En lisant un article sur une tempête de sable à Katmandou

 

    En lisant un article sur une tempête de sable à Katmandou, j'ai entre-aperçu en lisière une photo d'un des "Royals" britanniques. Elle m'a mise comme un doute solide. (et bien un peu drôle)

Capture d’écran 2016-03-28 à 13.40.03

(En même temps une de mes collègues jeunes l'avait vu sur la fin de son étrange passage, et je me dis qu'elle l'aurait reconnu, elle)

Une bizarrerie (mes neurones en parallèle)


    Ainsi donc c'est la troisième fois que mon cerveau me fait le coup de disposer de toutes les infos nécessaires pour établir l'évidente connexion entre une personne que je connais et une autre que je connaissais ou un travail d'elle-même qu'elle avait fait et que je connaissais. Un lien qui aurait dû me sembler évident dès la rencontre elle-même et qui pourtant aura mis entre 8 et 24 mois pour s'établir enfin. Et le plus souvent de façon fortuite. Ou plutôt par une conséquence logique mais involontaire.

Pourtant dans la vie, je suis celle qui, délivrée du poids des enfants petits, assoiffée d'apprendre, en perpétuel appétit de bons moments (et les soirées en librairies, ou voir un bon film, le sont) et donc sortant beaucoup, pratiquant aussi l'internet dans sa version chaleureuse de contacts et d'échanges, fait souvent le lien entre les uns et les autres. Avec une vista pour les collaborations fructueuses et autres affinités dont j'aimerais qu'elle puisse un jour s'appliquer à ma propre vie - mais on dirait qu'hélas je suis moi-même exclue du champ de mes propres capacités ; ou bien ma capacité est celle-ci et rien d'autre : présenter les uns aux autres afin qu'ensemble ils puissent progresser -.

Il m'est donc particulièrement troublant de constater à quel point mes neurones ou tout autres éléments impliqués dans les processus de pensée fonctionnent pour moi-même en parallèles sans jamais spontanément se croiser et pour le collectif en très efficace toile qui relie les autres.

Je reste très émue de ce que je viens d'apprendre. Un lien entre un ami relativement récent et d'autres qui datent du temps où je venais de faire la rencontre décisive qui allait bouleverser ma vie. Et une foule d'éléments incompréhensibles isolément prennent harmonieusement place. Dont le fait que je me sente à ce point affectée par la mort de Patrice Chéreau alors que je n'ai fait que parfois le croiser - et apprécier ses travaux, certes, mais d'ordinaire ça ne suffit pas pour avoir du chagrin comme ça -. 

Émue et heureuse de ce que j'ai enfin appris,  mais troublée par mes sortes de micro-aveuglements, voire d'amnésies. Comme un sortilège. Ou un enchantement.

 


Parfois la vie nous envoie des messages


P5072815Seulement même si on les voit, sur le moment on les interprète mal (j'avais songé, oh oui, dis-le moi). 

Je pêche toujours par naïveté.

Longtemps après, et compte tenu des développements ultérieurs, P5072812ils prennent une tout autre couleur.

[photos mardi 7 mai 2013, à Livre Sterling et dans le quartier ; la première a désormais un titre ("Pendant ce temps il obéissait")]


Gratitude et soulagement

 

Je tiens à remercier de tout cœur le client ou la cliente qui hier à 13h04 alors que j'accomplissais la première partie de ma pause déjeuner, acheta le roman dont la présence m'offensait, dont la vue m'étreignait chaque fois que j'oubliais de me préparer à faire l'effort épuisant de faire abstraction sur qui l'avait commis et en l'honneur de qui et si peu de temps après m'avoir sommée de dégager afin de faire place à l'amour le vrai.

Je me plais à rêver qu'il s'agit de quelqu'un qui lit par ici, a compris mon chagrin, a choisi volontairement de venir faire sa bonne action pendant mon absence. Aurais-su encaisser sans frémir, sans pleurer, voire perdre connaissance (1) ? Qu'aurait pensé le client qui est en droit d'acheter et de lire un ouvrage sans se voir imposer des arrière-pensées dues aux vies privées de l'auteur et de la personne qui le lui vend,  et qui risquent de lui en gâcher la lecture ? L'auteur de celui-ci ne serait pas le premier homme à écrire si merveilleusement sur l'amour tout en se conduisant dans l'existence comme un être brutal et sans scrupules aucun, passant de l'une à l'autre sans respect pour la femme n-1, s'appliquant à séduire même si pour lui ça ne correspond à rien, sans se soucier que ses mots et ses regards aient pu être pris pour ce qu'ils semblaient (n'est-ce pas, Ted ?).

Ou bien à croire qu'il s'agit de quelqu'un à qui jusqu'à l'année dernière travaillant dans le même quartier je me suis appliquée en Bonne Mascotte dévouée à faire connaître le travail du bien-aimé et qui, la librairie précédente ayant fermée, a été heureux de voir que cet écrivain à nouveau publiait. Peut-être même qu'il ou elle lira le nouvel opus en croyant que c'est à moi qu'il s'adresse ; se dira Je pensais bien pour en parler ainsi qu'ils devaient s'aimer fort ces deux-là. Peut-être que cette lectrice, moins probablement ce lecteur, alors se réjouira. Sans imaginer un seul instant, au vu de la situation d'il y a encore onze mois, que tout s'est effondré très brutalement pour moi. J'ai trouvé mieux, restons amis.

Je sais que le livre n'a pas été conseillé. Que la personne qui l'a pris venait spécifiquement le chercher. N'a rien acheté d'autre. D'où l'illusion qu'elle est venue exprès afin de m'en libérer.

J'espère, c'est pour moi trop de souffrance, qu'il n'y aura pas de réassort. Aucun. Même si, accordant le respect dont j'ai été privée, je ne dirai rien. 

 

(1) La première fois que je suis tombée sur ce livre en en rangeant un autre, du fait de la surprise, de l'absence de méfiance, j'ai été à deux doigts de la perte de conscience. Que je suis parvenue à limiter à une simple pause, un éclat d'aller dans les toilettes pleurer. 

 

Lire la suite "Gratitude et soulagement" »


Quand l'intuition précède de loin la compréhension - doc about ABBA

 

J'étais tombée sur ce documentaire il y a quelques jours, n'ai eu le temps de le regarder que ce soir. Il est truffé de micro-pépites y compris (ou peut-être surtout) pour qui n'apprécie pas l'ancien groupe plus que ça.

Les intervenants sont pour plusieurs inoubliables. J'adore le pianiste et le costumier (quand tu penses que tout ça c'était pour échapper au poids de la sexualité fiscalité). 

Peu à peu j'apprends et je comprends pourquoi très exactement me fait l'effet qu'il me fait ce groupe-là et aucun autre, ou peut-être, mais il n'est pas un groupe et c'est dans une moindre mesure et avec les ans l'effet s'est un tantinet tassé, Eros Ramazzotti

Attention, je ne suis pas fan. Incapable de l'être sauf éventuellement de chanteurs/euses d'opéra et encore je peux être subjuguée par leurs prestations et garder face à eux IRL un relatif sang-froid, voire ne pas même les reconnaître. Mais disons qu'Abba est un médicament dont j'use régulièrement - même si je préférerais avoir moins d'occasions de le faire que depuis huit ans -, que leurs chansons me sont restées, et qu'ils sont pour moi source d'une aspiration. On peut partager le triste car le plus souvent pour qui n'est ni séduisant(e) ni bien né(e) la vie le plus souvent l'est, mais qu'il y ait de la pêche, de l'humour - sans que l'autodérision n'obère l'émotion -, de l'énergie, que ça console ceux qui ont profité du partage. Et qu'un travail de création peut être populaire et accessible au plus grand nombre sans pour autant être mauvais, qu'il peut même inspirer ceux qui se veulent pionniers et soucieux seulement d'art - ce qui revient souvent à un abord plus compliqué -. I would like so much life to allow me to do my job here below before it's too late, I'm way too tired these days and afraid it's as for love the case.

 

PS : Ce serait bien que je me souvienne de Kevin, se dit la fille qui a toujours bien trop d'idées par rapport au temps et à l'énergie nécessaire pour les réaliser.

PS' : Note pour Satsuki : vrais éclats de Suédois inside (certes brefs, mais)

 documentaire The joy of Abba - Phil Ramey Ben Whalley BBC4 (samedi 28 décembre 2013)

 


366 - mains touchées

C'est en montrant à Anne ce troublant hasard de proximité que j'y ai soudain repensé : plusieurs fois ce jour-là nos mains auraient pu se toucher. Peut-être n'en avais-tu aucune velléité, peut-être au contraire, par exemple dans le taxi, que tu espérais. 

Mais encore marquée par des années de solitudes, la disparition de celle ou celui que j'appelle par ailleurs "Mon assassin préféré", ta véhémence quand tu as décidé de nier l'amour qui naissait, je n'ai pas osé.

Aujourd'hui, bien trop tard, je l'ai regretté.

 

366 réels à prise rapide - le projet 
366 réels à prise rapide - les consignes.


366 - super héros - version 1

 

Je ne suis pas un super héros, seulement une Bonne Mascotte, spécialisée littérature avec quelques incursions dans la musique et le cinéma. Qui est pris dans l'écriture, ou s'y sent poussé mais sans parvenir à franchir le pas, ou a connu des périodes fastes mais à présent s'enlise, peut sous certaines conditions qui ne m'appartiennent pas, compter sur mes services.

Les résultats sont parfois spectaculaires. J'ignore comment doser. Le processus une fois enclenché semble irréversible, Wytejczk a d'ailleurs peut-être disparu un peu pour cette raison-là, qui souhaitait rester coursier et non virer écrivain (douloureusement) renommé. Mon carnet d'adresses pourrait sembler somptueux aux yeux d'un fin lettré. Il l'est en forme d'apparences trompeuses : j'ai rencontré les uns et les autres avant leurs premiers succès ou que débute enfin la trop tardive reconnaissance de leur travail.

Le rôle est harassant. Il convient de lire énormément. Il n'est pas sans chagrin : les hommes (hétéros) à peine tirés de la mélasse s'empressent de prendre femme, laquelle non seulement jouira de leur présence mais est prise pour la muse quand je l'ai précédée de mon pouvoir discret. Il semblerait que Bonne Mascotte, tout comme jadis Vestale, condamne à la chasteté.

De plus tel le rôle de "U" dans l'œuvre de Grégoire Solotareff et Serge Élissalde, il abonne à la solitude : une fois la mission accomplie, l'auteur tiré d'affaire, la romancière satellisée sur les orbites du grand succès, on diminue puis disparaît ou presque de la vie du ou de la Mascottée. Ça n'empêche pas de jolies retrouvailles, mais elles tendent vite à s'espacer et se distend le lien, disparaît l'intimité (1).

Enfin, on n'est pas Bonne Mascotte de soi-même. Il semblerait même, si j'en crois les derniers développements, qu'il est impossible à une Bonne Mascotte d'en trouver une pour soi. La Bonne Mascotte de base ne peut compter que sur une clémence particulière du petit dieu facétieux des livres pour services rendus. Cette clémence est volatile et ne pèse pas lourd face au poids du féroce Chagrin d'Amours, cousin d'Hécatonchires aux pouvoirs voisins, ni aux œuvres inlassables des Parques de l'Ennui Sérieux de Santé. De plus, comme elle fait gagner beaucoup d'argent à ceux qu'elle a secondé, le demi dieu Picsoulidon n'a plus pour elle de budget. Le petit dieu des livres intervient parfois afin de lui éviter l'absolue banqueroute, souvent d'un (fin) cheveu.

Si j'ai survécu jusque-là, c'est que malgré la baisse de la part de l'écrit dans nos sociétés de cons-sommations, il restait encore bien des appelés à protéger afin qu'ils fassent un jour partie des élus d'un art bientôt perdu.

 

(1) à de notables exceptions près.

 

Lire la suite "366 - super héros - version 1" »


La petite chanson de deux gags tristes

Ce qui suit est presque une fiction, condensée de deux micro-mésaventures similaires dont une seulement frôlée.


Tu habites une grande ville.

Moi aussi (une autre).

La crise économique étrangle les fins de mois. Je m'en sors tout juste, reliquats de droits des dures années d'usine.

Pas toi.

Ne m'envie pas, elles ont failli avoir ma peau.

Ce livre te manquait.

Je viens de lire ce livre. Il m'a ému. J'en ai recopié des passages entiers.

Ai-je besoin de le conserver ?

Ce livre est rare. Est-il si rare ?

Dans ma mémoire il est vivant.

Je te le donne. Je le rends.

Je te le rendrai. Mais non, c'est pas la peine, garde-le. Fais-en ce que tu veux.

Il te sera plus utile qu'à moi. Il m'a tant émue, tu sais, j'en ai recopié des passages entiers.

Écoute, fais-en ce que tu veux.

(chez moi je ne sais plus où les mettre, ça en devient dangereux).

Parfois la nuit ils tombent, ils choient.

Ne cesse pas d'écrire, je t'en prie.

(un autre jour) Quand même j'aimerais bien l'avoir sous la main. Si j'en recherchais un exemplaire sur l'internet.

Je dépose une douce alerte. Assez vite je l'oublie.

Écoute, ce livre il est à toi. C'est tellement plus légitime.

(plus tard, presque longtemps plus tard) Tiens une librairie d'occasion le vend.

Les fins de mois sont sèches. On verra plus tard s'il est encore là.

J'en avais recopié des passages entiers - le sais-tu ? des poèmes -. Ce soir je les relirai.

Manque-t-il des éléments importants de compréhension ?

C'est étonnant, ce résumé. On dirait qu'il est triste.

Cette librairie est dans une grande ville, elle est sans doute dotée de très nombreux clients. Il ne devrait pas rester en vente longtemps.

Je suis déjà allée dans cette ville, peut-être que je la connais.

Parfois on ne sait pas comment payer son loyer.

Mais, voyons, cette description du lieu, mais voyons. Bon sang, je sais.

On dirait la presque histoire d'une fille qui aurait racheté un livre qu'elle avait donné. Écoute, fais-en ce que tu veux.

Aurais-tu avoué ? À quel surprenant embarras avons-nous (de peu) échappé ?

Ce monde fait de nous d'étranges miséreux. J'espère que le volume trouvera preneur.

À chaque chose un peu de bon : mon petit système d'alerte en zones insoupçonnées est vraiment performant.

Lire la suite "La petite chanson de deux gags tristes" »