(billet mis en ligne tard la nuit, relu seulement vers 10h le lendemain matin, pour ceux qui sont passés aux petites heures du 04 août, il y a eu quelques modifs (et quelques fautes en moins))
Nous sommes plusieurs à avoir mis ces derniers temps nos blogs sous accès restreints ou carrément sous clefs, tout ou partie.
Pour l'une de mes amies comme pour moi c'est suite à une erreur malencontreuse, une étourderie - la mienne tient à des circonstances inédites assez drôles si ça n'avait pas porté à conséquence vers quelqu'un -. Et qu'aussi nous traversons une période où l'un des sujets qui nous tient à cœur (pas le même, chacune le sien) est devenu particulièrement sensible et nécessite discrétion. Dans son cas il s'agit du blog principal, dans le mien d'une annexe qui n'était pas faite pour être laissée lisible.
Sur Traces je ne crois pas avoir rien écrit qui puisse compromettre qui que se soit, j'ai même mis hors ligne le seul billet qui faisant état d'une ressemblance physique aurait pu prêter à identification de la source actuelle de certains de mes tourments.
D'autres ami(e)s ont reçu l'injonction par des personnes concernées de ne pas évoquer tel ou tel sujet. La mise hors ligne ou sous mots de passe s'imposait. Fini le temps des pionniers où l'on était suffisamment "entre nous" pour croire à une sorte d'invisibilité de la parole prise sur l'internet, auquel "nos" gens de la vraie vie n'avait pas forcément accès. C'était d'ailleurs une illusion, tant nous sommes souvent lus par qui nous surprend et négligés par ceux à qui on omet de transmettre telle ou telle nouvelle par un billet véhiculée, tant nous sommes persuadés qu'ils nous suivent (alors que non, pas forcément).
Les employeurs aussi, tendent désormais à se montrer impitoyables avec le moindre écart (2). D'où des autocensures ou des restrictions d'accès mise en place par les auteurs eux-mêmes.
Pour ma part et parce que je n'ai pas le temps blog par blog, billet par billet d'aller faire le tri entre ce qui peut attirer des ennuis à celui qui a attisé mes peines, j'ai quasiment mis toutes les annexes sous clefs, même celles qui n'avaient pas grand-chose à voir. Pour survivre moins malheureux, publions cachés. Quand les choses seront apaisées, ou me seront devenues indifférentes (ça semble mal parti pour, mais dans sept ans qui sait ?), que d'autres bonheurs ou peines auront pris le relais, que tout le monde aura oublié de qui je pouvais bien parler, que ça sera à moi de devoir craindre la visibilité, je libérerais à nouveaux celles des annexes qui a priori ne compromettent personne.
En attendant je constate que la mise sous clef a des conséquences sur l'utilisation que je fais des différents lieux (3). Du fait d'être à l'abri des regards certains blogs ont pris un essort important. Je pratiquais donc à ma propre insu une forme d'autocensure. L'humour noir que je bridais (par égard pour ceux qu'il aurait pu heurter), y a repris ses droits et ça m'est nécessaire : il me sauve du désespoir et me permet de rire de ma dramatique naïveté.
À l'opposé, d'autres, qui étaient suffisamment cryptiques pour n'être décodables que par les principaux intéressés, sont en train de s'assécher. Comme si le but du "jeu" (ça n'en est pas un) était d'amener des passants occasionnels à se poser toutes sortes de questions et à titiller leur imagination (4); passants d'autant plus potentiellement occasionnels que ces blogs étaient placés "hors promotion par les moteurs de recherche". Mais quand même, faire l'effort de crypter suffisamment afin que nul autre que ceux déjà prévenus comprennent, mais pas trop afin que puisse quand même sourire un inconnu de passage, pour ceux-là était l'essence même de ce qui s'y écrivait. Alors l'ombre absolue ne me laisse plus les irriguer.
C'est une période de transition, professionnelle et affective. J'espère qu'elle sera fructueuse et qu'elle ne durera pas trop longtemps, du moins pas trop longtemps sans secours financier et sans consolation (par ordre inverse d'importance) ; que l'excès de confidentialité requis pour l'instant sera temporaire (5). Et qu'un droit à l'erreur me sera concédé - pourquoi serais-je plus infaillible, surtout en période de peine, que le monde entier ? -.
Quand le présent est pénible et que ce qui survient est subi et non volontaire, que faire d'autre qu'espérer ?
(1) Le titre est de Sacrip'Anne qui a heureusement laissé son blog reprendre flot vers la mer, après création d'un tranquille affluent.
(2) Mais davantage sur les réseaux sociaux que sur les blogs. Ils considèrent que la loyauté à l'entreprise ne consiste pas à tenter d'améliorer les choses en exprimant ce qui n'y va pas, mais à seriner "Tout va très bien madame la Marquise" à longueur de touites.
(3) Je pratique la dispersion thématique, suffisamment efficace jusqu'ici. Je n'avais eu de tracas que dans un seul cas, quelqu'un qui disposait de trop de temps libre, je crois.
(4) Retrouvé en commentaires chez Xave ceci, écrit apparemment par un de ses lecteurs occasionnels :
"Ouais bin moi je ne te connais pas, je t'ai lu il y a longtemps, par accident (vous vous rappelez quand on tombait sur des blogs par accident ?), j'ai bien aimé [...]"
Et je crois qu'il m'est un peu triste de se priver de ça. Je dois infiniment au fait un jour de juin 2005 d'être tombée sur le blog de Tarquine accidentellement. C'était ce billet-là, participer au jeu m'a changé la vie et que serais-je aujourd'hui sans le secours des amis que j'y ai rencontrés (mais que cherchais-je pour atterrir là ? mystère des temps passé) ? J'espère que le temps n'est pas totalement révolu que de tomber par accident sur un blog qui nous importera.
(5) sauf pour celui des blogs qui était censé être privé et doit le rester (au moins jusqu'à ma mort) (pour être publié officiellement ensuite) (et faire scandale après) (#riresardonique) (j'en vois deux qui ont pâli) (mais non, je rigole) (vous serez mo(r)ts aussi)