Annonce apeçue en fin de journée du décès de Jean-Pierre Mocky

 

    La journée ne s'est pas du tout déroulée comme je me l'étais figurée : aller courir, aller au ciné, m'accorder une sieste, avancer la part de rédaction personnelle sur mon projet, ranger tant que j'étais seule, écrire en soirée.

Je me suis levée trop tard pour courir, j'ai été au ciné mais finalement pas pour voir le film que j'avais en vue (documentaire sur le travail de Thomas Pesquet, éventuellement celui sur la chute de Weinstein : les deux ne sortiront que plus tard) mais un autre quoique documentaire également (celui sur Diego Maradona), je n'ai pas fait de sieste immédiatement, mais j'ai cherché des compléments d'informations, et quand je me suis accordée la sieste prévue ce fut pour être réveillée par un appel téléphonique. Quant à la soirée elle aura été curieusement bouleversée par l'annonce du décès de Jean-Pierre Mocky. 

Capture d’écran 2019-08-09 à 00.32.55 C'est je crois un touite de Virgile qui m'a alertée en même temps que me parvenait une alerte du Monde .

La filmographie du cinéaste ne m'est pas très connue, je l'avoue et j'ignorais (ou j'avais complètement oublié) qu'acteur fut son premier métier. 

Il se trouve que je l'avais croisé à Livre Sterling où il était venu tourner une scène pendant une journée, que mon patron le connaissait alors du coup par ricochet de souvenirs (plus que par connaissance de cinéphile) sa mort ne me laissait pas indifférente. 

Et qui accessoirement aura ouvert pour moi, engloutissant ma soirée, la trappe d'un trou de mémoire abyssal - même pas l'impression que "Ça va me revenir" - : quel était donc le film dont une scène fut tournée à Livre Sterling par un frais jour du printemps 2012 ?

Rien ne me venait.

Alors j'ai entrepris des fouilles archéologiques dans mes propres blogs, hélas pas le fotolog même si j'ai pu vérifier mes copies générales d'écran. 

Au passage j'ai retrouvé, une jolie photo de Yéti 6a00d8345227dd69e201a73d7ce956970d-500wi

, un billet de blog qui m'a fait rire (ô temps insouciants où l'on pouvait reprocher à un président de la République sont inconséquence sentimentale plutôt que la violence de la répression commise en son nom), d'autres qui m'ont émue et que je ne relierai pas ici, beaucoup de nostalgie - toujours eu ce sentiment contrairement à mes expériences ultérieures, que mon temps à cet endroit n'était pas parvenu jusqu'à son terme, de même que ma relation avec FDK, alors que bien d'autres choses vécues depuis ont eu lieu, se sont achevées et font calmement partie de mon passé -, et enfin le billet qui me permettait de retrouver sinon le titre du film du moins la date à partir de laquelle il serait plus aisé de le retrouver. 

Je le reproduis ici, puisque ça concerne le souvenir du défunt cinéaste : 

366 - action éclair

 

J'arrive au travail, tombe face à face et amoureuse d'une camera, rencontrée il y a 5 ou 6 ans dans mes rêves, sur le champ un monde fou, le contre-champ pas mieux, mon patron me fait malgré tout signe d'entrer, j'aime le spot qui éclaire fort, il me réchauffe la moëlle des os, sous la foule le petit chien affectueux me fait la fête, reconnaissant parmi le peuple humain qui a envahi son univers diurne un élément ami, tandis qu'au dessus de nos têtes grommelle Jean-Pierre Mocky.

Puis tout soudain, les lieux se vident, la librairie redevient ce qu'elle est : une boutique où se pourvoir en lectures ; seulement entre-temps les clients ont regagné leurs bureaux et qui pour la plupart ne repasseront qu'au soir.

Heureusement arrive une amie dont la présence m'accorde une transition douce entre le tourbillon du tournage et le tout-venant de l'après-midi.

L'intermède cinématographique n'était pas prévu. C'est le patron qui a intercepté le réalisateur, sensible à l'offre (bénévole). 


366 réels à prise rapide - le projet
 

 366 réels à prise rapide - les consignes.

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C'était dans le cadre d'une participation à un jeu d'écriture ; mais la présence de l'équipe du tournage avait été réelle. 

Je peux me coucher en (relative) paix avec mon trou de mémoire : il ne me restera que trois films à visionner. Le gag serait que la séquence à la librairie n'ait au montage pas été conservée.


Retour à pied

 

    La jeune femme dit à une amie Je me souviens de tes couleurs.

Il pleut comme si le ciel s'employait à renverser des seaux. Nous venions de parler du film "Parasite" et de la longue séquence de forte pluie. D'un seul coup, nous étions dans le film, avec les ami·e·s.

Je décide par sagesse de rentrer en métro. Ce n'est pas mon mode de transport favori surtout pour venir de là où nos chemins se quittent aujourd'hui : deux changements et le risque ligne 13 de tomber sur la rame qui à la Fourche file vers le mauvais côté. 

La jolie phrase de Léa occupe mes pensées, une fois les ami·e·s quitté·e·s. C'est sans doute ce qui provoque en moi une bouffée d'optimisme ; lorsque j'arrive à l'entrée de la station, la pluie a ralenti, je me dis qu'elle va s'arrêter, que je peux bien rentrer à pied. Et puis une fois chez moi, pas de problèmes, je pourrais me sécher. 

C'était une feinte météorologique, alors que j'ai opté pour la marche à pied, elle redouble. Je vais rentrer drinchée. Ne restera plus qu'à ajouter le savon.
(puis à rincer)
(sécher)

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Je descends de Montmartre et l'eau ruisselle. Elle se souvient qu'il y avait là une colline à dévaler. La ville doit s'adapter. Ses caniveau débordent. 

Boulevard Berthier les voitures joueront aux aventurières passant à gué donnant cette illusion aux conducteurs de piloter.

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Métro Guy Môquet, un coup d'avertisseur moto, un bref éclat de voix. Une dame âgée est tombée, un motard redresse sa machine. Le compagnon de la vieille dame l'aide à se relever. Je me tiens prête à venir aider, mais la dame semble aussi alerte que l'on puisse être lorsque l'on vient de se prendre un gadin sous la pluie alors que l'on tenait un parapluie qu'on n'a pas lâché ou bien tard. Et le motard est descendu qui semble les accompagner sur le trottoir, ils se parlent sans véhémence, les torts sont peut-être partagés - le couple était hors de tout passage piétons -, la moto a peut-être freiné un brin tardivement en s'approchant du carrefour suivant. Et surtout ça a l'air d'aller. 

Je poursuis mon chemin.

Au 104 de la rue de la Joncquière à 16h36 un homme jeune hoodie gris anthracite pantalon noir chaussures de sport sombres, passe par dessus la grille dans un geste d'une telle souplesse sans trop besoin d'élan qu'on a l'impression de qui s'amuse de façon sport à rentrer chez lui, pour un peu j'applaudirais ; à la réflexion et malgré l'aisance, peut-être était-il en train de commettre une effraction. Ma présence en tout cas ne le dérangeait pas - et j'ai passé d'au moins trois décennies l'âge qui peut donner envie aux jeunes hommes de vouloir quêter mon admiration -. Clef oubliée ?

Porte de Clichy sous un abri que constitue une pré-entrée d'hôtel se tiennent quelques personnes, une poignée avec un gilet jaune et l'un des gilets jaunes, homme de forte stature, porte un chapeau de cow-boy bleu blanc rouge. Quand je passe à proximité, je l'entends qui énonce des données économiques d'un ton mesuré que son allure ne laissait pas présager. 

Plus loin trois ou quatre véhicules de gendarme quittent la position qu'ils tenaient devant le tribunal. Leurs gaz d'échappement sont particulièrement forts et suffocants, je me demande s'ils ont la vignette crit'air ; ils ont une sorte de mégaphone qu'ils utilisent lorsque je passe pour tenter de mettre une honte à l'homme qui pisse à un angle de la palissade du chantier de la maison des avocats sous l'air un peu ébahi d'un ouvrier de l'autre côté. Tout à son envie qu'on imagine pressante pour qu'il fasse le choix de se soulager là avant de se diriger vers l'entrée du tribunal, il n'a calculé ni les gendarmes qui lui signalent que son forfait pourrait lui coûter 63 €, ni le fait que la palissade du chantier n'est pas franchement opaque vers l'autre côté, ni le fait que je passais tout à côté sur un trottoir peu large dans cette phase des travaux. La pluie s'arrête, comme si cette micro concurrence lui semblait déloyale et qu'elle renonçait à rincer son forfait.

Je rentre trempée mais sans avoir eu froid. Fullsizeoutput_187b

Le livre que j'avais acheté - un seul sur trois qui me tentaient, je sais être raisonnable - malgré le sac à dos sportif imperméabilisé avait pris un petit peu d'humidité. Mon agenda également, que je tiens à conserver de papier car la seule panne en tant d'année fut que deux d'entre eux avec d'autres affaires qu'un autre sac contenait, me furent volés. J'avais joué de malchance, c'était une fin d'année.

 

En rentrant en allumant l'ordinateur pour y déposer les photos prises au téléfonino de Paris sous la pluie j'ai appris que Toni Morrison était morte dans la nuit. C'est quelqu'un que j'admirais sans connaître toute son œuvre, guettant souvent pour la lire un moment de vacances autre que trop actives ou atteintes trop fatiguée, qui n'arrivait (presque) jamais.
Elle imposait le respect.

L'effet d'insouciance de la marche sous la pluie s'est immédiatement dissipé.

Quelles que furent les circonstances de la vie du monde, je sais gré à mes amies de la bonne journée passée.

 

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Une tragédie et ailleurs un retour

 

    Après une journée bien remplie j'étais en train de récupérer en attendant l'heure de bricoler et manger un dîner, quand parce que depuis le tour de France et The Cycling Podcast, je suis un certain nombre de cyclistes sur Twitter, j'ai vu apparaître les premières alertes au sujet d'un accident grave sur le tour de Pologne. Le nom de Bjorg Lambrecht apparaissait en trending topics en Belgique, et très vite des touites indiquaient, héliporté à l'hôpital (ce qui fut l'intention mais n'eut pas lieu d'après ce que j'ai lu après), réanimation et très vite après le très vite des touites de personnes qui avaient visiblement appris la pire mauvaise nouvelle mais tentaient d'apprendre qu'elle était fausse, n'y pouvant croire. Un touite de l'équipe ou de la direction de la course qui disait il est à l'hôpital, opération en cours (ou envisagée, je ne sais plus, je me souviens d'avoir pensé, incurable optimiste que c'était bon signe dans le terrible, que ça signifiait qu'il pouvait peut-être ou sans doute être sauvé) et  

puis 

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C'était un touite de son équipe, le compte semblait bien le leur de façon peu contestable, plus aucun doute hélas ni espoir n'étaient permis.

J'ai cherché à en apprendre un peu plus, mais que faire à part penser à ses proches, famille, ami·e·s ou collègues et parmi eux coéquipiers. Je me souvenais d'autres décès prématurés de cyclistes. Bjorg Lambrecht semblait particulièrement prometteur et si jeune, même sans le connaître son sort peinait.

Je n'étais pas la seule à me souvenir, quelqu'un a émis une sorte de touite récapitulatif comme un RIP général et un ancien coureur (je crois ?) a alors ajouté quelque chose comme Sans parler des blessés si graves qu'on les a cru perdu, ou qu'ils le sont pour le sport professionnel et il a cité Stig Broeckx, si gravement accidenté en 2016 qu'on l'avait cru perdu, à ceci près qu'il était revenu d'un coma de plus de six mois, et depuis, ce que j'ignorais, progresse pas à pas pour recouvrer des capacités. J'ai même trouvé une video récente, où il est présent lors d'un prix créé à son nom afin de récolter des fonds pour les structures de soins ou rééducation, et c'est impressionnant comme il semble énergique et compréhensible pour quelqu'un revenu de si loin. 

Il est dit dans l'article qu'il avait un black out total de ses souvenirs des cinq années précédent son accident et qu'une conséquence de l'accident avait été la séparation d'avec sa compagne devenue pour lui une inconnue (1).

Quoiqu'il en soit, le voilà sauvé au moins pour un temps. Ça faisait du bien de le constater.

Chance que n'aura pas eue son compatriote. Et c'était une autre terrible étrangeté que d'apprendre de relativement bonnes nouvelles de l'un par ricochet de la pire mauvaise nouvelle de l'autre. 

Je pense aux proches de Bjorg Lambrecht, ce soir, et aimerais tant pouvoir faire quelque chose qui permettrait de soulager leur douleur. Mais il n'y a rien qui me vient. À part témoigner ici d'une sorte de chagrin commun à qui apprécie le sport qui était sa passion mais l'a finalement tué.

 

(1) un autre reportage le montre pourtant avec quelqu'un ; mais ça doit effectivement être profondément étrange de trouver des personnes pour qui on semble compter mais dont on n'a pas le souvenir. 

PS : Deux de mes amies traversent des jours difficiles et je ne sais, non plus, comment les aider dans ces moments si rudes à traverser. Que faire au concret ?

 


des noms sur un monuments (Ce ne sont pas que)

 

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Après une petite séance d'entraînement artisanal à la piscine Montherlant, je cherchais un vélib de maintenant afin de rentrer chez moi (1).

Je traversais donc le Square Lamartine quand une plaque à attiré mon attention. Entre 2013 et octobre 2015 j'ai travaillé dans ce quartier et je ne l'avais jamais remarquée. 

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Elle est édifiée à la mémoire de tout jeunes enfants qui habitaient le quartier avec leurs parents quand les rafles anti-juives de la seconde guerre mondiale eurent lieu. D'enfants qui furent déportés si petits qu'ils ne connurent jamais la scolarisation. 

De retour à la maison j'ai tapé les deux premiers noms de la liste sur un moteur de recherche, Antoine Baur et Francine Baur. 

La photo que je me permets de publier en avant de ce billet apparaît en premier. Elle provient d'un site de recherches généalogiques. J'ignore qui l'a prise ni de quand elle peut dater. En revanche, les dates et lieux de naissance et de mort figurent sur le site. 
Il s'agissait donc d'une famille qui comportait quatre enfants, Pierre, Myriam, Antoine et Francine Baur. Respectivement 10, 9, 6 et 3 ans, quand ils sont morts, ainsi que leurs parents, à Auschwitz le 19 décembre 1943. Aucune d'entre elles, aucun d'entre eux n'aura survécu. Leur seule culpabilité était, aux yeux du régime nazi, leur origine juive.

Personne en aucun lieu en aucun temps ne mérite d'être assassiné pour une appartenance à une origine, une religion, une couleur de peau ou quoi que ce soit qui ne relève de sa part d'aucun choix. L'être humain ne sait éviter la violence, on l'a hélas compris, mais qu'au moins on se cantonne à ce qui tient de conflits entre adultes et d'éléments relevant d'un choix, d'idées à défendre, d'appartenance volontaire à un parti. Mais pas ça, pas se saisir d'un groupe donné pour en faire des boucs émissaires et de façon plus ou moins raffinée les massacrer.

Je n'ai pas poursuivi mes recherches pour les autres noms, j'avais à avancer dans ma journée, je ne pouvais davantage consacrer de temps au passé.

Mais j'aimerais que l'on n'oublie pas, qu'on ne les oublie pas et qu'on évite, moins d'un siècle plus tard, de repartir dans les mêmes criminelles dérives. 

 

(1) N'en ai trouvé aucun d'opérationnel, j'ai dû rentrer en RER C


Agnès et les patates

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La mort d'Agnès Varda me laisse triste à plus d'un titre. Il y a bien sûr des souvenirs de cinéma dont Visages villages vu à Pirou avec dans la salle des personnes qui avaient participé au tournage pour la séquence concernant leur ville, une inauguration de salle au Méliès de Montreuil, les liens entre "Décor Daguerre" livre d'Anne Savelli et "Daguerréotypes" le film d'Agnès Varda (1975), revu grâce au livre, l'inoubliable "Sans toit ni loi", "Documenteur" qui m'a marquée, et "Les plages d'Agnès" pour ne parler que de peu d'entre eux. Une expo à la fondation Cartier, dont je me souviens avec précision mais pas de la date, de l'année.

Mais voilà, d'Agnès Varda j'ai également un souvenir personnel de ... patates. C'était lors du festival de La Rochelle en 2012, elle était venue (entre autre) pour présenter une installation "Patatutopia", et au petit matin de la Nuit Blanche qui clôturait le festival, les patates nous furent distribuées. 

Je me souviens de m'être ensuite régalée, tout comme quelques temp plus tard avec le poireau de Yolande Moreau. 

C'est un élément de gratitude particulier, en plus des films, du féminisme, des courages quotidiens qu'elle nous transmettait.

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8445499048_aaf4228bae_o(photos prises à La Rochelle le 29 juin 2012)

PS : Une belle interview de Sandrine Bonnaire sur Libé à son sujet.

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Une interview de Mark Hollis


    Il était le leader du groupe Talk Talk qui eut ses heures de gloire dans les années 80 du siècle précédent. Je n'en étais ni fan ni ennemie, il faisaient pour moi partie de ceux qui définissaient "l'air (musical) du temps". 
En revanche grâce à la richesse autorisée par le succès, il avait pu ensuite s'offrir la musique qu'il voulait dont un "Mark Hollis" en 1998 particulièrement épuré. Il se trouve que j'apprécie ce genre de travail, pour une peut-être mauvaise raison : il fait partie des environnements sonores stimulants pour écrire. À la fois peu envahissant, mais pour moi protection efficace contre le #JukeBoxFou de dedans ma tête (lequel est tantôt allié tantôt ennemi du travail d'écriture, selon ce qu'il émet et à quel moment), et apportant de l'énergie aux neurones. 

Grâce à Tomek sur Mastodon, j'ai découvert une des rares interviews du défunt musicien. Elle est très intéressante, je souhaitais en conserver les liens. Merci Tomek.

Il faut avoir une très bonne raison de rompre le silence - partie 1
Il faut avoir une très bonne raison de rompre le silence - partie 2


À retardement (sad news)

 

    Parce que j'étais fort peu connectée en Normandie puis en Normandie et encore moins lors de la journée passée en Bretagne improvisée la veille pour le lendemain, je n'ai suivi les événements généraux et personnels que très ponctuellement. Et si avec mon téléfonino je partage des photos sur les réseaux sociaux et parfois quelques phrases, je n'ai pas ou peu eu l'occasion de regarder ce que les autres ont déposé.

C'est donc seulement aujourd'hui lorsqu'après avoir dépoté l'urgent, dont certaines tâches ménagères, passé en revue les messages que je n'avais fait que survoler ("utilisation des données mobiles dépassées"), répondu à certains, et même préparé le dîner, que j'ai pris le temps de naviguer entre Twitter et les sites d'infos. Et c'est seulement par un entrefilet entraperçu au bout d'un moment que j'ai appris la mort accidentelle de Pierre Cherruau.

Nous ne nous connaissions que de vue, d'abord via l'Écailler puis par Après la lune. Je suivais son travail de journaliste en Afrique. Seulement à l'instar de Mathieu Riboulet il faisait partie de ces personnes dont l'existence fait du bien aux autres, même celles et ceux un peu loin.

Je suis bien attristée d'apprendre son décès, et qu'il s'agissait d'une noyade, en voulant sauver son fils pris dans une baïne (courant de retour) (1). J'ignore pourquoi mais l'apprendre à ce point après coup (c'était le 19 août, si j'avais été connectée je l'aurais appris le 21 je pense, par le statut sur FB d'un ami) ajoute à la tristesse.

Pensées pour sa famille et ses amis proches. Ça doit être si dur. J'espère qu'ils et elles tiennent le coup. 

 

(1) Il ne s'agissait en l'occurrence pas d'une baignade et donc le cas est différent, mais sinon d'une façon générale il faut éviter de se baigner à marée descendante dans les bords de mer où elle se retire loin. Dans ma Normandie, aux grandes amplitudes et aux courants localement violents, c'est ce qui se dit. Chaque nage en eaux libres, au même titre que chaque entraînement de vélo sur route a ses risques. Et la course à pied également dès lors qu'on est sur un tronçon bord de route.


Un grand cousin de moins

 

    Je m'activais à la librairie, ranger et faire le ménage de la veille afin de préparer celle du soir même avec Marc Voltenauer, dont je me réjouissais.  

La radio était sur FIP. 

Il fut soudain 11h51. 

Flash d'infos. 

Des choses et d'autres.

Et puis cette phrase quelque chose comme On annonce la mort de Jacques Higelin.

Je crois qu'il m'a fallu jusqu'à la fin de l'après-midi pour retrouver une forme d'équilibre. Il était temps, il y avait une rencontre littéraire à préparer. 
Les copains ont eu du mal à venir. 

Sans doute que beaucoup d'entre eux pleuraient dans leur coin.

Au café des amis, d'autres, ceux de notre auteur invité, avaient préféré sortir plutôt de cuver [leur peine (éventuellle)]. Dès lors ce fut une formidable soirée. J'ai été heureuse des rencontres. Cette impression qu'on a parfois qu'il s'agit de retrouvailles.
Le sentiment de deuil mis un temps de côté.

Il m'a rattrapé alors que je regagnais la librairie avec le diable et les quelques bouquins qui restaient.

J'ai toujours ressenti Jacques Higelin comme un de mes cousins. Un plus âgé cousin. La sensation, plus qu'avec la disparition de mes parents, que ça y est maintenant nous sommes devant la mort ceux de (presque) premier rang.

Je vais m'endormir au souvenir de concerts. Je ne sais plus combien : l'impression d'avoir grandi vieilli ensemble est si profonde. Je me souviens de Bercy en 1988 (?) ou 1987, un Jacques jeune et funambule. D'un Bataclan, où il saute s'assoir sur le piano, puis se retourne vers nous en disant Tant que je peux !
D'un Zénith grâce à Gilsoub et son frangin. Sandrine Bonnaire filmait Higelin.

D'autres encore, moins distincts.

J'ignorais que le temps lui était compté. J'ignorais qu'il mourrait. 
Merci pour les bonheurs, la poésie en vie. Quels cadeaux, au long des ans !