Chroniques du confinement jour 36 : I'm in reading heaven !

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Ce touite de Nawal m'a fait prendre conscience à quel point j'étais privilégiée. En même temps je sais bien un peu pourquoi : les malheurs nous les avons déjà encaissés, pour un certain nombre d'entre eux. Nous n'avons plus que le tracas de sauver notre peau et que nos enfants s'en sortent et nos proches aussi. Le souci du travail et de la survie économique (mais dans l'immédiat, ne se présente pas une de nos pires fins de mois, ça peut encore un peu tenir). 

Et aujourd'hui pour moi c'était vraiment ça : I've been in reading heaven all day long. Plongée dans "Feu de tout bois" toujours, lecture ô combien parfaite pour le confinement. Car il y a à la fois du confinement et du voyage. Et d'être au cœur du monde, de ce qui s'y joue, en même temps. 

Je n'ai rien fait d'autre, captivée et pouvant, après tout, me l'accorder. Ce qu'Élisabeth écrit du travail d'écrire est si juste. 

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Cette date du 11 mai, clairement prématurée au regard de l'évolution actuelle de l'épidémie m'inquiète. Il faudrait dire On fait encore toutes et tous un effort et on reprend en juin. 

Je suis profondément d'accord avec ce touite de @dareljedid

Ma sœur a repris le travail mais avec les conditions de sécurité sanitaires respectées (gants, masques, gel hydro-alcoolique et effort pour espacer les bureaux). J'espère que ça ira pour elle.

Désormais la course à pied c'est un jour sur deux, sauf conditions météo particulières. Une séance de 25 à 30 minute à 8h du matin sur la voie verte quasi déserte - d'ailleurs ce matin nous n'avons croisé personne, pas même un promeneur de son chien -. Je n'ai pas fait de séance particulière : une crampe au mollet gauche m'avait réveillée au matin et je sentais la petite tension persistante qu'on éprouve dans ces cas-là. 
Et le même soir la séance de Tabata, vraiment top, comme dab. Et qui fait un bien fou. Nous commençons à sentir les progrès. 

Il faisait beau mais un peu de vent et un peu de frais. J'ai passé un moment avant le déjeuner à lire au jardin après avoir écouté les oiseaux. Nous commençons à reconnaître bien les chants. Grâce aux uns et à la lecture, j'ai oublié un temps les circonstances générales et ça permet de bien tenir le coup. 

Je sais qu'il faut prendre des forces à présent parce que le retour dans la vie ordinaire sera rude et plein du danger d'être à notre tour plus sérieusement touchés. 

C'est moi qui me suis occupée du dîner, j'ai cuit du riz et préparé une petite sauce à base de crème et de banane. Je note pour les lectrices et lecteurs de longtemps plus tard, ou peut-être moi-même, qui sait, que vraiment pour l'instant nous ne manquons de rien, faisons nos petites courses pas plus de deux fois par semaine (en gros) et mangeons des plats simples en cherchant à équilibrer. Ce qui fait que dans notre cas, l'alimentation est plutôt plus saine qu'à l'ordinaire avec son lot de trucs mangés le midi vite fait près du lieu de travail, parfois des sandwich pour aller plus vite, ou du gras, du un peu junk food (même si personnellement je cherche à éviter, on n'a pas toujours le choix). 

Bonnes nouvelles de mon amie Claude, je le note ici pour me rappeler combien son SMS m'a fait chaud au cœur. 

Demain moins de lecture et davantage de travail. Il faut vraiment que je bosse à nouveau pour la radio et pour l'AiR Nu. Seulement ça ne sera possible qu'une fois davantage de ménage effectué sur l'ordi. 

 

 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
2 543 588 cas (dont : 176 596 morts (44 752 aux USA) et 687 034 guéris) 

 

 

 

 

 


Chroniques du confinement jour 33 : laver les carreaux (mais pas que ça)

 

    Jour "sans" sport, autrement dit seulement le défi abdos squats pompes. Mais jour avec téléphone : j'ai Le Fiston au fil le matin et ma sœur en soirée. Je redécouvre avec #LeConfinement l'usage du téléphone pour se parler, usage que j'avais perdu depuis l'internet et le côté beaucoup moins intrusif de la messagerie. Seulement il est vrai que la messagerie va bien si elle s'accompagne de se voir en entier avec assez de régularité. Sans espoir de se voir rapidement, la voix devient à nouveau nécessaire. Parce qu'elle est vraiment mieux que rien.

Le temps est agréablement variable. J'ai pu lire au jardin, quoiqu'il ne fît pas très chaud, rien à voir avec les journée d'été des débuts de la semaine passée.

Un peu de désherbage, les ronciers repartent s'ils ne sont pas déracinés. Un peu de dépoussiérage des meubles aussi, en fin de journée. Et vers 8 heures le nettoyage des carreaux, côté ouest, vers la rue. J'avais calculé que le samedi était le jour parfait : peu de monde allant au travail, de l'affluence seulement après. L'Homme bien sûr me dit : Ben, ça te prend comme ça ? sans même imaginer un seul instant que ça faisait plusieurs jours que j'avais repéré le moment opportun. 
J'ai laissé de grossières traînées que le soleil de la fin de journée n'aura pas manqué de souligner mais au moins c'est fait et on y voit mieux.

L'avantage d'avoir accompli dès le matin assez tôt la tâche quotidienne (1), c'est qu'ensuite on peut se sentir du temps libre. 

J'en ai profité pour regarder des documentaires, entre deux lectures, ainsi un sur Alain-Fournier, l'autre sur Boris Vian, les deux participants d'une série "Une maison, un écrivain ...", thème idéal pendant le confinement. 
De là, dans un enchaînement dont You Tube a le secret, je me suis retrouvée à regarder un reportage sur l'enquête concernant la mort de Marco Pantani (un peu convenu et sans grand intérêt si ce n'est quelques images de Rimini et le fait de repenser à ce champion, dopé certes, mais ni plus ni moins que tant de ces collègues à l'époque et le résultat a été pour lui dramatique (les addictions de bien des sportifs viennent de celles aux dopants)). L'ensemble des vidéos au moment de la sieste avec un vrai temps de sommeil dedans et ensuite c'était la forme pour la soirée.

Se sentir en forme est merveilleux. Paradoxalement c'est au moment où beaucoup se sentent du fait du Covid-19 épuisés comme nous le sommes à nos moments de faiblesses, nous les thalassémiques, que nous nous sentons, grâce au confinement qui nous permet de vivre à notre rythme, en nous allongeant dès que nécessaire et sans forcer pour "faire comme tout le monde", en forme comme je peux l'imaginer pour des personnes normales quand elles vont bien. Il m'aura fallu de deux à trois semaines afin d'atteindre ce niveau de plénitude. Avec un soin particulier sur le dosage du sport et une modération alimentaire, venue un peu d'elle-même (fini de manger pour tenter que ça réveille et redonne de l'énergie). Le déconfinement sera pour moi une épreuve, en plus qu'il est parti en France pour survenir trop tôt et donc n'être pas sans danger. Je crains de faire partie des malades de deuxième vague, car nous aurons été obligés de reprendre le travail de façon prématurée par rapport à l'épidémie. 

En fin de soirée, comme dab LT des infos sur Rai News 24 

Je retiendrai surtout ces images des citoyens de Saviano qui ne peuvent s'empêcher d'accompagner le cercueil de leur maire, mort du Covid_19. 

 

(1) Je me suis fixé d'accomplir au moins une tâche pour la maison chaque jour. 

 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
2 321 385 cas (dont : 159 620 morts (38,768 aux USA) et 594 536 guéris) 


Quel est cet oiseau ?

    Il est tout petit (plus petit qu'un moineau), brun plutôt uni (vu de loin, il ou elle est extrêmement vif/vive ne se laisse pas approcher), tout fin avec une queue qui bouge en éventail quand il chante. Il a son nid sous une gouttière voisine. C'est probablement une espèce très répandue, et que je connaissais peut-être enfant. Mais voilà, à force de travailler comme une brute dans une très grande ville, j'ai perdu le nom des arbres et celui des oiseaux, fors certaines exceptions.
Contrairement aux autres habitants des environs, un couple de piafs très bavards et un autre de mésanges remarquablement peu farouches, s'ils sont deux on ne les voit pas sortir au même moment.

Si vous savez qui il est, s'il vous plaît dites-le moi.

lieu d'enregistrement : lisière d'une petite ville dans le Cotentin, jardin avec un champ derrière

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Les oiseaux changeants


    Hier lors de mon entraînement de course à pied, alors que je passais, Parc des Impressionnistes près d'un vieil arbre que je chéris, j'ai été croisée par une mésange bleue. Ça m'a fait chaud au cœur. Longtemps que je n'en avais pas vue.

Cela m'a refait pensé qu'en une quarantaine ou cinquantaine d'années, alors que je suis restée à vivre en Île de France, j'ai eu le temps de voir la composition des peuples d'oiseaux de nos parcs et jardins visiblement changer. Et encore, je ne suis pas une experte et je suppose que si j'étais davantage compétente je pourrais témoigner de bien plus de changements.

D'ailleurs les oiseaux ne sont pas les seuls concernés, il y a les papillons, si nombreux dans mon enfance et mon adolescence, dès qu'arrivaient les beaux jours, au point que nous n'y prêtions plus trop d'attention malgré des robes chatoyantes ; si rares à présent.

Concernant les oiseaux, le point remarquable est peut-être qu'ils restent globalement nombreux. Seulement ce ne sont plus tout à fait les mêmes. 

Le plus impressionnant c'est la raréfaction des moineaux. Ils pullulaient. Ils sont encore présents mais si rares. 

Les pigeons n'étaient pas très nombreux en grande banlieue, on voyait plutôt des colombes d'ailleurs. À Paris ils étaient majoritaires et le sont restés. Je ne saurais dire si leur nombre s'est accru. 

Il y avait des mouettes et goélands dans les villes fluviales, Seine comme Oise, il y en a toujours. Peut-être un peu plus nombreuses.

Les pies étaient rares, on s'appelait quand on en voyait une, Hé, regarde, une pie ! Elles sont à présent nombreuses dans les parcs parisiens. Qu'est-ce qui a fait qu'à un moment donné leur nombre a augmenté ? 

Les mésanges et les rouge-gorges étaient minoritaires par rapport aux piafs mais cependant suffisamment fréquents pour que les croiser ne soit pas un événement. Ça l'est hélas devenu.

Les merles en tout cas dans le Val d'Oise étaient une espèce répandue qui nous gratifiait à certaines saisons de jolis concerts. La présence d'un merle à présent se remarque. Sans être rares, ils ne sont plus si fréquents.

Il y avait des hirondelles, on observait leur vol aux saisons de migration, alors qu'elles se rassemblaient. J'en croise encore parfois, rarement groupées. 

On voit beaucoup plus de passereaux gris ou marrons sombres, ceux-là en foules criardes, que je ne sais identifier. Je n'ai pas capté leur saisonnalité. Parfois sous leur nombre, un arbre semble être de lui-même animé. 

Les corneilles et d'autres plus grands corbeaux n'étaient pas rares mais se cantonnaient aux champs et aux tableaux du célèbre Vincent. Les voilà en ville à présent, peu farouches et intelligents. Elles me donnent toujours l'impression qu'il suffirait de pas grand chose pour que nous puissions communiquer. Une des personnes que je suis sur Twitter en a recueilli une qui devait être blessée et s'efforce de lui rendre progressivement son autonomie. Je pense que dans mon enfance, en ville et même dans les zones densément habitées de banlieue ça n'aurait pas été possible, je veux dire non de le faire mais de trouver sur son chemin une corneille blessée, à moins d'aller crapahuter dans les parties encore en campagne. 

Comme il y a davantage de zones humides, pour certaines artificielles (des étangs dans des parcs très étudiés), les canards, cygnes et autre oiseaux d'eau, y compris les hérons sont devenus fréquents. Un héron en pleine ville, c'est beau et ça surprend.

Voilà, ce sont des observations totalement empiriques, au ressenti de mes déplacements, et chasse-photos et d'écouter leur chants. J'ai cependant la conviction que : moins de passereaux plus (+) de pies et corbeaux correspond à une réalité. 

 

PS : Un très beau blog si vous souhaitez identifier un oiseau rencontré. 

 

 

 

 


La Seine en (forte) crue (ça continue)

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Pour des raisons indépendantes de ma volonté, je n'ai pas pu aller m'entraîner ce matin dans la forêt [de Montmorency], je suis donc partie seule pour un de nos parcours d'entraînements habituel : les quais, Levallois, l'Île de la Jatte, et retour avec quelques tours du Parc des Impressionnistes selon le temps restant.

J'avais déjà effectué ce parcours depuis le début de la crue. Et des crues de la Seine, j'en ai vu bien d'autres. Celle de juin 2016 fut impressionnante aussi. Mais j'ai l'impression que les niveaux atteints sont cette fois supérieurs. 

Je n'avais pas souvenir des maisons devant être protégées (et peut-être évacuées : sauf une, la plupart semblait vides), ni celui de l'eau devant être pompée, ni non plus ces squares sur la face sud de l'Île et qui normalement surplombent l'eau par une volée de marches assez raides, plongés sous l'eau. Ni non plus des terrains de tennis totalement submergés alors qu'à l'ordinaire ils sont bien en surplomb.

Je sais que les photos de crue font surtout sens à qui connaît les lieux en leur aspect ordinaire. Mais je crois que cette fois c'est suffisamment spectaculaire pour parler à tous. 

C'est un album en vrac, des photos de téléphone saisies à la volée, en courant, et pas le temps d'effectuer le moindre tri :

La Seine en crue - février 2018 

 

PS : J'aimerais savoir quel est l'oiseau de la photo. Il plongeait profondément et semblait se régaler.


Les piafs, les pies, les papillons

 

    Noé (Cendrier) a fait suivre ce lien que j'ai trouvé passionnant et qui je le crains n'exagère en rien. Certains pesticides sont si violents qu'il ont réellement fait diminuer les populations d'insectes et la disparition de ceux-là entraîne celle des oiseaux etc. La fin de ce monde est en bonne voie.

Je crois d'autant plus aux propos tenus dans cet article que du haut de mon demi-siècle finalement passé principalement dans la même région du globe, j'ai eu le temps de voir à l'œil nu certaines évolutions.

 

Le véhicule

Effectivement, les voyages de mon enfance, que nous effectuions en voiture, étaient impressionnants pour les traces étoilées laissées sur les pare-brise par les insectes entrés en collision avec elle. À l'époque, l'essence était servie dans des stations services par des pompistes. Ceux-ci proposaient systématiquement de [nous] "faire le pare-brise" et alors qu'on économisait sur tout, ce service là mon père l'acceptait : il était tout sauf un luxe. Il fallait aussi nettoyer les phares, qui se retrouvaient constellés.

Le bruit

La campagne ou les terrains vagues de banlieue, l'été, vrombissait. Il y avait bien sûr le cri-cri des cigales ou des grillons, parfois suffisamment fort eût égard à leur nombre, pour être désagréable au lieu que charmant. Mais il y avait aussi toutes sortes de bruissement.

Le même type de campagne ou de zone libre intermédiaire est beaucoup plus silencieux maintenant.

 

Les abeilles

Elles étaient courantes. Désormais, sortis des zones proches d'apiculteurs, on n'en voit plus. Et c'est terriblement inquiétant.

 

Les frelons

Ils étaient rudement rares. J'ai dû attendre l'âge de 14 ou 15 ans pour apprendre leur existence et croiser mon premier. Désormais c'est un fléau fréquent.

Les papillons

L'été c'était un festival de couleurs et de diversité. Il m'est arrivé de beaucoup gambader en suivant un premier papillon qui en croisait d'autres, que je me mettais à suivre jusqu'au suivant puis celui d'après etc. De nos jours on est heureux d'en apercevoir un beau, c'est devenu exceptionnel ("Oh ! Un papilllon !"). C'est la diminution la plus spectaculaire. 

 

Les piafs

C'était l'oiseau de base quand j'étais gamine. Désormais on est contents d'en croiser. Ils ne sont pas rares, il ne faut pas exagérer. Mais ils ne sont plus l'espèce majoritaire.

 

Les pigeons

Ils pullulent et sont de plus en plus gros.

 

Les rats et autres mulots 

On les voyait si l'on rentrait la nuit, ils zonaient vers les poubelles. On apercevait des souris entre les rails du métro. On entrevoyait de gros rats près de la Seine la nuit, le long des quais.

Il n'est pas rare de croiser les uns et les autres en plein jour désormais. Et qui ne se cachent plus.
Un jour du printemps dernier un petit rat ou un gros mulot a attendu porte de Clichy le RER C en ma compagnie. C'était vraiment l'impression qu'il donnait, tranquille pépouze à mes côtés, attendant jusqu'à l'arrivée du RER, semblant me regarder y monter, puis partant tranquillement vers sa zone d'ombre alors que le train démarrait. Une amie m'a dit avoir dû rentrer précipitamment au beau Mac Do de Gennevilliers (celui installé sur une ancienne belle gare) : une invasion de rats arrivait par les rails. Elle me dit qu'ils étaient très impressionnants, gros.  Ce soir à Levallois, en plein milieu d'une petite rue, un petit rat que la circulation n'effrayait pas plus que ça. Dans la cour, près de la librairie, un dont j'ai eu le temps d'apercevoir la queue alors qu'il s'efforçait de disparaître par l'évacuation d'une fontaine.  


Les pies 

Rares dans mon enfance (Oh ! Une pie !), plutôt objet de contes que d'en croiser en vrai, elles sont maintenant en grande ville une des espèces les plus répandues. D'où diable vient cette évolution ?

Il est devenu exceptionnel de voir une mésange, un rouge-gorge. Or ils étaient loin d'être des oiseaux rares. 

 

Seules semblent stables les araignées. Seulement j'ignore quelle conclusion en tirer.


Mode Je trace on

    Trop fatiguée pour écrire. Mais je souhaite conserver la mémoire de cette période si particulière. Alors quelques notes.
   

Nous avons eu ce matin du retard à l'allumage mais je suppose que nos corps, fourbus, en avaient besoin. 

Mais ensuite ce fut une journée de celles où l'on dépote, et à part vivre des moments merveilleux - mais on ne peut pas faire que ça, sinon on ne se rendrait même plus compte qu'ils le sont -, je n'aime rien tant que ça : bosser (variante sportive : s'entraîner) et à la fin de la journée se dire qu'on a fait ce qu'on s'était fixé.

Le plus simple était de voter. Contrairement aux présidentielles, zéro état d'âme, une décision facile à prendre quoique sans trop d'espoir. En fait les présidentielles, avec les angoisses successives, les hésitations induites par la folle situation et entre les deux tours les déchirements entre personnes aux valeurs et idées pourtant voisines, ont engendré chez moi une forme de saturation : tout se passe comme si c'était derrière, que c'était plié pour cinq ans et que ça serait bien que le jeune homme ne se plante pas trop sinon on héritera de l'extrême droite au pouvoir.

Puis il s'agissait d'aller continuer la mise en carton chez ma mère. Les travaux ont bien avancé, la maison a cessé de sentir la maladie. J'ai eu cette sensation : les murs ont cessé de pleurer. 

Au prétexte d'aller voir où se trouvait la déchèterie nous avons fait un petit entraînement de course à pied. Il faisait beau et chaud et je me sentais en pleine forme. Nous nous sommes renseignés sur les heures d'ouverture possible, les conditions d'accès. 

Retour en faisant une boucle par le bois des Écouardes dont j'avais oublié le nom. C'était à distance courable de la "zone verte" un petit bois interdit de mon enfance. Il se disait qu'il y avait danger et les parents, tous, recommandaient à leurs enfants de n'y mettre pas les pieds. Nous nous en étions au mieux approchés. Ce qui est curieux c'est qu'à l'adolescence au lieu de titiller l'interdit, nous nous étions totalement désintéressés de ces lieux. 

Un panneau indique que la commune s'apprête à le rendre accessible. À côté quelques immeubles bas sont en construction et je pense immédiatement au film de 1992, Les habitants, ce truc de ouf (1).

L'homme aperçoit un accès et nous nous faufilons dans le bois encore presque intact. Un bois non travaillé c'est ça, aucun vrai sentier aucun accès aisé, des orties presque partout, plein d'oiseaux, des papillons et pour moi, comme souvent en forêt, l'illusion d'y être protégée (2). Je suis un peu triste qu'il soit appelé à bientôt se faire civiliser. Au moins je l'aurais vu tel qu'en lui-même une première et dernière fois.

Nous avons bien dépoté du rangement. J'ai retrouvé des objets de ma mère auxquels nous tenions et qu'on avait bien cru égarés pour toujours et à jamais.

L'homme a réparé la barrière qui coinçait et taillé un peu de haie. 

J'ai pris une douche. Peut-être la dernière dans cette salle de bain autrefois si familière.

Nous sommes passés livrer la laine chez une amie que je vois trop peu - nos vies trop chargées -. Son plus jeune fils était ravi et qui parle comme un grand désormais. Avec une belle étendue de vocabulaire.

Et puis il a fallu ranger de ce que nous avions rapporté ... et dégager le balcon. Je croyais que l'homme l'avait fait et il avait certes descendu un meuble de récupération mais il restait plein de papiers et beaucoup de saletés sous la chaise longue. Du coup j'ai fini tard, dans la nuit, deux poubelles recyclables et trois sac poubelles standards plus tard, mais au moins c'était fait. Et j'ai là aussi retrouvé quelques documents à mes yeux importants.

C'était une journée productive comme on aimerait en tenir davantage. 

Après, temps personnel = 0

Il est temps que les choses avancent, je ne tiendrai pas de longs mois comme ça.

 

(1) ici un plus long extrait.  
(2) Je ne suis pas dupe : réduite à mes propres ressources, sans avoir de quoi manger, en hiver je n'y ferais pas long feu.

 

 


Oiseaux volants sur lac gelé

Laissés en jachère depuis novembre et la maladie de ma mère, mes appareils électroniques, photos, ordi, téléfonino ont tous leur mémoire saturée.

Au normal de la vie je prends soin d'eux chaque jour, comme un pêcheur relève ses filets, notes glanées, films, sons, vidéos, je trie, sauvegarde, jette aussi, chaque soir avant de m'en aller coucher. Mais la vie quotidienne a été bouleversée, surchargée, submergées, je n'en ai pas même fini avec les démarches consécutives au cambriolage et au décès, et les outils crient leur saturation.

Alors je prends le temps de tenter de rattraper une partie du retard, ne serait-ce que pour pouvoir continuer.

C'est ainsi que je retrouve cette video d'il y a environ deux mois : le lac d'Enghien gelé. Venue par le bus 138 je traverse Enghien les Bains pour me rendre près de la gare ferroviaire, à l'arrêt du 15 qui me conduira à mon lieu de travail en haut de la colline. Le lac est glacé, les oiseaux s'y posent. C'est d'une beauté qui me donne envie de ne pas me cantonner aux images arrêtées.   

Il fait bizarre de se dire qu'à l'heure où je les filmais ma mère encore vivait, pouvait communiquer. Et que nous ignorions combien de temps (semaines, mois ou année(s)) la mort prendrait pour achever l'approche irrémédiable qu'elle avait entamée.

C'est toutefois moins étrange que lorsque l'on retrouve des images saisies peu de temps avant une rupture subie, un accident fatal, un fait de guerre ou une catastrophe naturelle et qu'on se revoie, sujet ou opératrice, dans la totale inconscience de ce qui va nous advenir et modifier plus ou moins définitivement le cours de notre vie.

Consciente de la plus ou moins grande imminence d'une issue fatale, concernant quelqu'un dont j'étais proche de par la naissance au moins, j'étais fort triste au moment où j'ai filmé. Pour autant les oiseaux, le lac lui-même en sa configuration hivernale sont beaux. 

Je crois en de possibles rémissions par la beauté du monde, tant qu'elle existe encore.

 

 


Un bol d'air (humide)

  

Ce dimanche matin vers 8h à Montévrain. Bord de Marne Parfois j'utilise la vidéo pour capter ... l'absence de mouvements (autres que ceux d'un point de l'environnement) et le chant des oiseaux.

PS : Je pensais à ce billet chez François Bon. Pourquoi l'image animée, pourquoi l'image fixe lorsque l'on dispose d'un appareil qui met le choix à disposition ?


Une journée de vacances

 

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Les amis m'auront donc offert comme une journée de vacances, une expérience, une excursion et du temps partagé, ce qui est très précieux.

Pour autant, et tout en savourant, et est-ce l'influence de la lecture du moment, le très émouvant "Le chagrin des vivants" d'Anna Hope, qui montre le poids de la guerre (celle de 14-18 mais ça peut être plus général) sur les gens, je me suis sentie comme en permission, comme si une menace (générale, pas tant liée à ma vie personnelle qui semble sur une pente ascendante, heureusement) stationnait en surplomb. 

Ou alors c'était la vue de ces maisons, que vers Avon les trains survolent.  P3012367

 

Ou encore une prémonition des propos qu'allait en fin de journée tenir un ami qui travaille pour certains politiciens, et ne confirmait que trop les intuitions que j'ai d'un pire cauchemar possible pour 2017.

En tout cas, quelle belle et instructive journée, durant laquelle mon tout jeune super-pouvoir (1 an 1 mois et 23 jours) aura été si utile, je commence même à croire à sa non-réversibilité. Je n'ai pas que je sache de raison rationnelle d'avoir le cœur gros. Et c'était vraiment une grande tranche de bon.

Merci monsieur Mariage, merci les amis.

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