Shenanigans

 

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Il y a quelques mois notre portemanteau de l'entrée s'est effondré. Il est à demi tombé dans un angle et comme je ne suis pas en état de m'en occuper (je tiens le coup au travail, je tiens le cap de mes entraînements et pour le reste c'est sur le temps et l'énergie résiduels).

Tout à l'heure, au creux d'un samedi non travaillé, j'ai reçu un message indiquant qu'une livraison avait été déposée dans la boîte à lettres.

J'ai terminé ce que j'écrivais puis j'ai enfilé les premières chaussures qui traînaient dans l'entrée et le premier vêtement sur le porte-manteau, et j'ai descendu nos poubelles, vidé le verre et récupéré mon colis. 

Il se trouve que le vêtement attrapé au vol était mon vieux caban, probablement remis sur le dessus de la pile après l'écroulement. Poussiéreux, carrément.

J'ai mis les mains dans les poches, en pensant, Tiens, qu'est-ce qui peut traîner dans un manteau d'avant les confinements (1) ?
À ma plus grande surprise, c'était plein d'écrits. 
Ils dataient de 2008 et 2013 (?!?), un plan d'un salon du livre de Paris d'il y avait dix ans, et une invitation pour la fête de sortie d'un livre d'Edgar Hilsenrath dont je me souviens bien, un message d'invitation d'une amie perdue de vue qui nous rassemblait en l'honneur de Pablo (qui a disparu des réseaux sociaux, et ne donne plus de nouvelles, ce qui m'inquiète ; il fait partie de ceux grâce auxquels je me suis mise à la course à pied et j'aimerais le remercier). 

Engluée dans un quotidien métro boulot vélo dodo et sport aux marges, dans un ultime effort pour sauver une éventuelle retraite (si je survis), j'oublie parfois que j'ai eu une vie et qu'elle a été souvent bousculée (2) mais vraiment intéressante, et beaucoup plus que tout ce que j'aurais pu, vu mon genre et mon milieu d'origine raisonnablement espérer.

Retomber sur la time capsule de mon vieux caban, une time capsule d'il y a dix ans, m'a fait un bien fou.

 

 

(1) Clairement, depuis le Covid, ce qui traîne au fond des poches ce sont les masques et les mouchoirs. 
(2) Clairement, si ce caban était resté ainsi délaissé, c'était probablement comme suite à deux coups durs majeurs qui m'étaient tombés dessus en juin et juillet 2013 (dont : la fin de mon travail à la librairie Livre Sterling qui allait fermer)


Tri des photos de mars 2019


    En mars 2019 il y avait un week-end de ciné-club à Ménilles. 

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À l'époque les cours d'eau étaient bien alimentés.
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Je retrouve une image d'un match de foot dont je ne sais plus rien. Sans doute étions-nous simplement passés par le stade pour rentrer d'une balade.
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Le 3 mars 2019 Le Joueur de Pétanque s'entraînait donc à la pétanque, entre deux films vus, dans un cadre plutôt beau.

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Le 6 mars 2019, je recevais sur Cause Commune les camarades du Gang du Roman Poétique, sans doute à un instant de pause ou juste avant le début j'ai pris cette photo côté technique où l'on entrevoit Quentin qui s'occupait de la régie et m'a appris l'essentiel.

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La radio est ce qui me manque, avec la danse, de ma vie d'avant. Il ne serait pas possible de concilier ces activités avec mon emploi actuel, en quelque sorte issu de la pandémie ou plutôt de ses conséquences. En tant que libraire et qu'animatrice d'émission, je me sentais utile et à ma place d'interviewer les personnes. 

Une photo du 12 mars 2019 me montre que c'est à ce moment-là que Porte de Clichy le panneau publicitaire mais néanmoins utile qui affichait l'heure et la température a été remplacer par un "Demander justice" aussi menaçant qu'inutile aux passants. 

Je retrouve des notes sur un cahier, pour le travail en librairie.

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Le 16 mars 2019, je prends une étrange photo dont je ne sais plus ce qu'elle représente (quelque chose d'un chantier ?).

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Il y a toujours ce bâtiment près de la BNF qui me rappelle immanquablement la RDA. Je ne sais pas précisément dire pourquoi. 

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Sur les murs de notre ville, en mars 2019

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Le 24 mars 2019 c'était les 10 km des Foulées de Clichy.

Il n'y en a pas eu depuis (ou alors, pour cause de pandémie, en très décalé et nous n'avons pu y participer) 

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Street art pris en photo le 25 mars, vers Montreuil :

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Je retrouve aussi, prise dans les environs du Guilvinec le 28 mars 2019, une photo qu'il me fait chaud au cœur de retrouver aujourd'hui : 

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Je retrouve également une photo que l'un d'entre nous avait transformée en pseudo couverture d'album d'un groupe rock fictif. 

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Une fois de plus je suis frappée par la faille temporelle ou tout du moins la discontinuité induite par la pandémie. Le phénomène a été accentué chez moi par une reconversion professionnelle assez conséquente survenue juste après le premier confinement. 
Quand je regarde ces images issues de ma vie d'avant elles me semblent beaucoup plus lointaines qu'un simple "Il y a trois ans". Le fait que nous ayons repris une vie depuis ce printemps qui fait semblant d'être normale, et que par exemple aujourd'hui même j'ai revu la plupart des personnes qui figuraient sur les clichés de fin mars 2019, n'y change remarquablement rien. Je me dis simplement que mes ami·e·s de ma vie antérieure (un peu comme s'il s'agissait d'amis d'une enfance tardive) n'ont pas beaucoup changé malgré tout ce temps.


Tri des photos de février 2019


    C'est reparti pour une session de tri : je m'en occupe le week-end lorsque je suis physiquement trop fatiguée pour ranger des objets (je recherche deux livres que j'ai "trop bien" rangés avant le premier confinement, mémoire effacée - c'est comme si la vie calme des deux mois et demi en paix, suivi par l'apprentissage sur le tas d'un nouveau métier et le temps plein archi plein assorti m'avaient grillé la mémoire de juste avant -). 

Je suis toujours émue de retomber sur des photos ratées, ou plutôt dont plusieurs années plus tard, l'intention m'échappe.

Ainsi le 4 février 2019 à 19:40 j'ai pris cette photo à La Libreria. Je suppose que j'y étais pour une rencontre littéraire. Qu'avais-je voulu cadrer ?

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De certaines journées il ne reste rien ou si peu : en dehors de photos qui sont des prises de notes. Par exemple le 6 février 2019, une photo d'un feu de guingois prise sans doute à la pause déjeuner, vers 15:00

 

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et une autre prise vers 23:30 sans doute en rentrant de la librairie l'Astrée, où je suppose qu'il y avait une soirée.

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C'était le chantier du Tribunal, on dirait.

De nombreuses journées s'écoulent ainsi, sans laisser davantage de traces, que ce que l'on peut écrire ou photographier du quotidien. Si on travaille, elles servent au moins à rapporter de quoi gagner notre pain, ça n'est donc pas totalement vain. Mais néanmoins un peu triste.

Je devais être si fatiguée à l'époque que je n'avais pas "développé" ces photos, restées sur mon téléfonino sans être transmises.

Le 8 février 2019, je travaillais aux oiseaux rares, et qu'elle était jolie (l'est toujours, mais je n'y suis plus), cette librairie.

20190208_162604Cette photo était restée dans le téléphone, je ne crois pas l'avoir déjà revue.

En date du 9 février 2019, je trouve une nouvelle photo qui était restée dans le téléphone, alors que les autres du même moment avaient été transférées sur l'ordi. Il s'agissait d'une soirée de masterclass au concervatoire de Clichy et le pianiste était passionnant.

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Le 10 février 2019, nous avions participé au Maxicross de Bouffémont.

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Début 2019 j'ai un projet professionnel et de saines lectures

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Le 12 février je suis allée écouter Mathias à la BNF. C'était bien.
C'était bien de ne pas devoir chaque jour travailler pour un employeur et d'avoir du temps pour développer des projets personnels. Je suis épatée d'avoir été assez en forme pour une journée que les photos témoignent active alors que seulement 48 heures s'étaient écoulées depuis le maxi-trail de 26 km.

Je retrouve des photos de concerts dont je me souviens bien mais qui datant de seulement 3 ans du simple fait de s'être déroulés avant la pandémie semblent d'il y a très longtemps.

Le 17 février 2019, avant d'aller suivre une formation aux premiers gestes de secours, je prends en photo un balcon joyeux du linge qui y sèche.

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Depuis l'ouverture du Tribunal, le quartier a changé et la photo suivante, anodine lorsque je l'ai prise, témoigne désormais d'un avant : 

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Ce qui n'a pas changé c'est que la piste cyclable que l'on ne voit même pas, au premier plan, servait déjà et sert toujours de parking. Je crois que depuis le début je n'ai plus l'emprunter que 8 fois (alors que j'y passe fréquemment), 10 maximum.

 

Je retrouve des images d'un Paris ancien, alors persistant, qui a peut-être lui aussi, changé.

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Nous avions fait un saut en Normandie aussi, sans doute pour une raison précise, vu sa brièveté. La tombe des arrières-grands parents a bien été restaurée.


Tri des photos de décembre 2018, janvier 2019

 

    Je m'aperçois que j'ai un certain nombre de photos de la cathédrale Notre Dame avant l'incendie. Sa beauté. Et le fait aussi que mes enfants sont nés à côté, car l'Hôtel Dieu à l'époque comportait également une maternité.

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[photo du lundi 24 décembre 2018 10:40]

Il y a des photos que l'on prend sur le moment et qui attrapent davantage de sens ensuite. Retrouver celle-ci lors d'une phase caniculaire, lui ajoute quelque chose :

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[photo du lundi 24 décembre 2018 13:44]


J'effectuais un remplacement dans une librairie du quartier latin, c'était assez étrange, nous étions deux à tenir les lieux, peu fréquentés malgré la période (lieu spécialisé). C'était comme une parenthèse, dont je garde un bon souvenir.

Le 25 décembre 2018 nous nous étions baladés au parc des Sévines où il y a des vestiges de quelque chose, était-ce un ancien restaurant ? Un établissement pour les fêtes ?

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Je me souviens d'avoir un peu cherché sur l'internet mais rien trouvé de l'histoire des lieux.

Tout en triant les photos, j'écoute le podcast de Cerno, cette anti-enquête sur les tueurs du XVIIIème dans les années 80. L'épisode 55, recrutement d'un futur assassin, me marque : Isabelle y témoigne, la femme qui exprime calmement combien le fait que le jeune homme paumé mais gentil et doux, ait été un tueur cruel de vieilles dames dépasse son entendement me rappelle ma mise en danger de février 2006 lorsque quelqu'un s'est révélée à ce point différent de ce que la personne était ou semblait être initialement que je ne savais plus comment percevoir le monde ("Je n'arrive pas à faire la corrélation entre les deux personnes" dit-elle ; exactement ce que j'avais ressenti). Ce qui ajoute à son désarroi et était aussi une part du mien, est qu'elle savait à l'ordinaire bien estimer les gens. Et donc de s'être gourée sur quelqu'un et très gravement. Ce qui nous met dans un sentiment de péril puisque l'une de nos qualités pour la (sur)vie s'est trouvée mise en défaut.

Les murs du quartier latin fin 2018 étaient très causants.

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Dans les derniers jours de décembre 2018, nous sommes allés en Normandie. C'était un beau temps typique d'un mois de décembre.

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Nous sommes allés si souvent en Normandie qu'à part la période de parenthèse douce pour nous du 1er confinement, mes souvenirs ne distinguent plus l'une ou l'autre fois.

Je retrouve une photo de la tombe en déshérence de mes arrières-grands-parents maternels avant que je n'organise sa remise en état. C'est un cas typique :
1/ de mon côté indécrottable Bécassine béate : j'avais en effet remarqué en allant me recueillir sur la tombe voisine de mes grands-parents et de ceux de leurs enfants qui n'avaient pas (sur)vécu que c'était le même nom que le nom de jeune fille de ma grand-mère mais m'était seulement dit Tiens, c'était vraiment un nom répandu dans la région. Ça ne m'avait pas effleuré qu'il puisse s'agir de quelqu'un de la famille.
2/ comme tout le monde dans la famille savait qu'il s'agissait des arrières-grands-parents, tout le monde supposait que tout le monde le savait. Résultat : personne n'en parlait. Ben en fait : moi je ne savais pas. Peut-être parce que j'étais trop petite quand le sujet (s'il le fût) fut devant moi évoqué. Il aura fallu les obsèques de ma mère, désormais enterrée dans le même cimetière, un peu plus loin, pour qu'une de mes cousines remarquant l'état de cette tombe s'exclame (1), il faudrait qu'on fasse quelque chose !
- Mais, c'est la famille ?
- Oui, tu ne savais pas ?

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Début 2019, j'effectue un remplacement dans une librairie magique à Auvers sur Oise. Je pratique des trajets mixtes RER + vélo, malgré le froid et je suis heureuse (mais fatiguée, ce sont de longues semaines de boulot, mais heureuse)

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Certains matins, c'est vraiment bien, très beau (lorsque je vais jusqu'à Pontoise ou l'arrêt précédent et circule le long de l'Oise)

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Le 10 janvier 2019, le lever de soleil fut beau. Il était 08:35

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Le 20 janvier 2019 vers 20:20 je descends la magnifique piste qui longe la voie de chemin de fer entre Méry sur Oise et Bessancourt, hélas sans continuité cyclable. Je garde un vif souvenir de ces trajets, heureux malgré froid et danger.

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Il  y a à Auvers sur Oise le mystère de ce faux vieux panneau Attention un train peut en cacher un autre. J'en ai connu des comme ça, mais j'étais toute petite, et ils étaient dans un sale état, alors ce panneau neuf mais modèle comme avant, qui l'a remis là ?

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Le dimanche 13 janvier 2019, il y avait un héron (nous l'avions déjà repéré) au Parc des Impressionnistes à Clichy. Notre présence ne l'avait pas effrayé.

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De la librairie où j'effectuais le remplacement, la vue sur la place principale d'Auvers était un régal. Je n'avais guère de temps pour m'y attarder, j'ai pris celui d'une photo.

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Parfois il était difficile d'entrer à la librairie (c'était le seul accès ainsi qu'à quelques logis plus loin)

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La tombe de Van Gogh, petit panneau

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Dans le même cimetière, la tombe d'un jeune poète 

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Elles passaient vite en ce village, les pauses déjeuners.


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 Le 17 janvier, arrêt momentané du RER sur un pont, j'en profite. J'aime cette photo un peu ratée, mais réussie dans son côté "instant saisi".

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Parfois, je m'amuse un peu

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En janvier 2019, ici le 30 à 08:30 près de la piscine de Clichy, il avait neigé

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(1) Il ne restait plus personne sur place qu'un oncle par alliance très âgé, les autres personnes habitent et habitaient loin. 

 

 


Tri de photos (suite de la suite)


    J'en suis à présent à novembre 2018 lorsque nous étions allés à La Rochelle courir le 10 km et encourager les copains qui effectuaient un marathon.
J'étais restée quelques jours pour écrire à la médiathèque, courir en bord de mer et revoir un couple ami qui s'est installé là pour sa retraite, c'était un moment heureux, comme j'aurais aimé que fût ma vie - hélas je ne suis pas rentière -.

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Le 30 novembre 2018, j'étais de retour à Paris. Je ne sais plus où précisément j'ai pris cette fresque en photo (elle n'est pas géolocalisée), sans doute vers La Défense.

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En décembre 2018, un week-end de ciné-club a lieu à Ménilles

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En décembre 2018, je travaille en tant que libraire volante dans le XIIIème arrondissement parisien. Photos lors des trajets

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Je retrouve parfois une photo dont j'ai oublié le souvenir, et qui me plait bien, celle-ci par exemple, prise le 15 décembre 2018, la géolocalisation dit vers La Villette

20181215_112850À la libraire où je travaillais alors, nous avions reçu Miss Tic qui venait en voisine pour une dédicace. La revoir m'émeut.

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Le dimanche 16 décembre 2018 au matin, je traverse Paris, probablement à vélo pour aller travailler et prends une photo de la place de la Concorde presque déserte.

20181216_103614Je ne me doutais pas que trois à quatre ans plus tard je reverrais Paris ainsi, en allant travailler alors que la plupart des gens était confinée.

Le 18 décembre 2018 dans le quartier du Panthéon, j'ai pris en photo un splendide C215 Victor Hugo

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Je trouve la trace d'un concert de Christine and the Queens, le 19 décembre 2018 ; je l'avais oublié, comme pas mal de choses que j'ai faite dans le monde d'avant la pandémie [de Covid_19]

 

 


Suite du tri de photos


    Un mari et un moustique, voilà de quoi passer une mauvaise nuit. Ce qui fait que mon jour de congé prévu pour pré-triathlon aura surtout été un jour de récupération. 
Alors pour ne pas faire que dormir, ce dont la fatigue me rend capable, j'ai repris mon tri de photos.

 

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Il est fréquent lorsque je fais du tri plusieurs années après, que je ne sache plus pourquoi j'avais pris telle ou telle photo. Cette image d'une réclame, saisie le 19 octobre 2018 m'est restée compréhensible : je me souvenais de combien Le Fiston petit aimait que son père lui fasse "faire l'avion" ainsi, il se maintenait gainé, les bras en arrière comme s'il devait fendre l'air et je me souviens avec bonheur de son rire cristallin de bambin. Comme il grandissait vite, son père n'a pas pu continuer très longtemps (1). 
Alors quand en ce jour d'octobre 2018 j'ai vu ce même jeu entre un père et sa petite, j'ai pris la réclame en photo qui me rappelait de précieux souvenirs.

 

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Je retrouve des images prises le samedi 20 octobre 2018 à la médiathèque d'Argenteuil en la compagnie de plusieurs camarades de L'aiRNu. Le souvenir de ce jour aux belles lectures sous l'égide de François Bon, m'est bien resté, il s'est toutefois trouvé balancé de par la pandémie vers un passé plus lointain qu'il ne l'est.
Peut-être aussi parce qu'à l'époque mes propres projets d'écriture n'attendaient que la fin de la période exténuante de deuil puis de vider et déménager la maison des parents et de me remettre d'avoir à nouveau perdu un emploi (raisons économiques, comme presque à chaque fois), alors qu'à présent ils sont sévèrement mis entre parenthèse de par mon manque de forces et de temps disponible dynamique, une fois abattues mes heures de boulot, un solide temps plein avec 2h15 à 2h30 de trajets par jour. Il me faudrait une retraite dans pas trop de temps et avec encore un cœur vaillant. Tout espoir n'est pas perdu, si la pandémie ne rebondit pas trop fort, que les maladies nous épargnent, et que la guerre actuelle ne dégénère pas.

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Le lendemain, dimanche 21 octobre 2018, je participais au semi-marathon de Saint-Denis, mon premier je crois bien. Je m'aperçois en retrouvant une copie d'écran que j'avais mis 2h40mn39s . J'ai le souvenir d'être allée lentement, mais sans aucun tracas, de m'être beaucoup amusée lors du passage DANS le stade de France avec l'enregistrement d'applaudissements qu'ils diffusaient à l'entrée de quelqu'un.

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Comme j'étais toute seule, car bien lente après la plupart des autres, je pouvais jouer avec l'idée qu'ils me concernaient, et surtout me rappeler les inoubliables concerts avec Johnny. 

Tel celui de la veille, ce souvenir est resté vif - et heureux -, mais lui aussi semble dater de bien loin.
Alors qu'à peine quatre ans se sont écoulés.

Je suis heureuse de constater que ma ténacité à poursuivre les entraînements pendant les confinements au maximum de ce qui nous était autorisé a payé : je peux courir désormais un semi-marathon sans douter de le terminer sauf pépin particulier, et le cours en 7 minutes de moins (qui pourrait être 10 si je n'avais cette tendance à devoir effectuer une pause pipi qui n'arrange guère le chrono (et qui serait évitable s'il était meilleur, c'est un cercle vicieux)).

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À l'automne 2018, l'un des appartements que je vois de ma fenêtre de cuisine était visiblement habité et vivant - en tant que demi-italienne, j'aime quand le linge sèche aux fenêtres, je trouve que c'est une jolie propreté -, ce n'est plus le cas, aujourd'hui, depuis des mois, les volets restent fermés ou quasi, il n'y a plus de signes joyeux de vie.

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Mon cœur se serre quand je retrouve des photos que j'avais pu prendre en passant de Notre-Dame avant l'incendie. Je la trouvais particulièrement belle vue de sa charpente. 

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En novembre 2018, je m'intéresse à retardement à l'affaire Villemin, pour ce qu'elle témoigne de l'époque vu de maintenant, alors qu'en son temps j'y voyais un fait-divers des plus terribles. Je crois que mon intérêt de 2018 a été suscité par une série documentaire sur Netflix et un ouvrage de Denis Robert qui avait à l'époque été tout jeune envoyé spécial par Libé. Je retrouve mes journaux (diarii) de l'époque et c'est intéressant de voir non pas ce que j'en écrivais (peu en fait, j'étais étudiante, très occupée, studieuse et laborieuse, à l'écart du ramdam médiatique) mais de voir ce qu'une personne lambda de pas 20 ans à l'époque pouvait en noter. 

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En novembre 2018, je prends lors du festival de cinéma d'Arras des photos de notre logement, une chambre d'hôte que nous fréquentons depuis bon nombre d'années.

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J'ignore alors même si je me doute un peu que cette option ne sera pas éternelle, qu'en 2021 viendra la dernière année, pour cause de cessation d'activité de notre hôte. Il est bon d'en retrouver trace.

Parfois il y a une photo qu'après coup j'aime bien. Par exemple ces-deux ci, prises le 8 novembre 2018 :

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Je trouve la trace de mes premières recherches immobilières, un peu comme si j'avais eu l'intuition qu'à un moment notre logis annuel serait perdu.

Le 16 novembre 2018, je me rends à la librairie Les Cyclades pour une rencontre littéraire, en chemin je prends cette photo, que je suis heureuse de redécouvrir. 

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Le 18 novembre 2018 nous courrons notre premier semi-marathon de Boulogne, je me sens vraiment bien, c'est un moment heureux. Je mets 2h37 en allant doucement.

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(1) Quant à moi, n'ayant pas encore repris la natation (ce fut grâce à l'enfant, indirectement), ni n'étant devenu libraire puis triathlète, je n'avais guère de force dans les bras, donc même au petit format j'en étais incapable. 


Le tri du dimanche (photos)


    Le dimanche lorsque je suis au calme, que j'ai pu faire du sport et dormir, mais que je suis trop fatiguée pour faire quoi que ce soit d'autre, je procède à du tri de photographies, et ménage, et sauvegardes.

Je pense que cela équivaut pour moi à une forme de méditation. Je procède volontairement avec lenteur. C'est cette lenteur qui rend l'activité reposante. Et me permet de retrouver quelques images qui me font plaisir, ou que le temps écoulé (j'ai quatre ans de retard, j'en suis à l'été 2018) ont rendu intéressantes, plus particulièrement dans ma ville en pleine mue.

 

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[25/08/2018 08:09:38 ; Cerisy-la-Salle]

Le 25 août 2018 j'étais à Cerisy-la-Salle pendant le colloque consacré à Hélène Bessette. Une des plus belles semaines de ma vie.
Mais une de mes tantes, laquelle vivait en Bretagne, est morte à ce moment-là. Alors j'ai quitté le moment magique pour retrouver ma famille pour un moment triste. Dans un certain sens quelque chose s'organisait bien : il y avait possibilité de prendre le train à une gare voisine, jusqu'à la commune où l'enterrement avait lieu, ou peu s'en fallait. J'ai pu retrouver ma sœur à la gare et nous avons pu effectuer ensemble le trajet. Et puis ce fut l'occasion de jolies retrouvailles.
Rétrospectivement, on a même pu se dire, étrange "consolation", que celles et ceux de la génération qui dans la famille nous précèdent, partis en octobre 2016, février 2017, et août 2018 auront échappé à une mort par Covid_19 dans le plus terrible isolement. 
Je suppose que j'avais pris la photo en sortant de la maison où se situait ma chambre, le matin de bonne heure avant de prendre le taxi puis le train.

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[26/08/2018 09:24:25 ; Cerisy-la-Salle]

Le lendemain, ce qui était déjà devenu un train-train quotidien, chaleureux et studieux, reprenait. C'était bien.

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[27/08/2018 11:35:00 ; Cerisy-la-Salle]

Seulement une semaine c'est court, alors très vite c'est la fin, la photo collective (où l'on me voit si heureuse, comme on peut l'être lorsque l'on a participé à quelque chose de collectif qui contribue au bien commun), le train du retour et l'un des plus somptueux fou-rire de ma vie, lorsque l'un des camarades me met en boîte avec humour au prétexte que la chambre que j'occupais était celle de Peter Handke avant moi.

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Le 31 août, celleux d'entre nous qui étions à Paris ou dans les environs, nous sommes retrouvés dans l'appartement de l'une des personnes organisatrices. J'avais vraiment apprécié cette attention, la façon de former une communauté à partir de personnes d'horizons variés, la littérature en commun, mais son côté humain.

Il m'en reste une photo que j'aime bien (et qui préserve l'anonymat des personnes concernées, c'est parfait).

 

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[31/08/2018 15:26:31 ; Paris]

 

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[31/08/2018 09:45:43 ; Paris, sans doute vers l'actuelle rue Rostropovitch]

Je retrouve des clichés dont le n'ai pas le souvenir précis, mais que je suis contente d'avoir prises sur le vif.

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[08/09/2018 08:38:44 ; Clichy la Garenne vers la cité Jouffroy Renault]

La vue depuis 2018 a passablement changé. Les petites maisons n'en finissent pas de pousser.

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[10/09/2018 19:10:58 ; Paris près de la BNF]

À l'été 2018 la librairie pour laquelle je travaillais a quasiment fermé, j'ai ensuite enchaîné les remplacements dans le cadre des Libraires Volants. Entre deux contrats, je fréquentais la BNF. Il y avait près de l'une des entrées de la ligne 14 cette œuvre sur un mur d'immeuble, magnifique, éphémère. Je suis heureuse d'avoir pu prendre cette photo avant qu'il ne disparaisse.

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[14/09/2018 18:09:44 ; Paris palissades du chantier de La Samaritaine]

Au titre des photos prises d'éléments éphémères, il y a ces palissades de chantier, conçues pour être belles, et exceptionnellement échappées de l'emprise publicitaires. Là aussi, je suis contente d'en avoir conservé la trace. D'avoir pris le temps lors d'un de mes trajets, probablement à Vélib, de m'arrêter pour le faire.

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[samedi 22/09/2018 ; Beauvais]

Le 22 septembre 2018 notre fiston partait en vacances pour l'Italie par l'aéroport de Beauvais avec des amis. Nous avions donc accompagné les jeunes et voilà qu'en repartant nous étions arrivés au moment d'une manifestation liée au Carnaval de Venise. C'était d'autant plus magique que totalement inattendu. Et j'étais heureuse pour une fois un samedi de n'être pas une "veuve de la pétanque".  

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[dimanche 23/09/2018 ; Vincennes]

Le 23 septembre 2018 je l'ai passé au Festival América. C'est typiquement le type de souvenirs qui m'ont été mélangés de par la pandémie : j'y suis allée fréquemment, et toujours avec plaisir et pour assister à des rencontres intéressantes, mais tout se confond désormais en un seul souvenir indistinct des ans, fusionnés sous un label "avant Covid".


Tri de photos (août 2018)

 

    Comme souvent lorsque je dispose d'un jour de congé pour lequel rien d'autre que du repos ne m'est possible, je fais des sauvegardes, ménage et tri de photos. Cela me détend et m'aide à me recaler dans le temps.

Au passage j'aime à retrouver quelques pépites.

20180805_175844Ce dessin avait probablement été fait par ma mère, je l'ai retrouvé dans ses affaires en 2018 alors que je devais vider la maison de mes parents.

Au passage je retrouve l'adresse courriel de quelqu'un que j'ai croisé quelques fois et à qui je souhaitais parler de son récent roman. Peut-être que c'est une sorte de rééquilibre face à l'adresse postale qui n'est plus à jour (mais d'une autre personne que la pandémie combinée à sa sur-occupation m'aura fait perdre de vue).

Parfois un détail qui à l'époque m'avait échappé me saute aux yeux. Ainsi au sein d'une photo plus large du parc Martin Luther King qui a bien changé, cet enfant à l'air décidé (1).
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Le contraste est amusant car la photo est prise l'été et que les autres passants sont en mode estival placide.

C'est l'époque où dans ce parc, il y avait deux terrains de foot là où désormais figurent un espace gazonné et un plan d'eau. Il n'y a plus qu'un terrain, beaucoup plus petit, un peu déplacé. Dommage, ils servaient sans arrêt.

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J'avais oublié cette statue de Chopin (au parc Monceau) qui m'avait fait bien rire et me fait marrer à nouveau : on dirait que la femme s'écrie Oh non, pas encore une sonate ! Frédéric, je n'en puis plus !

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Je dépose ici une image du jardin normand avant (avant que je puisse m'en occuper un peu, que le sureau soit brisé puis reparti bien fort et que les arbres aient grandi)

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Ainsi que d'un dessin concernant le sport et qui est si bien vu (mais il n'y a plus d'informations le concernant, où l'avais-je trouvé ?)

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Je trouve parfois des images dont j'ai perdu la mémoire, jusqu'à la raison pour laquelle j'avais saisi l'instant. Il reste un lieu, une date. Par exemple sur celle-ci du 21 août 2018 à 10:47, et pour laquelle je n'ai pas ou plus la moindre idée de l'identité de la personne assise.

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(1) Quatre ans se sont écoulés, je pense qu'il est très différent à présent et que je peux donc déposer ici cette image. 

 

 

 


Photos retrouvées - time capsule été 2018 session 2 - juillet

Je poursuis mon tri de photos 

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Ce tableau clouté est une réalisation d'en classe de CM1 ou CM2 grâce à madame Banissi notre institutrice formidable. Je me demande si de nos jours on laisserait des enfants bosser avec des clous. Peut-être ne les avions-nous pas plantés nous mêmes. Je me souviens en revanche du travail sur les fils et que j'avais aimé faire ça. 

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J'aime beaucoup de l'ancienne sortie du métro ligne 13 porte de Clichy côté lycée Balzac, cette photo floue. La sortie a depuis été entièrement remaniée à lo'ccasion de l'arrivée de la ligne 14.

 

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. Image d'un café à Nouzonville où nous avions fait escale au retour d'Houffalize. Je m'attendais à voir Franz Bartelt arriver d'un instant à l'autre. Il y avait une légèreté post-victoire nationale à la coupe du monde de football, ce qui était amusant quand on y pense, étant donné la proximité d'avec la frontière belge.

 

Je retrouve une Fiat 500. Saisie au vol dans Paris. Peut-être avais-je fait un vœu. 

 

 

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Quelques photos attestent de la beauté d'une partie de mon chemin #Vélotaf lorsque je travaillais à la librairie Charybde, rue de Charenton.

 

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Le 22 juillet 2018 était un dimanche et nous avions poussé à vélo jusqu'à L'Isle Adam, un bonheur de balade. J'avais trouvé du boulot pour janvier 2019, en passant.

 

 

20180722_163425 Nous avions revu la salle où s'était tenue notre mariage (et celui de ma sœur quelques années plus tard). 20180722_16530920180722_130407 L'ambiance générale était très "On a ga-gné !".

 

À l'époque j'étais soucieuse pour mon emploi qui finissait, et triste. Il n'empêche que les images portent traces d'une époque légère. Je commence à me remettre du travail physique et de deuil d'avoir dû vider et vendre la maison de mes parents.

Le 24 juillet 2018, un mardi, j'étais allée à la BNF, ce que je déduis d'une image, prise dans un jardin public voisin. Aller à la BNF me manque fortement, j'avais la sensation d'y être à ma place, de travailler vraiment. Seulement mon temps archi-plein actuel rend illusoire une réinscription.
La photo me plaît, c'est une photo de rien, d'un jour sans rien de spécial. Quatre ans plus tard je n'ai pas la moindre idée de ce pourquoi je l'ai prise. Sa neutralité même en ferait un bon support d'amorce de récit.20180724_113141

 

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Le mercredi 25 juillet 2018 était jour travaillé, j'en conserverai a posteriori une photo ratée de cette librairie que j'ai tant aimée. Sur le moment même et tout en sachant la fin prochaine, ce n'était qu'une photo ratée, clairement prise par inadvertance.

 

Le 26 juillet 2018 vers 20:55 j'ai pris une des photos que je suis heureuse d'avoir su saisir même si dans une absolue imperfection technique. La lune jouant avec La Tour, #KitchenView 

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Du vendredi 27 juillet 2018, je retrouve la trace d'un orage de grêle impressionnant. Je peux supposer que j'avais eu ce jour-là fort peu de clients.

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Le 28 juillet 2018 peut-être que les camarades du samedi sont passés une dernière fois prendre le thé, j'en trouverai la trace ou son absence dans mes notes de l'époque seulement aujourd'hui il s'agit de retrouver mémoire d'après les photos. Je joue avec le reflet sur une voiture un peu trop près garée.

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. Plus tard, un vieux pote, journaliste sportif à ses heures, et fin spécialiste du cyclisme apparaît dans une interview sur France TV sport concernant le Tour de France.  Ce qui m'amuse est de voir soudain la bonne bouille d'un copain.

Le dimanche 29 juillet à l'invitation de la maison du Dannemark, nous avions assisté aux premières loges à l'arrivée du Tour de France (gagné cette année là par Geraint Thomas, devant Tom Dumoulin qui surprendra tout le monde en se retirant du circuit trois ans plus tard pendant quelques mois). 

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Le lundi 30 juillet j'étais sans doute allée au cours de danse, au CMG rue de Berri où il avait lieu les dernières années. Je trouve la trace d'une séance de rameur pour 20 km en 56 mn. Peut-être que la danse n'avait pas eue lieu ? Au soir La Tour avait au coucher du soleil revêtue une couleur somptueuse.

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Du 31 juillet 2018 reste la photo sans souvenirs d'un vélo d'une couleur étranges, accrochée à des grilles que la géolocalisation indique être proche de celles des Jardins du Luxembourg.

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Plusieurs années plus tard et une pandémie qui nous aura mis en état d'urgence, de survie, le stress de ce dernier mois d'un emploi que j'aimais et d'une période à fortes incertitudes financières s'est estompé. Les photos permettent de retrouver la mémoire de bons moments, qui semblent à présent plus lointains qu'ils ne le sont.


Photos retrouvées - Time capsule été 2018

(martedi)

 

Comme toujours lorsque je suis trop épuisée pour faire quoi que ce soit d'autre - en l'occurrence clouée au lit par les suites douloureuses de mon trail de dimanche -, y compris lire, je trie, sauvegarde des photos puis les supprime des supports transitoires (où elles étaient le plus souvent depuis trop longtemps).

Je retrouve ainsi parfois des images qui à l'époque étaient elles-mêmes des re-découvertes.

Ainsi cette image d'avant le concert de Johnny en l'an 2000 à la Tour Eiffel prise par mon amie Anne-Carole juste avant que nous n'entrions dans le périmètre de sécurité réservé aux artistes et technicien·ne·s.

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Pour une raison qu'à présent j'ignore, je l'avais exhumée le 3 juillet 2018 et c'est à cette date que sur le disque dur de mon ordinateur elle apparaît.

Le noir était la couleur requise, et par commodité j'étais venue pour partie déjà habillée, en mode sait-on jamais (mais la vraie tenue noire était dans le sac ainsi que le nécessaire de maquillage)

Le 4 juillet 2018, un mercredi, j'étais passée à Saint-Ouen le matin, en y croisant un Vélib privatisé par un solide antivol, puis j'avais bossé à la librairie, Charybde encore en ville à l'époque, et au soir Le Joueur de Pétanque était venu me chercher et nous étions allés à Ground Control pour lequel je voyais passer tant de livres, qui pour certains, des sortes de guides touristiques pour découvrir des lieux insolites, ne ressemblaient en rien aux ouvrages que nous proposions à la librairie. 
Sur place nous avions dépanné avec l'un de nos téléphones un jeune père qui jouait au ping-pong avec son fils et souhaitait avertir la mère de celui-ci d'où ils étaient. 
C'est toujours curieux de la façon dont revoir des photos ravive la mémoire même si ce ne sont pas précisément des images des moments qu'elles convoquent.

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coucher de soleil sur la gare de Lyon 4 juillet 2018

Je retrouve parfois quelques notes prises en photo. C'est donc que je souhaitais en conserver la trace. Seulement dans certains cas, elle ne m'évoque plus rien.

Ainsi ce même 4 juillet "sa mère musicienne" suivi du nom de quelqu'un et de son adresse courriel. 
Parfois c'est déprimant : je retrouve des images de rencontres en librairie dont je n'ai plus aucun souvenirs. Pas celle concernant les personnes que je connais, mais d'autres, organisées par d'autres que moi, et dont je ne me souviens pas. J'étais visiblement là pour prendre les photos, mais leur fréquence et la fatigue qui est la mienne le plus souvent, ne m'ont pas permis de stocker le moment. 

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photo prise le 5 juillet 2018 rue de Charenton. Un jour viendra sans doute où l'on se demandera ce qu'étaient ces enseignes : bureaux de tabac, donc. Aux lectrices et lecteurs du futur : les gens y achetaient de quoi fumer, un truc qui sentait mauvais et qui l'était pour la santé mais comme les États en taxaient fort la vente, c'était légal et autorisé.

La pandémie a induit une réelle rupture : les images, les souvenirs d'avant semblent concerner d'autres personnes, dater d'un tout autre temps. Ce n'est pas une surprise, ça fait déjà un moment que j'en ai cette perception. Seulement à revoir des photos de cet avant qui ignorait encore qu'il en serait un, c'est flagrant, aveuglant. 

Je constate au fil des images dont ces vélos ne sont pas nécessairement l'objet, que nous aurons vu passer bien des lots de vélos ou trottinettes en free-floating, plus ou moins vite abandonnés par suite de vols ou dégradation. J'avais souscrit à l'une de ces solution lorsque les néo-vélib dysfonctionnaient au point de nous en interdire l'usage, mais ma ville pourtant tout contre Paris avait quelque mois plus tard été interdite de dépôt. Je m'étais donc désabonnée. 
Ces vélos, depuis, ont quasiment disparu. 

Certaines images comportent des ambiguïtés d'horodatages. Par exemple celle qui suit date-t-elle du lundi 9 juillet 2018 12:51 ou du samedi 7 juillet 2018 ? 

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Je sais pouvoir retrouver l'info à l'aide de ce blog, de mes carnets de bord, d'Instagram (qui serait peut-être l'explication de la double date), mais dans l'immédiat et disposant de peu de temps, cette double datation reste un micro-mystère.

Certains jours, accaparée par les tâches à accomplir, que ce soit pour ma famille ou pour un employeur, je ne prends que très peu de photos. N'en restent généralement qu'une trace de vélotaf, dont l'intérêt était surtout de témoigner à chaud d'une gcumerie resplendissante (1).

Des images prises en 2018 parfois dans les jardins du CMG Champs Élysées où les cours ont perduré quelques temps avant d'être supprimés, me font pleurer la fin des cours de danse de Brigitte, qui nous faisaient tant de bien. La pandémie et le manque de temps comme suite à mon embauche dans un emploi de bureau à temps plein ne m'ont pas permis de retrouver d'autre cours de danse. Sans doute aussi en raison de la qualité de ceux que j'ai grâce à elle connus. L'après-midi du cours de danse, maintenue une fois par semaine contre vents et marées était mon temps personnel de la semaine, après le cours je profitais des lieux (hammam ou sauna), prenais mon temps et ensuite passée la fatigue de l'exercice physique, cela me donnait de la force pour faire face à tout ce qui m'attendait. 
Je retrouve non sans émotion des traces de belles lectures, faites dans les lieux de récupération, juste après.

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Comme souvent dans l'existence, je n'imaginais pas que cette période, cette activité prendrait fin si peu après (même si nous savions les cours menacés, leur relocalisation rue de Berri nous avait donné espoir).

Le mardi 19 juillet 2018 nous étions allés, une petite bande du club de triathlon, encourager l'équipe de France de football homme qui jouait un match de la coupe du monde. Il y avait une fan zone près de la mairie de Levallois et un couple du club logeait à proximité. Nous avions fini en buvant un coup chez eux. Ça paraît pétant d'insouciance, vu de maintenant. 
Pourtant la vie, la nôtre, n'était pas si facile alors, soucis financiers car mon employeur de l'époque peinait à me verser mon salaire, et je savais que j'allais perdre ce travail que j'avais tant aimé. J'étais éprouvée par tout le travail fait pour la succession de mes parents, le tri infini, le déménagement de leurs affaires.
Le temps d'un match et d'être en collectif, ça pouvait se mettre de côté.

Le mercredi 11 juillet 2018, j'étais au travail et il y avait eu répétition du défilé aérien du 14 à venir. 
Rue de Charenton c'était très impressionnant. Bien des gens étaient comme moi sortis sur un pas de porte afin de voir - toujours ce temps de se demander ce qu'il se passe et puis Bon sang mais c'est bien sûr, le 14 juillet -.

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Une photo du 12 juillet 2018, jour où avant l'ouverture de la boutique, j'avais comme souvent fait le coursier pour la librairie, me fait retrouver la trace d'un sac fichtrement pratique pour transporter les livres, que j'avais acheté à cet effet, et dont j'avais perdu le souvenir et la trace. C'est un effet du premier confinement : installés en Normandie (en ayant observé 14 jours de quarantaine) pour près de trois mois, j'y avais perdu des parcelles de mémoire de mon principal "chez moi", du moins concernant certains objets.
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Il y a certaines journées comme celle-là dont je n'avais encore jamais vu les images : restées sur le téléphone ou dans la mémoire de l'appareil photo sans que je n'aie jamais eu ni pris le temps de les "développer" (disons plutôt télécharger).

Le vendredi 13 juillet 2018 nous avions reçu Emmanuel Ruben et j'en garde un si bon souvenir, les photos n'étaient pas nécessaires, fors à indiquer la date précise. Et me remémorer qu'il y avait au même moment d'importants transports et déplacements d'échafaudages juste devant la librairie.

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Ç'avait longtemps semblé être ma malédiction : des travaux lourds soudain enclenché dans les librairies où je venais travailler.

Le 14 juillet 2018 ce fut notre premier trail de La Chouffe et c'est l'un de mes meilleurs souvenirs. J'ignorais que nous étions passés non loin d'où F. vivait désormais. Je voyais ses nouvelles publications arriver en librairie de loin en loin, souvent écrite à deux, mais pas avec moi, ce qui me donnait toujours l'impression d'avoir raté un train en mode on arrive sur le quai et à l'instant où l'on s'apprête à monter les portes nous claquent au nez. Il n'empêchait : pour moi la page était tournée et ma vie en tant que libraire était stimulante, malgré les problèmes financiers. Le sport m'apportait une condition physique qui me permettait de tenir la fatigue en respect. C'était de bonnes années.
Et ce premier trail dans les Ardennes Belges fut une épiphanie, un de ces moments où l'on ne souhaite pour rien au monde être ailleurs, ni dans un autre temps, ni avec d'autres personnes.

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Le 15 juillet ç'avait été la course et aussi la finale de la coupe du monde de football, avec les Belges qui estimant que l'équipe de France leur avait volé la qualification était à fond pour les Croates et nous chambraient de ouf. Je souris en repensant à ce moment durant ma course où je me dis qu'il convient que j'accélère afin de ne pas rater trop du match ... pour arriver 2 minutes avant son début (2). Le match était retransmis sur deux écrans, en français d'un côté, de l'autre en flamand. C'est un souvenir amusé et heureux.

Le 16 juillet c'est Nouzonville et Charleville Mézières, cette dernière ville étant une destination que je m'étais promise de découvrir adulte lorsque Bruno, mon prof de français d'alors, nous avait parlé d'Arthur Rimbaud lequel tenait tant à s'en enfuir. Je voulais savoir d'où ça lui venait cette absolue envie de s'en extraire, du moins si les lieux, et pas uniquement la rigidité de l'éducation, y étaient pour quelque chose.

N'y étant pas scotchée, j'ai aimé la ville. Et heureuse d'être parvenue, sur le tard, sans le faire totalement exprès, c'est à dire comme j'aime, C'est sur le chemin, à mes fins.

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(1) Pour les non-initié·e·s s'il en reste : Garé Comme Une Merde 
(2) que j'avais manqué car je devais récupérer ma bière offerte puis passer me doucher.