Quel est cet oiseau ?

    Il est tout petit (plus petit qu'un moineau), brun plutôt uni (vu de loin, il ou elle est extrêmement vif/vive ne se laisse pas approcher), tout fin avec une queue qui bouge en éventail quand il chante. Il a son nid sous une gouttière voisine. C'est probablement une espèce très répandue, et que je connaissais peut-être enfant. Mais voilà, à force de travailler comme une brute dans une très grande ville, j'ai perdu le nom des arbres et celui des oiseaux, fors certaines exceptions.
Contrairement aux autres habitants des environs, un couple de piafs très bavards et un autre de mésanges remarquablement peu farouches, s'ils sont deux on ne les voit pas sortir au même moment.

Si vous savez qui il est, s'il vous plaît dites-le moi.

lieu d'enregistrement : lisière d'une petite ville dans le Cotentin, jardin avec un champ derrière

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Une belle reco, très agréable

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Le fait d'appartenir à un club de triathlon dynamique aura bien contribué à me faire découvrir le trail, que je préfère de loin à la course à pied en ville. 

Je suis vraiment très lente à cette discipline, généralement dans les tout derniers à arriver. 

Mais je suis heureuse pendant que je le fais. J'ai même une photo, prise au trail de La Chouffe l'été dernier, qui en atteste. 66664965_10216557428901263_1071607981168132096_o

 

J'aime courir en forêt tant qu'il en reste et que j'ai la santé qui le permet.

Ce matin c'était donc la reco du trail de 26 km prévu en février à partir de Bouffémont. C'est l'un de mes trails préférés : bien organisé, avec des passages techniques mais d'autres où l'on peut courir en admirant le paysage (1).

Comme je suis encore en pleine période de travail et que mon métier est physique, et que j'avais la veille terminé tard + trajet de vélotaf, et que même en grande forme je suis extra-lente, je ne comptais pas faire les 26 km. 

Je m'étais fixée de tenter de suivre le groupe "reconnaissance en 4h" jusqu'à si possible le lieu du ravito de la course, puis continuer jusqu'à une douzaine de kilomètres en tentant de courir puis selon où je serais couper ensuite assez directement vers Bouffémont.

Je connais la côte du cimetière, première difficulté dès les premiers kilomètres et remarquablement casse-pattes et emballeuse des cœurs. Alors je suis partie à l'avance ce qui m'a permis d'intercaler une brève pause pipi en attendant le groupe, le froid ayant toujours sur moi une sorte d'effet diurétique. 

Au demeurant il ne faisait pas si froid, sans doute 5 à 7°c et une belle grisaille mais sans pluie, juste un moment de petit crachin. Ma tenue, mais je l'avais déjà testée dans des conditions similaires, s'est révélée parfaite : collant 2XU long, petit short Levallois Triathlon pour le chic, haut 2XU long porté avec un soutien-gorge - le jour de la course je m'en passerai sans doute, seulement je me méfiais d'avoir à me changer au cul du coffre de la voiture avant de repartir -, par dessus, une veste thermique légère du club, conçue pour le vélo mais que je trouve parfaite pour la C.A.P. l'hiver, en plus que les poches arrières c'est top pour mettre des mouchoirs et des gels ou du petit ravito.

Note pour les "vrais" coureur, celles et ceux qui font des temps et maintiennent bonne allure : ce type de veste pour vous est trop chaud. C'est bien pour les coureurs lents qui restent de fait longtemps au froid et n'ont pas un rythme qui les réchauffe tant.

Pour compléter l'équipement deux tours de cou, un bonnet technique (même matériau un peu que la veste thermique légère) et des mitaines de VTT, utiles en cas de chutes et pour les éventuels passages cordés. 

Pour le ravito : quelques barres et gels. Comme souvent je n'en ai mangée qu'une et absorbé qu'un. Et de l'eau citronnée (mais 250 ml me suffisent, du moins l'hiver).

La forêt me paraît toujours aussi dévastée sous couvert de lutte contre des maladies des arbres et de reboisement. Le parcours cependant couvre certaines belles parcelles. Finalement je suis parvenue à suivre le groupe et sans souffrance jusqu'après Montlignon et le lieu du ravito. Puis après la zone urbaine on repiquait vers la forêt après une montée. J'ai vu JF me faire signe de loin, On remonte vers la gauche et le temps d'arriver à ce croisement, plus personne en vue à part quelqu'un qui promenait son chien. Je l'ai déjà constaté mais c'est stupéfiant à chaque fois : à quelle vitesse on peut perdre de vue un groupe dans lequel on était et qui nous semblait aller si peu plus vite que notre propre allure. On peut se retrouver entièrement seul·e·s d'un seul coup. Ça me rappelle la rapidité sidérante à laquelle des toddlers peuvent échapper à la vigilance de leurs parents. 

On était presque à 11 km. Alors j'ai couru sauf les montées jusqu'à la hauteur de la vierge noire, croisant au passage les gars d'un des groupes plus rapide qui sympa, m'a indiquée que j'étais tout près, mais je le savais et ne souhaitais pas nécessairement faire la montée : il était temps pour moi de repiquer vers le Château de la Chasse puis Bouffémont. J'ai envoyé un SMS pour prévenir que je coupais directement et puis ai continué à présent en mode récupération (active : quand ça pouvait je courais, mais en vitesse marathon lent, easy run).

Vers le Château de la Chasse j'ai entrevu le groupe que j'avais quitté, seulement je ne souhaitais pas faire un plus grand crochet. Ça m'a permis de supposer que j'avais un peu de temps et de tenter après avoir rejoint la route des crêtes un peu de sortie des sentiers battus (au sens littéral). Ce petit moment de pure liberté m'a fait un bien fou. 

Et je suis arrivée pile un tout petit peu avant le groupe. Nous avons même eu le temps de nous changer puis retrouver les camarades de mon club qui avaient fait avec un groupe rapide la reco intégrale. J'aurais mis 3h23 pour faire 17 km avec trois temps d'arrêt (ravito et pauses pipi) et vers la fin des passages montés intégralement marchés.

C'était la première fois que je parvenais à suivre un groupe aussi longtemps et où nous rentrions avec d'autres personnes (et non pas alors que tout le monde était déjà reparti). 

Après-midi consacrée à récupérer de la nuit trop courte (2) et de l'effort fourni. C'est ce qui change le plus en vieillissant : si on a la chance de la bonne santé on peut toujours faire les choses et à niveau de plus jeunes (ça vaut pour presque n'importe quel travail ou activité) seulement il nous faut davantage de temps pour récupérer. 

 

(1) Oui, je ne suis pas une grande compétitrice, de celles et ceux qui sont seulement concentré·e·s sur leur performance. 
(2) Comme je vélotafe et qu'à la librairie j'avais accompagné la fermeture, j'étais rentrée la veille au soir vers 21h30. 

 


Ma Normandie me déçoit

 

    En août j'ai eu une fausse joie : j'ai cru que la petite ville de #MaNormandie s'était mise à la transition écologique et procédait la nuit à l'extinction des feux. Les principaux carrefours restaient éclairés et pour le reste : le noir. C'était beau. On voyait de nos fenêtres les étoiles. 

Alors ça n'aura été que sur une période puisqu'à présent c'est revenu, la lumière dans la petite ville toute la nuit sans arrêt. 

Je suis une indécrottable optimiste, au fond ; toujours prête à croire que l'on va vers le mieux.

Une maison que mes grands-parents possédaient et dans laquelle ma grand-mère et son dernier-né étaient mort à la fin de 1944 vient d'être vendue. Je l'apprends par le panneau "à été vendue" accroché par une agence. Si seulement j'avais su qu'elle était à vendre j'aurais pu tenter de faire quelque chose (1). C'est irrationnel mais j'ai ressenti cette vente sans que je puisse au moins tenter ma chance comme une trahison. Et le fait de ne l'avoir pas su comme un grave manquement à la mémoire de mes ancêtres, comme si j'avais commis une faute vis-à-vis d'eux.

 

Un arbre de type acacia que nous avons au fond du petit jardin a subi une violente attaque de quelque chose : branche principales arrachées. J'en ai ramassé une. Le reste étrangement n'y est plus. Y aurait-il eu une tempête particulièrement meurtrière entre le 2 septembre et le 1er novembre ? Le propriétaire du champ derrière, où paissent des vaches - je ne vois pas trop en quoi un arbre de taille modeste au fond de notre jardin aurait gêné même s'il dépassait un brin de la clôture (2) - serait-il un malotru ? Ça me paraît insensé.
Que s'est-il passé ?

Je vais essayer de sauver l'arbre puisque le mal est fait.

 

(1) Ma mère et ses sœurs avaient souhaité la vendre au lendemain de la mort de leur père qui l'avait toujours conservée mais la louait (il habitait au dessus et derrière sa boutique, sur la place de la petite ville). Pour elles cette maison était celle du malheur. Pour moi elle est celle de l'âme de ma grand-mère (et aussi : très belle à l'intérieur, un oloé parfait ; j'adorais son grenier). Bref lors de la vente précédente, je n'avais pas eu voix au chapitre.

(2) Et quand bien même, il convenait d'abord de nous contacter.


Les oiseaux changeants


    Hier lors de mon entraînement de course à pied, alors que je passais, Parc des Impressionnistes près d'un vieil arbre que je chéris, j'ai été croisée par une mésange bleue. Ça m'a fait chaud au cœur. Longtemps que je n'en avais pas vue.

Cela m'a refait pensé qu'en une quarantaine ou cinquantaine d'années, alors que je suis restée à vivre en Île de France, j'ai eu le temps de voir la composition des peuples d'oiseaux de nos parcs et jardins visiblement changer. Et encore, je ne suis pas une experte et je suppose que si j'étais davantage compétente je pourrais témoigner de bien plus de changements.

D'ailleurs les oiseaux ne sont pas les seuls concernés, il y a les papillons, si nombreux dans mon enfance et mon adolescence, dès qu'arrivaient les beaux jours, au point que nous n'y prêtions plus trop d'attention malgré des robes chatoyantes ; si rares à présent.

Concernant les oiseaux, le point remarquable est peut-être qu'ils restent globalement nombreux. Seulement ce ne sont plus tout à fait les mêmes. 

Le plus impressionnant c'est la raréfaction des moineaux. Ils pullulaient. Ils sont encore présents mais si rares. 

Les pigeons n'étaient pas très nombreux en grande banlieue, on voyait plutôt des colombes d'ailleurs. À Paris ils étaient majoritaires et le sont restés. Je ne saurais dire si leur nombre s'est accru. 

Il y avait des mouettes et goélands dans les villes fluviales, Seine comme Oise, il y en a toujours. Peut-être un peu plus nombreuses.

Les pies étaient rares, on s'appelait quand on en voyait une, Hé, regarde, une pie ! Elles sont à présent nombreuses dans les parcs parisiens. Qu'est-ce qui a fait qu'à un moment donné leur nombre a augmenté ? 

Les mésanges et les rouge-gorges étaient minoritaires par rapport aux piafs mais cependant suffisamment fréquents pour que les croiser ne soit pas un événement. Ça l'est hélas devenu.

Les merles en tout cas dans le Val d'Oise étaient une espèce répandue qui nous gratifiait à certaines saisons de jolis concerts. La présence d'un merle à présent se remarque. Sans être rares, ils ne sont plus si fréquents.

Il y avait des hirondelles, on observait leur vol aux saisons de migration, alors qu'elles se rassemblaient. J'en croise encore parfois, rarement groupées. 

On voit beaucoup plus de passereaux gris ou marrons sombres, ceux-là en foules criardes, que je ne sais identifier. Je n'ai pas capté leur saisonnalité. Parfois sous leur nombre, un arbre semble être de lui-même animé. 

Les corneilles et d'autres plus grands corbeaux n'étaient pas rares mais se cantonnaient aux champs et aux tableaux du célèbre Vincent. Les voilà en ville à présent, peu farouches et intelligents. Elles me donnent toujours l'impression qu'il suffirait de pas grand chose pour que nous puissions communiquer. Une des personnes que je suis sur Twitter en a recueilli une qui devait être blessée et s'efforce de lui rendre progressivement son autonomie. Je pense que dans mon enfance, en ville et même dans les zones densément habitées de banlieue ça n'aurait pas été possible, je veux dire non de le faire mais de trouver sur son chemin une corneille blessée, à moins d'aller crapahuter dans les parties encore en campagne. 

Comme il y a davantage de zones humides, pour certaines artificielles (des étangs dans des parcs très étudiés), les canards, cygnes et autre oiseaux d'eau, y compris les hérons sont devenus fréquents. Un héron en pleine ville, c'est beau et ça surprend.

Voilà, ce sont des observations totalement empiriques, au ressenti de mes déplacements, et chasse-photos et d'écouter leur chants. J'ai cependant la conviction que : moins de passereaux plus (+) de pies et corbeaux correspond à une réalité. 

 

PS : Un très beau blog si vous souhaitez identifier un oiseau rencontré. 

 

 

 

 


Chez Théo et Vincent

 

Aujourd'hui le livreur de chez Speed a tenu parole et appelé pour préciser son horaire quand il a su comment ça se goupillait. Cela m'a permis de l'attendre puis pouvoir ensuite déjeuner en paix et même m'accorder 15 minutes pour profiter de l'environnement, ce que depuis dix jours que je travaille en VanGoghLandie, n'avait pas encore été réellement possible (allez, 5 minutes un autre midi où le livreur était passé tôt).

Voici donc : 

The Real Church 

 

 

The Famous Field 

And some Path Like They Used To Be 

En vrai ça n'était que 12 minutes de marche, une bouffée de balade.


Je pensais à ma défunte ancienne amie Éliane. Nous vînmes là avec elle (et sa nièce alors enfant). Au tout début des années 2000, probablement. 

PS : Son travail était plus classique, on parle de nos jours moins de lui, mais Auvers sur Oise est aussi le lieu pour admirer des œuvres de Charles-François Daubigny 


La maladie de l'encre

    Capture d’écran 2018-12-23 à 21.59.21C'est un touite de Matoo qui a attiré mon attention sur un autre, de Métaninja que je ne connaissais pas et voilà que j'apprends que la forêt de Montmorency, composée à 70 % de châtaigniers voit cette espèce atteinte par la maladie de l'encre qui est d'autant plus redoutable que des périodes pluvieuses ont précédé des périodes de sécheresse. Pas de traitement connu à ce jour alors c'est un excellent prétexte, sous couvert de tenter de borner les zones contaminées et de sécurité (ça se conçoit, les arbres fragilisés aux racines peuvent tomber) pour procéder aux abattages et exploiter le bois.

Le communiqué de presse de l'ONF peut être consulté en suivant le lien de cet article.

Je l'avoue je commençais à croire à un projet immobilier monstrueux - il y avait bien un projet de centre commercial géant Europacity, qui même s'il semble être abandonné peut renaître ailleurs pas loin - et à une surexploitation forestière éhontée. Je reste un brin dubitative quant à l'ampleur des abattages. 

Une forêt qui se meurt c'est toujours triste. Il se trouve que c'est ma forêt d'enfance et d'adolescence, que j'avais retrouvée avec bonheur en 2016 par le double biais d'un joli emploi à Montmorency et de la pratique de la course à pied. Comme pour Taverny, ça n'aura été des retrouvailles que pour une forme d'adieu. 

Grand merci à Matoo et Métaninja pour l'info. C'est toujours mieux même en très triste de connaître une explication. 

Les arbres, les abeilles et les papillons se meurent et pas seulement ici. Les soubresauts politiques si sombres et violents soient-ils ne sont peut-être que secondaire face à un péril d'avenir qui semble se préciser. Corneilles, on compte sur vous qui êtes capables de raisonnements combinés

 


Triste d'avoir eu raison enfant

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C'est ce pouët de Nate Cull qui m'y a fait songer : en fait notre époque est en train de donner raison à mes convictions enfantines, que les adultes ou les autres enfants s'étaient empressées de balayer d'un revers de main, d'une contrainte d'autorité, d'un ricanement.

Je me souviens très bien petite d'avoir tenté de lutter pour mon alimentation, avec des arguments qui, sauf concernant la préservation de la planète car comment aurais-je pu savoir que les élevages tourneraient à ce point ignoble d'industrialisation, étaient ceux des végans de maintenant.  Je n'avais pas les mots, à peine les arguments, Mais comment on peut manger des mammifères comme nous ? Mais le lait de la vache il n'était pas pour le veau ? ... et tout ce que j'ai réussi à faire c'est à ne pas me laisser imposer de manger du cheval (repas refusé alors que j'avais faim). C'était inaudible de la part d'adultes qui avaient soufferts de la faim enfants ou adolescents pendant la guerre, de la part de parents si fiers de pouvoir fournir des repas carnés au lieu de seulement le dimanche et de la soupe sinon, et dans mon cas comme j'étais réputée anémiée (1), on finissait de toutes façons par m'obliger, au nom de ma faible santé.

Je me souviens très bien, un peu plus grande, d'avoir été sensible au risque nucléaire (2), si j'avais été libre de mes mouvements je serai allée manifester à Flamanville et j'ai enquiquiné pas mal d'adultes pour qu'ils signent une pétition contre l'implantation d'une centrale à Plogoff (3), cette dernière protestation fut finalement victorieuse, quand je me rends au Guilvinec je me sens fiérote de la moi ado. [comme si ma si petite et limitée mobilisation avait été décisive, t'as qu'à croire].

Je me souviens qu'à la rentrée de septembre 1976 nous avions eu comme sujet de rédaction "Racontez un événement qui vous a marqué cet été", et que j'avais évoqué la catastrophe de Seveso, j'étais bien la seule. Je crois que j'avais eu une bonne note mais avec une remarque de la prof perplexe, qui n'avait pas songé qu'on puisse trouver marquant un événement général ; elle avait pensé que l'on parlerait de nos vies. Nous devions être deux ou trois dans ce cas, les autres ayant été marqués par des événements sportifs ou musicaux ou quelque chose de type mariage princier. J'étais en grogne permanente contre les avions qui polluaient l'air avec leur kérosène, il faut dire qu'avec Roissy tout proche il nous en passait beaucoup au dessus et une chieuse de l'empêchage des autres de jeter n'importe quoi n'importe où - c'était une époque où dans la rue, les gens jetaient par terre sans trop de scrupules qui un papier, qui un mouchoir de type kleenex, c'était récent, il n'y avait pas d'usage déterminé (4). Pour les mégots, la question ne se posait même pas, c'est intéressant qu'elle commence à poindre seulement ces dernières années, je crois que c'est parce qu'on supposait que le mégot c'était du tabac, un truc organique qui se dissoudrait. Contre l'usage de la voiture, je n'étais, en revanche, pas mobilisée : il y avait un conflit de loyauté vis-à-vis de mon père qui bossait dans une usine de construction automobile à Poissy, si l'usage se réduisait il pourrait perdre son travail. Je me bornais à me désolidariser des promenades du dimanche en voiture pour seulement se promener le dimanche en voiture, grande distraction des petites familles dont les chefs de famille avaient grandi lors d'un temps où avoir une bagnole était un suprême life achievement. On commençait tout juste à concevoir que fumer ne faisait pas de bien aux poumons de la personne qui le faisait, et que vraiment quand il y avait un embouteillage, l'air faisait tousser. Mais de là à penser à la tabagie passive et au fait que le petit pot d'échappement de ta petite voiture crachait l'encrassage des poumons du passant, il y avait un gouffre d'ignorance confortable.

En revanche nous étions très conscients que si l'humanité continuait à proliférer à la même vitesse, les ressources de la planète s'épuiseraient. Seulement les progrès avaient été si fulgurant lors des trente dernières années que l'on faisait une confiance éperdue en "les savants du futur" qui sauraient nous sortir de là, on mangerait des trucs en pastilles comme les cosmonautes dans leurs fusées.

Enfin je me souviens que Le président Carter (5), dans ses efforts, n'avait pas été pris très au sérieux - quand on pense quel président finalement fort décent il avait été quand on voit ce qui est maintenant au poste qu'il occupa -. Pour ma part à seize ans, je me rassurais en me disant vaguement que s'il allait faire plus chaud on allait moins utiliser de mazout de chauffage et que donc ça ralentirait qu'il fasse plus chaud. Et puis que la France se retrouve potentiellement avec le climat de l'Italie, je trouvais ça plutôt chouette comme perspective, en fait.

À part ce point d'optimisme juvénile, je me rends compte que l'époque et l'évolution de la situation ont rattrapé mes objections enfantines ou adolescentes, et j'avoue que c'est terrifiant. Je suis si triste d'avoir eu jadis raison.
Quant aux savants capables de nous tirer d'affaire, même si la technologie a progressé plus encore que dans nos imaginations les plus débridées, rien n'a changé, on les attend.  

 

(1) Je l'étais, mais plus sérieusement encore que ce que l'on croyait
(2) À 12 ou 13 ans je suis tombée en vocation sur tout ce qui concernait les atomes, un an après la relativité et au lycée la physique quantique.
(3) Un résumé des luttes de l'époque qui me semble correspondre assez bien aux souvenirs que j'en ai par ici.
(4) On a pu observer la même chose avec les téléphones portables, les premiers temps les gens faisaient n'importe quoi car pour beaucoup s'il n'y a pas un code auquel se conformer, c'est leur confort personnel sans gêne qui l'emporte. 
(5) J'ignore pourquoi mais on disait Nixon, puis Reagan, et les Bush furent père ou fils mais Carter c'était Président Carter, de même que Kennedy, c'était plus souvent Président Kennedy que Kennedy tout court.  


La météo des plages

 

    Je ne devrais sans doute pas, il s'agit peut-être de conséquences du dérèglement climatique lié au n'importe quoi des humains, mais j'ai bien ri de tomber sur ces deux articles presque en même temps.

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L'Australienne disparue et l'Irlandaise réapparue sont-elles une seule et même plage qui se serait déplacée ?


Ce texte est capital

 

    Je me permets exceptionnellement de le citer in extenso car il est important que le plus de monde possible le lise et sache : 

L'original est
Article de Gerald Markowitz et David Rosner dans "Le Monde" 

Contaminations : « Les zones mortes, prélude d’une planète sans vie »

Les dégâts environnementaux infligés par l’homme sont irréversibles, alertent Gerald Markowitz et David Rosner, deux historiens des sciences américains, dans une tribune au « Monde ».

LE MONDE |  • Mis à jour le  |Par Gerald Markowitz (historien des sciences) et David Rosner (historien des sciences)


 

La rivière Athabasca (Canada), d’après une photographie de Samuel Bollendorff.

[Dans le cadre de notre opération « Contaminations », nous avons sollicité deux historiens des sciences, Gerald Markowitz (John Jay College of Criminal Justice) et David Rosner (université Columbia à New York) qui ont consacré toute leur carrière à l’étude des pollutions industrielles, notamment le plomb et les polychlorobiphényles. En janvier, les deux Américains ont mis en ligne des milliers de documents internes de firmes (« Toxic Docs ») qui dévoilent les stratégies des industriels pour dissimuler ces crimes environnementaux. Ils lancent une mise en garde sur les conséquences tragiques de notre usage de la planète.]

La planète est un endroit remarquablement résilient. Au fil des siècles, l’homme en a détruit les forêts naturelles, brûlé les sols et pollué les eaux pour finalement constater que, dans l’ensemble, la planète s’en remettait. Longtemps, les villes se débarrassaient de leurs déchets dans les rivières, tandis que les premières usines construites le long de leurs rives disposaient de ces cours d’eau comme de leurs propres égouts ; autrefois sans vie, ces rivières peuvent retrouver une vie foisonnante pour peu qu’on leur en laisse le temps.

Ceux d’entre nous qui ont atteint un certain âge et ont grandi à New York se souviennent sans doute des bancs de poissons morts qui venaient s’échouer sur les rives de notre fleuve Hudson, zone morte il y a peu encore, et aujourd’hui si belle. Les forêts, rasées pour laisser place à des champs, reviendront vite une fois l’homme parti. Il suffit de se promener dans les bois verdoyants de la Nouvelle-Angleterre et d’imaginer, comme le poète Robert Frost, être les premiers à s’émerveiller de leur beauté pour tomber aussitôt sur des ruines des murets de pierre qui clôturaient autrefois les pâturages.

UNE NOUVELLE RÉALITÉ ÉBRANLE LES FONDEMENTS DE NOTRE DROIT DE POLLUER À VOLONTÉ EN CROYANT QUE LA NATURE FINIRA PAR TRIOMPHER

C’est alors seulement que nous en prenons conscience : ces arbres sont encore jeunes, et, il n’y a pas si longtemps, l’homme dénudait ces terres pour y développer pâturages et cultures. Nous nous sommes consolés en pensant que l’on pouvait gommer les atteintes que nous infligeons à l’environnement et que la nature pouvait guérir, à condition de la laisser en paix et de mettre fin à nos comportements destructeurs.

Mais une nouvelle réalité ébranle les fondements de notre droit de polluer à volonté en croyant que la nature finira par triompher. Et de plus en plus, cette réalité met au défi ce réconfort sur lequel nous nous étions reposés. Au cours du XXe siècle, nous avons non seulement modifié la surface de la Terre pour satisfaire notre dessein, mais nous l’avons fait de manière irréversible, au point qu’elle pourrait menacer notre existence même. Nous avons créé des environnements toxiques en faisant usage de technologies inédites et de matériaux de synthèse que la planète n’avait jamais connus.

Lire aussi :   A Anniston, les fantômes de Monsanto

Au début du XXe siècle, des usines gigantesques employant des dizaines de milliers d’ouvriers ont remplacé la fabrication à domicile et les artisans qualifiés pour devenir les lieux de production de nos vêtements, de nos chaussures et d’une myriade d’objets de consommation. La quasi-totalité des objets de notre quotidien provient de ces usines, depuis les plaques de plâtre jusqu’aux revêtements de toit et de sol en passant par nos ordinateurs ou nos environnements de travail. Dans notre cadre de vie, il n’y a rien, ou presque, qui ne sorte pas d’une usine.

Nous savons depuis longtemps que nombre de ces matériaux sont toxiques et peuvent détruire des vies. Si la nature peut se régénérer, certaines de ces substances toxiques tuent des travailleurs qui, eux, ne peuvent pas reprendre leurs vies : dans l’industrie, les ouvriers sont frappés depuis plus de deux siècles par ce fléau qu’est l’empoisonnement au plomb contenu dans les pigments des peintures ; on sait depuis le début du XXe siècle que le mercure tue les travailleurs ; et la poussière de charbon est identifiée comme cause de cancer du scrotum depuis l’époque de William Blake [artiste britannique de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle].

AUJOURD’HUI NOUS SOMMES PEUT-ÊTRE CONFRONTÉS AU SACRIFICE DE L’ENSEMBLE DE LA POPULATION

Mais les matériaux que nous fabriquons en usine n’ont plus rien à voir avec les produits naturels dont ils sont dérivés. Ils sont à l’origine de maladies nouvelles et de dangers auparavant inconnus. Ce sont les ouvriers qui, pour l’essentiel, ont payé le prix de la découverte de ces maladies : angiosarcome du foie causé par l’exposition au chlorure de vinyle monomère, élément constitutif des plastiques PVC ; mésothéliome causé par l’inhalation de poussière d’amiante ; leucémies causées par l’exposition au benzène et à d’autres hydrocarbures aromatiques.

Nous avons toujours sacrifié les travailleurs, victimes d’accidents industriels et de produits chimiques toxiques, mais aujourd’hui nous sommes peut-être confrontés au sacrifice de l’ensemble de la population. Plastiques et produits chimiques : des produits de synthèse que ni l’être humain ni la planète n’avaient côtoyés avant le XXe siècle sont maintenant déversés en permanence sur nos sols, dans les océans et dans l’air. Ces polluants provoquent des maladies, anéantissent les espèces et mettent l’environnement en danger.

A Anniston, plus de 50 ans maisons et deux églises ont été rasées. Tout le monde est parti. Ici, on peut relever des taux de PCB 140 fois supérieurs aux limites tolérées .

Dans les années 1980, les scientifiques ont identifié les impacts environnementaux majeurs de cette cupidité : pluies acides menaçant nos forêts, trous de la couche d’ozone laissant les rayonnements dangereux atteindre la surface de la Terre. Nous avons permis aux industriels de faire usage de notre monde comme de leur décharge privée et la source de leurs profits au point de menacer l’existence même de la vie telle que nous la connaissons. Des espèces disparaissent à un rythme inédit ; les températures moyennes augmentent sur toute la planète, entraînant guerres, famines et migrations de masse.

NOUS SOMMES EN TRAIN D’ENGENDRER UN MONDE DYSTOPIQUE OÙ SEULS LES PUISSANTS ET LES RICHES SERONT EN MESURE DE SURVIVRE, CLOÎTRÉS DERRIÈRE LES MURS DE LEURS ENCLAVES PRIVILÉGIÉES

Nous avons accepté que les ouvriers et le reste de la population soient les principales victimes de cette cupidité, mais nous risquons désormais d’accepter que des régions entières deviennent inhabitables. Tchernobyl (Ukraine) et Fukushima (Japon) sont sans doute les cas les plus connus. Mais le péril, en Europe et aux Etats-Unis, n’est plus un secret : Anniston (Alabama), Dzerjinsk (Russie), les océans et d’autres endroits à travers le monde sont pratiquement devenus des zones mortes où les produits industriels ont endommagé l’environnement de manière irrémédiable.

Alors que nous observons les effets du réchauffement climatique submerger les nations, de nouvelles questions, d’ordre plus existentiel, surgissent aujourd’hui. Nous produisons des matériaux « contre nature » pour l’être humain et la planète ; leurs conséquences sont irréversibles et rendent la vie impossible pour des millions de personnes. Nous sommes en train d’engendrer un monde dystopique où seuls les puissants et les riches seront en mesure de survivre, cloîtrés derrière les murs de leurs enclaves privilégiées. La planète est certes résiliente : elle continuera de tourner sur son axe et d’accueillir la vie. Mais que cette vie prenne la forme d’êtres humains, rien n’est moins sûr.

(Traduit de l’anglais par Gilles Berton)

Gerald Markowitz est professeur d’histoire émérite au John Jay College of Criminal Justice et au Graduate Center de l’université de la ville de New York ; David Rosner est professeur de sciences socio-médicales et d’histoire à la Graduate School of Arts and Sciences de l’université Columbia à New York.


La Seine en (forte) crue (ça continue)

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Pour des raisons indépendantes de ma volonté, je n'ai pas pu aller m'entraîner ce matin dans la forêt [de Montmorency], je suis donc partie seule pour un de nos parcours d'entraînements habituel : les quais, Levallois, l'Île de la Jatte, et retour avec quelques tours du Parc des Impressionnistes selon le temps restant.

J'avais déjà effectué ce parcours depuis le début de la crue. Et des crues de la Seine, j'en ai vu bien d'autres. Celle de juin 2016 fut impressionnante aussi. Mais j'ai l'impression que les niveaux atteints sont cette fois supérieurs. 

Je n'avais pas souvenir des maisons devant être protégées (et peut-être évacuées : sauf une, la plupart semblait vides), ni celui de l'eau devant être pompée, ni non plus ces squares sur la face sud de l'Île et qui normalement surplombent l'eau par une volée de marches assez raides, plongés sous l'eau. Ni non plus des terrains de tennis totalement submergés alors qu'à l'ordinaire ils sont bien en surplomb.

Je sais que les photos de crue font surtout sens à qui connaît les lieux en leur aspect ordinaire. Mais je crois que cette fois c'est suffisamment spectaculaire pour parler à tous. 

C'est un album en vrac, des photos de téléphone saisies à la volée, en courant, et pas le temps d'effectuer le moindre tri :

La Seine en crue - février 2018 

 

PS : J'aimerais savoir quel est l'oiseau de la photo. Il plongeait profondément et semblait se régaler.