Journée de la loose des transports

(venerdi)

Il neigeotait. J'avais encore le mollet gauche douloureux d'une crampe de la veille au matin, lors d'un entraînement de natation.
Alors j'avais décidé de ne pas vélotafer. 

Un bon petit ligne 14 + ligne 4 ferait l'affaire pour l'aller et peut-être un vélib au retour quand je pourrais me permettre de rouler lentement si l'ombre résiduelle de la violente crampe me gênait.

Et puis.

J'arrive en haut des escaliers vers le quai de la 14, une rame est là, j'accélère même si ça tire un peu du côté de la douleur existante, parviens à monter, avec cette gamine petite joie, I made it.
Erreur de débutante. 
Ça n'est pas moi qui étais parvenue à aller vite mais la rame qui avait tardé.
Un incident était annoncé concernant l'autre direction. Voyageurs de l'autre sens nous ne nous sentions guère concernés.
Des minutes passent. L'annonce est répétée. 
J'avais une petite marge, je commence à me dire que j'arriverai juste-juste au boulot.
Puis vient l'annonce "trafic totalement interrompu ligne 14 entre Saint Lazare et Saint Ouen dans les deux sens. Reprise du trafic prévue vers 09:50".
Comme tant d'autre je bondis vers la ligne 13, déjà à l'ordinaire suffisamment chargée pour que ça vire à la foire d'empoigne. Je ne m'en sens pas la force. Un RER C est annoncé dans les 5 mn, je cours l'attraper.
Grand confort (rame 9), pas surpeuplée, le bonheur du francilien.
À Saint Michel j'entends sauter dans le RER B, au bout du compte j'aurais sans doute 12 minutes de retard - j'ai déjà averti le bureau de mon retard inévitable -.
Et sur les panneaux d'affichage : 10 mn avant le prochain, Retardé, Retardé comme commentaires sur les suivants.
Alors je cours attraper la ligne 4, laquelle, même en fonctionnant sans incident, ne m'a guère permis d'arriver à moins de 25 minutes de l'horaire théorique.

Je suis restée 45 minutes plus tard que mon horaire théorique, pour compenser.

Il faisait un froid hivernal (3°c et du vent du nord), mais j'étais prête à rentrer à vélib. Ils étaient nombreux à la station la plus proche du lieu de travail. Mais voilà que mon pass navigo ne déclenche pas la libération du biclou. Me revient en mémoire un mail attestant de la fin au 31 mars de mon abonnement et de l'absence de possibilité de renouvellement automatique for some reason.

Je suis finalement rentrée en ligne 4 puis ligne 14, laquelle entre temps s'était refait une santé.
Et donc la propension au bavardage inutile pour une fois au lieu de m'agacer m'a fait sourire

"Cher voyageur des chutes de neige sont prévues à Paris. Ceci n'est pas un poisson d'avril" 

Ce n'était pas un poisson d'avril, mais niveau trajets de travail, ça n'avait pas été ma journée.

 

 

PS : J'ai appris à grand retardement, via un post instagram de l'ami François, le décès de Richard Moore, que j'écoutais au cycling podcast. Je ne le connaissais pas personnellement mais j'appréciais ses commentaires de course. Et il laisse beaucoup de gens atterrés parmi qui le suivait de plus près que je ne le faisais, voire le connaissaient "en pour de vrai". Tristesse.
(et confirmation que je travaille trop).

PS' : Des jours de congés nous ont été payés car impossibles à caser compte-tenu de l'augmentation de la charge de travail. Me voilà pourvue du salaire que je ressentirais comme motivant s'il m'était versé chaque mois. Toute ma vie professionnelle, ce même sentiment sauf une fois ... alors que mon employeur peinait à me verser les sommes dues (autrement dit : quand j'ai un salaire en lien avec l'effort fourni, son paiement n'est pas garanti). C'est décourageant.

 


Quand tu penses (pseudo)

Quand tu penses qu'il aura fallu que pour le départ du tour de France 2019 à Bruxelles, la présence d'Eddy Merckx te pousses à vérifier quelque chose le concernant sur wikipédia (en mode 50 ans ! hein ? quoi ? déjà ?) pour piger probablement cinq ans après tout le monde d'où venait le pseudo d'Édouard Louis. 


Choses incroyables qui me sont arrivées

L'actualité récente et des hasards de sauvegardes - tris (j'étais sans connexion et un peu patraque ce week-end, les très basses pressions me rendent faibles, du coup j'ai passé en revue des fichiers photos et quelques textes) m'ont fait exhumer cette curieuse liste écrite bien avant le 7 janvier 2015 (impossible de passer une date anniversaire de ce jour fatidique sans y repenser) mais je n'ai eu envie de rien modifier. Il y a eu quelques autres trucs de fous depuis, pas forcément furieusement marrants.

  

Si je le dis de façon pince-sans-rire tout le monde va croire que je plaisante. Et pourtant :

 

- J'ai chanté au Stade de France avec Johnny (et au Champ de Mars aussi) ;

- J'ai écouté Natalie Dessay chanter dans le métro ;

- J'ai une dédicace de Marc Lévy parce qu'il était tout seul derrière ses livres au salon du livre de Paris (et que j'ai eu de la peine pour cet homme à l'air un peu triste que les lecteurs dédaignaient) ;

- Il m'est arrivé de gagner au loto dans les jours qui suivaient la mauvaise surprise, la somme exacte d'une prime dont une cheffe à "l'Usine" qui ne m'aimait pas m'avait privée (1) ; une autre fois il me manquait une somme précise pour un achat que je m'apprêtais à différer au mois d'après et je l'ai gagnée à quelques centimes près ; #vieilabonnementefficace

- Je suis partie de Nîmes juste avant une inondation historique, allée à San Francisco juste après un tremblement de terre qui effondra l'un sur l'autre les tabliers superposés d'un pont, allée à Ouagadougou dans le premier ou le deuxième avion qui circulait après un coup d'état. Voulez-vous voyager avec moi ?

- Mon premier jour de liberté d'un mi-temps que j'avais obtenu, non sans difficultés, dans le cadre d'un plan social qui pourtant y incitait, a correspondu exactement à la diffusion de la video de Florence Aubenas captive. J'ai pris mon sac et je suis allée bosser au comité de soutien - j'y étais déjà mais de la façon prudente et mesurée de quelqu'un qui a un travail prenant en entreprise et une vie de famille avec enfants -.

- Il m'est arrivé d'aider ponctuellement sur un livre sur lequel aida aussi en tant qu'éditeur quelqu'un que j'ai rencontré plus tard et bien aimé (et qu'on ne s'aperçoive que très tardivement que l'on avait en quelque sorte déjà travaillé ensemble) ;

- J'ai retrouvé grâce aux internets et réseaux sociaux une quasi-cousine géographiquement éloignée, 35 ans après que les circonstances familiales et générales jointes à mon passage en classe prépa, là où notre temps ne nous appartient pas, nous avaient fait nous perdre de vue.

- À huit jours près j'ai l'âge de Kennedy mort. Ça peut faire sourire mais ça vous change une vie.

- Henry Miller est mon voisin d'il y a soixante ans (à ma date d'emménagement) ; une légende tenace prétend que c'est à cause de lui que j'ai choisi d'habiter là. La réalité est plus prosaïque : nous étions arrivés à Clichy par la grâce du 1% patronal. Effectivement quand il s'est agi d'habiter plus grand (enfant(s)) la présence tutélaire du grand et sulfureux Henry a été le petit plus qui m'a donné l'énergie d'embarquer toute ma petite famille dans cette aventure d'acheter là. This is the west sir, when the legend becomes fact, print the legend. 

 

 

 

(1) Elle ignorait probablement que j'avais moult amis dont certains qui n'étaient pas n'importe qui et m'avaient annoncés les attributions prévues. Sauf qu'elle avait mis son veto à ma prime et celle d'un collègue. Histoire de pouvoir nous dire que nos résultats étaient insuffisants (c'était faux) tout en nous faisant croire que ça avait été estimé en haut lieu - comme si l'équipe que nous formions n'était pas perçue au dessus comme assez performante -.


L'homme qui n'en savait pas trop

(publié avec son accord)

 

Tout aura commencé par une banale fausse manipulation de sa part qui aura éteint l'alimentation électrique, vite rétablie rien de bien méchant. Mais voilà, oldschool comme nous le somme, nous nous réveillons encore au radio réveil, principalement. 

Lequel datant lui-même d'un nombre d'années conséquent n'est pas muni des dispositifs du matériel actuel qui permettent des remises à l'heure automatique lors du moindre événement, qu'il s'agisse d'une coupure de courant ou du très prévisible changement d'heure.

J'avais bien, après la coupure, procédé à une remise à l'heure et de l'horloge et de la fourchette de fonctionnement pour le temps de réveil, mais par fatigue ou d'avoir été interrompue en le faisant, j'ai laissé pour radio la station qui se met par défaut après une interruption. Il s'agit de celle qui se trouve vers les 87 MHz, à savoir par chez nous Radio Nico, laquelle ne diffuse que de la (plutôt) bonne musique et des jingle conviviaux et charmants. Zéro infos.

Nous nous sommes donc réveillés fort paisiblement, loin des bruits du monde et l'un comme l'autre hâtifs : notre journée de travail devait commencer.

L'Homme est parti alors que par acquis de conscience je prenais soin de régler le radio-réveil cette fois-ci sur France Culture (1). C'est là que les entendant longuement deviser au sujet du vieux chanteur, qui ne fait pas énormément partie de leur programme habituel j'ai compris qu'il était mort - non sans une hésitation, car le fait que son décès survienne au lendemain de celui de Jean d'Ormesson c'était un peu Kamoulox niveau 15 -. 


Il n'a donc pas entendu ce que j'entendais. 

Nous avons l'un comme l'autre eu chacun de son côté une journée de travail chargée. Pas le moindre SMS, ni appel échangé. Sinon, émue comme je le reste, quand bien même j'éprouve un certain détachement, je lui en aurais parlé. Il était venu au Stade de France, en tant que conjoint, invité et ce sont, c'étaient, de par la ferveur du public des concerts dont on se souvient.

Au soir il est venu me rejoindre à la librairie, où une amie venait en tant que Libraire d'un Soir présenter les livres qui pour elle avaient comptés. Nous étions un peu inquiets d'une absence d'assistance prévisible, du fait qu'y compris parmi nos amis certains resteraient sans doute à regarder les hommages qui n'allaient pas manquer d'affluer dans les télés. 

Il est près de 20h, en plein Paris et l'Homme entre qui prenant en cours la conversation, et estimant sans doute surprenant que des personnes se privent de soirées ou que les télés en consacrent une entière à Jean d'Ormesson, pose cette simple question :

- Mais, qui est mort ?

Il devrait être le seul au monde de la France à n'avoir pas su.


Passé un moment d'humour, c'était plus fort que nous, j'ai pu l'interroger. Il avait travaillé toute la journée, s'était dépêché de nous rejoindre à la librairie, ne consulte que peu son téléphone s'il n'a pas sonné, avait déjeuné avec des collègues dans un restaurant d'entreprise, mais ils n'avaient parlé que boulot. Quant à la machine à café c'est l'un de ses équipement à dosettes, moins propice aux brefs rassemblement, chacun allant se préparer le sien pour le rapporter à sa place, sans qu'il n'y ait d'espace dédié -. Enfin, il n'est pas fumeur ce qui excluait la possibilité d'une pause extérieure au court de laquelle quelqu'un aurait dit : - J'y crois trop pas qu'il est mort, Johnny. Je le soupçonne d'avoir bossé dur, concentré sur ce qu'il faisait.

Il était donc encore possible en 2017 de n'apprendre un décès d'ampleur nationale survenu dans la nuit précédente que fort tard au soir.

Toutes proportions gardées, je me souviens qu'en 2001, lors de la mort de George Harrison que j'avais apprise en lisant devant un marchand de journaux à La Défense la Une du Monde en rentrant de ma pause déjeuner, j'avais alors pensé que c'était sans doute la dernière fois que j'apprenais par voix de presse papier le décès d'un humain très célèbre.

Finalement en 2017 ça doit être encore possible puisqu'un événement qui a été relayé tous azimuts était passé inaperçu de quelqu'un travaillant en très grand centre urbain et sur ordinateur (2). 

 

(1) J'aime être réveillée par l'émission de Tewfik Hakem
(2) Visiblement solidement consacré exclusivement à des tâches pros sans même l'ombre du moindre petit réseau social. 


C'est quoi ce rhume ?


    Jeudi soir nous recevons Gilles Marchand à la librairie, et c'est un moment où je fais partie de ceux qui présentent, je me sens bien, je suis à l'intérieur de l'action, aucune subroutine du cerveau qui part dans d'autres directions (1). Tout au plus lors d'un bref passage que je lisais à voix haute ai-je eu l'impression que ma voix était légèrement voilée, pas comme d'habitude. Le genre de choses que l'on se dit après coup, mais qui sur le moment se remarquent à peine.

Vendredi matin réveil pourvue d'un gros rhume déjà bien avancé, tous les symptômes y sont, nez qui coule, état fiévreux, voix rauque, toux, respiration avec efforts. C'était comme si d'un seul coup j'étais au 3ème jour d'un mal déjà déclaré.

Vendredi et samedi, capable de bosser mais sans élan, avec du mal à parler (sympa pour les clients), la fièvre facilement tenue en respect par les anti-rhumes courants.
Dimanche matin, sans doute un accès de fièvre si fort que je suis au bord du malaise - passé l'étourdissement et un moment de sommeil je me réveille comme si le rhume n'était qu'un mauvais souvenir -. Je parle encore un peu du nez, le son de la voix voilé.
Dimanche et lundi à part un peu de toux au réveil le lundi matin et qui disparaît avec la verticalité, je me sens certes un peu fatiguée comme après avoir été malade, mais guérie. Comme si le rhume avait une semaine.

Mardi matin à nouveau l'état grippal, comme si j'en étais revenue au samedi, comme si les deux jours de mieux n'avaient pas eu lieu. Pas pu pratiquer de sport, et d'ailleurs des courbatures même sans. Je me hasarde jusqu'au stade où j'aurais dû avoir un entraînement de course à pied, mais rien que de parcourir en marchant les 800 m qui m'en séparent, j'ai la tête qui tourne. Les jambes sont en coton douloureux depuis le matin.

Les autres membres de la famille depuis ce week-end sont tous aussi plus ou moins toussoteux. Rhinopharyngite a dit le médecin à celle qui est allée le voir.  Je nous suppose atteints par la même affection. 

En attendant c'est quoi ce rhume qui va qui vient, qui s'abat d'un coup, semble guéri mais non ? 
Je suis allée voir mon kiné, il m'a au moins remis le corps dans l'ordre (2).

J'irai bosser demain, pas question de ne pas. Mais dans quel état ?
(je crois que je suis en train de payer l'absence de repos lors de mes brèves vacances liée au voisin voleur ; et le cumul familial des chagrins, les révélations successives (qui ne la concernent pas directement) autour de la mort de ma mère, du simple fait que les obsèques ont fait qu'on devait les uns et les autres se voir, les personnes dont je croyais qu'elles allaient bien que leur vie suivait leur petit bonhomme de chemin alors que non, que pas du tout)

 

(1) En période de deuils c'est toujours un risque
(2) La fièvre, les états grippaux me donnent souvent l'impression d'avoir les vertèbres dans le désordre, les membres ailleurs qu'à leur place, d'être un Picasso tardif ambulant


Des vacances qui n'en furent pas

 

    Elles devaient être brèves, ces vacances-là, c'était déjà beaucoup en ayant changé de travail fin mai de disposer de quelques jours de congés.

Tu devais : 1/ te reposer, récupérer de la fatigue d'une année 2016 / 2017 particulièrement rude avec deux décès d'ascendants sur fond de monde devenu fou, d'élections présidentielles hallucinantes tant aux USA qu'en France, d'un nouveau boulot suivi un an après par un autre nouveau boulot (formidables et heureux les deux, mais du coup c'était à fond à fond tout le temps, moins les agonies et les enterrements - je résume violemment, mais ça correspond à la perception qui m'en reste une fois les vagues de la tourmente calmées -), sur fond aussi d'un vide persistant, une absence, un chagrin qui ne décroît que bien trop lentement ; il y a aussi un chagrin d'une rupture pour quelqu'un d'autre mais qui te fait perdre la personne qui est partie [un jour établir une liste des personnes auxquelles tu tenais et que tu as perdues ainsi par ricochet, la dégagée collatérale] et dont tu te sentais proche.
2/ t'entraîner ; parce que tu ne t'es pas lancé dans le triathlon pour regarder les autres filer et que cette première année en raison des circonstances fut par trop chaotique. En plus au bord de la mer tu allais pouvoir t'entraîner pour y nager 
3/ lire, par plaisir et pour le boulot ; 
4/ peut-être même écrire un peu, qui sait ? Activité qui t'a été quasi confisquée (fors un peu de blog) au moment de la maladie de ta mère, ce qui était normal, l'accompagnement était prioritaire et les triangulaire maison travail et hôpital ou domicile de la malade étaient un épuisement. Et qu'ensuite le changement de travail et les activités de succession avaient englouties aussi.

Et puis le voisin voleur récidiviste, venu pour notre malheur vivre de Paris en Normandie, est passé par là, transformant les brèves vacances en une mauvaise série policière, un mari en volé obsessionnel stressé et coléreux, selon le processus bien connu souvent subi du détimbrage (je ne sais pas si c'est le terme) : quelqu'un est rendu stressé ou en colère par un fait ou l'action d'autres personnes et comme il ne peut pas y faire grand chose s'en prend à quelqu'un de proche qui n'y est pour rien et en saisissant n'importe quel prétexte. Quand tu es aussi victime du ou des faits qui créent la colère ou la frustration et qu'au lieu de pouvoir compter sur ton compagnon tu te manges sa colère à lui et son propre énervement, c'est absolument épuisant.

À nouveau engloutissement du temps libre. Il a fallu : 

1/ Une fois de plus porter plainte auprès de la gendarmerie ; y retourner lors d'un épisode mouvementé pour reconnaître deux objets retrouvés ; car la gendarmerie où l'on peut porter plainte est à dix kilomètres et qu'il faut en plus prendre rendez-vous (tant le sous-effectif est patent) ;
2/ Réparer, racheter, chercher un artisan disponible, aller dans différents magasins, rechercher des pièces détachées ; 
3/ Se défendre, se protéger ; les péripéties induites nous ont littéralement confisqué une journée entière et envoyés une nuit à l'hôtel - ce qui était le plus sage car les accès à la maison, cassés sur l'arrière ne pouvaient nous protéger -.

Il m'est resté deux entraînements de course à pied et deux de natation, quelques jolies retrouvailles (merci Sylvie et Bruno, merci cousin Vincent), deux séances de cinéma (Le Caire confidentiel et Visages villages, suffisamment bien pour nous sortir le temps des séances de nos tracas), quelques bons repas - mais aussi par manque de temps pour préparer quoi que ce soit -, quelques moments de recueillement (cimetière ; et oui s'y recueillir sur les tombes des ascendants et ancêtres peut faire du bien), une belle promenade, et quatre romans lus (seulement quatre, j'en pleurerais). Mais ce fut sous tension, quasiment tout le temps. 

En l'absence d'actions concrètes des forces de l'ordre, qui semblent particulièrement en sous-effectifs dans cette région, je crois que je vais devoir passer par un avocat au moins pour disposer d'un conseil dans les démarches à entreprendre. Ne serait-ce que pour stopper l'hémorragie coûteuse des nuisances et retrouver un lieu de vacances où l'on puisse se détendre au lieu de s'y tenir sur le qui-vive. 

J'aimerais bien aussi retrouver notre équilibre familial. Vivre avec quelqu'un qui ne pense plus qu'aux agressions subies et à l'agresseur est insupportable. 

J'aime mon métier et je n'ai jamais été aussi épanouie au travail, ni de façon si stimulante, mais j'ai été réellement heureuse de reprendre aujourd'hui le chemin de la librairie, soulagée de retourner travailler. Que les contraintes qui pèsent sur moi redeviennent des contraintes admissibles, celles de toute activité professionnelle normale.

Le pire n'étant pas les vols en eux-mêmes, mais bien que le coupable reste impuni alors qu'il est dûment identifié, capable avéré de violences, et qu'il continue à peser sur le pauvre monde, impuni et narquois.

Heureusement, grâce à Samantdi, je m'en retourne avec une idée d'écriture simple, qui pourrait peut-être enfin s'intercaler dans mon emploi du temps.


Papillon à joindre à votre prochain envoi

 

    Je continue donc peu à peu, méthodiquement, à chaque passage nécessaire (agences immobilières, relevés des compteurs, jours des différents types de poubelles ...) à trier, ranger, jeter de vieux papiers, collecter des souvenirs, mettre en cartons des objets de la maison de ma mère.

J'en étais aujourd'hui à des tiroirs qui contenaient des papiers administratifs de mon père, affaires courantes qu'elle n'avait pas jugé bon ou pas osé jeter.

Entre autre des décomptes de remboursement de mutuelles. L'une d'elle à chaque feuille joignait un petit "papillon à joindre à votre prochain envoi". Y figurait le nom et prénom de l'assuré, son numéro de sécurité sociale, et un numéro de téléphone direct d'entreprise précédé de "suivi par" qui devait permettre de joindre directement le conseiller en charge de son dossier.

Ça devait être avant l'internet généralisé mais après le grand envahissement de toute organisation par le management.

Alors le "suivi par" est suivi d'un prénom.

J'ai pu ainsi repérer Christine qui avait dû s'occuper de frais dentaires, Arlette qui s'était attelée aux lunettes, Manuel, sans doute pas encore suréquipé d'ambitions politiques, et un mystérieux Cetelic, vers la fin (1).

J'ignore si mon père, qui n'était pas sans humour, en souriait. 

 

(1) C'était aussi avant la vague du dumping social et des délocalisations, les numéros de téléphones sont des fixes en région Nord Est.


Ça se passe comme ça, à Levallois

 

    Navrée de n'avoir pu me lever à temps pour aller encourager les copains [au triathlon de Paris], j'ai tenté de sauver ma journée en allant courir. 

De Clichy, l'île de la Jatte permet de faire un petit 10 km presque bucolique. 

J'arrive à ce feu rouge traversant des voies le long de la Seine, alors qu'un homme d'un âge certain de mon âge, s'y tient depuis un moment une enveloppe à la main. En bonne bécassine béate je le remarque en me disant qu'il n'y a que nous autres vieux pour écrire encore des lettres, puis je rigole in petto de mon romantisme, juste le gars il est en train de chercher une boîte pour payer une facture. Au moment où je parviens à sa hauteur, une voiture de vieux riche s'arrête sur le passage piétons, un autre homme pas tout jeune et ventripotent installé à la place de qui se fait conduire par un chauffeur personnel, un vrai, salue l'autre avec un grand sourire, fait exactement comme si j'avais mis une cape de transparence (et je lui en sais gré), alors que le teneur d'enveloppe a un bref regard inquiet dans ma direction - je tripote alors ma montre de sportive avec application -, On se téléphone lui dit-il jovialement, Oui répond l'autre avec aménité et la voiture redémarre, le feu est vert piéton, je bondis sans demander mon reste.

On dira que c'était deux cousins qui préparaient le cadeau collectif pour les cent ans de leur chère tante Suzanne, c'est évident, vraiment. Je n'en doute pas un seul instant.

Ma montre m'a indiqué que j'ai accompli le deuxième 10 km le plus rapide (1) de ma vie de triathlète (débutante, certes, et encore pucelle de la finisherialité).

Si je vivais à Naples ou dans quelques coins précis de la Sicile, je serais sans doute à l'heure qu'il est  peut-être un peu trop morte pour écrire ce billet.

(et à part ça, il y a quelque chose avec ce passage piéton protégé : c'était au même endroit qu'un autre coureur nous avait tenu un jour des propos prophétiques avant de filer à belles foulées)

 

(1) Tout est extrêmement relatif, mon vite à moi est la petite foulée d'échauffement des autres.

PS : Aucun des deux n'était Balkany, ne soyez pas déçus.
PS' : Ce n'était qu'une simple enveloppe, pas une valise de billets

 


Comme un fact checking de Jours tranquilles ;-)

 

Capture d’écran 2017-03-30 à 00.23.02

C'est un de ces soirs de début de printemps où s'enfermer paraît difficile et où je n'ai pas le courage de prendre le métro, pas pris mon matériel de vélib (casque et gilet réfléchissant), et où je me sens d'attaque après une bonne soirée pour traverser tout Paris à pied. 

Il se trouve qu'un bus m'est passé sous le nez (au sens littéral) marqué "Place de Clichy" alors j'ai sprinté pour l'attraper au vol du plus proche arrêt. Ce qui m'a accordé un splendide Paris by night (always such a delight) et qu'arrivée Place de Clichy comme j'avais ma montre de sport, l'idée s'est installée dans ma tête de vérifier la distance entre la place et chez moi ce qui à 30 mètres près pouvait donner la distance parcourue par le narrateur de "Jours tranquilles ..." lequel rentrait éméché en cinquante minutes du Wépler.

Hé bien donc la distance est de 2,5 km (à peu de choses près) et se fait bien en trente minutes (1) lorsque l'on n'a pas bu.

Pour les épisodes érotiques du bouquin, je sens que j'aurais plus de mal à procéder à quelque vérification technique que ce soit.

[en revanche pour ce qui est du bout de fromage dans le réfrigérateur, ce fut déjà fait] 

(1) de marche pas de course à pied.