Quitter les plateformes (et nos fantômes dans tout ça ?)

 

    Bien des personnes ont désormais quitté les plateformes dont les dirigeants ont pris récemment des positions politiques qui rappellent les heures sombres du siècle dernier, et je me réjouis de les retrouver sur d'autres, pour certaines décentralisées, où j'étais déjà depuis quelques temps.
Les débats font rage, rester contribue à leur enrichissement.
Pour ma part c'est difficile de quitter totalement les unes et les autres tant que je suis salariée : pour deux au moins d'entre elles j'y suis aussi pour le boulot, suivre certains comptes liés au travail, tant qu'ils y sont et que je bosse, j'y reste. Je ferai le point une fois retraitée (cette illusion tenace).
Mon usage des réseaux n'est pas tant d'y être, que d'y lire les autres, prendre des nouvelles des personnes que je connais vraiment, et que je ne pourrais pas forcément prendre le temps de contacter directement (1), suivre les derniers développements concernant mon domaine professionnel et mes centres d'intérêt dont le sport, suivre les informations générales, apprendre des choses diverses et variées, échanger et faire un peu de mauvais esprit (2).

Les réflexions de cet article sur Le dernier des blogs sont intéressantes, qui ont au moins le mérite de nous faire nous poser de (bonnes) questions.

Lentement, je suis en train de préparer ma migration hors de ce qui n'est plus Twitter : peu à peu, je cesse d'y suivre celles et ceux que je lis désormais ailleurs, je demanderai un jour les archives de mon compte puis sans doute je partirai, où n'y conserverai qu'un compte "coquille vide" afin de pouvoir en cas de besoin consulter quelque chose.

Quelque chose toutefois me retient, dont je n'ai pas entendu parler pour l'instant : ce sont les fantômes.

J'entends par là les comptes d'amis défunts, présents sur ces réseaux de leur vivant et du temps où les patrons de ces lieux virtuels ne semblaient pas dangereux - OK on les enrichissait de façon éhontée, mais bon, on pouvait encore se permettre de penser qu'après tout tant mieux pour eux et avoir l'illusion qu'ils en feraient pas trop mauvais usage -. Leurs comptes ne sont plus alimentés, pas non plus supprimés (dans la plupart des cas). Personnellement j'aime qu'ils ne le soient pas, de loin en loin, je leur rends visite, souvent lorsque j'essaie de retrouver quelque chose qu'ils ou elles avaient dit ou écrit, ou la trace d'une de nos rigolades. C'est un peu aussi comme d'aller déposer des fleurs au cimetière, honorer leur passage en ce bas monde, une forme moderne de recueillement.
Au croisement d'être restée vieux jeux et des pratiques usuelles de la modernité, je reste avec une sensation que quitter complètement serait les abandonner ; en de mauvaises mains qui plus est.
Il est probable et c'est tant mieux, que des utilisatrices et utilisateurs plus jeunes n'éprouvent pas ce frein à partir des lieux virtuels devenus malsains.

 

(1) Ma vie actuelle, ce sont en semaine des gros blocs 08:00 => 20:15 ou 20:30 consacrés au boulot en semaine, 09:25 => 18:50 aux jours de télétravail avec une heure de pause pour le déjeuner, des entraînements sportifs dans toutes les marges et le week-end et de la récupération sinon. Et les heures de boulot sont intenses, pour les 3/4 d'entre elles au téléphone avec des clients à dépanner.

(2) Je l'avoue je suis nostalgique de l'époque où lorsqu'en lisant une info me venait à l'esprit un trait d'humour noir et grinçant, n'en rien écrire et attendre que quelqu'un d'autre balance la même chose voire pire.


Géant, vous dit-on


    It does ring a bell, ça me dit bien quelque chose, cette affaire d'iceberg géant à la dérive dont parle Matoo aujourd'hui
Je crois me souvenir que j'en avais entendu parler à l'époque. Mais qu'au fond, et comme c'était un temps où les infos passaient (1), ça avait glissé sur ma mémoire, mal enregistré comme lors de ma première impression, "iceberg géant", bah, comme celui qui a fait la peau du Titanic (2) mais en un peu pire plus grand, non ? 
Grâce à l'ami, je prends conscience 39 ans plus tard que le détachement, qu'il s'agit d'un truc vraiment gigantesque, 3 fois la taille de New-York, 33 fois Paris, 80 km de long.
Baptisé A23a, ce dont je ne me souvenais pas.
Sans doute, hélas, qu'on en reparlera.

Pendant ce temps, je passe un solide jour sans, pour retrouver un peu d'énergie vers le soir seulement, nuit de 9h17 entre vendredi et samedi, siestes. Je crains être de plus en plus sensible aux chutes de pression atmosphérique ; comme si ça entrait en phase avec ma tendance naturelle à l'hypotension. Et que ça tendait à faire de la digestion un effort physique palpable. L'inquiétude est d'être en état opérationnel pour la semaine de boulot à venir - Je sais d'expérience que le dimanche, hélas, va passer comme un souffle -, d'autant plus qu'une nouvelle tempête arrive.

 

(1) On en entendait parler à la radio, au journal télé pour qui la regardait, on lisait un article dans un quotidien ou un hebdo de papier, que l'on ne conservait pas forcément. De nos jours, en cas de doute on peut retrouver des liens, relire.
(2) Petite pensée pour celui des cousins de mon père qui épousa une des survivantes. Projet d'hypothétique retraite : écrire la biographie de ce cousin au destin fabuleux, auquel je dois probablement par ricochet, d'avoir pu jusque là me défendre dans la vie, mon père m'ayant enfant appris des rudiments de boxe qu'il tenait sans doute de lui, ou d'un engouement pour "le noble art" provoqué par le champion qu'il fut.


Malaise voyageur

(ou : quand on est soi-même épuisée, on peut difficilement aider)

 

Il se trouve qu'en allant au boulot ce matin en métro (1), j'ai assisté au malaise d'une voyageuse ... sans comprendre que c'en était un.
C'était une de ces rames où les sièges sont de part et d'autre du couloir. La personne était en face de moi mais donc pas aussi près que lorsqu'il y a des carrés perpendiculaires aux couloirs. 
Je lisais. J'ai vaguement perçu un mouvement et ce que j'ai entrevu quand ce mouvement m'a fait jeter un coup d'œil machinal, était : une jeune femme, vêtue et équipée comme quelqu'un qui va au boulot, était en train de s'assoupir en tombant légèrement sur l'épaule de sa voisine.
Rien qui me semblait extraordinaire pour un lundi matin, quand il faut reprendre le taf après un week-end où si l'on est jeune on peut avoir été tentés de profiter de la vraie vie. 
Rien qui me semblait extraordinaire pour moi qui suis parfaitement capable de faire une micro-sieste y compris debout, entre deux stations. J'ai juste trouvé un peu "sommeil profond" le fait qu'elle penche ainsi sur sa voisine.
C'est celle-ci qui a réagi, parce qu'elle avait dû j'imagine (je n'ai pas vu, je m'étais replongée dans ma lecture, car rien ne m'avait semblé inquiétant) secouer un peu la dame, Attention vous vous endormez, et constater qu'elle ne répondait pas. Et puis une autre personne qui était debout à côté et a vu que quand la voisine de la femme "endormie" s'était levée, se demandant quoi faire, celle-ci s'était affaissée. Cette deuxième personne a immédiatement appelé le poste de pilotage (2) et au même moment un homme jeune s'est présenté comme un infirmier et pouvant aider.
La personne en malaise est revenue à elle, surprise et encore sonnée. On arrivait en station. L'infirmier a proposé de descendre sur le quai. La personne malade avait suffisamment repris ses esprits pour saisir son sac ainsi qu'un livre qu'elle avait donné l'impression plus tôt de poser, et le suivre.
Le PC a posé les questions d'usage et la femme qui l'avait appelé a passé le message que le malaise était terminé et que la personne qui s'était sentie mal était descendue sur le quai accompagnée par un professionnel de santé.
Le retard ainsi, ne fut que léger.

C'était possiblement un simple malaise vagal, un symptôme d'épuisement ou de début de grossesse ; on peut espérer que rien de grave. Il n'empêche que ma totale bévue quant à la situation m'a marquée. C'est la première fois que ma fatigue forte perpétuelle me joue un tour envers autrui. Capable de tomber de sommeil, littéralement, j'ai perdu de vue que chez les personnes de pleine santé, ça n'est pas exactement un comportement normal.

Et par ailleurs je me dis que je vais devoir désormais éviter de piquer un roupillon dans une rame : au vu de la réaction rapide des personnes présentes ce matin, je pourrais inquiéter les autres et être la cause d'une perturbation alors que je ne ferais que finir ma nuit (ou au retour : l'entamer). 

Respect aux personnes qui ont réagi vite et puisse celle qui s'était sentie mal, n'avoir rien de grave.


PS : On dit souvent qu'il peut se passer n'importe quoi dans les transports et que personne ne bouge, mais ça fait un paquet de fois que j'assiste au contraire - ou que j'y contribue, parmi d'autres (OK, pas ce matin) -. Les quelques fois où j'ai fait de brefs malaises (merci la thalassémie et la tension basse), des personnes se sont immédiatement portées à mon secours (je me relevais déjà, le tout est d'avoir eu le temps de se sentir partir). Peut-être que globalement les gens sont moins indifférents qu'on ne le croit. Un relatif espoir est permis. 

 

(1) Depuis la grippe et les nouvelles stations de la ligne 14, ainsi que le froid hivernal, mon courage pour le vélotaf a malheureusement bien fondu.

(2) Ligne automatique, plus de signal d'alarme mais des panic buttons, permettant un lien vocal immédiat


Villejuif - Gustave Roussy

 

    Des mois qu'on l'attendait et l'ouverture, enfin, aujourd'hui.

Comme je travaillais, je me suis fait un plaisir de faire le détour nécessaire, je supposais à Vélib (1) mais finalement en bus 380, pour aller jusqu'à la station.
Ensuite, le temps d'un peu lire et voilà que j'étais chez moi, à l'autre bout de Paris.

J'ai enfin l'impression d'être dans le l'an 2000 de nos imaginations d'enfants des années 70 du siècle précédent.

(1) Par manque de Vélib dispo aux deux stations proches de mon boulot.

 

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Jour férié, jour pour récupérer

 

    Travailler passé 60 ans, c'est dans mon cas, presque privilégié (1), rester dans un environnement stimulant mais le payer cher en terme de ne pas avoir de temps résiduel, fors à le consacrer intégralement ou presque à me maintenir dans la meilleure santé possible : et donc mes jours de congés sont de sport et récupération (et je ne parle pas de l'état terrible de l'appartement, des piles de livres et de leurs effondrements).

L'avantage d'être de vieux orphelins, s'il y en a un, c'est que sont finis les Noël parentaux pas simples. L'avantage d'avoir des enfants adultes et pas de petits-enfants c'est qu'on ne se sent pas tenus de faire une grande fête, et donc aujourd'hui c'était délicieusement quartier libre et récupération.

J'ai donc tenu ma séance aux allures, le matin et très volontairement dormi ou somnolé le reste de la journée. Et, en dehors d'un petit déjeuner d'un classicisme époustouflant (café, lait, croissant et jus de fruit), nous avons fait un seul repas, vers 15:00, parce que nous n'avons eu faim ni avant ni après. C'est également un grand privilège de n'être ni en manque ni en excès. 

Au cours de mon après-midi de repos, j'ai un peu lu, un peu regardé des informations, profité pour aller chercher des données sur divers sujets (que des choses pas commerciales, aurait dit le chanteur (quoi que (2))) et donc glané. Comme je sais que dès demain, boulot salarié oblige et manque de place active disponible dans mon cerveau, j'aurai oublié, et parce qu'aussi ça pourrait intéresser d'autres personnes, j'en partage quelques-un : 

Séparer l'horreur de l'artiste chez "Un invincible été"
Avec l'IA les poètes mettent leurs textes en musique  sur ActuaLitté

Écrire dans le flux chez mon amie Anne Savelli

La force de Gisèle Pelicot , article sur France Info

RIP X chez Yann Orpheus (J'ai l'intention d'en faire autant, mais je n'en suis qu'à la phase de me désabonner de celles et ceux qui sont désormais ailleurs et m'abonner chez eux ailleurs si ce n'est déjà fait)

divers articles, dont celui-ci,  sur le terrible suicide d'un conducteur de train qui a conduit à des perturbations lourdes dans le trafic SNCF sur certaines lignes. Il devait vraiment être au bout du rouleau pour en arriver là. Au fil des heures on a vu d'abord les mécontentements exploser sur les réseaux sociaux, de la part des personnes facilement furieuses d'un réveillon raté (en fait pas mal devaient être bien contentes d'échapper à une corvée familiale, mais ne l'avoueront jamais), puis quelques voix qui se lèvent pour dire, Euh calmez-vous ils ont dit que c'était suite à un "incident de personne" et tout le monde sait que ça veut dire un suicide, puis des messages un peu plus officiels indiquant qu'il s'agirait peut-être du suicide d'un conducteur puis les précisions et la communication de la SNCF qui détaille le processus qui a fait qu'à part celui qui ne voulait plus vivre, il n'y a eu aucune victime. J'ai appris au passage qu'un TGV lancé pleine balle met environ 2 km pour, en freinage d'urgence, passer à l'arrêt. 

Et puis le cadeau de Noël, que je n'ai vu qu'aujourd'hui, une video, datant de novembre, de Sade, Young Lion en soutien à son fils YzaacTheo

 

(1) Un job utile aux autres, un employeur respectueux, et une brochette de collègues fréquentables. En plus dans une entreprise qui recrute ce qui est un luxe inouï que de toute ma vie professionnelle antérieure je n'avais jamais connu autrement que sous la forme : on me recrutait moi car quelqu'un n'était plus là et qu'il y avait du boulot pour trois. 

(2) Je suis tombée de liens en liens sur des baskets d'ultra-riches qui m'ont bien plu.
Leur prix est à ce point stratosphérique par rapport à mon salaire, lequel est clairement inférieur au salaire net moyen et est 4 tranches en dessous du salaire net médian , que je ne suis pas même tentée et tant mieux car j'ai déjà tout ce qu'il me faut en terme de chaussures. 


Iwak #31 – Repère

 

    J'ai traversé mon enfance et ma jeunesse avec une santé fragile, pas gravement fragile, mais perpétuellement : sans cesse rhumes et angines, parfois de redoutables indigestions (1), et parfois de la fièvre et une fatigue colossale sans trop d'explications. Je pense, mais son diagnostic fut pour moi tardif, que la thalassémie n'y était pas pour rien.
Et puis savoir d'où ça venait n'aurait pas aider à soigner.

Ma génération est de celles qui ont été éduquées à être dures au mal, pour le meilleur comme pour le pire et donc le plus souvent j'allais bosser même en n'allant pas fort ; de toutes façons je ne pouvais pas trop me permettre de m'arrêter, et j'y allais coûte que coûte.
Sauf qu'une ou deux fois ça s'est mal terminé, à presque rien d'être expédiée aux urgences, et du temps où je bossais dans une grande entreprise qui détenait un service médical, au service médical, le temps de tenir suffisamment sur mes jambes pour être rapatriée chez moi en taxi.
Souvent le fait d'avoir ou non de la fièvre est établi comme critère d'être opérationnel·le ou pas. Ce que j'ignorais c'est que ma température usuelle est inférieure à la moyenne : lorsque je vas bien je navigue à 36,2°c. Et que donc un 37,5°c qui n'inquiéterait personne témoigne d'une poussée de fièvre chez moi.

Alors il avait bien fallu que je m'invente un point de repère pour savoir si j'allais bosser ou pas. J'avais fini par en trouver un : 
suis-je encore en état de lire, ou pas ?

Grâce à ce repère je parviens à établir une frontière entre Ça va pas mais secoue-toi ?
et : Attention tu risques de ne pas finir la journée.

Me concernant, c'est donc un repère fiable.

Fun fack : lorsque j'ai eu le Covid, en octobre 2023, la question ne s'est même pas posée. Ce qui ressemblait à un début de rhume la veille en fin de journée, c'était mué dans la nuit en une impossibilité de tenir debout sans me sentir défaillir. J'avais quasiment rampé pour aller jusqu'aux toilettes (pourtant chez nous ça n'est pas grand) et utilisé mes dernières forces pour passer deux appels, le bureau et l'époux (lequel démarrait sa propre journée de taf avant moi) et j'allais si mal qu'il a pris son après-midi ou sa matinée le lendemain, inquiet. Le repère habituel n'avait plus de sens, la question ne se posait pas.
Si vous le pouvez, évitez le Covid.

 

(1) On ne disait pas gastro-entérites à l'époque

Participation à Iwak ( Inktober with a keyboard ) en théorie : un article par jour d'octobre avec un thème précis. Je l'adapte à mon rythme et à ma vie. Peut-être qu'en décembre, j'y serai encore.
C'est Matoo qui m'
a donné l'impulsion de tenter de suivre.


Iwak #30 – Violon

    Nous nous sommes fait voler beaucoup de choses dans notre vie, j'ai commencé par des trousses au collège (1) et on a eu le splendide épisode du voisin voleur, mais entre temps aussi une voiture (qui fut retrouvée), chacun un téléphone au moins, un appareil photo ... en bons citadins, nous disposons d'une liste longue. 
Mais je vous garantis que le plus douloureux des objets dont on peut se faire délester c'est un instrument de musique en général, et un violon en particulier.
Ce n'est pas un objet inerte, il a une âme et ça n'est pas qu'au sens figuré et pour peu qu'il ne s'agisse pas d'un violon d'usine, on ne retrouvera jamais la même relation, le même toucher, le même son.
Celui que nous nous sommes fait voler était celui de notre fille, dans la chambre de service où alors elle logeait. Rien d'autre n'avait été volé. Seulement le violon.
Il n'était pas d'extrême haut de gamme mais représentait pour nous quand nous l'avions acheté pour elle, un fort investissement. Nous n'avons pas pu en racheter un. Je m'étais promis de le faire quand je toucherai des droits d'auteurs.
Ce qui m'est parfois arrivé, mais dans une échelle de dix fois moins que le prix de l'instrument. L'espoir est ténu.

Longtemps plus tard, nous en étions encore à vérifier lorsqu'un violoniste se produisait dans le métro si ça n'était pas le nôtre.
Et notre cœur se serre encore lorsque nous y repensons. Est-il tombé en de bonnes mains, après sa revente probable ?

Le deuxième vol le plus gênant fut celui du carnet d'adresses dans mon sac d'ordinateur, le vieux carnet d'adresses qui n'avait de valeur que pour moi et dont la perte, jointe au surmenage professionnel permanent (trop fatiguée sur mon temps libre, pas assez disponible) m'a fait perdre de vue tant d'amis. 

Le moins grave fut finalement celui de l'ordi : j'avais une sauvegarde hebdomadaire, et dès le surlendemain, nouvel équipement acheté, modèle équivalent, données transférées, tout y était à peu de choses près.

Mais un violon, un vrai, un déjà un peu vieux à l'époque, ça ne se remplace jamais tout à fait.
Voilà, à cause d'un voleur, à quoi le mot violon me fait désormais songer, quand je devrais avoir des airs émouvants à l'esprit en premier.

 

(1) C'était d'une dégueulasserie sans nom : pendant les cours de sport nous étions obligés de laisser nos cartables sous le préau dans des grilles de stockages métalliques, totalement ouvertes (un peu comme des casiers à bouteilles mais pour des sacs). Forcément des petits malins se débrouillaient pour passer par là pendant que d'autres classes étaient en cours de gym et vidaient les sacs des seules choses éventuellement avec un brin de valeur, qu'ils comportaient en ces temps frugaux : les trousses. Mais on était quand même obligés de les laisser là (non négociable). Et bien sûr c'était du temps où l'enfant qui se faisait voler se faisait en plus engueuler à la maison, car remplacer toute la trousse (2), ça coûtait cher.
(2) Il y avait du petit matériel pédagogique obligatoire donc se faire voler la trousse signifiait refaire tout l'assortiment (les ciseaux, le compas, le criterium etc.)

    

 

Participation à Iwak ( Inktober with a keyboard ) en théorie : un article par jour d'octobre avec un thème précis. Je l'adapte à mon rythme et à ma vie. Peut-être qu'en décembre, j'y serai encore.
C'est Matoo qui m'
a donné l'impulsion de tenter de suivre.



Iwak #29 – Navigateur

    Comme j'écris ce billet au soir d'une semaine de boulot de dingue (1), et malgré la proximité du départ de la course en voiliers, que je croyais s'appeler Le Vent des Globes avant de voir un jour le nom dans un journal écrit, Navigateur me fait penser à ce qui nous sert pour nous balader sur les internets. 

Je me souviens des tout premiers, qui nous semblaient merveilleux - Français, nous débarquions du Minitel, Ingénieure, je déboulais des messageries élémentaires des lieux de travails un > -- et l'on se causait. Toutes instructions de recherche tapées en lignes de commandes.
Les revoir à présent et combien ils étaient en fait rudimentaires, nous ferait sourire.

Je me souviens de Netscape et d'Internet Explorer et que je dois d'être une des early utilisatrices de Chrome à François Bon, lequel avait souligné le côté logique de son organisation.
J'avais essayé et à l'époque il disposait effectivement d'une longueur d'avance sur les autres. 

Par plus tard qu'aujourd'hui, j'ai encore expliqué à une utilisatrice la différence entre navigateur et moteur de recherches et mesuré combien il reste difficile pour la plupart des gens de se repérer parmi les possibilités infinies que nos outils numériques nous offrent ; et je ne parle même pas de l'avènement des IA.

Un de mes amis s'est fait cyber-harceler car il a osé dans un entretien-canular dire "Mon éditeur est une IA" et filer la métaphore avec la complicité du copain qui l'interviewait.
Une foule de gens, pieux défenseurs de La Littérature, sont venus en commentaires lui sonner les cloches.
Ils ne disposaient pas du second degré.
Et puis il se trouve que ledit éditeur, bien connu dans le milieu [littéraire, pas mafieux], ne l'est visiblement pas encore, ou pas assez, pour le grand public. Ce qui fait que pendant que celles et ceux qui connaissaient le lascar, allègrement se bidonnaient en l'imaginant IA, bien des gens ont cru, non pas à une plaisanterie potache, mais bien au destin du monde, qui commençant par les livres, était en train de basculer. Ils ont flippé et laissé libre court à leur agressivité de personnes se percevant menacées.

Il est devenu difficile de nos jours sur l'internet, de savoir sans heurter les écueils, naviguer. 
C'était bien plus léger quand nous étions (relativement) pionniers.

 

(1) Petite fourmi industrieuse que je suis, j'ai encore travaillé plus d'un soir tard sans contrepartie, pour tenter d'écluser les retards (dus à la charge de travail) et prendre quelques congés sans laisser des scories trop brûlantes à mes collègues.

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C'est Matoo qui m'
a donné l'impulsion de tenter de suivre.


Iwak #28 – Géant (Jumbo)

 

    Je m'aperçois que j'ai du mal à considérer comme géant quelqu'un de très grand mais très mince. Par exemple, "géant" me fait penser à Teddy Riner et à David Douillet, mais pas à Victor Wembanyama ; lequel a pourtant une taille de géant, mais la taille seulement.

Il me souvient d'un jour du temps où je gagnais ma vie en effectuant du grouillotage informatique dans une banque qui sponsorisait le judo et offrait à quelques champions des emplois à temps partiels (1), et du temps où son siège social n'avait pas encore cramé, lors duquel l'ascenseur que je comptais empruntais, s'était ouvert, déjà garni, sur David Douillet, qui le remplissait.
Il avait eu un geste - regard, amusé, pour dire Désolé, et s'était reculé pour que je puisse entrer. Je ne suis ni grande ni grosse, on tenait à l'aise. 

La seule chose est qu'en temps normal, on y circulait souvent à six.

Après cette brève pas-même-rencontre (Nous n'avions guère échangé que les mots de courtoisie usuels de qui partage cet espace le temps de quelques étages), je me suis souvent demandé quel effet ça pouvait faire d'être très grand, très fort et de pleine santé. Comment se passaient les mêmes gestes de la vie quotidienne, par exemple ceux pour préparer son petit-déjeuner.
Qui a dit là-bas au fond, oui mais si tu es un géant, c'est rarement toi-même qui le fait ?

 

 

(1) Lesquels n'étaient pas fictifs et j'ai ainsi été amenée à expliquer le fonctionnement de nos logiciels de l'époque à une collègue de passage qui n'était autre qu'une championne olympique. Nous avions passé un bon moment, tout en restant sérieuses, en jouant le jeu. 

 

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Iwak #27 – Route (Road)

    

    Depuis quelques temps, Le Joueur de Pétanque et moi avons décidé de profiter des déplacements que nous devons faire (pour raisons sportives ou familiales) afin d'explorer les petites routes de notre beau pays (plutôt que d'emprunter l'autoroute, où les gens roulent à des vitesses déraisonnables sans conscience des distances de freinage). 
Généralement, je consulte une carte sur mon téléfonino, j'imagine un itinéraire et puis on adapte en cours de route parce que tel itinéraire semble avoir un potentiel de beauté.

Et puis parfois, on n'imaginait rien d'autre que : ça se rapproche du trajet qui serait optimal à vol d'oiseau et il se trouve que c'est super beau.
C'est un luxe de qui n'a plus d'enfants en bas âge, ni vieux parents qui nous attendent, ni animaux domestiques, juste une contrainte de rentrer à temps pour reprendre le boulot à la date prévue. Alors on trace la (petite) route. Et comme la France est un vrai de vrai de beau pays avec une captivante diversité de paysages, on ne s'ennuie pas.
Parfois on fait escale pour de jolies retrouvailles avec des personnes que nous aimons bien (famille ou amis), ce sont de bons moments, la route, l'amitié, l'exploration.

Le seul élément de tristesse pour l'instant est la dévitalisation des petits centres villes, à un point qu'en citadins privilégiés - alentours de chez nous, plein de petits commerces auxquels nous pouvons nous rendre à pied - n'imaginions pas, même en sachant que cela advenait, les centres commerciaux de périphéries de villes et autres zones d'activités raflant de plus en plus la mise -. Certains villages ont, pour peu qu'on les traverse un dimanche, un côté "ville fantôme" presque impressionnant. On en inventerait bien des légendes.
Mêmes les sacro-saints "troquets du coin" ne sont plus si nombreux. Souvenirs notamment d'une étape dans la région de Bordeaux, lors du retours du Frenchman, triathlon de Carcans, en 2023, durant laquelle on s'était naïvement dits, Allez on s'arrête au prochain café, en vue d'une pause pipi. Et c'était pire que David Vincent cherchant son raccourci, rien sur 5 ou 6 ou 7 patelins, pas même un bar tabac PMU. Et pas même un fast-food non plus. En revanche des endroits fermés, anciennes vitrines passées au blanc et des panneaux "à louer", "à vendre". Et contrairement au héros de la série Les Envahisseurs, nous n'avons pas vu d'ovni.

Il m'arrive parfois, dans ces cas, de songer à Centralia (1).
Mais bon, pour l'instant toutes les villes, n'en sont pas encore là. Profitons de ce que nous pouvons voir tant qu'il en est encore temps.

 

(1) À la grosse différence qu'à Centralia, ils ont par précaution presque tout rasé. Et puis globalement, ça ne brûle pas. Alors disons le Centralia de juste après l'expropriation générale de la plupart de ses habitants.

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C'est Matoo qui m'
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