La mémoire des habits

 

    La pandémie et plus particulièrement l'enchaînement premier confinement (en Normandie pour nous) suivi derechef d'un nouveau job nouveau métier à apprendre sur le tas et fissa, en mode gros temps plein dans des conditions bizarres (les confinements suivants, et le Covid_19 qui faisait des ravages dans nos rangs), ont marqué un tournant dans le fonctionnement de ma mémoire. Comme s'il fallait effacer des rubriques anciennes pour faire de la place aux nouvelles données à ingurgiter, toute une partie du pan "mémoire des vêtements" semble avoir disparue. Ou du moins, je n'y ai plus accès.

Or j'étais jusqu'à présent une faible acheteuse d'habit, plutôt prompte à les user jusqu'à la corde. Et puis j'ai eu une période de travail dans le XVIème arrondissement de Paris lors de laquelle j'ai garni la garde-robe familiale de dépôts effectués par les très fortunés.
J'aime aussi en acheter lors de voyages : c'est un souvenir utile à (rap)porter et relativement léger. Sans parler des longues années durant lesquelles je souffrais du froid, intensément, et finissais toujours par acheter d'urgence quelques pulls.
Et de la partie contrainte de ma garde-robe : pour les différents emplois que j'ai occupés il me fallait des tenues différentes et pas trop portées.

Jusqu'à cette particulière année 2020, je pouvais dire pour chaque pièce d'habits à quelle période en quelle année à quel endroit à quelle occasion je l'avais acquise, j'avais cette mémoire, précise. 
Depuis, lorsque je m'habille comme souvent en Tombé de la pile, je récupère un vêtement et me demande, Tiens, d'où il sort celui-là ? Est-il à moi ? Est-ce un de l'époux posé par erreur de mon côté ? Un trop-petit du fiston (1) ? Un qui était chez mes parents (2) ?
Étrange conséquence que le Covid aura eu pour moi quand d'autres y laissent plutôt le goût et l'odorat.

Et puis ce matin c'est un polo qui a dégouliné du tas jusque dans mes mains et je me suis instantanément souvenue de la boutique de surplus de golf, coincée entre périph et pont de chemins de fer, que j'étais allée voir par curiosité un jour (à force de l'entrevoir lors de trajets) et où j'avais fait quelques emplettes. Elle a disparu, désormais et le petit bâtiment semblait promis à la démolition.
Peut-être que mon amnésie des habits est en train de passer ?

 

(1) Je m'habille volontiers en trop-petits du fiston qui les a laissés là lorsqu'il est parti s'installer en colocation et sont, comme souvent les vêtements d'hommes, pratiques, confortables, avec de grandes poches parfaites et de qualité.
(2) Comme j'étais seule pour faire le tri de leurs vêtements, je n'ai jeté que ceux dont les tissus étaient dégradés et gardé le reste, d'autant plus qu'il y avait aussi entreposés dans la maison, plus grande que nos logis respectifs, des "on le met plus, mais peut-être qu'un jour si donc on ne veut pas le jeter" que pour nous ils stockaient. Ce qui fait un paquet de frusques ou tenues jolies dont on ne sait plus trop quoi fut à qui. 


Parfois la vie c'est bien foutu (mais il faut vite en profiter parce que ça ne dure pas)

 

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Ça démarrait, moyen, exactement comme l'autre jour, mais à tout prendre je préfère ça et que ça finisse bien plutôt que des journées entamées sans nuages, un jour à la Foire du Livre de Bruxelles, je dois retrouver une grande amie et cueille l'annonce d'une rupture, un dimanche de juin, tranquille, course à pied, la forme, je rentre et trouve un mail d'un bien-aimé au début tout à fait courant, sur le principal sujet en cours (une rencontre littéraire qu'on organisait) et puis presque en PS, l'annonce aussi d'une rupture (ou plutôt d'un changement de rôle, comme si les femmes étaient des pions), un dimanche brumeux d'un mois de janvier qui me voyait travailler dans les trop beaux quartiers et une collègue à la caisse qui lisait les infos entre deux clients qui pâlit - Il y a eu un attentat -, un vendredi de novembre, nous sommes au festival d'Arras, les films sont formidables, un peu de remue-ménages vers les places réservées lors de la projection du soir et puis à peine le générique entamé, l'annonce et un texto de ma fille, Paris est à feu et à sang ... Bref, je finis par vraiment préférer les journées qui démarrent avec un peu de poisse (mais pas trop), c'est devenu rassurant. 

Et donc voilà celle-ci, le début pas mal - démarrer la matinée en nageant, rayons de soleils par moments, c'est beau, c'est bon, quel bonheur !, un petit-déjeuner littéraire passionnant -, je parviens à en profiter même si les lendemains d'attentats sont toujours délicats, une amie concernée mais de par son métier (1), et puis la "usual poisse" qui réapparait sitôt le téléfonino rallumé après : deux mauvaises nouvelles coup sur coup, rien à voir entre elles, une réapparition d'inquiétude pour quelqu'un que j'aime (entre autre). Rien de dramatique, c'est déjà beaucoup, mais une journée ensoleillée qui d'un coup s'assombrit.

C'est dans ce petit nuage gris que filant prendre le RER qui m'approche du travail, en plein milieu d'un trottoir, j'ai trouvé un coupe papier. Un de ces trucs so seventies avec le manche en marbre (ou pseudo, mais assez lourd), là par terre, loin de toute poubelle, loin de toute raison plausible qu'il ait atterri là. Au demeurant pas très loin d'une école maternelle, alors je m'en saisis avant qu'un bambin ne soit tenté d'en faire autant. Ce n'est qu'un vieux coupe-papier mais quand même. 
Ensuite, il y a eu le trajet, le travail, et j'ai oublié l'avoir fait. 

Au soir je suis dans une librairie, pas n'importe laquelle, et je tombe sur les Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon dont je suis une fan absolue - cet art du raccourci -. Elles sont dans une très belle édition illustrée et reliée à l'ancienne : les pages encore à découper. 

Au métro du retour, illumination soudaine : j'ai ce qu'il faut pour procéder.  J'ai ainsi pu commencer à bouquiner : je disposais comme par enchantement et le l'objet et de l'outil. Joli cadeau de la vie. 

(dommage que ça soit dans l'ensemble trop rare, et que ça ne dure pas)

 

 

(1) C'est fou cette loi du "au moins une" : à chaque attentat perpétré dans une grande ville d'Europe, je (on ?) connais au moins une personne concernée d'une façon ou d'une autre. Et donc là c'est une amie que son travail amène à devoir rencontrer des témoins. Et bien sûr plusieurs autres présents à Londres et pour lesquels on s'est brièvement inquiétés - je me demande si le Brexit viendra modifier ça : beaucoup moins de parisiens qui vont à Londres comme de rien -. 


Trois gants (pour une Gilda)


Sur le chemin de retour de la délicieuse soirée organisée par ses éditeurs pour "Manderley for ever", en 50 mètres vers le Bon Marché nous avons trouvé trois gants, deux mains droite et une gauche, deux d'homme et un de femme, deux en cuir dont l'un très fin et l'un de sport.

Au troisième, j'étais hilare. Tant de gants pour une Gilda !

Au demeurant, petite perplexité, pourquoi diable plusieurs personnes avaient-elles perdues ce jour-là un de leurs gants au même endroit ?

 

PS : En arrivant vers la maison nous avons trouvé un manuel d'utilisation de l'antivirus qui est utilisé à mon travail. Neuf, sur le trottoir. La vie multiplie les petites étrangetés.

 


À 50 ans elle découvre enfin quel est son super-pouvoir

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Nous avons tous au moins une addiction et un super pouvoir. Proserpine, habitante de Clichy la Garenne savait depuis l'âge de 8 ans que son addiction était la lecture. Ce qu'elle n'a découvert qu'à 50 c'est que son super pouvoir était de passer commande à la rue de ce qui lui manquait comme objets courants de la vie quotidienne. Il y avait déjà eu plus d'une fois quelques jolies fortunes d'encombrant. Ainsi ce siège pour poste de travail informatique trouvé 2 jours après s'être fait la remarque que celui du fiston était vraiment trop usé. Une chaise trouvé au surlendemain d'avoir usé jusqu'au vide la paille de la sienne. Un carton plein d'enveloppe à la veille de devoir effectuer un envoi en nombre - pas tout à fait au bon format les enveloppes mais néanmoins utilisables -. Mais la confirmation qu'il ne s'agissait pas simplement de hasard est arrivée en ce 31 juillet.

Elle avait en effet perdu ou égaré son porte-monnaie quelques temps plus tôt. Leur dernier moment commun identifié fut lors que l'affranchissement d'un courrier destiné à la Sécurité Sociale et qu'elle avait cru pouvoir déposer dans la boîte à lettre de cette administration. Cette dernière venait hélas d'être condamnée et il avait fallu filer à la poste afin d'affranchir la lettre. Les derniers centimes du porte-monnaie y étaient passé. Peut-être parce que si vide et devenu trop léger, il avait disparu dans la foulée (tombé sans faire de bruit ?). Il convenait donc d'en racheter un. Comme il n'y avait rien ou peu à mettre dedans dans l'immédiat, elle avait décidé d'attendre le début d'août.

Par ailleurs ayant entrepris quelques rangements et une collection de documents officiels récents à classer elle avait noté la nécessité d'acquérir des pochettes transparentes perforées. L'urgence n'était pas telle qu'il fût impossible d'attendre le début du mois suivant pour engager cette dépense.

Il s'est trouvé que dans une petite poubelle des beaux quartiers, soigneusement déposé près d'une poubelle officielle, un de ces sacs cartonnés de restauration rapide (dans lequel restait aussi canettes et paquets de gâteaux vides et quelques autres vrais déchets, mais propres, de ceux que selon les villes on peut ou non recycler), elle a dégoté très exactement un porte-monnaie (aussi vide que celui enfui, il ne faut pas (trop) rêver, et un sachet au 3/4 pleine de ces pochettes transparentes perforées. Comme si un ange de Wim s'était chargé de la liste de courses et sans attendre le 1er. Le porte-monnaie était usé ce qui pouvait expliquer sa disgrâce mais les pochettes neuves et propres. Qu'est-ce qui peut pousser quelqu'un à jeter dans cet état prêt à l'emploi un tel article de papeterie ?

En attendant de pouvoir résoudre cette épineuse question, Proserpine sait désormais que son super pouvoir est de pouvoir par une simple pensée de bonne ménagère contacter un père noël secret de la cité et le faire en dehors de toute saisonnalité.

 

PS : Le prénom a été modifié

 

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PS' : Pour un peu je regretterais de n'avoir pas eu de d'achat différé plus ambitieux

Boutade à part, j'ai vraiment trouvé ces deux éléments à la veille d'entreprendre de les acheter car ils manquaient.

Et par ailleurs jeté dans un sac près des poubelles de l'immeuble du lieu de travail, un sac à main, lui aussi légèrement usé mais encore très correct, et qui ressemble de façon troublante à celui que dans un douloureux rêve récurrent de ces denier temps j'hérite avec une sorte de mission de devoir faire bon usage de ce qui est dedans. Celui trouvé ne contenait rien (pas même un carnet rouge), mais c'est vraiment LE sac de ces songes à répétition, par ailleurs assez violents. Si seulement l'avoir trouvé permettait leur disparition ça serait un soulagement. Même de façon onirique, je ne tiens pas tant à me venger du mal qu'on m'a fait. Les états belligérants du moment nous montrent suffisamment quelle spirale infernale s'enclenche dès qu'on s'y laisse aller.

 


Pourquoi parfois je dis n'importe quoi

 

C'est simple : c'est parce que pire n'importe quoi m'est passé par la tête, que je ne veux surtout pas le dire (le plus souvent c'est de l'humour noir à la noix, ça peut être mal pris ou surtout peiner des personnes qui ne m'ont rien fait) alors mes neurones m'accordent en urgence un plan B, lequel est le plus souvent de piètre qualité (1).

Ainsi j'ai rendu dernièrement un petit service à un homme sympathique qui travaille pour une entreprise industrielle de biscuits. Il partait en déplacement, avait des kilomètres à avaler avant des heures probables de réunions, était donc pressé et, pris au dépourvu a néanmoins eu ces mots gentils : 

- Et je n'ai même pas une boîte de biscuits pour vous remercier, je suis désolé.

Et ce qui m'est venu tout droit très fort aussitôt c'était :

- Ah ben heureusement que vous ne bossez pas pour l'industrie de l'armement !

Mais je suis parvenue à le retenir, du coup j'ai dit je crois un truc très stupide. Et je suis vite remontée chez moi, sans kalach ni gâteaux secs.  

C'était mieux comme ça.

(mais je suis encore passée pour une idiote, même pas ravissante avec ça) (et vieille).

 

(1) À part s'il y a une vraie raison de le faire, comme avec mes collègues où ça joue un rôle sur si on ouvre ou on ferme la porte ou les bâches à sortir ou pas, ou s'il y a une particulière intempérie, on peut être certains que si je parle de météo c'est que je retiens une ânerie.


Ende gut alles gut

 (photo quand la connexion voudra)

 

On revient le long de la mer par le même chemin qu'à l'aller. Devisant tranquillement, ou concentrés à respirer.

C'est alors que près d'une bouée que la marée n'a pas encore atteinte, on aperçoit une paire de sabots de plage. 

Personne alentours.

Que la mer.

Une pointure de femme ou de grand garçon pas encore très grand.

Personne ne se baigne. On avait vu des baigneurs téméraires mais c'était plus loin et ils sont sortis.

On hésite à quoi faire. Finalement on les laisse. Mais une paire de chaussures vides face la mer qui l'est aussi c'est un peu flippant.

Alors que nous sommes presque arrivés à l'endroit de remonter, nous croisons un gamin, pieds nus, qui regarde autour de lui avec attention.

Celui qui est là me dit : - Ça ne peut pas être lui, il a les pieds trop petits.

Je réponds que N'empêche il a tout à fait l'air du gars qui cherche ce qu'il a perdu. Et l'âge d'oublier ses chaussures après avoir bien joué.

Du coup, sans y prendre garde nous sommes restés à l'observer - il était déjà trop loin pour qu'on le hêle, qu'on lui dise Si c'est des chaussures que vous cherchez elles sont près de la bouée -.

Soudain il a fait un petit saut de joie et s'est mis à courir. Il les avaient retrouvées.

Nous avons repris nos pas, contents pour lui et surtout soulagés.

Parce qu'une paire de chaussures vides face à la mer qui l'est, c'est bien un peu flippant.

 


L'ours qui encombrait


Photo088Pas moyen pour moi de le récupérer : c'est trop exigu chez nous et qu'en faire ?

Mais j'ai été terriblement tentée. C'était si triste cet ours au rebut.

Je l'aurais volontiers recueilli. J'espère que quelqu'un s'en sera chargé.

[Clichy la Garenne, samedi 11 mai 2013]

 

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Objets trouvés (suite)

 

Voilà, les bagues trouvées à la BNF la semaine passée sont déposées au vestiaire ouest, où il y a effectivement un registre mais rien qui permette d'enregistrer sérieusement le dépôt. J'attends éventuellement un mail qui me ferait mentir, et attesterait de celui-ci, mais en tout cas dans un premier temps, que vous rapportiez des objets de valeurs ou un parapluie c'est un peu la même chose. 

Je viens d'apprendre l'existence du blog lecteur de la BNF et leur transmettre une annonce, mais ils vont peut-être répondre que ce n'est pas leur vocation de publier les notifications des objets trouvés.

J'aurais mieux fait d'imprimer un mot que j'aurais laissé dans les toilettes où ont été perdus les objets et qui aurait demandé de me contacter. Si quelqu'un se montrait assez précis dans sa description et les circonstances de la perte, il y aurait eu de fortes chances que ça soit la bonne personne. Il y aurait eu plus de probabilité qu'elle les récupère et sinon au bout d'un an et un jour, j'aurais pu profiter de mon "invention".


Objets trouvés

 

Je passais aux toilettes après un sommaire déjeuner, c'était au rez-de-jardin de la BNF j'ai trouvé ces deux bagues.

PC250838Elles portent un poinçon, ce n'est peut-être pas de l'or, mais pas non plus des bagues de pure décoration.

Je n'ai pas eu le temps de m'en occuper en repartant, d'autant que je ne savais pas à qui m'adresser et que les personnes du vestiaires ne semblaient pas très au courant, mais je compte les déposer vendredi au service ad-hoc (1), si je parviens à le trouver.

C'est bizarre de penser que quelqu'un peut être fâché contre quelqu'un d'autre au point de jeter des bagues.

(1) Je viens les lundi et vendredi mais lundi 24 je travaille (et de toutes façons la BNF est fermée)