Apprendre incidemment ce que l'on faisait un jour qu'il y a 12 ans (et demi)
31 décembre 2024
Tout a commencé par un curieux courrier de la banque de la poste qui m'annonçait que fautes de mouvements, un compte que je détenais chez eux allait être fermé.
Je me souvenais de mon premier compte courant, lequel était bien chez eux mais avait été me semblait-il déjà fermé par manque de mouvements, et il me semblait que c'était lié au vol de mon sac en 2017, lequel contenait mon ordinateur. J'avais immédiatement fait opposition sur toutes les cartes que je détenais (dont une carte de retrait simple et gratuite qu'ils proposaient alors) ; mais n'étais pas parvenue (et avais eu d'autres laits sur le feu), dont le vidage et la vente de la maison parentale, à recouvrer proprement mes identifiants, du moins me semblait-il et ensuite j'avais eu ce courrier qui m'avait semblé définitif : Faute de mouvement, nous avons clôturé. J'y avais peu d'argent, c'était devenu un compte de secours, tant pis.
Comme suite au nouveau courrier je me suis dit que cette fois-ci je n'allais pas laisser passer une nouvelle chance, et par la grâce des liquidations de jours de RTT en fin d'année, ai décidé d'effectuer les démarches.
Pour quelqu'un qui voisine la phobie administrative (1), c'était un bel effort.
J'ai dû téléphoner deux fois, avec une longue attente, être renvoyée vers la poste de ma ville, devoir jongler sur les horaires afin de pouvoir y aller, me faire rembarrer une première fois parce que leur système informatique ne répondait pas et qu'on ne pouvait donc même pas prendre un rendez-vous avec un conseiller, et qu'il fallait un conseiller pour réactiver un compte, me faire rembarrer une seconde fois parce que non réactiver un compte ce n'est pas sur rendez-vous mais ici les conseillers ne sont-là que le mercredi et le vendredi matin (2) ; et enfin reteléphoner mais avec moins d'attente expliquer que je venais de la poste et qu'on me proposait finalement seulement de passer à nouveau à des jours où je travaillais, et s'il vous plaît pourriez-vous m'aider. Cette fois-ci j'étais tombée sur la bonne personne qui a fait le nécessaire pour me faire parvenir des courriers papier avec un jour un mot de passe provisoire, et quelques jours plus tard le fameux identifiant qui, depuis le début, manquait (3).
Ce soir, j'ai enfin pu réactiver mon accès et je ne ferai certes pas fortune avec le reliquat retrouvé mais pourrai éviter une fin de mois compte (légèrement) débiteur si l'un de nos salaires tardait à être payé, le petit quelque chose qui manque parfois et fait qu'on paie des agios pour peu. C'est déjà ça.
Et au passage, j'ai pu lire cette précision : dernière connexion le 08.05.2012 à 17:06
Je sais donc soudain exactement ce que je faisais un beau jour de printemps en fin d'après-midi d'il y a 12 ans et demi, deux jours après l'élection de François Hollande en tant que président de la République, ce qui n'avait sans doute rien à voir, pas plus que le fait que ma nouvelle connexion ait eu lieu au lendemain de la mort d'un ancien président des États-Unis.
Comme je venais de me mettre à la course à pied, qui sait si je ne m'étais pas connectée afin de voir si mon compte de secours allait me permettre de m'offrir une paire de chaussures adaptées ? La question restera : à part cet horodatage rien ne reste visible de mon historique de mouvements.
L'an 2012 m'a laissé de bons souvenirs à plus d'un titre, j'aimais mon travail à la librairie Livre Sterling, j'écrivais, ça avançait, les ami/e/s m'avaient soutenue en m'offrant un ordinateur, je commençais à découvrir qu'une pratique soutenue du sport jointe à un métier physique mais à temps partiel tenait la fatigue en respect, en octobre 2012 nous avions pu faire venir Joël Dicker à la librairie juste à la veille de son immense succès (4), il y avait eu d'autres très belles soirées, bref, une bonne année.
Dès 2013, les choses reprenaient leur cours ordinaire : des obstacles, des difficultés, la perte, qui se révéla longtemps plus tard définitive, de quelqu'un qui comptait, l'écriture gênée par la recherche d'emploi, les ennuis de santé des uns et des autres proches ...
Ce soir, fatiguée, je me plais à rêver d'un sortilège heureux qui ferait que ma reconnection coïncide avec la reprise d'une période moins âpre et munie d'une part de bon, d'un peu de légèreté et de devoir moins batailler. La parenthèse magique des J.O. m'avait donné un avant-goût de belle vie normale (5) et j'ai très envie de retrouver cette énergie-là.
(1) Mais j'ai toujours fait ce qu'il fallait faire, et généralement à temps. Simplement ça me demande une énergie disproportionnée par rapport à ce qui est à effectuer. Et ça ne marche jamais du premier coup.
(2) Je n'ai plus le souvenir précis des jours et des horaires mais c'était deux demi-journées dans les jours travaillés à des horaires qui sont ceux auxquels je suis moi-même au travail, et ce deuxième passage avait lieu lors de mon dernier jour de RTT accordé donc c'était plié.
(3) Car mon compte était si ancien que l'identifiant mentionné sur le courrier initialement reçu ... n'était pas conforme. Un peu comme si un document actuel mentionnerait encore un numéro de téléphone à 7 chiffres.
(4) C'est si typique de ma vie que j'en ris encore : voir venir les mouvements mais n'en tirer aucun bénéfice financier. Quelques jours plus tard, premiers prix le concernant, et envol des ventes. Notre soirée avait été sympathique et plutôt satisfaisante, mais rien qui renflouait les caisses. Et, pour raisons économiques, j'ai perdu ce travail que j'aimais l'été qui a suivi.
(5) J'ai principalement et beaucoup travaillé, avec un fort sentiment d'utilité et pour des gens formidables. Ça m'a rendu heureuse, y compris quand il s'agissait de trier des chaussettes orphelines ou balayer la cour.