Râler et parler bouffe

 

    Dans mes entourages familiaux et professionnels et dans les circonstances de ma vie quotidienne, je croise sans arrêt des personnes qui râlent tout le temps (et vice-versa). 
Pour une fois un préjugé (celui du Français râleur) me semble parfaitement justifié. 
En toute chose déceler, et fissa, le motif qui permettra d'émettre une rouspétance. 
L'exemple quintessentiel étant le bougre incarné au fil de ses films par Jean-Pierre Bacri.

J'y repense en lisant ce billet chez Carl Vanwelde, lequel cite une blague dans laquelle un Russe du temps de l'Union Soviétique rêvait d'émigrer en France afin d'avoir enfin le droit de se plaindre.

On pourrait la compléter par notre grande spécialité collective, parler bouffe et boissons à table en dégustant d'autres mets et en buvant d'autres choses. C'est assez impressionnant. Un des rares trucs qui soit resté inter-générationnel. Et un des rares trucs qui s'observait déjà quand j'étais petite et a perduré jusqu'à maintenant. J'y apporte d'ailleurs moi-même à l'occasion ma contribution.


Ta montre de sport rançonnée (si l'on peut dire)

 

    J'ai aperçu les premiers symptômes jeudi matin vers 7h. Il se trouve que j'utilise ma montre de sport pour mesurer mon sommeil, et que sauf qu'il n'est pour l'instant pas possible d'activer une mesure des siestes, ça n'était pas du tout une utilisation que j'avais prévu d'en avoir mais qu'elle me rend de grands services (1). J'ai donc voulu comme chaque matin de jour ouvré relever la trace de ma nuit (2) et ça ne fonctionnait pas ("difficultés de communication avec nos serveurs"). J'ai pensé à une connexion défaillante de mon côté, à une mise-à-jour qui s'était mal faite, tenté une fois d'éteindre et rallumer (l'ordi, la montre, leur connexion filaire), ça ne fonctionnait toujours pas, je n'ai pas demandé mon reste j'ai filé bosser.

Ce n'est qu'en rentrant du travail, bien au soir, et en tentant de relever mes parcours #Vélotaf (3) que j'ai pigé qu'il y avait un problème, un vrai. 

Le message était le suivant : 

Capture d’écran 2020-07-23 à 20.09.34 Puis il y a eu quelques échanges avec mes camarades de triathlon (4) et il est apparu assez vite que la panne (la "maintenance") allait perdurer. 

Plus de 48h après le premier signe de dysfonctionnement que j'avais constaté, toujours rien. 

Grâce à mes co-touiteuses, j'ai pu creuser un peu le sujet. L'entreprise aurait donc été victime d'un piratage avec demande de rançon. 

C'est tout bien expliqué : 

- dans cet article chez Nakan.ch
- dans celui-ci chez Bleeping Computer
- et pour les implications, dans un thread chez Jake Williams;
- un autre article en français qui a le mérite d'employer le terme rançongiciel (qui me plaît beaucoup, c'est tout) (5). 

Je n'ai pas un niveau tel que la perte de l'historique de mes données puisse vraiment m'affecter et la plupart du temps, pour les parcours ou les moments particulièrement intéressant, j'effectuais des copies d'écran afin de conserver une trace. 

Il n'empêche que je pense aux sportives et sportifs pro ou d'un certain niveau et qui doivent commencer à s'inquiéter. Je pense aussi aux informaticien·ne·s de l'entreprise qui doivent être sur le pont en train de tenter de sauver ce qui peut l'être, et aussi aux juristes, dans une moindre mesure (encore que, de nos jours, les enjeux sont souvent déplacés de la production (de l'objet ?), vers la surcouche sociétale). 

Et j'aimerais bien pouvoir récupérer les traces de mes #Vélotafs de fin de semaine, il y avait certains points qui m'intéressaient. 

La suite sans doute pas avant dimanche soir. En attendant, c'est un phénomène symptômatique de #NotreÉpoque et en faire un billet, même incomplet (et qui risque de le rester, avec la semaine de boulot qui se profile, je n'aurais probablement pas le temps d'y revenir, me semblait nécessaire.

 

(1) entre autre pour tenter de dormir assez malgré un emploi à temps plein et de solides temps de trajets, d'éviter de tomber de sommeil par moment dans la journée, de savoir quand je risque de le faire et de tenter de m'organiser pour pouvoir bosser quand même etc. 

(2) La montre permet de mesurer les temps de sommeil profond. Et c'est pas mal fiable. 

(3) J'aime beaucoup, c'est mon plaisir, procéder par essais-erreurs. Je règle donc ma montre pour enregistrer mon trajet vélo, improvise en fonction des portions qui semblent accueillantes aux cyclistes et de l'état ponctuel de la circulation, et ensuite relève le parcours, via le site du fabriquant de la montre, afin de repérer les portions que j'estime digne d'intérêt et pour tenter d'affiner de jours en jours les trajets. Ce que je recherce : éviter les zones particulièrement risquées, passer par des portions qui sont des moments de plaisir vélocypédiques sans toutefois rallonger trop la distance. Je m'appuie aussi sur les vidéos de celleux qui partagent leurs trajets et leurs essais dont Bilook Le Cycliste à qui je dois de chouettes parcours (ça tombe que plusieurs de mes tafs ont été sur ses zones depuis qu'il est à Bezon), gratitude envers lui.

(4) Ce type de montre, très fonctionnelles, est particulièrement répandu chez les multisportifs. 

(5) À propos voisin, j'ai remarqué lors de mes retrouvailles avec le monde de la vie de bureau que le terme courriel était bel et bien entré dans les usages. Ce qui me conforte dans l'idée que lorsqu'il se prononce bien et dit bien ce qu'il veut dire, un mot fabriqué peu passer dans l'usage en lieu et place d'un mot étranger mal utilisé (mail comme parking et quelques autres sont des faux-usages pour les anglo-saxons).


Adèle Haenel, respect

Je ne sais pas combien de temps la video restera, mais le courage de cette jeune femme, son intelligence dans le choix des mots, et le soin qu'elle met à élargir son cas. Le travail solide de Marine Turchi apporte un contrepoint d'une force elle aussi incontestable. 

Quant à l'homme incriminé, je suis persuadée au vu des exemples de personnalités abusives (pas sexuellement, mais de manipulation et de jouer de l'emprise que l'on a sur les gens) que la vie m'a fait croiser, qu'il est probablement persuadé d'être un mec bien puisqu'il ne l'a pas violée, et que peut-être même il s'attend à de l'admiration pour avoir su se maîtriser et qu'il se dit que c'est lui qui lui a permis d'accéder au métier d'actrice et que plus ou moins consciemment il considère légitime d'avoir eu quelques bons moments en "compensation". Par ailleurs on peut aussi croire qu'il se croyait réellement amoureux. Il se dit sans doute, Mais c'est inouï, c'est comme ça qu'elle me remercie !

Le fait est que pendant des siècles et des siècles et tant que les femmes étaient sans cesse soumises aux cycles des grossesses sans contrôle et des accouchements souvent dangereux, les hommes en faisait à leur guise, et nous les femmes n'étions là avant tout pour satisfaire leur désir et procréer. Toute l'organisation sociétale et chacune des religions monothéiste leur montrait qu'ils étaient dans leur bon droit. À l'orée de la fin du monde tel qu'il nous fut connu, il leur faut totalement changer de façon de concevoir l'ordre "naturel" des choses. Et admettre qu'il ne soit plus en leur stricte faveur. Ça n'est pas étonnant que pour certains ça ne soit pas simple. 
Le nombre de fois où constatant l'attirance d'hommes de mon âge pour des jouvencelles et tentant vaguement au moins par l'humour de signaler que Hé mais tu as quel âge toi déjà ? je me suis vue vertement renvoyer dans mes buts, y compris par des hommes que j'estime par ailleurs et qui ne sont pas des monstres ni des sales types, me laisse à penser qu'ils trouvent tout simplement que c'est normal et bien ainsi. Et certains sont sincèrement persuadés qu'il s'agit de (grand) amour.

Concernant le cas précis d'Adèle Haenel, une pensée pour celles et ceux qui ayant vu mais rien ou peu fait ou tenté d'agir mais sans succès, doivent se sentir mal, être au prise avec un sentiment de culpabilité. À la fois victimes et coupables, n'oublions pas qu'à leur place nous n'aurions sans doute pas su faire mieux (1). Pensées aussi pour les parents [au passage, la lettre à son père, cette force]

 

(1) Je suis persuadée qu'en admettant que j'aie fait partie du staff du film, j'aurais pu faire preuve d'un aveuglement absolu car comme elle était encore enfant ça ne m'aurait pas effleuré un seul instant que le type pour lequel je bossais fasse un truc pareil ou qu'à l'inverse si j'avais assisté à un moment compromettant, je l'aurais engueulé comme du poisson pourri et me serais fait virer illico presto, détestée y compris par la petite sous emprise.  Bref, les deux attitudes les plus inefficaces possibles.

 

 


Top gay

 

    Grâce @gro-tsen je suis retombée sur la video qui démontrait que Top gun était indéniablement un film gay. Une fois qu'on la voit, le doute n'est plus permis.

À l'époque de la sortie du film, du temps d'avant les internets et les fréquentations élargies qu'il m'aura permises, vivant dans un monde où l'homosexualité semblait ne pas exister, ayant tout juste croisé quelques lesbiennes - au foyer des lycéennes où j'étais hébergée durant une partie de mes classes prépas - qui ne s'en cachaient pas et ne sachant rien de l'homosexualité des garçons qui l'étaient - vaguement que oui, ça existait, peut-être seulement dans les milieux aisés ? (1) -, je n'avais rien, mais alors rien vu. Tout au plus m'étais-je dit que ces garçons ne me paraissaient pas très séduisants et qu'ils prenaient de drôles de poses en jouant au volley. Globalement j'avais un peu passé le film à me demander moi qui n'aimais déjà pas les blockbusters et encore moins s'ils étaient guerriers, ce qui nous avait pris d'y aller. Peut-être le besoin de chercher de l'énergie dans le positivisme obstiné à l'américaine. Peut-être que je l'aurais trouvé plus intéressant si j'en avais eu les clefs, ou si j'avais été moins #BécassineBéate 

 

 

(1) Je faisais cette confusion entre le fait de pouvoir plus ou moins ouvertement vivre son orientation sexuelle selon le milieu où l'on vit et la fréquence de son occurrence lorsqu'elle était différente de celle de la majorité.


Du nom des marques des sponsors

 

   Notre système économique veut que le sport professionnel (entre bien d'autres choses) soit financé par des marques qui voient là l'opportunité de se faire connaître. Il me semble que je n'y voyais pas d'inconvénient tant qu'il y avait de la logique : un équipementier de sport finançant des équipes de football, un fabricant de cycles une équipe de cyclistes pro. Ou alors une équipe d'une localité par l'industrie ou l'entreprise pour laquelle la ville était réputée. Saint-Étienne (l'ASSE) de la grande époque, c'était Manufrance, deux identités géographiquement associées.  

Et puis à un moment, ça s'est mis à n'avoir plus aucun rapport : une compagnie aérienne d'un lointain pays s'est portée au chevet d'une grande équipe de football en France, des assurances ont payé des cyclistes ou une société de jeux d'argent. Mon cerveau a alors décidé unilatéralement de ne plus établir de connexion entre les sponsors et les sponsorisés et je ne m'en étais même pas rendue compte. 

À l'instar de l'enfant d'une rubrique-à-brac de Gotlib et qui chantait joyeusement Leblésmouti labiscouti en allant à l'école et tombait déçu quand plus tard il comprenait qu'il s'agissait d'une chanson pour rythmer le travail (1), je suivais par exemple le tour de France sans relier en rien les noms d'équipes à des marques. Le nom était le nom de l'équipe et rien d'autre. 

Autant dire que si tout le monde avait été comme moi, les sponsors et autres mécènes n'auraient pas maintenu longtemps leurs investissements.

Et puis est survenu le Tour 1998 qui a viré au roman policier. Et je suis tombée de l'armoire en comprenant que Festina, entre autre était une marque de montres et que Doïchteutélékom était un opérateur de télécommunication en Allemagne, Kofi Dix un organisme de crédit (2) ... 

Je croyais naïvement que depuis ce temps-là je savais faire le lien, même si je m'en foutais complètement. Et cet après-midi en tirant du café à un distributeur, parce que je regardais rêveusement les noms sur la façade de la machine pendant que celle-ci préparait ma boisson, j'ai "découvert" de quoi était le nom de l'une des équipes de cette année. En fait mon absence de faculté de relier le financeur au financé, en bientôt vingt ans ne s'est toujours pas arrangée. 

Ça me fait bien rigoler. 

 

(1) Le blé se mout-y // L'habit se coud-y  

(2) Alors que je connaissais l'existence des sociétés Festina, Deutsche Telekom et Cofidis ...


Start-up nation et (par ailleurs) l'impunité du trop tard


    L'ami Virgile a écrit un de ses billets d'analyse de la situation dont il a le secret, des choses que l'on se dit sans se les être vraiment ou bien formulées et lui, il met tout clairement dans l'ordre et ça fait du bien. 

Start-up nation

En complément car ça va avec le sentiment d'être au dessus des lois, qu'ont visiblement ceux qui sont au pouvoir, j'aimerais trouver les mots pour évoquer ce que j'appellerais, l'impunité du trop tard.

Curieusement ou non, c'est une video extraite d'un reportage sur le dopage dans le cyclisme, et que je regardais en siestant à demi qui m'y a fait repenser, et combien c'était lié car ça ne concernait pas que le sport de haut niveau, mais bien aussi le pouvoir et la criminalité en col blanc, jusqu'aux escrocs familiers de nos vies quotidiennes. 

On vit encore dans un semblant de démocratie, basé sur des vestiges de valeurs humanistes et dans le sport de fiction de fair play. Donc pour quelques temps encore les tricheries, financières ou physiques sont censées être quelque chose de mal, répréhensible et qu'il ne faut pas faire. 

En pratique, comme la philosophie qui sous-tend le capitalisme est celle du plus fort, il s'agit toujours de battre un ou des adversaires. La plupart des êtres humains de toutes façons aime ça, nous sommes une espèce prédatrice. Un des plus efficaces moyen de l'emporter est de tricher, et donc en sport de se doper, en affaires de monter des combinaisons qui filoutent le bien commun, en politique de magouiller tant et plus. Parfois ça finit par se voir et l'un ou l'autre se fait pincer. Et comme en théorie Çaymal les impétrants finissent par avoir des petits ennuis, bien mérités.

Le hic c'est que ceux qui ont beaucoup pratiqué de truander et sont arrivés au plus hauts niveaux de leur discipline, même si après coup ils se font pincer, pendant des années ont joué de leur pouvoir, prestige et influence et connu la vie qu'ils souhaitaient ; tels ces politicien·ne·s qui d'un procès à son appel à leur report etc. des années après n'ont toujours pas rendu l'argent et peuvent même si aucune inéligibilité n'a été prononcée à temps tenter d'attraper une nouvelle immunité entre-temps, ou ces sportifs, Lance Armstrong étant un cas typique qui même si rétroactivement se voient dépourvus de leurs titres, dans l'esprit du public les ont encore (1), ils ont vécus leur cheminement de succès jusqu'au bout et il leur restera toujours bien davantage de ressources et d'alliés que s'ils n'avaient pas triché. 
Presque toujours les vrais punis sont celleux qui auront osé dénoncer les pratiques délictueuses ; mis à l'écart et au ban de leur discipline ou de leur parti, voire pour les lanceurs d'alerte considérés comme traitres à leur pays. Et finalement la situation de qui a triché et arnaqué, même après la chute est plus enviable que celle de qui est resté dans le droit chemin mais s'est vu limité du fait même d'être respectueux. Parce qu'à un moment, le tricheur a brillé, sans ça il serait resté dans le lot, et que l'on vit dans un monde où c'est gagner qui compte. 

Ça vaut aussi pour ceux qui se sont comportés en prédateurs sexuels, dont certains réalisateurs renommés. OK ils finiront peut-être par payer pour le mal qu'ils ont fait, seulement en attendant leurs œuvres ont été créées, et parfois (je pense à Hitchcock par exemple) on se surprend même à faire partie de qui n'en est pas mécontent·e. 

Pour les uns et les autres le tout est de ne se faire chopper qu'une fois le but atteint, le match ou l'élection remportée, la richesse devenue trop immense pour être entièrement confisquée, l'œuvre créée et diffusée.

En ce moment, j'avoue être particulièrement sensible et en colère désabusée face à ce phénomène de l'impunité du trop tard. D'autant plus que les victimes, y compris lorsque c'est la collectivité et le bien commun et non une personne, elles, prennent cher et immédiatement et que quand bien même justice leur est rendue c'est toujours bien tard et rarement à due proportion.

J'aimerais, comme Virgile en son billet, terminer sur une note d'espoir. Je n'entrevois hélas ni solution ni amélioration. En plus que les tricheurs peuvent toujours se refaire par la suite un fric fou en vendant leurs mémoires. 

 

(1) qui connait, à part des spécialistes, les noms des vainqueurs des tours de France que le déclassement d'Armstrong aura couronné ?

 

 


Le plaisir de se préparer (allure vestimentaire et autres apprêts)

 

    C'est un échange de touites avec une amie qui se reconnaîtra (ses touites étant privées je suppose qu'elle préfère que je ne détaille pas davantage) qui m'a fait prendre conscience de jusqu'où la pression sociale envers les femmes peut se nicher. 

Elle évoquait le fait d'abordant un nouveau travail elle avait pris la décision de ne pas se maquiller, que ça serait un esclavage quotidien de moins (ce sont ses termes). Que je sache son travail n'est pas de représentation, de ceux pour lesquels on est recruté-e-s pour une apparence, auquel cas il peut être admissible qu'une obligation de rendre celle-ci conforme à certains critères existent.

Je n'ai rien contre le maquillage dans l'absolu et y ai (vaguement) recours lorsque c'est requis avec une raison réelle : scène, projecteurs, rôles ... En général cas pour lesquels des maquilleuses ou maquilleurs professionnels sont présent-e-s et qui officient avec des objectifs clairs de visibilité. Le résultat peut être bluffant, ils connaissent leur métier. Parfois pour une soirée, surtout si c'est l'hiver et que j'ai les lèvres gercées il m'arrive de mettre un vague machin hydratant brillant. Ou de peigner mes sourcils, naturellement broussailleux. 

Il n'empêche que dans la vie quotidienne, je n'en vois pas l'intérêt. Je trouve sur les autres souvent le résultat assez moche, par rapport à la beauté de la personne au naturel. Et puis déjà qu'en étant une femme je perds plus de temps que les hommes pour toutes sortes de raisons (du temps des pauses pipi aux années de saignements menstruels ...) et même si eux doivent passer du temps à se raser la barbe au moins par moments, je ne suis pas motivée pour traîner davantage qu'eux dans la salle de bain. J'ai mieux à faire. Me "faire belle" m'a toujours gavée. 

Du coup lorsque le message sociétal ambiant était que les femmes éprouvaient un certains plaisir à s'apprêter afin de se sentir aptes à affronter la journée, j'y croyais. Puisque je n'y comprenais rien et que j'étais hors jeu, je croyais que c'était bien comme ça pour les autres (1).

Il semblerait qu'il n'en soit rien même si certaines d'entre nous ont si bien intégré la norme sociale qu'elles le croient - ce qui est logique : on prend l'habitude d'un certain rituel, et il nous aide vraiment à la longue, ça devient comme un échauffement avant une activité -, de même que la plupart des gens trouvent moches les traces de vieillissement alors qu'il n'y a aucune raison : on peut avoir un beau visage avec des rides et les cheveux blancs ne sont pas laids, ils adoucissent un visage.   

Voilà donc qu'une fois de plus rien n'était aussi simple que ça semblait. 

Du coup je n'en admire que davantage mes consœurs qui parviennent à satisfaire à tant d'obligations malgré elles et rends grâce aux réseaux sociaux qui permettent des échanges qu'on n'aurait pas forcément en direct : je n'aurais pas osé interrompre une de mes camarades de piscine se maquillant consciencieusement après un entraînement du matin, Tu le fais parce que ça te fais plaisir ou parce que tu te sens obligée ?

J'en viens aussi à interroger ma propre pratique : j'aime certains vêtements, certaines chaussures, une forme d'élégance à mes yeux (probablement assez particulière) ; je peux m'acheter un habit en raison de son tissu (la texture plus que le motif). Et je me rends compte qu'il y a un cas où j'aime me préparer : pour les vêtements de sport, avant une course, le choix de la tenue optimale, de là où le confort sera le plus grand pour une performance non entravée. J'ai une grande réticence à l'uniforme, seulement un maillot de sport d'une équipe ou une tenue de club me donnent des ailes (2). Peut-être que si j'avais considéré la séduction comme un sport, j'eusse aimé passer des heures en salons esthétiques ou à me maquiller ?

Quoi qu'il en soit je suis heureuse de pouvoir encore vivre dans un monde où l'on a le choix, au moins celui d'aller sans masque si l'on préfère ça.

 

 

(1) Au fond le même mécanisme à l'œuvre que pour tant d'autres choses : étant une fille, si je constate que quelque chose me concernant n'est pas comme ça devrait selon la norme majoritaire, j'ai intégré que c'est mon cas particulier qui cloche. Il m'aura fallu passer le demi-siècle pour m'apercevoir que souvent c'est la norme ou même le fait qu'il y en ait une qui serait à remettre en cause. Je suis simplement un être humain qui fait difficilement les choses par obligation dès lors que celle-ci ne lui semble pas logique ou serait source de souffrance. Je ne suis ni conformiste, ni obéissante. Ça peut être bien vu chez un homme, mais chez une femme, non.  
(2) Très relatives, les ailes, mais par exemple me donnent la force de ne pas abandonner et d'arriver dans les délais.

PS : Plus le temps passe et plus je prends conscience mais sans doute aussi parce que les critères ont évolué que ce que je perçois comme vulgaire pour la tenue des femmes est considéré comme sexy voire élégant. Alors que ce que je trouve classe est considéré par d'autres comme négligé.


Two six one

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C'est un statut de Philippe Annocque sur son mur FB qui a attiré mon attention sur le fait que le passage en force de Kathrine Switzer au marathon de Boston datait d'il y a cinquante ans (déjà !) et ... qu'elle venait d'y participer à nouveau cette année.

Et de boucler ses 42 kilomètres, tranquille, fraîche, à 70 ans. 

Après avoir rendu un grand service à tant et tant et tant de femmes comme moi pour qui la pratique du sport est un élément très structurant de la vie. 

Je suis éperdue d'admiration et pour le côté sportif et pour le côté militant. 

Et infiniment reconnaissante.

Merci au passage à Philippe aussi.

 

PS : Sur le Huffington Post un article complet de Célia Cazale

 


Dylan (encore un peu)

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Le week-end arrive et j'en suis heureuse : j'arrivais au moment où la fatigue risquait à nouveau de déposer une sorte de brume sur ce qui se vivait. Il faut dire qu'il n'y avait pas réellement eu de pause entre la semaine précédente et celle-ci puisque le seul jour de repos théorique avait été fort actif.

Pour la première fois depuis plus de dix ans, et même s'il y a eu du bon entre-temps, et (entre autre) une rencontre primordiale, je me sens soutenue par une brise favorable, ce n'est plus la tempête autour de mon radeau. La région est traversée par des vents violents et de sombres nuages d'amoncellent, mais en local, ça va mieux que ça ne le fut depuis 2003. Je naviguais à vue essayant simplement de ne pas sombrer et voilà qu'à présent je peux à nouveau considérer la carte, sortir les instruments, tenter de m'orienter. 

Ces discussions autour du Nobel de littérature participent de cette fragile et brève (je sais que ce temps sans turbulences sera de courte durée) euphorie. Ça fait du bien de se chamailler pour quelque chose de ce genre, ça détend, ça permet de souffler un peu. Le niveau global de violences et duretés a si bien augmenté depuis 2015, qu'on ne peut plus prêter attention à tout ce(ux) qui le mériterai(en)t. Un peu comme dans les transports en commun parisiens dans lesquels désormais pas une rame, pas un train n'échappe au passage d'un mendiant ou d'un autre. Avec la meilleure volonté du monde, on ne peut donner à tous, pour peu que l'on ait eu à faire plus de deux trajets et un peu longs. 
Alors se focaliser pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures sur un fait de divergence culturelle, c'est sans doute égoïste, mais ponctuellement ça fait du bien, ça permet de reprendre son souffle. 

Alors voici une image qui m'a fait rire, dont j'ignore l'origine, je l'ai pour ma part trouvée sur Instagram chez @driverminnie  et un texte subtil chez Vincent Message, qui permet à chaque lecteur de poser sa propre réflexion (je fais partie des libraires un peu chagrins, des "mais dans ce cas pourquoi pas Leonard Cohen ?" et de ceux qui savent combien certains écrivains auraient et mérité et eu besoin de la visibilité que donne cette distinction, je fais partie de ceux que ceci amuse néanmoins bien un peu) :  

 

« Le Monde » m’a proposé de réagir à l’attribution du prix Nobel à Bob Dylan. L’intensité des échanges sur les réseaux sociaux porte en quelques heures tout débat à ses points de saturation, et peut donner envie de passer à autre chose. Je pense néanmoins que nous pouvons nous estimer heureux de vivre dans un pays où chacun, à côté de la vie qu’il mène, est aussi sélectionneur de l’équipe nationale de football, ministre de l’éducation nationale et membre du jury Nobel. Je comprends, dans cette polémique, ceux qui disent que d’autres écrivains avaient plus besoin d’une telle reconnaissance, à une époque où la place de la littérature est extrêmement fragile. Je me sens plus loin de ceux qui affirment que Bob Dylan ce n’est pas de la littérature, ou qu’on ne peut pas être chanteur et poète. Mais au-delà de la polémique, j’ai voulu saisir l’occasion de rendre un hommage plus personnel à un très grand artiste, qui compte beaucoup pour moi.

"On raconte que l’été 1965, quand, au festival de Newport, Bob Dylan a mis un moment au rancart sa guitare acoustique et son harmonica pour jouer du rock électrique, les amoureux de folk dans le public n’ont pas suivi, ont sifflé et hué, ont crié à la trahison. On raconte que Dylan a continué sa route, désamour ou pas, accident de moto ou pas, pour traverser le blues, le gospel et la country, des mers et des montagnes, toutes les frontières. Aujourd’hui, ce sont les membres de l’académie Nobel qui le hissent sur un nuage en affirmant tout haut, avec le poids de l’institution qui consacre, ce que beaucoup de lecteurs se disaient déjà entre eux : Dylan est un immense poète.

J’ai découvert sa musique l’été 1998. Autant dire que je suis arrivé bien après la bataille. La marche sur Washington pour dire qu’on a un rêve, les eaux montantes des temps qui changent, c’était trois décennies plus tôt. Mais le combat ne paraissait pas avoir cessé. L’homme au tambourin et le jokerman continuaient de refuser, par sa voix, d’être les pions que manient les maîtres de la guerre. J’ai passé des années, ensuite, à recopier ses textes, à les faire lire à des amis, à suivre des yeux les vers que les notes portaient plus avant. On y regardait des bateaux se perdre dans la brume du lointain et, depuis la tour de guet, des cavaliers approchant sous l’averse. Le vent soufflait des réponses, hurlait, enflait en ouragan. Peut-être y avait-il, toute proche, comme un espoir, une jeune femme aux yeux tristes, la tête emplie des plus étranges visions, pour proposer un abri dans l’orage.

Il y a, dans les mondes de Dylan, des fulgurances qui éclairent brièvement, et des nuits de mystère que chaque lecture approfondit. Les énigmes qu’on y rencontre ne relèvent pas d’un ordre différent de celles qui se dressent à chaque vers des Chimères de Nerval ou qui hérissent la prose barbare des Illuminations. Il semble régner là une jeunesse éternelle. Personne peut-être depuis Rimbaud n’avait trouvé des mots d’une telle justesse pour dire l’indépendance sauvage, le mauvais sang qu’on a en soi, le feu qu’on veut voler et qu’on ira répandre partout. Dylan a continué de laisser sourdre la sève qui irriguait les feuilles de Walt Whitman ; il a lancé Mona Lisa sur l’autoroute à une vitesse surréaliste ; rêvé les vagues des océans depuis les chambres sans eau chaude qu’enfumait la petite bande de la Beat Generation.

Que cet insaisissable-là, nomade en refus permanent des responsabilités, qui a tenu très vite à n’être le porte-parole de rien, mais qui incarne toute cette époque, et ses espoirs, se retrouve célébré dans les palais de Stockholm, cela a quelque chose de doucement ironique.

On peut critiquer le choix. Les réactions que j’ai lues sont vives, souvent intéressantes : elles disent beaucoup sur les manières que nous avons de cartographier les arts et de penser les tours et détours de leur reconnaissance publique. Ceux qui regrettent de voir une si haute récompense aller à celui qui n’est à leurs yeux qu’un « auteur de chansons » ne se sont peut-être jamais penchés sérieusement sur ses textes, ou restent prisonniers d’une vision très hiérarchisée des formes d’expression, qui ne rend pas service aux arts. Il n’existe pas d’arts mineurs ou majeurs. Il y a, dans chaque domaine, une foule d’artistes banals, un bon nombre d’artistes honorables, et puis quelques très grands.

D’autres voudraient voir les catégories respectées, et les prix littéraires n’aller qu’à des auteurs connus d’abord pour des livres de littérature. Mais la littérature n’a jamais dépendu des supports qui la fixent ; elle déborde le livre depuis très longtemps, de tous côtés, et plus intensément encore à une période où elle s’écrit aussi pour internet, pour la radio, pour être dite lors de performances ou lue dans des expositions. Bob Dylan est-il moins poète parce que ses poèmes ont la forme de chansons ? Nous éprouvons encore beaucoup de difficultés à penser les œuvres hybrides ou les identités à traits d’union. Cela ré-ouvrirait l’avenir, pourtant, d’accepter qu’un poète-compositeur-interprète n’est pas moins compositeur ou poète parce qu’il est tout cela à la fois. Les Nobel ne disent pas que les frontières sont caduques ; ils n’affirment pas que toute chanson appartient de droit à la littérature, ou que la poésie passe aujourd’hui d’abord par la chanson. Ce que leur décision peut nous faire constater, c’est plus simplement que les limites sont poreuses, et que de grands artistes n’ont aucun mal à les franchir.

Sans contester le talent de Dylan, certains enfin soulignent que d’autres écrivains avaient bien plus besoin d’une telle visibilité que lui. Il est sûr que la littérature est un art des petites quantités, que le prix Nobel ne démultiplie à chaque saison qu’un court moment l’attention qu’on lui porte, et que la lumière d’exception qui va venir éclairer, dans les semaines qui viennent, l’œuvre déjà très exposée du songwriter aurait pu changer de manière plus décisive le devenir public d’œuvres comme les romans d’Antonio Lobo Antunes ou de Don DeLillo, comme les poèmes d’Adonis ou de Philippe Jaccottet.

Il n’en reste pas moins que jouer la carte Dylan, ce n’est pas jouer contre la littérature ou contre la poésie. Toute son œuvre s’en nourrit, y renvoie, y amène. Celles et ceux qui ne connaissent pas ses textes ont toute une Amérique à découvrir. Celles et ceux qui l’écoutent depuis des années peuvent se sentir en désaccord avec le choix des Nobel, mais pas, me semble-t-il, le trouver hors-sujet, aberrant ou déshonorant. Quand le bruit retombera, il restera Mr Tambourine Man, ou Shelter from the Storm, Sad Eyed Lady of the Lowlands, ou bien Visions of Johanna. Ces textes qui dans ma vie, et dans bien d’autres je pense, ont été comme des événements. Alain Rémond le disait dans le titre d’un des livres qu’il lui a consacrés : avec Dylan, un jeune homme est passé. Il est toujours jeune homme. Il continue de passer."

En récompensant Bob Dylan, l’académie Nobel a su reconnaître que la littérature ne vit pas que dans le livre. Elle nous invite à dépasser la difficulté que nous…
LEMONDE.FR
 
Le gag suprême est sans doute que, fidèle à lui-même, le principal intéressé n'a pour l'instant (que je sache) pas réagi à l'honneur qui lui était accordé
 
Depuis jeudi, un nombre impressionnant de clients nous ont souhaité "Bon courage" et nous nous demandions si nous avions si mauvaise mine, si c'était une allusion au surcroît de travail fourni par le vrai François et le Harry vieilli ou au manque à gagner du fait qu'aucun écrivain n'ait été primé.
 
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photo de photo prise lundi soir à la maison du Danemark 
 
 
addenda du 16/10/16 peu avant 16h : 
 
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Tellement c'est mieux sang, j'y pensais même plus


    C'est une nageuse chinoise, Fu Yuanhui, qui en expliquant simplement qu'elle n'était pas au mieux de sa forme lors des finales parce qu'elle avait ses règles, a porté la question sur la place publique, et je pense que c'est franchement bien. Rien qu'en étant une sportive amateure ou plus simplement en menant une vie quotidienne classique on peut s'en trouver gênées, y compris pour qui n'a pas de syndromes menstruels compliqués, il est bon qu'enfin on puisse avouer que certains jours malgré nous ça n'est pas tout à fait ça.

Après, il paraît que ça peut être un atout dans certains sports, ce que j'ai du mal à croire, n'ayant pour ma part pas connu l'aspect "sautes d'humeur", ou uniquement la part, déprime de fatigue (et vraiment dans ce sens : le fait d'être encore plus fatiguée qu'à l'ordinaire et donc peu capable de faire ce qui était devant être fait induisant un découragement, un sentiment d'injustice aussi). Et puis, dans les jours suivants on peut bénéficier d'un regain d'énergie, comme toute personne qui sort d'avoir été moins bien (ça le fait aussi après un rhume, ou n'importe quelle bricole de santé qui met patraque mais pas totalement hors jeu). 

Il n'empêche qu'aux jours mêmes ou aux 24 heures avant, il y a ce "moins bien", un manque d'allant certain. Et je crois bien que c'est général, que peu de femmes y échappent.

À titre personnel je suis reconnaissante envers cette jeune femme de m'avoir fait prendre consciente d'à quel point c'est un soulagement quand vient la fin de ces temps rythmés plus ou moins irrégulièrement par des tracas de saignements. J'en suis sortie depuis deux ans et c'est devenu si agréable si vite (malgré une sorte de rechute après le 7 janvier 2015, le corps lui-même était déboussolé) de n'avoir plus à se préoccuper de ça du tout et d'être soi-même au fil du temps sans oscillations périodiques, que j'avais complètement oublié tout ça, le côté matériel (devoir se pourvoir en protections (1)), les moments de déceptions - on aimerait tellement pouvoir être au mieux de sa forme, au moment de tels examens, telles compétitions, telles retrouvailles et vlan ça tombe à ces jours précis -, ceux d'inquiétudes quand du retard imprévu survient (2). Et que le mieux ressenti, malgré pas mal de fatigues dues à un job trop exigeant pour moi physiquement, était tel que de nouvelles ambitions sportives m'avaient saisies et très sérieusement, que je compte pouvoir concrétiser prochainement. Que le temps (tic-tac), lui aussi, paraît plus grand, qui n'est plus morcelés en jours avec et jours sans, chaque période d'insouciance et de ventre sans douleur n'étant plus le répit avant un nouveau lot de cinq jours d'amoindrissement. Le "en forme" est devenu l'état permanent, sauf problème (autres et inattendus). Le "pas en forme" ayant disparu des prévisions, des obligations de se préparer mentalement à devoir accomplir telle ou telle chose malgré la gêne. Et je parle en temps que privilégiée qui déjà n'avait pas trop à se plaindre de conséquences réellement invalidantes. Je ne peux qu'imaginer l'ampleur du soulagement pour mes consœurs qui souffrent ou ont souffert chaque mois pendant toute la durée de leur fertilité.

Grand merci donc à Fu Yuanhui et pour les femmes encore jeunes qui grâce à sa déclaration se sentent moins seules à se être régulièrement amoindries et pour celles de mon âge ou plus grand qui grâce à elle prennent conscience d'à quel point, c'est vrai, on se sent mieux ... sans ce sang.

 

 

(1) Il paraît que les coupelles sont une bonne solution, c'était déjà un peu tard pour moi pour m'y mettre alors que je trouvais déjà les progrès effectués depuis mon adolescence en solutions jetables déjà remarquables. Du coup jusqu'au bout j'aurais connu la corvée de devoir faire au bon moment les courses qu'il fallait.
(2) Pour ma part j'ai peu connu, je suis de la génération qui est devenue femme alors que la contraception était légale et répandue et que même dans un milieu non favorisé à demi immigré on pouvait sans problème demander à aller voir un médecin qui pouvait conseiller. C'était avant le Sida, le préservatif ne faisait plus guère partie de la panoplie. Et le fait que l'avortement soit légal et possible offrait soudain à toutes un filet de sécurité. Des cousines et des sœurs aînées étaient là pour nous confier et nous faire prendre conscience d'à quel point c'était une chance et une sécurité. Pour la plupart d'entre nous, il était peu possible de savoir si nous étions des enfants subis ou souhaités, ce confort rassurant qu'ont pu connaître les générations d'après, même si c'est semble-t-il redevenu compliqué.