Un drame dès que l'on cherche un peu

 

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Les vies humaines sont tissées de drames plus que d'allégresses. Je viens une fois de plus de vérifier l'adage que dès qu'on tombe sur un drame dès que l'on cherche un peu.
Ainsi je regardais lundi soir la biographie de Jacques Froment-Meurice, le sculpteur auquel nous devons la statue de Frédéric Chopin, Parc Monceau, que j'aime bien, quand une indication a attisé ma curiosité : 

"Ses parents Émile Froment-Meurice (1837-1913) et Rose Tassin de Moncourt (1839-1913) meurent tous deux dans l'écroulement de leur hôtel particulier, situé au numéro 46 de la rue d'Anjou à Paris."
Un écroulement d'hôtel particulier à Paris, avant l'une ou l'autre guerre mondiale, voilà qui n'était pas banal.
Après quelques recherches j'ai trouvé, très rapidement cette photo, partagée un peu partout et dont le photographe n'est pas cité. 
Sur le site d'une galerie une photo de Maurice-Louis Branger est proposée à la vente.
Sur son compte Flickr Jean-Christophe Curtet partage cette même image ainsi qu'une autre et la retranscription du témoignage de Jules Venot, employé de maison rescapé : 

Je venais de servir le troisième plat et je revenais dans la cuisine lorsque j'entendis un craquement; cela a fait comme un coup de fusil; un autre a suivi presque aussitôt, puis ce fut un grand bruit de tonnerre au milieu duquel j'entendis très distinctement les cris d'effroi de M. et Mme Froment-Meurice et de leur petit-fils. Je ne fis qu'un bond jusqu'à la cuisine et je dis à la cuisinière : «Marie, sauvons-nous ! La maison s'écroule !» Marie ne voulait pas s'en aller; je parvins cependant à l'entraîner, et par l'escalier de service nous avons pu descendre et gagner la rue.

Je me rappelle qu'en servant le dîner Mme Froment-Meurice manifestait de l'inquiétude. Elle disait : «Il y a depuis quelques jours des craquements étranges dans la maison. Je crains qu'elle ne s'effondre.» François Froment-Meurice fit cette observation : «Comment ! Vous avez de pareilles craintes et vous n'avez rien fait pour éviter un accident ? Il faut faire venir l'architecte !» Mme Froment-Meurice répondit : «Oui, je crois que cela serait prudent !» C'est deux ou trois minutes après que l'accident se produisit.
(Déclaration du domestique Jules Venot, rapportée par la presse)

Sur un blog spécialisé dans la joaillerie, figure la Une du Parisien du samedi 26 avril 1913 et la reproduction d'un article (1) dont il ressort que l'effondrement serait dû à des travaux d'excavation voisins, un immeuble devant être construit en lieu et place d'un garage.
Par ailleurs François Froment-Meurice, 20 ans, sans doute un neveu du sculpteur, a réchappé au drame, retrouvé presque indemne dans les gravats. Il s'y confirme que la cuisinière et l'homme de maison ont échappé de peu à l'écroulement. Ils se trouvaient à un instant près dans la partie non immédiatement effondrée et ont eu la présence d'esprit de vite s'enfuir par l'escalier de service.

Depuis l'effondrement d'un immeuble à Lille, en novembre 2022, et parce que je me souvenais d'immeubles en apparent bon état, ces faits m'intéressent davantage. Je pensais auparavant que des signes avant-coureurs avaient lieu, autrement sérieux que de simples fissures.

 

(1) Voici le détail pour qui s'intéresserait :

Une des familles les plus honorables et les plus distinguées de la haute société parisienne vient d'être cruellement frappée dans ses affections les plus chères. Hier dans la soirée, M. F. Froment-Meurice, conseiller municipal du quartier de la Madeleine, a eu la douleur de perdre à la fois son père et sa mère, écrasés sous l'éboulement d'une partie de leur hôtel, rue d'Anjou, 46, en plein centre de Paris. Sapée par les travaux des fondations d'un immeuble en construction, leur, maison s'est soudainement déchirée en deux. Et toute une aile s'est abattue, ensevelissant sous ses décombres les deux vieillards et leur petit-fils: M. Emile Froment-Meurice, âgé de soixante-seize ans; sa femme, née Berthe Thomas, âgée de soixante-quatorze ans; M. François Froment-Meurice, âgé de vingt ans. Ce dernier, seul, a échappé par miracle à la mort. 
Voici dans quelles circonstances s'est produit ce lamentable événement.
Le conseiller municipal de la Madeleine et Mme Froment-Meurice, qui habitent rue Richard-Wagner, à Passy, dînaient chez des amis. Ils avaient envoyé leur fils, François passer la soirée rue d'Anjou, chez ses grands-parents. Et c'était pour ceux-ci une vraie fête que de recevoir cet enfant qu'ils adoraient. On s'était mis à table dans  la salle à manger, située au troisième étage. Soudain un formidable craquement se produisit dans l'édifice. Un tiers de l'immeuble vint s'abîmer, dans une profonde excavation, creusée pour l'établissement des fondations d'une maison voisine un ancien garage d'automobiles où l'on édifiait un vaste immeuble.
A cet instant, deux domestiques, une vieille cuisinière, Marie Catte, et un valet de chambre, Jules Venot, qui, depuis deux jours seulement" remplaçait le valet de chambre appelé pour une période militaire, se trouvaient à l'office. Au bruit épouvantable qui venait de se produire ils accoururent. Marie Catte ouvrit la porte de la cuisine et   poussa un cri d'effroi. Comme dans un changement de décor; au théâtre, la salle à manger avait disparu. A ses pieds, à cinquante centimètres d'elle, c'était le vide. En proie à une"inexprimable terreur, la cuisinière et le valet de chambre se sauvèrent, comme des fous, par l'es-, calier de service. Ils rencontrèrent le concierge de l'hôtel, qui fuyait lui aussi, et arrivèrent dans' la rue au moment où un chauffeur d'auto-taxi v'e-C nait fort heureusement de stopper devant la maison écroulée. Encore un peu et celui-ci était à son tour enseveli sous les poutres, pierres et meubles, effondrés pêle-mêle, dans un inextricable désordre. 
Cependant des passants, des voisins, des agents étaient accourus. L'officier de paix fut prévenu. Il téléphona au poste central de la caserne de la Pépinière. Et peu après, des soldats du 28° régiment d'infanterie, précédés de M. Rajaud, commissaire de police du quartier de la Madeleine,"organisaient un service d'ordre, pendant que les pompiers, sous la conduite du colonel Cordier, explorant l'amas de décombres, s'efforçaient d'en arracher les victimes. L'opération était périlleuse. M Rajaud et Edouard George, ce dernier fonctionnaire à la préfecture de 'police, s'étaient aventurés jusqu'au centré de l'éboulement, lorsqu'ils" perçurent des gémissements et des cris. Un être vivant était là, enseveli sous, leurs pieds. Au bout de quelques minutes d'efforts, les pompiers de la caserne Blanche parvinrent à retirer le jeune François Froment-Meurice. Par une chance miraculeuse, le jeune homme, n'avait été blessé qu'au, bras droit et légèrement à la tète. Mais la commotion nerveuse avait été des plus fortes. On le transporta immédiatement à l'hôpital Beaujon et de là au domicile de son père, rue Richard-Wagner. Il ne put prononcer que quelques paroles, demandant à voir ses parents et suppliant qu'on allât bien vite à leur secours. Les recherches se poursuivirent. A 8 heures 50 au milieu des meubles pulvérisés, des tableaux anéantis, des tentures en loques et des lustres en miettes, Mme Emile Froment-Meurice était retrouvée. Ce n'était plus qu'un cadavre horriblement défiguré, écrasé sous une masse de pierres et de boiseries. Le corps de son mari fut découvert quelques instants plus tard, affreusement mutilé lui aussi. Unis dans la mort comme dans la vie, les deux vieillards furent transportés dans la cour d'une maison voisine et étendus sur des couvertures, tandis qu'arrivaient sur les lieux M Delanney, préfet de la Seine; Laurent, secrétaire général de là préfecture de police; Paoli; directeur du cabinet de M. Heinion; Touny, chef de la police.

Il est à noter au passage qu'à l'époque avoir plus de 70 ans nous plaçait dans la catégorie des vieillards.

 

 

 


La statue qui me fait marrer

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Chacun sa statue. L'ami Matoo a un faible pour La Grisette des faubourgs (que j'aime aussi beaucoup, on a pour elle de la tendresse), et moi c'est pour Frédéric et l'Harmonie et la Nuit, monument datant de 1906 par Jacques Froment-Meurice (1864 - 1948) (1), en hommage à Frédéric Chopin (1810 - 1849).
Je dois l'avouer, j'aime cette statue parce que même si j'admire l'œuvre du musicien, elle me fait rire. On dirait tellement que la femme à laquelle le pianiste et compositeur joue un morceau, le supplie d'arrêter. 
Oh, pas cette valse, pas encore, pitié ! 
Quand je me trouve dans un lieu qui passe à fond un air trop à la mode et qu'on entend tout le temps, je fais le même geste et probablement la même expression.

Ce qui est intéressant, c'est que vue sous un autre angle, la statue semble raconter une autre histoire et s'accorde particulièrement bien avec la végétation, du moins celle de 2025. Qu'en était-il 109 ans plus tôt ?

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Ce qui est touchant c'est que sous cet angle le musicien de la statue ressemble assez bien au daguerréotype de l'être humain correspondant pris en 1847, en légèrement plus beau (2).

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(1) Ce que j'ignorais jusqu'à ce jour, je n'avais pas pris la peine de vérifier : à l'époque où je me posais régulièrement la question il n'y avait pas les internets pour y répondre, il aurait fallu farfouiller dans un guide touristique, une encyclopédie. Et depuis que l'info était à portée de clic, ça m'était sorti de l'esprit.
(2) Ce qui me fait irrésistiblement penser à cette vidéo de Grand Corps Malade, oui, bon je sais, on est loin les concertos, valses et autres nocturnes, soudain.

 


Lecture retrouvée

 

    C'est grâce à Anne Savelli qui dans son Faites entrer l'écriture du dimanche 2 mars a évoqué l'auteur de son premier manuel de lecture, que je me suis mise enfin sérieusement en quête d'un livre de "Lecture suivie" qui m'avait marquée à l'école.
Ce n'était pas la première fois que j'y pensais, tant il était un souvenir ancré et fondateur dans mon expérience de lectrice.
Je crois même avoir déjà effectué quelques recherches. Seulement je manquais d'informations essentielles et je recherchais plutôt un exemplaire d'occasion de mon manuel scolaire d'autrefois.
Le souvenir le plus précis que j'en avais, fors l'histoire, était ... la nature du papier. Glacé et qui gondolait légèrement et dont j'aimais l'odeur (du papier et de l'encre mélangées).

Et puis cette fois-ci a été la bonne car j'ai retrouvé un site de maison d'édition qui s'est spécialisée dans la réédition fraîche  d'anciens manuels avec les moyens actuels. Peut-être même est-ce du print on demand.
Alors j'ai parcouru méthodiquement leurs listes et j'ai soudain retrouvé "mon" manuel inoubliable.

Of no surprise, il venait d'un auteur de qualité, et quand j'ai constaté cela je n'ai pu que penser Bon sang mais c'est bien sûr ! 
Pour qu'un bouquin scolaire m'ait tant marquée, pour que j'aie pu lire d'une seule traite toute l'histoire, ce qui m'aura valu tant d'heures d'ennuis ensuite (en plus que mes petits camarades lisaient mal, je trouvais, et je piaffais que ça soit enfin mon tour de faire une vraie lecture qui respecte l'histoire, lequel ne venait presque jamais au prétexte que je n'en avais pas besoin). Mon étonnement de constater que j'étais la seule ou l'une des deux seules à avoir tout lu, et que les autres étaient ébahis alors que ce qui me stupéfiait était qu'on puisse avoir résisté à l'envie irrépressible de lire la suite.

Il s'agissait donc de l'ouvrage "Le relais des cigales" par Paul-Jacques Bonzon (1).

Première surprise : j'étais persuadée que c'était la lecture suivie de la classe de CE1 et ... je m'aperçois que c'est un manuel de cours moyens.
Or je me souviens de l'avoir lu en partie dans une salle de classe du rez-de-chaussée de l'école. C'était les classes de CP et CE1.
Au CE2 nous étions à l'étage. Et du CM1 et CM2 j'ai de vifs souvenirs puisque j'étais alors sous l'égide d'une de ces institutrices qui marquent avec bonheur une vie. 
L'hypothèse que je fais aujourd'hui serait d'une lecture de CE2 faite dans une salle de CE1 à l'occasion d'une absence de l'institutrice titulaire et qu'on nous avait distribué dans les classes des autres, avec consigne de nous tenir sages. Que j'en ai profité pour hacker l'entièreté du manuel, me ressemblerait bien. J'étais de ces enfants qui guettaient le coucher parental pour rallumer la lumière et lire lire lire jusqu'au sommeil tombant.

Avant d'en entreprendre la relecture, je note ici ce dont je me souvenais :

Le jeune héros vivait avec ses parents dans une station service d'autoroute sur l'autoroute du soleil dans le sud de la France. Il avait un chien. Il aidait ses parents en servant à la pompe (3) sur ses heures non scolaires. 
Le chien se faisait écraser par une voiture. Le garçon était très triste.
J'avais un vague souvenir d'échanges épistolaires avec de ses amis (4). Puis sa mère mourrait, son père ne pouvait pas à la fois travailler et s'occuper de lui, et il était envoyé chez des personnes de sa famille qui vivaient à Paris. Et le livre racontait l'arrachement et ses efforts d'adaptation. Les gens n'étaient pas spécialement méchants, mais il n'était "pas d'ici", il avait l'accent et la grande ville était une géographie pleine de dangers. Il s'en sortait en buchant dur à l'école.
Je ne me souvenais pas d'une fin, mais d'une victoire de type avoir tenu bon.
Il me semblait qu'il était fils unique ou qu'il avait une petite sœur bien plus petite et qui ne pouvait être un soutien.

Relecture faite, il est amusant de constater que ma mémoire n'était pas si mauvaise, mais pas exacte non plus.
Les illustrations qui sont des fac-similés de celles de l'édition d'origine me sont revenues.

J'y comprends plein de choses qui m'ont formée et qui me convenaient, même si au moment de ma lecture cela évoquait un monde déjà différent (5). Dont une solidarité très belle entre gens de bonnes volontés, personnes qui travaillent énormément, et qui ne choisissent pas vraiment leurs lieux d'habitation : c'est au gré des emplois des pères de famille.
Parents qui tentent malgré tout de rendre heureux leurs enfants. Solidarité familiale qui va de soi.
J'ai eu les larmes aux yeux plus d'une fois.
Les péripéties et les drames ne surviennent pas par effet de nuisance de la part d'un "méchant", mais par coups du sort (perte d'un emploi, bêtise d'un enfant, accident ...) et les gens s'entraident pour s'en sortir. Ils sont toutes et tous soucieux les uns des autres. Le père de famille n'est pas autoritaire. Les adultes sont fiables.
L'histoire est plus subtile que dans mon souvenir, il y avait même une sorte d'idylle naissante entre le jeune héros Jean-Lou et une certaine Suzy. Je m'identifiais pourtant bien avec cette amitié ++.
Le fait de tenir un relais de pompes à essence était déjà consécutif à un premier déracinement, celui d'un petit village où la famille semblait établie de longue date et dont l'employeur principal, une filature, fermait.
Le chien s'appelait Piboule et effectivement il mourrait à cause d'avoir traversé la route.
Le relais initial n'était pas sur l'autoroute du soleil mais sur la nationale 7. Ensuite le père de Jean-Lou se voit proposer une promotion et le nouveau relais, du même nom, est bien sur une aire de la toute nouvelle autoroute du soleil. Mon souvenir était donc faux / pas si faux.
La mère de famille ne meurt pas mais elle est gravement brûlée en tentant d'arracher son plus jeune fils aux flammes que l'enfant avaient déclenchées en ne se méfiant pas de l'essence (et en n'étant pas assez surveillé car les deux parents travaillaient et l'aîné était absent).
Jean-Lou avait effectivement un sibling trop petit pour lui tenir réellement compagnie. Mais c'était un petit frère et non pas une petite sœur. Je crois que j'avais dû un peu trop m'identifier.
Oui l'envoi à Paris, Bobigny plus précisément.
Mais il y avait eu un épisode de vacances en Espagne. De façon amusante, je sais à présent d'où je savais à quoi ressemblait Cadaquès (quand mon ami François m'en avait dit tant de bien), c'est dans ce livre-là.
Il y avait une description parfaite de comment on se rend compte que l'on sait nager et la griserie que ça procure et ça, je m'en souvenais.
Le garçon s'en sortait à plusieurs reprises grâce à son excellence scolaire. C'est quelque chose qui me parlait.
Je n'avais aucun souvenir de l'ami algérien que Jean-Lou se faisait à Paris.
Mais je crois que ça me parlait aussi. 
À sa manière désuète, le livre était féministe  (pour son temps) et antiraciste. Ça ne m'étonne pas que je l'aie tant aimé.

Pour un manuel scolaire, c'est drôle, il se termine par la phrase Vive les vacances !

Je lis sur sa page Wikipédia qu'il fut instituteur, je comprends mieux la délicatesse et la justesse de ses attentions. J'apprends qu'il est mort en 1978 soit probablement deux ans environ après son passage à Taverny au collège en tant qu'auteur invité. Et comme c'était avant les internets et que sa renommée n'était pas si grande qu'elle lui aurait valu des articles dans les médias mainstream, je suppose que nous n'avions pas su son décès. J'apprends aussi qu'il venait de Saint-Lô. Me voilà peu surprise d'un socle commun de façons humanistes de penser.

Je pense, comme Le jardin de paradis (CP, CE1) précède de peu Le relais des cigales (CM1; CM2) que peut-être j'avais eu droit de lire le second même s'il n'était pas pour ma classe, et tout simplement parce que j'avais trop vite terminé le premier. À l'époque, en primaire, les ouvrages scolaires nous étaient prêtés par l'établissement. C'est pourquoi je n'avais plus d'informations sur celui-là. Peut-être même qu'il m'avait été prêté très temporairement car un peu en dehors des clous. 
Je sens que je vais avoir envie de lire ou relire d'autres ouvrages de l'auteur.

 

(1) Lequel fut le premier auteur vivant (2) que j'ai rencontré, lors d'un événement organisé par mon collège de banlieue quelques années plus tard. Et fut l'occasion d'un de mes premiers combats féministes. Hélas perdu. Mais ça devrait faire l'objet d'un billet en soi. 

(2) J'ai longtemps cru, à cause de grandir avant les internets, n'être pas issue d'un milieu favorisé, de l'enseignement scolaire tourné vers les classiques, que les auteurs étaient forcément de vieux messieurs morts d'un autre temps. Sauf Hergé parce que je l'avais entrevu sur un sujet d'informations à la télé (ses retrouvailles avec l'inspirateur de Tchang ?) et Agatha Christie, of course.

(3) C'était avant les pompes automatiques et l'usage des cartes bancaires, et un temps où les enfants devaient aider les parents dans leurs tâches dès qu'ils étaient en âge de le faire. Ça allait de soi.

(4) Là aussi, chose courante à l'époque. Et j'avais moi-même des correspondances avec cousines et amies et amis quand nous partions en vacances. Aucun souvenir de rationnement financier sur les timbres, je pense que comme pour les livres et avoir de bonnes chaussures, les parents pensaient que c'était important et à encourager.

(5) Par exemple, un garagiste pouvait n'avoir pas les moyens de se payer une voiture. Les téléphones (fixes, bien sûr) étaient rares, un message urgent passait par l'envoi d'un télégramme.


Road rage


    Quand on dit qu'on assiste souvent à des comportements dangereux et des mises en dangers volontaires lorsque l'on circule à vélo, ça n'est pas qu'un peu.
À quelques jours de la mort de Paul Varry, en rentrant ce soir du boulot, au croisement boulevard Victor, place Balard, j'ai une fois de plus assisté à l'une de ces scènes.

Je circulais dans sur la piste cyclable du boulevard Victor, en allant vers le pont du Garigliano. Le feu était au vert.

Un cycliste m'a-t-il semblé sur un fixie m'a dépassée à toute allure, en mode il avait pris de l'élan et le feu était vert, profitons.
J'ai entendu un moteur dans mon dos, un moteur rugissant et vu un taxi d'une des grandes compagnies qui existent dans Paris, tourner brutalement à droite mais non pas pour prendre la place Balard, ce qui déjà n'aurait pas été très respectueux ni du cycliste rapide ni de moi, mais pour tenter de couper la route au premier et en se plaçant pour ce faire face aux véhicules qui venaient de la place Balard et allaient vers l'avenue de la porte de Sèvres. Le cycliste était a filé de toutes façons il était déjà un cran plus loin. Moi en attendant le moteur dans mon dos je m'étais méfiée et m'étais arrêtée avant même le feu (et bien qu'il fût vert pour moi qui allait tout droit), et les automobilistes qui attendaient leur tour de vert, ont dû avoir une petite frayeur en voyant ce véhicule arriver droit sur eux.
Le conducteur du taxi s'est alors rendu compte qu'il était en train de faire un truc qui n'allait un peu pas, s'est arrêté à temps, est quand même sorti de son véhicule pour hurler une insulte sexiste envers la génitrice du cycliste et une profession méprisée d'assistance aux messieurs, est remonté fissa et a redémarré vite vite dans le peut-être espoir de coincer le cycliste plus loin.

Spoiler : un cycliste qui file et qui plus est pour échapper à quelque chose, va plus vite en ville qu'un automobiliste même si l'un comme l'autre ne respectent plus rien.
Je l'ai croisé plus loin, le conducteur, la voiture en travers et de la piste et du trottoir, large en cet endroit, et l'ai vu repartir alors que je m'approchais. Il est reparti sans plus faire crisser ses pneus. 
Fin de la séquence.
Hélas, si typique.

J'ignore tout de leur contentieux préalable puisque l'un comme l'autre arrivaient dans mon dos. Mais même si le cycliste s'était rendu coupable de quelque chose de grave, ce qui a failli se produire était vraiment sérieux.
Et si j'avais cru en mon bon droit de traverser ce carrefour parce que c'était mon tour de pouvoir le faire, je ne serais plus là pour écrire ce billet, en tout les cas pas dès maintenant (1). 

Pour ne rien arranger il pleuvait fort et la nuit venait de tomber. Ça n'était vraiment pas un temps pour jouer les redresseurs de torts ni les cascadeurs. 

 

(1) Cela dit le bon sens le plus élémentaire incitait à s'arrêter et je ne me suis pas sentie mise en danger puisque j'avais pigé que Stop, règlement de comptes en cours, méfions-nous des balles perdues, on passera au tour d'après.


Une analyse par RunWise (la finale hommes du 1500 m des J.O.)

    C'était le plus beau cadeau d'anniversaire de ma vie et la soirée fut effectivement fantastique - et puis y aller en voisins c'était une sensation de plénitude absolue, un cadeau de la vie perçu comme une sorte de remerciement pour avoir tenu bon au travers de toutes les difficultés, bref paradis unlocked -, seulement voilà le gars que je rêvais d'encourager jusqu'à la victoire (1) olympique s'est mangé le mur.

J'étais sans doute la seule dans les premiers tours à hurler Ralentis, je sentais bien qu'il allait au casse-pipe et que Josh Kerr n'attendait que ça pour trousser un emballage final supersonique. J'ignorais la pointe de vitesse finale de l'Américain, et donc à quel point c'était une erreur fatale que d'ouvrir la porte en laissant la corde (2)

(1) Jusqu'à un record du monde, c'est déjà fait (à Charlety en juin 2023, un atypique 2000 m)

(2) Ça n'est pas la première fois que Jakob Ingebrigtsen perd une course en se focalisant sur un seul adversaire et qu'un troisième larron l'emporte.

Grand merci à RunWise pour les explications et la transmission de l'interview d'après course que je n'avais pas vue.

 


Speedcuber dans le métro

    

  Capture d’écran 2023-12-30 à 13.10.34  J'allais bosser via la ligne 4 (1) presque vide en cette semaine entre Noël et Jour de l'an. Il cubait non loin de moi, un 7 x 7 aux angles blancs, et aux coloris comme celui dont j'ai mis un moment à retrouver l'image.

Il n'allait pas à la vitesse des pros, mais faisait preuve d'une remarquable aisance et de savoir où il allait, surtout pour un cube de cette taille.

Je n'ai voulu ni le prendre en photo à son insu, ni le faire sortir de sa concentration en lui en demandant la permission.

Alors je n'ai pas d'image de cet instant.
L'avoir croisé, m'a donné une bouffée d'énergie pour ma journée de boulot. 

Je suis fascinée par le speedcubing, moi qui fais partie de la première génération à connaître le Rubik's Cube et bien incapable de le résoudre rapidement. 
Je me suis demandée s'il y avait ces jours-ci une compétition à Paris. 
Mais en ce moment Leo Borromeo est ailleurs.

 

(1) Comme j'ai des lectures en retard, je fais depuis un moment : aller au taf en transports en commun + bribes à Vélib, et retour vélotaf à Vélib.


Zombie land en déplacement


    Le phénomène n'est pas nouveau mais j'ai l'impression qu'à la fois il s'accentue et se déplace au nord de Paris d'Est vers l'Ouest. C'est déjà zombie land en tous cas de nuit. 

En rentrant d'une soirée d'amies libraires et lectrices et lecteurs, j'ai été abordée trois fois, un bonjour ferme d'un revendeur probable, ton commerçant (1), une femme au bout du rouleau (mais qui s'adressait en fait à la personne qui me précédait ; il n'en demeure pas moins qu'elle semblait perdue), et un homme "une p'tite pièce" qui était sous d'autres substances que l'alcool. Sans parler d'autres silhouettes entrevues, aux déplacements lents.

Je ne sais pas exactement ce qui circule, et je sors trop peu de nuit (depuis que je n'organise plus moi-même des soirées en librairie ou que je n'anime plus d'émission tardive de radio) pour avoir des points de comparaisons récents. Il n'empêche que c'est différent. Ou alors c'est une combinaison des effets de (post-)Covid et de came.

Je le note ici afin d'avoir une date de ma prise de conscience - peut-être tardive ou à l'inverse, qui sait, anticipée - d'une évolution. 
Pour l'instant ça ne fait pas peur, les êtres concernés sont davantage éteints que menaçants. Seulement ça contribue à mal augurer de la suite, globalement.

Nous nous sommes à trois entr-accompagnées sur une partie du trajet, la plus jeune d'entre nous choisissait délibérément et avec sagesse d'éviter la porte de La Chapelle.  

 

(1) Et puis je suis trop vieille pour que ça soit de la drague déplacée.

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Premier vélotaf depuis la chute à l'entraînement ... de course à pied

Vélotaf back new piste

Vendredi soit cinq jour après être tombée lors d'un entraînement de course à pied, j'ai tenté un retour du boulot à Vélib. 
Celui que j'avais dégoté n'était pas terrible, un problème de vitesses et je moulinais, mais en plus le genou était douloureux. Ou plutôt la peau et les couches supérieures, ça tiraillait, ça brûlait bien plus qu'en courant.
Alors, privilège du vélibant, j'ai déposé la monture à une station près d'un métro et j'ai terminé par les transports en communs.

Ce matin, un lundi, donc, j'ai préféré ne pas tenter le diable, j'étais juste en délais et je subis l'arrêt de la ligne 14, mesurant si besoin en était, combien elle me permet de gagner du temps lorsqu'elle fonctionne.

En revanche, ce soir, j'ai pu enfin, plus d'une semaine après le fatal instant d'avoir mal évalué à quelle distance d'un rebord de route face à l'accotement était mes pieds, reprendre mon trajet Vélotaf de retour.

Ce fut comme une petite victoire, en plus qu'après des travaux ici et là je découvre désormais de nouvelles pistes, des endroits plus larges et mieux protégés, même si partagés avec des autobus.

J'ai mis 1h04 pour rentrer, en étant extra-prudente (je ne peux me permettre de rechuter sur la chute, j'ai marathon dans deux mois et demi) et en prenant mon temps.

Ça m'a fait beaucoup de bien.

Le pont Alexandre III était fermé d'accès sauf sur les trottoirs (je suis descendue de vélo en le poussant) et ce n'est qu'une fois rentrée qu'en lisant ici ou là des infos sur l'épreuve test de natation annulée au dernier moment et qui aurait dû partir d'un ponton relié au pont que j'ai pigé qu'il s'agissait sans doute d'un chantier provisoire lié au démontage des installations.


Un article du Parisien où il est question des morsures de mouches noires, et qu'elles sont aussi présentes en France, me fait douter au sujet de ce que je prenais pour des piqûres de moustiques tigres à Bagatelle, début juillet et qui m'avaient déclenchées aux deux jambes une belle réaction allergique au point de n'avoir pu courir comme il le fallait au trail de La Chouffe quatre jours après. Mes appuis n'avaient pas leur habituelle sensibilité et le trail était très technique sur certaines descentes et ... escalades. Je n'avais en effet pas senti la piqûre ou morsure, ça faisait trois points qui saignaient et j'ai aperçu un petit insecte au corps noir moiré. La réaction allergique était apparue progressivement au cours de la journée suivante avec un pic 24h après, qu'une prise d'un comprimé de Zyrtec chaque soir avait calmée en trois fois, mais simplement calmée, pas tout à fait effacée. 
Je le note ici pour le cas où ça serait utile à quelqu'un d'autre : vers Bagatelle au Bois de Boulogne, pas bien loin de l'anneau de vitesse de Longchamp pour les vélos, rôdent des insectes, mouches ou moustiques, dont les piqûres ou morsures sont moins anodines que celles de leurs confrères plus communs. Et un anti-anti-histaminique peut assez bien calmer le jeu mais pas instantanément.

Je note aussi pour un éventuel plus tard, qu'on est encore dans les températures frisquettes qui ne donnent pas une impression d'été, même s'il n'a pas ou peu plu en cette journée. J'ai l'impression, si j'en crois les amies et amis "du sud" et les collègues déjà rentrés de vacances, que le souvenir de cet été 2023 sera très varié entre celleux qui n'auront pas quitté Paris et la partie nord ou ouest du pays, un été fort frais, déjà d'automne en août et les autres pour qui 2023 sera synonyme de canicule.

Pour mémoire, se rappeler que c'est à peu près à cette date qu'on aura pu se dire que D. Trump ne se sera peut-être pas impunément dispensé de respecter les lois de son pays. On commençait par finir à en douter. Même s'il risque de mener un début de campagne électoral en surfant sur le fait d'être une victime de méchants juges ou procureurs qui lui en veulent parce qu'ils ont trahi. Et que vu le fond complotiste de sa fanbase ça ne pourra que bien fonctionner.
 


Beauté de Paris sous la pluie

 

    Je venais de dire à Simone, ce qui me réjouit dans ma vie [actuelle] ce sont mes retours de boulot à vélo, traverser Paris, varier les itinéraires est un tel bonheur.

Et puis j'ai pris un Vélib pour rentrer et puis il a plu, et puis comme pour me remercier du compliment ce soir ce fut beau comme jamais.

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Avec en prime un bel arc en ciel (de l'autre côté) et d'être plutôt bien protégée (du haut) car j'étais bien équipée.
Je suis un moment restée sur la passerelle du musée d'Orsay à savourer la beauté - ciel lumières pluie ville -. 

Pour une fois je n'étais encombrée d'aucun tracas lourd, seulement de tristesses calmes (quelques deuils amicaux récents), l'inquiétude n'ayant plus lieu d'être. 

Alors, en ce moment précis j'ai éprouvé du bonheur. 

Le fait que d'autres personnes sur la passerelle s'arrêtassent pour en faire autant, admirer la beauté du ciel et de la ville, tout en se laissant drincher, y participait.