Ce ne fut pas trois mois mais trois ou quatre jours

    

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Il y a quelques jours @Kinkybambou touitait que c'était en train de mal tourner et que "soit la seule option thérapeutique qu’on peut encore [lui] filer fonctionne vite, soit… Ben y’a pas d’autre option et l’espérance de vie, c’est 3 mois.".
Prévenante, elle nous demandait de ne pas lui écrire car elle ne pourrait pas répondre.

J'étais ce même jour à l'enterrement d'une autre amie achevée par une autre variante de la même maladie, et je crois que même sans sa demande, déjà accaparée par un chagrin du même ordre, je n'aurais su lui écrire.

Et ce soir je n'ai pas les mots.

Je lis les échanges de mes ami·e·s sur Twitter et Mastodon, qui parviennent à les trouver. Nous étions autour de Xanax l guerrière aux chats une belle bande de gens doux à l'humour féroce. L'une d'entre nous écrit, "et puis qu'est-ce qu'on a ri" et voilà, oui.

Adieu l'amie 



 

 

 

 


Deux disparitions


    Triste week-end bien qu'on l'ait rempli de belles activités (sportives, principalement) : j'apprends par un courrier retourné par la poste qu'une amie n'habite plus à l'adresse indiquée - et par ailleurs qu'elle publie en e-book exclusif en autoédition, un ouvrage en collaboration -. Comme je ne suis plus libraire, me voilà sans recours pour en apprendre davantage. 
Sans compter que n'avoir été informée ni de la publication ni du déménagement, est signe qu'elle ne tenait pas tant que ça à notre correspondance partagée. La pandémie aura été rude quant aux amitiés.

J'apprends le dimanche le décès de Miss Tic que Le Monde confirme. Comme dans le cas de F., j'ignorais la maladie à l'œuvre. Nous ne nous connaissions pas personnellement, n'avions fait que nous croiser en diverses occasions de librairie, mais je suivais son travail, qui tant de fois m'avait arraché un sourire dans des moments difficiles alors que je passais dans une rue qui l'abritait. Je me sens d'une certaine façon orpheline.

Demain, il faudra travailler comme si de rien n'était.


 

"Chère lectrice, cher lecteur,

Je vous écris ces lignes vendredi soir, sans savoir si les chars russes seront – ou pas – sous mes fenêtres à l’heure où ce message vous parviendra ce samedi matin. Ces blindés ont été le sujet de toutes les discussions hier. J’ai parcouru Kiev en tous sens, sans les voir. Ambiance irréelle, alors que les forces russes semblaient être en train d’encercler la ville. Ici, de jeunes soldats se préparaient à leur baptême du feu, fusil pointé sur le vide et doigt sur la gâchette. Là, des volontaires de la protection civile bavardaient sans savoir d’où viendrait le danger, ni quand. Situation bien plus tendue sur la route menant à l’aéroport militaire de Gostomel, théâtre de combats acharnés depuis deux jours.

Le siège en règle sera-t-il pour aujourd’hui? En attendant, les rumeurs, notamment sur ces fameux tanks russes qui auraient toujours été aperçus dans la rue d’après, minent le moral des habitants bien davantage que les explosions sporadiques. Sans entamer la volonté de résister. «La Russie est née en Ukraine, elle pourrait bien y succomber», m’a dit un badaud à la station de métro Minska.

Bonne lecture,

 – Boris Mabillard, à Kiev"
 
Je reçois ce matin ces mots via l'infolettre du journal Le Temps, j'espère que partager est autorisé. Ils me rappellent de lointains souvenirs : au Burkina Faso en 1987 après le coup d'État au cours duquel avait été assassiné Thomas Sankara il était question d'une partie de l'armée qui lui était restée fidèle marche sur Ouagadougou en venant de Ouahigouya où elle était basée. Rien à voir avec la puissance de feu d'une armée russe, je ne veux pas comparer plus que ça d'autant plus qu'il n'était pas question de bombardements, seulement l'attente angoissée décrite est la même, et ces mots écrits de Kiev m'ont remis en mémoire ce qu'on peut éprouver dans ces moments-là.

Je me sens solidaire des personnes qui subissent la guerre, ne la désirent, ni ne la souhaitent, admire celles et ceux qui résistent là où elle leur est imposée et celles et ceux qui appellent à la paix là où leurs dirigeants se lancent dans un concours de C'est moi le plus puissant et je veux des morts en mon nom.

Non seulement je me sens impuissante - je ne dispose ni de pouvoir ni de temps ni d'argent (1), seulement d'un droit de vote local qui en l'occurrence ne changera rien et ne pourra peut-être pas même être exercé du fait même de la situation -, mais ne sais que penser, être Européen et vouloir la paix, c'est dans l'immédiat laisser tomber un pays de notre entité géographique qui se fait attaquer, accepter la guerre c'est aller vers l'escalade de l'horreur et foncer vers du pire. Les peuples sont toujours perdants.

En attendant la suite de cet enchaînement négatif, qui semble voulu par un seul homme, nous sommes tenus de continuer nos vies, aller au travail, tenir la maison, maintenir notre condition physique, poursuivre nos petits projets tant qu'ils ne sont pas directement remis en cause. Étrangeté des transitions. 
Il faut être assez aisés pour pouvoir se permettre de se décentrer d'un gagne-pain ou de sa recherche, lorsque surviennent des événements majeurs. Mais ça n'empêche pas de penser aux gens, les comme nous de sur place.

 
(1) Fors petits dons d'entraide, ponctuellement


Chroniques du confinement jour 65 : On avance, on avance, on avance (air connu) malgré tout

Déconfinement officiel 1 jour 10

 

    Il faut le reconnaître, j'ai eu la tête à l'envers toute la journée ; une tristesse qui ne m'a pas lâchée et que j'essayais de contenir en me disant que la principale intéressée par la terrible nouvelle tombée la veille au soir, détesterait que l'on pleure ou que l'on s'apitoie. 

Alors je me suis secouée, et j'ai un peu secoué mon cher co-confiné qui était plutôt en mode petit-pépère qui voulait tout faire plus tard. Ce qui a donné :

un morning run (barrière 5, 7km800 environ à 7mn26 / km)
Nous continuons à ajouter une barrière à chaque fois et j'étalonne. Ce qui donne : 
- barrière 2, 5 km
- barrière 3, maison rose, 6 km
- barrière 4, niveau du rond point vers Saint Germain, 7 km
- barrière 5, maison sur le côté gauche en allant vers Lessay, habitée et entretenue,  7 km 800

les abdos - squats - pompes (38 - 28 - 18) pour le défi du club
Je me pose la question de si je continuerai ou non après le 6 juin

douche, petit-déjeuner, charger les déchets de débroussaillages dans le sac ad hoc puis aller en voiture à la déchetterie
personne ou presque pas d'attente et nous une efficacité d'habitués ; j'avais en plus des broussaille une vieille wassingue en décomposition (je suppose que le voisin voleur l'avait laissée tomber en filant) et un grand morceau de verre, datant lui aussi de ses exactions. 

de là, directement, aller à la Biscuiterie du Cotentin (Sortoville en Beaumont) en passant par Saint Sauveur le Vicomte et Bricquebec. 
La biscuiterie je tenais à y retourner sans tarder car nous avons un cadeau de remerciements à faire, en plus de vouloir soutenir ce commerce dont nous apprécions les produits. Nous appréhendions trop de monde, mais à part deux dames qui partaient, non sans s'être copieusement photographiées devant le décors, alors que nous arrivions, il n'y avait personne. Ça fait un peu peur pour l'avenir. La route entre Bricquebec et Carteret était en lourds travaux avec circulation alternée. Était-ce la raison de la désaffection des locaux ? Ou la peur de l'épidémie ? (je n'y crois pas trop, cf. l'affluence du Aldi ou la veille du magasin de bricolage).
À Bricquebec, JF voulait absolument se promener alors nous avons fait un petit tour à pied, voiture posée sur le grand parking près du château. Ce qui nous a permis de découvrir une splendide allée plantée d'arbres, là où ce trouve avant un stade, le cinéma (fermé, pour l'heure). Là non plus, personne. Juste un gars qui promenait nonchalamment son chien, un de ces chiens qui ont une gueule de boxers et qui sont très à la mode - pour une raison qui m'échappe totalement -. Au fond ce n'était pas une mauvaise idée de s'accorder un instant "comme si on était en vacances" dans cette journée.
Nous n'en aurons probablement pas cet été.

retour de ces courses alimentaires par Carteret (quelques pas sur la plage marée basse, très dégagée) et Portbail as usual
Le genre de petits plaisirs que nous avons ici et dont nous ne nous lassons pas. 
Un peu de monde mais la plage est si vaste à marée basse que ça ne posait aucun problème de risque de contamination.

déjeuner et sieste tardive avec un peu de lecture de The Beatles Tune In. 
Ce livre a décidément pour moi une force d'évasion peu commune. 

séance de Tabata avec Romain Pourrat and his family.
Sans doute que cette belle expérience touche à sa fin, des séances auront lieu en plein air il faudra une présence effective et nous ne serons pas là ou nous aurons repris le boulot.

dîner, petite promenade post-prandiale vespérale dans le quartier
Nous avons exploré la zone pavillonnaire de la sortie/entrée de ville, j'entends par là la partie entre la maison et la zone d'activité. Elle est truffée d'impasses qui s'appellent "rues" et un ancien grand terrain est en passe de virer lotissement. De beaux grands arbres ont été abattus, c'est une peine. JF a croisé un collègue de pétanque qui était dans son jardin et content de faire, à bonne distance, un brin de causette. J'aime bien qu'on se parle de loin, si ça pouvait durer même après l'épidémie, l'habitude de moins se coller, ça serait chouette.

douche encore mais nécessaire, après le Tabata et la marche. Et de toutes façons, brève.
Puis c'était enfin le temps de lire (mes messages reçus) et d'écrire (quelques réponses ou ici-même et quelques petits rattrapages de retard).

J'ai reçu quelques mots qui m'ont bien fait plaisir dont l'un d'un futur employeur potentiel mais les circonstances nous auront éloignés, il n'empêche je suis contente que nous nous soyons rencontrés. Et un SP sous forme de .pdf qui me fait bien plaisir, les ami·e·s ont pensé à moi, malgré ma délocalisation et mon absence de travail en librairie depuis, l'air de rien, plusieurs mois.

Pas eu le temps de lire le Canard enchaîné (que j'ai d'ailleurs eu du mal, une fois n'est pas coutume, en ligne à acheter).
Pas non plus pu participer à une réunion en ligne sur d'éventuels travaux à la radio - en plus que n'ayant pas tout suivi, je n'avais pas d'avis précis -.
Très peu suivi les infos même si j'ai scrupuleusement tenu mon habituel LT des infos d'Italie, passé à la trappe la veille

Le contraste entre le déroulé de cette journée (sports, du travail pour la maison, de l'écriture et des moments de balades, quite a perfect day ; sous un soleil radieux) et mon état d'esprit (une immense tristesse par amitié) est saisissant.
La vie, parfois, nous mène ainsi.

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE

5 082 023 cas (dont : 329 230 morts (dont 94 933 morts aux USA) et 2 020 071 guéris) 

 

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Apprendre longtemps après la mort d'un ami

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C'est un homonyme à l'orthographe légèrement différente et que la ville de Houilles honore d'une petite rue qui m'a fait penser à lui. 

Je me suis dit, tiens ça fait longtemps qu'il n'a pas écrit ni donné de nouvelles.

Et j'ai vaguement un doute triste. L'impression que quelqu'un m'avait dit quelque chose. Une grave maladie ?

De retour chez moi, le soir, je cherche son nom sur l'ordi. Plus de livres depuis un moment mais des peintures. Et une interview qui date de l'automne dernier

Il n'a pas de page wikipedia. Aurait pu. Puis je vois quelque part "personne décédée". Puis autre part des choses mais qui concernent des homonymes (dont un garde-chasse de la ville de Paris dans les années 70 ou 80). C'est sur son profil FB en commentaire d'un statut datant du 27 septembre portant sur une conférence, que je lis un dialogue entre des personnes qui le connaissaient, dont l'une explique aux autres qu'il serait mort d'une crise cardiaque durant son sommeil, une nuit d'octobre 2018.

Et je m'aperçois que non seulement je l'apprends mais qu'au fond je ne sais pas franchement si je le savais déjà, ce qui n'est pas impossible, qu'on me l'ait dit et que ça me soit paru tellement inconcevable que j'ai gommé l'information de ma mémoire. Mode Eternal sunshine of the spotless mind On. Ma vie a été particulièrement chargée depuis le début du moment où ma mère en 2016 est tombée malade et je n'exclus pas d'avoir été trop engloutie par un quotidien trop dense pour avoir bien lu tous mes messages sur la période dont peut-être celui qui annonçait la nouvelle. Ou d'avoir été à ce point frappée d'incrédulité qu'elle ne s'est pas imprimée dans mon cerveau actif, qu'elle n'ait fait qu'y transiter.

Nous n'étions pas intimes, échangions parfois au sujet d'un livre, nous croisions lors d'événements littéraires. Je n'avais pas su que son virage vers la peinture était lié à des problèmes ophtalmiques qui le gênaient pour (lui empêchaient de ?) lire et (d')écrire.

Je suis soudain triste ce soir comme si sa mort était à peine survenue. Et si triste pour ses proches, dont j'espère qu'ils ou elles sont à l'heure actuelle en train de commencer à remonter la pente. 


"The radium girls" de Kate Moore

(Au départ un thread sur Twitter mais ça mérite bien un billet)
 
Alors comme le "Feel good" de @thomasgunzig m'avait donné la pêche et du courage et aussi pour éviter d'enchaîner avec un autre roman que j'aurais forcément trouvé fade, j'ai attaqué cette lecture-ci dans la foulée. C'est passionnant, mais quel coup de poing même en s'y attendant
 
 
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Il s'agit de la terrifiante histoire des jeunes femmes qui travaillèrent au début du XXème siècle dans des usines où l'on utilisait le radium en particulier pour créer des aiguilles fluorescentes sur différents appareils. Elles travaillaient au pinceau.
 
 
Pour davantage de précision et de rendement, et aussi parce qu'à tremper dans l'eau les pinceaux durcissaient, elles le passaient sur leur langue entre deux tracés.
Le livre relate leur long combat pour faire reconnaître comme maladies professionnelles les cancers et autres conséquences qu'elles subirent, et obtenir prise en charge des soins et dédommagements.
Dès le début certaines jeunes femmes s'étaient méfiées, assez vite des médecins consultés furent sur la bonne piste, l'un d'eux obtint même de visiter les locaux, mais on ne lui communiqua pas toutes les infos.
 
 
Le pire étant que leurs employeurs savaient, du moins à partir d'un certain moment, et d'ailleurs prenaient des précautions pour eux-mêmes, mais toute la structure hiérarchique prétendait que Mais non, vous ne craignez rien.
 
 
La famille de la première victime décédée dans d'atroces souffrances, fut réduite au silence parce que des avis médicaux officiels prétendirent qu'elle était morte de syphilis, ce qui laissait planer des doutes sur la conduite de la défunte, qu'on aurait pu considérer à titre posthume comme une fille légère (par exemple de dissuasion aux éventuelles protestations). Et quand ça commençait trop à se savoir à un endroit que les jeunes femmes qui bossaient là ne faisaient pas de vieux os, une usine ouvrait dans un tout autre état. Salaires élevés, à côtés marrants (elles brillaient en soirée (au sens littéral)), et hop de nouvelles recrues réjouies arrivaient.
Un degré d'horreur supplémentaire est venu du fait que comme les ouvrières étaient ravies dans les débuts, car ce travail était mieux payé et vraiment moins pénible que la plupart des emplois d'usine, lorsqu'il y avait besoin de recruter, elles en parlaient à leurs sœurs et cousines et amies. Ce qui fait que des familles se sont retrouvées décimées ou des voisinages entiers.
 
De nos jours ça n'est plus le radium, mais je reste persuadée qu'on fait peu de cas de la santé des gens quand beaucoup d'argent peut être gagné par qui les emploie.
 
C'est un livre formidable ... dont je n'ose pas trop conseiller la lecture, tant il est dur, les pathologies déclarées atroces, et le cynisme des employeurs absolu. Avec en arrière-plan une façon de considérer que ça n'était pas (si) grave, ça ne concernait que des femmes et qui n'avaient pour la plupart qu'une éducation primaire. 

Une tragédie et ailleurs un retour

 

    Après une journée bien remplie j'étais en train de récupérer en attendant l'heure de bricoler et manger un dîner, quand parce que depuis le tour de France et The Cycling Podcast, je suis un certain nombre de cyclistes sur Twitter, j'ai vu apparaître les premières alertes au sujet d'un accident grave sur le tour de Pologne. Le nom de Bjorg Lambrecht apparaissait en trending topics en Belgique, et très vite des touites indiquaient, héliporté à l'hôpital (ce qui fut l'intention mais n'eut pas lieu d'après ce que j'ai lu après), réanimation et très vite après le très vite des touites de personnes qui avaient visiblement appris la pire mauvaise nouvelle mais tentaient d'apprendre qu'elle était fausse, n'y pouvant croire. Un touite de l'équipe ou de la direction de la course qui disait il est à l'hôpital, opération en cours (ou envisagée, je ne sais plus, je me souviens d'avoir pensé, incurable optimiste que c'était bon signe dans le terrible, que ça signifiait qu'il pouvait peut-être ou sans doute être sauvé) et  

puis 

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C'était un touite de son équipe, le compte semblait bien le leur de façon peu contestable, plus aucun doute hélas ni espoir n'étaient permis.

J'ai cherché à en apprendre un peu plus, mais que faire à part penser à ses proches, famille, ami·e·s ou collègues et parmi eux coéquipiers. Je me souvenais d'autres décès prématurés de cyclistes. Bjorg Lambrecht semblait particulièrement prometteur et si jeune, même sans le connaître son sort peinait.

Je n'étais pas la seule à me souvenir, quelqu'un a émis une sorte de touite récapitulatif comme un RIP général et un ancien coureur (je crois ?) a alors ajouté quelque chose comme Sans parler des blessés si graves qu'on les a cru perdu, ou qu'ils le sont pour le sport professionnel et il a cité Stig Broeckx, si gravement accidenté en 2016 qu'on l'avait cru perdu, à ceci près qu'il était revenu d'un coma de plus de six mois, et depuis, ce que j'ignorais, progresse pas à pas pour recouvrer des capacités. J'ai même trouvé une video récente, où il est présent lors d'un prix créé à son nom afin de récolter des fonds pour les structures de soins ou rééducation, et c'est impressionnant comme il semble énergique et compréhensible pour quelqu'un revenu de si loin. 

Il est dit dans l'article qu'il avait un black out total de ses souvenirs des cinq années précédent son accident et qu'une conséquence de l'accident avait été la séparation d'avec sa compagne devenue pour lui une inconnue (1).

Quoiqu'il en soit, le voilà sauvé au moins pour un temps. Ça faisait du bien de le constater.

Chance que n'aura pas eue son compatriote. Et c'était une autre terrible étrangeté que d'apprendre de relativement bonnes nouvelles de l'un par ricochet de la pire mauvaise nouvelle de l'autre. 

Je pense aux proches de Bjorg Lambrecht, ce soir, et aimerais tant pouvoir faire quelque chose qui permettrait de soulager leur douleur. Mais il n'y a rien qui me vient. À part témoigner ici d'une sorte de chagrin commun à qui apprécie le sport qui était sa passion mais l'a finalement tué.

 

(1) un autre reportage le montre pourtant avec quelqu'un ; mais ça doit effectivement être profondément étrange de trouver des personnes pour qui on semble compter mais dont on n'a pas le souvenir. 

PS : Deux de mes amies traversent des jours difficiles et je ne sais, non plus, comment les aider dans ces moments si rudes à traverser. Que faire au concret ?

 


des noms sur un monuments (Ce ne sont pas que)

 

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Après une petite séance d'entraînement artisanal à la piscine Montherlant, je cherchais un vélib de maintenant afin de rentrer chez moi (1).

Je traversais donc le Square Lamartine quand une plaque à attiré mon attention. Entre 2013 et octobre 2015 j'ai travaillé dans ce quartier et je ne l'avais jamais remarquée. 

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Elle est édifiée à la mémoire de tout jeunes enfants qui habitaient le quartier avec leurs parents quand les rafles anti-juives de la seconde guerre mondiale eurent lieu. D'enfants qui furent déportés si petits qu'ils ne connurent jamais la scolarisation. 

De retour à la maison j'ai tapé les deux premiers noms de la liste sur un moteur de recherche, Antoine Baur et Francine Baur. 

La photo que je me permets de publier en avant de ce billet apparaît en premier. Elle provient d'un site de recherches généalogiques. J'ignore qui l'a prise ni de quand elle peut dater. En revanche, les dates et lieux de naissance et de mort figurent sur le site. 
Il s'agissait donc d'une famille qui comportait quatre enfants, Pierre, Myriam, Antoine et Francine Baur. Respectivement 10, 9, 6 et 3 ans, quand ils sont morts, ainsi que leurs parents, à Auschwitz le 19 décembre 1943. Aucune d'entre elles, aucun d'entre eux n'aura survécu. Leur seule culpabilité était, aux yeux du régime nazi, leur origine juive.

Personne en aucun lieu en aucun temps ne mérite d'être assassiné pour une appartenance à une origine, une religion, une couleur de peau ou quoi que ce soit qui ne relève de sa part d'aucun choix. L'être humain ne sait éviter la violence, on l'a hélas compris, mais qu'au moins on se cantonne à ce qui tient de conflits entre adultes et d'éléments relevant d'un choix, d'idées à défendre, d'appartenance volontaire à un parti. Mais pas ça, pas se saisir d'un groupe donné pour en faire des boucs émissaires et de façon plus ou moins raffinée les massacrer.

Je n'ai pas poursuivi mes recherches pour les autres noms, j'avais à avancer dans ma journée, je ne pouvais davantage consacrer de temps au passé.

Mais j'aimerais que l'on n'oublie pas, qu'on ne les oublie pas et qu'on évite, moins d'un siècle plus tard, de repartir dans les mêmes criminelles dérives. 

 

(1) N'en ai trouvé aucun d'opérationnel, j'ai dû rentrer en RER C


Start-up nation et (par ailleurs) l'impunité du trop tard


    L'ami Virgile a écrit un de ses billets d'analyse de la situation dont il a le secret, des choses que l'on se dit sans se les être vraiment ou bien formulées et lui, il met tout clairement dans l'ordre et ça fait du bien. 

Start-up nation

En complément car ça va avec le sentiment d'être au dessus des lois, qu'ont visiblement ceux qui sont au pouvoir, j'aimerais trouver les mots pour évoquer ce que j'appellerais, l'impunité du trop tard.

Curieusement ou non, c'est une video extraite d'un reportage sur le dopage dans le cyclisme, et que je regardais en siestant à demi qui m'y a fait repenser, et combien c'était lié car ça ne concernait pas que le sport de haut niveau, mais bien aussi le pouvoir et la criminalité en col blanc, jusqu'aux escrocs familiers de nos vies quotidiennes. 

On vit encore dans un semblant de démocratie, basé sur des vestiges de valeurs humanistes et dans le sport de fiction de fair play. Donc pour quelques temps encore les tricheries, financières ou physiques sont censées être quelque chose de mal, répréhensible et qu'il ne faut pas faire. 

En pratique, comme la philosophie qui sous-tend le capitalisme est celle du plus fort, il s'agit toujours de battre un ou des adversaires. La plupart des êtres humains de toutes façons aime ça, nous sommes une espèce prédatrice. Un des plus efficaces moyen de l'emporter est de tricher, et donc en sport de se doper, en affaires de monter des combinaisons qui filoutent le bien commun, en politique de magouiller tant et plus. Parfois ça finit par se voir et l'un ou l'autre se fait pincer. Et comme en théorie Çaymal les impétrants finissent par avoir des petits ennuis, bien mérités.

Le hic c'est que ceux qui ont beaucoup pratiqué de truander et sont arrivés au plus hauts niveaux de leur discipline, même si après coup ils se font pincer, pendant des années ont joué de leur pouvoir, prestige et influence et connu la vie qu'ils souhaitaient ; tels ces politicien·ne·s qui d'un procès à son appel à leur report etc. des années après n'ont toujours pas rendu l'argent et peuvent même si aucune inéligibilité n'a été prononcée à temps tenter d'attraper une nouvelle immunité entre-temps, ou ces sportifs, Lance Armstrong étant un cas typique qui même si rétroactivement se voient dépourvus de leurs titres, dans l'esprit du public les ont encore (1), ils ont vécus leur cheminement de succès jusqu'au bout et il leur restera toujours bien davantage de ressources et d'alliés que s'ils n'avaient pas triché. 
Presque toujours les vrais punis sont celleux qui auront osé dénoncer les pratiques délictueuses ; mis à l'écart et au ban de leur discipline ou de leur parti, voire pour les lanceurs d'alerte considérés comme traitres à leur pays. Et finalement la situation de qui a triché et arnaqué, même après la chute est plus enviable que celle de qui est resté dans le droit chemin mais s'est vu limité du fait même d'être respectueux. Parce qu'à un moment, le tricheur a brillé, sans ça il serait resté dans le lot, et que l'on vit dans un monde où c'est gagner qui compte. 

Ça vaut aussi pour ceux qui se sont comportés en prédateurs sexuels, dont certains réalisateurs renommés. OK ils finiront peut-être par payer pour le mal qu'ils ont fait, seulement en attendant leurs œuvres ont été créées, et parfois (je pense à Hitchcock par exemple) on se surprend même à faire partie de qui n'en est pas mécontent·e. 

Pour les uns et les autres le tout est de ne se faire chopper qu'une fois le but atteint, le match ou l'élection remportée, la richesse devenue trop immense pour être entièrement confisquée, l'œuvre créée et diffusée.

En ce moment, j'avoue être particulièrement sensible et en colère désabusée face à ce phénomène de l'impunité du trop tard. D'autant plus que les victimes, y compris lorsque c'est la collectivité et le bien commun et non une personne, elles, prennent cher et immédiatement et que quand bien même justice leur est rendue c'est toujours bien tard et rarement à due proportion.

J'aimerais, comme Virgile en son billet, terminer sur une note d'espoir. Je n'entrevois hélas ni solution ni amélioration. En plus que les tricheurs peuvent toujours se refaire par la suite un fric fou en vendant leurs mémoires. 

 

(1) qui connait, à part des spécialistes, les noms des vainqueurs des tours de France que le déclassement d'Armstrong aura couronné ?

 

 


Agnès et les patates

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La mort d'Agnès Varda me laisse triste à plus d'un titre. Il y a bien sûr des souvenirs de cinéma dont Visages villages vu à Pirou avec dans la salle des personnes qui avaient participé au tournage pour la séquence concernant leur ville, une inauguration de salle au Méliès de Montreuil, les liens entre "Décor Daguerre" livre d'Anne Savelli et "Daguerréotypes" le film d'Agnès Varda (1975), revu grâce au livre, l'inoubliable "Sans toit ni loi", "Documenteur" qui m'a marquée, et "Les plages d'Agnès" pour ne parler que de peu d'entre eux. Une expo à la fondation Cartier, dont je me souviens avec précision mais pas de la date, de l'année.

Mais voilà, d'Agnès Varda j'ai également un souvenir personnel de ... patates. C'était lors du festival de La Rochelle en 2012, elle était venue (entre autre) pour présenter une installation "Patatutopia", et au petit matin de la Nuit Blanche qui clôturait le festival, les patates nous furent distribuées. 

Je me souviens de m'être ensuite régalée, tout comme quelques temp plus tard avec le poireau de Yolande Moreau. 

C'est un élément de gratitude particulier, en plus des films, du féminisme, des courages quotidiens qu'elle nous transmettait.

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8445499048_aaf4228bae_o(photos prises à La Rochelle le 29 juin 2012)

PS : Une belle interview de Sandrine Bonnaire sur Libé à son sujet.

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