dimanche (un)

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Les montres de sport c'est parfois décourageant : une amie te parle du parcours sportif du parc de Sceaux qui fait 7 km (en fait tu as dû mal comprendre et confondre avec le grand tour), vous en faites deux, tu te sens fatiguée comme vous avez fait deux tours tu te dis que c'est normal après 14 km, mais en fait ... c'était 10.
Tu t'es octroyée une pointe de vitesse, et en fait tu faisais du 7 mn/km (8,55 km/h sauf erreur) ce qui en fait est lent. Il n'en demeure pas moins qu'il est extrêmement réconfortant d'être capable de faire à plus de 50 ans ce qu'à 20 on peinait de réaliser, en estimant l'objectif in-atteignable (1).

En résumé : 

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Une fois rentrée tu repousses l'épuisement pour prendre avant tout une bonne douche - non sans appréhension face à l'hiver à venir : tu sais l'énergie qu'il te faut pour tenir le froid en respect même si ça va infiniment mieux qu'autrefois ; et octobre, généralement c'est ça : prendre conscience de ce qui t'attend jusqu'à mars au moins -. 

Tu as pris dans la matinée des nouvelles d'une ancienne amie, tu en appelles une autre en tout début de soirée pour préparer une rencontre qui aura lieu à la librairie jeudi. Un ami, par ailleurs, te donne l'impression de te fuir, seulement tu ignores pourquoi. L'impression de manquer d'une information capitale le concernant. Peut-être qu'il lui est arrivé quelque chose qu'il croit que je sais mais qu'en fait j'ignore et que du coup mes propositions joyeuses de soirées littéraires lui semblent odieuses. D'autres amis sur Twitter émettent des hypothèses dont certaines te font sourire (messe, amant-e ...), et ainsi ils atténuent la peine sourde de cette absence de plus.

Je sais que je suis moi-même absente à d'autres, parfois j'accumule des semaines de messages en retard. Mais généralement je trouve moyen d'envoyer à un moment un mot pour expliquer le trop pas le temps.

J'ai relevé les mails aussi, de la librairie. La semaine à venir sera très chargée et il ne convient pas de les laisser s'accumuler. 
C'est la première fois de ta vie qu'un travail m'est à la fois aussi fluide et avec des responsabilités qui font que je dois en dehors de mes heures veiller. J'aime beaucoup ça. 

(J'ai eu d'autres boulots bien aimés, notamment à Livre Sterling et Au Connétable mais j'étais dans les deux cas au service d'une personne et non la cheville ouvrière).

Tu as du pain sur la planche.
Ce n'est pas moi qui m'occupe du dîner et je savoure à sa juste valeur d'être allégée de cette tâche. Depuis plusieurs années le repas du dimanche soir est celui que prépare l'homme de la maison quand il n'a pas de concours de pétanque.

Je ne parle que de livres (ou de cinéma) (ou de triathlon) il ne parle que de ça. [hors conversation strictement utilitaires et hélas en cette année d'après les deuils, inévitablement nous en avons].

Demain il faudra se lever tôt : maison de ma mère, un rendez-vous d'entretien.

La vie est ainsi.

Je me demande comment on appelle le contraire de binge watching : je regarde seulement à présent le 12 ème épisode de la première saison de Thirteen reasons why. Série pour laquelle je me sens trop vieille, j'ai perpétuellement envie de leur dire, Mais vous en verrez d'autres mes pauvres chéris, qui est terriblement américaine - ce qui m'amuse ou m'agace -, truffée de grosses ficelles narratives, mais est bien filmée et montée (même si sans doute avec pas tant de moyens ?), les jeunes acteurs sont très bons mais pas toujours, mais équipés d'une telle envie de bien faire qu'ils en deviennent touchants, et dont le propos est louable - hé oui, les filles ne sont pas des objets -. Seulement j'ai très conscience de ne regarder que lorsque je veux me dé-saturer de lire ou plus précisément lorsque je dois remettre les compteurs émotionnels et imaginatifs à zéro entre deux lectures pro ou une personnelle et une pro.
Cette série me tient sur l'effet du deuil, et qui est très bien vue de ce point de vue là.

Je tente de me remémorer toutes les choses vécues depuis une quinzaine de jours (2), et m'aperçois que je mène une vie intéressante, intense et jolie. Pour autant que je parvienne par instants à faire abstraction de l'état du monde, mais c'est devenu nécessaire à force d'impuissance et de catastrophes enchaînées - telles la présence de Trump à un poste qu'on n'aurait jamais jamais dû lui confier -. Pour autant que j'oublie ce(ux) qui me manque(nt), morts ou vivants.
On dira(it) que j'attends les prochaines catastrophes assez sereinement. 

 

(1) Nous logions étudiants à la résidence universitaire d'Antony et les garçons allaient assez souvent courir au parc de Sceaux. Je bouclais un tour, grand max et très péniblement.

(2) En gros : depuis le dernier moment où j'ai fait le point mentalement. 

PS : Je vois passer chez Reflets et vers une image qu'on dirait moi (en plus jeune et plus fine, j'en conviens)  22222045_1402189166562632_3880081465751680389_n

 


Après nos fins

 

    À l'occasion d'heureuses (oui, heureuses, les uns et les autres vous vous aimez bien et c'est l'emprise de la vie quotidienne qui vous a éloignés tandis que les kilomètres qui séparent vos villes de résidence n'arrangeaient rien ; il y a aussi qu'avec l'Internet tu as cessé de téléphoner et qu'eux n'étaient pas des internautes, tes aînés) retrouvailles, vous découvrez ce par quoi vous en êtes passés, des maladies graves des enfants, des ruptures, des contextes professionnels pas tout à fait que ce que vous croyiez savoir ...

Tu sais avoir une bonne mémoire jusqu'à présent, du moins pour les choses affectives, alors tu es persuadée que ce que tu découvres à présent, c'est que tu ne l'as pas su, ou alors en mode totalement hors de proportion avec ce qui se tramait (La petite x... , elle n'est pas très en forme en ce moment, par exemple, pour dire une maladie qui rétrécit l'avenir de qui l'a développée). En fait la génération du dessus, qui détenait les nouvelles et que chacun supposait avoir fait le boulot de mettre au courant ses propres enfants (1) n'a rien transmis. L'une n'a pas dit, ou l'autre n'a pas redit. J'imagine bien ma mère nous voyant aux prises avec nos propres problèmes, de boulot, de maladies chroniques, d'argent malgré de bosser dur et de dépenser peu, a peut-être préféré ne pas nous alourdir, sachant combien j'aimais mes cousin-e-s, et s'est tue. Peut-être aussi n'avait-elle tout simplement pas su.  

Depuis février, à chaque personne que nous revoyons (2) c'est une trentaine d'années d'historique qu'on se mange au rattrapage. Pas que du triste, il y a des choses bien. Notamment les femmes qui ont réussi de belles choses d'un point de vue professionnel et ne s'en sont pas vanté et personne n'a eu la bonne idée de colporter.

Ce sont aussi des éléments de l'histoire familiale qui se révèlent pourvus d'autant de versions que d'issus de survivants. Ainsi la mort de ma grand-mère maternelle en Normandie quelques mois après le débarquement et de celles d'un petit garçon qu'elle venait de mettre au monde a autant de versions qu'il y avait d'enfants grands qui avaient survécu. Le point commun étant : tomber malades et ne pouvoir être soignés, du fait des circonstances. Ils se meurent quand tout le monde festoie. Les médecins et même les prêtres sont avec les soldats. Les maisons sont des courants d'air qui n'ont pas ou plus de toits.

Aucune version n'est plus ou moins glorieuse ou dramatique qu'une autre, c'est la maladie qui change ou même (dans mon cas) l'ordre des décès. Le fait est que ma mère ou ses sœurs n'en parlaient jamais, les très rares fois ou elles faisaient l'effort - généralement pour répondre à nos questions d'adolescent-e-s - leur mémoire avait peut-être enfoui les précisions. Nous portons de fait toutes, nous les filles de la génération suivante, le poids de la mort prématurée de cette grand-mère remarquable, dont toutes les traces restantes nous laissent à penser qu'elle fut une femme d'une force de caractère hors du commun. Nous portons également une succession d'enfants grandissants qui n'eurent pas lieu, chaque génération soumise à des impératifs de guerres, maladies, morts, nécessités économiques. Ça se paie un jour, inévitablement.

Mon naturel optimiste (que je tiens peut-être de cette femme, sa force de combat, ou d'une belle part de fantaisie venue de mon côté d'Italie, salut Enzo !) fait que je persiste à penser que nous ne nous en sommes pas si mal tirées.

De façon plus contemporaine, il y a aussi que depuis 1994 nous avons perdu un rendez-vous annuel chez l'oncle et la tante qui avaient une maison assez grande et un immense jardin. Personne n'avait les moyens, ne seraient-ce que géographiques, de prendre la relève.

Il y a également que chacun a pu supposer que l'autre avait été mis au courant, s'était peut-être désolé du manque de solidarité, de soutien. Et que, passé le pire, ceux qui étaient concernés n'avaient pas envie d'en reparler (3), ce qui fait qu'à l'occasion suivante, rien n'avait filtré des épreuves traversées.

D'autant plus qu'on n'a pas envie d'être définis par sa maladie ou ce qui peut handicaper.
D'autant plus que ces dernières années nous ne nous sommes croisés le plus souvent qu'à des enterrements. Ce ne sont les bons moments ni pour confier des ennuis ni pour se vanter.
D'autant plus que le capitalisme sans opposition puissante, qui est depuis plusieurs décennies le système économique prévalant, génère une concurrence permanente sur tout tout le temps. La maladie qui commençait tout juste à n'être plus honteuse (4) devient facteur d'exclusion même après rémission. Alors on la tait.

En attendant, nous avons perdu beaucoup de temps à rester éloignés, écopant chacun dans notre coin, tentant de nous en sortir. Le regret de n'avoir rien su et donc été absente est chez moi tempéré par le fait que j'étais toujours trop prise par mes propres combats pour pouvoir réellement assurer une présence aux autres. J'espère que nous parviendrons à retisser les liens, à présent qu'on sait que l'on ne savait pas.

Je vais désormais essayer, si le travail et les santés des uns et des autres m'en laissent la disponibilité, de venir aux nouvelles et aussi d'en donner. Qu'elles soient mauvaises ou bonnes, sans dramatiser ni exagérer.

Et je retiens la belle idée de ma marraine d'une fête pour remercier un jour tous ceux qui lors des différentes épreuves m'ont aidée. Restera à trouver un moment favorable, un endroit, un budget. Elle sera aussi la fête des fêtes que l'on n'a pas faites.

 

 (1) On s'amuse rarement à prendre soi-même le téléphone ou le stylo pour annoncer à toute la famille l'annonce d'une grave maladie ; au mieux, on appelle une fois le pire passé, pour dire qu'il y a eu ça, mais qu'on s'en est pour l'instant tiré. 
(2) Elle semble avoir eu lieu dans les deux sens, la non circulation de l'information.
(3) Surtout à ceux qui, ignorant tout, ne s'étaient pas fendus du moindre mot, de la moindre visite à l'hôpital, par exemple. 
(4) Je n'ai jamais compris que l'on use de périphrases pour désigner des cancers, a priori ni contagieux ni liés (à part le cancer du poumon et fumer) directement à une activité précise.


Des vacances qui n'en furent pas

 

    Elles devaient être brèves, ces vacances-là, c'était déjà beaucoup en ayant changé de travail fin mai de disposer de quelques jours de congés.

Tu devais : 1/ te reposer, récupérer de la fatigue d'une année 2016 / 2017 particulièrement rude avec deux décès d'ascendants sur fond de monde devenu fou, d'élections présidentielles hallucinantes tant aux USA qu'en France, d'un nouveau boulot suivi un an après par un autre nouveau boulot (formidables et heureux les deux, mais du coup c'était à fond à fond tout le temps, moins les agonies et les enterrements - je résume violemment, mais ça correspond à la perception qui m'en reste une fois les vagues de la tourmente calmées -), sur fond aussi d'un vide persistant, une absence, un chagrin qui ne décroît que bien trop lentement ; il y a aussi un chagrin d'une rupture pour quelqu'un d'autre mais qui te fait perdre la personne qui est partie [un jour établir une liste des personnes auxquelles tu tenais et que tu as perdues ainsi par ricochet, la dégagée collatérale] et dont tu te sentais proche.
2/ t'entraîner ; parce que tu ne t'es pas lancé dans le triathlon pour regarder les autres filer et que cette première année en raison des circonstances fut par trop chaotique. En plus au bord de la mer tu allais pouvoir t'entraîner pour y nager 
3/ lire, par plaisir et pour le boulot ; 
4/ peut-être même écrire un peu, qui sait ? Activité qui t'a été quasi confisquée (fors un peu de blog) au moment de la maladie de ta mère, ce qui était normal, l'accompagnement était prioritaire et les triangulaire maison travail et hôpital ou domicile de la malade étaient un épuisement. Et qu'ensuite le changement de travail et les activités de succession avaient englouties aussi.

Et puis le voisin voleur récidiviste, venu pour notre malheur vivre de Paris en Normandie, est passé par là, transformant les brèves vacances en une mauvaise série policière, un mari en volé obsessionnel stressé et coléreux, selon le processus bien connu souvent subi du détimbrage (je ne sais pas si c'est le terme) : quelqu'un est rendu stressé ou en colère par un fait ou l'action d'autres personnes et comme il ne peut pas y faire grand chose s'en prend à quelqu'un de proche qui n'y est pour rien et en saisissant n'importe quel prétexte. Quand tu es aussi victime du ou des faits qui créent la colère ou la frustration et qu'au lieu de pouvoir compter sur ton compagnon tu te manges sa colère à lui et son propre énervement, c'est absolument épuisant.

À nouveau engloutissement du temps libre. Il a fallu : 

1/ Une fois de plus porter plainte auprès de la gendarmerie ; y retourner lors d'un épisode mouvementé pour reconnaître deux objets retrouvés ; car la gendarmerie où l'on peut porter plainte est à dix kilomètres et qu'il faut en plus prendre rendez-vous (tant le sous-effectif est patent) ;
2/ Réparer, racheter, chercher un artisan disponible, aller dans différents magasins, rechercher des pièces détachées ; 
3/ Se défendre, se protéger ; les péripéties induites nous ont littéralement confisqué une journée entière et envoyés une nuit à l'hôtel - ce qui était le plus sage car les accès à la maison, cassés sur l'arrière ne pouvaient nous protéger -.

Il m'est resté deux entraînements de course à pied et deux de natation, quelques jolies retrouvailles (merci Sylvie et Bruno, merci cousin Vincent), deux séances de cinéma (Le Caire confidentiel et Visages villages, suffisamment bien pour nous sortir le temps des séances de nos tracas), quelques bons repas - mais aussi par manque de temps pour préparer quoi que ce soit -, quelques moments de recueillement (cimetière ; et oui s'y recueillir sur les tombes des ascendants et ancêtres peut faire du bien), une belle promenade, et quatre romans lus (seulement quatre, j'en pleurerais). Mais ce fut sous tension, quasiment tout le temps. 

En l'absence d'actions concrètes des forces de l'ordre, qui semblent particulièrement en sous-effectifs dans cette région, je crois que je vais devoir passer par un avocat au moins pour disposer d'un conseil dans les démarches à entreprendre. Ne serait-ce que pour stopper l'hémorragie coûteuse des nuisances et retrouver un lieu de vacances où l'on puisse se détendre au lieu de s'y tenir sur le qui-vive. 

J'aimerais bien aussi retrouver notre équilibre familial. Vivre avec quelqu'un qui ne pense plus qu'aux agressions subies et à l'agresseur est insupportable. 

J'aime mon métier et je n'ai jamais été aussi épanouie au travail, ni de façon si stimulante, mais j'ai été réellement heureuse de reprendre aujourd'hui le chemin de la librairie, soulagée de retourner travailler. Que les contraintes qui pèsent sur moi redeviennent des contraintes admissibles, celles de toute activité professionnelle normale.

Le pire n'étant pas les vols en eux-mêmes, mais bien que le coupable reste impuni alors qu'il est dûment identifié, capable avéré de violences, et qu'il continue à peser sur le pauvre monde, impuni et narquois.

Heureusement, grâce à Samantdi, je m'en retourne avec une idée d'écriture simple, qui pourrait peut-être enfin s'intercaler dans mon emploi du temps.


Searching back for Sugar Man


    C'est notre petite radio locale qui en diffusant régulièrement de ses morceaux m'a permis de sortir (non sans peines les premières fois) de l'incapacité de réécouter Sixto Rodriguez. Le film de Malik Bendjelloul avait été mon carburant de la fin 2012, début 2013, je l'avais vu trois fois, ça me criait, Tout n'est pas perdu. a match is never lost, et nous l'avions partagé, sans doute notre dernier bonheur commun - même si tu faisais la fine bouche en mode, Allez, il n'était pas si oublié que ça -. Nous avions même envisagé d'aller à l'un de ses concerts ensemble, j'y suis quasiment allée avec mon meilleur ami (en fait nous fûmes 2 x 2, nous échangeant nos impressions en cours par textos). Mais voilà, c'est peu dire que ces concerts au Zénith furent catastrophiques, à hésiter sur ce qui est le plus décent vis-à-vis de l'artiste, partir afin de n'être pas spectateurs du naufrage ou rester en se bouchant les oreilles (1). Je me souviens d'avoir même demandé conseil à mon ami Gilles, Au secours, c'est quoi le moins pire ? Erika, qui la première m'avait dit Vas-y (au sujet du film) en prenant soin de ne rien spoïler, et lui furent des spectateurs de La Cigale, apparemment moins manqué.

Quelques jours plus tard, rupture subie, alors même que je préparais un travail de modératrice pour toi. Rupture sans signes avant-coureurs, si ce n'était un aller-retour à Paris quelques temps plus tôt, trop boulot boulot (soi-disant) pour qu'on se voie et cet étrange week-end en Baie de Somme sans proposer que l'on s'y retrouve et surtout : toi qui ne voyageais pas. Tu m'avais écrit qu'il s'agissait d'un repérage pour un roman, ce qui était étrange, tu ne m'en avais rien dit avant alors que j'étais souvent l'élément stimulant et l'avais clairement été des trois précédents.
Ce genre de choses ne prennent hélas sens qu'après coup. Sur le moment, tout juste l'esquisse d'une alarme, de celle dont parlait si bien Jaddo dans celui-ci de ses billets, et comme tu avais été beaucoup souffrant, m'être dit que c'était signe que tu allais mieux et que peut-être tu souhaitais me faire une surprise en guise de remerciement d'avoir été là en soutien tout le temps. Au fond, je n'avais pas tout à fait tort, la surprise y fut. 

Dès lors le naufrage de Sixto se trouva lié au mien, nous était commun un facteur d'âge, voilà, c'était beau ce nouvel espoir tardif - le sien professionnel, le mien affectif - mais il y a certaines choses qu'il faut faire quand il faut les faire. Après, c'est trop tard. 

Je n'avais plus réécouté Sixto "Sugar" Man depuis lors (2), il aura fallu la radio pour retrouver ce plaisir, non pas intact, l'association d'idées y est, quoi que je fasse sa musique me renverra en arrière-pensée à un sentiment massacré, mais assez fort pour me permettre d'y reprendre goût.

Alors je me suis mise en quête de ce qu'il était devenu depuis, sa santé s'était-elle encore dégradée ?

Et j'ai lu cet article d'Émilie Côté au sujet d'un Olympia en septembre, cette fois-ci réussi. Avec en prime une vigueur politique, qui fait chaud au cœur.

Allons bon, tout n'est donc pas perdu.
(merci Radio Nico)

 

(1) Cet article de l'époque écrit par Laure Nalian pour Culturebox exprime bien le malaise 

(2) D'autant plus que le cinéaste qui l'avait révélé, Malik Bendjelloul, en mai 2014 s'est suicidé. Il était donc réellement devenu impossible d'écouter la musique de Sugar Man en toute légèreté. Et ce d'autant plus que cette mort demeure, semble-t-il, un mystère (article d'Andrew Anthony pour Le Guardian, 13 juillet 2014)


Eternal sunshine of the spotless facebooked mind


    En rentrant puis te connectant tu auras donc eu la surprise d'une de ces videos récapitulatives que facebook aime à concocter de loin en loin pour ses usagers. Musique neutre à tonalité joyeuse, sélection habile (quel est l'algorithme ?), fin sur un des meilleurs moments du temps de la belle librairie aujourd'hui fermée, l'épisode est parfait. 

Jamais on ne pourrait imaginer les drames de l'année 2015, dans un monde aussi équilibré. Rien pour autant n'est mensonger. Ils (leurs programmes, leurs ordis) ont choisi les bons souvenirs, tu te dis que si tu confiais à Facebook le soin de rédiger ton CV il n'y aurait pas dedans le mot "remplacement" ; cette video donne l'impression effective que tu es quelqu'un d'important - ce à quoi tu ne tiens pas tant, tu voudrais être quelqu'un à la bonne place au bon moment, la pièce du puzzle insérée facilement -. Et c'est vrai qu'à y regarder, si l'on parvient à se laisser aller, le fait de rappeler les bons souvenirs remonte le moral.

Mais quelque chose te fait tiquer, sans que tu ne saches bien quoi. C'est comme dans les romans policiers, ces moments où l'enquêteur croit avoir une solution, ou remarqué quelque chose mais ne parvient pas à définir ce que c'est. Généralement, quelques pages plus loin, il obtient la révélation.

Il y a aussi ce petit rappel des événements de la date anniversaire. Ils sont moins filtrés, les bons et les moins bons, je ne suis pas encore tombée sur les tristes et très graves - je me demande si le reminder est paramétré pour éviter certains thèmes comme l'annonce d'un décès -. C'est à l'occasion fort intéressant. Tu t'aperçois ainsi que l'affaire de la fuite d'eau invisible s'était amorcée par une fuite d'eau pas invisible du tout et aussitôt réparée 

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Tu ne te souvenais que des épisodes ultérieurs, le côté insidieux, tout semblait bien chez vous et le voisin du dessous se plaignait. Des venues de plusieurs plombiers, l'un réparant une bricole, l'autre une autre, ça ne semblait rien changer sauf pour votre compte en banque.
Là aussi il y a d'heureux moments auxquels tu ne pensais plus. Et des trucs qui restent toujours vrais, comme dirait Guillaume, Vienne la nuit, sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.

Capture d’écran 2016-02-06 à 22.33.47Une photo très marrante que tu avais prise et oubliée (quatre ans (quatre !) se sont écoulés) (1)

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Un souvenir bruxellois et comme tu as tourné la page, ça te fait plutôt du bien de te rappeler qu'une belle parcelle de bonheur exista. 

Capture d’écran 2016-02-06 à 22.39.58Et c'est alors qu'intervient le Eurêka de l'enquêteur. Le crime de FB était presque parfait, trop. Tu viens de comprendre qu'ils effacent tout ce qui à trait à ceux qui furent tes "amis" mais ne le sont plus, y compris si les échanges furent fort fournis à un moment donné.

Facebook te sert donc une version de ta vie, déjà filtré par le prisme trompeur de ce que tu as bien voulu laisser entrevoir, et par ailleurs édulcorée. Une sorte d'Eternal sunshine of the spotless mind où l'effacement, dès lors que quelqu'un t'a désamitée, serait parfaitement effectué.

La vie moderne, c'est quelque chose.

(Suis-je vieille école que de considérer que c'est encore plus violent que d'être confrontée aux ex-bons souvenirs qu'une perte aura rendus sombres par après ?) 

 

(1) Mais tu n'avais pas oublié qu'il s'agissait d'un concert que tu devais à Joël.

PS : Et à part ça c'est curieux, les souvenirs déjà anciens avec les photos de profil actuelles. Troublant.

 

 

 

 


Moment déplaisant sur la bascule de l'an (climat général ou conflit local ?)

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Tu as entendu : le silence, un silence remarquable.

La petite maison de Normandie se situe en effet sur la rue principale (ou l'une des) de la petite ville commerçante, là où l'on vient des environs pour se ravitailler. La route vient d'être refaite et c'est un grand confort auditif, plus de tac-tac de roues sur un défaut de revêtement. Il n'en demeure pas moins qu'on entend presque sans cesse un bruit de fond de circulation. En cette soirée du 31 décembre vers 22 et 23 heures c'était un silence parfait. Chacun devait être chez soi ou chez quelqu'un d'autre à attendre minuit et de trinquer.

Tu as pensé : écoute ce silence, c'est rare, il faut en profiter.

 

(à minuit un peu passé)

Tu as entendu : des détonnations
Tu as pensé : Mini feu d'artifice ou pétards ? Tu as aussi repensé au Bataclan, qu'au début beaucoup ont cru que les clak clak qu'ils entendaient faisaient partie du show, une fantaisie pyrotechnique. 

 

(dans la pièce du haut, par la fenêtre sur rue, un peu après)

Tu as vu : un petit feu d'artifice au dessus d'une des rares maisons où il y avait de la lumière. 
Tu as pensé : Je vais tenter de le photographier, s'il n'est pas terminé.

(et tu es allée prendre ton appareil photo)

Tu as vu : des gars dans la rue avec des chapeaux brillants pointus, et pour l'un d'eux un faux-nez-moustache, bref des qui faisaient la fête, qui balançaient des pétards, rigolards.
Tu as pensé : sous les voitures, ça n'est pas malin.
Tu as dit (vers l'intérieur) : Il y a des gars qui jouent à faire péter des pétards, c'est un peu près des voitures, ça n'est pas malin.

(tu as ouvert la fenêtre, tu as pris des photos, sans chercher à être ni vue ni pas vue)

(un des gars, sans doute un adolescent, passait tout près)  P1011949

 

Tu as pensé : Il est en tee-shirt et ça n'est pas délirant, pour un 31 décembre il fait un temps de printemps. Tu as pris la photo sachant qu'elle serait floue, juste pour te rappeler du temps trop clément.

Tu as dit : Bonne année ! 

Il a répondu : Bonne année ! 
Un autre, plus grand, peut-être adulte, qui le suivait a dit : Bonne année !
Puis un petit, tout joyeux, blondinet : Bonne année à vous, et surtout Bonne santé !
J'ai répondu : Tu as raison Bonne santé ! C'est important

(Et ils ont continué vers le sud).

(Alors que tu t'apprêter à fermer la fenêtre)
Tu as entendu : le mot photo
Tu as pensé : ils ont remarqué que tu en prenais 
(mais de toutes façons tu avais cessé, le feu d'artifice semblait terminé, et puis ils avaient eu l'air joyeux, pas du tout indisposés)

(Ils étaient arrivés à la hauteur de la maison avec le père Noël, les lumières et la déco) 

Tu as entendu : Des éclats de voix. Une femme, d'âge mur et qui avait le timbre de quelqu'un de corpulent (1) et qui disait quelque chose comme Non mais ça va pas, c'est quoi tout ce boucan, vous n'avez pas fini ! Une réponse d'un des gars qui se terminait par "premier janvier". Et la femme qui criant plus fort encore menaçait "Je vais prévenir la police !"
Tu as alors entendu : une voix d'homme, mûre, du ton de celui qui se demande une fois de plus comment l'accorte jeune fille qu'il avait séduit au siècle dernier, si timide et jolie, avait pu se transformer au fil des ans ainsi en forte harpie, qui disait Les flics ne vont pas venir, on est le premier janvier. Et ce n'était peut-être pas dit mais ça s'entendait Ne sois pas ridicule, calme-toi !.

(Tu as alors fermé la fenêtre, très vite)
(et tu es allée éclater de fou-rire dans l'escalier, tellement ça ressemblait à un sketch. Des Inconnus par exemple).

Tu as pensé : Il y a des gens bien malheureux, quand même, ne pas être en état de supporter quelques pétards dans la nuit du 1er janvier. Ils ne pourraient pas vivre dans la grande ville, et encore moins dans les banlieues.
Tu as pensée aux gouffres qui s'élargissaient entre les différentes zones de la société. Et tu as eu moins envie de rigoler.
Tu as pensé : Quel dommage pour le petit gars ! Il avait l'air de si bien s'amuser (même si c'était idiot, mais tu te souvenais des copains d'enfance de ton quartier combien avec les pétards ils adoraient jouer)

(Il t'a semblé que les gars remontaient alors vers le centre du bourg) (d'où ils étaient venus)

(Tu as alors vaqué à tes occupations de fin de soirée, répondre à quelques textos de bonne année, débarrasser la table, faire un brin de toilette, te laver les dents ...)

(Alors que tu remontais dans la pièce aux lits)

Tu as entendu : des pétards à nouveau proches, dont un assez près.
des cris dans la rue, sur le ton de l'insulte [mais indistinctes pour toi], la voix de la femme, la même, des voix d'hommes, surtout un

Tu as vu : l'homme de la maison ouvrir la fenêtre tout en disant "Là, ça va pas !" prêt à s'en mêler

(tu as pris l'appareil photo) (tu prends toujours l'appareil photo)

Tu as entendu : l'homme de la maison dire, amusé Ils ont même un sabre Star Wars - comme si du fait du gadget, l'altercation ne pouvait être sérieuse -.

Tu as entendu : la voix de femme clamer : Sale Bougnoule ! Rentre chez toi ! 
Tu as vu : le deuxième homme que tu avais plus tôt salué, qui t'avait dit, pas bourré, sympathique Bonne année passer en remontant du sud du bourg vers le centre
Tu as entendu : Il répondait [C'est ça oui !] Allahouh Akbar ! Va te faire enculer ! (à la réflexion tu ne sais pas s'il a dit ou non C'est ça oui ! ou si c'était juste le ton employé)
Tu as pensé : Oh non, pas jusqu'ici quand même ! Et que l'année 2015 avait décidément transformer une fissure en faille dans cette société.
Il t'a semblé (mais tu ne saurais en jurer, tu ne voyais pas, la fenêtre n'est pas grande tu étais en retrait) (d'ailleurs : tu n'as pas pris de photos) que les autres personnes incitaient à l'apaisement [Viens, laisse tomber].

Tu as vu : en face les gens aussi se mettaient à leur fenêtre, ainsi qu'un peu plus loin.
Tu as pensé : C'est curieux, dans la soirée on avait l'impression que tout était vide, pourtant les gens étaient là.
Tu as entendu : la femme gueuler, Rentrez chez vous, tous, qu'est-ce que vous avez à regarder, de toute façon maintenant je sais leur adresse, puis vers les gars déjà éloignés, Je sais votre adresse, La police va venir !
Tu as vu : l'homme de la maison refermer la fenêtre, en mode l'incident est clos, mi rigolard, mi accablé.

(tu l'as interrogé du regard, pour le côté mi-rigolard, alors il a dit)

- Le sabre Star Wars, c'est elle qui l'avait.

Il n'empêche que malgré cet élément de détente final, ça t'a laissée plombée. Que même au fin fond de la Normandie des shrapnells de la situation générale puissent pourrir les rapports entre les gens. La vitesse à laquelle ça avait dégénéré, alors qu'après un premier ferraillage, les fêtards et les pas, ça semblait OK. Que le gars qui n'était pas bourré et t'avait semblé sympa, se soit laisser embarquer par la haine de la femme.  

(Plus tard dans la nuit, pas si longtemps après)

Tu as entendu : un long défilé de voitures, presque une circulation de jour de marché.  C'était les gens qui chez eux rentraient. La ville se repeuplait.

 

Au lendemain matin, tu as retrouvé l'enveloppe d'un gros pétard à mèche dans le jardin, un peu surprise que ça ait été si près. Une amie secourable t'a mise sur la piste de touites de Maître Mô (2) sur un réveillon de deux familles qui il y a quelques années s'était transformé en bataille rangée, qui t'on fait penser que Oui, ça pouvait dégénérer très vite, que ça n'était peut-être pas seulement cette année en particulier.

Tu t'es alors demandé ce que tu avais vu exactement, ou entendu et ce que tu avait cru comprendre, de ce qui s'était passé.

Il te manque aussi un élément qui peut être déterminant : ces personnes se connaissaient-elles, avaient-elles déjà eu un différent, était-ce la suite de quelque chose ? (ce qui aurait pu expliquer tant d'agressivité avec si peu pour l'allumer).

 

 

(1) Bizarre, mais j'avoue être incapable de le définir autrement. Alors que je ne l'ai pas vue. Alors que je sais pour l'avoir constater maintes fois qu'une voix peut être fluette dans un corps épais et que l'inverse est possible.

(2) Entre temps je vois qu'elle en a fait une récapitulation.


À l'ami disparu


    Marrant comme tu es là, mentalement toujours là, je t'ai vu au concert, silhouette contre le mur juste avant que Patti ne chante ce morceau de révérence à ses chers disparus, tu étais là ce soir, bien sûr, à table avec nous, même si nous n'avons pas parlé de ni avec toi, ce n'étais pas la peine, nous le savions tous trois qu'on était quatre avec toi ; même si tu ne manges pas. Ni ne bois.

Tu es de toutes les soirées à la petite librairie, tu es dans les mots échangés, dans les absences de certains qui hésitent à venir pour ne pas être confrontés à la présence de ton absence ; et moi je t'y vois, je peux même dire que j'entends ta voix, ce que tu dirais si. Et je sais avec certitude que c'est exactement ça.

Tu m'as mis plus d'une fois la main sur l'épaule lorsqu'à la librairie que je m'apprête à quitter, épuisée, des clients ou des livres se montraient sans respects à votre sujet. Par exemple : ceux qui spéculaient.

Comment dire ?

Tu es là et je ne suis pas pressée que tu n'y sois pas, même si ne plus songer à ce jour tragique serait un progrès. 

Ils ont voulu ta mort. Mais je ne t'oublierai pas.


L'étrange météo plutôt favorable


    Tu avais un rendez-vous médical que l'on qualifiera de contrôle ou de résultats des courses, un horaire précis. 

Il restait peu mais un peu de temps pour dormir avant d'y aller. Ta vie depuis 9 mois, c'est régler le radio réveil sur la contrainte suivante, qu'elle soit médicale, sportive, professionnelle ou festive, et dormir en attendant.

Mais le ciel en avait décidé autrement ; ce sont des rafales de vent, si violentes qu'elles faisaient battre les fenêtres, et une pluie de déluge naissant qui se sont abattues sur la ville. Au point de te tirer du très profond sommeil, dans lequel tu sombres instantanément. 

Tu te demandes comment tu vas faire pour honorer ton rendez-vous. C'est embarrassant : il est de ceux qui se prennent plusieurs mois à l'avance et qu'un employeur aura beau jeu de te reprocher si tu refuses de venir travailler à sa demande un jour inhabituel parce que tu en avais un de prévu - et que tu n'es pas si indispensable, tu le sais -. Mais à présent c'est la pluie et le vent qui jouent les menaces.

Et qui, miracle ou constatation d'échec de l'intimidation, stoppent tout soudain au bout d'un quart d'heure pour laisser place à un brillant jour d'été.

*            *            *

Le rendez-vous passé, tu sors, le cœur (presque) léger, sous ce temps estival. Un parc propose ses bancs à proximité. Tu t'y arrêtes pour lire, savourant la pause, dans un emploi du temps somme toute assez chargé.

Tu aurais le temps de rester, mais à la fin d'un chapitre tu te lèves, vérifies où se trouvent les vélibs les plus proches et files en prendre un, rentrer soudain sans plus tarder. Il fait pourtant encore grand soleil.

Le vent se lèvera alors que le vélo viendra d'être posé et à nouveau pluie et vents se déchaîneront alors que tu viendras de fermer derrière toi la lourde porte de l'immeuble, avec un grondement d'orage en guise de salut.

Pour un peu tu le prendrais comme une marque de déférence, Bravo, bien joué, je n'ai pas réussi à t'avoir, tu es arrivée à temps. 

*            *            *

Mon programme des prochains mois sera de tenter avec la vie même d'en faire autant. 


Une fois de plus

 

Une fois de plus tu n'as rien vu venir, cette terrible mauvaise nouvelle concernant quelqu'un que tu ne vois pas si souvent mais que tu aimes beaucoup et pour qui tu ne t'étais absolument pas inquiété du silence inhabituel, un ultime touite mentionnant un lieu de possible villégiature, tu t'étais fait ton petit film de vacances pour elle anticipées. 

Aucune intuition, que dalle. Tout juste si tu ne t'es pas dit, Comme ça, ça tombe bien elle sera de retour vous pourrez vous voir en juillet. 

Et voilà que l'amie réapparaît avec un statut triste et digne expliquant son silence prolongé. Et tu ne sais ni que dire ni que faire pour aider. Ces moments qu'il faut coûte que coûte parvenir à traverser. 

 

La façon dont la mort frappe en ce début d'année 2015 ne laisse pas de m'impressionner. 

(ainsi que mon incommensurable naïveté) (mais c'est très secondaire)


Tu ne veux pas te l'avouer mais en fait tu attendais


P4261803C'est au vu du peu de courrier, que des choses sérieuses, de la banque, des relevés, ou inutiles et publicitaires - non, tu n'as pas d'argent, avec quoi est-ce que tu achèterais ? - et que ton cœur s'est serré en constatant e peu, que tu t'es rendue compte que : 

- oui, tu espérais malgré tout encore et toujours un mot d'excuses, et pourquoi pas sous forme d'une lettre, une vraie, celle qu'il aurait dû au minimum t'écrire il y a deux années, pour le message malencontreux et affligeant du 8 janvier. Une amie qui a vu combien plusieurs mois plus tard encore tu en souffrais t'a soufflé, Tu sais c'était peut-être un envoi programmé. Et depuis tu te conditionnes à la croire, mais voilà, un mot qui dirait :

Je suis désolé, je n'avais pas suivi l'actualité française, j'étais préoccupé par la sortie de nos livres, et puis vraiment je m'en veux mais j'avais oublié que tu connaissais Honoré.

te délivrerait de quelque chose qui te fait intérieurement saigner. Être plus ou moins quittée pour une autre, ça ne faisait guère que la quatrième fois qu'on te le faisait et la sixième en comptant différentes menaces jamais réalisées, donc ça fait toujours aussi mal, mais OK. Avoir aimé quelqu'un capable d'autopromotion niaise béate joyeuse insouciante virevoltante au lendemain d'une tragédie collective à part personnelle qui plus est, ça te laisse une fente au cœur, un doute solide (est-il en plus d'être fou d'amour devenu fou tout court ?), une question obsessionnelle (Mais pourquoi pourquoi pourquoi a-t-il fait ça ?). Et le chagrin dont tu t'étais crue délivrée s'en trouve en fait réactivé.

- et oui aussi, il faut l'avouer, tu espères des nouvelles de F. B. (1). Dans la panade actuelle, ça te réconforterait.

[photo qui n'a rien à voir, quoi que : sur le stade de #MaNormandie un défibrilateur sous clef, l'esprit Shadok n'est pas mort, le goût de l'effort inutile : à quoi peut diable servir un défribrilateur s'il faut plusieurs minutes avant de dénicher le gars qui a la clef ?]

 

(1) Que surtout François Bon ne se sente pas concerné, en fieffés internautes on se tient au courant même lorsqu'on ne s'écrit pas directement. Ni d'ailleurs aucun de mes amis de l'internet qui aurait les mêmes initiales. Il s'agit de quelqu'un qui y est très peu - ou alors sous un pseudo resté secret à ce jour -.