Shenanigans

 

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Il y a quelques mois notre portemanteau de l'entrée s'est effondré. Il est à demi tombé dans un angle et comme je ne suis pas en état de m'en occuper (je tiens le coup au travail, je tiens le cap de mes entraînements et pour le reste c'est sur le temps et l'énergie résiduels).

Tout à l'heure, au creux d'un samedi non travaillé, j'ai reçu un message indiquant qu'une livraison avait été déposée dans la boîte à lettres.

J'ai terminé ce que j'écrivais puis j'ai enfilé les premières chaussures qui traînaient dans l'entrée et le premier vêtement sur le porte-manteau, et j'ai descendu nos poubelles, vidé le verre et récupéré mon colis. 

Il se trouve que le vêtement attrapé au vol était mon vieux caban, probablement remis sur le dessus de la pile après l'écroulement. Poussiéreux, carrément.

J'ai mis les mains dans les poches, en pensant, Tiens, qu'est-ce qui peut traîner dans un manteau d'avant les confinements (1) ?
À ma plus grande surprise, c'était plein d'écrits. 
Ils dataient de 2008 et 2013 (?!?), un plan d'un salon du livre de Paris d'il y avait dix ans, et une invitation pour la fête de sortie d'un livre d'Edgar Hilsenrath dont je me souviens bien, un message d'invitation d'une amie perdue de vue qui nous rassemblait en l'honneur de Pablo (qui a disparu des réseaux sociaux, et ne donne plus de nouvelles, ce qui m'inquiète ; il fait partie de ceux grâce auxquels je me suis mise à la course à pied et j'aimerais le remercier). 

Engluée dans un quotidien métro boulot vélo dodo et sport aux marges, dans un ultime effort pour sauver une éventuelle retraite (si je survis), j'oublie parfois que j'ai eu une vie et qu'elle a été souvent bousculée (2) mais vraiment intéressante, et beaucoup plus que tout ce que j'aurais pu, vu mon genre et mon milieu d'origine raisonnablement espérer.

Retomber sur la time capsule de mon vieux caban, une time capsule d'il y a dix ans, m'a fait un bien fou.

 

 

(1) Clairement, depuis le Covid, ce qui traîne au fond des poches ce sont les masques et les mouchoirs. 
(2) Clairement, si ce caban était resté ainsi délaissé, c'était probablement comme suite à deux coups durs majeurs qui m'étaient tombés dessus en juin et juillet 2013 (dont : la fin de mon travail à la librairie Livre Sterling qui allait fermer)


Tri de photos (août 2018)

 

    Comme souvent lorsque je dispose d'un jour de congé pour lequel rien d'autre que du repos ne m'est possible, je fais des sauvegardes, ménage et tri de photos. Cela me détend et m'aide à me recaler dans le temps.

Au passage j'aime à retrouver quelques pépites.

20180805_175844Ce dessin avait probablement été fait par ma mère, je l'ai retrouvé dans ses affaires en 2018 alors que je devais vider la maison de mes parents.

Au passage je retrouve l'adresse courriel de quelqu'un que j'ai croisé quelques fois et à qui je souhaitais parler de son récent roman. Peut-être que c'est une sorte de rééquilibre face à l'adresse postale qui n'est plus à jour (mais d'une autre personne que la pandémie combinée à sa sur-occupation m'aura fait perdre de vue).

Parfois un détail qui à l'époque m'avait échappé me saute aux yeux. Ainsi au sein d'une photo plus large du parc Martin Luther King qui a bien changé, cet enfant à l'air décidé (1).
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Le contraste est amusant car la photo est prise l'été et que les autres passants sont en mode estival placide.

C'est l'époque où dans ce parc, il y avait deux terrains de foot là où désormais figurent un espace gazonné et un plan d'eau. Il n'y a plus qu'un terrain, beaucoup plus petit, un peu déplacé. Dommage, ils servaient sans arrêt.

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J'avais oublié cette statue de Chopin (au parc Monceau) qui m'avait fait bien rire et me fait marrer à nouveau : on dirait que la femme s'écrie Oh non, pas encore une sonate ! Frédéric, je n'en puis plus !

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Je dépose ici une image du jardin normand avant (avant que je puisse m'en occuper un peu, que le sureau soit brisé puis reparti bien fort et que les arbres aient grandi)

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Ainsi que d'un dessin concernant le sport et qui est si bien vu (mais il n'y a plus d'informations le concernant, où l'avais-je trouvé ?)

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Je trouve parfois des images dont j'ai perdu la mémoire, jusqu'à la raison pour laquelle j'avais saisi l'instant. Il reste un lieu, une date. Par exemple sur celle-ci du 21 août 2018 à 10:47, et pour laquelle je n'ai pas ou plus la moindre idée de l'identité de la personne assise.

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(1) Quatre ans se sont écoulés, je pense qu'il est très différent à présent et que je peux donc déposer ici cette image. 

 

 

 


Chroniques du confinement jour 49 : comme un air de rentrée ...


    Ça y est l'Homme a été rattrapé par son travail - tout en étant toujours en chômage partiel, mais peut-être n'ai-je pas tout suivi - et donc il va devoir suivre une formation à distance sur deux jours (ou bien trois ?) de 8h30 à 12h et 13h30 à 17h. 
C'est le moment où la météo jusqu'ici plutôt clémente, fort un brin de vent de temps en temps, a décidé de virer à la pluie. Ce qui fait que l'option jardin pour moi est à peu près exclue. Je me demande ce que ça va donner dans notre maison d'une seule pièce, pourvue d'une seule grande table et d'un petit bureau et d'une table de cuisine qui sert de déserte. Ou alors je finirais le confinement en étant devenue moi aussi une pro de Revit
Pour commencer comme il est venu ici avec son petit ordi portable perso (de toutes façons il n'en a pas de fourni par le boulot), il faut télécharger une version du logiciel. Avec la connection via son téléfonino ça prend des heures (ça n'est pas terminé à l'heure où j'écris). Le formateur au téléphone lui dit : sa serait bien si vous aviez un deuxième écran. L'Homme est resté sérieux, il a dit, ah, euh mais je suis à la campagne, avec juste mon portable perso. Et moi je suis allée fou-rirer dans la salle d'eau - toilettes. 

Le comité de lecture s'active aussi. J'ai des fichiers à télécharger.

Pour pouvoir aller chercher des masques que la municipalité de Clichy propose à ses habitants, notre fille avait besoin d'un numéro fiscal. J'en ai profité pour aller voir de plus près notre déclaration pré-remplie, qui m'a semblé conforme à nos gains (1), puis discuter avec Le Fiston par WhatsApp et téléphone de l'intérêt ou non de le déclarer encore avec nous pour les revenus 2019. Des simulations ont montré qu'il valait mieux qu'il se déclare de son côté et nous du nôtre.  

Il faut que je m'occupe de mon émission de radio. Même si je ne pourrai reprendre dans l'immédiat.
Et que je démarre enfin ma participation à Ce qui nous empêche. Je tiens ces chroniques du confinement depuis le premier jour mais je ne les inscris pas dans ce qui m'avait poussée à les tenir, c'est dommage. 

Bref, c'était la rentrée, même si géographiquement nous sommes toujours chez moi. 

Puisque l'agitation professionnelle de mon co-confiné n'était pas propice à une sieste et que les lendemains risquaient d'être pluvieux, j'ai passé l'après-midi après l'avoir aidé, à poursuivre le rangement de la cabane à outil. Le premier établi, celui historiquement présent dans les lieux et que le voisin voleur avait délesté de tous les outils susceptibles d'être revendus (2), est enfin rangé, nettoyé, ce qui ne pouvait plus servir à rien jeté, et certaines pièces de musée (3) nettoyées et presque redevenus beaux.

C'était vite l'heure du Tabata. Devenu presque facile depuis deux ou trois séances. Au début j'ai cru que c'était parce qu'elles étaient moins fortes. À présent je commence à croire que c'est notre condition physique pour ce genre d'exercices qui s'est améliorée. Cette séance plus les abdos - squats - pompes du matin plus le léger legal morning run (4) firent de ce lundi une journée sportive. C'est nager qui manque. À partir de la semaine prochaine le vélo devrait redevenir possible. 

Grâce à ma fille qui avait trouvé un article qui croyait-elle dans un premier temps indiquait que les détenteurs d'une béta-thalassémie mineure étaient épargnés par le Covd-19 (mais il s'agissait d'une formulation ambigüe : en fait ils voulaient simplement dire que seules les thalassémies majeures pouvaient présenter des risques accrus par rapport au Covid-19), je suis arrivée jusqu'à cet article. Étant donné comme il est rude de traverser une vie normale pourvu·e d'une thalassémie mineure, je veux bien croire, j'en suis d'ailleurs persuadée, que les personnes porteuses d'une thalassémie qui ne l'est pas sont des héroïnes et des héros. Et je sais combien il est difficile de comprendre à un moment donné qu'on ne peut pas prétendre faire comme tout le monde. Ce qui est d'autant plus difficile que dans une société d'ultra-compétition comme la nôtre, un handicap invisible ne rencontre aucune indulgence ("Vous manquez d'implications" dit alors qu'on est en train de se défoncer de fatigue est particulièrement mal venu).

Une belle interview de Rony Brauman pour Le Monde, fait regretter que des êtres humains compétents et qualifiés ne soient pas ou plus aux commandes. Il exprime clairement ce qui fait le mérite d'Angela Merkel dans sa prise en charge de la crise.  

Tomek propose de relancer les Bonheurs du jour. Chic alors. 

LT du soir, espoir. L'impression que donnait les TG était que le début de déconfinement, moyennant quelques cafouillages ici ou là, s'était passé calmement : celles et ceux qui devaient aller au travail s'y rendant bien masqués, celles et ceux qui profitaient  de la liberté pour partie retrouvée retournant retrouver une partie de leur famille après 50 jours de séparation, pas trop de fantaisistes. 
J'avoue que je ne me lasse pas des images de files d'attentes bien espacées et sages, si loin de mes souvenirs d'enfance de bousculades en paquets (dans lesquelles j'étais incapable de tracer mon chemin, déjà que dans une file d'attente à peu près formée je me fais doubler). Je suis parvenue à tenir le LT malgré les difficultés de bureautique de mon co-confiné, c'est un petit exploit, de ces choses quotidiennes qui passent inaperçues alors qu'elles mériteraient d'être saluées pour ce qu'elles sont : des réussites méritoires. 

J'ai trouvé moyen, sauf à l'heure très tardive d'éteindre l'ordi, de ne pas lire du tout - alors que j'ai The Beatles tune in qui me réclame -. Quand j'écris que c'était la rentrée, je ne croyais pas si bien dire 

 

(1) Les miens sont particulièrement déprimants de faiblesse quand je pense à combien je me suis défoncée dans des postes exigeants physiquement.
(2) Étant donnés certaines pièces qu'il a laissées je suis persuadée qu'il n'était pas connaisseur.
(3) Quelques très beaux outils venant de mon grand-père (hélas bien attaqués par la rouille) 
(4) Depuis la veille au soir une douleur persistante à l'arrière du mollet droit m'a fait préférer d'y aller calmement, sans séance à rythmes précis.

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
3 624 472 cas (dont : 250 986 morts (69 168 aux USA) et 1 179 867 guéris) 


Chroniques du confinement jour 47 : grosse journée de boulot

 

    Journée de sport et qui commence par une bonne petite satisfaction : le 7 mn/km de moyenne sur le short legal morning run. C'est très lent, je le sais. Seulement pour moi c'est déjà bien. L'objectif sera d'être bientôt capable de courir 10 km à cette vitesse. Avant que d'être trop âgée j'aimerais atteindre le 6 mn/km qui me permettrait de les courir en 1h tout rond. J'ai les jambes, c'est le cœur qui galope trop vite. 

Et qui fini par une bonne petite satisfaction aussi : la séance de Tabata passe crème. Deux des exercices sont similaires à ceux du défi quotidien (abdos - squats - pompes) alors c'est sans doute ça. 

Entre les deux je n'ai quasiment fait que travailler, une fois passée les petites écritures du quotidien, et un peu de lecture chez les ami·e·s, dont ce billet chez Guillaume Vissac, fort bien vu, concernant le mois dernier (sans surprise : ça ne s'est pas franchement arrangé depuis). Le temps s'y prêtait : beau, pas trop venteux, pas chaud au point d'être tentée de sortir la chaise-longue pour lire au jardin. Alors j'ai attaqué la tâche rude du tri et rangement de la cabane à outils.

Le temps doit être clément car il convient de sortir un nombre certains de cartons et autres objets lourds et les laisser dehors le temps de ranger ce qui est dans et sur les deux établis (celui d'ici, celui de Taverny). Car oui, j'ai une cabane à outils avec ceux établis (on dirait le début d'une chanson).

Une fois lancée il y a des points d'arrêts possibles et d'autres états intermédiaires où il est fortement déconseillé de laisser les choses en plan. Alors histoire de bien dépoter une première partie, j'ai bossé jusqu'à 18h, sauf le temps du déjeuner, que JF après avoir fait les courses (ce qui en cette époque qui craint est une mission) avait assuré : des merguez et de la semoule. 

Cela dit : j'ai bien oublié le reste du monde, pensé à mon père avec une certaine tendresse - sa méticulosité et sa logique dans la façon de disposer les choses - et bien maudit le voisin voleur qui s'était servi dans ce qui était le plus usuel. Heureusement il a dû trouver trop vieux les magnifiques outils de mon grand-père et ceux-là sont, me semble-t-il, pour la plupart, restés. Bon d'accord, ils sont rouillés.

J'ai même retrouvé des masques (de bricolage). Que je n'ai pas eu le cœur de jeter même s'ils sont inutilisables. C'était mon père qui les avait customisés à sa bonne taille.

Il y avait aussi un plan de la maison qu'il avait lui-même dessiné. 

Après il a fallu remettre en place les différents cartons, outils et objets que j'avais sortis pour ranger. Et me reposer un petit peu pour pouvoir attaquer le Tabata. 

Soirée avalée par une recherche de musique pour m'ôter Le bal des Laze de la tête, suis passée par Tubular bells, un peu du groupe de Luke Oldfield. Et de liens en liens, je me suis retrouvée à regarder un documentaire joyeux et plein d'énergie sur The Undertones, tandis qu'une lessive de blanc que j'avais lancée avec entre autre des tissus retrouvés, tournait. 

Ne restait plus qu'à bloguer et jeter un coup d'œil aux infos italiennes ; par les temps qui courent trop se déconnecter n'est pas bon non plus. Les choses peuvent très vite déraper encore plus qu'elles ne l'ont fait et mieux vaut savoir à quoi s'attendre. 

En France bon nombre de parents et d'enseignants ne veulent pas reprendre le 11 mai, dans des conditions qui semblent en pratiques irréalisables. Les parents ont peur pour la santé de leurs enfants. Du moins les parents censés. D'autres n'en peuvent plus de supporter leurs propres mômes H24 et n'ont qu'une envie de les confier à d'autres le temps des journées. Ça promet mal.

Phénomène prévisible : pas mal de personnes semblent considérer que allez hop le 11 mai c'est fiesta et on reprendra la vie où elle en était comme elle l'était. Ça va être chaud de faire comprendre que non. La suite de l'épidémie risque d'être dévastatrice. En avoir marre d'être confinés n'est pas une bonne raison de se déconfiner. 

 

 

Lien vers le site de la santé publique en France 
Liens vers des statistiques :

Wordometer covid-19 coronavirus pandemic (depuis quelques temps le plus complet, entre autre parce qu'il indique le nombre de tests ; un pays comme la France qui teste jusqu'à présent très peu a forcément moins de cas officiels que de cas réels)
Official Data from The World Health Organization via safetydectetives.com
Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE
3 462 897 cas (dont : 243 569 morts (66 819 aux USA) et 1 104 723 guéris) 


À suivre (quelqu'un qui confie à quelqu'un des cahiers retrouvés)

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Ce touite et les suivants sont apparus sur ma TL ce soir, via quelqu'un qui parle de sports habituellement.

J'espère que la personne qui a pris la peine de les poster poursuivra son enquête et que les trolls apparus dès les premières réactions ne la dissuaderont pas de continuer. 

Je créé ce billet pour me souvenir d'aller aux nouvelles si elles ne parviennent pas directement jusqu'à moi.


Des coups durs et du rangement (ou de son absence)

    

    Comme après un excellent dimanche il me restait un peu d'énergie, j'ai entrepris, comme je le fais chaque fois que c'est possible, de ranger. 

Ma cuisine est mon bureau, qui avait depuis longtemps dépassé les limites du bordel organisé pour devenir un grand bazar fuligineux.

En triant, en jetant, en datant les objets et documents retrouvés d'après les traces qu'ils en contenaient, j'ai eu la confirmation claire et nette de ce que j'en supposais : quand rien de grave ne se produit, je range et classe et jette ce qui doit l'être, et ce même si je dois assumer un travail nourricier à temps plein, les trajets et par ailleurs les entraînements de triathlon.

En revanche dès que survient un coup dur, qu'il soit collectif ou intime, je ne parviens plus qu'à assurer comme ça peut le boulot et une part du sport, ainsi que la gestion domestique urgente comme le minimum vital de tâches ménagères, et le reste part à vau-l'eau ; sans compter que les KO de la vie s'accompagnent généralement d'une forme ténue d'amnésie : ce qu'on a fait les jours d'avant présente des blancs mémoriels, et lorsque l'on reprend pied, la mémoire précise des actes accomplis entre la date de l'événement et la reprise de contact avec un sentiment de "vie normale" retrouvée, s'estompe fort. 

Ainsi en rangeant mon bureau j'ai retrouvé : une strate de juste avant novembre 2015 (attentats dans Paris, dont au Bataclan), une strate d'après novembre 2016 (maladie finale de ma mère), avant février 2018 et juste après (déménagement des affaires de mes parents vers la Normandie). Ça me fait l'effet de mini time-capsules lorsque je retombe dessus.

Si je suis plutôt contente de retrouver certains objets, surtout ceux qui peuvent m'être encore utiles, je suis triste de constater à quel point nous (le nous collectif général ou le nous familial) avons morflé. Et combien la vie m'autorise finalement assez peu de faire les choses à mon idée. Dès que je trouve un rythme de croisière et un brin d'organisation, survient quelque chose qui défait l'élan. Je suppose que c'est le cas pour tout le monde, seulement celleux qui ont les moyens de déléguer une partie de leurs corvées s'en sortent sans doute moins mal. 

Je crois qu'il conviendrait qu'au lieu de me sentir coupable de ne pas parvenir à tout assumer quoi qu'il advienne, je m'efforce d'être fière de parvenir à assurer le boulot et le principal, coûte que coûte en toutes circonstances.

Rétrospectivement, je me demande si je n'aurais pas dû aller voir le médecin après l'attentat contre Charlie Hebdo. Ça ne m'avait pas effleuré, sur le moment, j'ai mis un point d'honneur à tenir, malgré que j'y avais perdu un ami. Il n'empêche que je l'avais payé, et fort, dans les mois suivants les mois de juste après.

 

À part ça, j'ai retrouvé dans un sac contenant quelque peu de papeterie rapportée de la maison qu'avaient mes parents à Taverny, un ancien papier à lettres datant de mon enfance. Ou plutôt des sortes de cartes pliées, sur le dessus une reproduction de tableau, à l'intérieur une place pour rédiger. 

Or la première contenait un début de courrier destiné à ma cousine Claire et que quelque chose avait interrompu, de suffisamment urgent pour stopper l'élan d'une phrase.

Ma Chère Claire,

Il y a bien longtemps que [je] ne t'ai pas écrit. J'espère que tu vas bien. Ici, ça va, il neige beaucoup et ça m'amuse beaucoup ! À l'école nous nous amusons bien avec les bonshommes de neige, nous n'avons pas le droit de faire des glissades ni 

C'est dommage, il n'est pas daté. La mention de "l'école" semble indiquer que nous étions au tournant des années 70. 71 peut-être car je crois que cet hiver-là avait été particulièrement neigeux.

Au moins cette trouvaille me donne-t-elle le sentiment de n'avoir pas travaillé pour rien.


Lunettes

 

    Au réveil ce matin, j'avais perdu mes lunettes de vue. J'étais pourtant persuadée de les avoir déposées à mon chevet à l'instant où j'avais cessé de lire ou regarder une video alors que le sommeil gagnait.

J'ai mis un moment à les retrouver, il faut dire que l'Homme ne m'avait pas aidée qui avait prétendu que je ne les avais pas sur moi en venant me coucher. 

Elles étaient en fait tombées dans un interstice entre l'une des piles de livres qui enserrent mon côté du lit et ma table de chevet. Sans doute à la suite de mon geste endormi pour saisir mon téléfonino dont le réveil était malencontreusement resté enclenché. 

Le gag étant que l'interstice faisait tout juste la taille des lunettes. J'eusse voulu le faire volontairement que je n'y serais pas arrivée.

L'autre gag c'est que les lunettes à peine retrouvées, c'est leur étui qui a pris la poudre d'escampette, comme pour manifester son mécontentement.

PS : Étui retrouvé facilement ce matin : grand classique de la #VieFamiliale : quelqu'un avait posé quelque chose par dessus. 


D'un inconvénient inattendu d'avoir les cheveux frisés

 

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Nous venions de terminer le dîner et l'homme de la maison m'a proposé une brève balade tant qu'il faisait jour et que le couvre-feu n'était pas tombé. 

Je lisais ou j'écrivais, bref, j'avais mes lunettes de vue sur le nez, je les ai vivement retirées afin de filer sans plus tarder. Zou !

J'ai replié les lunettes dans leur boîtier qui est de ceux rigides où elles s'enfilent sur un côté. 

À un moment donné de la balade, environ 800 m de la maison près d'une haie non loin d'un arbre où beaucoup d'oiseaux à ce moment-là chantaient, j'ai eu l'impression qu'un branchage m'était tombé sur la tête, j'ai entendu un léger bruit d'une chute, me suis demandée d'où venait ce que j'avais reçu, curieux, l'arbre en vu est assez loin quand même. 

Et puis nous nous sommes bien promenés. De retour à la maison vers 22h35, peu avant l'extinction des feux, à 23h. 

Je veux reprendre là où j'en étais, tire les lunettes de leur étui, les mets sur mon nez et me fait mal derrière l'oreille droite. Je les enlève aussitôt : il manquait tout l'arrondi de la branche, la partie non métallique et c'était le bout pointu à présent à découvert qui m'avait écorchée. 

J'ai cherché dans l'étui : rien. 

Il ne m'a pas fallu longtemps pour piger que le bout de branche avait dû resté coincé dans mes cheveux jusqu'à s'en détacher probablement là où j'avais cru recevoir un branchage.

J'ai pris une lampe de poche, scruté pas à pas le trottoir à cette hauteur là ... et retrouvé la pièce manquante.

De retour à la maison cinq minutes exactement avant l'extinction des feux. 

Les lunettes sont défectueuses à n'en point douter. Il n'empêche que c'est une mésaventure de cheveux frisés de les avoir suffisamment forts pour détacher un morceau de branche dans le geste de les ôter. Et que le bout restant se soit promené ensuite près d'un kilomètre avec moi avant que de choir. 

En attendant, j'ai remis la pièce en place et pour l'instant elle tient. 

 


Photo d'autrefois

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Cette photo, retrouvée dans les affaires de mon père quand j'ai rangé trié déménagé la maison de mes parents, me fascine. L'homme à gauche est mon père jeune, la photo date probablement des années 50 à Paris. Elle n'était pas dans un album, il n'y avait pas de noms, je ne sais rien de plus et plus personne n'est là pour pouvoir expliquer.

En fait j'ai l'impression qu'elle pourrait s'intituler : 

Mon père et des ami·e·s dans un roman de Modiano

ou peut-être 

The no-name café 

Je m'aperçois que je ne sais rien, ou très peu, des amis de jeunesse de mes parents.

Quelques bribes du côté de ma mère car nous avons gardé un lien fort avec La Haye du Puits où elle a grandi. Une de ses amies d'enfance est même venue à ses obsèques et je lui en sais gré.

Des anecdotes du côté de mon père qui me racontait dans ses bons jours volontiers "Quand j'étais petit" ou "Quand je venais d'arriver à Paris". Seulement mon père faisait comme je le fais quand je relate un épisode qui implique des tiers, il ne les nommait pas, ne divulguait d'elles ou eux que ce qui avait un sens pour l'histoire qu'il avait envie de raconter. Ou alors il donnait les surnoms, car en Italie avec l'usage des diminutifs sur les prénoms, c'est courant. Donc il y avait le copain qui était une armoire à glace mais était tombé KO au premier coup de poings (bagarres de fin de bal musette), l'autre pote qui était "une force de la nature", et ses exploits horticoles et athlétiques, en plus de son boulot d'usine, etc., toutes  personnes sans autre désignation. Des prostituées d'un hôtel où il logea un temps près de la porte maillot et qu'il semblait tenir en estime et réciproquement quand il avait installé sur le WC collectif à la turque un système rabattant et la plomberie qu'il fallait pour les transformer en douche quand on le souhaitait. Il s'empressait de préciser qu'il n'était pas client, et que contrairement à d'autres il les respectait. Il racontait que son dispositif avait eu un inconvénient par ricochet : parfois les toilettes étaient longuement occupées par quelqu'un qui se lavait. C'était l'après guerre en France et les installations sanitaires laissaient à désirer. 

Un nom demeure car il s'agissait d'un couple que mes parents ont fréquenté durant mes petites années : Peppino ; je crois me rappeler qu'ils étaient plus aisés que mes parents. Et que par ailleurs lui était mort, car plus âgé (mais pas tant que cela ?), que c'était pour ça qu'ils ne se voyaient plus. Ou parce que d'autres avaient vers la fin ses faveurs ?

De loin en loin nous allions chez des collègues de mon pères ou eux venaient à la maison. Mais ma mère manquait d'enthousiasme, au fil des ans ce type de fréquentations s'est effiloché. J'y ai sans doute involontairement contribué car on m'avait fait croire que j'avais peur des chiens. Alors quand on allait quelque part où il y avait un chien, ses maîtres l'enfermaient à cause de moi et ça me rendait malheureuse, le chien pleurait derrière une porte, tout ça devait plomber l'ambiance. Après la naissance de ma sœur je pense que ma mère refusait les déplacements du dimanche. S'est alors ouverte la période, tout le monde en voiture et on se promène en voiture, l'usage de la voiture comme une fin en soi, on est heureux d'en posséder une, tout le monde n'en possède pas (1) ; avec éventuellement trois pas dehors dans un joli endroit (L'Isle Adam, le château de Compiègne, Chantilly ...).

Voilà pourquoi je n'ai aucune idée de qui sont les personnes sur la photo, probablement des fréquentations de mon père entre son arrivée d'Italie et le moment où il rencontra ma mère, dans le bus pour aller au travail, qu'ils empruntaient régulièrement vers Nanterre aux mêmes heures, avant que le travail pour lui, puis pour elle, ne migre à Poissy (2).

Il y eut bien sûr des fréquentations de voisinage - je me souviens des noms des voisins à Chambourcy alors que nous en sommes partis quand je n'avais que 5 ans 1/2 -, des fréquentations de parents d'élève - la famille Duval dont la petite Hélène était une grande amie de ma petite sœur, dont je me suis souvent demandée ce qu'ils étaient devenus -, des fréquentations via des activités, sportives en particulier, que ma mère pratiquait. Tout ça eut lieu plus tard, et peu de fêtes, sauf de famille avaient lieu à la maison. Les dimanche étaient de bricolage pour mon père, de sports dehors ou d'heures studieuses pour moi, ma sœur sortait peu et ma mère avait toujours quelque chose à faire. C'étaient des vies de travail, week-ends compris. La détente c'était : regarder la télé. Et donc personne ne venant qui aurait correspondu pour l'un ou l'autre de mes parents, aux années d'avant. 

Sur cette photo, qui sont les gens ? Quel(s) étai(en)t leur(s) lien(s) ?
Et où était ce café (potentiellement à Paris vers le XVIIème arrondissement) ? 

 

(1) rien à voir avec l'écologie ou le fait que les transports en commun suffisent. Tout à voir avec l'argent qu'il faut pour en acheter une. Le vélo est encore un moyen de transport comme un autre, mais qu'on rêve de laisser tomber pour l'auto ou, si l'on est encore jeune mobylette ou moto. Les scooters en France sont rares, mais en Italie très courants. 

(2) aux usines Simca  


Jeter vite

 

    À force de ranger, à force de trier, je me suis rendue compte de quelques petites choses. Les voici 

(à compléter)

Le syndrome du souvenir personnel manuscrit

Je suis incapable de jeter toute trace d'écriture manuscrite de quelqu'un qui a disparu (mort ou rupture à caractère définitif). C'est curieux mais c'est comme ça. Ainsi de notes retrouvées écrites par mes parents, de celles qu'on prend pour soi, un relevé de cotes en bricolage, une liste de courses restées dans une poche de manteau. 
Du coup j'ai entrepris un grand ménage de mes propres gribouillis histoire de n'alourdir personne quand je serais partie en admettant que la descendance ait hérité de ce syndrome.

- Je suis peu capable de jeter une correspondance manuscrite. C'est mon côté vieille école. Je garde vos cartes postales. 
Pour la correspondance dont j'ai hérité, c'est pire (cumul des deux syndromes)

 

Le syndrome de la relique sociologique

Pour des tas de papiers, documents plus ou moins administratifs, je jette dès qu'il n'y a pas de délai de conservation légal à observer.
Sauf que.
Parfois le boulot n'a pas été fait dans le droit fil du temps.
Et du coup.
Ce ticket d'achat d'un équipement sportif, retrouvé quinze ans après s'est transformé en signe sensible de ta reprise d'une activité qui t'a menée un peu loin.
Difficile à jeter.
Cette addition de restaurant, sans grand intérêt sur le moment, encore lisible car manuelle est devenue souvenir d'une des dernières sorties faite à deux l'esprit libre, sans tracas de baby-sitting, avant la venue des enfants.
Ce billet de train d'un temps où tu le prenais souvent s'est insidieusement transformé en vestige d'un temps révolu.
Et d'une façon plus générale, diverses factures à l'encre persistante deviennent des traces d'anciens modes de consommation, de prix pratiqués qui paraissent incroyables tant les tarifs se sont élevés, de pratiques disparues (développements de photos argentiques, si courantes en leur temps, si rares à présent). 
Dès lors alors que je les aurais jetés sans hésiter en leurs temps, les voilà pourvus d'un intérêt "historique" et plus difficilement éligibles au recyclage.

C'est même totalement impossible pour certains documents concernant les parents, d'anciennes quittances de loyer, factures de gaz ou d'électricité, sans même parler des feuilles de paie ou de certains relevés de prestations sociales : parfois écrites à la main, sur des bristols couleurs cartons pâles (1) voire orangés, ils ressemblent désormais à des pièces de musée. Je ne peux que les garder, bien archivés.

Moralité : pour toutes les paperoles qui même en notre temps de dématérialisation nous échoient, il convient de prendre une décision rapidement, conserver si nécessaire (garanties, assurances, justificatifs requis) mais sinon jeter, et jeter vite. Avant que le temps ne les équipent d'un air injetable d'autrefois.

 

(1) Était-ce leur couleur d'origine ou un blanc cassé qui a évolué ?