai aucune idée. Il est grand temps que mes ami-e-s reviennent. Je pense un peu trop aux absents.

Plus tard je me rappellerai sans doute de ce jour comme étant également celui où des photos ont fait le tour des réseaux qui montraient ce que donnaient au concret ses décrets interdisants les vêtements tout habillés pour les femmes sur les plages, au prétexte de lutter contre l'islamisation - comme si le terrorisme tenait à ça -. J'avais mal compris, n'ayant suivi que de loin les débats, et cru qu'il s'agissait de ces tenues dans lesquelles les femmes sont entièrement camouflées, parfois même les yeux derrière une sorte de grillage de tissus. Pour moi, question de sécurité générale, personne, homme ou femme ne doit sur l'espace public circuler masqué à moins de forces armées casquées ou forces de protections en interventions - ou cas médicaux très particuliers -. Il faut qu'on voie le visage de qui on a en face. C'est du bon sens élémentaire. Mais pour le reste, on en serait donc là : dicter aux gens et aux femmes particulièrement comment s'habiller ?
Et quelle violence, ces hommes armés en train de demander à une femme qu'elle se dévête ne serait-ce qu'un peu. En plein soleil, alors que sa tenue, au fond, y est adaptée et que ce sont les gens dévêtus (attention : je ne réprouve en rien la nudité, c'est notre état naturel, c'est simplement souvent moche et pas des masses pratique) qui s'exposent à un danger qu'on semble persister à ignorer (3). 

Enfin, on se souviendra peut-être qu'il y avait l'annonce de la découverte d'une exoplanète potentiellement habitable. L'impression que ça n'est pas la première fois qu'on nous parle de quelque chose comme ça. Et que peut-être ça ne serait pas un cadeau pour cet endroit de l'univers si une part de nos représentants futurs s'y établissaient. 
Et d'ailleurs, comment devraient-ils et elles s'habiller ? (pour commencer).

Tant qu'on en est dans la vêture, noter pour en sourire plus tard ou au dur de l'hiver tenter de garder la mémoire de l'été, que j'ai revêtu pour dormir ma chemise de nuit de Californie. Photo du 24-08-2016 à 23.47 

En fait un très très long tee-shirt acheté sur place en novembre 1989, coton de qualité qui en vingt-sept ans n'a pas bougé, et que je ne mets (j'ai conservé mes habitudes du temps où j'avais froid) que les nuits des jours où même la nuit est chaude. Le coton confortable absorbe la transpiration.

Le souvenir de notre dernier grand voyage (rendu possible par mon amie Carole et sa famille), juste quelques mois avant que naisse notre premier enfant, ce si beau moment de nos vies, ajoute au bonheur des temps chaleureux.

 

 

(1) Mes souvenirs de 1976 sont qu'on ne se paniquait pas de la chaleur qui semblait normale (c'était l'été) mais bien de la sécheresse : les cultures dépérissaient, il y eut un impôt pour financer des indemnisations et aussi des rationnements d'eau ; plus le droit d'arroser son gazon, ni de nettoyer sa voiture, du moins dans quelques régions. Mais les habitants étaient encore considérés comme des adultes responsables capables de boire et se mettre à l'ombre sans qu'on n'ait à le leur dire.  

(2) Au point pour l'un d'y faire s'achever un de ses derniers romans, le dernier avant l'effacement.

(3) Ou du moins on croit que des produits à étaler sur la peau en protège alors qu'ils sont certainement porteurs d'autres toxicités.


Poèmes retrouvés

(en cherchant bien sûr tout autre chose).

Je vais mieux, celui-ci m'a fait marrer.

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J'ai aussi retrouvé ceci, la fin de quelque chose de trop intime pour par ici. Il n'empêche que j'avais oublié - comment ai-je pu oublier ? -.
Les tracas chroniques et l'ensemble des chagrins sont des effaceurs.

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(Mes résolutions de rangements d'un seul coup montent d'un cran) #àquelquechosemalheurestbon 

Et puis celui-là, voilà : 

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Un hiver très printanier


PC291889C'est la fin de décembre. Il a été très doux. 

En ce jour où nous décidons de quitter Paris pour une semaine ou moins (selon les impératifs d'emploi ou leur absence), on se croirait au printemps. 

La photo est prise à la va-vite sur une aire d'autoroute, mais le groupe de personnes sur les tables extérieures est tout bonnement en train de pique-niquer, et ce n'est pas héroïque de leur part, les conditions s'y prêtent. 

J'ai effectué tout le trajet en pull, ce grand pull gris moucheté trouvé un jour près de chez moi en rentrant, je crois, de chez toi, d'où que j'ai le sentiment d'un cadeau de ta part, quelque chose que tu m'aurais confié. Pas un seul instant, même en sortant pour la pause, je n'ai eu froid. À peine, une vague sensation de frisquet en arrivant dans la maison vide et non chauffée (1). 

Dans la salle de bain, un moustique nous attendait (2), dans le jardin deux fleurs.

C'est un hiver très printanier. 


Quelque chose d'ancestral m'empêche de le bien savourer. Pas grand chose à voir avec la conscience des calamités potentielles que porte le réchauffement climatique, je ne crois pas qu'un seul décembre change grand chose à l'affaire, d'autant plus que j'ai des souvenirs encore récents de grands froids bruxellois et de me tenir glacée dans des librairies dont les portes n'étaient la plupart du temps pour des raisons commerciales pas fermées. Mais plutôt avec la crainte animale d'un "rattrapage", que le doux présent cache du brutal ultérieur, que le printemps soit de ceux de diète prolongée comme autrefois lorsque les premières récoltes se faisaient attendre et que les maigres réserves de l'année passée étaient épuisées. Je ne sais presque rien de mes aïeux, mais ils m'ont transmis beaucoup de leurs difficultés de survie.

Vaguement inquiète et incrédule, j'enlève doucement mon pull.

 

(1) C'est là qu'on s'aperçoit que du moins hors la ville et ses micro-climats, le chauffage n'est pas tout à fait un luxe.
(2) D'où cette question du soir, à la mode enfantine
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J'ai enfin compris pourquoi je trouvais tant de vêtements dans la rue #eurêka

C'est que ce boy's band australien a des fans par chez nous :

(Bon, OK, ça n'explique pas pourquoi je trouve tant de vêtements à ma taille

PS : Ça n'est pas parce que je ne souffre plus du froid que je ne rêve pas d'une bonne vieille canicule sur le nord de la Loire de la France. Les amoureux du froid ont eu au tournant des années 2010 leur lot d'hiver rigoureux. Le printemps est parti pour être du genre frisquet et la dernière remonte à 2003. Je sais que le réchauffement climatique général représente un danger mais un été très beau et très chaud ferait du bien par ici pour changer. 

 

 

 

 


Les toasts (rêve interrompu) (par la pluie battante)

 

Je tartine avec une consciencieuse application des toasts en nombre pour une réception. Nous sommes plusieurs, tous nous connaissons au moins de vue. C'est pour un mariage comme on faisait avant dans les milieux populaires c'est à dire à la bonne franquette, à la comme ça peut, avec la solidarité et chacun qui s'y met. Un traiteur ? Un restau ? Allons donc faut pas rêver.

Les autres tartineurs causent mais j'entends sans écouter, concentrée comme si c'était tout un art que de tartiner. Leurs voix forment un fond sonore plaisant, comme quand j'étais bébé dans mon lit et que je captais sans saisir leur sens les conversations des grands. J'ai toujours depuis trouvé des brouhahas de voix plutôt calmes assez apaisants (1).

Nous nous réjouissons de la fête à venir.

Et puis l'averse qui tombe à toute blinde - il pleut des hallebardes tu les entends tomber - dans ma rue de Clichy me tire du sommeil comme un animal mis soudain en danger. Le temps de revenir dans ma peau d'être humain abrité et qui n'a laissé ouvert que la fenêtre de la cuisine et celle des WC (pas trop grave si ça flotte inside, sur le carrelage on peut éponger), le songe s'effrite : je ne sais plus de quelle fête il s'agit, les visages s'estompent, j'ai déjà perdu qui. 

Et puis surtout, elle m'a privée de la fête, la pluie.

 

(1) En l'écrivant je me souviens que j'ai vécu pareille scène il n'y a pas si longtemps, pour l'anniversaire de mon amie Colette C.

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Et soudain (de la BNF as a shelter)

 

P7080017Je déjeune avec une amie, heureuse du temps partagé, vient toujours le moment où malgré tout il faut se séparer, mais nos obligations sont légères, le temps est clair quoiqu'un peu frais, nous nous entre-accompagnons sur un morceau de chemin qui peut être commun, admirons brièvement le panorama parisien du haut du plateau Montparnasse.

Je me rends à la BNF consciente qu'il me faudrait cinq demi-journées pour y accomplir tout ce que je souhaiterais, mais qu'une c'est mieux que rien. La ligne 6 pour sa portion sans travaux m'y mène, je marche ensuite tranquillement jusqu'à l'entrée Ouest, puis comme j'ai réservé vers l'Est (je prendrai la C ou la 14 en repartant, et ma réservation est en salle P (pour les initiés)), traverse à l'intérieur l'ensemble du bâtiment. Je remarque vaguement qu'il fait un peu gris.

Une femme a perdu semble-t-il son ticket qui accapare au vestiaire l'un des employés. D'où un peu de file d'attente, mais guère plus que cinq minutes je dirais. Une fois mes affaires déposées et équipée du porte-documents transparent réglementaire dûment rempli du nécessaire pour écrire et étudier, je descends dans les entrailles de ce vaisseau futuriste d'autrefois (1). Je passe aux toilettes par précaution, elles sont diablement loin des postes de travail, autant une fois à pied d'œuvre éviter de devoir trop y retourner.

OSEF dirait le fiston ou plutôt aurait-il dit il y a 3 ans s'il avait lu jusqu'ici. Pourquoi tu nous racontes tout ça ?

En fait si je précise c'est pour expliquer qu'il se sera écoulé 10 à 12 minutes entre le moment où j'ai tourné le dos aux baies vitrées vers les vestiaires, et celui où j'ai retrouvé celles du rez-de-jardin. 10 à 12 minutes mais guère davantage. Et ce fut pour m'apercevoir que des trombes d'eau s'abattaient, qu'il régnait un gris de fin d'après-midi d'octobre, le même temps que la dernière journée (d'été) que j'avais passée à Uccle chez un saligaud de l'oubli (mais alors je l'ignorais, croyant que c'était un homme qui certes aimait les femmes mais savait respecter) et qui lui avait fait en mon honneur brancher le chauffage. En plein mois de juillet.

Le changement de temps (météo) était si soudain qu'il donnait l'impression de ressortir ailleurs que l'accès était de ceux qui font voyager. Ou que j'avais voyagé dans le temps (tic-tac), qu'entrée mardi midi je me retrouvais aux salles d'études un jour d'autre saison et de pluie.

Je me suis demandée si l'amie avait entre temps eu le temps de regagner sans encombre son logis. 

J'espère que oui. Et j'étais pour ma part très contente d'être au chaud à l'abri. 

 

(1) Je songe souvent au décor de "Solaris" de Tarkovski ou à Cosmos 1999 les jours où l'esprit est porté à plus de facétie.

 

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