Liens du dimanche soir

Durant la semaine au soir, je vois passer des billets ou des articles ou des textes qui m'intéressent. Seulement si je veux éviter de me coucher après minuit, afin d'éviter que la journée du lendemain ou celle du surlendemain ne ressemblent à des tortures de conséquences de privations de sommeil, je n'ai pas le temps matériel de les lire.

Vient le week-end et je me dis Chic alors je vais pouvoir. Sauf qu'en ce moment un grand bout du samedi est consacré à des petites choses que le couvre-feu rend désormais impossible en semaine après le boulot, entre petites courses et entraînements sportifs en extérieur. Et que la fatigue en ce début de printemps après une année de pandémie est puissante, ce qui oblige à dormir.

Bref, bien de ces liens sont restés sans être tout à fait lus jusqu'au bout, et ça fait plusieurs week-end que ça dure. Alors je vais tenter d'en sauver quelques-uns pour la prochaine fois où j'aurais des heures perdues (un jour de récup ? de RTT ?). 

Vivre avec une thalassémie, même mineure, c'est savoir devoir laisser un article intéressant lu aux 2/3. On doit sans arrêt forcer sur la fatigue pour tenir un poste normal en entreprise alors il faut apprendre à renoncer sur les choses qui nous intéressent à titre personnel. 

Ce qu'on s'amusait (1951) ;
- Conversations avec Keith Richards (je n'ai pas renoncé, j'avance peu à peu, mais j'enrage de mon manque de temps libre) ; 
- Les œuvres du peintre Valérius de Saedeleer ;
- Constance : The tragic and scandalous life of Mrs Oscar Wilde by Franny Moyle (review) ;
- Interstices : le chaos c'est la vie (lu en entier mais j'étais si fatiguée que j'aimerais le relire) ;
- La nuit du journal intime sur France Culture ; (à écouter, en fait)
- Gloire et chute de Sébastien Feller, le prodige des échecs français devenu roi de la triche découvert grâce à Joachim Sene et que je voudrais relire à un moment où je peux paisiblement penser à son potentiel romanesque ;
- plusieurs billets sur Le Kawa Littéraire (et tenter de savoir pourquoi l'interruption) ; 
- une recherche à terminer sur The Beatles Bible rapport à The Beatles Tune In que je suis toujours en train de lire, triste d'être obligée de tant morceler.

 

Ceux-ci pas pour les lire, c'est fait, mais pour penser à en parler à quelques personnes en particulier (je sens que je vais oublier)

- Isère : Un patron abandonne son employé sur l'autoroute après une dispute
- Au rêve : le café mythique de Montmartre va être vendu aux enchères

 


Devenir "clients" c'est mauvais signe (dans certains cas)

 

    Pas mal de points m'ont marquée du nouveau film de Ken Loach "Sorry we missed you", outre qu'il montre la vie de tant de gens comme elle est, des gens de bonne volonté qui n'ont rien à se reprocher mais que le capitalisme mondial, sans contre-poids désormais, est en train de dévorer - moi comprise si la retraite n'arrive pas à temps -, mais des dialogues aussi, des détails du diable.

Ainsi cette phrase glissée discrètement parmi les remerciements, en générique de fin : 

"Thanks to the drivers and carers who shared the informations with us but did not want to leave their names"

Ainsi la mère de famille alors qu'elle tente de négocier auprès de l'agence de placement de personnel d'assistance à domicile dont elle dépend, qui proteste du fait de devoir appeler ses patients "clients". Elle a raison, il s'agit de personnes qui ont besoin de soins et il ne sont en rien libres de choisir comme le font de vrais clients d'un produit de consommation. C'est la même chose pour les usagers des transports en commun. On ne peut être clients que d'un truc que l'on choisit et dont on peut éventuellement se passer sans trop de dommages.

Cette phrase que le personnage d'Abbie Turner prononce, faisait écho de quelque chose. 

J'ai trouvé aujourd'hui. C'est dans "Le quai de Ouistreham" de Florence Aubenas page 31 de l'édition initiale chez l'Olivier, en 2010. 

Entre collègues, on parle d'abattage, tout le monde renacle à assurer le poste (1), mais les directives sont claires : "Vous n'êtes plus là pour faire du social, cette époque est finie. Il faut du chiffre. Apprenez à appeler "client" le demandeur d'emploi." C'est officiel, ça vient d'en haut. 

Décidément, de nos jours, devenir "clients", c'est mauvais signe, dès lors que l'on n'achète pas.

(1) celui qui nécessite d'assurer le premier rendez-vous avec celleux qui viennent s'inscrire, inscription initiale avec sa kyrielle de documents nécessaires, et orientation


Comme un fact checking de Jours tranquilles ;-)

 

Capture d’écran 2017-03-30 à 00.23.02

C'est un de ces soirs de début de printemps où s'enfermer paraît difficile et où je n'ai pas le courage de prendre le métro, pas pris mon matériel de vélib (casque et gilet réfléchissant), et où je me sens d'attaque après une bonne soirée pour traverser tout Paris à pied. 

Il se trouve qu'un bus m'est passé sous le nez (au sens littéral) marqué "Place de Clichy" alors j'ai sprinté pour l'attraper au vol du plus proche arrêt. Ce qui m'a accordé un splendide Paris by night (always such a delight) et qu'arrivée Place de Clichy comme j'avais ma montre de sport, l'idée s'est installée dans ma tête de vérifier la distance entre la place et chez moi ce qui à 30 mètres près pouvait donner la distance parcourue par le narrateur de "Jours tranquilles ..." lequel rentrait éméché en cinquante minutes du Wépler.

Hé bien donc la distance est de 2,5 km (à peu de choses près) et se fait bien en trente minutes (1) lorsque l'on n'a pas bu.

Pour les épisodes érotiques du bouquin, je sens que j'aurais plus de mal à procéder à quelque vérification technique que ce soit.

[en revanche pour ce qui est du bout de fromage dans le réfrigérateur, ce fut déjà fait] 

(1) de marche pas de course à pied.


À l'orée d'un nouveau Salon


(mercredi 16 mars 2016) À l'orée d'un nouveau Salon, je reste une partie de la matinée à la maison, il y a beaucoup à faire et je sais qu'avant lundi je n'y serai guère. C'est le temps des lessives, des factures et des poubelles, d'un peu de correspondance administrative ou professionnelle.

Malgré moi je suis inquiète pour les événements bruxellois récents, j'y ai encore de bons amis, je perçois encore cette ville, ainsi que Torino, comme un autre "chez moi" - alors que ça fait des années que je n'y suis pas retournée pour cause de persistante impécuniosité, du coup je regarde la conférence de presse accordée par les autorités et que la RTBF retransmet. Le retard transforme tout d'abord l'exercice en un sketch de caméra cachée dans lequel des gens se rajustent, téléphonent, selfisent, et rajoutent sans arrêt de nouveaux micros, testent ceux qui sont installés. Buster Keaton n'aurait pas renié. La conférence est efficace et sobre, glaçante en cela même. Un type est mort d'une trentaine d'année et alors que je n'éprouve pour lui aucune compassion si ce n'est celle pour ceux qui mal nés ont emprunté The wrong way, croyant se sauver, ou être héroïques, crédules, je songe qu'il y a peut-être quelque part une femme, sa mère, qui a dans les années 80 du siècle passé été fière de donner naissance à un garçon, s'en est occupé, le nourrir, le tenir propre, accompagner ses premiers progrès et qui si encore en vie désormais pleure, peut-être fière si elle a été contaminé par les mêmes convictions assassines, peut-être écrasée de stupéfaction et se demandant sans fin où ça a donc bien pu foirer, à quel moment il s'est fait confisquer aux siens et à lui-même. Je pense aussi aux policiers qui s'attendaient sans doute à devoir faire face à autre chose qu'à de la facilité mais probablement pas à se faire flinguer et semble-t-il d'assez près. Même si l'on est entraîné, ça doit un brin secouer.

Je reste encore sous l'emprise d'un dernier rêve de la nuit, directement issu des infos lues hélas avant de me coucher ; quelqu'un, un passant, s'était fait tuer dans des échanges de tirs consécutifs. Je l'avais bien connu. Me rendais à ses obsèques.
Charmant !

Traverser Paris en milieu de journée du lendemain d'une chasse à l'homme terroriste bruxelloise, c'est observer l'expression "La police est sur les dents" parfaitement incarnée. Je pense que même des fous amoureux fous effectuant le même trajet s'en seraient rendu compte. Je suppose que c'est autant pour donner l'illusion à la population d'être protégée que par réel souci d'efficacité.

La BNF est un havre de paix, malgré ses contrôles depuis 2015 renforcés. Une fois installés en salle de travail on peut s'accorder le luxe d'oublier.

Je m'amuse à effectuer sur mon propre blog la recherche par mot clef qu'Anne (Savelli) aujourd'hui a choisi : "salon". Curieusement c'est sur un billet évoquant le Salon du Livre jeunesse de Montreuil que je tombe en premier. Puis effectivement on part au Salon du Livre de Paris avec l'histoire en 2008 d'une alerte à la bombe (dont le changement d'habillage du blog a rétroactivement rendu la mise en page hasardeuse) ; en ce temps-là on pouvait encore se permettre de plaisanter devant l'annonce d'un potentiel danger. Il est aussi brièvement question d'Alain Bashung, d'autres salons (dont celui aux Jardins d'Eole où il m'arriva d'aider), d'un souvenir ému avec Daniel Pennac, d'une virée à Draveil, et de l'annonce sidérante de la mort d'une jeune amie, en plein salon 2009 - pas besoin de retrouver une trace écrite, je me le rappelle avec une précision extrême -. Je retrouve une photo retrouvée, liée d'une façon déjà alors mystérieuse au Salon du livre de Genève. Je retrouve également d'anciens Instantanés, qui me font encore sourire (pour certains). Un billet cryptique mais dont j'ai encore les clefs (sourire triste, j'y ai cru, j'y croyais). Il est même question de mes cheveux, toujours hirsutes pas encore blancs il y a cinq ans. Parce que salon ... de coiffure.
Rien sur le salon du livre de Bruxelles qui a la bonne idée de s'appeler Foire. À quoi ça tient, les choses.

Lorsqu'on atteint ce point où la mémoire du blog est supérieure à la nôtre, bloguer prend tout son sens. Merci, Anne, de me l'avoir ainsi rappelé.

Il est plus que temps de retourner à l'écriture longue. Ce soir ce sera l'inauguration. Il sera sans doute curieux de m'y rendre en étant entre deux boulots, libraire sans librairie, à quelques lots de jours près. Mais au moins j'aurais cette bonne nouvelle du travail bientôt repris à annoncer aux amis.


L'autre origine des bonheurs


    Ça y est, j'ai trouvé enfin ce que je recherchais. Il aura fallu pour ce faire que je retrouve un de mes poèmes qui liait vers un blog ami, aujourd'hui en jachère, et qu'enfin la mémoire se remette en place comme un puzzle qu'on complète, et voilà que l'impression confuse que les bonheurs du jour, on l'avait déjà fait - et je songeais à Le M Poireau, mais j'avais cette impression vague qu'il s'agissait d'encore autre chose, puis j'ai craint qu'il ne se fût agi de celui que j'avais fini par convaincre de créer un blog et qu'y perçait la trace de certains de nos échanges, mais je ne voulais pas m'en aller relire chez lui ou juste par brefs sondages -. J'ai pensé bien sûr à Milky mais elle est dans les Bonheurs de ce tour-ci et je n'avais pas souvenir qu'elle ait mentionné au début de ceux-ci l'existence d'une précédente série. Ou ensuite à Lola dont le silence de plus de deux ans m'attriste et qui effectivement avait noté quelques bonheurs d'été.  

Et voilà qu'en fait, c'est bien le ricochet d'un de mes anciens textes condensés (s'agit-il vraiment de poésie ?) qui m'a donné la résolution de cette micro-énigme auto-posée mais que comme dans La lettre volée de ce cher Edgar, c'est ce qui est le plus à notre portée que l'on ne voit pas, cette idée des Bonheurs c'était tout simplement chez Satsuki que je l'avais déjà lue : 

Bonheurs du jour

Elle a dû sourire lorsque je lui ai proposé la nouvelle tentative, collective, d'en noter.

Et ce sera peut-être mon bonheur d'aujourd'hui : cette sensation de soulagement amusé qui survient au sortir d'un trou de mémoire ou lorsqu'une partie de notre cerveau turbinait en sourdine sur la résolution d'un petit mystère.
D'autant plus qu'en l'occurrence elle m'a fait rire, c'était comme d'avoir fait une très grande (et belle) promenade pour arriver chez les voisins d'à côté.

J'aimerais tant que Satsuki revienne vers les blogs, même si je sais sa vie chargée. Ce qu'elle partageait était doux ou drôle malgré les adversités. Et son "30 jours 30 photos" d'avril et mai 2007 avait pour moi beaucoup compté.

 


Quelques touites exhumés


Au cours de ma recherche un peu désespérée de traces de mon fotolog, j'ai retrouvé celles de quelques touites. Il y a celui du bon conseil de mon fils alors adolescent et qui ouvre le billet précédent. Il y avait quelques échanges avec La Fille aux Craies que je n'ai pas oubliée. Quelques doux mots d'ami-e-s dont la relecture m'a mis du baume au cœur (note pour plus tard : toujours garder précieusement ce qui nous fait du bien afin de pouvoir s'y réchauffer quand viennent les tempêtes). Et puis quelques trucs #WTF dont celui-ci de mai 2012.  J'avais soupçonné qu'il me ferait sourire un jour (c'est fait) : 

7788658312_f7d197e9ba_oEt pas mal de traces des soucis que je me faisais pour les autres. Ainsi celui-ci (conservé à cause de la période anagrammes dans les pseudos).  

8067387529_802b1e1b7e_oEt ceux-là (dont je ne sais absolument pas pourquoi j'avais gardé la trace, voulais-je tester techniquement quelque chose et que c'était alors les touites les plus récents à ma disposition ?) :

6198027216_4ca0326613_ode 2011 ou 2012 aussi je crois et qui par bonheur me fait sourire aujourd'hui puisque tout va bien et les nouvelles s'échangent à nouveau - le problème vient aussi de moi qui avec mes périodes métro-boulot-dodo ou difficultés quotidiennes, suis une correspondante irrégulière bien malgré moi -. 

Certaines choses vont mieux. C'est déjà ça. 


Au gré des lectures de quelque passant

Je retombe sur ce billet que j'avais écrit en septembre 2012 

Jour de congé #1 - And Here's to you Mrs Robinson

Grâce à Le Roncier J'avais vu les images d'un discours de Michelle Obama, je l'avais écoutée et j'avais cru brièvement à nouveau au pouvoir des illusions, à pouvoir en avoir, politiquement.

J'étais déjà et encore et toujours comme depuis novembre 2003 en train de me battre pour faire assez de place à l'écriture dans ma vie, déçue par l'amour (ça allait devenir pire), dans l'illusion de nos bonnes santés relatives et respectives. Je n'imaginais pas, et heureusement, que deux ans et demi plus tard j'aurais un autre travail même si heureusement dans ce même métier que j'aime exercer, que je serais quittée, que les problèmes professionnels changeraient de sujet (comme s'il fallait toujours qu'au moins une personne s'y colle dans la maisonnée, un peu comme pour les ennuis de santé) et surtout si l'on m'avait dit que le plus doux de mes amis, ce grand sage drôle et calme allait périr liquidé comme un jeune mafioso je n'y aurais pas cru un seul instant. En fait à part les problèmes de santé et de boulot des uns ou des autres, je n'aurais cru à rien d'une éventuelle annonce de ce qui est survenu. Pas étonnant que depuis les 7 et 8 janvier (1) je traîne ma sidération.

Pour autant mon avis sur ce discours n'est pas réellement différent. C'est le regret de n'y pouvoir pas du tout croire qui s'est fait plus prégnant.

 

(1) Ce qui est survenu le 9 n'est pas moins terrible mais d'une part ne me touchait pas aussi directement et d'autre part possédait une forme de logique, compte tenu des faits préalables. 

PS : Pourquoi faut-il que lorsqu'il survient dans nos vies quelque chose de stupéfiant, ce soit 8 fois sur 10, terrible et dramatique au lieu d'une bonne surprise, d'un joyeux miracle.