Vieux billet

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Je me demande, de nos jours, combien l'équivalent coûterait. Match de qualification pour la coupe du monde.

Une baguette valait (à confirmer) 1,65 F

Le SMIC valait en brut dans les 2320 F.

 

addenda de 18h26 : Grâce @PabloNSN et via cet outil, je sais que les 60 F de 1980 vaudraient en suivant simplement l'inflation officielle environ 25 € aujourd'hui.

Or les places de catégories intermédiaires pour les premiers tours de l'Euro 2012 sont affichées sur le site de la FFF à 70 €. Même s'il ne s'agit pas tout à fait de la même compétition, il me semble bien que c'est la tendance générale pour tout ce qui concerne les loisirs possibles des gens des classes moyennes (livres, ciné, concerts ...).   


Je sens que je vais décevoir Samantdi

Hier soir tard, en (re)lisant

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Toujours dans le cadre de mon archéologie personnelle en vue d'une nouvelle que j'ai promise au moins à un ami, et donc de ce mardi 28 octobre 1980 qui m'avait propulsée au Parc des Princes comme spectatrice d'un match France / Irlande, puis permis de rencontrer Dominique Dropsy et sa femme (je ne sais pas bien comment transposer pour faire comprendre à ceux de maintenant l'honneur ressenti que c'était), j'ai retrouvé ces lignes, écrites dans la marge de mon journal de l'époque, alors que je n'avais pas tout à fait 17 ans :

"Rude condition de femme de footballeur, madame Dropsy (1) n'a pas vu son mari depuis vendredi et là il va repartir à Nancy). Catherine (2), fûtée, dit "Moi j'aime mieux être la femme d'un restaurateur"."

J'ai un peu peur trente et quelques ans plus tard, de contribuer à l'effondrement d'une illusion. ;-)

 

(1) Apparemment elle m'avait fait grande impression. Je pense à me relire qu'elle s'était montrée attentive envers la gamine mal dégrossie que j'étais, et je n'étais pas habituée.

(2) La fille, d'une douzaine d'année de celui grâce à qui j'avais été invitée


L'indulgence de Stéphanot pour sa mère philomathe

Dimanche soir, dans la maison

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C'était le 28 octobre 1980. Avait lieu au Parc des Princes un match France - Irlande qualificatif pour la coupe du monde de football.

Il n'était pas envisagé que j'y aille. Mon père et moi, on se passionnait pour le foot mais se procurer des billets semblait inconcevable.

En rentrant du lycée vers 17h30, j'apprends par ma mère que je suis conviée à aller au match tout soudain le soir même en compagnie du mari d'une de ses amies et d'une des filles de ceux-ci. Ils viendront me chercher à 18h30. 

C'est mieux qu'un "dream-come-true" puisque le rêve semblait si inaccessible qu'il n'avait pas été fait.

Je suis donc dans un état d'excitation, de joie, d'exaltation qui rendent tout travail (scolaire) illusoire, de même que la lecture. Mais reste une heure à passer.

"Pour passer le temps, je cherchais très et près dans le dictionnaire car je ne me souvenais plus de l'accent".

À Stéphanot qui me voit hilare - j'ai toujours été un peu dingue d'apprendre, mais à ce point et au point de prendre le temps de l'écrire après en précisant les mots même faut-il être givrée -, j'explique le contexte, ne sais pas comment rendre compréhensible à un jeune de maintenant, dis quelque chose comme Imagine qu'on t'offre soudain des places pour un concert trop génial auquel tu n'espérais même pas aller, et comme il y a une heure en attendant d'y aller, tu regarderais des mots dans le dico ?!

Et lui, amusé, Ben nous on ferait un statut facebook, Oh trop cool je vais au concert et puis il y aurait tous les "amis" qui cliquerait sur "OOOOoooh J'aime" (il fait les gestes en se moquant des usages internautiques de maintenant). Toi, au moins, tu avais appris un truc en attendant.

Je n'ai pas su lui dire à quel point était pour moi réconfortante sa réaction. 

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Premier souvenir du Rond-Point, depuis théâtre bien-aimé

Right now, in the place


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La pièce (1) me laisse perturbée, il y a dedans de vrais morceaux de correspondance nazie ou si bien imités qu'ils donnent la nausée, j'attends au fond d'un canapé le courage de rentrer.

J'ai l'ordinateur, ils offrent le wi-fi, autant bloguer.

Je suis à deux pas de l'endroit où j'ai causé jadis avec Jean Marais. Trois ou quatre phrases pas plus, j'étais de ma banlieue, trop mal bien éduquée, je n'osais pas parler. 

Il n'empêche.

C'était au mitan des années 80. Je devais être en fin d'études, vivotant déjà avec le futur père de mes enfants, lequel s'apprêtait à partir faire sa coopé au Burkina Faso.

J'avais une grande amie qui se prénommait Éliane mais que l'internet et mes mauvaises fréquentations ont fini par froisser.

Une petite sœur que j'aimais et à qui je tentais d'ouvrir la voie vers les belles choses, elles-mêmes pas tout à fait accessibles pour moi. Je crois qu'obscurément je me disais, je suis l'aînée, je dois assurer mais peut-être qu'elle, au moins, pourra en profiter.

Ma sœur pour le théâtre était douée. Elle n'en a fichtre rien fait. 

J'ai honte de ne plus me souvenir si mon père était ou non de la sortie. Il n'aimait ni la dépense ni le manque de sommeil. Mais peut-être qu'il s'était dévoué pour pouvoir raccompagner ma mère et ma sœur dans la lointaine banlieue où ils habitaient.

J'ignore pourquoi mais puisqu'elle était là alors qu'habitant en province peut-être lui devions-nous l'impulsion d'y aller, mais voilà, nous avions des places pour cette représentation du Cid, avec Gérard Philipe Francis Huster et Jean Marais (désolée mais 30 ans plus tard, les autres je les ai oubliés - Isabelle Nanty may be ? -). Nous allions peu au théâtre, à l'époque très cher par rapport au cinéma plus populaire et bon marché.

Autant dire que nous étions tout espantés, émus, secoués, ne causant plus qu'en alexandrins en sortant.

Mes banlieusards devaient être tout stressés de devoir rentrés. Et celui qui est devenu l'homme de la maison déjà jeune préférait dormir à sortir (2). Alors pourquoi sommes-nous un peu restés ? Peut-être que ma petite sœur rêvait de voir les acteurs ?

Par un hasard de calendrier (3), ça devait être la dernière. Au sous-sol du théâtre, la trouve festoyait.

Nous étions en haut des escaliers une toute petite poignée de gens quelconque encore attardés (4). Quelqu'un du théâtre, un responsables, nous a alors dit, allez restez pas là, on est en train de fêtez en bas, vous avez aimé la pièce, venez (5).

Et soudain on s'est retrouvés avec dans les mains une flûte de Mumm Cordon Rouge (6) en train de trinquer à la beauté du Cid et du théâtre tout entier.

À deux pas de nous, Jean Marais. Ma sœur voudrait un autographe mais elle n'ose pas demander.

Et j'y vais.

Et je trouve même une fois ma mission accomplie - c'est si facile je la désigne, elle est encore toute gamine, le vieil homme est heureux de voir que des jeunes encore s'intéressent -, les mots pour dire comment j'ai aimé, et pourquoi. Je me souviens que le plus dur était de ne pas parler avec ce putain de rythme contaminant des alexandrins.

Il prononce des paroles bienveillantes. Seul leur ton m'est resté. Et son regard, impossible à oublier.

Trente ans après et malgré qu'il a viré trop chic et "en vue" ces dernières années, ce même théâtre est l'un de mes refuges préférés.

Et je mesure émue le chemin parcouru.

En plus que depuis quelques temps, je travaille tout près.

Je crois que la beauté, la grâce du plus haut niveau, quel que soit le domaine concerné, une fois qu'elle nous a effleuré, on est contaminés. Et ensuite nous n'avons de cesse qu'à la rejoindre, coûte que coûte.

Mon écriture d'aujourd'hui, loin d'être stabilisée mais que j'ai gagné le droit de tenter, doit probablement quelque chose au regard de Jean Marais et l'encouragement qu'il contenait pour quelque chose qu'à l'époque j'ignorais moi-même porter.

Un soir de juin des années quatre-vingt au Rond-Point.

 

PS : J'espère que ma petite sœur n'a pas perdu le bout de papier / le programme ? / le billet ? qui avait été signé.

PS' : Si vous pouvez allez voir "Et mon cœur scintille" de et avec Jacques Gamblin et deux danseurs, faites-vous du bien, foncez.

 

(1) "H. H." de Jean-Claude Grumberg. Il n'y a aucune ambiguïté, ce qui est cité c'est pour le dénoncer, en faire mesurer l'horreur. C'est moi qui ne le supporte pas, de lire ou d'entendre ça. 

(2) Ô jeunes filles n'épousez jamais un casanier, en vieillissant il empire.

(3) Je suis quasiment certaine que le choix dans la date était conditionné par les jours de venue d'Éliane dans la capitale. Variante : elle habitait déjà Paris mais c'était juin et il avait fallu jongler entre des dates d'examens.

(4) En fait c'était peut-être très prosaïquement parce que nous avions dû aller aux toilettes, nos banlieues respectives étaient éloignées.

(5) Version moins glamour mais tout aussi plausible : - Les toilettes sont où ?

- En bas, je vous montre, venez.

(6) Que du coup j'aime à tout jamais

(billet non relu parce que j'ai quand même une maison où rentrer)

[photo : sur place]


Et la mobylette sépara (2ème partie)

La première est ici

(hé oui 2 ans et 3 mois pour écrire la suite d'un petit billet et ce grâce à un film, "Coup d'éclat" vu hier, invraisemblable mais malgré cela très bien, avec une Catherine Frot extraordinaire)

 

C'était en effet devenu en quelques années un cadeau traditionnel de réussite au BEPC. Ce n'était pas sans cause : le lycée en ces banlieues était généralement plus loin que le collège et l'on montait donc d'un cran dans l'échelle de la locomotion. C'était d'ailleurs assez amusant : à l'école on allait à pied, au collège en vélo et au lycée en mobylette.

Pour les plus fortunés. Ou ceux aux parents tolérants. Les miens jouèrent la carte du risque, je pressentais que cette prudence parfaite cachait un budget serré et le désir aussi de souhaiter pouvoir encore en les limitant d'amplitude maîtriser mes déplacements. Ma mère avait l'inquiétude facile et mon père les a-priori de contrôle sur une fille d'un père méditerranéen. Je n'ai pas cherché à lutter mais j'ai eu tôt fait de m'instruire, grâce à de généreux copains, et avais vite appris comment faire rouler la mécanique, en cas de besoin.

Le vélosolex, qui eût pu présenter un intermédiaire intéressant ne semblait pas d'actualité, je me demande si l'on en fabriquait encore (il y eut arrêt de production, puis plus tard reprise mais j'ignore les dates). Je me souviens d'y avoir pensé comme d'une alternative possible, peu m'importait ce que les autres en pensaient (c'était pour les vieux pépés).

La plupart de mes potes immédiats possédaient des parents directifs ou peu fortunés, nous restâmes donc un petit groupe d'irréductibles malgré eux, mais qui se tinrent chauds et continuèrent à pédaler pour se déplacer. Il n'en demeura pas moins qu'une fracture sociale s'opéra parmi les adolescents entre ceux qui en avaient une et ceux qui n'en avaient pas. Ceux qui dès lors avaient une belle autonomie géographique et ceux qui étaient limités à la force de leurs gambettes.

Des amours se sont perdues pour cause d'un des deux non motorisé auquel on préférait un pair. Des amitiés essouflées. Des stratégies élaborées : partir à 3, une mob et un vélo, monter à deux sur la mob et se relayer (1).

Je me souviens d'avoir longtemps tenu le coup et fait des trajets hebdomadaires de 7 à 8 km pour piano et entraînement de football. D'avoir abandonné, lorsque mon équipe féminine ferma, faute d'entraîneurs, quand j'eusse dû faire 12 km pour le club le plus proche. Alors qu'en mobylette je les aurais faits.

Cela dit, je n'étais pas à plaindre : en échange de mon relatif peu de protestations, mon père m'avait promis qu'il aiderait pour La Voiture, jugée indispensable à une vie d'étudiant puis professionnelle, qu'il ne savait pas comment mais qu'on se débrouillerait. Il tînt parole, et joliment.

(photo à venir quand j'en retrouverai).

Ce qui fit de moi, comme je passai le permis à 18 ans 1/2 une des premières vraiment motorisée. Et dûment équipée d'une sagesse toute neuve : il est inutile d'envier les possessions du voisin, au tour suivant de la vie qui va, on sera peut-être le mieux loti et ça n'est pas une fin en soi.

N'empêche, pour l'abandon du foot par manque de moyens pour y aller (2), j'en avais pleuré.

 

(1) Il me semble, à vérifier, que les casques n'étaient pas encore obligatoires, ou ça commençait à peine et donc beaucoup était toléré. Un peu comme en voiture pour les ceintures de sécurité, dont l'absence d'utilisation était d'autant plus rarement verbalisée que certaines voitures n'étaient pas entièrement équipées ni non plus d'appuie-têtes.

(2) trajet d'un patelin de grande banlieue à un autre = fors le ramassage scolaire aucun transports en commun. Les cars emmenaient vers les gares où des trains allaient vers Paris ou vers la ville d'un cran plus loin. Mais en transversal, rien.

 


10 mai 1981 : les jours d'après

Le 10 mai d'il y a 30 ans et ses alentours eurent quelque chose de ce week-end précédent qui fut le nôtre autour du 1er mai de cette année : un couronnement ou assimilable, un attentat, un mort célèbre (même si pas du tout pour les mêmes raisons). Il y eu donc l'élection de François Mitterrand, la mort de Bob Marley et une tentative d'assassinat sur le pape de l'époque.

Je fais de l'humour noir "dernière nouvelle : le Pape imite Reagan", note que les programmes télé habituels étaient "interrompus par des flashes (sic) au sujet du Pape" et quand même entre parenthèses "les gens qui venaient de lui présenter leur enfant ont du avoir peur".

Bob Marley n'a droit qu'à une petite croix et la mention d'une émission de télé rediffusée en son honneur et qu'apparemment j'avais regardée.

Je continue à noter la joie du peuple de gauche à l'élection d'un président qui portait ses espoirs, les réactions des gens de mon entourage. Assez vite je reviens à mes préoccupations scolaires ("devoir de physique : se passait bien mais fit une ânerie monumentale de dernière minute ne sais pas assez bien mon cours"), des résultats de foot, de mes épreuves de bac de gym (oh ! quelque chose où je réussirais mieux si je le passais maintenant, c'est beau d'avoir pu accroître sa condition physique, rien ne résiste au travail - jusqu'à un certain point -), la mention pour mon père d'une nouvelle voiture (1), un numéro du Nouvel Obs spécial Littérature, un concert le jeudi 21 mai en l'honneur de l'élection mais qui eut lieu (à Paris ?) sous la pluie et que nous regardâmes à la télé, un releveur de compteurs matinal, une meilleure amie en Écosse et pour laquelle je note les cours et devoirs, Giscard hué à Paris  ("Rends-nous les diamants !"), qu'en latin on étudiait Ovide, des résultats de tennis, nos voisins qui gagnèrent une nouvelle voiture (une Ford Escort précisais-je), des soucis pour la santé de ma petite sœur.

J'écris mon bonheur d'avoir vu "La vache et le prisonnier" (à la télé).

La politique à nouveau disparaît de mes notes quotidiennes et les notes scolaires reprennent l'essentiel de la place,

Je note qu'une de mes amies, fille de militaire, vouvoie son père et que ça me choque.

et cette phrase qui me plait :

"Pourquoi le noir et blanc donne-t-il aux films une allure de vérité ? documentaire peut-être".

ainsi qu'une formule de maths.

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Quand elle n'est pas catastrophique, l'Histoire reste peu de temps dans le quotidien des gens, les tâches ordinaires et les accaparements reprennent vite le dessus. Peut-être moins maintenant que nous sommes davantage liés et reliés les uns aux autres et en prise directe sur le monde entier (?).

 

(1) Il travaillait dans l'industrie automobile et avait à un moment donné choisit d'en changer souvent pour les revendre avant qu'elles ne perdre trop de valeur, bonne solution financière mais mauvaise pour la paix familiale à cause du stress lors des moments délicats de vente à coordonner avec l'achat suivant + embrouilles de la part des clients.


lundi 11 mai 2011 : Mitterand président (sic)

(suite du carnet de bord)

 

"temps pluvieux. Mitterand président !!!

Journée heureuse qui commença par toilette, déjeuner (+ Reich) (1), travail (anglais) et TV. : confirmation + un journaliste du Washington Post (1 bis). Joie dans la classe mais cours sérieux : 12 en histoire, 16 (best) en anglais.

Le prof d'allemand était euphorique (sweat-shirt rouge ; Pascal qui était à Paris hier, foulard rouge) et fatigué (fête toute la nuit ?), il improvisa un cours (ses notes oubliées) nous avertit d'un retard dans les corrections mais refusa ma proposition d'amnistie des devoirs (2) ! La joie faisait plaisir à voir. Allégresse assez générale tout le monde en parlait. + de 52 % !

Retour, goûter. Travail ; Delphine vint inviter Élise (3) description devant Avis de recherche (4) Alice Dona (4 bis) Taverny (beau-père de Madame Bellamy).

journal après le film : louanges de Mitterrand (5) !
Incroyable, habitude de rectifier à gauche. l'Opposition ! (6)

écrit le 11"

 

 

 

(1) N'empêche, les petits-déj. en révisant le 3ème Reich, fallait-il que j'aie l'estomac bien accroché !

(1 bis) scepticisme : recouper avec une info venue de l'étranger. Je n'arrivais pas à y croire, en fait.

(2) Je n'en ratais pas une ! Finalement ai peu changé ?

(3) Ma petite sœur invitée par une de ses amies.

(4) Sorte d'ancêtre croisé entre la téléréalité et Copains d'avant : une célébrité retrouvait le temps d'une émission ses camarades de classe d'une année donnée (généralement : celle dont elle n'avait pas égaré la photo ?). Je suppose que j'avais suivi l'émission du jour parce qu'elle concernait le patelin où j'habitais.

(4 bis) Celle qui chante ici avec Claude François vivant.

(5) Ayé, j'avais pécho la bonne orthographe au JT (hé oui, pas d'internet en ce temps-là et comme j'étais trop jeune pour voter et que jamais au grand jamais mes parents ne m'auraint laissée regarder les papiers qu'ils avaient reçus, et comme il n'était pas encore dans les dictionnaires puisque pas encore élu (et de toutes façons notre Petit Larousse trop vieux) je n'avais pas pu vérifier avant l'orthographe du nom du nouveau président ; )

(6) Je voulais dire que j'avais pris l'habitude comme c'était depuis toujours (le toujours de mes 17 ans) la droite au pouvoir d'appliquer une sorte de grille de décodage aux JT, à l'époque avec un magazine hebdo, notre seule source disponible d'informations. Et voilà, d'un coup ce n'était plus nécessaire (autant dire que ça n'a pas duré). Ensuite que c'était trop bizarre d'entendre dire "l'opposition" pour ceux qui avaient toujours constitué la majorité et le "!" signifie = jouissif.

PS : Trente ans après je n'ai plus qu'une très vague idée de qui pouvait bien être Mme Bellamy, probablement une prof du lycée ou du collège qui précédait, mais que je n'avais pas eue comme prof personnellement (ma sœur ?). Et ce pauvre prof d'allemand avec son beau sweat rouge, je n'ai plus aucun souvenir ni de son apparence ni de son nom  (quand lui se souvient peut-être de l'insolente petite péronnelle qui avait osé plaisanter en demandant une amnistie des devoirs ..?)


dimanche 10 mai 1981 : journée studieuse et électorale

Il faut savoir que je tenais un carnet de bord, destiné bien davantage à protéger des défaillances de la mémoire des éléments de mon travail (scolaire en ce temps-là) bien plus que de ma vie privée. Que je me laisse aller à des phrases entières ne concernant ni le contexte scolaire, ni nos états de santé (à ma famille et moi), était relativement rare.

Orthographe d'époque.

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"temps : pluvieux

        journée pluvieuse et électorale

 

Je m'éveillais vers 7 h ; lecture (3ème Reich (1)).

déjeuner ; p. a. t. (2) ; matinée studieuse : cours de chimie ; début révision physique.

Suite après le repas un peu de pianotage

et de défouloir (grenouilles en papier (3))

14 h révision des cours avec le faible rendement habituel (4) pourtant pas trop d'interruption. terminais par exercices du livre. descritpion devant TV en attendant Stade. ← [à partir de là passé au stylo bleu, le début étant en mauve ce qui signifie que je l'avais rajouté après ] sucré ; fin de "La tulipe noire" avec Delon. Marrant !

20 h Mitterand élu ? !

joie : Comme la navette spatiale m'avais à nouveau redonné confiance en la science et les réalisation humaine, ce changement de président me redonne confiance en la démocratie ! (poétique non ?) Les gens dont nous faisons partie ne sont pas si idiots que l'on veut nous le faire croire !

VIVE LA DÉMOCRATIE

surprise maternelle ; joie paternelle

qui avait prévu 52 %.

Tant de choses à écrire ...

                                                    écrit le 10"

 

 

(1) pour le programme d'histoire et non par goût personnel ; ma façon de réviser en vue du bac en cette matière consistait à lire le manuel scolaire au petit déjeuner

(2) Je n'ai plus souvenir de ce que signifiait cette abréviation.

(3) et dire que je ne sais plus comment on les fait.

(4) Je pense que je voulais dire "de début d'après-midi".

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 PS : Chez Richard, un tout autre 10 mai, je veux dire le même mais de l'autre côté.


10 mai 1981 : ce dont en 2011 sans réfléchir je me souviens

Sans consulter ni journaux de l'époque ni mon carnet de bord, voici ce que j'aurais dit :

Le 10 mai 1981, j'étais trop jeune de quelques mois pour voter et furieuse de l'être. Je m'apprêtais à passer le bac sans angoisse autre que : celle d'être en mauvaise forme aux jours importants (j'étais malade si souvent), celle de n'avoir pas le temps de rattraper mes cours de physique derrière lesquels depuis une mauvaise angine ou assimilée datant du moins de février je courais sans parvenir à boucher le vide né de mes jours d'absence. Pourquoi la physique ? Parce que c'était ma matière préférée, enseignée par un prof (1) qui était de ceux qui comptent pour les élèves passionnés et que j'avais commencé une fois remise sur pied à regagner mon retard dans les matières qui me demandaient davantage d'efforts. La physique que j'aimais s'était donc retrouvée sacrifiée (2).

Étant de gauche de partout : ma sensibilité intérieure, mon éducation (mes parents l'étaient en ce temps), et mon milieu social , vaguement méfiante envers un politicien qui ressemblait par trop à mon père (3), j'avais été ravie du résultat et remplie d'espérances, qui dès 1983 furent déçues (retour à dures réalités).

Je me souvenais de klaxons et hourrah dans les rues tard le soir, alors que cité pavillonaire à l'ordinaire sans vie nocturne perceptible. Et de m'être dit que ça n'était pas très sympa pour ceux qui avaient devant eux une rude semaine. Victime de la doxa parentale, j'étais persuadée qu'il était impensable de ne pas "se coucher tôt pour se lever tôt".

Celle que je suis devenue grâce à mes lectures subversives et mes mauvaises fréquentations, mais remise aux compteurs à 17, aurait bondi dans le premier train pour Paris, fait la fête à la Bastille toute la nuit et envoyé paître qui lui en aurait fait reproche. En ce temps-là, je n'étais pas tout à fait finie (4).

Que mes cousins et cousines étaient tous contents ... mais les discussions aux repas de famille d'autant plus animées avec des disputes sur des points de détails comme seuls savent en avoir les personnes d'accord sur le fond. Et puis que c'était marrant parce que tout le monde parlait comme s'il avait directement le pouvoir entre ses mains et les décisions à prendre. Ce qui correspondait à un réel ressenti : les gens pensaient pouvoir enfin se faire entendre.

Enfin je m'obligeais à ne pas trop me laisser aller à l'euphorie ambiante parce que bon, j'avais quand même un bac à faire et que ce n'était pas ce vieux politicien qui allait le passer à ma place (non mais).

à suivre : ce qu'alors j'écrivais

 

(1) Serge Zouzoulas, devenu par après, je crois, proviseur dans le Limousin (?).

(2) Tiens, je procède finalement toujours un peu comme ça, par exemple avec mes messages en retard, ceux qui me tienne le + à cœur attendent parfois le plus longtemps. Aurais-je si peu changé ?

(3) Comme une sorte d'intuition de la morphopsychologie

(4) et d'ailleurs encore maintenant. Faudra-t-il que je vive centenaire pour parvenir à une relative complétude ?

  PS : Un autre souvenir du 10 mai 1981 chez Virgile ; j'avais oublié les radios libres devenues ensuite fort commerciales (ou disparues).

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