Quitter les plateformes (et nos fantômes dans tout ça ?)
16 février 2025
Bien des personnes ont désormais quitté les plateformes dont les dirigeants ont pris récemment des positions politiques qui rappellent les heures sombres du siècle dernier, et je me réjouis de les retrouver sur d'autres, pour certaines décentralisées, où j'étais déjà depuis quelques temps.
Les débats font rage, rester contribue à leur enrichissement.
Pour ma part c'est difficile de quitter totalement les unes et les autres tant que je suis salariée : pour deux au moins d'entre elles j'y suis aussi pour le boulot, suivre certains comptes liés au travail, tant qu'ils y sont et que je bosse, j'y reste. Je ferai le point une fois retraitée (cette illusion tenace).
Mon usage des réseaux n'est pas tant d'y être, que d'y lire les autres, prendre des nouvelles des personnes que je connais vraiment, et que je ne pourrais pas forcément prendre le temps de contacter directement (1), suivre les derniers développements concernant mon domaine professionnel et mes centres d'intérêt dont le sport, suivre les informations générales, apprendre des choses diverses et variées, échanger et faire un peu de mauvais esprit (2).
Les réflexions de cet article sur Le dernier des blogs sont intéressantes, qui ont au moins le mérite de nous faire nous poser de (bonnes) questions.
Lentement, je suis en train de préparer ma migration hors de ce qui n'est plus Twitter : peu à peu, je cesse d'y suivre celles et ceux que je lis désormais ailleurs, je demanderai un jour les archives de mon compte puis sans doute je partirai, où n'y conserverai qu'un compte "coquille vide" afin de pouvoir en cas de besoin consulter quelque chose.
Quelque chose toutefois me retient, dont je n'ai pas entendu parler pour l'instant : ce sont les fantômes.
J'entends par là les comptes d'amis défunts, présents sur ces réseaux de leur vivant et du temps où les patrons de ces lieux virtuels ne semblaient pas dangereux - OK on les enrichissait de façon éhontée, mais bon, on pouvait encore se permettre de penser qu'après tout tant mieux pour eux et avoir l'illusion qu'ils en feraient pas trop mauvais usage -. Leurs comptes ne sont plus alimentés, pas non plus supprimés (dans la plupart des cas). Personnellement j'aime qu'ils ne le soient pas, de loin en loin, je leur rends visite, souvent lorsque j'essaie de retrouver quelque chose qu'ils ou elles avaient dit ou écrit, ou la trace d'une de nos rigolades. C'est un peu aussi comme d'aller déposer des fleurs au cimetière, honorer leur passage en ce bas monde, une forme moderne de recueillement.
Au croisement d'être restée vieux jeux et des pratiques usuelles de la modernité, je reste avec une sensation que quitter complètement serait les abandonner ; en de mauvaises mains qui plus est.
Il est probable et c'est tant mieux, que des utilisatrices et utilisateurs plus jeunes n'éprouvent pas ce frein à partir des lieux virtuels devenus malsains.
(1) Ma vie actuelle, ce sont en semaine des gros blocs 08:00 => 20:15 ou 20:30 consacrés au boulot en semaine, 09:25 => 18:50 aux jours de télétravail avec une heure de pause pour le déjeuner, des entraînements sportifs dans toutes les marges et le week-end et de la récupération sinon. Et les heures de boulot sont intenses, pour les 3/4 d'entre elles au téléphone avec des clients à dépanner.
(2) Je l'avoue je suis nostalgique de l'époque où lorsqu'en lisant une info me venait à l'esprit un trait d'humour noir et grinçant, n'en rien écrire et attendre que quelqu'un d'autre balance la même chose voire pire.