Après la coupe

 

    Je m'en doutais : les jours après un événement sportif auquel j'ai participé ou que j'ai suivi à fond me laissent une sensation de vide assez rude et curieuse ; ça ressemble à la fin de lecture d'un long roman prenant (1), à la différence que ce qui manque ce sont plutôt des gestes, des rendez-vous horaires, une énergie et une intensité que des gens (2).

Pour la première fois, me manque en plus du rythme de vie et des bouffées d'enthousiasme apportées par les épreuves sportives, une activité associée : j'ai adoré commenter les matchs pour la radio Cause Commune, j'aimerais même faire ça pour gagner ma vie. Seulement voilà, par où passer pour avoir accès quand on n'est pas du sérail ni ancienne sportive de haut niveau ? Il faudrait que je me trouve un service en anglais qui aurait envie d'une dame pour commenter le football (ou le cyclisme, le triathlon, l'athlétisme, le tennis, la natation ...) avec charmant accent français. Anybody ?

  20190708_164550  Pour l'heure j'ai combattu le blues en tentant de faire avancer mon avenir en tant que libraire - rendez-vous instructif ; sera-t-il décisif ? -, puisque tel est depuis une dizaine d'années mon métier et que j'aime à le pratiquer, et en bossant mon émission Côté papier de mercredi qui vient. Ça et une visite chez le médecin pour essentiellement les sacro-saints certificats médicaux réclamés pour la pratique sportive (monde absurde, c'est uniquement pour satisfaire les assurances et la guéguerre entre les fédérations d'athlétisme et de triathlon pousse depuis un an cette absurdité à son comble, comme si la pratique du triathlon n'incluait pas une part de course à pied) et les examens préventifs usuels, ainsi qu'à la tombe de Paul Verlaine pour relire un poème puis lire un peu (pour l'émission de radio, du sérieux) au calme du cimetière (3) ont suffi à remplir une journée.

Le blues de fin de belle période s'est donc trouvé plutôt bien maîtrisé.

PS : J'avance sur cette nouvelle présentation de Traces et trajets, et découvre au passage avec joie que certains blogs ont perduré. Ce billet chez Marloute me touche particulièrement. Il y a qu’il faut, encore, encore, encore, abandonner l’écriture.

PS' : J'ignore combien de temps la video sera en ligne, mais un but stupéfiant au Japon de Yuta Koike

 

(1) souvenir de la dure descente d'après Les Thibault

(2) Cela dit, il y a quelques femmes remarquables de cette coupe du monde dont j'aimerais avoir des nouvelles. Elles ont pris une place de qualité dans les pensées. J'avais oublié que l'on pouvait avoir mettons, pour se donner du cœur à l'ouvrage aux entraînements des modèles, des exemples à suivre, féminins. 

(3) Les cimetières sont de merveilleux endroits pour lire sans être dérangées et du moins à Paris en bonnes compagnies littéraires du passé (ma part d'esprit enfantin imagine les fantômes illustres venir lire par dessus mon épaule et ne pas s'empêcher de donner leur avis). Le Paul Verlaine de mon imagination juvénile n'est pas insensible à l'écriture contemporaine même s'il estime qu'ils exagèrent parfois. Il semble curieux de nos tournures.


Triste d'avoir eu raison enfant

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C'est ce pouët de Nate Cull qui m'y a fait songer : en fait notre époque est en train de donner raison à mes convictions enfantines, que les adultes ou les autres enfants s'étaient empressées de balayer d'un revers de main, d'une contrainte d'autorité, d'un ricanement.

Je me souviens très bien petite d'avoir tenté de lutter pour mon alimentation, avec des arguments qui, sauf concernant la préservation de la planète car comment aurais-je pu savoir que les élevages tourneraient à ce point ignoble d'industrialisation, étaient ceux des végans de maintenant.  Je n'avais pas les mots, à peine les arguments, Mais comment on peut manger des mammifères comme nous ? Mais le lait de la vache il n'était pas pour le veau ? ... et tout ce que j'ai réussi à faire c'est à ne pas me laisser imposer de manger du cheval (repas refusé alors que j'avais faim). C'était inaudible de la part d'adultes qui avaient soufferts de la faim enfants ou adolescents pendant la guerre, de la part de parents si fiers de pouvoir fournir des repas carnés au lieu de seulement le dimanche et de la soupe sinon, et dans mon cas comme j'étais réputée anémiée (1), on finissait de toutes façons par m'obliger, au nom de ma faible santé.

Je me souviens très bien, un peu plus grande, d'avoir été sensible au risque nucléaire (2), si j'avais été libre de mes mouvements je serai allée manifester à Flamanville et j'ai enquiquiné pas mal d'adultes pour qu'ils signent une pétition contre l'implantation d'une centrale à Plogoff (3), cette dernière protestation fut finalement victorieuse, quand je me rends au Guilvinec je me sens fiérote de la moi ado. [comme si ma si petite et limitée mobilisation avait été décisive, t'as qu'à croire].

Je me souviens qu'à la rentrée de septembre 1976 nous avions eu comme sujet de rédaction "Racontez un événement qui vous a marqué cet été", et que j'avais évoqué la catastrophe de Seveso, j'étais bien la seule. Je crois que j'avais eu une bonne note mais avec une remarque de la prof perplexe, qui n'avait pas songé qu'on puisse trouver marquant un événement général ; elle avait pensé que l'on parlerait de nos vies. Nous devions être deux ou trois dans ce cas, les autres ayant été marqués par des événements sportifs ou musicaux ou quelque chose de type mariage princier. J'étais en grogne permanente contre les avions qui polluaient l'air avec leur kérosène, il faut dire qu'avec Roissy tout proche il nous en passait beaucoup au dessus et une chieuse de l'empêchage des autres de jeter n'importe quoi n'importe où - c'était une époque où dans la rue, les gens jetaient par terre sans trop de scrupules qui un papier, qui un mouchoir de type kleenex, c'était récent, il n'y avait pas d'usage déterminé (4). Pour les mégots, la question ne se posait même pas, c'est intéressant qu'elle commence à poindre seulement ces dernières années, je crois que c'est parce qu'on supposait que le mégot c'était du tabac, un truc organique qui se dissoudrait. Contre l'usage de la voiture, je n'étais, en revanche, pas mobilisée : il y avait un conflit de loyauté vis-à-vis de mon père qui bossait dans une usine de construction automobile à Poissy, si l'usage se réduisait il pourrait perdre son travail. Je me bornais à me désolidariser des promenades du dimanche en voiture pour seulement se promener le dimanche en voiture, grande distraction des petites familles dont les chefs de famille avaient grandi lors d'un temps où avoir une bagnole était un suprême life achievement. On commençait tout juste à concevoir que fumer ne faisait pas de bien aux poumons de la personne qui le faisait, et que vraiment quand il y avait un embouteillage, l'air faisait tousser. Mais de là à penser à la tabagie passive et au fait que le petit pot d'échappement de ta petite voiture crachait l'encrassage des poumons du passant, il y avait un gouffre d'ignorance confortable.

En revanche nous étions très conscients que si l'humanité continuait à proliférer à la même vitesse, les ressources de la planète s'épuiseraient. Seulement les progrès avaient été si fulgurant lors des trente dernières années que l'on faisait une confiance éperdue en "les savants du futur" qui sauraient nous sortir de là, on mangerait des trucs en pastilles comme les cosmonautes dans leurs fusées.

Enfin je me souviens que Le président Carter (5), dans ses efforts, n'avait pas été pris très au sérieux - quand on pense quel président finalement fort décent il avait été quand on voit ce qui est maintenant au poste qu'il occupa -. Pour ma part à seize ans, je me rassurais en me disant vaguement que s'il allait faire plus chaud on allait moins utiliser de mazout de chauffage et que donc ça ralentirait qu'il fasse plus chaud. Et puis que la France se retrouve potentiellement avec le climat de l'Italie, je trouvais ça plutôt chouette comme perspective, en fait.

À part ce point d'optimisme juvénile, je me rends compte que l'époque et l'évolution de la situation ont rattrapé mes objections enfantines ou adolescentes, et j'avoue que c'est terrifiant. Je suis si triste d'avoir eu jadis raison.
Quant aux savants capables de nous tirer d'affaire, même si la technologie a progressé plus encore que dans nos imaginations les plus débridées, rien n'a changé, on les attend.  

 

(1) Je l'étais, mais plus sérieusement encore que ce que l'on croyait
(2) À 12 ou 13 ans je suis tombée en vocation sur tout ce qui concernait les atomes, un an après la relativité et au lycée la physique quantique.
(3) Un résumé des luttes de l'époque qui me semble correspondre assez bien aux souvenirs que j'en ai par ici.
(4) On a pu observer la même chose avec les téléphones portables, les premiers temps les gens faisaient n'importe quoi car pour beaucoup s'il n'y a pas un code auquel se conformer, c'est leur confort personnel sans gêne qui l'emporte. 
(5) J'ignore pourquoi mais on disait Nixon, puis Reagan, et les Bush furent père ou fils mais Carter c'était Président Carter, de même que Kennedy, c'était plus souvent Président Kennedy que Kennedy tout court.  


Le 13 novembre, trois ans après


    Voilà, les attentats de Paris, au Stade de France, aux terrasses de restaurants et café, ainsi qu'au Bataclan, ça fait trois ans. Déjà et seulement.

Le temps a dû paraître bien long aux proches des victimes, aux survivants blessés, et la vie bien difficile. Je pense à elles, je pense à eux, très fort. Et plus particulièrement aux enfants qui grandissent dans l'absence d'un (ou deux) parent(s).

Comme ma famille et moi avons eu la chance de n'être pas directement concernées - ma fille et moi connaissions des personnes, qui au Bataclan qui aux restaurants voisins des terrasses visées, toutes et tous s'en sont  sorti•e•s -, il a au contraire filé. 
D'autant plus qu'il s'est agi d'années particulièrement chargées : j'ai occupé deux emplois, heureuse à chaque fois, même si la fin du second, à caractère économique, me rend triste. J'ai travaillé d'arrache-pied et je suis contente d'y être arrivée ; je me sais désormais capable de prendre en charge une petite entreprise que je pourrais créer. Ma mère, âgée, est tombé gravement malade et est morte. Il m'a fallu une année de travail sur chaque jour libre pour parvenir à organiser la succession - vendre un pavillon, prendre à ma charge en l'acquérant celle de Normandie, trier puis déménager les affaires de mes parents -. Nous avons traversé un épisode de vols récurrents par un voisin en déshérence sur la petite maison normande et compte tenu de la période (deuil) ce fut particulièrement éprouvant (et insidieusement coûteux). Je suis, même si à très bas niveau pour le moment, devenue triathlète. Ça m'a fait un bien fou.

J'ai entendu lors de la chronique de Jacques Munier sur France Culture ce matin que des travaux sociologiques étaient en cours sur les conséquences à moyen-long terme sur un ensemble de personnes concernées à divers degrés. 

Il est donc peut-être temps, et puisque saisie par le festival de cinéma d'Arras pour les 13 novembre 2016 et 2017 au point de n'avoir pas eu le temps d'écrire de billets, que je revienne sur mes souvenirs.

J'avais pris soin à l'époque de noter tout ce que je pouvais, y compris ce qui me paraissait anecdotique, car j'avais assez d'expérience de la vie pour savoir que plus tard, ça serait intéressant à relire précisément pour ces aspects-là. Je me souviens d'avoir lutté contre le sommeil afin de compiler mes notes et les publier. 

Car une des conséquences de ces attentats-là qui intervenaient alors même que je commençais à refaire surface après la douleur et le deuil causés par celui du 7 janvier, fut de me plonger dans des états à la limite de la narcolepsie. Je suis une forte dormeuse et capable depuis longtemps de siestes perlées. Et je tombais de sommeil au sens littéral presque chaque soir à peine couchée. Seulement après cette année 2015 si violente, j'étais tombée dans des tombés de sommeil irrépressibles et soudain aussi diurnes que nocturnes. J'en étais venue à effectuer des mini-siestes de précaution comme on fait des pipi de précaution avant d'entreprendre un trajet ou assister à un spectacle. Il fut même effectuée une recherche d'apnées du sommeil éventuel. Laquelle n'avait rien donné. Je ne suis sortie de cette galère qu'au printemps 2017. Le côté "sans voir venir" a presque disparu en journée, fors à savoir que je suis dans un jour "off" où je peux me permettre le luxe d'une vraie sieste.

Juste avant de partir au festival de cinéma d'Arras, j'avais passé un entretien pour un travail dans une agence de communication pour la partie traitement des photos, je devais deux jours par semaine assister une personne chargée de l'ensemble du département. Nous étions tombée en excellent accord, restait à se revoir pour confirmation, contrat, modalités pratiques. Cet emploi payé autant que celui de libraire pour un nombre d'heures plus importants, aurait pu me permettre d'écrire sur les cinq jours par semaine restants. 

L'agence était, est sans doute encore, dans le quartier du Bataclan et la personne que j'aurais dû assister était au concert des Eagle of Death Metal. Elle s'en est sortie sans blessure physique mais sans pouvoir reprendre le travail puis seulement à temps réduit. L'entreprise s'est réorganisée qui comportait des antennes dans d'autres villes, et le poste que j'aurais pu occuper s'est évanoui, devenu sans objet. 
Ça m'aura permis de rester libraire, ce que je ne regrette pas. Adieu le temps consacré à l'écriture, encore une fois. Bonjour le renforcement féroce du syndrome de George Bailey. 

Ma crainte des attentats n'est ni plus grande, ni bien sûr plus faible : elle existe en moi depuis qu'enfant j'ai séjourné chaque été dans une Italie en proie à la violence des années de plomb. Une bombe qui explose dans un lieu public faisait partie des risques inhérents à la vie en ville. 
Les séries successives d'attentats à Paris (1986 et 1995 au moins), n'ont fait que renforcer cette certitude. C'est ainsi. 
Ce qui est pire à présent et depuis le 9/11 c'est qu'on sait que ceux qui tuent sont prêts à mourir, et à utiliser tout moyen pour parvenir à leurs fins de faire un maximum de victimes civiles visées en tant qu'élément d'une population générale (1). N'importe qui peut être pris pour cible à peu près n'importe où par éventuellement un type isolé qui cherchera à mourir en héros de la cause qu'il se sera choisie. Et ça n'est pas nécessairement le point dévoyé d'une religion, voyez Breivik, il en tient pour la suprématie de la "race" blanche, et décide que ça lui octroie le droit de tuer des personnes sans défense, semble fier de son macabre record et goûter sa célébrité.
Les terroristes des décennies précédentes du moins en Europe tentaient eux de sauver leur peau, ça laissait une chance de repérer quelque chose avant qu'il ne soit trop tard, ou de négocier. Quel point de pression peut-on avoir sur quelqu'un qui se souhaite martyr ?

Ce qui pour moi a changé depuis le 13 novembre 2015 en particulier est que lorsque lors d'une saison réputée froide, un vendredi soir s'orne d'un temps clément et d'une température exceptionnellement douce, je ne peux empêcher que mon corps se mette en état de qui-vive. Je deviens un animal aux aguets. 
Quand je me trouve à l'intérieur d'une longue file d'attente je nous perçois comme cibles potentielles. 

Pour autant je ne vais ni plus ni moins aux concerts, aux spectacles, au restaurant qu'avant, ce sont surtout des considérations financières et de temps disponible qui prime.

Le 13 novembre aura d'ailleurs eu pour nous de sérieuses conséquences financières : par un sale concours de circonstances que je ne m'explique pas, à moins d'une désorganisation momentanée des services postaux peu médiatisée et dont nous aurions fait les frais, un recommandé de notre banque aurait dû nous arriver ces jours-là. Il n'en fut rien et le courrier nous fut livré 15 jours après. Il s'agissait d'une lettre de la banque pour débit dépassé qui s'était joué à peu de choses près et surtout avait prospéré sur ma négligence passagère : pendant bien des jours j'avais eu les yeux et les pensées rivées sur les attentats, l'inquiétude, les listes de victimes, mes notes pour tenter de témoigner plus tard, les articles des journaux, des retrouvailles avec des ami•e•s rendues comme urgentes, et je n'avais pas suivi l'état de nos finances familiales. De frais en frais pour cause de frais engendrés, et du fait du dépassement du délai pour réparer (le courrier reçu 15 jours après son envoi comportait un délai de 8 jours déjà dépassé de 8 autres jours quand j'ai pu le lire), la situation s'était envenimée au point que le paiement attendu dont le retard avait causé l'écart ne pouvait plus et de loin éponger. Nous avons dû notre salut à la générosité d'une amie que j'en profite pour remercier à nouveau aujourd'hui. L'indulgence de la banque se borna à renoncer à un fichage irrémédiable, les frais furent maintenus. La poste non seulement ne présenta pas d'excuses mais mis en avant que légalement la recommandation d'un envoi n'est pas un gage de délai. Il nous fallu plusieurs mois de vie serrée afin de pouvoir revenir à une situation saine et rembourser l'amie secourable.
Ce n'était, grâce à elle, pas si grave. Seulement bien qu'indirecte, c'est une conséquence aussi. Je me demande encore combien de personnes telles que nous aurons subi des ennuis du fait d'avoir été un temps sidérés, atterrés, moins attentifs qu'à l'ordinaire à tout faire tout bien pour faire face à leur quotidien âpre et sans facilités. Combien de personnes auront été victimes de dysfonctionnements de différents services perturbés eux-mêmes par des conséquences indirectes que personne n'aura souhaité ou pu assumer. 

Je pense souvent aux victimes et à leurs proches qui auront dû, doivent peut-être encore, batailler avec des instances administratives, des démarches fastidieuses, un état de suspicion (2), certes sans doute pour partie nécessaire, mais comme ça doit être pénible aux victimes incontestables. 
Le seul espoir reste que certaines survivantes, certains survivants auront pu saisir une occasion de prendre leur vie plus fortement en main, changer de job mais en bien, trouver le courage de clore une relation qui tournait mal, ou de s'en aller vivre dans des lieux qui leurs vont mieux. Ou faire d'autant plus de progrès dans leur voie, si elle était déjà engagée, qu'un sentiment d'urgence sera apparu.

 

 

 

(1) Et non en tant qu'individu qui se serait distingué, représenterait quelque chose, un pouvoir.
(2) Dans le film belge 'Ne tirez pas" sur les tueurs du Brabant, on voit très bien ces contraintes, celui qui fut blessé enfant dévoile ses cicatrices lors d'un procès, crie parce qu'il n'en peut plus, qu'il doit tous les trois ans prouver son invalidité. J'ai cru comprendre qu'en France ça n'était pas nécessairement plus facile. Et que ça risque de ne pas s'arranger.

 

 

 

 

 

 


It didn't seem so long ago


    Je profite d'une journée à la BNF pour compulser les archives de l'internet à la recherche de blogs disparus. Au départ à la recherche d'un billet pour m'en rafraîchir le souvenir, puis dans le même mouvement qui autrefois enfant me faisait disparaître des heures dans le dictionnaire, de lien en lien vers de plus en plus de retrouvailles.

Dans ces cas-là tôt ou tard, je finis ou je commence toujours par retomber sur le blog de La fille aux craies. Il faut dire aussi qu'elle n'a pas cessé, jamais, de me manquer et que certains de ses billets emblématiques, me sont restés. Je ne peux pas ne pas penser à elle lorsque j'ai une serviette rêche entre les mains, ni songer "levrette" dès que je lis le mot "missionnaire" et rigoler in petto bêtement, en mode adolescent, et ça c'est d'elle que je le tiens (1). 
Pour qui ne l'a pas connu il faut savoir qu'elle souffrait de mucoviscidose, qu'elle a subi une opération pour une greffe à l'été 2011 et qu'elle n'a pas repris connaissance. Elle avait pris soin de nous relier ses ami-e-s plus lointain-e-s aux plus proches avant de partir à l'hôpital et je lui en reste infiniment reconnaissante.

Dès lors son blog s'arrête là : 2011. Fin juin.

Pour d'autres l'activité de blogage s'est arrêtée comme suite à certains événements, moins dramatiques, de la vie, combinés à l'avènement des réseaux sociaux et à la conscience que tout ce qu'on pouvait laisser comme traces écrites, audio, vidéo ou photographiques pouvaient se retourner contre nous.

Parmi d'autres, le blog d'un ami, pas revu depuis trop longtemps : dernier billet 2015.

Et c'est intéressant. Au delà de la part affective. 

Qu'est-ce qui fait qu'on se retrouve ou non à une époque différente ?


Les écrits de 2015, c'est du presque maintenant. Ce qui est raconté, du moins ce que ce qui est raconté laisse percevoir de la ville, de la société, des rapports entre les gens, ça pourrait être au printemps dernier, ou à l'automne qui a précédé. Ils ont encore une couleur, une qualité actuelle. Y compris ceux, ancrés dans leur date, concernant les attentats à Paris cette année là.

Les écrits de 2011, c'est déjà un autre temps. Pourtant sont déjà là les téléphones et les ordis et l'internet répandu, et les réseaux sociaux ; certes des événements politiques importants ont secoué le monde : les révolutions du printemps méditerranéen, les attentats en France (et pas seulement là), l'élection de Trump, le Brexit ... mais ils n'avaient pas d'influence si directe sur la vie d'une personne de la classe moyenne en France. Et puis ça vaudrait pour 2015 aussi pour certains événements et d'autres aussi. 

Ça n'est pas non plus un prisme personnel : en 2011 j'avais déjà entamé la reconversion qui est la mienne aujourd'hui. Je n'applique donc pas un filtre "Ma nouvelle vie" à ce que je lis. J'étais déjà dans l'idée de me mettre au triathlon, seul a changé le passage de l'idée à la mise en œuvre. Ma vie amoureuse n'a pas tant évolué. Il y a eu des deuils, des disparitions. Mais pas au point de devoir considérer "un après / un avant". Sauf pour l'assassinat d'Honoré parmi ses collègues. Même si ce fut, comme le fut 9/11 et mondialement une sacré commotion. Seulement je ne crois pas que ça ait changé les choses pour tout le monde à ce point-là. 

Au point que des écrits quotidiens personnels de 2011 semblent d'un autre temps, un temps d'avant quand ceux de 2015 restent pour l'instant de l'ordre de Comment ça trois ans ? Qu'est-ce que ça passe vite !

De quoi est faite la sensation d'époque révolue ?
J'aimerais pouvoir en discuter avec les ami-e-s disparu-e-s. 

 

(1) Bien d'autres choses encore. 


État d'âme

 

    Ce luxe que c'est, car ça nécessite que les choses soient calmes et l'emploi du temps pas trop bousculé.

Noté donc ceci ce matin sur FB, et comme je me dis qu'il y aurait sans doute matière à un billet je le reprends ici 

Dans la continuité d'une conversation récente, constate grâce à un rythme de vie plus calme revenu (première période depuis avril 2016) qui me laisse le temps de penser, que celle et ceux qui sont brutalement partis me manquent effectivement comme des morts. C'est-à-dire que je pense à eux, je les aimerais encore là, mais c'est une personne figée telle qu'en mes souvenirs et qui n'est pas la personne qu'ils sont quelque part ailleurs avec d'autres actuellement.
(et que j'ai très envie de revoir les ami-e-s perdu-e-s de vue ces dernières années pour cause de sur-activité et zéro temps disponible, mais ça, ça n'est pas surprenant)

avec son PS

Le hic étant qu'avec les vols subis en 2017 et le téléphone puis l'ordi avec l'agenda et le répertoire attenant, je n'ai plus aucune coordonnées d'un certain nombre de personnes qui me sont chères (tout en ayant récupéré par voie automatique des contacts principalement téléphoniques dont je n'ai plus la moindre idée, anciens collègues ? rencontres professionnelles ponctuelles ? blogueurs des tout débuts ?)

Ici j'ajouterais qu'alors que nous ne nous connaissions que de vue et pour moi de lire ses écrits, il y a un réel poids de l'absence de Mathieu Riboulet. Sans doute parce qu'il était proche de pas mal d'ami-e-s pour qui il a beaucoup compté - il présentait les gens les uns aux autres qui ensuite en faisaient quelques choses, visiblement c'était en lui comme un don d'association -. Bien sûr l'omniprésence de son absence au colloque Bessette a renforcé ce sentiment, cette sensation. Mais elle pré-existait. Son fantôme me demeure présent. Comme l'est celui d'Honoré.
Sans doute qu'au fond de moi je refuse qu'ils soient totalement définitivement absents. 

 

 

 


Une allégresse

 

    Une période de ma vie professionnelle va bientôt prendre fin ; compte tenu du contexte - je ne suis toujours pas revenue à mon équilibre après le décès de ma mère couplé à d'autres difficultés sérieuses concernant ma famille au sens large ; j'ai fait ce qui était devant être fait, mais il reste toutes sortes de tâches moins urgentes, pas moins importantes à accomplir - c'est peut-être quoique triste une chance. Tout s'est aussi passé comme si j'avais utilisé un de ces ustensiles d'aide au regonflage quand un pneu de vélo est crevé. OK ça permet de finir le trajet, il n'empêche qu'à un moment il faut bien s'arrêter et vraiment réparer. 

Le temps est bientôt venu de le faire. Vraiment réparer. Ne plus tenir le deuil à distance à coup de sur-occupation professionnelle mais le laisser enfin traverser. Cette perspective, paradoxalement, me remplit d'allégresse.

J'ai bien d'autres projets pour la suite et eu de bonnes nouvelles récentes de ma santé ce qui me laisse croire à un possiblement bel avenir.

Mais d'abord finir les choses bien, puis souffler, faire bien du sport (sans forcer, comme pour une convalescence), prendre enfin le temps de pleurer, écrire, ranger, tenter de remettre enfin d'aplomb l'organisation de la maison.

Et dans le très immédiat, objectif Cublize : parvenir à le boucler, ce triathlon distance M. Malgré qu'entre le travail très prenant et le déménagement des affaires et meubles de mes parents, je n'ai pas pu m'entraîner comme il eût convenu. Et cette allégresse-ci est en forme de défi. 


Un hangar et l'hôtel


    Je me réveille un peu moins propriétaire et j'aime ça (1) : je ne suis pas faite pour posséder des morceaux de planète, j'ai seulement besoin d'un camp de base pour stocker ce dont j'ai l'utilité - livres, photos, souvenirs, archives, quelques beaux objets si liés à quelqu'un, offerts - et pour le reste j'aimerais être nomade, mais de luxe.

Je crois que si j'étais millionnaire, ce qui est impossible, car quand bien même une forte somme me tomberait du ciel (2), je serais incapable de ne pas aider, au moins créer une fondation pour secourir, j'achèterais un hangar avec une partie à vivre très dépouillée (de quoi dormir, manger, se laver, étudier / écrire), j'y classerai mes livres, mes photos, mes documents, et je ferai un mini-musée avec les souvenirs, les beaux objets. Quant à moi je vivrai à l'hôtel, des beaux hôtels, des lieux différents. J'y écrirai. Je reviendrai à Clichy - Levallois pour le sport, le triathlon, des entraînements, le suivi médical et les problèmes de visas. Je ferais des voyages lents, en évitant les avions. J'écrirai sur ces voyages mais aussi des fictions.

Bon, en attendant, le travail m'appelle et c'est intéressant, par ailleurs un boulot monstre dans l'appartement - forcément, avec tout ce qu'on a récupéré, les milliers de livres, le bazar permanent -, et une petite maison dans une belle mais hélas dangereuse région qui requiert toute mon attention parce qu'elle est simple et que je la tiens de mes grands-parents et que mes parents ensuite en ont pris soin et l'ont améliorée. Devoir de mémoire, devoir de respect. Pour Ernestine, pour Berthe, pour Mado et pour tout le boulot que Nino avait fait. 

 

 

(1) En plus que nous avons eu cette grande chance que les acheteurs soient un jeune couple très sympa, qui se rêvent une belle vie là. Alors ça a un sens.
(2) Par exemple si je parviens à créer la chansonnette bête que le monde entier chanterait sans parvenir à se l'ôter de la tête.


La journée la plus efficace de l'année


20180220_102342Je vois mal comment ultérieurement je pourrais mieux faire, et d'ailleurs, c'est sans doute trop d'activités enchaînées sans souffler, alors je ne me le conseille pas vraiment. 

Mais je suis fort heureuse d'y être arrivée. 

Je remercie instamment Grand Corps Malade dont le nouvel album écouté la veille au soir m'a pas mal portée. Il y a toujours de l'énergie et de l'espoir dans le travail de cet homme-là. 

*                *                *

 

 Aller courir au réveil, comme j'aime [le sport au saut du lit]. 11 à 12 km, avec facilité. En croisant deux autres coureurs, très bienveillants. Il est bon d'avoir un certain âge, je sais du coup leur gentillesse désintéressée. Au retour j'ai droit à un rayon de soleil  20180220_102627

et au fait que la bruine attend que j'arrive au panneau d'entrée de ville pour tomber.

Le temps de prendre une douche et je file chercher une pendule et deux bijoux que j'avais laissés à réparer. Tout est OK, je dépose des montres ainsi qu'un bracelet.

Je passe chez le marchand de vélos faire quelques réglages de mon nouvel outil de transport et compléter la panoplie. De là chez la fleuriste puis au cimetière. 

Je rentre, rapidement grâce au vélo, juste une halte pour acheter un pain au chocolat ainsi qu'un croissant. Brunch.

Fullsizeoutput_75fFiler ensuite chez le discounter d'en face, j'avais la veille repéré quelques éléments utiles - dont un outile à roulettes pour déplacer des meubles, voire des cartons - et très pas chers. 
Je fais des trous supplémentaires à une ceinture, lorsque m'appelle celui qui doit venir récupérer trois meubles. Sa ponctualité est remarquable. L'état du mur derrière le meuble nettement moins. 

Après son départ j'entame un sérieux ménage puis un début de déblayage de la cabane à outils : depuis le décès de mon père en 2004, et jusqu'au cambriolage de juillet les objets, les outils, les éléments de mobilier stockés pourrissaient paisiblement. 

Sur une intuition j'appelle l'homme auquel nous louons un box, en prévision d'un agrandissement prévu. Il se trouve qu'il est sur place, ou plutôt au café du coin avec un client-collègue-ami. Nous prenons un café tous les trois, et je me (sur)prends à imaginer la vie que j'aurais si je vivais ici. Ça serait supportable. Même un peu mieux que ça. Du moins tant qu'il n'y aura pas l'accident nucléaire qui est aussi probable par ici, que The Big One en Californie. 

Un tour de vélo et je retrouve notre loueur au café. Il a presque terminé. Je reprends espoir que ces stockages devraient suffire. Je n'en reviens pas de la bonne coordination des étapes, de la fiabilité des gens. La #vieparisienne comporte des côtés déformants. Moi-même trop surchargée de travail et d'activités pour être de bonne parole sur ce qui comporte des délais. 

Je repars, passe chez le chauffagiste régler mes dettes (1), m'autorise un saut vers une boutique où j'avais repéré au vol un tee-shirt en solde parfait pour #lefiston. 

Ensuite je reprends tant qu'il fait jour, le travail de déblaiement de la cabane à outils. Jusqu'à ce qu'il fasse trop sombre pour poursuivre. Trois sacs poubelles de 30 L pleins. À contrecœur j'attaque la végétation. C'était nécessaire pour empêcher les murs de pourrir et garantir la lumière et l'accès.

Le souvenir d'Arthur louant ses services comme déblayeur d'annexes et de jardins dans "People who knock on the door" me soutient. Il aimait faire ce boulot. On s'y sent très utiles. C'est curieux comme ce livre passé presque inaperçu en son temps et que personne sauf moi ne considère comme un chef d'œuvre, m'aura accompagné ma vie durant, les mots sont si justes pour décrire une vie moyenne, traversée par une mécanique de malheur, tandis que le narrateur, le gars à travers le point de vue duquel on voit le récit s'efforce de bien faire, de tenir le coup. Un des rares bouquins dans lequel le personnage principal bosse ou étudie sans arrêt ; est réellement amoureux ; est quitté ; subit toutes sortes d'ennuis, certains tragiques, qu'il n'a rien fait pour s'attirer. 
Je m'active donc portée par la force d'un Arthur de 20 ans. Le même qui à plusieurs reprises dans les chagrins intimes m'aura aidée à ne pas sombrer jusqu'au désespoir définitif. Le même dont les symptômes alors qu'il était au prise avec le pire chagrin ressemblaient si fort aux miens que j'étais rassurée quant à leur insignifiance médicale - c'était bien le cas, réactions physiques au malheur et non maladie qui se déclarait -. Patricia Highsmith est morte en 1995, à l'heure où je n'aurais jamais osé aborder un-e auteur-e pour la ou le remercier du bon que son travail pouvait avoir apporté ; ou je n'imaginais pas ou pas vraiment qu'il m'était possible à moi aussi d'écrire ; et de faire un jour un métier, quel qu'il soit, en rapport avec les livres. Nous nous sommes donc manquées. 

Malgré le désordre et les vols effectués par le voisin délinquant, la cabane à outils reste empreinte de la logique de stockage de mon père. J'y retrouve ses façons de faire. Ça porte un réconfort en même temps qu'une grande tristesse. 

Demain il faudra que je termine ce travail, la zone de stockage sera requise pour l'établi de Taverny et les outils. 

Tout fermer à la nuit tombée. Sortir les poubelles. À nouveau se doucher - les muscles sont un peu douloureux-, puis dîner et faire la vaisselle, recevoir et envoyer quelques messages utiles. 

Temps de poser ces quelques notes puis de dormir.
Que personne ne s'avise lorsque je rentrerai de me demander si j'ai passé de bonnes vacances. Ce ne sont pas de mauvaises journées. Tout s'enchaîne et j'aime être seule, puisqu'en l'occurrence personne des présents actuels ne peut vraiment m'aider. Mais ce ne sont assurément pas des vacances. 
Un travail différent. Pour la famille plutôt qu'une entreprise.

Au cimetière, j'ai pu constater que mon arrière-grand-mère maternelle maternelle était morte en 1928 à 52 ans. Je suis plus âgée qu'elle ne le fût jamais. Elle n'aura pas connu les petits-enfants que sa fille Berthe lui aurait donnés, ma tante la plus âgée étant née cette même année. Je me sens fortement en relation avec cette lignée de femmes, fortes mais que le sort n'aura pas épargnées, moi par rapport à elles si privilégiée. Je pense que je dois aussi beaucoup à La Nona, la grand-mère italienne, sa capacité à faire face avec un certain fatalisme mais calme, sans se laisser abattre. C'est d'elles que j'essaie d'être digne et des chances qu'elles n'ont pas connues.

 

(1) Ça aussi : l'installation d'une nouvelle chaudière en notre absence, faite impeccablement. 

 


Les indicateurs de sur-occupation

 

    Je me suis rendue compte que je disposais de quelques indicateurs simples mais assez fiables de sur-occupation, signe qu'il était temps de ralentir la cadence, du moins dès que possible : 

- la lessive qui déborde du panier à linge - la lessive étant normalement la seule tâche ménagère que je parviens à assumer régulièrement - ;
- le fait d'arriver au samedi sans avoir eu le temps de lire Le Canard Enchaîné (1) ;
- le fait de ne pouvoir écouter le café serré de Thomas Gunzig que le vendredi ou le samedi au lieu du mercredi. 

Depuis plusieurs semaines de ma triple vie (de libraire, de sportive et de chargée de succession pour ne pas même compter ma petite vie toute personnelle dont je retrouve parfois pour quelques heures, surprise, un vestige hors moments de sommeil et d'hygiène), les trois indicateurs sont réunis.


Il va falloir que je me calme, dès que l'urgent sera dépoté.  

(J'en vois qui rigolent dans le fond)




(1) pour les lecteurs du futur : journal de papier paraissant le mercredi et qui au fil des années et que les autres organes de presse perdaient de leur indépendance à cause de la pression des annonceurs, était devenu l'un des meilleurs organes d'investigation. Au point de changer le cours d'une élection présidentielle, par exemple. 
Il s'est trouvé qu'alors que le manque de temps et d'argent m'avaient fait réduire mes lectures de journaux, je n'ai plus conservé que celle-ci. 


Semaine #3 : Une biche

"Je n'écris pas depuis un certain nombre de jours, ça commence à courir, à porter sur les nerfs, ce manque." 

Je note en exergue cette phrase d'Anne Savelli dans son semainier #4. Elle synthétise si bien ce que je ressens cette semaine-ci. 

Il y a aussi :

"C'est s'accrocher aux todo lists, remettre à plus tard toute élaboration, création.
 réduire la voilure
se concentrer sur une seule chose"
(J'aimerais tant ; mais ai-je le choix ?)

En même temps c'est aussi parce que j'ai couru au sens littéral, c'était le dimanche la reco du trail de Bouffémont qui aura lieu le 11 février. Je suis très vite semée du groupe : le parcours commence par une montée et c'est là que ma lenteur atteint des sommets - ou m'empêche de les atteindre, justement -, alors j'explique au gars qui accompagne puis à JF qui m'attendait en haut que c'est bon ça va je connais la forêt, qu'ils ne s'embêtent pas pour moi.

Il ne se le font pas dire deux fois, et je profite de ma liberté pour aller vers le nord est de la forêt jusqu'au moment où j'entendrais trop de coups de feu à mon goût (centre de tirs militaires ou chasseurs ?) alors je repiquerai vers des sentiers déjà courus. 

C'est à la trouée qui correspond au passage des lignes hautes tensions que je la verrai : une biche, laquelle en me voyant s'arrêtera, semblera peser le pour et le contre (Est-ce que cet être humain représente un danger ?) choisira de faire une boucle en restant à proximité, puis au sons de nouveaux tirs - mais d'où viennent-ils ? - repartira. Je suis éperdue de reconnaissance quant à ce cadeau qu'elle m'a fait. 

Je parviendrai sinon à bien calculer mon coup, et arriver précisément 10 minutes après JF et quelques autres qui n'avaient pas fait l'entier parcours mais les 2/3 ou les 3/4.

Nous nous changeons au cul de la voiture et passons ensuite à Montmorency. Par chance Leslie est là et j'ai plaisir à la revoir. La nouvelle place est tristounette avec son plus ou moins faux marbre façon cimetière pour encercler en dur les emplacements des arbrisseaux. Une fois de plus j'aurais connu quelque chose de bien juste avant sa fin. 

Nous apprenons en nous y rendant que Sempre al Viccolo va fermer et aurait dû déjà l'être si les repreneurs n'avaient pas omis de se présenter. Nous y serons du coup traités comme des rois (1). Et très émus d'avoir eu cette intuition là : y aller avant qu'il ne soit trop tard. 

J'avais pensé titrer cette semaine [du 23 au 30 janvier] : des éditeurs et des cartons, parce qu'effectivement mon temps hors librairie aura été bien rempli par les uns et les autres. Soirée chez Payot Rivages, rencontre le lundi soir avec Shida Bazyar au Goethe Institut.

Et puis la fête du cours de danse dans les locaux professionnels de Julia qui pourtant n'y vient plus. J'ai plaisir à la revoir ainsi que Natacha dont je fais connaissance avec le beau bébé (et puis venu les chercher, le jeune papa). J'y arrive tard, après mon long samedi de librairie.

Le lundi a eu lieu pour partie à Taverny : j'ai dû me résoudre à payer un électricien afin que chaque pièce ait sa lumière et que les lustres soient tous décrochés. Il gagne facilement sa vie sur cette petite opération.  

Encore une semaine sans temps personnel. Je m'aperçois que je ne considère pas le sport et la danse comme des loisirs mais comme des moments indispensables à l'hygiène de vie. Des sortes d'obligation envers notre propre santé. Et donc n'entrant pas dans le temps [vraiment] libre. 


(1) Pizza aux extraits de truffe (entre autre)

183001 1500 + 180403 1810