Quelque chose de Virginia (mais fichtre quoi ?)

Jadis et maintenant

 

 

C'était un épisode d'Amicalement Vôtre qui me laisserait probablement lourdement déçue, mais à l'époque m'avait marquée : le sémillant Brett Sinclair se faisait enlever, trafiquer un truc dans le cerveau (ou droguer d'une façon élaborée) puis remettre dans le circuit, mais ensuite lorsqu'il entendait un certain mot clef (1), il devenait un autre et comme téléguidé par ceux qui l'avaient ainsi programmé. Par exemple il recevait un coup de fil, on lui disait "Nelson" (2) et voilà qu'il se mettait en mode special killer, plus rien ne pouvait l'arrêter.

Je ne prétends tuer personne, il faudrait un état de légitime défense pour que que je m'y résolve, déjà une mite ou quelques blates j'ai des scrupules, en revanche le côté mot clef qui me bascule dans une dimension différente de la mienne, je connais.

Un moment que ça ne me l'avait pas fait, sans doute parce que vivant à présent au milieu des livres, chez moi, au travail, et sur mon lieu de travail personnel, je me suis peu à peu immunisée. D'ailleurs ce n'est pas un mot clef mais plutôt une personne, et pas tant la personne, disparue hélas sans savoir que la seconde guerre mondiale au bout du compte allait bien tourner, que son travail, son travail qui entre si profondément en raisonnance (3) avec moi sans que je sache pourquoi.

Donc voilà, si je m'attends à trouver trace d'elle ou de ce qu'elle a réalisé, à présent ça va, je n'entre pas en lévitation, plus pour ça. Plus depuis que j'ai rejoint pour travailler le monde qui me convenait.


En revanche quand au détour d'un texte, d'un message, d'une conversation qui a priori ne s'y prêtait pas plus que ça, quelqu'un glisse une allusion, la mentionne, qu'elle apparaît, je diverge quelques instants de la réalité.

Ce matin c'est par les bons soins d'Alice, via cet innocent billet, que ça me l'a fait. Comme j'étais dans ma cuisine, personne ne risquait rien, ni même de s'en rendre compte. Il était délicieux de s'abstraire un instant de la réalité. Oniriques retrouvailles. Forme de méditation.

On a l'ivresse qu'on peut.

 

Et à part ça j'aimerais tant savoir qui est l'obscur génie qui a eu l'idée de ce générique et s'il n'est pas trop tard le (ou la) remercier. Si je pouvais avoir une idée de cet ordre quel que soit le domaine et la réaliser et qu'elle soit ainsi utile - dans des moments tristes, penser à ce générique était pour moi réconfortant -, je mourrais apaisée. Pour la musique, je sais, je peux remercier John Barry.

 En attendant, merci Alice.

 

(1) Ça m'amuserait beaucoup de retrouver quel il était. 

(2) Ce n'était pas Nelson en vrai, et peut-être pas même un nom propre

(3) Ceci n'est pas une faute d'orthographe

 

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Comme dans un très vieux rock'n'roll

Depuis toujours de ma vie, mais parfois comme ces jours derniers ça me réveille la nuit

 

 

 


William Sheller - Dans un vieux rock'n'roll par peter95000

 

Certaines femmes entendent des voix, qui en firent de la politique, de la littérature ou une mort prématurée que l'on n'aura jamais fini de regretter. Je ne suis, tant mieux et hélas, dimensionnée que pour la version burlesque de l'histoire, même si la voix de Don Camillo me visite parfois, à savoir des ritournelles qui prennent possession de ma cervelle pour un temps qu'elles seules maîtrisent. 

Elles ne le font hélas pas qu'à moitié. Au point de me gêner au téléphone, de m'obliger parfois à faire répéter qui me vient de me parler : de mon haut parleur mental je ne maîtrise ni sujet ni son.

Parfois la présence d'un air ou d'un autre s'explique par une malencontreuse association d'idées.

D'autres fois, j'ignore totalement pourquoi je me réveille, ce fut le cas ce week-end, avec en tête une pesante chanson, un slogan publicitaire d'antan, le générique - si possible insupportable - d'un antique feuilleton. P4185581 - Version 2

Il m'arrive aussi de me réveiller la nuit : tel un voisin indélicat rentrant tardivement d'une soirée arosée et allumant à fond sa chaîne hifi, une partie de mon cerveau vient de mettre en route sa radio personnelle, un ancien "tube" généralement. J'ai ainsi eu droit cette nuit à Yesterday et dont je ne me suis pour l'instant pas débarrassée. Étrange acouphène.

Ce qui me surprend, c'est la quantité de paroles à mon insu mémorisées : je n'aimais pas particulièrement les airs ni les textes. Tout pourtant m'en est resté.

L'avantage du phénomène est qu'au moins l'air en cours me libère du précédent. Celle qui est partie je ne sais pas pourquoi, elle n'a pas dit, a ainsi chassé la neige rose des matins d'hivers et l'oiseau qui, de toutes façons, s'était envolé ; si jamais il revenait je lui dirais que tu l'attendais.



Carissima Francesca

Opéra Bastille, ce soir-même

 

CIMG9011 Alors l'histoire c'est une sorte de Tristan et Yseult pour téléfilm du samedi soir, et ne jouez pas les petits surpris ni ne criez au spoïlage si je vous dis que Roberto et Juliette ils meurent à la fin.

En vrai dans l'histoire Roberto s'appelle Paolo et Juliette Svetla Vassileva que trop elle est bonne dans le rôle de Francesca, de toutes façons je suis pas jalouse, elle est jeune, elle est jolie, elle a depuis toujours travaillé sa voix, elle a pas fait 23 ans d'Usine, elle a pas poussé en banlieue (mais peut-être c'était pire, hein, après tout).

C'est l'histoire de trois frères, un boiteux, un borgne mais qui l'est pas tout de suite mais bon les sales blessures ça arrive quand on guerroie, et un beau (Roberto) et qui chante que c'est à se pâmer.

Roberto, je crois qu'il faudrait qu'on se calme toi et moi sur les spaghetti. J'ai 4 kg à perdre. Et toi ?

Mais la voix, elle, ne bouge pas. Ou si elle avait bougé, elle est revenue tout bien (voire mieux ? ce quelque chose de moëlleux qui fait qu'on a envie de lui tomber dans les bras, de s'y lover comme un chat mais en évitant de ronronner afin de ne pas la parasiter)

Paolo ne chantant pas durant la première partie où il se contente d'un simple tour de scène afin qu'on admire sa personne et que Francesca tombe amoureuse, ça permet de penser à tout autre chose : la semaine à venir, qui ne sera pas de tout repos, un embouteillage bruxellois, un baiser qu'on aimerait, d'autres qu'au moins on n'aura pas gâchés, un peu plus haut dans la journée, de la fatigue perpétuelle qui fait qu'on se limite pour ça et pour le reste, et qu'on s'endort partout, ce qui décourage les princes charmants (1), d'un meilleur ami soudain silencieux après pourtant un texto rigolard (au moins je suis certaine qu'il n'est pas fâché, mais alors quoi, cette inquiétude que j'ai toujours dans ces cas-là, ma vie ayant trop souvent mis des catastrophes sur les silences inexpliqués), de Wytejck dont j'ai vu une photo ces jours-ci et qui a changé de coiffure et de couleur de cheveux comme s'il voulait me ressembler du temps où l'on se fréquentait (voilà qui est curieux), "Aux bords du lac Baïkal" (2) petit livre de toute beauté, commencé la veille et laissé malgré moi de côté parce qu'il fallait s'activer mais je sens qu'il m'attend, Rimini, qui représente tout autre chose pour moi que ce qu'en fait cet opéra, et Francesca, prénom d'une amie perdue de vue après qu'elle avait divorcé, une nostalgie du temps où l'on venait à Bastille en bande de joyeux blogueurs à l'époque où les programmes ne puaients pas (3),  l'anniversaire de Yannick Hamonic (je le lui souhaite joyeux s'il venait à passer, n'ai plus d'adresse où le joindre), des révolutions en cours ou prévues vent force 9 à 10 en provenance du sud et ne plus savoir suivre.

Bref, le premier acte a été bien rempli.

(Comment ça, je n'étais pas concentrée ?)

 

Du second je n'ai que peu suivi : j'écoutais Roberto, subjuguée et sentant par moment grâce au rappel d'une extase du temps d'avant ma première mort et que je dois à une Bohème dans laquelle sa femme d'alors et lui figuraient, se soulever, frémissant, le voile de l'amnésie.

Pas de chance pour moi, l'acte trois venu trop vite a mis fin à cette brise d'espérance, c'était reparti pour du plus guerrier, et j'avoue que William Joyner dans le rôle de Malatestino dall'ochio, était un méchant parfait, juste la bonne dose de second degré pour être irrésistible. On sent qu'il s'amuse dans le rire sardonique.

À peine le temps d'un petit Je t'aime et Roberto c'était fini. Y a pas, trépasser mutuellement dans les bras de son Grand Amour, ça a de la gueule. Dommage que ça ne m'arrivera pas (4).


Le rideau est retombé (5), sur mes sensations perdues le voile aussi, mais néanmoins cet espoir : peut-être que ça reviendra via tout autre chose que ce qui manque.

Les saluts frimaient un peu. Gilda suppute une romance entre Roberto et Svetla. Je n'en sais rien, étant aussi du sud je peux avoir des gestes très tendres d'affection spontanés sans qu'il s'agisse de romance à proprement parler, peut-être qu'en homme avisé il profitait d'une possible prolongation de la promiscuité des rôles, peut-être qu'en femme d'expérience et fine psychologue elle a raison, je peux simplement dire qu'à la scène ce couple fonctionnait et que leurs étreintes, comment dire, ... non ... rien.

La voix de Roberto Alagna m'a fait un bien fou dans une zone du fond du crâne où je n'accède plus guère et je lui en sais gré.

 

Pour un compte-rendu sérieux de l'opéra, voir chez Joël. J'ai juste vaguement perçu qu'on se baladait quelque part entre Verdi et Wagner (pour les chœurs particulièrement) sans l'ampleur de ces deux maîtres. Sans déplaisir non plus.

(1) Il est en effet prouvé que les compétences naturelles d'un prince charmant sont dans le réveil, pas l'endormissement. Si on leur attribue un rôle d'endormeur, il se mettent à faire de la résistance au changement, et après ce n'est plus une histoire d'amour mais un échec de management.

(2)de Christian Garcin

(3)J'aime l'explication de l'ami Jean-Michel lequel suppose qu'ils seraient à présent issu de telle ou telle fabrication particulière censée obéir à de sévères contraintes écologiques et que donc "ils ne polluent plus mais ils puent".

(4) Avec la chance que j'ai et si une maladie ne devance pas, je risque de mourir assassinée par la légitime d'un homme persuadée que c'est pour moi qu'il l'a quittée alors que je serai même pas au courant et que je n'aurais plus fait l'amour depuis 25 ans. Mon prénom appelle un destin amoureux ridicule et tragique, j'en connais une qui l'a vaincu mais moi pas.

(5) Au fait je n'ai pas bien saisi pourquoi ce portrait gris comme ceux des tombes l'ornait.

 


Joyeux Noël

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Difficile hélas de sourcer, même si je crois reconnaître Voutch, un de mes préférés : celui qui m'a envoyé cette carte ne l'a pas fait (1). C'est d'ailleurs pour moi assez surprenant cet envoi, compte tenu du rôle qu'il joue dans ma vie : est-il à ce point inconscient du mal qu'il m'a fait ? Est-ce une façon de signifier "Allez ... sans rancune" ? Un message derrière ce "pas le moment" (trop tard définitivement ? Ou au contraire : patiente un peu, sait-on jamais ?) ? L'aveu d'une impuissance glissé dans une formidable dose d'autodérision ?

Curieux comme tout est possible avec ce garçon - sauf une seule chose, précisément -.

Toujours est-il que malgré tout j'ai bien ri. Alors surtout pour ceux dont la vie va bien, ce serait dommage de ne pas partager.

Et pour les autres, tentons de survivre par le "mieux vaut en rire". #quandonaquelhumour

 

(1) Mais si ça pose le moindre problème de droits je l'enlèverai.

 

addenda du 28/12/10 : Grâce à Berlioz qui a commenté sur facebook (amusant d'ailleurs de constater combien depuis l'apparition de facebook et twitter les commentaires de blogs se sont délocalisés), voici un peu la source :

Le cadeau de Noël redondant (mais censé faire plaisir) chez Nectar du net.

Il s'agissait donc bien de Voutch, ce dont je doutais peu, mais sait-on jamais.


Le pire des sens

 ou Devos aurait aimé, mais c'est un peu moins drôle quand on habite tout près


Ces jours-ci entre Levallois et Clichy

C'est un de ces axes Paris / Banlieue qui aux heures de pointe sont lourdement fréquentés et terriblement dangereux car pas non plus spécifiquement aménagés : une rue juste un peu large que les automobilistes ont pris l'habitude d'emprunter parce que les plus grands axes voisins sont le plus souvent saturés. Mais c'est quand même une rue dans une ville avec des piétons qui traversent et des bus et d'autres rues qui recoupent. Elle comprend une portion sur Clichy et sa plus grande longueur sur Levallois ; la frontière s'effectuant de part et d'autre d'un pont de chemin de fer. Et à la sortie du pont d'un côté comme de l'autre arrive une rue adjacente. On peut supposer que s'il n'y avait pas eu les trains, on aurait eu là un carrefour en croix.

Afin de diminuer dangers et nuisance de son côté, la ville de Levallois a mis sa portion de l'axe en sens interdit de banlieue vers Paris.

Les véhicules venant du pont d'Asnières tout proche pour aller vers la capitale étaient donc supposés soudain tourner dans Clichy une fois arrivés à hauteur du pont pour les trains.

Le trafic se serait donc trouvé reporté intégralement sur Clichy pour ce sens là. Et via une rue jusqu'alors plutôt tranquille et qui n'est pas dimensionnée pour ça.

Le maire de Clichy et ses conseillers, qui connaissent leur Devos à n'en pas douter, et n'avaient que peu de temps pour réagir si des négociations n'ont pas pu avoir lieu ou pas pu aboutir, ont donc riposté en interdisant sur la partie clichoise  le passage dans le sens Paris vers banlieue. 

De ce fait l'axe n'est plus intéressant pour personne, pas même les vélibants, puisque d'un côté comme de l'autre, il faut dés qu'on parvient à hauteur des voies SNCF bifurquer par une rue secondaire et ne pouvoir tourner dans la direction souhaitée qu'un moment après.

Seuls les bus survivent. Et une piste cyclable partagée par portion.

J'espère qu'ils parviendront sans trop tarder à s'entendre et qu'en attendant, la vidéo fournie par l'Express sur Dailymotion, quoiqu'elle ne dise pas tout, vous fasse au moins sourire.

Ce que j'ai fait aussi.

Mais en coinçant un peu : la rue de Clichy, jusqu'alors plutôt calme et menacée de devenir densément circulante, est l'une de celle que doit traverser mon fils et tous les gosses du quartier pour se rendre au collège, peu ou prou aux mêmes heures où les automobilistes vont ou s'en reviennent de leur travail. Pour les petits piétons, elle est incontournable, le collège (1) est tout près.

Et demain, c'est la rentrée.


(1) Celui qui fut longtemps sans nom et un temps difficile d'accès (mais justement, ça s'était arrangé).

Merci à Embruns qui a transmis le lien vers la vidéo.

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"C'est le début de quelque chose mais de quoi ? (un amour, un naufrage, un roman ?)"

    

Ça date du 26/08/2003 à 19h15, c'est à dire deux mois après que le premier texte me soit tombé dessus et en gros deux avant que je ne tombe dans le piège pourtant connu du traditionnel VCGA, suivent des mots atrocement prémonitoires comme quoi avant le naufrage je n'aurais pas totalement manqué de lucidité.
Je n'avais juste pas su imaginer les enchaînements de circonstances inimaginables qui suivraient.

Rien qu'en ce qui concernait le travail, il y avait péril à s'y laisser entraîner et je l'avais perçu.
Si j'avais su me parler à moi-même, j'aurais écrit N'y va pas (1) ça va te tuer.
Curieusement, le "C'est" n'y est jamais explicité et plus de 5 douloureuses années après, j'en ai perdu la mémoire.

Mais je suis bien décidée si un peu de temps m'est finalement encore accordé après tant d'échappées étroites et belles, à honorer au plus vite l'hypothèse trois et pourquoi pas retrouver la un, ses sortilèges et ses dangers.

Tout n'est pas perdu, seulement trois années. C'est bien assez.

(1) dans l'écriture

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