Un samedi de récupération


    Finalement la journée de récup du samedi précédent travaillé et dont j'avais bénéficié ce vendredi avait été fort active : entraînement de natation, séance de réglage vélo, et soirée au stade Bauer pour un match du Red Star, en y allant à pieds ce qui faisait 8 km de balade entre Clichy et Saint Ouen.
Alors ce samedi c'était la "vraie" récup. Une grasse matinée, passée pour l'essentiel à revoir le match.

Il y avait en effet un nombre certain d'éléments qui nous avaient échappés en tant que spectateurs de gradins, pourtant assez connaisseurs de football. Un but que j'avais vu "barre transversale" et renvoi du ballon sur le terrain, une longue absence du gardien de Concarneau, un carton rouge qu'on avait cru voir jaune, un autre carton rouge qu'on n'avait pas bien vu, un but que je n'avais carrément pas vu, et puis un attroupement comme s'il y avait eu des jets de projectiles et un carton jaune pour l'un des joueurs de Concarneau, qui semblait n'avoir pas commis de faute.
C'est amusant de constater à quel point nous sommes devenus dépendants des ralentis et autres formes de replay.
Et puis, que les arbitres soient sonorisés ou qu'il y ait un speaker pour annoncer leurs décisions serait parfois bien.

Conclusions d'avoir revu le match, tous les mystères sont éclaircis mais l'arbitrage n'en sort pas grandi :

1/ Si le premier carton rouge est sévère (OK jeu dangereux mais ça n'était pas intentionnel le ralenti le montre bien, un jaune aurait suffit), le second relève de l'erreur d'arbitrage, le défenseur tacle et dégage le ballon, l'attaquant lui tombe ensuite dessus dans l'élan. Le tacle est latéral, il le fait après avoir pris l'attaquant de vitesse.
2/ Le 2ème but de Concarneau le ballon était effectivement ressorti mais il avait eu un rebond à l'intérieur.
3/ La chaussure droite du gardien de Concarneau s'est déchirée sur toute la hauteur de l'intérieur. Et si ça a pris tant de temps c'est qu'il a fallu que quelqu'un aille chercher une deuxième paire aux vestiaires
4/ Le carton jaune contre un attaquant de Concarneau c'est parce qu'il est allé célébrer son but près du kop du Red Star (en fait il n'y a pas eu spécialement de jets de trucs, l'attroupement que nous avions vu avait été créé par le fait que l'attaquant adverse aille se mettre là).
5/ Le score est particulièrement injuste pour le gardien du Red Star, il a fait des arrêts décisifs et sauvé la mise bien des fois. Et ça c'est fou car au vu du match, je ne m'en étais rendu compte qu'en deux ou trois occasions alors qu'il y en eu un paquet. Bravo à lui

Regrets que la VAR ne soit pas disponible en Nationale 1,  il y a des enjeux pour là aussi aussi et la physionomie de cette rencontre dont nous fûmes des observateurs directs perplexes, a été modifiée par deux décisions que les images filmées montrent comme contestables.

L'expérience était doublement intéressante (à condition d'aimer le football), voir de nos propres yeux, puis voir en quelque sorte les explications.

L'après-midi, je me suis encore reposée, brève sieste et vidéos des amis.

Celle des Artisans de demain, une vidéo un peu étrange 100 % masculine car Iliès était en virée avec un pote aux bords du Yémen (OK petite virée entre copains, on pourrait en faire autant entre amies), mais ils semblent n'avoir croisé que des hommes, vraiment pas une seule femme. Et ça donne une impression de monde dystopique comme si c'était ce qui advenait dans un monde dont toutes les femmes auraient disparu (un virus qui n'attaquerait que nous autres les filles). De nombreuses personnes s'extasiaient et c'est vrai que leur balade était joyeuse et dans des lieux très beaux, mais pour ma part j'avais une impression à la limite du cauchemar. Et ce d'autant plus qu'ils étaient très insouciants. Donc ça donnait l'impression qu'une catastrophe silencieuse avait eu lieu dont ils n'avaient pas encore pris la mesure. En fait c'est ça, malgré le mal de mer car la caméra n'était pas assez stabilisée - ok ça avait du sens, pour montrer combien c'était pris à la cool sur le vif -, je me réjouissais avec eux tout contents de trouver un spot pour nager ou plonger, jusqu'au moment où j'ai pris conscience de l'absence des femmes, et où j'ai eu cette impression de catastrophe. Et après cette prise de conscience (oui OK il y a des pays où les femmes sont enfermées chez elles et on le sait mais quand même, qu'il n'y ait plus personne à ce point-là !) m'a empêchée de continuer à m'amuser avec eux des situations rencontrées.
Un peu comme enfant à Guignol quand on crie parce que le gendarme s'approche et Guignol ne le voit pas, j'avais envie de crier aux deux gars, Mais attention, les femmes ont disparu, toutes ! Il doit y avoir un grand danger.
C'était comme dans ces histoires dans lesquelles les enfants se retrouvent soudain seuls, sans un seul adulte alentour et pour longtemps. 

Il y avait aussi une video de Rhys Mclenaghan que je n'avais pas eu le temps de regarder avant. Et puis Syblo sur la corrida de Houilles, version en anglais.
Je ne me suis hélas aperçu que le Paris Roubaix des filles se courait aujourd'hui qu'en fin de journée. J'étais persuadée que c'était le même jour que les garçons et donc demain, mais en horaires décalés. Zut alors !

Je me suis régalée à lire "Les morts d'avril" d'Alan Parks, accompagnée de la mémoire d'une si belle soirée, lorsqu'à la librairie où je travaillais nous l'avions invité à l'occasion de son premier roman traduit en français, et que c'était moi qui animais la conversation.

Et puis, entraînement de natation, 1925 m (d'après ma montre + mon souvenir de l'avoir laissée en pause pendant 100 m). nous n'étions que quatre dans la ligne d'eau, un plaisir. J'ai cru voir Romain notre jeune entraîneur causer avec Lucas Vivin (j'ai même cru entendre qu'il lui disait, Salut Lucas ! Tu viens nager ? (1)) mais ça n'était qu'une ressemblance.
Autant je me sentais fatiguée en arrivant, autant je me sentais fatiguée mais heureuse en repartant, et très zen, apaisée (2). Le corps fourbu mais moins douloureux.

En fin de journée les images d'une compétition de golf à Augusta, interrompue d'abord par des chutes d'arbres puis par des intempéries. 

Et puis une pépite de l'INA sur les frères Briaval et trouver les images d'un concert récent et qu'ils aient traversé les années fait chaud au cœur.

Voilà, il se fait tard et je m'en vais retourner lire, mais je me sens en voie d'émerger de l'immense fatigue de cette fin d'hiver - début de printemps enserré par le froid, et ça redonne le moral. J'ai l'impression de revenir vers ma (vraie) vie.
La tristesse perdure, seulement elle est claire et nette et parfaitement sourcée (la mort récente à quinze jours d'intervalle de deux amies, certes malades mais pour lesquelles persistait, croyais-je, un espoir). Le niveau d'énergie, qu'elle avait entamé, commence à revenir vers la normale, chez moi déjà bien trop basse.

 

(1) Tout à fait plausible car ils ont pu se croiser sur des compétitions ou en STAPS même si de différentes années.
(2) Bon en même temps je suis la personne qui obtient ceci à un test de personnalité (fait pour soutenir en suivant ses recommandations, une internaute dont j'apprécie le boulot). Quand je me stresse, c'est pour les autres (par exemple en tant que mère de famille, pour mes enfants ; ou quand ils étaient encore de ce monde, pour mes parents)

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Après le stage (de triathlon)


    Pourvue d'une énergie renouvelée, j'ai eu la très mauvaise idée une fois mon vélo remonté, de vouloir réhausser le guidon. Résultat : bim, déréglage du jeu de direction.

Je ne reprenais pas le boulot dès aujourd'hui, j'avais prévu d'être KO après le stage. En fait non alors j'ai fait plein de choses sérieuses et fastidieuses, mais nécessaires.

Bon et puis un petit point sur là où j'en suis après cette remise en forme : 

natation : pas de mesure de temps, mais j'ai appris ou réappris certaines particularités de la nage en mer et je me suis ré-habituée à la combi.

vélo : je peux faire 40 à 50 km sans efforts il serait grand temps que je rallonge. Avant les confinements je maîtrisais jusqu'à 70 km (pas des cols, hein). Dans ma (lointaine) jeunesse, 100.
J'ai réappris à déclipser / reclipser mais suis toujours peu à l'aise avec ça. Par exemple si je dois rouler en ville il me faut encore des chaussures classiques. Le gros progrès du stage aura été pour moi de piger d'où venait mon problème : il vient d'une bizarrerie de latéralisation : je parviens plutôt bien ou disons mieux, à déclipser du pied droit sauf que mon pied d'appel de redémarrage est nettement le gauche. Alors ça fait des nœuds dans ma tête.
D'autant plus qu'à gauche je ne parviens à déclipser que pédale en haut et mouvement du pied vers l'intérieur. Alors qu'à droite c'est pédale en bas et geste vers le bas et l'arrière.   

 

Capture d’écran 2022-05-02 à 21.44.44Ça donne des moments de flottements, qui ne sont pas en course les bienvenus.

course à pied : 

VMA : 5'57'' quand je suis en forme (i‧e. normalement fatiguée)
6'03'' quand je suis fatiguée (par ex. après une journée ou semaine de boulot nourricier)

90 % VMA : 6'33'' 
85 % VMA : 6'50''

seuil 60 : 6'42''

allure semi : 7'11''

allure EF : 8'30'' mais je pense qu'à présent un peu moins, je dois avoir le easy run papote possible à 8'10''

Bien sûr en trail avec de la dénivelée et des zones où il faut prêter attention à chaque pas sous peine de choir, c'est une autre histoire.

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Les personnes qui pratiquent la course à pied savent que ces allures sont extrêmement lentes. Seulement pour moi, avec la soixantaine qui approche, un emploi sédentaire à temps plein et la bêta thalassémie mineure, qui fait entre autre que mon cardio à l'effort grimpe assez vite, ça ressemble à de belles petites victoires sur l'adversité.

source allures / vitesses : run-motion.com 


Quatre moments de grâce absolue (and I feel so grateful for them)

   

    Si je devais sans prendre trop de temps pour penser ni chercher dans mes archives écrites ou photographiques, me viendraient spontanément trois moments de grâce absolue. Ces instants où l'existence confine au divin, quelles que soient nos croyances, où l'on a l'impression que nulle part ailleurs dans l'univers on serait mieux qu'en ce lieu en cet instant. Ce sont des moments où l'on oublie de respirer et l'on oublie qu'on a oublié ; jusqu'à l'instant où le corps reprend son souffle et nous le fait savoir. 

Fatiguée par mes journées intenses en librairie et les problèmes de santé d'une des personnes de la famille, des heures d'attente ici ou là, je m'aperçois que je perds les dates. 

Pas les souvenirs.

  • C'était dans La Bohème à l'Opéra Bastille, Roberto Alagna et Angela Gheorghiu alors amoureux IRL, dans les rôles titres. Début des années 2000 je dirais (2001 ? 2005 ?) avant la période où grâce aux ami•e•s blogueuses et blogueurs et aux files d'attentes du vendredi matin très tôt j'ai pu aller à l'opéra souvent. Je suis dans une place à pas cher tout en haut de tout en haut, côté cour. Et il y a ce duo où ça y est, ils atteignent à la perfection, non seulement de leur art mais de quelque chose dans les sentiments. J'ai cru m'envoler. Ce fut une extase. 
    Je crois me souvenir que je n'étais pas la seule à me retrouver en larmes sans l'avoir senti.
    Bizarrement, aujourd'hui (mais peut-être que demain tout me sera revenu) je ne me rappelle pas les circonstances qui m'avaient valu d'avoir cette place, ce jour-là. Je suis persuadée que j'y étais seule ; peut-être avais-je au pied levé remplacé quelqu'un (un collègue ?) qui avait un empêchement ?


  • Avec un groupe d'ami•e•s du ciné-club nous prenions chaque année un abonnement au théâtre du Rond-Point. C'est à l'automne 2013, je crois. Et c'est Swan Lake. Mon propre blog me confirme la période et me réapprend que j'y étais allée hors programme sur les conseils d'une amie du cours de danse (Natacha ? Martine ?). "Crucifiée par tant de grâce, de générosité, d'humour et de beauté, je suis sortie de l'heure qu'il dure (3) et des dix minutes de standing ovation (4), en larmes et les jambes en coton". C'est un des plus beaux moments de ma vie. Je me sens toujours autant éperdue de gratitude envers Dada Masilo et la troupe qui l'accompagnait.

 

  • Philip Glass au Châtelet avec Einstein on the beach
    C'est grâce à O'Olivier dont je n'ai hélas plus de nouvelles - et qui fait partie des personnes dont les vols successifs en 2017 de mon téléfonino puis de mon sac d'ordi avec l'ordi et l'agenda qui contenait mon bon vieux répertoire papier, m'ont fait perdre les coordonnées - que j'obtiens cette place, sans doute un empêchement. Par rapport aux extases précédentes c'est moins violent, le spectacle était long et je ne pouvais retenir mon souffle tout le temps, mais il m'envoie sur un nuage neuf et je suis durablement envoûtée pendant plusieurs jours. Une sorte de sérénité indestructible. Dont je ne suis retombée, je crois, seulement par suite d'un mauvais rhume ou d'un quelconque épisode fiévreux.

 

  •  Ian Thorpe à la piscine de la porte des Lilas (Georges Vallerey) face à Pieter Van den Hoogenband. Janvier ou février 2001 ou 2003 peut-être ? 
    Je ne sais plus comment je tombe sur l'info, mais voilà il va y avoir ce meeting de natation ou ce championnat pas si loin de chez moi, alors je me propulse pour acheter une place, allant attendre dehors dans le froid par moins quatre ou cinq degrés celsius et quelques jours plus tard ou le lendemain, il en restait, je n'en reviens pas, me voilà sur les gradins. Ça nage de haut niveau. Vient enfin l'épreuve d'un 200 m (? ou 400 ?) nage libre à laquelle Ian Thorpe participe. Dès le début c'est époustouflant. Voilà que sur les 50 derniers mètres il met le turbo et je crois qu'on est tous debout et qu'on crie ou qu'on retient notre souffle, tout le monde, il semble filer au dessus de l'eau et les autres pourtant pas des moindres, parmi lesquels Pieter van den Hoogenband semblent faire du sur place. 
    Peu après être rentrée, je tombe malade, sans doute le froid en attendant, du jour où j'avais pris ma place. Peut-être aussi une forme de saisissement. Pas un seul instant je ne regretterai. Reconnaissance éperdue envers ce gars. 

 

Il y en a un cinquième qui est télévisuel, ce qui n'est pas aussi fort : les exploits de Nadia Comaneci en gymnastique à Montréal en 1976. La perfection telle que même en n'étant pas connaisseur on capte qu'il se passe quelque chose d'absolument inouï.

Bien d'autres moments aussi, par exemple les Éphémères au théâtre du soleil, une violoncelliste formidable à Pleyel. Des moments de cinéma également.
Ainsi que des événements auxquels j'ai moi-mêmes participé (seulement c'est différent, lorsque l'on est, part of it, intense autrement). Et bien sûr il y a également des moments de grâce liés aux lectures. Mais là aussi, c'est un peu différent. 


Ce n'était pas ma première surprise party (mais mon premier triathlon, si)

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C'est très étrange la façon dont le paysage de ma vie a changé depuis fin octobre, les choses semblaient aller dans une direction, et puis des événements surviennent, et voilà que nous nous retrouvons orphelins (à un âge où il est raisonnable de l'être, ne nous lamentons pas) et à la fois lestés de chagrin et délesté de toutes sortes de contraintes concrètes et de la peur que nos parents aillent mal (1), je suis appelée à prendre un emploi dont je n'aurais pas osé rêver (même si il va falloir bosser dur pour être à la hauteur, bon sang que ce défi me plait), et le triathlon auquel je souhaitais m'appliquer depuis que nous étions allés à Bruxelles encourager Pablo qui y faisait le marathon (octobre 2011, me semble-t-il) est enfin devenu une réalité (2).

C'est génial et beaucoup de bonheur après avoir essuyé bien des tempêtes de pouvoir enfin remettre de la voile et voguer vers ce qui correspond à ce qu'on ressent comme bon.

Une fois la maison de ma mère vendue et le déménagement effectué, je pourrais peut-être même enfin aborder l'écriture sans être requise par divers devoirs, mon temps confisqué ainsi qu'il l'a été.

Pour commencer ce fut un XS et comme ce club est bien organisé et accueillant qui attribue à chaque newbie un parrain (ou une marraine) et que le mien est formidable, je n'étais pas seule, j'étais accompagnée et soutenue tout du long - alors qu'il eût fait tout ce parcours beaucoup plus vite sans moi, voire surtout le M qui est une vraie distance -.

Pour la première fois depuis bien longtemps je n'ai pensé à rien de la marche du monde, fors des considérations environnementales, car ce lac est si sale. Ça gâchait le plaisir de nager.

J'ai oublié les chagrins. L'action les dilue.

JF était allé me chercher mon dossard la veille. Ce qui fait que j'ai pu arriver sur la zone de transition assez vite, déposer mon vélo, et me mettre dans la file d'attente pour les toilettes - deux seulement c'était trop peu, Ah, la rangée de toilettes sèches du No Finish Line ... -. Était-ce un effet de la météo favorable ? Je n'ai pas eu de besoin de pipi intempestif comme ce qui m'a saisie lors des 10 km de CAP faits par temps froid. Là, impeccable, aucune gêne, aucune envie pressante, rien.

Seuls petits tracas physiques, et qui eurent lieu après : une sorte de contraction des boyaux, très bizarre, sans autres conséquences (dieu merci) que la douleur même et le souffle coupé, et presque systématique après un effort long. Il ne faut surtout pas que je me penche vers l'avant après une course. Et puis une très étrange sorte de crampe .. à la main droite (?!) alors que je poussais mon vélo en marchant à côté afin de rejoindre les amis pour encourager les autres dans l'après-midi. J'en ai parfois de la même eau aux pieds après (à la fin de) la danse. 
Durant la course, aucun problème d'aucune sorte, si ce n'est un point de côté vers le milieu de la CAP qui souhaitait pointer son nez, j'ai un peu ralenti, il a passé son chemin.

La natation ne s'est pas bien passée : oppressée (première fois que je nageais en combi), je ne suis pas parvenue à trouver le rythme. Je faisais quelques crawlées puis je devais regarder d'où j'en étais. Le fait que l'eau soit totalement opaque participait de la sensation de ne pas parvenir, ou si lentement, à avancer. J'avais l'impression aussi que ma respiration sifflait (3).

Au bout du compte un parcours pourtant parmi les plus rapides que j'aie jamais fait, ce qui [me] surprend.

Capture d’écran 2017-05-21 à 19.28.47(Le temps officiel dit 19' mais il y a eu un moment où l'on était dans l'eau sans pouvoir avancer parce que ça bouchonnait ; j'ai déclenché ma montre quand j'ai pu réellement avancer)

L'autre sensation étrange c'est le mouillé - pas mouillé dans lequel la combi nous met, et peut-être que mon corps était un peu trop occupé à déterminer s'il était ou non trempé. 
L'eau était à 17°c. Ne m'a pas semblé froide.

Découverte : dans ce lac on n'a pas pied.

Pour la prochaine fois (conseil des expérimentées) : il faut remonter la combi au maximum afin de n'être pas gênée dans l'amplitude des bras. 

Les transitions furent une bonne surprise. Avec mon vieux système de cale-pieds je gagne un temps fou à n'avoir pas deux changements de chaussures à effectuer. J'avais pris le parti de courir sans chaussettes et c'était mieux ainsi. La serviette par terre. Seuls les pieds ont réellement besoin d'être essuyés. J'avais pris le petit coupe-vent sans manche du club. Était superflu par cette bonne chaleur (plus de 20°c le soleil qui donnait). Finalement ôter la combi était facile même sans points de vaseline.

De même les lentilles de vue étaient superflues : la nage n'était pas si longue qu'il fallait voir de très loin, il suffisait de suivre ceux qui précédaient. Et par ailleurs mes lunettes de vélo course à ma vue sont formidables.

La bonne surprise fut le vélo : ça déroulait tout seul. En fait mon cœur qui bat vite et mes jambes solides me rendent plus simple le fait d'enrouler gros (enfin, gros pour moi). J'ai failli me manger un rollerman indélicat qui n'écoutait pas le stadier de route. À un embranchement ils avaient laissé passer une ou deux voitures ce qui rendit dangereux. Mais globalement c'était très étrange de ne pas devoir tenir compte des feux rouges ni de la circulation. J'aurais pu aller plus vite, si je n'avais pas ralenti par automatismes aux croisements. J'ai fait du 22 km/h environ.

La course à pied m'a seulement posé le tracas d'être incapable d'accélérer. Le cœur, sinon, ce serait emballé. Mais j'aurais pu faire un tour de lac en plus sans problème. Voire deux.

Présomption : croire que j'avais les bras de par mes petits entraînements de CAP amarinés au soleil. Alors j'avais pris la précaution de mettre mon pantalon souple noir par dessus un cuissard de cycliste, jambes protégées. Ils ont cramé. Comme aux plus belles heures des Roland Garros où j'allais.

Mon parrain a fait le retour avec moi à vélo, tranquillement. J'ai apprécié l'attention.

Belle ambiance de club, les uns restants pour encourager les autres. C'est amusant de s'y retrouver à trois des nageurs matinaux de Clichy (des années précédentes).

Un café 1,10 € au café près de la gare où ils sont accueillants et où les toilettes sont nickel. J'en ai profité pour me passer le visage à l'eau. Je crains des conséquences d'avoir trempé dans celle du lac.

Comme j'ai nagé bien trop lentement, le passage nage vers vélo n'a pas tout à fait eu lieu. Comme si j'avais nagé au pas. En revanche descendre de vélo et se mettre à courir, ça donne quelques foulées bizarres, comme si les jambes étaient aussi moles que les montres de Dali. Mais pourtant elles avancent. C'est le cerveau qui peine à passer de la config moulinage à la config allonger une foulée.

Il y avait une consigne vrac pour les sacs. Une vraie surveillance à la sortie vélo (numéro vélo = numéro de dossard).

J'avais pris un antivol léger que je n'ai pas laissé dans le sac de sport que JF a remporté. Bien vu, fut très utile. 

Il faut glisser son dossard dans le dos pour le vélo et devant pour la course. Ne pas ôter la jugulaire de son casque de vélo avant d'avoir posé celui-ci à son emplacement.
Pour les hommes, ne pas ouvrir sa trifonction dans les zones d'arrivées ou de transition. Les femmes sont moins soumises à cette tentation.

Quelqu'un a partagé des sandwichs et une banane. On a pris un petit en-cas dans une boulangerie (pour moi : feuillette chèvre épinards). Remangé deux ou trois bricoles (quartiers d'oranges, pain et jambon glissé dedans) avant qu'ils ne replient le ravitaillement. J'ai gardé mes gants de vélo pour courir. Ça n'était pas gênant. J'ai aussi absorbé peu après l'effort une barre énergétique et un gel. Dans mon bidon de l'eau avec des gouttes de vrais citrons. C'était parfait. Pas pu boire pendant le vélo, mais la distance était trop courte.

Le triathlon, c'est euphorisant. En plus que les personnes que l'on croise sont belles d'allures, pour la plupart. 

J'ai soupesé quelques vélos modernes. Est-ce que ça changerait quelque chose dans mon cas ? J'aime mon vieux biclou. 

Je crois pouvoir affirmer qu'à part un mauvais quart d'heure (au sens littéral) de nage en combi, j'ai connu aujourd'hui le bonheur. L'Homme était venu m'encourager. Et ça m'a fait beaucoup de bien au moral.

Me suis régalée à prendre des photos bien qu'avec le seul téléfonino. Penser une prochaine fois à lui confier l'appareil photo afin qu'il me le passe pour la suite.

Je suis agréablement surprise par mon peu de fatigue. Preuve que je devrais pouvoir accomplir de plus longues distances ou aller plus vite.

Curieux de nager, pédaler et gambader là où dans un mois je vais venir à un événement prestigieux (4), et vers là où je ne travaille déjà plus.

 J'aimerais pouvoir m'aligner sur le M l'an prochain. Les temps ne m'ont finalement pas semblé si intenables. Seul le 1,5 km de nage avec combi me semble inaccessible (pour l'instant).

 

Il aurait fallu que je puisse pour le suivant participer sur les distances suivantes : 1 km de nage, 25 à 30 km à vélo, 7 km de course à pied, qui n'existent pas. Il me faudra donc me confronter à du M qui est un tantinet présomptueux pour moi. Peut-être que s'il fait beau ça ira. 

 

[crédit photo : Agathe Conte]

(1) Je sais que ça peut sembler bizarre. Mais ça me rappelle un vieil écrivain chilien (je crois) qui racontait dans les années de dictature une forme de soulagement à se retrouver en prison (une prison où ils étaient à peu près traités correctement) : la peur de l'arrestation, la tension permanente s'était de facto trouvée allégée. Il y a de ça : fini le souci qu'ils souffrent et se sentent mal, la peur d'être appelés en urgence.  

(2) Je m'étais à la fois dit qu'il était grand temps qu'en sport je passe à la vitesse supérieure et pas seulement nager deux matins par semaine et danser une fois et que le marathon mon corps ne voudrait pas ou du moins pas tant que j'aurais un travail physique. Qu'il fallait que le sport l'entretienne et ne l'entame pas. Et puis j'avais hérité je ne sais plus exactement comment d'un tee-shirt "triathlon" lancé par une femme de mon gabarit et je l'avais pris comme une transmission. Tu dois en faire quelque chose.

(3) D'une façon générale j'ai eu la sensation que ma respiration n'avait pas toute son ampleur.

(4) Remise du prix Marcel Pagnol avec Claude.

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Respiration glosso-pharyngée

(Grand merci à Chantal, qui vient peut-être de me rendre un profond service)

Tout est parti d'un statut entrevu la veille sur le fil FB d'une amie. Il se trouve que les histoires d'apnée m'intéressent, mélange des conséquences d'une enfance passée à beaucoup tousser (et d'une facilité à être malade de ce côté-là), de mon appétence pour la nage et tout ce qui s'y rattache, du travail que j'ai fait lorsque je chantais, et d'une curiosité liée à la thalassémie - tout ce qui peut aider à mieux respirer, doit pouvoir faciliter la vie quotidienne -.

J'aime aussi beaucoup nager sans trop prendre de respirations, ça peut paraître bizarre, mais je trouve ça fatiguant. Et donc je sais comment avec palmes parcourir 25 m, je mesure combien il n'est pas évident de faire davantage. 

Alors j'y vais voir, 175 m sous la glace, ça me paraît inatteignable - même pour un homme jeune et de pleine santé et s'entraînant et ayant un cœur lent et pratiquant différentes sortes de mises en condition -. Depuis que mon corps supporte moins mal qu'autrefois le froid, le côté "glace" m'impressionne moins, alors je vais voir de plus près les records sans conditions particulières. 

 

 

Fascinée, je vais voir une V.O. en italien  

 

Il y est question d'une technique de respiration particulière, le "frog" ou respiration glosso-pharyngée, je trouve un .doc qui l'explique, au départ elle sert aux patients atteints de pathologies qui les gênent pour respirer.

Songeant à La fille aux craies - je pense à elle souvent, ce dialogue interrompu -, je poursuis mes recherches et un jeune homme qui avait 22 ans en 1973 fait une démonstration instructive mais si triste (1), puis je trouve une video technique glossopharyngeal breathing 

 

 

et je ne sais pas encore exactement en quoi, mais je viens d'apprendre quelque chose qui me servira.

C'était donc une belle journée.

 

(1) Il travaille à sa survie, le présentateur frétille devant le spectaculaire.

PS : Et le danger, je m'en doutais, c'est le blackout. Celui-ci particulièrement impressionnant car je ne sais pas à quels indices les plongeurs accompagnant le décèlent, le plongeur à mes yeux de non-connaisseuse semble continuer. L'autre, que je ne connaissais pas est le samba (perte de contrôle des muscles)


Plus rien ne semble impossible, alors pourquoi pas ?

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Un chanteur prix Nobel de littérature, un trublion testostéro-hystérique à la tête d'une puissance mondiale, et pourquoi pas une mauvaise ménagère de plus de cinquante ans en plus thalassémique capable de triathlon ? Je suis parfaitement raccord avec l'air de ce temps. Je viens de recevoir ma licence et dans ce monde chaotique et désespérant, c'est un réconfort important. Beaucoup de travail en perspective afin de parvenir à un niveau minimal (1), mais justement. (c'est ça qui est stimulant et permet de garder son calme) Ce type de secours qui ne contribue qu'à permettre de tenir le coup à titre personnel, a ses limites, la diffusion de Springsteen, Born in the USA à la musique d'ambiance de l'accueil, alors que je sortais tranquillement, l'esprit enfin débarrassé des craintes légitimes pour ce qui nous pend au nez, est venu splendidement me le rappeler. (1) testé ce matin, à mon rythme actuel je fais 47 minutes aux 1500 m en natation, ce qui est un peu juste pour pouvoir participer sans être écartée en cours d'épreuve au triathlon d'Enghien les Bains que je rêve de boucler en distances olympiques. Le vélo, je n'en parle même pas, j'ai calculé qu'il fallait accomplir le parcours en 27km/h de moyenne, malgré la côte de Saint Prix escaladée deux fois. J'en suis très très loin

Photo douce que j'aime à retrouver

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    C'est encore une photo retrouvée de photo retrouvée (1). Elle date en fait du 28 août 2010 mais je l'avais une première fois recroisée en mars 2011. Elle était alors de mémoire fraîche : l'enfant qui avait peur de l'eau, l'adulte qui prenait le temps de le rassurer (avant je le présume un nouvel essai).

C'était à la piscine de mes rêves (2) et son bassin de longueur idéale (3), son cadre idyllique (on se croirait en forêt), ses vestiaires au charme désuet (ils ont peut-être changé), où depuis au moins quatre ans je ne suis pas allée nager (4).

J'essaie à présent de me dire que j'aurais au moins connu ça : la chance de savoir que ce lieu existe et d'y avoir nagé.

Je m'efforce de croire, en regardant cette photo, que des enfants que l'on traite, petits, avec respect ne vireront pas plus grands impavides assassins. Même si plus tard quelque secte, quelque pouvoir malsain s'avise de (tenter de) leur vider le cerveau.

Prendre le temps de la douceur, de l'attention, ça n'est jamais le perdre.

 

(1) J'en suis ce matin à l'année 2011 dans mes sauvegardes du fotolog.
(2) Longchamp, à Uccle
(
3) 33 mètre
(4) Lors de mes derniers séjours elle était en travaux et une fois je suis tombée sur un jour férié.


BDJ - Les entrailles de la piscine


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Vers 8h45 ce matin je savais déjà que je tenais mon bonheur du jour.

Notre entraîneur habituel à la piscine était absent, son remplaçant n'avait pas la clef de l'entrée principale. Nous avons dû entrer par un accès réservé en temps normal au personnel, un mini parking où ils peuvent se garer.

Il se trouve que les stations vélib de ma ville étaient à nouveau saturée et que je n'ai pas pu poser le vélib qui m'avait permis d'arriver. 

Je l'ai donc accroché à l'une des grilles du mini-parking.

L'entraînement achevé, le temps de se rhabiller et que je fasse tout le tour par l'extérieur - l'accès normal ayant été rétabli à l'arrivée d'autres personnes qui travaillent là -, la porte du petit parking avait été fermée. J'ai donc dû refaire le tour et tenter de trouver vers l'accueil un des gardiens, quelqu'un et qui ait la gentillesse de m'aider.

J'ai eu cette double chance, que quelqu'un soit là et qu'un de ses collègues accepte d'aller m'ouvrir.

C'est alors qu'il m'a demandé si j'avais déjà visité la piscine, l'intérieur. J'ai répondu non.
- Venez, venez m'a-t-il dit joyeusement. 

Et j'ai ainsi eu parce qu'un des accès au parking était plus rapide par la salle des machines droit en tant que membre du club de natation à une brève (il ne fallait pas qu'il interrompe son travail) visite guidée du cœur de l'établissement, là où l'eau se prépare et se contrôle. Quelque chose de entre la salle des moteurs d'un cargo (1) et celle des alambics dans une distillerie. L'homme que je croise régulièrement depuis des années était tout heureux de m'expliquer un peu de son travail, la partie qui n'est pas que le nettoyage des lieux, la partie "pilotage" si l'on veut.

Depuis le temps que je nage au club, c'était la première fois que j'avais le privilège d'entrevoir les coulisses. J'étais heureuse.

Sans compter que j'ai pu rapidement libérer le vélo et repartir sans tarder vers la suite de ma journée.

 

Il y a eu un autre petit bonheur : c'était d'être recontactée après un entretien d'embauche que j'avais passé peu avant Noël, que ma candidature semble toujours intéresser, et que j'ai ressenti une petite bouffée d'énergie à l'idée de peut-être pouvoir prochainement tenter ma chance dans un environnement hors normes. C'est pas tout à fait gagné et c'est ce qui me plaît. Le fighting spirit, un temps entamé par l'horreur du 7 janvier, le deuil, les à-côtés désespérants, la réactivation consécutive d'un chagrin antérieur, puis alors que ça allait mieux, l'horreur collective à nouveau, est bel et bien revenu.
(ma légère crainte étant qu'avec mon côté Forrest Gump, l'endroit ne se retrouve à un moment donné peu après au cœur de l'actualité, car hélas il s'y prête, mais c'est passablement irrationnel de le penser)

 

 (1) Non que je fréquente beaucoup les cargos dans ma vie quotidienne mais j'ai vu un film dans lequel jouait Anders Danielsen Lie qui s'y passait beaucoup, dans la salle des machines mêmes.   

[photo : les chaussures laissées dans les casiers à l'entrée des vestiaires du club (hé oui, les pompiers viennent eux aussi s'entraîner)] 

billet publié dans le cadre des Bonheurs du Jour.
Oh la la chez l'amie qui a lancé le mouvement et le lien vers tous les bonheurs (pour s'inscrire c'est par ici - grand merci à Tomek qui s'est chargé du boulot -) 

billet également publié sur Bella Cosa


L'origine de la piscine (Madame Bovary savait-elle nager ?)


    C'est un mal-lu sur une citation de la correspondance de Flaubert qui m'a fait me poser la question.

Gustave évoquait "cette petite piscine raisonnable", il s'agissait d'une pelisse, mais le mal était fait, j'avais eu le temps de visualiser ce père de l'art d'écrire en train de barboter, la tête hors de l'eau pour préserver sa moustache, et soudain me suis demandée, mais au fait dans un pays comme la France, les piscines existent depuis quand ?

Depuis quand ne se contente-t-on plus de la mer, d'un lac ou d'un étang pour nager ou tenter d'apprendre ?

Grâce @bladsurb j'ai découvert que les thermes romains servaient éventuellement  à partir d'une certaine époque, à un peu de mouvements dans l'eau, et pas seulement à s'y plonger. J'imagine mal Auguste se livrer à des longueurs en crawl, mais je vois bien quelques-uns de mes très lointains aïeux enchaîner quelques brasses, pourquoi pas.

Ensuite on oublie tout pendant des centaines d'années, les barbares sans doute ne savaient pas nager et les nouvelles religions voyaient dans tout ce qui fait du bien l'essence d'un péché, quelque chose dans le genre sans parler des problèmes de chauffage, peut-être que les seuls qui nageaient en dehors de l'été étaient les Islandais.

Si j'ai bien compris, la première piscine ou plutôt un bassin flottant mais l'idée y est, c'est en 1785 sur la Seine grâce à un monsieur, Barthélémy Turquin (et peut-être aussi sa femme, s'il en avait une mais des femmes souvent on ne sait rien) (1). 

Il n'est donc pas exclu que madame Bovary pratiquât la brasse ou le dos crawlé. Même si je pense que non, car une pratique régulière de la natation éloigne le spleen et l'abattement. 

 

(1) "En France, le terme « natation » apparait pour la première fois en 1785 Barthélemy Turquin ouvre la première école de nage sur un bassin flottant sur la Seine près du pont de la Tournelle [...]. La piscine redevient donc ainsi un lieu de la pratique du sport et du jeu.". Plus de détails sur l'article Histoire de la piscine de wikipédia (oui, quand tu te poses une question à la noix tu peux être certain-e-s que quelqu'un quelque part en a fait autant avant toi, a trouvé la réponse et le temps de la partager)

addenda rigolard du 19/10/15 fin de matinée : Peu après, lu ceci : "Il [Flaubert] s'extrait donc ; et ensuite il va nager. Il nage il aime nager, il est un nageur de grande force. Passe-t-il un costume de bain, forcément il passe un costume de bain, Flaubert en costume de bain ; pas encore ces justaucorps noirs échancrés sur la poitrine façon Frères Jacques, que l'on voit aux hommes et surtout aux enfants, les patits rayés, sur les tableaux de Maurice Denis ou sur les photos de bords de mer de la fin du dix-neuvième ; quel costume portait donc le mari d'Élisa sur la plage de Trouville où Gustave fut terrassé d'amour à seize ans ; un costume de bain pour Flaubert, donc, moulant peut-être, et la coulée du corps dans l'eau quand la Seine Verte à Croisset le prend aux cuisses au ventre, à la poitrine, aux aisselles." 
"Chantiers", Marie-Hélène Lafon, éditions des Busclats (p 102, la première citation venant de la p 99 sans rien qui ne laisse présager la moindre suite aquatique). Donc j'avais tout faux, cet homme nageait et bien (même si pas en piscine) et en même temps une sorte d'intuition zahiresque foudroyante.

 

 


Les pompiers sauvages

(tout à l'heure à l'entraînement)

Nous avons l'habitude, c'est plutôt agréable, d'avoir le mardi des pompiers qui viennent après nous à la piscine s'entraîner. Nous en connaissons quelques-uns de vue à force. Ils viennent pour 8 heures, moment auquel nous libérons le bassin. 

Mais ce matin les types étaient venus en nombre, plutôt du genre des musculeux (1) ; sans doute avaient-ils des tests à passer. 

Arrivés vers 7h50 ils n'ont pas tardé à investir le bassin plus particulièrement la partie sans ligne précise où, arrivée en retard pour mon propre entraînement, je m'étais retrouvée et ce sans prévenir ni même demander qu'on se regroupe sur les autres lignes, non d'un seul coup à la hussarde et que revenant d'une longueur en dos, je me suis trouvée presque nez à nez avec des types qui faisant la course, crawlaient.

Notre heure était presque achevée et j'avais mieux à faire que taper la protestation, nous étions en sous-nombre, alors à quoi bon. Mais j'ai trouvé le procédé plus qu'un peu cavalier. Et indigne de ce qu'ils sont censé représenter.

J'espère que mardi prochain nous retrouverons les habitués, bons nageurs (2), respectueux et civilisés.

 

(1) C'est plus fort que moi, je ne parviens pas à considérer les muscles issus du travail aux appareils (et de quelques compléments alimentaires qui ne m'inspirent guère), comme des vrais. 
(Jusqu'au jour où je me prendrais un poing dans la gueule, et avant de sombrer aurait le temps de me dire, Ça n'était donc pas [que] du chiqué ?)

(2) Parce qu'en plus ceux-là étaient du style à bouger beaucoup l'eau pour finalement pas grand chose, on est tellement plus efficaces en glissant correctement.